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Sujet 

L’amour est-il une expérience singulière ?

I / Oui, il l’est :

1- D’abord
5 parce qu’il émane d’une rencontre particulière
2- Ensuite, il incarne un ensemble de valeurs propres à l’amant
3- Finalement, il permet d’agir sur le monde grâce à l’expérience de la passion

II / Mais l’amour est aussi la voix de l’universel :

1- Il est dans ce sens un sentiment naturel


2- 10Il se manifeste ainsi dans un ensemble de représentations (symboles) universelles
3- … et de lois tendant à l’homogénéiser en tant que droit inaliénable

III / Enfin, l’amour n’est pas une expérience au sens propre du terme, que l’on serait
amené à vivre, mais un sentiment qui s’impose à l’être

1- L’amour est une aventure


2- 15Il défie la mort
3- Il agrandit l’amant

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« Il s’agit simplement, en somme, pour chacun de trouver sa chacune : pourquoi une chose
si simple doit-elle tenir une place de cette importance et venir sans cesse déranger et brouiller la
bonne
30 ordonnance de la vie humaine ? », dit Arthur Schopenhauer Le Monde comme volonté et

comme représentation. Il semble que la définition proposée par Schopenhauer de la rencontre


amoureuse mette en évidence le sens singulier de l’amour souligné par notre sujet. L’affirmation
rejoint donc son postulat qui est le suivant : L’amour est-il une expérience singulière ? Il s’agit
d’une question directe fermée qui porte sur la singularité de l’expérience amoureuse. Le sujet
présuppose
35 ainsi que l’amour est un sentiment vécu sur le mode de la particularité, voire de
l’unicité. L’amour serait (ou non) « une expérience singulière » dans le sens où il ferait des
amants des objets d’amour distincts des autres. Autrement dit, le sujet nous invite à déceler
l’écart qui existerait entre l’amour en tant que valeur universelle et éthique et ses modalités de
mise en œuvre dans le cadre du relationnel, c’est-à-dire du réel. Les amoureux donnent ainsi, tel
que40le suggère notre question, naissance à un amour qui les définit ou les redéfinit par rapport
au monde et aux autres. Il serait également juste de nous intéresser au second sens possible de
notre mot-noyau « singulière ». Outre le sens du singulier et de l’un, notre terme peut supporter
celui du hors norme. L’amour est une expérience singulière parce qu’il n’est pas un sentiment
ordinaire. Irréductible à la simple émotion, il est le point de départ d’une relation différente au
monde
45 extérieur. Il entend le changer, l’embellir, ou le questionner, d’où sa démarcation des

autres sentiments qui n’inspirent pas autant d’influence sur l’extérieur. L’expérience amoureuse
est donc singulière car elle est à la fois « un » ique et « extra-ordinaire », au sens faible de ces
mots. L’amour serait de ce fait un sentiment qui surplombe les autres, qui les englobe même.
Aimer inspire des actions qui changent le monde et l’être.

50 Nous allons voir dans le même sens comment l’amour est un sentiment qui ne se réduit
pas à la simple expérience amoureuse, mais s’impose à l’être qui devient autre, qui devient
l’autre. Afin de donner corps à cette question, nous allons voir d’abord que l’amour est
effectivement une expérience amoureuse singulière et particulière. Ensuite, il sera question de
montrer comment il peut être en lien avec des valeurs universelle qu’il est censé incarner.
Finalement,
55 nous expliquerons que l’amour n’est pas une simple expérience mais une aventure
(ou parenthèse) qui redéfinit le rapport au monde.

L’amour n’est pas un sentiment dont les diverses manifestations répondraient à une
norme simplifiant sens. Il peut émaner d’une rencontre particulière qui implique
singulièrement
60 les amants ou incarner un ensemble de valeurs propres à l’amant. Par la même,
il permet d’agir sur le monde quand il devient passion.

