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Mvele-n'dango'o Pierre-claver. La gestion des ordures ménagères à Libreville et Abidjan. In: Villes en parallèle, n°40-41,
janvier 2007. Villes du Gabon. pp. 226-241;
doi : https://doi.org/10.3406/vilpa.2007.1444
https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_2007_num_40_1_1444
Abstract
Management of the domestic waste produced by the 700 000 inhabitants of Libreville is faced with the
harsh realities of the environment : 80 % of the population live in spontaneous housing estates and 56
% of the dwellings cannot be accessed by roads suitable for wheeled vehicles. Considering the poor
logistics means available to the Société de Valorisation des Ordures (waste recycling company) in
Gabon and the lack of awareness from the populations, there is little chance of success. Only 38 % of
the households have their waste collected on a regular basis and only 30 % of the waste produced is
collected, a figure rising to 57 % at Abidjan. Improving the management of domestic waste at Libreville
involves restructuring the under-integrated districts with a good road network, real decentralization with
transfer of skills and means, permanent information and education of the populations.
Pierre-Claver MVELE
■ Résumé : La gestion des ordures ménagères à Libreville et à Abidjian
La gestion des ordures ménagères que les 700 000 habitants de Libreville produisent se heurtent
aux dures réalités du milieu : 80 % de la population vivent dans des quartiers spontanés et 56 %
des logements ne sont pas accessibles par des voies carrossables. Les maigres moyens logistiques
dont dispose la Société de Valorisation des Ordures du Gabon et la faible adhésion des
populations concernées n'y peuvent grand-chose. La collecte ne touche régulièrement que 38 %
des ménages et 30 % seulement des déchets produits sont ramassés, pour un taux de 56,65 % à
Abidjan. Améliorer la gestion des ordures ménagères à Libreville nécessite la restructuration des
quartiers sous-intégrés avec un bon réseau viaire, une réelle décentralisation avec transfert des
compétences et des moyens, une information et une éducation permanentes des populations.
Management of the domestic waste produced by the 700 000 inhabitants of Libreville is faced
with the harsh realities of the environment: 80 % of the population live in spontaneous housing
estates and 56 % of the dwellings cannot be accessed by roads suitable for wheeled vehicles.
Considering the poor logistics means available to the Société de Valorisation des Ordures (waste
recycling company) in Gabon and the lack of awareness from the populations, there is little
chance of success. Only 38 % of the households have their waste collected on a regular basis and
only 30 % of the waste produced is collected, a figure rising to 57 % at Abidjan. Improving the
management of domestic waste at Libreville involves restructuring the under-integrated districts
with a good road network, real decentralization with transfer of skills and means, permanent
information and education of the populations.
■ Key words: Libreville, under-integrated districts, domestic waste, public rubbish tip,
formal sector, informal sector, permanent education
hectares). De plus, sur ce vaste espace au site très morcelé, 80 % des logements
sont auto-construits, 70 % d'entre eux sont implantés dans les quartiers
spontanés et 56 % des ménages ne peuvent accéder à leur logement par une voie
carrossable.
Les zones d'habitat spontané, abritant 80 % de la population de
Libreville, sont le produit d'une urbanisation trop rapide et non maîtrisée due à
l'immigration massive et à l'exode rural déclenchés par le dynamisme de
l'activité économique lors du boom pétrolier des années soixante-dix. Certains
sites occupés sont déclarés « zones non aedifîcandi » depuis l'époque coloniale.
Les seules voies d'accès à ces zones sont les voies principales qui
traversent les quartiers sur les lignes de crête. Le reste des quartiers est quadrillé
par des pistes et des passerelles étroites, tortueuses, en pente très glissante
surtout quand il a plu, ou traversant des marécages ou des cours d'eau, (voir
photos A et B, Planche I).
■ LE CADRE JURIDIQUE
Textes généraux
Arrêtés municipaux
Les intervenants
Articles Dispositions
36 (53) (64) Les immondices, ordures ménagères, débris, détritus divers, doivent être
déposés dans les poubelles en matière plastique, munies d'un couvercle.
Ces poubelles seront déposées en bordure de la voie publique à partir de 1 8
heures. Dès le passage du service de collecte, les usagers doivent récupérer
leur poubelle.
