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Audit interne et décision (2015)

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Audit interne et décision (2015)

AUDIT INTERNE

ET

DECISION

En partenariat avec

RECHERCHE

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

SOMMAIRE

Une légitimité naturelle


..........................................................................................................................
1

Un regard décalé et précieux


..........................................................................................................................
2

Des interventions au bon tempo


..........................................................................................................................
2

Une valeur ajoutée sous conditions


..........................................................................................................................
4

10 fausses bonnes raisons de ne pas recourir à l’audit interne


............................................................................... 6

Paroles de décideurs
..........................................................................................................................
9

Des rôles à concevoir selon le niveau de la décision


.................................................................................................. 15

Maîtriser et renforcer les fondamentaux


..........................................................................................................................
17

Revisiter l’approche par les risques


..........................................................................................................................
17

Renforcer un contrôle interne désinhibiteur de la décision


........................................................................... 17

Accompagner l’apprentissage organisationnel


..................................................................................................... 18

Faire vivre les lignes de maîtrise


..........................................................................................................................
19

REMERCIEMENTS

L’IFACI remercie les membres du groupe de travail :

 Jean Elie, Administrateur de sociétés, IIA Canada

 Arnaud Jutier, Inspecteur général, Pôle emploi

 Béatrice Ki-Zerbo, Directeur de la recherche, IFACI

 Denis Lefort, IIA Canada

 Gilles Maindrault, Directeur des risques, Groupe La Poste

 Jean-Denis Malpelet, Directeur marque et communication, Allianz France

 Philippe Mocquard, Délégué général, IFACI

 Jean-Marie Pivard, V.P. Internal audit & risk management, Publicis

 Olivier de La Villarmois, Professeur des universités, IAE Paris

Ainsi que les décideurs, le directeur de l’audit interne et le chef de la mission de contrôle interne qui

ont accepté d’illustrer ce débat d’idées

ISBN : 978-2-915042-68-9

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

Une légitimité naturelle

L’audit interne est donc

amené à évaluer le cadre

dans lequel les objectifs

sont définis et l’adéquation

des moyens mis en œuvre

pour les atteindre

Les attentes des administrateurs et de la direction générale à l’égard

de l’audit interne évoluent. Ils souhaitent des points de vue sur la

gouvernance et la gestion du couple « risques - opportunités » tenant

compte, au-delà de l’assurance sur le niveau de maîtrise des risques,

des enjeux futurs de l’organisation et de son environnement.

Ainsi, 47% des répondants à l’enquête Pulse of the profession 2014

réalisée par l’IIA indiquent davantage d’interventions liées à la

stratégie de leur organisation. Au total, un cinquième des plans

d’audit sont aujourd’hui consacrés à trois domaines liés à la prise de

décision :

 la stratégie (9%),

 la gestion des risques (7%),

 la gouvernance (5%).

En lançant cette réflexion, l’IFACI souhaite rappeler la légitimité de

l’audit interne à traiter d’une thématique qui ne laisse pas indifférent

comme nous avons pu le constater lors d’entretiens avec des

professionnels et avec des managers. Vous retrouverez des extraits

de ces entretiens dans des encarts et dans la partie « paroles de

décideurs ».

L’audit interne est toujours en position de susciter une décision ne

serait-ce qu’à travers le suivi de ses recommandations. Ce document

rend compte d’autres façons d’accompagner des prises de décisions

plus « spontanées » du manager.

Les managers cherchent

du sens et les structures

organisationnelles se

complexifient

Nous voyons dans ces missions d’assurance ou de conseil, une

opportunité de contribuer à la performance des organisations. Dans

un contexte où les managers cherchent du sens dans leur périmètre

de responsabilité et où les structures organisationnelles se

complexifient, l’audit interne peut améliorer les conditions de la prise

de décision et vérifier l’efficacité de sa mise en œuvre.

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

Un regard décalé et précieux

Cette publication s’adresse aux décideurs (administrateurs, directeurs,

managers) soucieux de développer une culture de risque

complémentaire à la culture entrepreneuriale qu’ils incarnent et

impulsent.

Elle ne cherche pas à empiéter sur les prérogatives du conseil (qui

détermine la stratégie et veille à sa mise en œuvre) ou du

management (qui exécute la stratégie par ses décisions

opérationnelles). Il ne s’agit pas non plus d’établir une norme ou des

règles.

Le groupe de travail propose une évolution du rôle de l’audit interne,

une meilleure visibilité de sa valeur ajoutée à travers l’amélioration

de :

 la capacité de l’organisation à saisir des opportunités en

respectant son appétit au risque ;

 la gouvernance car la décision s’inscrit dans une action

collective qu’il convient de « gouverner ».

Nulle organisation n’est à l’abri de mauvaises décisions. Néanmoins,

par l’assurance qu’ils donnent sur la fiabilité des informations et

l’efficacité des processus, les auditeurs internes balisent les « territoires

connus » pour mieux révéler les marges de manœuvre face à de

nouvelles opportunités. Au-delà, dans le cadre de missions de conseil,

les auditeurs internes peuvent accompagner les décideurs dans leur

prospection du champ des possibles en les aidant à s’affranchir des

barrières liées aux habitudes.

Développer une culture de

risque complémentaire à la

culture entrepreneuriale

Une meilleure visibilité de

la valeur ajoutée de l'audit

interne

L'audit interne peut

contribuer à éviter la

sclérose des organisations

et soutenir une gestion

intégrée

La finalité de l’audit interne n’est pas de renforcer à tout prix les

contrôles ou d’instaurer une bureaucratie stérile enfermant la

décision dans des procédures mécanistes.

En outre, l’audit interne peut soutenir une gestion intégrée ou

integrated thinking1 qui contribue à l’adéquation des dispositifs de

l’organisation avec ses objectifs actuels et futurs.

1.1 - Des interventions au bon tempo

L’approche privilégiée dans ce document consiste à envisager la prise

de décision comme un processus qui passe par :

 la prise de conscience d’une situation à gérer ;

 l’analyse du problème (ou des problèmes) qu’elle suscite ;

 l’inventaire des solutions envisageables (y compris l’estimation

de leurs effets de bord) ;

 la sélection d’une solution ;

 la mise en œuvre de la solution retenue (y compris les

éventuelles mesures compensatoires des impacts indésirables) ;

 le suivi de la résolution du problème.

