Vous êtes sur la page 1sur 14

1.

CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

Tout matériel subit des agressions extérieures et notamment des chocs au cours de son
existence. Plus spécifiquement à MBD.A, les missiles ainsi que tout le matériel les concernant
(caissons, rampes, etc.) subissent régulièrement des chocs. Dans le profil de vie d’un missile,
celui-ci peut d’abord subir des chutes (lorsqu’il est placé ou non dans son emballage logistique),
des chocs dus à la collision d’objets dans leur environnement de stockage ou de transport, etc.
Mais, la notion de choc est surtout prédominante lors des phases de vol : butée des sécurités
de lancement, décollage, séparations d’étages, allumages d’étages, jets de correction de trajectoire
sans parler bien sûr du choc final qui ne nous intéresse pas : s’il survient c’est que tout s’est bien
passé !
Dans cette partie nous nous attacherons d’abord à présenter le sujet de ce rapport : les chocs
mécaniques. Par la suite nous définirons le spectre de réponse aux chocs qui est l’outil clé dans ce
domaine et, enfin, nous expliciterons la problématique traitée ici : la composante basse fréquence
artificiellement introduite dans les mesures de chocs par des capteurs défectueux ou inadaptés aux
mesures.

1.1. LES CHOCS MECANIQUES


Même si le problème soulevé ici est surtout concerné par le métier du traitement du
signal, une approche du phénomène étudié est indispensable à la compréhension de son
traitement. Nous allons donc faire ici une courte présentation des chocs mécaniques.

1.1.1. Définition
Selon le recueil « Chocs Mécaniques » de Christian LALANNE, « on appelle
choc mécanique une excitation vibratoire dont la durée est de l’ordre de grandeur ou
inférieure à environ deux fois la période propre du système mécanique sollicité »
En résumé, il y a choc lorsqu’un paramètre mécanique (force, position, vitesse,
accélération …) fluctue brusquement (temps court par rapport à la période naturelle
concernée) en créant un régime transitoire dans le système en cause.

1.1.2. Types et caractéristiques

1.1.2.1. Types des chocs


Un choc est un phénomène dépendant dans la réalité de très nombreux
paramètres donc on ne peut pas vraiment le classer selon une hiérarchie
systématique, cependant on peut définir un certain nombre de chocs dit
« simples » i.e. théoriques et pouvant approcher le comportement des chocs réels
sous certaines conditions.
Ces chocs simples sont surtout utiles pour le pilotage des essais au sol :
on enveloppe au mieux les SRC (Spectre de Réponse aux Chocs) des chocs réels
avec des SRC de chocs simples afin d’obtenir ensuite des chocs de
caractéristiques voisines au choc réel. En effet, les moyens d’essais (excitateurs,
pots vibrants) peuvent piloter des chocs réels ou en tout cas s’approchant de la
réalité, depuis seulement une dizaine d’années, or, le développement des
systèmes d’armes dépasse souvent dix ans.
En plus les chocs simples dont on connaît les caractéristiques permettent
par majoration une évaluation grossière de la sévérité des chocs réels : ce sont ces
chocs que l’on utilisaient avant la mise en place des SRC.
Ce sont des fonctions connues comme des demi-sinus, dents de scie,
rectangles, trapézes, sinus-verse, sinus amorti. D’autres fonctions de chocs
servent à approcher par itération les SRC réels comme les fonctions ZERD,
WAVESIN, D.L. KERN et C.D. HAYES , etc.

1.1.2.2. Nature des chocs


Les chocs mécaniques diffèrent aussi par leur nature : nous nous
intéresserons ici à des chocs pyrotechniques et surtout « pseudo-pyrotechniques »
ou mécaniques forts.

