Revue bimestrielle agréée par la

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BONSAÏ

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1
 Sommaire
France bonsaï 101 :

Dessin Thierry FONT

2
Choix de la face de l’arbre : 8

Perspective et déplacement frontal : 12

Placement de l’arbre dans le pot :

Déplacement latéral : 13

Quelle est la position correcte

de plantation de ce bonsaï ? : 14

Exemples de plantation
de quelques arbres qui ont gagné
le prestigieux prix Kokufu : 26

Équilibre statique : 30

Équilibre dynamique : 34

Symétrie : 38

Courbes asymétriques : 40

Conicité du tronc : 44

Impulsion et expression : 46

Point focal et unité : 50

Théorie des espaces vides

La vue se dirige vers les
espaces vides : 54

Influence des espaces vides : 56

Espaces vides d’un arbre : 58

Classification des espaces vides : 62

Exemples d’espaces vides : 65

Exemples d’espaces vides laids : 70

Pot et espaces vides : 73

Tenons en compte les espaces

vides et le point focal lorsque
nous travaillons un arbre : 76

Ordre du travail : 78

Supplément n°1 :
Principales erreurs des amateurs sur l’implanta-
tion des arbres : 80

Supplément nº 2 : Définition de la face et de la

partie arrière d’un bonsaï : 81

Dessin Thierry FONT

3
 Quelle est la position correcte de
plantation de ce bonsaï ?
Exemple nº 1

4
a

5
 a Centre du pot.
Position du
tronc.
Déplacement
du tronc.
La position correcte est la (a).
Cet arbre s’incline fortement vers la droite.
Pour que l’ensemble avec le pot ait une
bonne impression de stabilité, il a été planté
en bougeant la base du tronc vers le côté
gauche.
Dans cette position, notre vue se dirige vers
la partie du tronc sur laquelle nous voyons un
joli bois sec.
L’impression de mouvement de l’ensemble
est excellente.
6
Apex..
Déplacement
de l’apex.
Dans la position (b), nous avons planté le
tronc au centre du pot. Apparemment, dans
cette position, cela devrait faire ressortir
encore plus sa beauté, mais en réalité, il reste
hors de notre point focal.
Dans la position (c), nous avons planté l’arbre
sur le côté droit du pot.
Notre vue se dirige encore plus vers la droite
à cause de l’espace vide principal, comme
nous le verrons plus tard.
Dans cette position, l’ensemble semble très
instable.
b Centre du pot.
Apex..

Position du
tronc.

Déplacement
de l’apex.

c Centre du pot. Apex..

Position du
tronc.

Déplacement
du tronc.

Déplacement
de l’apex.

7
 Exemples de plantation de quelques arbres
qui ont gagné le prestigieux prix Kokufu

Acer buergerianum. Prix Kokufu 2004.

L’arbre a été planté vers la gauche du pot (fleche blanche) pour équilibrer le mouvement de
l’apex vers la droite. L’impression de stabilité est excellente.
8
Malus sieboldii. Prix Kokufu 2005. Ce pommier a été planté presque dans le centre du pot.
L’apex est déplacé vers la gauche, juste sur le bord du pot. Les branches descendent en cascade
mais l’ensemble a une grande impression de stabilité.
9
 Impulsion et expression
« Maihime » (danseuse) de Takeo Kawabe. Ses
courbes rappellent celles d’une danseuse qui est
concentrée, sur le point de bouger.
10
La force du vent plie les branches et les
troncs des bonsaï.
De la même façon qu’un athlète est sur le
point de lancer un ballon, contracte ses
muscles en se préparant à lâcher toute sa
force, les branches se replient en gardant en
mémoire les vents et les tempêtes.
Naturellement, les arbres ne vont pas sauter
ni bouger, mais leurs formes nous permettent
de voir les forces de la nature auxquelles ils
ont été soumis.
Les plis et les ruptures de rythme nous font
sentir le vent qui circule entre les branches en
les abattant et en les cassant.
Quelle est la différence entre un bonsaï et un
arbre cultivé dans un pot ?
Les bonsaï transmettent des émotions, nous
parlent de la vie et nous font sentir la beauté
et la dureté de leur passé.
Grand nombre de nos lecteurs vivent dans
des villes.
Le paysage que vous contemplez a été modi-
fié par les idées et les rêves d’autres hommes.
Mais les bonsaï nous parlent directement au
cœur d’un monde ancestral.
A travers eux, nous trouvons la trace du pas-
sage de la vie.
C’est de cela que parlait Isamu Murata dans
la série « La ramification qui nous fait sentir la
force de la nature » que nous publions dans
cette revue.
Plusieurs de ces arbres nous impressionnent
par la vie qu’ils transmettent.
Très souvent, les canons de la beauté et les
préjudices étouffent l’expression artistique.
L’art n’est pas éduqué ni aimable, il peut l’être
mais dans le fond, cela n’est pas essentiel.
L’essentiel est ce qu’il transmet.
Il y a un sentier étroit entre les œuvres d’art
et les œuvres décoratives.
Les ruptures, les impulsions donnent un
grand dynamisme à nos bonsaï.
Cela fut exprimé pour la première fois durant
l’époque moderne par Seya Takeshi, dans son
travail « Nouvelles perspectives de l’art du
bonsaï », qui inspire ces pages.
 Mais il n’est pas nécessaire qu’un arbre ait des
formes dramatiques pour nous parler droit
au cœur ; les formes légères des troncs nous
parlent aussi, suggérant la douceur de la vie
lorsque les conditions sont favorables.

