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Jean-Guillaume Olette-Pelletier 9

LE dIEu MIN
"PrOTECTEur dE La LuNE"
asPECTs ET rÔLEs LuNaIrEs
du dIEu dE La FErTILITÉ 1

M
in, l’une des divinités les plus anciennes
du panthéon égyptien, se définit comme
un dieu de la fertilité, du principe de
reproduction mâle et de la régénération des forces
physiques. seigneur de Coptos et d’akhmîn, il est le
maître du désert oriental, le dispensateur des
richesses minérales et le protecteur des routes cara-
vanières conduisant aux côtes de la mer rouge, point
de départ vers le pays de Pount dont il est dit être
originaire 1.
Toutefois, Min présente un autre aspect peu mis en
avant par les études qui lui ont été consacrées et qui
pourtant complète, définit et justifie ses principales
attributions divines : son caractère lunaire.
Le lien entre Min et la lune n’apparaît pas comme
une évidence, contrairement à d’autres divinités
lunaires par essence tels Khonsou ou Thot, souvent
coiffés de l’astre. son image le définit explicitement fig. 1
dans son rôle premier générateur, principalement Le dieu Min.
dû à son ithyphallisme. Toutefois, cet aspect lunaire Pilier nord-est
de la divinité est évoqué dans certains textes et de la Chapelle Blanche
rituels, rapporté aussi par les auteurs classiques 2, de sésostris Ier, musée
relevés en grande partie notamment dès les années de plein air de Karnak.
1930 par H. Gauthier, l’un des premiers spécialistes © J.-G. Olette-Pelletier,
à s’être intéressé à Min 3. après avoir recensé l’en- 2013.
semble des épithètes associant le dieu et la lune, il en
a conclu que cet aspect lunaire n’apparaissait qu’à
partir de la fin du Nouvel Empire, comme l’atteste
les inscriptions du temple de ramsès III à Médinet
Habou, pour perdurer jusqu’aux époques tardives.
10 Jean-Guillaume Olette-Pelletier

si les mentions explicites semblent confirmer cette Cet aspect résulte des éléments qui constituent son
datation, les études récentes de L. Baqué-Manzano image, de ses offrandes particulières et du contexte
et de d. Meeks 4 ont permis de mettre en évidence rituel de ses représentations. La relation de Min à cet
l’importance et l’origine bien plus ancienne de ce astre reste cependant complexe et incertaine. Il appa-
caractère lunaire du dieu Min. raît selon les cas comme une divinité lunaire ou
comme un "protecteur de la lune".

fig. 2  scène de procession avec mention de “Min […] protecteur de la lune”. Temple de Médinet Habou, seconde cour, paroi nord,
registre supérieur gauche (d’après The Epigraphic survey, Medinet Habu IV. Festival Scenes of Ramses III, OIP 51, 1940, pl. 198).
LE dI Eu MI N "P r O T E C T E u r dE La LuNE" 11
asP ECTs ET rÔLEs LuNaI rEs d u dI Eu dE La FErT I LI T É

Essence lunaire de Min


Les critères iconographiques du dieu Min [fig. 1] le confirmé par la présence d’un disque solaire sur son
représente comme un dieu générateur. son ithyphal- image, inséré entre les plumes, et cela dès la
lisme, son aspect gainé ou momiforme sont autant deuxième Période intermédiaire 13. Par le port de
d’éléments qui soulignent ses capacités fertilisantes et cette couronne, Min est donc assimilé par son image
régénératrices 5. Cependant, ses autres attributs le à l’un des premiers supports divins du soleil et de la
définissent aussi comme une divinité céleste, et plus lune.
particulièrement liée à la lune. Outre ses épithètes de fig. 3
xw-jaH, "défenseur de la lune", et de jm xwt-jaH, "résidant scène d’offrande
dans le temple de la lune" 6, deux éléments qui appa- de l’œil-oudjat
raissent dès sa première représentation certifiée sur à Min-amon Kamoutef.
un ostracon de la IIe dynastie 7 ont plus spécifiquement deir el-Médîna, temple
une connotation lunaire, aussi bien dans les textes ptolémaïque,
que dans l’image : la couronne Swty et le fléau nxAxA. chapelle nord, paroi nord,
La coiffe à double plume Swty registre central.