Des interventions possibles

à chaque étape du

processus de décision

Selon l’IIRC (www.theiirc.org), l’integrated thinking consiste à prendre en compte les interrelations entre les entités o
pérationnelles ou

fonctionnelles et entre les différentes ressources que l’organisation utilise ou impacte. Il conduit à des prises de décis
ions et à des actions

« intégrées » tenant compte de la création de valeur à court, moyen et long terme.

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

Ce modèle rationnel peut être infléchi par :

 la rationalité limitée (information, capacité cognitive) des

décideurs ;

 la multiplicité des objectifs (parfois contradictoires) poursuivis

par les décideurs ;

 le jeu politique d’acteurs ayant des rôles différents (prescripteur,

conseiller, décideur, utilisateur) et dont les objectifs ne

convergent pas systématiquement avec ceux de l’organisation ;

 la simultanéité ou l’absence de certaines séquences du

processus de décision présenté ci-dessus ;

 l’importance du contexte (culture et mémoire de l’organisation,

moment auquel la décision intervient, impact d’autres

décisions, climat social, environnement technologique ou

externe...) ;

 le caractère fortuit de certaines décisions.

« Le regard de l’auditeur

aide à plus de clairvoyance

et de recul sur l'action pour

mieux cerner l’impact

d’une décision ou d’un

scénario de résolution – à

commencer par une

meilleure compréhension

du périmètre de la

décision »

Mission de contrôle

interne, Secrétariat général

d’un ministère

Néanmoins, cette approche illustre bien la dimension dynamique de

la décision qui est rarement instantanée. L’intervention de l’audit

interne devra donc s’envisager à différents moments : avant, pendant

ou après la prise de décision. En outre, ce modèle structure des

pratiques

décisionnelles

(marchés

publics,

décisions

d’investissement ...) et permet d’envisager plusieurs possibilités

d’intervention pour l’audit interne. Par exemple, l’amélioration de la

qualité de l’information du décideur contribue à limiter les biais tels

que :

 une confiance excessive, fondée sur les succès passés mais qui

ne tient pas compte de l’évolution des facteurs internes ou

externes ;

 une focalisation sur les pertes éventuelles, qui omet les

opportunités à saisir ou les dispositifs de maîtrise qui pourraient

être mis en place.

L’audit interne contribue également à replacer la décision dans son

contexte en :

 donnant une assurance sur le caractère optimal des décisions

impactant d’autres entités, fonctions ou processus ;

 confirmant que la robustesse du dispositif de gestion des

risques permet d’absorber l’impact de la décision ;

 l’intégrant dans une perspective à moyen ou long terme.

« Les grands projets au

long cours peuvent

nécessiter plusieurs

missions avec des

positionnements

différents »

Directeur de l’audit interne,

Groupe du CAC 40

La décision est protéiforme (programmée ou non, routinière et

répétitive, unique, politique ou mal structurée)2. De plus, certaines

décisions s’inscrivent dans le long terme (relatives au reporting

intégré, à la maîtrise du haut du bilan…) en dépassant une vision

limitée aux événements passés pour s’inscrire dans des approches

plus holistiques et prospectives ; l’audit interne favorisera, du fait de

son positionnement et de sa méthode, l’apprentissage en double

boucle3 ou radical accompagnant les changements stratégiques.

Chiapello, Gilbert (2013). Sociologie des outils de gestion. Introduction à l'analyse sociale de l'instrumentation de ges
tion, La Découverte, p 42.

Argyris, Moingeon et Ramanantsoa (2003). Savoir pour agir : Surmonter les obstacles à l'apprentissage organisationnel. Du
nod.

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

1.2 - Une valeur ajoutée sous conditions

La qualité de l’apport de l’audit interne dépend de sa structuration

et de son professionnalisme. Elle passe par :

 un univers d’audit dynamique et évolutif comprenant les

éléments qui contribuent à l’atteinte des objectifs stratégiques

ainsi que les facteurs de risque majeurs susceptibles de mettre

en danger l’organisation ;

 une indépendance soutenue par un rattachement au plus haut

niveau et un lien fonctionnel fort avec le comité d’audit

lorsqu’une telle instance existe ;

 un accès à tous les niveaux de l’organisation pour assurer une

couverture suffisante des risques et des opportunités ;

 des relations étroites avec les instances dirigeantes qui ne

peuvent se limiter à la communication du plan d’audit ou à la

restitution des conclusions des missions. Proactif, le responsable

de l’audit interne :

- demande leurs attentes aux instances de gouvernance ;

- recherche les informations qui vont alimenter des

propositions à valeur ajoutée ;

- communique, de manière circonstanciée, sur des décisions

importantes où l’audit interne aurait pu intervenir ;

- fait clarifier les modalités d’intervention sur des sujets

sensibles tels que la prise de décision.

 une interaction avec le management opérationnel et

fonctionnel est indispensable pour que l’audit soit sur « les bons

sujets ». Par ces échanges, le responsable de l’audit interne :

- acquiert des informations clés (nouveaux produits,

concurrence, relations avec les fournisseurs, taux de marge,

qualité du service au client ...) ;

- détermine en quoi ces indicateurs rendent compte du

modèle économique retenu par l’organisation et pour

quelles décisions ils sont utilisés ;

- identifie les demandes d’intervention du management qui

pourront être inscrites au plan d’audit en fonction des

priorités définies avec les instances de gouvernance.

 des outils et méthodes gages de professionnalisme. Avec

notamment :

- un processus qualité de l’audit interne qui contribue à

améliorer la fiabilité de ses conclusions ;

- une prise en compte des risques propres à la fonction

d’audit interne à chaque étape de la prise de décision ;

- une sensibilité à la culture et au style de management ;

- l’ajustement de l’univers d’audit et du plan d’audit pour

tenir compte des décisions et de leurs impacts sur les

dispositifs de contrôle interne et de gestion des risques ;

- le traitement de l’information (y compris les conclusions

des missions antérieures).