Il semblerait que ce genévrier soit sur le point de libérer

la force accumulée dans ses branches.

Ces genévriers expriment une grande force dynamique dans les replis de leurs troncs.

11
 La force des éléments a plié le tronc de ce genévrier
qui semblerait être sur le point de sauter et de
récupérer sa forme.

« Lorsque je dessinais cet arbre, je rêvais de l’union entre

la vie et la mort des vieux arbres. C’est un état dénudé
qui nous montre sa vraie personnalité. L’arbre
n’est plus capable de cacher la structure
intérieure de ses branches, qui apparaît
dans le crépuscule comme un
squelette.
La forme n’est
pas absolument
humaine, bien que
nous trouvions
des formes
facilement

reconnaissables, comme des

yeux, des visages déformés…
Ce sont les formes de la vie qui se
cachent dans la structure de tout être
vivant.
La force de ce bonsaï réside dans le vieux tronc, chargé
de bois mort, qui tourne initialement vers l’arrière et
revient ensuite pour nous montrer sa force.
Pour faire ressortir encore plus cette caractéristique, la
masse verte ne peut pas être unique, elle doit se diviser
en petites masses qui accompagnent les rides de la
vieillesse ».
Rubén Roig.
Dessin de Rubén Roig. De la série « Trouver l’essentiel ».
La beauté de l’arbre cède sa place à la force de son expression.

12
Les étranges formes des arbres de Kiukaen.
Le jardin de Murata Isamu.

Les impulsions de ces arbres sont légères mais leur

beauté nous impressionne.

13
 Théorie des espaces vides
La vue se dirige vers les espaces vides

14
Sommes-nous sûrs que ce que nous voyons
correspond à la réalité ?
Le cercle vert de la page précédente est exac-
tement identique à celui de cette page, en
revanche, celui de la page précédente semble
déformé.
Les deux cercles rouges centraux de la partie
supérieure de cette page sont exactement
identiques, mais ne le paraissent pas non plus.
Le cercle de droite semble plus grand que
celui de gauche.
Les lignes du dessin de la partie
inférieure de cette page sont
parallèles mais ne le semblent
pas.
Pourquoi ?
Notre vue se dirige incon-
sciemment vers les creux.
Cela fait que notre percep-
tion se déforme et nous inter-
prétons de façon erronée les
images qui arrivent sur nos rétines.
Cela se passe également avec nos bon-
saï.
Si les branches définissent l’équilibre statique
d’un arbre, l’impression de mouvement est
étroitement liée aux espaces vides entre les
branches et le tronc.
Nous pouvons ajuster l’impression de stabilité
d’un arbre en travaillant les branches, mais
si nous souhaitons agir sur l’impression de
mouvement, nous devons ajuster les espaces
vides que l’arbre génère à son alentour.
Dans les pages suivantes, nous verrons
quelques exemples d’espaces vides  ; cer-
tains d’entre eux sont très jolis et
efficaces, d’autres, par leur symé-
trie excessive, sont peu souhai-
tables.
Cela peut paraître étrange
de regarder des choses qui
n’existent pas en réalité, car
par définition, dans les es-
paces vides, il n’y a rien.
Mais si nous souhaitons tra-
vailler l’impression de mouve-
ment de nos bonsaï, nous devons
rendre visible l’invisible.
Nous allons voir comment nous pouvons le
faire.
15
 Influence des espaces vides
Lorsque nous regardons un arbre, dans lesquels il n’y a rien.
nous nous fixons sur son tronc, Ces espaces portent le nom « d’es-
ses branches et ses feuilles. paces vides ».
Les formes des arbres Nous allons voir leur influence
génèrent à leur alen- dans la formation des bonsaï.
tour des espaces

Autour des formes irrégulières de ce genévrier, nous voyons qu’il reste de nombreux creux de formes irrégulières.
Ces espaces où il n’y a rien portent le nom d’espaces vides.

Si nous vous demandons de trouver le centre géométrique de cette forme régulière, vous pourrez tous le faire
sans problème, même cette question vous semblera banale.

16
Mais si nous vous demandons de trouver
le centre géométrique de cette forme
irrégulière,la réponse n’est
pas si facile.

Espace vide
principal.

Pour beaucoup d’entre vous, à première vue, le point indiqué par le cercle avec la croix vous paraitra correct.
Toutefois, ce n’est pas le centre géométrique de cette forme. En effet, le centre géométrique de cet arbre est
plus vers la droite et vers le haut. Cet écart est dû à un effet d’optique similaire à ceux des pages précédentes,
provoqué par l’effet sur notre vision de l’espace vide principal.
Nos yeux sont toujours attirés par les espaces vides, comme si on cherchait toujours la sortie.