Le dieu Min est presque toujours représenté coiffé © J.-G. Olette-Pelletier,
de la couronne à double plume Swty.. Il est lui-même 2013.
qualifié de "maître des deux plumes" 8. d’autres divi- Le bras en équerre et le fouet nxAxA
nités en sont également dotées, la coiffe définissant le Le fouet ou fléau nxAxA est un élément caractéristique
caractère céleste et royal de leur porteur 9. Le roi des de l’image de Min. Insigne royal de pouvoir, il est
dieux et maître du ciel amon-rê, divinité majeure toujours représenté au-dessus de son bras levé en
du panthéon égyptien dès la XIIe dynastie, en est le équerre, mais n’est pourtant jamais tenu par la divi-
principal exemple. Cependant, c’est pourtant bien nité 14. Ce fouet définit deux aspects complémentaires
Min qui en fut l’un des tous premiers détenteurs. du dieu, tous deux liés à l’aspect lunaire de Min.
amon a quant à lui "absorbé" tous les codes gra- Le premier concerne le rôle du fléau du dieu en tant
phiques du dieu coptite lorsqu’il a été choisi comme qu’arme. Le bras levé, et donc en pleine action, sur-
divinité principale au tout début du Moyen Empire. monté du fouet, semble prêt à s’abattre. de nom-
La nature astrale des deux plumes apparaît dans la breuses épithètes définissent Min comme "celui qui
Formule 335 des Textes des Sarcophages puis reprise frappe ses ennemis de son fouet". dans ce sens, Min
dans le Chapitre 17 du Livre des Morts. Celles-ci sont se présente alors comme protecteur du roi et donc de
nommées “les yeux d’atoum”, qui incarnent la lune l’Égypte. Ce rôle de protection destinée à la figure
et le soleil, et "les deux Grandes", épithètes des royale est alors transposé sur celui de la lune. Cet
déesses Isis et Nephthys, elles-mêmes identifiées à la aspect du dieu induit par l’arme se retrouve ainsi dans
lune et le soleil 10 : l’épithète lunaire qui lui est dédiée, inscrite sur l’une
"C’est [Min]-Horus qui protège son père. Quant à des parois du temple de Médinet Habou [fig. 2]  :
ses deux plumes, ce sont les deux Grandes qui sont Mnw [...] xw-jaH, "Min […] protecteur de la lune" 15.
au front <de> son <père> atoum" 11. Le dieu perd alors sa définition lunaire en devenant
"Quant à Min, <c’est Horus> qui venge son père. le protecteur de l’astre. L’extériorisation induite par la
[…] Quant aux plumes sur sa tête, <c’est> Isis et formulation fait en sorte que Min n’est plus lunaire
Nephthys […]. Ce sont ses [atoum] deux yeux, les mais devient protecteur de la lune par cette épithète.
plumes qui sont sur sa tête" 12. Le fouet définit également un autre aspect de la
La coiffe Swty. désigne alors par ses deux plumes les divinité : la fécondité. si cette capacité, inhérente au
astres solaire et lunaire, qualifiant l’aspect céleste des dieu Min, a toujours été perçue comme lunaire par
divinités qui la portent. Cet aspect est d’autant plus essence 16, le fléau semble appuyer cette définition.