© MBDA
Figure 1 : Choc pyrotechnique
Les chocs pyrotechniques sont issus de dispositifs surtout utilisés dans
l’industrie aérospatiale (boulons explosifs, vannes pyrotechniques, cordeaux de
découpe…). Ils se caractérisent par de très forts niveaux d’accélération ( 100.000
g ) à de très hautes fréquences (100 KHz). De plus ils sont de courte durée ( 10
ms ). Ces chocs peuvent être dangereux pour les structures mais ils le sont surtout
pour les équipements électriques et électroniques qui sont, eux, sensibles aux
hautes fréquences.
Ce sont des chocs symétriques à faible amortissement, leur aire sous la
courbe (∆V) est proche de 0. Par conséquent, les spectres de réponse aux chocs
positifs et négatifs sont grossièrement symétriques surtout aux basses fréquences.
Ils partent de 0 avec une pente très faible, montent jusqu’à un maximum de
quelques KHz et ensuite rejoignent aux hautes fréquences l’amplitude de la
courbe temporelle.
En ce qui concerne les composantes basses fréquences, elles apparaissent
étant donnée la très courte durée du choc comme des composantes continues ou
dérives linéaires : il est donc assez facile de les enlever étant données les
connaissances a priori que l’on a dessus… En effet, la connaissance de la pente et
de l’origine de la dérive linéaire permettent son élimination rapide.
Par choc pseudo-pyrotechnique, on entend des mesures de chocs
pyrotechnique en champ moyen ou éloigné donc le fait que le point de mesure
n’est pas placé dans le voisinage immédiat de la source pyrotechnique mais à
quelques dizaines de centimètres voir un mètre de celle-ci. Cela entraîne des
niveaux d’accélérations plus faibles et une plus longue durée du choc. Ainsi, les
composantes basses fréquences ne sont plus perçues comme continues car on
arrive à distinguer leur variations. Il s’agit de la loi de Heisenberg-Gabor :
1
∆t.∆f ≥

Comme on regarde le temporel sur une période plus longue (moins de
précision temporelle) on augmente la précision sur la fréquence donc on arrive à
observer des détails qui nous échappaient sur des chocs pyrotechniques.

Figure 2 : Importance de la taille de la fenêtre d’observation


En effet ce que l’on peut assimiler à une dérive linéaire sur un choc
pyrotechnique est peut être une partie de sinus lentement variable si l’on regarde
sur plus de temps…La figure 2 montre que le signal rouge est vu comme une
droite à travers la fenêtre verte (temps court : choc pyrotechnique) alors qu’il est
vu comme lentement variable avec la fenêtre bleue (temps moyen : choc pseudo-
pyrotechnique).
On retrouve donc des composantes continues et des dérives linéaire sur ce
type de chocs mais on a surtout des dérives basse fréquence bien plus difficiles à
éliminer car on a pratiquement pas de connaissance a priori sur ces signaux.
Enfin, les chocs mécaniques forts sont issus par exemple des tests de
chute de caissons pour missiles de plusieurs mètres. Encore plus que les chocs
« pseudo-pyrotechniques », ils possèdent des composantes basses fréquences
difficiles à traiter.

1.1.2.3. Analyse de Fourier


L’une des propriétés les plus importantes des spectres de Fourrier des
chocs aux basses fréquences est leur ordonnée à l’origine qui est égale au
changement de vitesse ∆V du choc. Comme un choc mécanique, proche du choc
pyrotechnique, est fortement symétrique, un spectre de Fourrier correct doit avoir
une ordonnée à l’origine très faible, voir nulle.
Une autre propriété aux très basses fréquences relie le spectre de Fourrier
au SRC : Sur cette plage de fréquences le SRC est le spectre de réponse résiduel
(cf. chapitre suivant) qui est, lui, relié directement au spectre de Fourrier par une
relation de proportionnalité. Il en est de même pour le spectre primaire positif.
Enfin une propriété due à une connaissance a priori sur le signal de choc
rend intéressante l’utilisation d’une méthode spectrale. Un choc mesuré sur une
structure R(t) est le résultat de la convolution du choc entrée X (t )′′ avec la
fonction de transfert de la structure entre le point d’entrée (lieu du choc
pyrotechnique) et le point de mesure H(t):
R (t ) = H (t ) ∗ X (t )′′
Cette connaissance nous permet d’espérer pouvoir obtenir des
informations à partir de la mesure d’un choc sur la fonction de transfert de la
structure mécanique entre le point du choc et le point de mesure. La technique
utilisée, issue de la modélisation non - paramétrique autorégréssive sera détaillée
dans la suite de cette note ; il s’agit de la méthode d’analyse cepstrale qui est
notamment utilisée en analyse de la parole. Ces calculs ne tiennent cependant pas
compte du caractère non - linéaire que prennent les structures complexes.