Naturellement, si
nous regardons
attentivement, nous
trouverons facilement
le centre géométrique
réel, tout comme nous
nous rendrons compte
que les deux cercles
verts sur les pages
précédentes sont
parfaitement ronds.
Mais notre vue n’est
pas gérée par la raison,
elle est plus rapide
que notre pensée.
Ce n’est pas si étrange:
Lorsque nous
conduisons une
voiture, nous ne
pensons pas : «Je vais
tourner à droite, je vais
tourner à gauche»
Nous le faisons sans
penser. Tout comme
quand nous marchons,
nous ne pensons pas
à la façon dont nous
plaçons nos pieds à
chaque pas.
La vue travaille et mesure les objets rapidement, avant que nous n’ayons le temps de réfléchir.
C’est pour cela que parfois notre perception ne correspond pas à la réalité des objets.
17
 Espaces vides d’un arbre

Espace vide
principal.

Voici l’espace vide principal du bonsaï.

C’est celui qui dirige l’impression de mouvement, en attirant notre regard.

Espace vide
secondaire.

Voici l’espace vide secondaire de ce bonsaï. Cet espace joue avec le principal en équilibrant
l’impression de mouvement.
Si cet espace est trop important, il peut annuler l’effet de l’espace vide principal.
18
Supplément n°1 :
Principales erreurs des amateurs sur
l’implantation des arbres
Choisir comme face la partie arrière :
Les débutants regardent plus l’aspect global
des branches que le tronc ; la partie arrière
est l’endroit où l’on voit le plus de branches,
c’est pourquoi de nombreux amateurs
trouvent logique cette partie comme face.
C’est une erreur très compréhensible.
Mais lorsque nous regardons les arbres qui
poussent dans la montagne, nous nous ren-
drons compte qu’ils n’ont pas de face.
Si elles trouvent de l’espace libre, les
branches grandissent vers toutes les direc-
tions, à la recherche du soleil.
Le concept de « face » est humain ; nous,
nous avons un visage, mais pour les arbres,
ceci est un concept complètement indépen-
dant à leur existence.
Donc pourquoi chercher une face sur un
bonsaï ?
Parce que nous souhaitons que les bonsaï
expriment des émotions et pour cela, nous
faisons ressortir la partie la plus dramatique
et la plus jolie du tronc (ce que nous appe-
lons partie focale) en recherchant le côté
depuis lequel il se voit mieux.
Ensuite, nous accompagnons cette partie qui
est la plus jolie de l’arbre avec les branches,
en enveloppant sa beauté et en mettant en
avant son mouvement, sans que les branches
ne cachent sa vision.
Par conséquent, nous placerons toujours les
arbres depuis le côté sur lequel nous voyons
le mieux la partie précieuse du tronc et non
depuis le côté où se voient les branches.
Planter les arbres dans le centre du pot.
C’est une erreur très fréquente ; il semble nor-
mal que dans un pot, nous plantions l’arbre
au centre, pour que le tronc reste parfaite-
ment encadré.
Mais en le faisant, nous créons une symétrie
peu attractive.
Il est vrai que les troncs de nombreux bonsaï
sont tordus mais ils ressortent mieux en
déplaçant légèrement la position du planté.
C’est une erreur très facile à corriger.
Planter l’apex à la verticale de la base du
tronc.
Pour que les bonsaï aient une plus grande
impression de profondeur, nous déplaçons
l’apex légèrement vers l’avant.
Une norme simple pour ne pas exagérer est
de déplacer l’apex jusqu’à la verticale du côté
frontal du pot, mais en réalité, cela peut varier
selon la forme de chaque arbre.
Si nous plantons les arbres trop droits, les
bonsaï sembleront moins profonds. L’impres-
sion de profondeur est très importante pour
qu’un bonsaï exprime toute sa beauté.
Cette erreur est également très facile à corri-
ger.
Placer la première courbe du tronc vers
l’avant.
Lorsque nous avons un arbre avec le tronc
tordu, il est très fréquent de voir des arbres
placés de façon que la première courbe sorte
directement vers l’avant.
À première vue, il peut sembler qu’ainsi, le
bonsaï augmente son impression de profon-
deur, mais en réalité, il perd du mouvement.
Cette erreur est plus difficile à corriger que
les autres.
En réalité, les bonsaï ne sont pas plats comme
les photos d’une revue, ils ont trois dimen-
sions et il est difficile de ne pas se perdre
en regardant une courbe et en oubliant le
mouvement de tout l’arbre.
Choisir des pots peu adéquats.
Le choix des pots dépend de la forme du
tronc mais aussi des espaces vides.
Voir les défauts des arbres des autres
mais ne pas être capables de corriger
ceux des siens.
Cela est une erreur très fréquente, la cause
est simple, savoir critiquer un travail est
beaucoup plus facile que de le faire. C’est une
erreur qui peut uniquement se corriger en
travaillant beaucoup.
Valorisons les parties positives du travail des
autres et apprenons-en.
19
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