12 Jean-Guillaume Olette-Pelletier

fig. 4 Offrande des minéraux au dieu amon sous la forme de Min ithyhallique, couloir Ms 11, mur nord, partie est (d’après J. Masquelier-
Loorius, “at the End of the Trail: some Implications of the Mention of Turquoise in Egyptian Tombs and Temples” dans P. Tallet,
El-s. Mahfouz (éd.), The Red Sea in Pharaonic Times. Recent Discoveries along the Red Sea Coast, BiEtud 155, 2012, p. 169, fig. 11a).

d’après L. Baqué-Manzano, il est possible d’associer le À cela s’ajoute l’idée que le fléau nxAxA au-dessus du
fouet nxAxA à cette notion par le biais du verbe ms, bras levé se trouve parfois attribué à d’autres repré-
"donner naissance" en s’appuyant sur la nature de l’ob- sentations de divinités portant l’ithyphallisme de
jet 17 et sur l’identification du signe ms (F35). Figuré à Min 20. Ce particularisme souligne le caractère
l’époque tardive par trois peaux de renard attachées indissociable du phallus du dieu et du bras en équer-
ensemble 18, ce signe se présente de manière assez dif- re soutenant le fléau dans un contexte générateur.
férente à l’ancien Empire. Il y est strictement similaire ainsi, l’association des deux aspects inhérents au
aux trois lanières en forme de gouttes d’eau du fléau fouet, protection et fécondité, avec l’épithète du dieu
royal, faisant du signe ms, et donc du verbe qu’il désigne, "protecteur de la lune" et la notion de fertilité liée à la
une image du fouet en lien avec la notion de fertilité 19. lune, renforce l’idée du rôle lunaire du fléau de Min 21.
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Offrandes et rituels lunaires dédiés à Min


H. Gauthier, Ph. derchain puis L. Baqué-Manzano sur les parois du temple d’Edfou, il est appelé  "le
ont clairement défini le caractère lunaire des fêtes du dieu bienfaisant, […] le sr-bjA de Pount comme celui
dieu Min par la correspondance calendaire des "sor- qui est sur son reposoir, pour lequel le sous-sol fait
ties de Min" avec le cycle lunaire, ainsi que les fêtes monter ce qui est en lui [=les minéraux]" 28. Cette
mensuelles d’apparition de la nouvelle lune qui lui capacité du dieu à faire croître les minéraux se
étaient dédiées 22. Notre intérêt se portera davantage retrouve aussi figurée dès la XVIIIe dynastie. Le cou-
sur le caractère lunaire de certaines représentations loir Ms 11 de l’Akhmenou de Thoutmosis III à
de rituels accomplis par le roi seul envers la divinité. Karnak [fig. 4] présente le roi suivi de deux divinités
Les figurations de l’offrande de l’œil oudjat, de la offrant de la turquoise, du lapis et de la malachite
consécration des minéraux et la protection du bruts à amon sous sa forme de Min ithyphallique 29.
babouin confirment cet aspect du dieu Min.
L’œil oudjat, une offrande lunaire
associé à Min (ou à l’une de ses formes amo- fig. 5 
niennes), le rituel de l’offrande de l’œil oudjat, ou œil ramsès II honorant
d’Horus, souligne un aspect lunaire assez similaire à Min-amon et un
son rôle de "protecteur de la lune". Cette offrande babouin. abydos,
[fig. 3] était censée conférer au roi la capacité d’éclai- temple de séthy Ier,
rer ou de voir le jour et la nuit : "je te donne l’appa- première salle
rition de rê durant le jour et l’éclat de la lune durant hypostyle, paroi est,
la nuit" 23. La double portée solaire et lunaire de l’œil premier pilier, registre
ne fait ici aucun doute. Il est probable que l’on inférieur.
retrouve au travers de ce rituel un parallèle avec "l’œil © J.-G. Olette-Pelletier,
d’atoum", œil lunaire mentionné précédemment au 2013.