1.2. SPECTRE DE REPONSE AUX CHOCS (SRC)


Le spectre de réponse aux chocs est une technique permettant de comparer la sévérité
relative de plusieurs chocs.

1.2.1. Historique
1932 - premières études pour les problèmes de séismes et leurs effets sur les bâtiments
1966 - premiers travaux de simulation sur excitateur à partir d ’un SRC
Années 70 - développement de la méthode
1984 - le SRC devient la référence dans la norme US MIL-STD 810D
Aujourd’hui, toutes les normes d ’environnement internationalement
reconnues utilisent la notion de SRC

1.2.2. Principe
Un choc est une sollicitation de courte durée qui introduit dans les structures des
contraintes dynamiques transitoires fonction :
- des caractéristiques du choc (amplitude, durée et forme)
- des propriétés dynamiques de la structure (fréquences de résonance,
amortissement)
La sévérité du choc dépend des caractéristiques du système qui le subit. On a
pensé alors à appliquer tous les chocs à un système de résonateurs étalon que nous
présenterons dans la définition. On extrapole alors, sans véritables bases autres que
l’expérience, que si un choc A est plus sévère qu’un choc B dans le cas du système
étalon, alors il l’est aussi dans celui du système réel (quel qu’il soit).

1.2.3. Définition
On convient d ’étudier la sévérité des chocs sur un modèle
« étalon » supposé linéaire, à masse m, raideur k, amortisseur c :
c
dont on fixe l ’amortissement relatif à : ξ=
2 km

dont on fait varier la fréquence propre : 1 k


fn = ( )
2π m

Z1 (t) Z 2 (t) Zn-1 (t) Z n (t)

f1 f2 fn-1 fn ξ
ξ ξ ξ
.. Choc entrée
Systèmes étalons Systèmes étalons X (t)
t

Figure 3 : Modèle étalon de définition du SRC


Le SRC est ensuite construit en observant le maximum de contrainte introduit
pour chaque fréquence. On a ainsi pour chaque ressort la réponse maximale pour ce
choc.

4π²fn²Z sup

f1 f2 f n-1 fn Fréquence (Hz)

4π²fn²Z inf

Z1 (t) Z2 (t) Z n-1 (t) Zn (t)

f1 ξ f2 ξ fn-1 ξ ξ
fn
..
X (t)
Systèmes étalons Systèmes étalons Cho c entrée
t

Figure 4 : Construction du SRC


Nous voyons ici comment est construit le SRC :
La courbe donnant les variations de la quantité ( 2π*fn)²*zmax, en fonction de la fréquence
propre fn, est le spectre de réponse du choc considéré :
- zmax est le déplacement relatif maximum, il est proportionnel à la contrainte maximum
(système étalon choisi linéaire).
2
- la multiplication par le terme ( 2π*fn) rend l ’expression homogène à une accélération.
On parle d ’accélération statique équivalente ou «pseudo accélération ».
- quand l ’amortissement ξ est nul, ce terme est strictement égal à l’accélération absolue
de la masse. En pratique, pour les amortissements couramment rencontrés en mécanique
(ξ = 0.05), on peut assimiler (2π*fn)2*zmax, à l ’accélération absolue de la masse.