L’amour peut en effet prendre naissance dans le cadre d’une rencontre amoureuse
placée sous le signe d’un cadre spatio-temporel très particulier. Il est dans ce sens
l’aboutissement de deux consciences marquées par cette « apparition ». Nous pouvons ainsi
évoquer
65 la rencontre amoureuse de Frédéric Moreau et Mme Arnoux qui se produit à bord d’un
bateau et que Flaubert entoure d’une aura. Le narrateur n’hésite pas dans ce sens à avancer à
l’ouverture de cette rencontre que « Ce fut comme une apparition ». Le moment où les futurs
amants se rencontrent est donc élevé au degré poétique où l’être aimé imaginé occupe une
place centrale. Unique l’est également la rencontre entre Mme de Rênal et Julien. Madame de
Rênal
70 est présentée au début en tant que personnage romantique puisque loin des regards des
hommes, elle est marquée par « la vivacité et la grâce ». Julien, lui, semble être le contre-
modèle de Madame de Rênal, puisqu’il est offert au lecteur en tant que paysan pâle et pleurant.
Le contexte de la rencontre est plutôt inédit : Mme de Rênal attend un précepteur et est
inquiète à l’idée qu’il puisse être sévère contre ses enfants, quand Julien arrive. Cette rencontre
qui75ne se conjugue qu’au singulier peut être d’ailleurs doublée d’une représentation méliorative
où aimer (tomber amoureux) devient le moment d’une idéalisation de l’être aimé.

Aimer peut constituer une expérience singulière dans le sens où il permet aux amants de
se détacher des formes sensibles. Il est une invitation à s’élever au-dessus de la matière en vue
de réaliser une union dont l’objectif ultime est d’être meilleur sur le plan éthique. C’est à juste
titre
80 que nous pouvons donc mettre en évidence la conception platonicienne de l’amour, telle
qu’elle est exposée dans son Banquet. Pour le philosophe idéaliste, l’amour (Eros) est ce qui
permet d’accéder au Bien, au Beau qui sont deux notions clés dans la théorie de la
connaissance de Platon. Aimer n’est en effet plus une simple affection qui se réduirait à aimer
le bien de l’autre et détester son mal, mais une émotion qui dépasse les contingences et inscrit
les85amants dans un rapport plus spirituel que physique. Aussi avance-t-il à travers le
personnage de Diotime que « c’est la beauté qui se trouve dans les âmes qu’il [l’amant sage]
tiendra pour plus précieuse que celle qui se trouve dans le corps ». Cette lecture philosophique
de l’amour peut trouver sa continuité dans certaines poésies où l’amour (ou du moins la beauté
aimée) est idéalisé et hissé sur le plan spirituel. Dans son poème destiné à Jeanne Duval,
Baudelaire
90 revisite l’idéal amoureux qui permet une libération de la réalité sensible, une
élévation au-dessus des « miasmes morbides », comme nous le lisons au début de son recueil
Les Fleurs du mal. Pour lui, cette beauté rend « L'univers moins hideux et les instants moins
lourds ? » Le verbe poétique comme la beauté féminine deviennent pour le poète une
alternative au réel et au gouffre spleenétiques. Si l’amour a donc autant d’influence, il peut être
doté
95 de pouvoir d’action quand il devient passion.

L’amour n’est pas un sentiment ordinaire car ses implications sentimentales sont
souvent d’ordre moral. S’il est différent des autres sentiments, c’est surtout dans le sens où il
leur donne lui-même naissance. Aussi pouvons-nous déceler un lien étroit entre l’amour
(surtout passionnel) et les autres passions qu’il entraine dans ses multiples expériences
singulières.
100 Citons à titre d’exemple la tragédie de Racine Andromaque. Hermione y est le
personnage qui montre le plus le sentiment d’amour-propre. Son statut de princesse fait qu’elle
s’estime soumise à une injustice : celle de ne pas être aimée en retour. Hermione représente
également ce désir de vengeance accompli par le meurtre de Pyrrhus. Hermione, par l’aide
d’Oreste, arrive à réaliser sa vengeance qui s’annonce en ces mots dans son monologue : «
Qu’il
105 meure, puisqu’enfin il a dû le prévoir /Et puisqu’il m’a forcée enfin à le vouloir ». Elle se
dit être obligée de tuer Pyrrhus car elle se voit outragée et méprisée dans sa passion amoureuse.
La vengeance rétablira dans sa conscience son amour-propre blessé. Ce pouvoir d’action dont
est investie la passion (plus globalement cette fois-ci) fera dire à Nietzsche et Hegel que les
philosophes antiques ont fait plus de tort que de bien à cette expérience humaine si particulière.
La110passion est effectivement, selon eux, un principe moteur dans le monde, puisque rien de
grand ne saurait s’accomplir sans passion (qu’elle soit amoureuse ou non). La passion
amoureuse permet d’opérer donc une scission dans le réel, un avant et un après.