© IFACI - mars 2015

Professionnalisme et

positionnement approprié

En dehors du comité

d’audit, le responsable de

l’audit interne peut être

invité à participer à des

réunions du conseil ou à

celles d’autres comités

spécialisés (risques,

éthique, développement

durable notamment)

« La veille est un élément

déterminant de valeur des

travaux d'audit »

Mission de contrôle

interne, Secrétariat général

d’un ministère

AUDIT

Tirer tous les bénéfices de

la complémentarité des

lignes de maîtrise

« On peut accompagner la

décision sans se situer au

même niveau que les

décideurs ni s’exposer. Cela

demande des

compétences particulières

car l’auditeur peut se

retrouver entre le marteau

et l’enclume. Dans ces

situations délicates, il faut

savoir faire preuve d’agilité,

de maturité et d’autorité

pour sortir par le haut, de

la bonne manière, au bon

moment »

INTERNE ET DÉCISION

 la coordination avec la seconde ligne de maîtrise pour

développer l’integrated thinking. Rappelons que :

- la première ligne de maîtrise, c'est-à-dire la ligne

managériale, est à l’origine de la décision. Elle la met en

œuvre ou en délègue la mise en œuvre et en contrôle

l’application ;

- la deuxième, constituée des services fonctionnels

transverses et de la filière « risque et contrôle interne », peut

être consultée par un décideur pour un point d’expertise,

participer à la décision en élaborant des procédures ou des

plans d’actions, ou encore vérifier que les contrôles de

premier niveau ont bien fonctionné ;

- enfin, la troisième ligne, c'est-à-dire l’audit interne,

complète par son approche indépendante l’appréciation

que le décideur peut se faire à chaque étape de la prise de

décision et l’évaluation du couple efficience-efficacité de

la mise en œuvre de la décision.

 des ressources correspondant aux enjeux de la prise de

décision, avec :

- une coordination efficiente de l’audit central avec les

éventuels services d’audit locaux ou par branche d’activité

(notamment s’agissant de décisions transverses) ;

- des compétences pour l’évaluation des risques financiers,

juridiques, RH, SI... associés à la décision ;

- une gestion des ressources humaines de l’audit interne

permettant d’appréhender les enjeux métiers ;

- un esprit critique n’excluant pas le dialogue avec le

management.

Directeur de l’audit interne,

Groupe du CAC 40

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

10 fausses bonnes raisons de

ne pas recourir à l’audit

interne

S’engager sur des sujets tels que la décision demandera au responsable de l’audit interne une approche pragmatique et gra
duelle. Il

doit être prêt à gérer les refus voire l’incompréhension face à ses propositions d’intervention dans ce domaine. Il lui f
audra s’appuyer sur :

 la qualité des travaux et une gestion appropriée des risques liés

à l’activité d’audit ;

 les jalons posés par une sélection à bon escient des

interventions et une communication appropriée des résultats ;

 une interaction constructive avec le management ;

 la reconnaissance et le soutien des instances dirigeantes.

Etre pragmatique

La légitimité se construit avec le temps. Elle s’obtient en étant clair

sur la spécificité de son rôle et sa proposition de valeur : les parties

prenantes doivent aisément pouvoir répondre à certaines questions :

 pourquoi est-ce l’audit interne qu’il convient de solliciter dans

telle ou telle situation ?

 quelles complémentarités avec des prestations externes de

conseil en stratégie ?

 l’audit interne n’est-il pas en train de se substituer au

management ?...

S'assurer de la qualité de

ses services

Le tableau ci-après, propose un début de réponse aux arguments

auxquels l’audit interne est souvent confronté. Au responsable de

l’audit interne d’affiner sa posture en fonction de son contexte et de

sa capacité à démontrer la valeur ajoutée de son service.

Affiner sa posture

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

 A minima, avoir connaissance des objectifs des prestataires

Le cabinet XYZ, réputé et

reconnu par les

interlocuteurs clés de la

décision, nous apporte déjà

son appui.

 Interagir avec le service (direction de la stratégie ou autre) qui

gère ces prestations

 Lancer une mission plus précise ou au contraire plus

transversale sur plusieurs catégories de risque ou d’entité

 Piloter des prestations externes d’assurance ou de conseil

 Répondre précisément sur le profil des auditeurs internes

pressentis

L’audit interne n’a pas les

compétences nécessaires

 S’il s’agit de compétences clés, proposer un plan de formation

et de maintien de ces compétences

 Pour des besoins d’expertise ponctuelle, insister sur la

méthodologie et la possibilité de recourir à des experts internes

ou externes

 « La confiance n’exclut pas le contrôle »

 L’audit interne contribue à limiter les biais

Les services impliqués dans

la décision ont toute ma

confiance

La deuxième ligne de

maitrise est déjà mobilisée

 Préciser l’absence d’empiétement sur les responsabilités

managériales

 Evaluer les fonctions de la deuxième ligne pour confirmer leur

robustesse

 En tant que fonction d’assurance de dernier ressort, l’audit

interne donne un niveau d’assurance plus élevé sur la qualité

du processus de décision

 L’audit interne peut aider à la formalisation de connaissances

qui pourront être mobilisées dans d’autres contextes

De telles interventions

remettraient en cause

l’indépendance et

l’objectivité de l’audit

interne

 Se référer aux normes professionnelles et aux guides relatifs à la

gestion des risques d’atteinte à l’indépendance et à l’objectivité

 Démontrer concrètement comment l’indépendance et

l’objectivité sont maintenues au niveau individuel et au niveau

de la fonction

 Rappeler le périmètre de responsabilité de l’audit interne

(gouvernance, gestion des risques, contrôle interne) défini dans

les cadres de référence professionnels

Vous êtes là pour tester les

contrôles

 Engager une réflexion sur le mandat de l’audit interne pour

aboutir à une vision partagée par les instances de gouvernance

 Formaliser la mission et les responsabilités dans la charte de

l’audit interne, les politiques de contrôle interne et de gestion

des risques

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

Compte tenu des

contraintes de moyens,

restez sur des domaines

plus classiques

Nous vous solliciterons pour

un audit post-mortem

Rien n’est encore établi,

nous n’avons pas assez de

visibilité

C’est un sujet sensible

 Faire de la préparation du plan d’audit une opportunité pour

clarifier les priorités et rappeler la valeur ajoutée de certaines

missions

 Replacer ces missions dans le cadre de la couverture de l’univers

d’audit

 Inscrire la question des ressources (au regard des résultats

attendus) dans les échanges avec la direction générale et le

comité d’audit

 Démontrer, par les conclusions de précédents audits postmortem, qu’une intervention plus en amont apporte une

meilleure contribution à la gestion des risques

 Indiquer en quoi les travaux préparatoires peuvent se nourrir de

missions antérieures de l’audit interne, de sa connaissance des

processus de gouvernance…

 Rappeler qu’une analyse d’impact sur le contrôle interne peut

contribuer à éclairer les enjeux (principe 9 du COSO)