Pour ξ petit les équations, permettant de calculer l’accélération, se réduisent à :


−ω02z(t) = &y&(t)
Pour tracer le SRC, pour une valeur de ξ donnée, on calcule :
− ω 02 z sup
en faisant varier la fréquence propre
ω0
f0=

Il y a différentes catégories de SRC :


- le « spectre primaire positif (resp. négatif) » : réponse positive (resp. négative), la
plus grande observée pendant la durée du choc.
- le « spectre résiduel » : réponse la plus grande observée après la fin du choc, le
spectre peut être positif ou négatif.
- le spectre positif (resp. négatif) : réponse positive (resp. négative) la plus grande sans
référence à la durée du choc. C’est l ’enveloppe des spectres primaires et résiduels.
- le spectre « maximax » : enveloppe des valeurs absolues des spectres positifs et
négatifs
C’est ce dernier spectre qui est classiquement utilisé. Cependant, il faut parfois
utiliser les spectres positifs et négatifs, lorsque les systèmes étudiés sont dissymétriques.

1.2.4. Caractéristiques
On distingue 3 zones dans le SRC :

1.2.4.1. La zone impulsionnelle


Cette zone se situe aux basses fréquences.
- durée du choc << période propre du système
- amplitude réponse < amplitude du choc
- le système atténue les effets du choc
Dans cette zone, la forme du choc a peu d ’influence sur le spectre : c’est le
changement de vitesse (∆V), donc l ’aire sous la courbe de l ’excitation, pour un
amortissement donné, qui compte.
C ’est dans cette zone que l ’on doit choisir la fréquence propre d ’une suspension
pour protéger le matériel contre l ’effet du choc.
Pour ξ petit, la pente du SRC est proportionnelle à ∆V et la courbe s ‘annule à
l’origine
C’est à cette zone surtout que nous nous intéresserons par la suite. On considère
en plus le fait de nous intéresser aux chocs pyrotechniques dont le ∆V est proche de 0,
car se sont des chocs symétriques.

1.2.4.2. La zone statique


Cette zone se situe aux hautes fréquences.
- durée du choc >> période propre du système.
- amplitude réponse positive tend vers l’amplitude du choc.
- excitation est à peu près égale à l’accélération statique.

1.2.4.3. La zone intermédiaire


- durée du choc est de l’ordre de grandeur de la période propre du système.
- amplitude réponse > amplitude du choc.
- le système amplifie les effets du choc.
1.3. PROBLEMATIQUE
Dans cette partie nous allons exposer le problème qui a été la base de ce rapport.

1.3.1. Erreurs dans les données

1.3.1.1. Acquisition des données

Les données sont enregistrées par des capteurs


(généralement des accéléromètres) analogiques. Nous allons
parler des problèmes engendrant des erreurs égales ou
supérieures à 10%. Il est aussi utile de savoir qu’il n’y pas de
standard de procédures de mesures et acquisition même si les
marques de capteurs sont en gros les mêmes et que les
techniques convergent souvent. Les données sont donc
doublement altérées :
• Directement à l’acquisition. En effet il peut arriver
que la pose des capteurs sur la structure (vis et/ou
colle) subisse des dommages lors du tir et que la
réponse obtenue ne soit plus correcte même si elle
paraît l’être. Chez Loocked Martin la décision a été
prise de coller les capteurs avec peu de colle et sans
vis : si la colle se détache on est certain que les
mesures sont fausses. La non-validité d’une mesure est
préférable au doute.
© MBDA F

Figure 5 : Essais en vol

Capteurs sur cartes électroniques

Il y a aussi des problèmes de câblage


des capteurs qui subissent des coupures aux
connexions lors de chocs importants.
Câblage des capteurs
Les capteurs eux-mêmes peuvent être
perturbés soit du fait qu’ils n’arrivent pas à
suivre les chocs trop rapides (par soucis
d’économie ou d’optimisation du volume, les
accéléromètres sont censés pouvoir mesurer
des vibrations de quelques g d’accélération
et des chocs jusqu’à 100.000 g… d’où des
© MBDA F problèmes de bande