Chapitre 17 du Livre des Morts, lui-même inspiré des
Textes des Sarcophages du Moyen Empire. Là encore,
Min ne se définit pas comme lunaire par essence La présence d’amon reste logique dans ce contexte
mais dans son rôle face à l’astre en tant qu’intercesseur cultuel (amon étant la divinité majeure de Karnak)
du roi. et rituel (amon avait pour capacité la création des
Min, la lune et l’accroissement des minéraux minéraux 30), mais l’aspect que revêt le dieu reflète,
un autre rituel dédié à Min fait écho au rôle lunaire quant à lui, les éléments iconographiques spécifiques
qui lui est défini  : l’offrande des minéraux. si la du dieu Min. Ce choix graphique peut alors faire
nature lunaire des ressources minérales reste cer- référence au rôle lunaire de Min dans l’accroissement
taine 24, ce sont les épithètes du dieu qui soulignent des minéraux. s. aufrère explique que "c’est sans
ce rapport. Min est désigné dès la XIe dynastie doute aussi sous son [Min] aspect de lune qu’il fait
comme nb xAst, "le maître du désert" et comme sr-bjA nfr croître également les minéraux comme il fait se mul-
n(y) HAst jAbt, "le bon prospecteur du désert Oriental" 25. tiplier les êtres humains". Min ne crée pas les miné-
L’entrée d’une mine de plomb du ouadi Gasous, raux mais les fait "croître" par sa capacité génératrice
exploitée à la XXVIe dynastie, est même nommée et donc lunaire en associant le monde minéral à un
[ tA biAyt] ms Mnw-bjAty dHty, "[mine] créée (au sens de être vivant, ce que la mention précédente du temple
‘mise au monde’) par le dieu Min-des-mines" 26. d’Edfou semble souligner. La nature de l’offrande et
Il assure de ce fait la régence sur le désert le rituel associé mettent alors en avant la capacité
Oriental, région lunaire par excellence, ses richesses lunaire du dieu dans l’accroissement des minéraux
et confirme son patronage sur les prospecteurs 27. par son aspect premier générateur.
14 Jean-Guillaume Olette-Pelletier

Min et le babouin : une possible représentation de "protection de la lune"


fig. 6  La Première salle hypostyle du temple funéraire de Il est ici présenté adoré par le roi, assis sur une estrade,
scribe protégé séthy Ier à abydos présente un relief apparemment les mains baissées. En comparaison avec d’autres
par le dieu unique, qui montre ramsès II louant Min-amon, représentations de l’animal dans une position simi-
lunaire Thot "maître de la bravoure" (qnt nb) et un babouin [fig. 5] 31. laire, il se définit comme une image de Thot. Le
sous forme de assis sur l’estrade divine devant le dieu, l’animal fait groupe statuaire en schiste de Nebmeroutef [fig. 6]
babouin (d’après face au souverain. d’après les inscriptions qui accom- présentant le scribe sous la protection du babouin,
E. dELaNGE, pagnent la scène, le rituel représenté ici est celui de hypostase de Thot, montre des parallèles graphiques
Aménophis III, "faire que le roi donne une bénédiction à son père, avec le relief d’abydos : il est assis sur une estrade,
le Pharaon-Soleil, afin qu’il soit doué de vie". Les textes ne fournissent bras baissés, sans disque lunaire sur la tête, face à l’of-
catalogue aucun indice sur la présence de l’animal aux pieds de ficiant 33. L’inscription autour de la base le définit
d’exposition la divinité. Quoi qu’il en soit, sa présence sur la explicitement comme le dieu de la lune. si l’aspect
organisée aux même estrade que Min-amon indique sa lunaire de cette image paraît certain par la représen-
Galeries nature divine. tation du babouin et les lignes de texte qui lui sont
dédiées, c’est surtout sa position, assis sur une estrade et
faisant face à l’officiant, qui permet de définir le
caractère divin du babouin de ce groupe statuaire. Le
relief d’abydos pourrait de ce fait présenter l’animal
comme une hypostase de la divinité et donc de l’astre
qui lui est associé : la lune 34. Cependant, cette scène
semble être la seule attestation connue de l’associa-
tion entre un babouin et le dieu ithyphallique.