Aimer est enfin un sentiment à caractère à la fois protéiforme et singulier. Il donne


naissance à des rencontres toutes particulières et inattendues, dévoile un univers de références
éthiques
115 et peut même les dépasser vers une exacerbation passionnelle. Néanmoins, l’amour
demeure un sentiment à valeur universelle dépassant ces singularités passionnelles.

Si l’amour est l’expression d’une singularité, il n’en demeure pas moins vrai qu’il
reflète
120 un penchant à valeur universelle. Il est dans ce sens un sentiment naturel qui se trouve
représenté par un ensemble de symboles universels et de lois tendant à l’homogénéiser.

L’amour obéit effectivement à la loi de l’instinct. Il émane d’une pulsion de vie (Eros)
qui préside aux destinées d’un ensemble d’actions à caractère humanitaire. Il serait judicieux à
ce titre de considérer l’amour dans sa valeur globale (de la simple attraction érotico-physique à
sa125
dimension la plus philanthropique). C’est dans ce sens que Freud distingue dans sa théorie
psychanalytique entre Eros (pulsion de vie et Thanatos (pulsion de mort). La première, qui
nous intéresse dans ce contexte, découle selon lui d’une puissance, une poussée (étymon
pulsare) qu’on nomme libido ou puissance de vie. Elle permet à la fois l’apparition de l’instinct
sexuel comme « la conservation de la vie ». L’amour signifie ici cet instinct qui protège. Il est
dirigé
130 vers la préservation. Ainsi, « la culture doit donc être défendue contre l'individu » car
seul Eros et sa vocation conservatrice maintiendront la civilisation et ses fruits contre les
pulsions destructrices. Rousseau, lui, estime que ce dévoilement naturel de l’amour passe par
le moyen du sentiment de la pitié. Il s’agit selon lui du fondement de l’état de nature qu’il
développe dans son ouvrage Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les
hommes.
135 Aussi est-il « bien certain que la pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans
chaque individu l’activité de l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de
toute l’espèce. » S’il en fait la qualité suprême de l’homme à son état de nature, c’est que la
pitié réalise le dépassement des tendances narcissiques vers un idéal plus désintéressé : celui de
l’amour des autres (et leur protection) dans sa forme la plus universelle. Aimer es donc un
sentiment
140 naturel s’exprimant dans des symboles universels.

Effectivement, l’amour est une affection particulière car il suggère une promesse de vie.
En ceci, il donne naissance au désir qui est sa continuité logique. Aimer, désirer et s’unir sont
des mouvements vers l’autre dont l’objectif est de donner vie au monde ou donner la vie
(comme dans le cas du rapport sexuel). Citons dans ce sens José Ortega y Gasset qui avancent
dans
145 leurs Études sur l'amour ce qui suit : « Il n'y a rien de si fécond dans notre vie intime que
le sentiment amoureux ; au point qu'il en vient à être le symbole de toute fécondité. » Le
possessif « notre » est doté d’une valeur universelle dans la mesure où il est le symbole humain
du fécond. Or, il est à préciser que cette fécondité est à prendre dans son sens le plus global (de
l’amour protecteur à l’amour physique). Le personnage de Dom Juan peut également permettre
d’éclairer
150 cette vision universelle de l’amour. En effet, ce personnage séducteur, dans sa
recherche de la passion et son inconstance, affirme qu’« [il a] un cœur à aimer toute la terre ».
Force est de souligner que cet amour dont il parle trouve son origine non d’une nécessité
sentimentale où il chercherait une femme qui lui plaise, mais plutôt dans une vision du monde
où la femme est élevée au statut de symbole. Autrement dit, il lui faut un support qui donne vie
à 155
cette puissance sans égal d’aimer. L’amour peut donc être hissé au statut symbolique. Mais,
devant cette manifestation protéiforme de l’amour, les lois peuvent être un recours qui tend à
l’homogénéiser, le socialiser.