Figure 6 : Instrumentation
passante et de saturation) soit tout simplement parce qu’ils ont mal encaissé les accélérations ou la
chaleur (ils sont souvent placés dans le voisinage de la source pyrotechnique thermiquement très
active). Sur la figure ci-dessus nous avons deux capteurs collés directement sur une carte
électronique.
Capteurs vissés-collés
Sur cette image nous pouvons voir
le placement des capteurs sur la
structure : un cube en acier y est
collé et trois capteurs (mesurant les
accélérations dans les trois axes)
sont vissées et collés dessus.
Cette technique est très utilisée pour
les structures. Certains capteurs
doivent être vissés surtout s‘ils
subissent de fortes accélérations.
Cette technique est considérée
© MBDA F comme dangereuse par les
personnes de Loocked Martin, si
elle est accompagnée d’un collage :
Figure 7 : Instrumentation
En cas de défaillance de la colle ils pensent que la mesure sera erronée mais elle aura l’air juste à
cause de la vis. Cette double technique leur semble à éviter : un collage seul ou un vissage seul
devrait suffire pour assurer la cohésion entre la structure et les capteurs. Même si les techniques
d’installation de capteurs sont bien rodées chez MBDA, il serait utile de vérifier ces affirmations.
Enfin, les données mesurées sont transmises en temps réel à des stations au sol à des fins de
stockage. La liaison radio entre le missile et la station au sol n’est pas toujours idéale ce qui
introduit en plus des pertes d’informations.
• Liées à la numérisation. Les données analogiques recueillies doivent être
échantillonnées et numérisées pour être traitées par la suite. La plupart des systèmes
d’acquisition appliquent des filtres passe-bas et anti-repliement qui peuvent fausser les
données en modifiant les amplitudes et en cachant d’éventuelles traces de saturation. Le
plus gros problème réside dans l’échantillonnage qui, pour les chocs (phénomènes très
irréguliers), doit être normalement de dix fois la fréquence de Shannon. En pratique cela
n’est jamais le cas. Le fait de limiter la bande passante des capteurs fait en plus que la
partie du signal la plus énergétique (donc la plus « crédible ») qui se situe aux hautes
fréquences n’est pas prise en compte… par contre cela permet de baisser la fréquence
d’échantillonnage.
J’aimerais surtout insister sur le fait que lorsque des corrections comme celles
qui seront décrites dans les chapitres suivants doivent être effectuées sur les
mesures, il est déjà trop tard. Sur ce point, il faut mener en amont (essais en vol et au
sol) des études sur la validité des protocoles de mesure sur toute la chaîne d’acquisition
(installation mécanique des capteurs et du câblage, transmission et bien sûr numérisation).
Il est nécessaire aussi de faire un effort de normalisation suite à ces études afin de
rendre les résultats d’essais différents menés par des services différents « compatibles »
i.e. comparables car exécutés dans les mêmes conditions.
Par contre, certaines dérives basse fréquence ne sont pas des erreurs : il est
important de souligner le fait qu’il peut arriver que la dérive basse fréquence soit due à
des phénomènes physiques bien réels. Dans ce cas, selon les essais que l’on veut mener,
on peut enlever ou non cette composante.
L’exemple le plus courant concerne les mesures de catapultage : il y a un choc
subit par l’avion et donc par la force des choses par le missile qu’il transporte lors de la
rupture du « roll back » qui bloque le train avant de l’avion. La catapulte imprime alors
une très forte accélération à l’avion : cette accélération n’est pas constante mais elle est
basse fréquence par rapport à la fréquence du choc. La superposition de l’accélération du
catapultage et du choc de départ provoque donc une dérive du choc. Dans ce cas on peut
vouloir spécifier le décollage comme un ensemble dans quel cas il ne faut pas enlever la
composante continue. Par contre si l’on veut mener des tests particuliers comme ceux
d’accélération continue sur centrifugeuse il faut pouvoir isoler la composante basse
fréquence du choc. Pour les essais au sol, on peut spécifier séparément le choc sur pot
vibrant et l’accélération continue sur centrifugeuse et superposer les résultats : dans ce cas
la séparation du choc et de la dérive sont indispensables. Il faut avoir bien à l’esprit les
circonstances dans lesquelles a eu lieu la mesure et pouvoir dire si la dérive basse
fréquence est due à des problèmes d’acquisition de données ou bien s’il s’agit d’un
phénomène bien réel. De plus il faut savoir quelle type de spécifications on veut faire
avant de prendre ou non la décision de séparer le signal de choc de celui de la dérive
basse fréquence.

