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Les Fintech feront-elles sauter la banque ?

Les barrières à l’entrée dans la banque de détail sont traditionnellement élevées, mais elles sont
désormais fragilisées.

L’industrie était traditionnellement protégée par deux types de barrières à l’entrée. D’une part, il
existait des barrières structurelles, liées à la nature même de l’activité : les économies d’échelle, les
effets de réseau et la règlementation. Ce dernier élément était particulièrement significatif : afin
d’assurer la sécurité et la stabilité du système financier, les contraintes réglementaires étaient
particulièrement exigeantes. D’autre part, les concurrents en place avaient délibérément établi des
barrières commerciales afin de dissuader les nouveaux entrants, ce qui passait notamment par des
dépenses de marketing élevées. Si les prix pratiqués restaient attractifs pour d’éventuels nouveaux
venus, les concurrents en place n’hésitaient pas à instrumentaliser la barrière réglementaire en
orientant l’évolution des normes à leur avantage.

Ces barrières élevées avaient entrainé une forte concentration de l’industrie. En France, on parlait ainsi
du « Club des Six » (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel, La Banque
Postale), qui monopolisait près de 85% du chiffre d’affaires de l’industrie bancaire. Il en était de même
au Royaume-Uni avec HSBC, Barclays, Royal Bank of Scotland, Lloyds et Santander, au Canada (cinq
banques dominantes), en Espagne et aux Pays-Bas (trois) ou en Suède (quatre). Cependant, après la
crise financière de 2008, la réglementation s’était significativement durcie. Les instances de régulation
étaient confrontées à deux objectifs partiellement opposés. D’une part, elles devaient assurer la
stabilité du système financier, ce qui impliquait d’accroître les exigences en fonds propres des banques.
D’autre part, elles souhaitaient renforcer la concurrence afin d’augmenter le pouvoir de négociation
des clients vis-à-vis des banquiers. Il s’agissait donc d’encourager les nouveaux entrants, sans pour
autant abaisser brutalement les barrières à l’entrée.

Au Royaume-Uni, les autorités avaient proposé que les grandes banques réduisent leur contrôle sur
les systèmes de paiement et les plateformes de compensation. L’objectif affiché était de stimuler la
concurrence :

« L’industrie doit évoluer de manière fondamentale, afin que de nouveaux entrants puissent proposer
de manière ouverte et transparente des offres originales en termes de prix, de services et
d’innovation. »

En France, Bpifrance - la banque d’investissement, qui dépendait directement de l’Etat – encourageait


les projets de financement participatif sur son site internet TousNosProjets.fr :

« TousNosProjets.fr a pour objectif de soutenir l’émergence en France de la finance participative au


sens large, en mettant en avant ses différents opérateurs et les projets qu’ils proposent, et en facilitant
l’orientation des porteurs de projets. »

De fait, l’industrie bancaire était confrontée à l’irruption d’une nouvelle génération de concurrents,
des start-ups qui conjuguaient la finance et les technologies, d’où leur surnom de « Fintech ». Certaines
se spécialisaient dans le paiement sur mobile, d’autres dans le financement participatif. Fin 2019, on
comptait en Europe plus de 3 500 de ces nouveaux acteurs, comme Lydia, KissKissBankBank ou Ulule
en France, Transferwise, Revolut, CrowdCube ou Zopa au Royaume-Uni, Nexi ou DeRev en Italie, ou
Compansito en Allemagne. La néo-banque berlinoise N26, qui comptait près de 4 millions de clients

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dans 24 pays, avait été évaluée à 3.5 milliards d’euros en 2019. Un rapport du cabinet Deloitte décrivait
les Fintech comme :

« De nouveaux acteurs agiles, peu régulés, capables de contourner l’intermédiation classique des
banques traditionnelles. »

Même si les banques tentaient de rejoindre la vague Fintech - soit en lançant leurs propres banques
sur smartphone - (comme Hello Bank pour BNP Paribas), soit en s’alliant avec de nouveaux entrants
(comme La Banque Postale avec KissKissBankBank) – elles étaient à la fois protégées et prisonnières
de leurs barrières. Le rapport de Deloitte soulignait ainsi :

« La réglementation freine l’innovation et la croissance, alors que les stratégies établies, les
infrastructures et les modes de pensée dominants empêchent les acteurs en place de répondre
agressivement à la menace des nouveaux entrants. »
Source : Whittington, R. & al. (2020). Stratégique 12e édition. Montreuil : Pearson. Pages 88-89.

Question : Réalisez le diagnostic de l’industrie des banques en 2020 du point de vue des Fintech.

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