La société humaine a apporté un cadre législatif à la question de l’amour. Socialement,


il n’est plus ce sentiment libre qui se suffit à lui-même. Il lui faut un moule positif. La société
fixe
160 de la sorte un destin collectif à la passion amoureuse. Nous l’appelons dans ce sens le
mariage. Dans Philosophie de l'amour (Sur la sociologie de la famille), Georg Simmel analyse
le fait matrimonial comme suit : « le mariage représente l'intérêt social face à l'intérêt
individuel de l'amour ». L’antithèse pour laquelle opte le penseur allemand est intéressante
pour les raisons suivantes. L’amour, sentiment à valeur individuelle et égoïste (au sens faible
du165mot), est transformé dans le mariage en une affaire sociale qui serait la promesse d’« une
assistance à sa descendance » qui garantirait à son tour la continuité sociale. En outre, ces
deux intérêts sont appelés à se confondre au moment de l’union matrimoniale car l’amour est
absorbé par l’aspect législatif et positif du mariage. C’est pourquoi John Austin précise dans
son ouvrage Quand dire c'est faire que parmi les actes de langage qui permettent de réaliser
une
170action (ce qu’il appelle la parole performative) se trouve la phrase ou le mot qui scelle le
mariage et ‘institut définitivement comme fait social : « Quand je dis, à la mairie ou à l'autel,
etc. « Oui, [je le veux] », je ne fais pas le reportage d'un mariage : je me marie. » Nous
passons dans cette phrase de la puissance de la parole à la puissance de l’institution sociale.
L’amour se trouve, oserons-nous dire, relégué à un arrière-fond institutionnel et législatif aux
règles
175 duquel il doit désormais s’aligner.

L’amour peut donc être universalisable. Il répond ainsi à une exigence naturelle, qui
peut prendre soit une forme symbolique, soit législative. Toutefois, l’amour n’est-il pas cette
passion qui échappe à toute classification ou taxinomie ? Ne permet-il pas plutôt une
redéfinition du monde et du réel ?

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L’amour peut en effet être rapproché d’une aventure. Il ne serait pas stricto sensu une
expérience vécue, mais plutôt une œuvre d’art. tel serait le cas de la passion qui permet d’agir
sur le réel et même le redéfinir.

Précisons d’emblée que le sens de notre sujet reste à éclairer quant à l’amour en tant
qu’expérience
185 singulière. Il serait plus adéquat de soutenir qu’il s’agit d’un amour à valeur
actantielle. L’amour n’est pas tant cette expérience singulière qu’un désir de changer le réel ou
le quotidien. Nous pouvons ainsi penser à cette lecture qu’en fait Jankélévitch dans son essai
L’aventure, l’ennui, le sérieux, dans son chapitre intitulé « l’aventure amoureuse » :
« L’aventure amoureuse apparait donc comme une parenthèse à l’intérieur du vécu, comme
une
190sorte de madrigal ou de poème en vers interpolé au milieu du texte prosaïque et sérieux de
l’existence ». Ici, l’aventure n’est pas à prendre au sens de prise de risque dont l’élément
central est le danger de mort. Il s’agit plutôt d’un regard artistique porté sur le monde par la
personne amoureuse. Autrement dit, aimer est à la limite d’un acte subversif contre une
existence sans attrait. Cet aspect aventureux de l’amour est également reconnaissable dans le
poème
195 de Baudelaire A une passante où le poète réinvente les codes de la rencontre
amoureuse. La femme est perçue à travers l’œil d’un esthète. Le regard, motif habituel de la
rencontre amoureuse, est élevé au statut divin : « Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté //
Dont le regard m'a fait soudainement renaître ». Le verbe poétique éclaire un amour particulier
(dédicace à une inconnue) dont le propre est de permettre renaissance du poète, sa sortie de
« la
200 rue assourdissante ». C’est cet aspect ambigu de l’aventure et de la passion qui font lire
finalement l’amour comme sentiment qui rehausse l’amant.