1.3.1.2. Analyse des données


Les données issues d’un tir sont traitées d’abord par le logiciel SESANNE
qui est un logiciel propriétaire de l’Aérospatiale. La plupart du temps un simple coup
d’œil sur les enregistrements d’un tir permet de détecter rapidement les trous de
télémesure (coupures remplacées par des échelons à très haute accélération sur la durée
du trou : sur cette période l’information est perdue) et les pains électriques (pics de très
courte durée, souvent un à quelques bits allant jusqu’à de très hautes accélérations : sur
cet intervalle il n’y a pratiquement pas d’énergie donc d’information). En plus de tout ça
il y a le sujet principal de ce rapport qui sont les dérives basses fréquences.
Sur le signal de la figure suivante, on voit des pics de très grande amplitude
par rapport à la moyenne du signal : ceux qui sont très fins sont les fameux pains
électriques : bits erronés donc ne contenant pas d’information. Par contre étant donnée
leur amplitude ils vont largement intervenir dans le calcul des SRC .
Les pics plus larges basse fréquence i.e. contenant pleins de bits faux sont
des trous de télémesure donc des problèmes dus à la transmission erronée entre le
missile et la station au sol. Eux aussi auront une influence néfaste sur les SRC !

300

200

100
Accélération (g)

0
-0,009956 -0,004958 0,001245 0,006837 0,011848

-100

-200

-300
Temps (s)

Figure 8 – Mesure de l’accélération en vol sur un axe


On en vient enfin au sujet principal : les dérives basses fréquence. La mesure suivante
est celle d’une dérive visualisée sur une grande partie du signal : cela permet de visualiser
l’effet dans son ensemble : les vibrations peuvent s’apparenter à du bruit superposé sur cette
énorme sinusoïde.
La figure suivante montre donc une vue d’ensemble d’un enregistrement contenant un
choc. On voit aussi que, localement pour le choc, la dérive à l’air d’être à peu de choses près
linéaire. Cela n’est malheureusement pas le cas tout le temps (seuls les chocs vraiment
pyrotechniques donc très courts permettent d’assimiler la composante basse fréquence à de la
dérive linéaire).

6,00E+01

4,00E+01

2,00E+01

0,00E+00

-2,00E+01

-4,00E+01

-6,00E+01

-8,00E+01
Temps (ms)

Figure 9 – Mesure à dérive basse fréquence


La figure suivante montre les mesures initiales (en bleu) : on y voit un trous de
télémesure corrigé rapidement par un trait horizontal, et bien sûr une dérive basse fréquence.
Celle-ci est rapidement détectée par une moyenne glissante (en vert) et corrigé (avec certaines
approximations en rouge).

60

40

20

0
Accélération (g)

-30 -20 -10 0 10 20 30 40


-20

-40

-60

-80

-100

-120
Tem ps (m s)

Figure 10 – Zoom sur un choc possédant une dérive (en bleu)


1.3.2. Conséquences sur les SRC
Le calcul des SRC est basé comme nous l’avons vu précédemment sur la
réponse maximale pour chaque fréquence : ainsi l’amplitude étant modifiée, nous
obtiendrons des réponses maximales supérieures (en valeur absolue pour le spectre
maximax qui est le spectre le plus utilisé) surtout pour les basses fréquences proches de
celles de la dérive.
Le graphique suivant illustre ce phénomène : un choc ayant subi une dérive
(bleu) est corrigé en vert avec la moyenne en rose.