L’animal, aux pieds de Min et tourné vers le roi, se
trouve comme "protégé" par le dieu et son fouet
levé. si l’hypothèse de l’aspect lunaire de ce babouin
se confirme, peut-être faut-il voir ici une représen-
tation de l’épithète de Min comme "protecteur de la
Lune" 35. dans ce cas, cette scène de rituel d’abydos
soulignerait à son tour l’aspect lunaire de la divinité
coptite 36.
au travers de ses codes graphiques quasi-immuables
issus des époques les plus anciennes et de ses rituels
spécifiques, Min se définit comme lunaire. La lune
nationales du de manière générale, les babouins sont dotés d’un accroît les capacités fécondatrices, fertilisantes et
Grand Palais, caractère solaire. Leur position aux pieds des obé- génératrices, capacités dont le dieu est l’image, aussi
Paris du 2 mars lisques ou en adoration devant rê lors de sa sortie bien auprès des êtres vivants que des minéraux. Min
au 31 mai 1993, indique cette appartenance. Leur gestuelle, bras apparaît également comme "protecteur de la lune",
Paris, 1993, levés, paumes présentées au dieu, et leur position, que ce soit au travers de ses épithètes ou de ses
p. 207). debout et tournés vers la divinité, sont les critères représentations, comme c’est peut-être le cas à
principaux de ce caractère solaire 32. Néanmoins, il abydos. Il est autant défenseur de la lune que lune
est probable que nous avons affaire ici à l’aspect lui-même, par les éléments qui font son image, ses
lunaire, et divin, de l’animal en tant qu’hypostase du épithètes et ses capacités. C’est ainsi l’ensemble de
dieu lunaire Thot et non à l’animal de rê. Le ces aspects qui définissent le dieu Min comme une
babouin est, comme l’ibis, l’animal du dieu Thot. divinité lunaire.
LE dI Eu MI N "P r O T E C T E u r dE La LuNE" 15
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NOTEs
1 J. yOyOTTE, "une épithète de Min comme explorateur des régions orientales", RdE 9, 1952, p. 125-137.
2 À l’instar de l’écrivain constantinopolitain Étienne de Byzance (VIe s. ap. J.-C.) qui énonce dans ses Ethniques le rôle lunaire de la statue de Min, assimilée
à Pan (cf. Th. HOPFNEr, Fontes historiae religionis aegyptiacae II/4, 1924, p. 675, l. 29-32 ; s. BuzaNTIOs, Ethnika: Stephani Byzantii Ethnicorum quae
supersunt ex recensione Augusti Meinekii, 1958, p. 501).
3 H. GauTHIEr, Les fêtes du dieu Min, RAPH 2, 1931 ; id., Le personnel du dieu Min, RAPH 3, 1931.
4 L. BaQuÉ-MaNzaNO, Los colosos del dios Min en el templo de Coptos : etiología conceptual de una gran figura divina (iconografía, iconología y mitológica),
THAE 2, 2004, p. 161 ; d. MEEKs, Mythes et légendes du Delta d’après le Papyrus Brooklyn 47.218.84, MIFAO 125, 2006, p. 291-292.
5 L. BaQuÉ-MaNzaNO, "Further arguments on the Coptos Colossi", BIFAO 102, 2002, p. 29. Le bandage momiforme de Min, dans son aspect régé-
nérateur, présente lui-même une caractéristique lunaire par comparaison avec d’autres divinités gainées (cf. s. auFrèrE, "de l’influence des luminaires
sur la croissance des végétaux. À propos d’une scène du papyrus funéraire de Nebhepet, musée de Turin (ancienne collection drovetti)”, Memnonia 6,
1995, p. 116-117). de plus, le paragraphe 10 du Rituel de l’Embaumement fait mention d’un Mnw-jaH m Jpw, "Min-Lune dans akhmîm", lors de l’em-
maillotage final des mains et des doigts, cf. J.-Cl. GOyON, Rituels funéraires de l’ancienne Égypte, 2004², p. 75.
