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CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Tout matériel subit des agressions extérieures et notamment des chocs au cours de son
existence. Plus spécifiquement à MBD.A, les missiles ainsi que tout le matériel les concernant
(caissons, rampes, etc.) subissent régulièrement des chocs. Dans le profil de vie d’un missile,
celui-ci peut d’abord subir des chutes (lorsqu’il est placé ou non dans son emballage logistique),
des chocs dus à la collision d’objets dans leur environnement de stockage ou de transport, etc.
Mais, la notion de choc est surtout prédominante lors des phases de vol : butée des sécurités
de lancement, décollage, séparations d’étages, allumages d’étages, jets de correction de trajectoire
sans parler bien sûr du choc final qui ne nous intéresse pas : s’il survient c’est que tout s’est bien
passé !
Dans cette partie nous nous attacherons d’abord à présenter le sujet de ce rapport : les chocs
mécaniques. Par la suite nous définirons le spectre de réponse aux chocs qui est l’outil clé dans ce
domaine et, enfin, nous expliciterons la problématique traitée ici : la composante basse fréquence
artificiellement introduite dans les mesures de chocs par des capteurs défectueux ou inadaptés aux
mesures.
1.1.1. Définition
Selon le recueil « Chocs Mécaniques » de Christian LALANNE, « on appelle
choc mécanique une excitation vibratoire dont la durée est de l’ordre de grandeur ou
inférieure à environ deux fois la période propre du système mécanique sollicité »
En résumé, il y a choc lorsqu’un paramètre mécanique (force, position, vitesse,
accélération …) fluctue brusquement (temps court par rapport à la période naturelle
concernée) en créant un régime transitoire dans le système en cause.
© MBDA
Figure 1 : Choc pyrotechnique
Les chocs pyrotechniques sont issus de dispositifs surtout utilisés dans
l’industrie aérospatiale (boulons explosifs, vannes pyrotechniques, cordeaux de
découpe…). Ils se caractérisent par de très forts niveaux d’accélération ( 100.000
g ) à de très hautes fréquences (100 KHz). De plus ils sont de courte durée ( 10
ms ). Ces chocs peuvent être dangereux pour les structures mais ils le sont surtout
pour les équipements électriques et électroniques qui sont, eux, sensibles aux
hautes fréquences.
Ce sont des chocs symétriques à faible amortissement, leur aire sous la
courbe (∆V) est proche de 0. Par conséquent, les spectres de réponse aux chocs
positifs et négatifs sont grossièrement symétriques surtout aux basses fréquences.
Ils partent de 0 avec une pente très faible, montent jusqu’à un maximum de
quelques KHz et ensuite rejoignent aux hautes fréquences l’amplitude de la
courbe temporelle.
En ce qui concerne les composantes basses fréquences, elles apparaissent
étant donnée la très courte durée du choc comme des composantes continues ou
dérives linéaires : il est donc assez facile de les enlever étant données les
connaissances a priori que l’on a dessus… En effet, la connaissance de la pente et
de l’origine de la dérive linéaire permettent son élimination rapide.
Par choc pseudo-pyrotechnique, on entend des mesures de chocs
pyrotechnique en champ moyen ou éloigné donc le fait que le point de mesure
n’est pas placé dans le voisinage immédiat de la source pyrotechnique mais à
quelques dizaines de centimètres voir un mètre de celle-ci. Cela entraîne des
niveaux d’accélérations plus faibles et une plus longue durée du choc. Ainsi, les
composantes basses fréquences ne sont plus perçues comme continues car on
arrive à distinguer leur variations. Il s’agit de la loi de Heisenberg-Gabor :
1
∆t.∆f ≥
4π
Comme on regarde le temporel sur une période plus longue (moins de
précision temporelle) on augmente la précision sur la fréquence donc on arrive à
observer des détails qui nous échappaient sur des chocs pyrotechniques.
1.2.1. Historique
1932 - premières études pour les problèmes de séismes et leurs effets sur les bâtiments
1966 - premiers travaux de simulation sur excitateur à partir d ’un SRC
Années 70 - développement de la méthode
1984 - le SRC devient la référence dans la norme US MIL-STD 810D
Aujourd’hui, toutes les normes d ’environnement internationalement
reconnues utilisent la notion de SRC
1.2.2. Principe
Un choc est une sollicitation de courte durée qui introduit dans les structures des
contraintes dynamiques transitoires fonction :
- des caractéristiques du choc (amplitude, durée et forme)
- des propriétés dynamiques de la structure (fréquences de résonance,
amortissement)
La sévérité du choc dépend des caractéristiques du système qui le subit. On a
pensé alors à appliquer tous les chocs à un système de résonateurs étalon que nous
présenterons dans la définition. On extrapole alors, sans véritables bases autres que
l’expérience, que si un choc A est plus sévère qu’un choc B dans le cas du système
étalon, alors il l’est aussi dans celui du système réel (quel qu’il soit).
1.2.3. Définition
On convient d ’étudier la sévérité des chocs sur un modèle
« étalon » supposé linéaire, à masse m, raideur k, amortisseur c :
c
dont on fixe l ’amortissement relatif à : ξ=
2 km
f1 f2 fn-1 fn ξ
ξ ξ ξ
.. Choc entrée
Systèmes étalons Systèmes étalons X (t)
t
4π²fn²Z sup
4π²fn²Z inf
f1 ξ f2 ξ fn-1 ξ ξ
fn
..