50

40

30

20

10

0
-30 -20 -10 0 10 20 30 40 50

-10

-20

-30

-40

-50

Temps (ms)

Figure 11 – Choc à dérive basse fréquence


Voilà la différence entre les SRC du corrigé (vert) et initial (bleu) :

1,00E+02

1,00E+01

1,00E+00
1,00E+00 1,00E+01 1,00E+02 1,00E+03 1,00E+04

1,00E-01
Fréquence (Hz)

Figure 12 – Comparaison des SRC avant (bleu) et après (vert) correction


1.3.3. Conséquences sur les spécifications
Les spécifications sont comme nous l’avons souligné lors de l’étude des
SRC obtenues en superposant les SRC de tous les chocs obtenus lors des différents
essais au même point de mesure. On obtient une enveloppe de l’ensemble des SRC à
laquelle il a été décidé de rajouter une marge de sécurité de 20% : c’est la spécification
du matériel pour l’ensemble des pièces (mécaniques, électroniques, etc.) se trouvant au
voisinage du point de mesure. L’ensemble de ces éléments devra être capable de résister
à des chocs du niveau de l’enveloppe spécifiée.
Toute modification de l’amplitude du SRC va augmenter l’enveloppe
menant ainsi à une sur-spécification dans cette plage de fréquence. Ce phénomène a lieu
surtout en basses fréquences là où la structure mécanique possède son mode propre et
donc y est fort sensible.
La figure suivante montre des spécifications d’essais au sol à partir d’essais
en vol : le choc de vol en rouge ne peut être piloté directement que sur des pots vibrants
modernes. Pour simuler des chocs de même intensité que ceux survenus en vol on
essaye d’approcher les SRC réels avec (figure 13) des fonctions WaveSin : connaissant
les temporels donnant ces SRC il suffit, lors des essais, de simuler ces fonctions
chacune sur la plage de fréquence de sa validité.

1000 ,0

100 ,0
Amplitudes (g -SRC)

10 ,0

WSN1 80h z .SRC

1 ,0 WSN3 00h z .SRC


WSN5 00h z .SRC
WSN7 50h z .SRC
Cho c de vo l
0 ,1
10 10 0 1 00 0 100 00
Fré qu e nc es (Hz )

Figure 13 – SRC réel (rouge) et SRC des chocs simples


Nous voyons qu’aux basses fréquences le SRC n’a pas une pente de un en
échelle logarithmique comme il devrait être : une dérive basse fréquence est
certainement venue corrompre les mesures. Les fonctions WaveSin qui suivent les SRC
en basse fréquence seront donc sur spécifiées.
1.3.4. But de l’étude
Le but de cette étude est de mettre à jour les connaissances MBDA
concernant le problème des dérives basse fréquence. De plus une étude théorique du
problème tentera d’aller plus loin qu’un simple état de l’art sur la question.
En deuxième lieu, on essaiera d’éliminer ce problème ainsi
qu’accessoirement les problèmes dus aux trous de télémesure et aux pains électriques.
On s’attachera à essayer de quantifier les manipulations des signaux en accordant un
maximum d’importance à éviter d’enlever ou de transformer de l’information utile. On
cherchera donc souvent à expliciter des critères de validité des opérations effectuées ou
à en prouver l’inexistence si cela est bien le cas.
Suite à cette étude, nous tenterons de faire un tri par intérêt pour cette affaire
dans l’ensemble de méthodes de traitement du signal à notre disposition à l’heure
actuelle. Nous jetterons aussi un rapide coup d’œil sur les fonctions nous intéressant
dans divers outils de traitement du signal du marché.
Enfin, nous présenterons les deux outils développés spécifiquement pour
améliorer la qualité des signaux acquis lors des essais. Cela va dans le sens d’une plus
grande maîtrise des données nous parvenant, augmentant du même coup l’étendue du
domaine d’expertise du service quant aux mesures environnementales.

Vous aimerez peut-être aussi