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L’Hermionide à HM et HL

L’AEP
Le but premier de cette étude est de pouvoir recréer l’évolution préhistorique et
historique de certaines régions rurales de Grèce, en particulier dans l’Argolide
du sud. L’étude géologique qui a été réalisée a notamment 2 principaux
objectifs :
1. Déterminer les types de sols de sites archéologiques et comprendre la
« perte » de ces derniers possiblement due à l’érosion
2. Reconstituer l’histoire de la formation sols, de l’érosion des pentes et de
l’alluvionnement des vallées et des plaines côtières en réponse à des
facteurs naturels (climatique, tectonique ainsi qu’en fonction du niveau de
la mer) et humains (principalement l’agriculture et les activités pastorales)
Les travaux de terrain ont été réalisé de 1979 à 1983 avec pour objectif de
déterminer les raisons de l’installation humaine, en Argolide du sud
principalement, et plus particulièrement dans l’entité territoriale de Ermioni ;
Hermionide. Des études avaient déjà été réalisées sur cette zone, en 1972,
permettant ainsi de révéler l’existence de plusieurs sites archéologiques, mais
ces études ont vraiment été un apport considérable pour la recherche.
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Bien avant le projet, à partir de 1960, Claudio Vita-Finzi avait développé un
modèle général de l'histoire de l'alluvionnement de la fin du Quaternaire dans la
région méditerranéenne. Ce modèle envisageait deux étapes d'alluvionnement,
avec une étape plus ancienne et une plus jeune (Finzi, 1969). Il plaçait la période
Ancienne à la fin du Pléistocène, et attribuait la plus Jeune à une date allant de la
fin de l'époque romaine (vers 400 après J.-C.) au début de l'époque moderne, en
attribuant les deux à des causes climatiques. Son modèle a été largement cité
dans l'archéologie méditerranéenne, mais son modèle a récemment été remit en
question par d’autres études qui ont démontré que le schéma de double
alluvionnement et la chronologie étaient bien trop généralisés pour refléter la
réalité ou pour permettre une analyse constructive des causes (par exemple,
Davidson, 1980 ; Raphael, 1973 ; et surtout Wagstaff, 1981).
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Helladique Moyen (HM) et Récent (HL)
Dans la continuité de ce que je viens de dire, je trouve important de juste
rappeler rapidement la période temporelle que l’on va traiter :

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- La période dite « Helladique » s’étend d’environ 3000 à 1030 avant notre
ère
- Plus en profondeur on distingue les 3 subdivisions que nous connaissons
tous :
o Helladique Ancien : de 3000 à 2000
o Helladique Moyen : de 2000 à 1625
o Helladique Récent : de 1625 à 1030
- J’ai mis ce tableau car je trouve toujours intéressant de rappeler que les
datations n’ont pas de dates exactement définies, qu’il existe la datation
basse et la haute
- Utile de vous rappeler ces dates afin que l’on puisse situer au mieux dans
le temps.
- Nous allons nous concentrer sur la période de l’Helladique Moyen et
Récent.
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Sur cette carte on peut voir les sites principaux dont nous allons vous parler, à
savoir :
- Ermioni Magoula
- Sambariza Magoula
- Profitis Illias dans la région du Fournoi
- Profitis Ilias dans la région de Kranidhi
- L’île de Dokos (elle n’est pas représentée sur la carte donc j’ai mis une
étoile bleue à l’emplacement de l’île)
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De l’helladique ancien III à l’helladique récent
A la fin de l’helladique ancien II – début de l’helladique ancien III, on note
une diminution voire disparition de la culture dans la région de l’Argolide.
En effet, passé de 2 sites confirmés au Néolithique final à entre 7 et 13 sites au
début de l’EH, et à 28-32 à l’Helladique ancien (EH) II. La période EH III a
entraîné une chute brutale de 28 sites confirmés à seulement 2, pour remonter
légèrement à 5 au cours de l'Helladique moyen (MH). Une expansion majeure à
27 sites confirmés et 10 sites probables a eu lieu à la période récente de
l’Helladique (LH).
La conclusion que l’on peut faire sur cette fin de période est que l’Argolide du
sud a souffert des mêmes problématiques le reste de l’Argolide ainsi que la
plupart des iles et des terres se trouvant à l’est, à partir de 2500 av. J.-C. On peut