42 (64) Dans les quartiers où le ramassage des ordures n'est pas assuré par les
camions collecteurs, les usagers utiliseront des sacs plastiques qu'ils
déposeront sur la voie publique à des endroits et heures indiqués. Il est
interdit de brûler les ordures.
cadre du projet pilote formé dans la Gestion Urbaine Partagée (G.U.P.) des
ordures ménagères initié dans quatre quartiers par le biais du PNUD
(Programme des Nations Unies pour le Développement) en partenariat avec la
mairie de Libreville. Ils travaillent à leur compte et sont payés à la tâche par les
ménages avec lesquels ils ont passé un contrat le plus souvent verbal. Alors qu'à
Libreville, les précollecteurs déposent les déchets ménagers récupérés dans les
bacs à ordures de la SOVOG, à Abidjan l'on a observé beaucoup de
précollecteurs se débarrasser des déchets collectés où ils peuvent (ravins,
terrains vagues, lagunes, etc...), ils ne sont soumis à aucune règle ou règlement.
Ainsi à Abidjan, ils sont souvent en conflit avec ASH qui, rémunérée au
tonnage, se plaint de se voir ainsi privée d'un certain revenu.
Il convient de noter aussi la présence, non loin des bacs déposés sur
certains sites à problèmes, de jeunes gens, deux par deux en général, pour
veiller sur la bonne utilisation de ces bacs : ne rien verser par terre, ne pas y
jeter des déchets industriels ou interdits, et aussi pour effectuer une précollecte
dans les environs immédiats, cela aux frais de la SOVOG.
La logistique
par rapport à ce qu'ils étaient il y a deux ou trois ans. Cela est dû aux ennuis
mécaniques causés par l'état défectueux des voiries urbaines et aux mauvaises
utilisations des bacs à ordures par des usagers. Ainsi, la durée de vie d'un bac
qui est normalement de sept ans, est réduite à 1 8 mois à Libreville. Les mêmes
causes produisent les mêmes effets à Abidjan où la société ASH disposait d'un
parc de 93 véhicules à la fin de l'année 1995, mais « de ces 93 véhicules, seul le
tiers fonctionne » avait noté la Direction de l'Environnement de la mairie
d'Abidjan en 1995.
Le financement
Le financement de la gestion des déchets est de la responsabilité de la
mairie de Libreville et du Trésor Public (ministère des Finances). Chaque année
depuis 2002, c'est la mairie et non plus le ministère des Travaux Publics, de
l'Équipement et de la Construction, qui intègre dans son budget la somme de
3,6 milliards de francs CFA (5,5 millions d'euros) mise chaque année par l'État
pour la gestion des déchets à Libreville. La mairie suit le travail sur le terrain et
donne l'ordre au Trésor Public de payer la SOVOG, à raison de 300 000 000
francs CFA (450 000 euros) par mois pour toutes les opérations : collecte et
traitement des déchets. À Abidjan, la société ASH est rémunérée, par contre, en
fonction du rendement, soit 10 419 francs CFA (15 euros) la tonne mise en
décharge. Un forfait lui est accordé seulement pour le balayage et le curage des
caniveaux ; il est fixé à un montant de 153 002 250 francs CFA (233 000 euros)
par mois.
Alors qu'à Libreville, le financement de la gestion des déchets est resté
inchangé, quant à son montant, du fait d'une subvention de l'État et d'un budget
municipal plafonnés respectivement à 3,6 milliards (5 millions d'euros) et
13,6 milliards de francs CFA (21 millions d'euros) depuis plusieurs années, à
Abidjan, le coût de la collecte a évolué dans le sens de l'augmentation de la
population et donc de la production des ordures ménagères ; de 3,368 milliards
de francs CFA (5 millions d'euros) en 1992, ce coût est passé à 4,286 milliards
(7 millions d'euros) en 1993 et 5,186 milliards de francs CFA (8 millions
d'euros) en 1994 pour une quantité d'ordures ménagères collectée qui est passée
de 441 940 tonnes à 436 234 tonnes et 555 245 tonnes. La mairie d'Abidjan suit
tant soit peu cette évolution grâce aux taxes spéciales de prélèvement d'ordures
qu'elle collecte sur les factures de consommation d'électricité des ménages à
raison de 2,50 francs CFA/kwh (0,004 euros) et qui s'ajoutent à la subvention
du gouvernement central. Ceci ne se fait pas à la mairie de Libreville.
A côté du financement par l'État et la municipalité, existe celui opéré par
les ménages, les individus ou les PME, essentiellement pour la précollecte. Les
précollecteurs débarrassent les ménages de leurs ordures contre la somme de
300 francs CFA (0,466 €) par sac de 100 litres. Celle-ci peut être relevée
jusqu'à 500 francs CFA (0,76 €) pour les commerçants.
Depuis deux ans, le PNUD met aussi 300 millions de francs CFA
(450 000 euros) par an pour soutenir la Gestion Urbaine Partagée à Libreville.
■ Bibliographie