 S’engager à respecter la confidentialité des travaux

conformément au code de déontologie de l’audit interne

 Dans le cadre de missions de conseil, définir les modalités de

communication avec le commanditaire

 Selon les normes professionnelles, l’audit interne contribue à

l’atteinte des objectifs (y compris stratégiques) et à

l’amélioration des processus de gouvernance

C’est trop stratégique

 Aborder la question sous l’angle des risques associés à cet

objectif stratégique et des dispositifs de maîtrise à envisager à

différentes phases

 Expliciter les réalisations de l’audit interne dans ces domaines

© IFACI - mars 2015

AUDIT

« Ce qui rend l’audit

interne spécifique au sein

d’une entreprise »

« Comment développer,

renforcer l’audit interne au

service d’une meilleure

prise de décision ? »

INTERNE ET DÉCISION

Paroles de décideurs

Les entreprises évoluent dans des contextes de plus en plus

complexes et mouvants. Ces changements et ces accélérations sont

parfois difficiles à suivre par les managers.

Les auditeurs internes ont le privilège d’un rapport différent au temps.

Il est donc important que les auditeurs gardent ce sens du moyen

terme et du long terme, et incarnent ce rôle au sein des entreprises.

Par ailleurs, les auditeurs internes disposent également d’une vision

systémique de l’entreprise, différente et complémentaire de la

logique du manager opérationnel. Il est ainsi essentiel que les

auditeurs gardent ce sens de l’intérêt général du Groupe pouvant se

retrouver en frottement avec des intérêts locaux. Le contrôle du

Groupe doit être incarné par un contre-pouvoir. L’indépendance et

la liberté d’expression de l’audit interne permettent d’assurer cet

équilibre.

Comme toutes les fonctions corporate, en rapport avec le moyen

terme (RH, finance, SI,…), l’audit interne doit disposer d’une

compréhension fine et intime de la stratégie du Groupe, de ses

métiers, pour interroger au mieux les transformations du Groupe et

interpeller les managers opérationnels dans leurs projets et leurs

activités.

Ainsi, dans le cadre du lancement d’un projet, l’auditeur peut

intervenir dans le processus de décision pour faire le lien avec la

stratégie et les intérêts de l’entreprise : « Est-ce le sens de l’histoire ?

Quel est le lien avec la stratégie ? Pourquoi investir autant ?... »

Indépendant des managers opérationnels, l’audit interne peut ainsi

contribuer à cette critique constructive et à une analyse qui remet

les choses dans leur contexte. Ce regard décalé de l’auditeur invite le

manager opérationnel à une prise de recul qui est toujours positive,

même si ce dernier en est plus ou moins ravi.

Pour éclairer le fond et le sens des décisions, l’auditeur interne doit

être accepté par les différents métiers, faire comprendre et entendre

ses interpellations afin d’éviter la réaction « vous n’allez pas nous

apprendre notre métier ».

« Etre dans le bon timing »

Le rôle de l’auditeur ne se résume pas simplement à de la conformité

par rapport à un processus d’engagement de projet. Ce niveau de

contrôle de conformité est nécessaire et vient structurer l’analyse.

Mais il s’agit aussi d’émettre un rapport d’étonnement vis-à-vis des

choix métiers qui sont faits et d’apporter ainsi un complément de

valeur.

« Ne pas opposer prise de

recul et agilité »

Par ailleurs, dans un monde où les décisions doivent se prendre

rapidement, l’agilité ce n’est pas faire le même processus plus vite. Il

faut savoir sortir du processus unique de décision (« One size fits all »).

Les cycles de décision peuvent être différents avec des

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

raisonnements différents. Néanmoins, ils doivent tous être maîtrisés,

éventuellement par des contrôles plus agiles.

Un risque important pour l’audit est de regarder sous le réverbère

comme tout le monde. Le plan d’audit est l’occasion de proposer des

sujets décalés sur des zones moins éclairées qui peuvent surprendre.

Le manager doit se dire « On ne l’a jamais pris sous cet angle ».

L’approche par les risques majeurs n’est alors pas suffisante. Il faut

savoir prendre du recul avec la stratégie en ligne de mire. Il faut

également traiter les signaux faibles pour susciter une prise de

conscience.

Le cycle habituel des entretiens pour le plan d’audit puis de

restitution des constats quelques mois plus tard ne permet pas

toujours d’instaurer ce dialogue stratégique. Il nécessite une posture

et des compétences particulières surtout compte-tenu du risque

d’instrumentalisation de l’audit interne.

Pour pouvoir participer à ces échanges, l’audit doit créer du

relationnel et une écoute différente. Il ne s’agit pas seulement de

siéger dans des comités, surtout si on ne comprend pas les enjeux

des décisions qui y sont prises. Il faut savoir ménager des temps de

discussion avec les managers pour comprendre « où on va ». Vu le

rythme des managers et une certaine tendance à l’auto-censure, ces

instants sont luxueux mais il faut avoir l’audace du dialogue.

« La cartographie des

risques reste un polaroid

qui reflète plus ou moins

bien la réalité »

« La valeur se crée dans le

dialogue stratégique avec

les managers »

DSI, Groupe du CAC 40

© IFACI - mars 2015

10

AUDIT

« Un lien naturel »

« Une approche

pragmatique de l’audit »

« Présenter ses résultats

sous forme de scénarios »

« Contextualiser les

conclusions »

« Savoir être sur les bons

sujets »

11

INTERNE ET DÉCISION

Il y a un lien, fortuit ou recherché, entre audit interne et décision. Il

me paraît naturel et normal que des missions d’audit soient

diligentées avec un objectif de prise de décision à la clé. Sans préjuger

de l’option qui sera retenue par le manager, l’audit interne peut

apporter des éléments de surprise ou d’infirmation utiles à la prise

de décision. Parfois, l’audit interne agit comme un révélateur

impromptu qui pousse à une décision dans un domaine qu’on n’avait

pas précisément anticipé.

ll y a une certaine porosité entre l’audit stricto sensu et des missions

de conseil. Même des audits de diagnostic peuvent amener à des

prises de décision par des constats nuancés et objectivés.