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observer sur ces cartes que cet appauvrissement des sites en Argolide du sud
continue jusqu’à l’helladique moyen.
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Sur le graphique, on peut noter une certaine continuité entre la période Ancienne
et Moyenne de l’Helladique : l’augmentation du nombre de sites n’est pas
énorme, mais il est certain que les sites de l’Helladique moyen sont plus
« larges » que ceux du l’helladique ancien III. 3 sites formés durant l’helladique
ancien I et II prendront quand même une importance majeure à partit de
l’helladique moyen II et III, pour continuer de prospérer durant les phases
suivantes. Il s’agit de :
- Ermioni Magoula (E13)
- Profitis Ilias (F5) - Fournoi
- Kiladha
Ces 3 sites sont chacun situé à l’endroit où un monticule artificiel s’était formé
durant l’helladique ancien I et II. Ces sites ont suscité un certain intérêt en raison
de la qualité et la quantité du matériel archéologique retrouvé. Cela suggère
alors une certaine croissance de stabilité et de la population avant tout dans la
dernière partie de l’helladique moyen.
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Sur ces schémas on peut voir l’évolution entre l’helladique ancien I et III : on
voit la chute drastique des sites. Seule la vile d’Ermionè est encore bien
présente.
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Ici on voit bien ce dont on parlé juste avant avec une très légère augmentation
des sites durant l’helladique moyen.
En prenant comme schéma de référence Lerna, on voit que l’économie des
habitants du sud de l’Argolide se base principalement sur l’agriculture, et cela
peut s’expliquer notamment par la riche composition et profondeur des sols,
choses évoquées par Runnels et Hansen. L'image qui se dégage, tant des fouilles
récentes que des résultats de nos enquêtes, est celle d'une croissance lente et
d'une prospérité même modeste, ainsi que les premiers signes, vers la fin de
l'Helladique moyen, d'une complexité sociale croissante.
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Le nombre et la taille des établissements continuent de croître à l'Helladique
tardif, avec une fois de plus une nette préférence pour l'établissement sur les

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mêmes sols profonds, dans la continuité de ceux existants à l'Helladique ancien
(Fig. 4.16).
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Vers 1400-1200 avant J.-C. (LH IIIA, B), un modèle d'habitat hiérarchisé,
largement dispersé, à deux ou trois niveaux s'est à nouveau développé. Ce
modèle d'établissement était centré, pour l'essentiel, sur les sites de l'âge du
bronze ancien, c’est-à-dire : Fournoi (F5), Koiladha (Cl 1) et Ermioni (E13),
avec d'autres sites, vraisemblablement d’autres villages plus petits.
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Mais comment expliquer cette diminution du nombre de sites entre l’helladique
ancien III et l’helladique moyen II/III ? Pour ensuite être suivi d’une
réaugmentation ?
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En mettant en lieu la composition des sols et les patterns d’habitations, il a été
possible pour Runnels d’expliquer cette diminution, mais également la
réaugmentation des sites au LH.
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Sols et site : lien entre composition des sols et habitations
(Runnels 1986)
Dans la continuité de l’AEP, Runnels and co. ont donc profité de l'occasion
offerte par le projet d'exploration de l'Argolide pour examiner en détail la
chronologie de la stabilité et de la déstabilisation du paysage, la nature variable
des dépôts et les corrélations possibles de ces deux phénomènes avec les
tendances préhistoriques et historiques qui se sont dégagées de l'étude
archéologique. Nous avons trouvé une séquence et une chronologie des
événements qui diffèrent sensiblement du modèle de Vita-Finzi, et les causes
que nous avons déduites pour les alluvions holocènes mettent l'accent sur
l'activité de l'homme plus que sur celle du climat. Nous notons cependant dès le
départ que les conclusions élaborées ci-dessous ne s'appliquent directement qu'à
l'Argolide méridionale. Des études détaillées dans des régions ayant une histoire
humaine et des conditions environnementales différentes doivent évaluer si nos
opinions sont plus que localement fondées.
Sur cette carte on peut voir le champ géographique de l’étude, qui ne s’applique
pas à toute la zone car elle était bien trop large. On peut voir qu’un autre biais à
la fouille a été l’inaccessibilité des sites en raison de la destruction des sites, de