6 H. GauTHIEr, op. cit., p. 62 ; P. MONTET, Géographie de l’Égypte ancienne, II, La Haute Égypte, 1961, p. 111-112 ; W.M.Fl. PETrIE, Athribis, BSAE 14, 1908, p. 18.
7 W.M.Fl. PETrIE, Abydos, I, EEF 22, 1902, p. 4, pl. III- n° 48.
8 Edfou I, 394, 13-14.
9 a. FOrGEau, Horus-fils-d’Isis, la jeunesse d’un dieu, BdE 150, 2010, p. 161.
10 d. MEEKs, op. cit., 2006, p. 291 ; L. BaQuÉ-MaNzaNO, op. cit., 2002, p. 29 ; s. HassaN, Hymnes religieux du Moyen Empire, 1930, p. 141-142.
11 CT IV, Spell 335, 204c-206a ; Cl. CarrIEr, Textes des Sarcophages du Moyen Empire égyptien, I, 2004, p. 806-807.
12 LdM, Chapitre 17, 34 ; a. GassE, Le Livre des Morts de Pacherientaihet au Museo Gregoriano Egizio, 2001, p. 43-44 ; une comparaison astrale des deux
plumes de la coiffe de Min, plus tardive cette fois et relevée par rené Preys, apparaît sur les parois du temple d’Edfou en tant qu’insignes de la royauté
(cf. r. PrEys, "Le vautour, le cobra et l’œil", dans W. Claes et al., Elkab and Beyond. Studies in Honour of Luc Limme, OLA 191, p. 480-481).
13 La spécificité purement solaire du disque de la couronne Swty, qualifiée par cette insertion de couronne "amonienne", ne permet pas une affirmation
en soit. sa couleur orangée, parfois dorée, ne peut s’appliquer au seul aspect solaire mais à l’ensemble des deux luminaires, la pleine lune se présentant
aussi sous cette image. Le disque inséré dans cette couronne définirait alors la nature céleste des deux plumes. Par ailleurs, je tiens à remercier M. Frédéric
Payraudeau dont les remarques m’ont permis de développer ma réflexion sur ce point.
14 À quelques exceptions près, sans explications toutefois, car il existe de rares reliefs qui présentent ce même fouet serti entre le pouce et l’index de sa
main levée, et cela dès la XVIIIe dynastie (pour exemple, cf. N. BEauX, N. GrIMaL et G. POLLIN, La chapelle d’Hathor, temple d’Hatshepsout à Deir el-
Bahari, I, Vestibules et sanctuaires, 2, Figures, MIFAO 129/2, 2012, p. 32, fig. 42).
15 son titre de "protecteur de la Lune" xw-jaH apparaît sur la paroi nord de la seconde cour du temple de Médinet Habou (cf. H. GauTHIEr, op.
cit., p. 61-62 ; THE EPIGraPHIC surVEy, Medinet Habu IV. Festival Scenes of Ramses III, OIP 51, 1940, pl. 197).
16 Ph. dErCHaIN, "Mythes et dieux lunaires en Égypte" dans La lune. Mythes et rites, Sources orientales 6, 1962, p. 33-34 ; M. ELIadE, Traité d’histoire
des religions, Paris, 1953, p. 149-155.
17 L. BaQuÉ-MaNzaNO, op. cit., 2002, p. 27, note 25. L’auteur souligne la capacité fertilisante de la flagellation par comparaison avec des rituels plus tardifs tels
que le rituel spartiate en l’honneur d’artémis ou encore le rituel romain des Lupercales où le fléau était censé respectivement renforcer la semence mâle
et accroître les chances de fécondation (cf. r. GraVEs, The Greek Myths II, 1990, p. 79 ; M. LEGLay, La religion romaine, 1997, p. 89-91 ; s. I. JOHNsTON
(éd.), Religions of the Ancient World, 2004, p. 286.).