Les missions de conseil vont toucher des aspects plus immatériels de

posture, de management et d’état d’esprit. Elles peuvent venir en

préparation à des décisions qui sont en train de prendre forme, de

murir pour l’amélioration d’un processus ou anticiper la demande.

Par son coup de projecteur, l’audit interne peut alors agir comme un

catalyseur de la prise de décision. Dès qu’un sujet commence à

cristalliser par exemple à travers des blocages organisationnels ou

des insatisfactions, l’audit interne est précieux pour documenter et

poser les problèmes, évaluer leur ampleur, confirmer une intuition

ou au contraire infirmer la décision ou du moins la réorienter pour

embrasser plus largement des aspects non détectés initialement par

le manager.

Les conclusions apparaissent alors comme des éléments

indispensables à la prise de décision. Un constat, tout nuancé et

documenté qu’il soit, ne facilitera pas la prise de décision sans une

balance risques-opportunités.

Il faut savoir l’intégrer de manière vivante. C’est plus difficile que

d’appliquer mécaniquement un référentiel de contrôle. En gros, le

manager a besoin d’un chemin de décision balisé pour répondre aux

questions « comment je m’y prends ? », « je commence par quoi ? »...

In fine c’est le décideur qui est habilité à faire son choix et ... à en

assumer les risques et les opportunités.

Quand une mission est diligentée parce qu’on s’interroge et qu’il y a

une envie d’agir, une forte contextualisation est indispensable. Des

conclusions trop extérieures aux conditions de la décision risquent

de ne rien apporter aux managers ou trop peu. Ils ont besoin

d’appréhender les facteurs sociaux et techniques qui entourent la

décision pour en garantir le succès. Même réalisée par des auditeurs

rigoureux, imprégnés de méthode, la mission manquera sa cible pour

n’avoir pas soupesé assez finement les conséquences de la décision.

Les audits de conformité peuvent apporter plus de valeur s’ils ne sont

pas déconnectés des besoins de l’ensemble des parties prenantes et

s’ils permettent de mieux comprendre l’action.

Il y a des bons capteurs à tous les niveaux. C’est au responsable de

l’audit interne de les identifier et de les activer. Sinon les interventions

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

risquent d’être trop tardives selon un mode curatif alors que le sujet

aura déjà cristallisé sous une forme problématique. Ces capteurs sont

les divers canaux de remontées d’information, les débats collectifs

qui existent dans toute organisation ou l’interaction régulière avec le

management opérationnel et fonctionnel. Ils révèlent des points de

blocage, des besoins d’évolution. Ce sont des gisements permettant

d’identifier des sujets à explorer.

Le centre de gravité entre audit de conformité et conseil évolue avec

le contexte.

Toute organisation est soumise à l’évolution de son environnement

et à des changements internes qui peuvent créer une demande de

conseil.

Certes, l’intensité des réformes et leurs impacts sont variables, mais il

n’y a pas forcément besoin de faits générateurs nouveaux pour poser

des fondamentaux ou les ajuster à des contraintes budgétaires, de

qualité de service... Ces changements doivent être faits avec une

vigilance sur les zones de tension pour ne pas générer des ruptures

ou des risques inconsidérés.

« Trouver son centre de

gravité »

C’est un processus de longue haleine pour préparer les changements

puis voir ce qui se passe après la décision. Outre le rythme de mise

en œuvre qui peut être assez variable, il s’agit de savoir si les avancées

sont satisfaisantes ou si des ajustements sont nécessaires (nuancer la

décision, faire de la pédagogie, communiquer de nouveau).

« Suivre les plans d'actions

et les ajuster »

DGA, Etablissement public

© IFACI - mars 2015

12

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

Avant de s’aventurer sur des questions stratégiques, les contrôles

classiques doivent être bien faits. Ils sont la contrepartie de la

décentralisation des responsabilités et d’une plus grande autonomie

des managers opérationnels.

« L’auditeur doit déjà bien

savoir faire son travail

classique »

Dans un grand groupe, quel que soit l’engagement des managers, il

y a statistiquement des dérives volontaires, ou non d’ailleurs. Les

audits de contrôle permettent de débusquer des comportements

inappropriés. Mais ils ne présentent pas seulement un intérêt lié à «

la peur du gendarme ». Les instances de gouvernance classiques ne

suffisent pas à identifier certaines dérives. Les contrôles de l’audit

assurent une couverture exhaustive du périmètre et génèrent un flux

d’information vers la tête de groupe.

N’oublions pas que les risques des filiales remontent à la maison mère.

Les constats de ces audits vont aider à vérifier que tout se passe bien

et que l’efficacité économique des activités est assurée. Ces missions

génèrent d’ailleurs indirectement ou directement des décisions (par

la matérialisation du devoir de rendre compte ou par les suites

données aux recommandations).

« Etre plus ouvert sur les

recommandations

formulées »

Je viens justement de clore une mission dont les conclusions ont

permis un débat positif. Il est vrai que le travail réalisé était de bonne

qualité. Si bien que les managers se sont retrouvés dans les

conclusions. On n’a pas perdu du temps à ergoter. Les réponses des

auditeurs étaient précises et démontraient leur maîtrise du sujet. On

est donc passé rapidement à une discussion sur les orientations

stratégiques envisageables. Alors qu’avec un contrôle moins fouillé,

la phase de restitution peut vite tourner au café de commerce, les

auditeurs voyant le verre à moitié vide et les managers renchérissant.

Au final le service rendu est limité. En tant que personne contrôlée

ce qui m’intéresse, c’est de me dire « je ne l’aurais pas vu moi-même »,

« je vais pouvoir tirer rapidement des enseignements de ces

conclusions ».