X (t)
Systèmes étalons Systèmes étalons Cho c entrée
t
1.2.4. Caractéristiques
On distingue 3 zones dans le SRC :
Figure 6 : Instrumentation
passante et de saturation) soit tout simplement parce qu’ils ont mal encaissé les accélérations ou la
chaleur (ils sont souvent placés dans le voisinage de la source pyrotechnique thermiquement très
active). Sur la figure ci-dessus nous avons deux capteurs collés directement sur une carte
électronique.
Capteurs vissés-collés
Sur cette image nous pouvons voir
le placement des capteurs sur la
structure : un cube en acier y est
collé et trois capteurs (mesurant les
accélérations dans les trois axes)
sont vissées et collés dessus.
Cette technique est très utilisée pour
les structures. Certains capteurs
doivent être vissés surtout s‘ils
subissent de fortes accélérations.
Cette technique est considérée
© MBDA F comme dangereuse par les
personnes de Loocked Martin, si
elle est accompagnée d’un collage :
Figure 7 : Instrumentation
En cas de défaillance de la colle ils pensent que la mesure sera erronée mais elle aura l’air juste à
cause de la vis. Cette double technique leur semble à éviter : un collage seul ou un vissage seul
devrait suffire pour assurer la cohésion entre la structure et les capteurs. Même si les techniques
d’installation de capteurs sont bien rodées chez MBDA, il serait utile de vérifier ces affirmations.
Enfin, les données mesurées sont transmises en temps réel à des stations au sol à des fins de
stockage. La liaison radio entre le missile et la station au sol n’est pas toujours idéale ce qui
introduit en plus des pertes d’informations.
• Liées à la numérisation. Les données analogiques recueillies doivent être
échantillonnées et numérisées pour être traitées par la suite. La plupart des systèmes
d’acquisition appliquent des filtres passe-bas et anti-repliement qui peuvent fausser les
données en modifiant les amplitudes et en cachant d’éventuelles traces de saturation. Le
plus gros problème réside dans l’échantillonnage qui, pour les chocs (phénomènes très
irréguliers), doit être normalement de dix fois la fréquence de Shannon. En pratique cela
n’est jamais le cas. Le fait de limiter la bande passante des capteurs fait en plus que la
partie du signal la plus énergétique (donc la plus « crédible ») qui se situe aux hautes
fréquences n’est pas prise en compte… par contre cela permet de baisser la fréquence
d’échantillonnage.
J’aimerais surtout insister sur le fait que lorsque des corrections comme celles
qui seront décrites dans les chapitres suivants doivent être effectuées sur les
mesures, il est déjà trop tard. Sur ce point, il faut mener en amont (essais en vol et au
sol) des études sur la validité des protocoles de mesure sur toute la chaîne d’acquisition
(installation mécanique des capteurs et du câblage, transmission et bien sûr numérisation).
Il est nécessaire aussi de faire un effort de normalisation suite à ces études afin de
rendre les résultats d’essais différents menés par des services différents « compatibles »
i.e. comparables car exécutés dans les mêmes conditions.
Par contre, certaines dérives basse fréquence ne sont pas des erreurs : il est
important de souligner le fait qu’il peut arriver que la dérive basse fréquence soit due à
des phénomènes physiques bien réels. Dans ce cas, selon les essais que l’on veut mener,
on peut enlever ou non cette composante.
L’exemple le plus courant concerne les mesures de catapultage : il y a un choc
subit par l’avion et donc par la force des choses par le missile qu’il transporte lors de la
rupture du « roll back » qui bloque le train avant de l’avion. La catapulte imprime alors
une très forte accélération à l’avion : cette accélération n’est pas constante mais elle est
basse fréquence par rapport à la fréquence du choc. La superposition de l’accélération du
catapultage et du choc de départ provoque donc une dérive du choc. Dans ce cas on peut
vouloir spécifier le décollage comme un ensemble dans quel cas il ne faut pas enlever la
composante continue. Par contre si l’on veut mener des tests particuliers comme ceux
d’accélération continue sur centrifugeuse il faut pouvoir isoler la composante basse
fréquence du choc. Pour les essais au sol, on peut spécifier séparément le choc sur pot
vibrant et l’accélération continue sur centrifugeuse et superposer les résultats : dans ce cas
la séparation du choc et de la dérive sont indispensables. Il faut avoir bien à l’esprit les
circonstances dans lesquelles a eu lieu la mesure et pouvoir dire si la dérive basse
fréquence est due à des problèmes d’acquisition de données ou bien s’il s’agit d’un
phénomène bien réel. De plus il faut savoir quelle type de spécifications on veut faire
avant de prendre ou non la décision de séparer le signal de choc de celui de la dérive
basse fréquence.
300
200
100
Accélération (g)
0
-0,009956 -0,004958 0,001245 0,006837 0,011848
-100
-200
-300
Temps (s)
6,00E+01
4,00E+01
2,00E+01
0,00E+00
-2,00E+01
-4,00E+01
-6,00E+01
-8,00E+01
Temps (ms)
60
40
20
0
Accélération (g)
-40
-60
-80
-100
-120
Tem ps (m s)
50
40
30
20
10
0
-30 -20 -10 0 10 20 30 40 50
-10
-20
-30
-40
-50
Temps (ms)
1,00E+02
1,00E+01
1,00E+00
1,00E+00 1,00E+01 1,00E+02 1,00E+03 1,00E+04
1,00E-01
Fréquence (Hz)
1000 ,0
100 ,0
Amplitudes (g -SRC)
10 ,0