18 Fr. sErVaJEaN, Le tombeau de Nakhtamon (TT 335) à Deir el-Medina : paléographie, PalHiero 5, 2011, p. 32, § 58 ; Kh. EL-ENaNy, Le petit temple d’Abou
Simbel : paléographie, PalHiero 3, 2007, p. 28, § 44-45-46 ; B.J.J. HarING, The Tomb of Sennedjem (TT1) in Deir el-Medina : paleography, PalHiero 2, 2006,
p. 57, § 74 ; d. MEEKs, Les architraves du temple d’Esna : paléographie, PalHiero 1, 2004, p. 73, § 196-197.
19 L’hypothèse de ms comme la représentation des lanières du fléau vu de dos reste de ce fait probable par comparaison avec les trois lanières perlées d’un
flagellum royal réel (cf. Chr. zIEGLEr, Pharaon, catalogue d’exposition de l’Institut du monde arabe, 15 octobre 2004-10 avril 2005, p. 176). Mais c’est
surtout la représentation datée de l’ancien Empire du hiéroglyphe ms, notamment dans le complexe funéraire de djéser (cf. C.M. FIrTH, J.E. QuIBELL,
Excavations at Saqqara. the Step Pyramid, II, planches, 1935, pl. 42), qui permet d’en définir l’assimilation au flagellum du roi et non aux peaux de renard
16 Jean-Guillaume Olette-Pelletier

(les trois pendeloques en forme de goutte d’eau des lanières du fouet sont similaires aux trois terminaisons du hiéroglyphe ms représenté sur le montant
de porte gauche, à côté de la figure royale).
20 Le temple d’Hibis (sanctuaire a, mur ouest) présente par ailleurs une succession de divinités, masculines et féminines, portant l’ithyphallisme de Min
et le bras levé soutenant le fléau (cf. N. de GarIEs-daVIEs, The Temple of Hibis in El-Khargesh Oasis, III, the Decoration, PMMA 17, 1953, pl. 2.
21 Étienne de Byzance fait d’ailleurs mention du rôle lunaire attribué au fouet de Min (cf. st. BuzaNTIOs, op. cit., p. 501). dans sa notice sur Panopolis,
l’auteur écrit : " … [...]","… il s’agit d’une grande
statue divine sertie d’un phallus (= Min) [long] de sept doigts qui élève des fouets de la [main] droite [vers] la Lune […]" (traduction personnelle, avec
appui de la retranscription de J.-Cl. Goyon (cf. J.-Cl. GOyON, op. cit., p. 75, n. 1) et de la traduction de Ph. dErCHaIN (cf. Ph. dErCHaIN, op. cit., p. 48)).
Le sens du verbe , "lever, élever [pour frapper]", pose problème quant au rôle attribué à l’arme par l’écrivain (protection de la lune ? fertilisation
par la lune ?). Toutefois, le lien entre le fléau et l’aspect lunaire de Min semble confirmé.  
22 H. GauTHIEr, op. cit., p. 64-69 ; Ph. dErCHaIN, op. cit., p. 46-48 ; L. BaQuÉ-MaNzaNO, Los colosos del dios Min en el templo de Coptos: etiología
conceptual de una gran f igura divina (iconografía, iconología y mitológica), THAE 2, 2004, p. 161. une épithète du temple de Kom Ombo présente
l’"apparition de Min lors de la fête de la nouvelle lune" Hb sxa Mnw n psDtyw, caractérisant l’aspect lunaire du dieu (cf. L. BaQuÉ-MaNzaNO, op. cit.,
2004, p. 161 ; Kom Ombos, II, p. 53, n° 597). Ph. derchain a aussi mis en évidence une épithète de Min "maître d’akhmîn […] qui réside dans le temple
de la lune" (Mnw nb Jpw […] jm xwt-jaH), relevée par W.M.Fl. Petrie dans la Chambre de Pount du pr-Rpw.t à athribis en Haute-
Égypte (cf. W.M.Fl. PETrIE, op. cit., p. 18, pl. XVIII) et mentionnée sur deux stèles d’akhmîm (CG 22074 et 22077). si le manque d’informations
concernant cet édifice pose problème pour notre étude, il n’en définit pas moins le caractère lunaire associé à Min.