La passion amoureuse est effectivement tellement forte qu’elle donne lieu à une
redéfinition du rapport au monde. Elle change l’amant et l’investit d’un nouveau rôle
existentiel. C’est-à-dire qu’il devient autre sur le plan de l’ethos. L’amour serait ainsi une
réalité
205 crue et tristement vécue. L’excipit du Rouge et le Noir de Stendhal est intéressant à
commenter à ce titre. Le narrateur y passe du récit des funérailles de Julien (où Mathilde brille
par son faste) à évoquer Mme de Rênal, à laquelle il ne réserve que le paragraphe final. Mais
c’est pour mieux creuser l’écart entre les deux femmes, les deux amours. Si Mathilde a altéré
l’aspect sauvage de la grotte (tel était le souhait de Julien dans son lieu de retrait romantique),
Mme
210 de Rênal, elle, est restée plutôt « fidèle à sa promesse ». L’amour vrai, suggère Stendhal,
qui semble sublimer Mme de Rênal, dépasse le temps ou la mort. La fidélité est le terme choisi
par Stendhal pour opposer Mme de Rênal au luxe qu’affichait Mathilde. La dernière phrase de
l’œuvre est une concession qui annonce la mort de cette femme qui avait promis à Julien de ne
pas se suicider, mais dont l’intensité de l’amour pour Julien a fait qu’elle le suive réellement,
en215mourant, et non dans un convoi surchargé de faste, suggère Stendhal. L’amour défie la
mort. Aussi peut-il prendre la forme du sacrifice.

Effectivement, l’amour pousse l’amant au sacrifice de son être et de son corps même.
Aussi l’être amoureux peut-il traduire son attachement affectif à l’autre par un dépassement de
sa condition simple vers un acte qui relève de l’héroïsme. C’est dans ce sens que nous pouvons
lire
220l’exemple proposé par Phèdre dans Le Banquet de Platon dans son discours sur Eros : «
[Alceste] fut la seule à consentir de mourir à la place de son époux, alors que celui-ci avait
encore son père et sa mère. » Cette phrase montre l’héroïsme que le sentiment amoureux
inspire, et qui peut même dépasser l’amour paternel et maternel. Cette même attitude rencontre
un contrepoids similaire dans le roman de Stendhal, La chartreuse de Parme, où les
personnages
225 de Fabrice et le comte Mosca ont tous les deux accompli des actions qui dépassent
leurs conditions : Fabrice en acceptant la prison pour revoir Clélia et le comte Mosca en
abandonnant son ministère pour se marier à la duchesse. Hermia et Lysandre, dans Le Songe
d’une nuit d’été de Shakespeare, ont conclu le plan de la fuite, stratagème où il s’agit de tout
sacrifier : famille, société, traditions et lois. L’amour leur dicte ainsi un oubli de ce qu’ils sont.
Il230
est compréhensible donc qu’il les pousse à sacrifier leur bonheur immédiat pour celui de
l’être bien aimé.

En définitive, rappelons que l’amour n’est pas qu’une simple expérience placée sous le
signe du singulier. Il est une nouvelle vision du monde, qui le transforme et le subvertit. Nous
avons
235 vu d’abord qu’aimer est certes un sentiment à la fois unique et particulier. Mais il a été
montré ensuite qu’il est le fruit d’une universalité qui lui est inhérente. Finalement, nous avons
analysé l’idée de l’amour en tant qu’expérience qui ne ressemble en aucun cas aux autres qui
relèveraient dans ce sens du prosaïque et du quotidien. Il est ce qui permet d’être, de renaitre.

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