« Une approche et une

posture différentes »

Vous engager sur des thèmes liés à la stratégie, c’est vous éloigner de

vos bases, de vos fondamentaux. D’une part les méthodes de travail

normées et basées sur la contradiction ne cadrent pas forcément

avec la réflexion stratégique ; et d’autre part l’auditeur peut se

retrouver juge et partie sur le même sujet. J’ai plusieurs cas en tête

de missions de conseil commanditées sur des problématiques

organisationnelles ou d’évolution du modèle économique. Il faut

alors avoir les bonnes compétences. Bien évidemment la maîtrise du

sujet mais surtout une posture et une autorité différentes.

L’approche même de ces missions sera différente. La dernière que j’ai

en tête a été littéralement co-construite avec les managers. Nous

avons eu une première discussion sur la base de rapports précédents

d’audit interne.

Plusieurs pistes ont émergé. Elles ont été ensuite approfondies par

13

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

l’audit interne d’une part et par le management d’autre part. Il y a

encore quelques divergences mais ce regard croisé a été très

fructueux. Je pense qu’on devrait arriver à un rapport commun. Ce

travail en liaison avec les managers n’est pas simple. Il demande une

posture plus collaborative qui peut enrichir la réflexion.

Mal maîtrisées, ces missions peuvent mettre mal à l’aise les auditeurs.

Les thèmes que vous avez identifiés peuvent être à valeur ajoutée

s’ils donnent lieu à des missions bien cernées. Il ne faut pas demander

l’impossible ou être sur des sujets insuffisamment précis. Il ne s’agit

pas simplement de revendiquer un nouveau rôle, il faut des

méthodes et une posture différentes.

Les préconisations de l’audit interne sont mixées avec d’autres

travaux, d’autres réflexions notamment au sein du comité de

direction. Mais, la connaissance de l’entreprise, la rigueur et la qualité

de l’analyse de l’auditeur viennent nourrir et accompagner la réflexion

du décideur.

« Ne pas tomber dans une

surreprésentation des

missions de conseil »

« L’apport de l’audit interne

n’est pas exclusif »

DGA du Groupe et membre du COMEX, Entreprise publique

© IFACI - mars 2015

14

AUDIT

Le responsable de l’audit

interne peut s’appuyer sur

des guides d’audit5 pour

structurer son approche

dans le cadre de nouvelles

missions ou pour retraiter

des conclusions

antérieures

INTERNE ET DÉCISION

Des rôles à concevoir selon le

niveau de la décision

Quelle que soit la maturité de l’audit interne, l’engagement de l’audit

interne peut s’envisager à plusieurs niveaux car « la valeur est créée,

préservée ou détruite par des décisions, tant au niveau de la stratégie

que dans la gestion quotidienne des activités4 ». L’intervention de

l’audit interne devra être calibrée selon le type de décision.

Les décisions stratégiques peuvent être de divers ordres :

 relations avec des parties prenantes dans le cadre :

- de conventions stratégiques,

- de licences ou de prestations essentielles,

- d’alliances stratégiques ou d’intégration verticale,

- d’incubateurs...

 diversification ou recentrage (en tenant notamment compte

de la concurrence) ;

 conquête de nouveaux marchés ou de nouveaux pays ;

 rupture technologique ;

 due diligence :

- fusion ou acquisition (d’égal à égal ou d’entités plus

petites),

- cession notamment par spin off ;

 réorganisation (par métiers, produits, pays, marchés...), etc.

Dans le secteur public, de telles transformations stratégiques peuvent

se manifester à travers des :

 relations avec les parties prenantes dans le cadre de :

- partenariats public/privé,

- réformes inter-ministérielles touchant plusieurs secteurs,

- co-tutelle d'opérateurs ;

 décisions relatives à la déconcentration ou à la décentralisation ;

 actions de reconquête des bénéficiaires des services publics ou

de valorisation de l’offre institutionnelle française à l'étranger ;

 fusions d'organismes ou mutualisations de services notamment

par la mise en place de plateformes communes de services.

Bilans, analyses de

l'efficience et de la

gouvernance de décisions

stratégiques

15

L’audit interne peut être amené à contribuer à une prise de décision

stratégique par :

 un état des lieux, un bilan d’une précédente décision portant

sur le même sujet. La détermination des résultats des décisions

antérieures étayera ou non la pertinence de reconduire les

objectifs ;

 un éclairage lors d’un nouveau cycle stratégique : que faut-il

conserver ? Que faut-il changer ? Le processus de planification

stratégique est-il efficient ? ;

 une évaluation de la gouvernance des systèmes d’information ;

COSO ERM. Le management des risques de l’entreprise. Cadre de référence - Techniques d’application. Eyrolles. p 19. 2005.

Notamment ceux de l’IPPF (Cadre de référence des pratiques professionnelles de l’audit interne) de l’IIA, traduit en fran
çais par l’IFACI.

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

 l’appréciation de l’impact d’une décision sur des entités qui

n’ont pas la même dynamique ou la même maturité en termes

de gestion des risques ;

 l’examen de la gouvernance des filiales ou des principales

entités concernées, etc.

Des décisions plus opérationnelles sont prises dans le cadre :

 de « comités produit » ou d’appels d’offres ;

 de la simplification de procédures ;

 de mises en conformité avec une évolution réglementaire ou

avec une instruction interne ;

 de la gestion de prestations externalisées ;

 de comités de pilotage de projet ;

 de la gestion de crises...

L’initiative à tous les niveaux de l’organisation se justifie d’autant plus

que les structures organisationnelles et la nature des activités évoluent avec6 :

 l’extension du périmètre de responsabilité des organisations et

des dirigeants ;

 la multiplication des autorités à qui il faut rendre compte

individuellement ou collectivement (par exemple, dans le cadre

d’organisations matricielles ou du fait de diverses exigences

externes) ;

 la réactivité nécessaire face à des situations d’urgence ou

imprévues ;

 la fréquence des interactions avec certains acteurs (clients,

prestataires...).

Par sa vision transverse et distanciée, l’audit interne contribue à

l’instauration d’un équilibre entre un environnement interne propice

à la prise de décision (facilitant la recherche et le bon usage de

l’information pertinente) et un contrôle approprié de l’ensemble des

activités.