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zones industrielles ou bien encore de la non-coopérativité des propriétaires des
terrains. Au total, 20% de la zone totale de l’Hermionide a été couverte, ce qui
correspond à 44 km2, chiffre qu’on a pu observer précédemment dans le tableau
de Shelmerdine.
Dans le climat semi-aride de l'Argolide du Sud, les cours d'eau sont saisonniers,
sauf lorsqu'ils sont alimentés par une source pérenne occasionnelle.
Actuellement, la plupart d'entre eux sont profondément incisés dans les dépôts
des phases d'alluvionnement antérieures ou dans la roche-mère. Les dépôts actifs
ne se produisent qu'en quelques endroits, comme la basse vallée de l'Ermioni et
les quelques lagunes côtières. Ce sont donc les zones les plus basses de la plaine
des fonds de vallées présentent un revêtement d’alluvions et de colluvions.
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En prenant en compte les analyses réalisées dans cette étude, on pourrait dire
que l’abandon de site entre le HA III et MH peuvent être expliqués par des
alluvions ; en particulier celle de Pikrodafni, puisqu’elle s’est produite comme
on peut le voir sur ce schéma au début de l’âge du bronze. On peut essayer de
trouver comme cause à ces alluvions l’intensité croissante de l’exploitation, ou
bien encore des changements météorologiques, notamment au niveau du régime
des pluies. Dans tous les cas, ces événements montrent l’échec final de
l’agriculture à l’Helladique Ancien à contenir la perte de sol. D’ailleurs, en
observant l’augmentation des sites au LH, on voit que la « leçon » a été retenue
de leurs erreurs passées. On ne peut donc pas attribuer la faute à la nature des
sols et des pentes exploités, puisque la nature des sols n’a pas changé et les sites
ont continués à être exploités.
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En effet, comme on peut le voir sur ces 2 cartes, au LH, les colonies se sont
installées sur des sols de même nature et profondeur.
Mais alors, qu’est-ce qui expliquerait qu’il y’ait eu une augmentation des sites
par la suite ?
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Lorsque le dépôt d’alluvions de Pikrodafni a cessé, certainement avant la fin de
l’helladique moyen, le paysage s’est stabilisé à cause de l’expansion rapide du
maquis (des sortes de petits buis, arbustes), et les cours d’eau sont redevenus
incisés, c’est-à-dire qu’ils ont quitté les plaines inondées, permettant ainsi de
revenir à un niveau normal. On le voit bien sur la carte que l’alluvion de
Pikrodafni n’est plus présente.

