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Coupe du Monde 2030 : l’impact de l’organisation sur le

Maroc selon Sogécapital Gestion (le matin 6 oct. 2023, Khadija KHETTOU)
Aussitôt l’annonce Royale faite au sujet de la candidature Maroc-Espagne-Portugal,
retenue comme unique pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, l’équipe
pluridisciplinaire de la Direction de la gestion de Sogécapital Gestion, filiale du Groupe
Société Générale Maroc, a planché sur la préparation d'une étude qui essaie de
quantifier l’effort d’investissement nécessaire que devrait faire le Maroc pour co-organiser
cet événement, ainsi que les retombées autant sur le financement de l’Etat que sur les
secteurs cotés à la Bourse de Casablanca.
Coupe du Monde 2030 : les principales exigences de la FIFA pour les pays organisateurs
L’annonce du Conseil de la FIFA a consacré la candidature ibéro-marocaine comme seul
dossier retenu pour organiser la Coupe du monde 2030. Cependant, cette décision est «sous
réserve du respect par ces pays des exigences de la procédure de candidature». Un cahier des
charges qui couvre énormément de terrains : de l’infrastructure à l’impact écologique.
Il ressort de cette étude que le solde budgétaire pourrait se détériorer légèrement mais que le
financement devrait se faire sans pressions supplémentaires sur les finances publiques. En
revanche, un creusement à court terme du déficit du compte courant devrait avoir lieu en
raison de l'augmentation des importations de produits finis et semi-finis. Cette tendance
devrait se renverser à moyen et long terme grâce notamment à l’augmentation des recettes
touristiques.
Concernant la Bourse de Casablanca, le bilan de l’organisation de la Coupe du Monde sera
largement positif. Les secteurs Bancaire et BTP devaient profiter largement de l’effort
d’investissement dans les infrastructures et la capacité hôtelière.
Coupe du Monde 2030 : les hypothèses retenues pour l’impact sur le Maroc
- Déroulement des trois premiers matchs de la compétition à l’Argentine, l’Uruguay et le
Paraguay
- 30 matchs à disputer au Maroc entre 6 villes (Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech,
Agadir et Fès)
- Tenant compte de la moyenne du coût d’organisation d’une coupe du monde, et des
prévisions de Sogécapital Gestion (voir ci-dessous), ce dernier pourrait se situer entre 15 et 20
milliards de dollars pour le trio Maroc-Espagne-Portugal
- La part du Maroc dans ce budget d’organisation devrait se situer aux alentours de 5 à 6
milliards de dollars (soit entre 50 – 60 milliards de dirhams)
Le coût des stades : 17 milliards de DH
- Revue à la hausse des coûts de construction et rénovation des stades (inflation,
modernisation des stades à construire, etc.)
- Grand Stade de Casablanca : 6 milliards de DH
-2 stades modulaires (Rabat et Marrakech) : 3 milliards de DH chacun
- Rénovation des stades (Marrakech, Rabat, Tanger, Agadir et Fès) : 1 milliard de DH
chacun
Le coût des Centres d’entrainement : 8 milliards de DH
- Rénovation totale des 61 centres existants
- Construction de la moitié des nouveaux centres proposés
- Estimation du coût total : aux alentours de 8 milliards de DH (tenant compte de la cherté des
matières de construction, de la modernisation des normes de construction, etc.)
Coût d’investissement dans les Transports et infrastructures : 17 milliards de DH
- Le développement du réseau de transport interne des villes hôtes (bus modernes, routes, etc.)
- Développement de la voie ferroviaire entre Casablanca et Marrakech
Coût d’organisation : 10 milliards de DH
- Le coût organisationnel devrait être supporté par les 3 pays organisateurs. Une enveloppe
aux alentours de 3 milliards de dollars est envisageable
- La part du Maroc pourrait s’élever à 1 milliard de dollars (10 milliards de DH)
Le financement du budget marocain de la Coupe du Monde 2030
- Budget de l’Etat : 25 milliards de DH (Le coût total de construction des stades et centres
d’entrainement devrait être supporté intégralement par l’État dans son budget sur l’horizon
2024-2030)
- Entreprises publiques : 17 milliards de DH (Le financement des projets relatifs à
l’infrastructure et au réseau de transport devrait être supporté par les SEGMA à travers des
crédits bancaires et/ou recours au marché de la dette privée)
- Autres financements : 10 milliards de DH (Des prêts concessionnels extérieurs et des
dons/aides d’autres pays pourraient avoir lieu afin de financer les autres coûts inhérents à