La participation de l’audit interne aux instances de décision ou de

pilotage doit être appréciée au cas par cas. Dans le cadre d’une

mission de conseil, d’une intervention intuitu personae ou en

préparation d’un relai par une fonction de la 2ème ligne de défense, le

responsable de l’audit interne devra veiller à limiter les risques

d’atteinte à l’indépendance et à l’objectivité.

En outre, la conduite du changement est à envisager dès le départ

selon ses différentes dimensions (RH, SI, conformité, qualité, ...). Cet

acte managérial peut s’appuyer sur les fonctions spécialisées dans le

contrôle interne et la gestion des risques7. L’audit interne peut être

associé aux divers stades de la gestion du changement pour mesurer

l’impact global de la décision sur le modèle économique et la

gouvernance.

« L’auditeur qui participe à

un comité de pilotage doit

éviter de se retrouver en

position de juge. Il peut

s’attendre à faire du

coaching mais il lui faudra

trouver le bon ton. Ses

compétences doivent lui

permettre d’éclairer et

d’ajouter aux débats et ses

connaissances techniques

le rendront légitime. Il

devra surtout gérer ses

attitudes et les jeux

politiques en présence,

s’adapter à la complexité

du projet et au contexte.

Comme il ne s’appuiera

pas forcément sur un

référentiel, son autorité

naturelle et son leadership

l’aideront à faire passer ses

avis ».

Directeur de l’audit interne,

Groupe du CAC 40

Cf. Aghion et Tirole. Formal and real authority in organizations; Journal of political economy, Vol 105, N°1 (Feb, 1997),
pp. 1-29.

Cf. principe n°9 du COSO. Référentiel intégré de contrôle interne. Principes de mise en œuvre et de pilotage. Eyrolles. 2
014.

© IFACI - mars 2015

16

AUDIT

« Il faut être bien arrimé

pour s’attaquer à des sujets

liés à la décision. On est

dans des zones mouvantes

parce qu’on s’intéresse au

futur et qu’il y a des enjeux

politiques »

Directeur de l’audit interne,

Groupe du CAC 40

INTERNE ET DÉCISION

Maîtriser et renforcer les

fondamentaux

Les missions proposées dans cette publication nécessitent une

bonne maîtrise des fondamentaux du métier et des compétences

spécifiques. Plus largement, l’audit interne multipliera les grilles de

lecture (par du benchmarking, l’utilisation de sa connaissance intime

de l’organisation, l’usage de techniques d’audit assistées par

ordinateur, l’exploitation des données y compris le big data...). Son

intervention ne se justifie pas seulement pour vérifier l’application de

schémas pré-établis ou pour mesurer l’impact d’une décision. En

mobilisant de nouveaux outils, de nouvelles méthodes, il est possible

d’intervenir ex-ante pour éclairer la prise de décision et en faciliter la

mise en œuvre.

5.1 - Revisiter l’approche par les risques

Le passage d’une approche classique focalisée sur les risques à une

approche par les objectifs est un levier de valeur ajoutée de l’audit

interne. Ces deux approches sont naturellement liées mais, dans la

pratique, l’analyse du couple risque-objectif a pu être altérée au

détriment :

 de l’alignement avec les attentes des parties prenantes ;

 de la prise en compte des opportunités ;

 du questionnement des hypothèses de la cartographie des

risques.

Diversifier les grilles

d'appréciation des risques

De plus, l’impact et la probabilité ne sont pas les seuls critères

d’analyse des risques. La capacité, l’appétit, la tolérance et la vélocité

des risques doivent être intégrés par les auditeurs internes. En

développant une approche par scénarios, les cartographies des

risques deviennent plus dynamiques et efficaces. Les plans d’audit

interne doivent également être plus flexibles et lancer les missions

en temps opportun.

Enfin, l’univers d’audit constitue un actif précieux dont les

responsables d’audit interne doivent avoir conscience. Son périmètre,

établi par les instances de gouvernance, légitime ses interventions. Il

aide à quadriller les domaines impactés par la prise de décision.

5.2 - Renforcer un contrôle interne

désinhibiteur de la décision

Les recommandations de l’audit interne n’entravent pas le libre arbitre

du manager.

Les recommandations de

l’audit interne ne doivent

pas être des injonctions

mécanistes et sans appel

17

Une mission efficace aboutit à des contrôles proportionnés aux

risques. En outre, les auditeurs internes contribuent à la création de

valeur en s’intéressant à deux composantes du contrôle interne

particulièrement déterminantes dans la prise de décision :

© IFACI - mars 2015

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

 l’environnement de contrôle avec la gestion des situations de

conflit d’intérêt. Le COSO8 y identifie d’autres facteurs de succès

d’une décision tels que l’indépendance et la surveillance opérée

par le conseil, l’importance du capital humain ou encore la

délégation appropriée des pouvoirs ainsi que le devoir de

rendre compte qui en découle ;

 l’information et la communication qui soulignent l’importance

de données pertinentes et fiables, communiquées aux

destinataires appropriés.

Les auditeurs internes donnent une assurance sur la robustesse du

dispositif global de contrôle interne, c’est-à-dire sur le cadre dans

lequel les décisions sont prises et suivies.

5.3 - Accompagner l’apprentissage

organisationnel

La décision se réfère à des expériences passées, à des compétences,

à des informations ; elle constitue elle-même une expérience qui doit,

dans la mesure du possible, être documentée pour nourrir la

mémoire organisationnelle. Pour être plus efficace, le responsable de

l’audit interne doit déterminer les connaissances mobilisables :

 informations internes et externes (y compris les rapports d’audit

précédents, les observatoires sectoriels, l’open data ...) ;

 compétences fonctionnelles et contextuelles (liées aux métiers

de l’organisation, à des domaines d’expertise, aux zones

d’implantation ...).

Les difficultés de mobilisation de ces connaissances ne doivent pas

être négligées (cycle de vie des connaissances, risque d’obsolescence,

caractère tacite de nombreuses connaissances qui les rend délicates

à identifier et à diffuser). Néanmoins, l’audit interne peut intervenir

par l’obtention de connaissances sur l’organisation et son

environnement puis par la distribution et l’interprétation de cette

information. Ainsi, les missions d’audit peuvent faciliter :

 l'exploitation de nouvelles tendances (reporting intégré9,

nouvelles formes de partage de connaissances ...) ;

 une analyse causale10 ;

 l’appréhension du contexte de la décision ;

 des évaluations post-mortem ;

 l’identification des modalités de création des savoirs dans

l’organisation et de leur diffusion (par exemple, à travers son

interaction avec des fonctions expertes de la seconde ligne de

défense) ;

 l’explicitation des décisions pour mieux les faire comprendre et

adopter.