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Il n'existe aucune preuve d'un changement climatique, et il est difficile
d'imaginer quel type de changement climatique aurait pu avoir un effet
stabilisateur. En outre, les mêmes sols ont été utilisés, avec le même risque
d'érosion. On est donc obligés de supposer une amélioration de la technologie de
gestion des terres, dans ce cas très probablement l'introduction de murs de
terrasses et de barrages de retenue des ravines pour arrêter l'érosion.
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Rappel de « l’âge d’or »
La fluctuation du nombre de site dans les différentes régions pendant la période
de l’Helladique Ancien à l’Helladique Récent nous permet de mettre cela en
relation avec la période qui précède ; c’est-à-dire l’âge d’or ou bien
communément appelée la période palatiale. Par période glorieuse on entend la
prise d’importance de plusieurs villes, avec un développement progressif autour
de plusieurs palais et forteresses ; c’est-à-dire des centres palatiaux comme
Mycènes, Thèbes, Pylos, etc. Les restes de l’helladique récent III sont les plus
abondants, mais cette abondance commence déjà durant entre l’helladique
moyen III et l’helladique récent I. Nous savons que la période glorieuse de la
civilisation mycénienne se trouve aux alentours de 1400, mais leur chute ne
prendra place que quelques temps plus tard, vers 1200.
Si je vous rappelle tout cela c’est pour mettre en lumière la différence entre une
période « pré-palatiale » où aucun centre d’importance n’est réellement connu,
où aucune ville n’exerce de pouvoir politique et économique particulier, et une
période « palatiale » où on voit cette nette augmentation de l’importance de
certains sites, possédant des structures de types megaron. Un bâtiment de ce type
qui a été découvert sur l’île de Dokos datant de l’helladique récent I-II, sur le
promontoire de Myti Kommeni, dont on vous parlera plus amplement plus tard,
permet particulièrement de mettre en avant cette prise d’importance palatiale à
la fin de la période helladique récent, et permet également de montrer qu’il était
possible d’être un état autosuffisant et ne pas dépendre des grands sites
palatiaux, mais de quand même pouvoir fonctionner économiquement parlant et
surtout au niveau des marchandises et du commerce.
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Partie de Marie
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Matériel archéologique : Dokos
A présent je vais vous parler du site de Mythi Kommeni, plus exactement le
promontoire de Mythie Kommeni, qui se trouve sur l’île de Dokos.
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De 1989 à 1992, l’institut grec de l’archéologie marine (HIMA = Hellenistic
Institut of Marine Archeology) dirigé par le docteur George Papathanasopoulos,
a mené des fouilles sur l’île de Dokos, située entre l’Hermionide et l’île
d’Hydra. Les fouilles ont permis de mettre en lumière un bâtiment fortifié de
type megaron sur le promontoire de Myti Kommeni.
Ce bâtiment a été établit durant l’helladique ancien II, mais les fondations
mycéniennes dateraient de l’helladique récent I-II. Certains tessons ont
également été retrouvés durant les fouilles, mais ceux-ci datent de la période de
l’helladique ancien II. La destruction de ce bâtiment date certainement du 13 ème
s. av. J.-C. Au vu des différents points spatiaux où la céramique a été retrouvée,
cela nous indique que le bâtiment devait s’étendre sur tout le promontoire.
Nous pouvons voir sur ce plan que le bâtiment était constitué de 3 parties, il
appartient donc aux bâtiments de type « megaron » et doit certainement mesurer
approximativement 10 mètres sur 4. On estimerait l’épaisseur des murs entre 60
et 70 cm de large. Cela permettrait d’indiquer la présence d’un étage supérieur
au niveau de la chambre A.
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On aurait retrouvé dans cette dernière 4 masses de pigments rouges, de
l’hématite ou de la limonite), et 2 masses de pigments blanc riches en plomb,
des fusaïoles coniques, des meules de pierre de forme pyramidale/sphérique/ou
en bobine, une grande meule, ainsi qu’un certain nombre d’outils en pierre, dont
des polissoires et des lames d’obsidienne. Ces objets seraient une preuve de
l’activité de production sur le promontoire de Mythi Kommeni.
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D’autres preuves de cette activité de production ont été trouvées dans une autre
petite chambre nommée MK B 34 : on note la présence de matières premières,
objets non-finis une quantité limitée de restes de céramique/poterie. Tout ces
éléments permettraient d’émettre l’hypothèse d’un procédé de manufacture.

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La chambre MK B 34 indiquerait très certainement des procédés de fabrication
de la pierre, et aurait par conséquent été nommée « la chambre des lapidaires ».
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L’emplacement de la chambre A et l’autonomie de la chambre des lapidaires
(MK B 34) suggèrent que les activités de production répondaient aux besoins de
l’établissement. Cette interprétation est à prendre avec des pincettes car elle ne
se base pas sur des preuves concrètes, mais sur une combinaison de facteurs. De
plus, en l’absence d’autres agglomérations importantes sur Dokos, il est
compliqué d’attribuer une fonction précise à ce bâtiment.
Concernant la production de marchandises dans le secteur non-palatial de
manière générale, 3 activités ayant eu lieu dans des colonies, sans contrôles des
palais, sont relevées sur des tablettes du linéaire B :
1. La ferronnerie courante (travail du fer à la forge, à l’étampe ou au
marteau)
2. La fabrication de draps
3. Fabrication de vin
Il est clair que le secteur non-palatial ne devait pas dépendre de l’administration
palatiale des produits dont il avait besoin. On a donc à faire à un secteur
autosuffisant.
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2 tableaux dans l’article de Lolos illustrent assez bien ce procédé.
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De ce fait, le schéma qui s’impose est que chaque ménage devait subvenir à ses
propres besoins quotidiens de 2 manières :
1. En produisant sa propre consommation
2. En échangeant son surplus de production contre de la consommation
La dernière chose que l’on pourrait dire à propos de la production artisanale du
promontoire, est qu’on note une certaine absence de spécialisation.

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