l’organisation)
Les impacts macroéconomiques sur le Maroc de l’organisation de la Coupe du Monde 2030
- Solde budgétaire : Le financement de ce solde devrait se faire sans pressions haussières sur
les taux sur l’horizon 2024-2030.
- Compte courant de la balance des paiements : Il devrait se creuser sur l’horizon 2030 en
lien avec l’augmentation des importations de produits finis et semi-finis (aux alentours de 25
milliards de DH, soit 1,5% du PIB).
- Crédits : Situation profitable pour le secteur bancaire, à travers le financement de projets de
construction et d’infrastructures.
Retombées de l’organisation de la Coupe du Monde sur les différents secteurs économiques
- Le BTP : Le secteur serait drivé pendant plusieurs mois voire des années par les projets
d’envergure (stades, infrastructures, routes, etc.) renforçant ainsi le taux d’utilisation des
opérateurs. Les capacités installées pour la production de ciment (22 MT contre 14 MT de
consommation actuelle) et fer à béton seraient suffisantes quant à la demande. Les différents
projets devraient accroitre le carnet de commandes des sociétés du BTP cotées en bourse.
Cela devrait se traduire par un chiffre d’affaires additionnel de 20 milliards de DH, sachant
qu’un stade de capacité moyenne de 40.000 places consomme 10.000 tonnes d’acier et 40.000
tonnes de ciment, contre 300.000 tonnes de ciment pour 100 KM d’autoroute.
- Les banques : Le secteur bancaire devrait profiter de l’organisation de cette coupe du
monde à travers la hausse de l’encours des financements bancaires dédiés aux projets
d’infrastructure (construction des hôtels et autres infrastructures) ; la bonne dynamique des
autres secteurs (transport, tourisme...) ; l’augmentation de l’utilisation des services bancaires
(opérations de change, retraits, paiements électroniques, etc.).
- Le Tourisme : L’organisation de cette coupe du monde devrait impacter positivement le
secteur touristique marocain sur le court et moyen terme grâce à un flux de touristes
significatif pour l’année de l’organisation de la compétition et les années qui suivront ; Une
amélioration de l’offre hôtelière nationale pour atteindre les objectifs du secteur touristique à
moyen et long terme. Notons que 100.000 lits hôteliers supplémentaires devraient être fournis
pour répondre à la demande dans les villes hôtes. Les recettes touristiques prévues sur l’année
2030 devraient s’élever à 120 milliards de DH.
- Les Télécoms : Le secteur devrait bénéficier de l’organisation de cette coupe du monde à
travers la hausse du trafic voix et data, ainsi qu’une amélioration des taux de pénétration au
niveau national ; des investissements pour l’extension et l’amélioration des infrastructures
réseau du pays ainsi que l’accélération de la mise en place de la 5G.
L'étude de Sogécapital Gestion sur l'impact de l'organisation de la Coupe du Monde 2030 au
Maroc révèle que bien que le solde budgétaire puisse légèrement se détériorer, le financement
nécessaire ne devrait pas exercer de pressions supplémentaires sur les finances publiques. On
anticipe un creusement temporaire du déficit du compte courant, compensé à moyen et long
terme par l'augmentation des recettes touristiques, estimées à 120 milliards de DH en 2030.

Dans le secteur du BTP, les projets d'infrastructures, dont la construction de stades,


généreraient un chiffre d'affaires additionnel de 20 milliards de DH. Les banques
bénéficieraient d'une hausse de l'encours des financements pour les infrastructures, avec une
contribution estimée à 17 milliards de DH. Le tourisme connaîtrait une augmentation
significative, avec la nécessité de fournir 100 000 lits supplémentaires.

Les télécoms tireraient profit de l'organisation de l'événement, avec des investissements


prévus de 5 milliards de DH pour l'extension des infrastructures réseau et l'adoption de la 5G.
Le financement du budget marocain, estimé à 52 milliards de DH, serait réparti entre le
budget de l'État (25 milliards de DH), les entreprises publiques (17 milliards de DH) et
d'autres financements (10 milliards de DH).

En conclusion, bien que des investissements significatifs soient requis, les retombées
économiques attendues dans les secteurs du BTP, des banques, du tourisme et des télécoms
compenseraient ces coûts, soulignant les opportunités économiques à moyen et long terme
liées à l'événement sportif.

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