« L’environnement de

contrôle évolue avec de

nouveaux styles de

management moins

verticaux. L’audit devra

également développer de

nouvelles pratiques moins

linéaires (Top-down ;

bottom-up) plus virales.

Il faut s’intégrer dans les

différentes communautés

d’une organisation pour

étendre son influence de

manière successive et pas

seulement du fait d’un

rapport hiérarchique

autoritaire ».

Mission de contrôle

interne, Secrétariat général

d’un ministère

Par ailleurs, l’audit interne influence indirectement les décisions en

alimentant la mémoire collective sur les principaux enjeux de

COSO. Référentiel intégré de contrôle interne. Principes de mise en œuvre et de pilotage. Eyrolles. 2014.

Cf. Enhancing integrated reporting. Internal audit value proposition publié par l’IFACI et d’autres instituts européens e
n 2015.

10 MPA (Modalité pratique d’application) 2320- 2 « Analyse causale » du Cadre de référence international des pratiques pr
ofessionnelles.

IIA-IFACI.

© IFACI - mars 2015

18

AUDIT

INTERNE ET DÉCISION

l’organisation, son environnement stratégique et opérationnel. Cette

mémoire joue sur l’environnement décisionnel à différents niveaux :

 expérience de l’auditeur en tant qu’ancien décideur ou audité ;

 analyses partagées lors des réunions de clôture ;

 suivi des recommandations ...

Clarifier les interactions

entre les lignes de maîtrise

Préciser le rôle de l'audit

interne

11

12

19

5.4 - Faire vivre les lignes de maîtrise11

La stratégie fixée par les instances de gouvernance alimente les

décisions opérationnelles du management soutenu par les fonctions

de la deuxième ligne. Une structuration efficiente des lignes de

maîtrise évitera des écueils tels que :

 le risque de dilution des responsabilités d’assurance lorsqu’elles

ne sont pas formellement établies ;

 la faiblesse de la communication entre la deuxième et la

troisième ligne ;

 la piètre qualité (exhaustivité et fiabilité) de l’information

destinée aux instances de gouvernance ;

 l’interférence entre les strates organisationnelles (entités

opérationnelles, filiales ...) ;

 la maturité de la culture des risques (peu ou mal intégrée dans

les décisions) ...

Pour améliorer le niveau d’assurance, l’audit interne peut assumer

momentanément des activités relevant de la deuxième ligne de

maîtrise ou contribuer à identifier les dispositifs adéquats dans la

seconde ligne12. Pour les organisations ayant une seconde ligne

robuste, l'audit interne devrait en priorité vérifier l'efficacité et

l'efficience des pratiques, contrôles, outils et rapports produits par

ces fonctions en appui à des prises de décision éclairées.

Prise de position. Trois lignes de maîtrise pour une meilleure performance. IFACI-AMRAE. 2013.

Les relations de l'audit Interne avec les autres fonctions d'assurance. IIA Espagne. Traduction IFACI. 2014.

© IFACI - mars 2015

Ebzone Communication (www.ebzone.fr)

Mission de contrôle

interne, Secrétariat général

d’un ministère

L’audit n’intervient pas seulement dans une logique d’exploitation ou

d’optimisation des pratiques existantes (apprentissage en boucle

simple). Ses interlocuteurs attendent un support dans l’exploration,

la recherche de nouvelles opportunités ou le changement de

paradigme (apprentissage en boucle double). Par ces apprentissages,

l’audit contribue à :

 faire évoluer les processus de prise de décision ;

 s’affranchir des connaissances existantes pour changer de

modèle en connaissance de cause ;

 s’interroger sur ce qui fait sens et ne pas se contenter de

rechercher des défaillances.

Conception et réalisation :

« Je suis pour une

approche plus écologique

de la décision. Les

organisations ne recyclent

pas assez les bonnes idées.

Pourquoi réinventer la

poudre à chaque fois ? Par

ses « ondulations

transverses » l’audit diffuse

les bonnes pratiques sans

toujours chercher à tout

casser pour le refaire »

Ces éclairages plus ou moins diffus aident le manager à :

 identifier des situations comparables ;

 cerner des points de vigilance ;

 mobiliser les bons leviers ;

 acter la résolution d’un problème ;

 tirer les enseignements d’une décision ...

AUD I T IN TE R NE E T DE C I SI O N

OBjECTIFS

Mieux couvrir les champs de la

gouvernance et de la gestion des risques

pour :

 Etendre la zone de confort du décideur

 Aider l’organisation à « oser » saisir des

opportunités

 Remettre dans un contexte approprié

la prise de décision

 Rétablir le devoir de rendre compte en

tant que levier de performance

 Développer l’usage managérial des

dispositifs de contrôle interne et de

gestion des risques

QUEllE vAlEUR AjOUTéE ?

 Fiabilité et exhaustivité de l’information

utilisée pour la prise de décision et son

suivi

 Robustesse de l’environnement de

contrôle et de la gouvernance

(intégrité, délégation des pouvoirs,

variables culturelles…)

 Efficacité des fonctions de la deuxième

ligne (gestion des risques, conformité,

RH, SI, etc,)

 Gestion de crises ou de décisions

exceptionnelles

DESTINATAIRES

 Administrateurs

 Direction générale

 Management opérationnel

 Directions fonctionnelles

 Autres prestataires internes d’assurance

(contrôle interne, risk management...)

 Responsable de l’audit interne

COmmENT S’y pRENDRE ?

 Veille et traitement de l’information

pertinente

 Sensibilité à

changement

la

 Orientation vers

organisationnel

conduite

du

l’apprentissage

 Coordination avec les autres lignes de

maîtrise

 Integrated thinking

 Compétences et processus qualité

98 bis, boulevard Haussmann - 75008 Paris - Tél. : 01 40 08 48 00 - www.ifaci.com

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