23 Edfou III, 278, 4 ; d. MEEKs, op. cit., p. 292 ; r. PrEys, op. cit., p. 477-484.
24 s. auFrèrE, L’univers minéral dans la pensée égyptienne, I, l’influence du désert et des minéraux sur la mentalité des anciens Égyptiens, BdE 105/1, 1991, p. 121, 134, 138.
25 Edfou I, 110 ; E. CHassINaT, Le temple de Dendara, III, 20042, p. 183 ; Dendara IV, 267 ; EL-s. MaHFOuz, "Osiris de Ouadj-Our. une nouvelle
attestation provenant du Ouadi Gaouasis au bord de la mer rouge", BSFE 180, 2011, p. 8 ; P. BaLLET et alii, Coptos, l’Égypte antique aux portes du désert,
Catalogue d’exposition, Lyon, Musée des Beaux-arts 3 février-7 mai 2000, 2000, p. 147.
26 I. BraGaNTINI, r. PIrELLI, "The archeological mission of ‘L’Orientale’ in the Central-Eastern desert of Egypt", Newsletter di Archeologia CISA 4,
2013, p. 75 et p. 118, fig. 25.
27 Edfou II, 85 et 202 ; s. auFrèrE, op. cit., 1991, p. 10-11, 137-138 ; V. razaJaNaO, "La demeure de Min maître d’Imet. un monument de Tell Farâoun
réinterprété", ENIM 2, 2009, p. 108 ; J. yOyOTTE, op. cit., p. 125-126. Ce lien entre Min, le désert Oriental et ses prospecteurs apparaît dès le milieu de
la Ve dynastie puis tout au long de la Première Période intermédiaire et du Moyen Empire, de manière indirecte cependant, au travers des titres des chefs
d’expéditions et des patronymes composés sur le nom du dieu, gravés dans les graffiti du ouadi Hammamât (cf. a. MCFarLaNE, The God Min to the End
of the Old Kingdom, ACE-Stud 3, 1995, p. 42-43 ; P. BaLLET, op. cit., p. 147 ; J. COuyaT, P. MONTET, Les inscriptions hiéroglyphiques et hiératiques du Ouadi
Hammamât, MIFAO 34, 1912-1913, p. 91, n° 149).
28 J. yOyOTTE, ibid., p. 127, d’après Edfou III, 273.
29 J. MasQuELIEr-LOOrIus, "at the end of the trail : some implications of the mention of turquoise in Egyptian tombs and temples", dans Tallet P. et
Mahfouz El-s., The Red Sea in Pharaonic Times, Recent Discoveries along the Red Sea Coast, BdE 155, 2012, p. 164, 169, fig. 11a. L’estrade xtyw, les jambes
gainées, la fin du ruban dorsal et la présence d’un élément d’architecture placée derrière le dieu ne peuvent que confirmer la présence d’amon-rê sous
forme de Min ithyphallique sur ce bas-relief.
30 s. auFrèrE, op. cit., 1991, p. 309-310.
31 r. daVId, A Guide to Religious Ritual at Abydos, 1981, p. 24.
32 P. VErNus, J. yOyOTTE, Bestiaire des pharaons, 2005, p. 625.
33 E. dELaNGE, Le scribe Nebmeroutef, 1996, p. 4, 14.
34 P. VErNus, J. yOyOTTE, op. cit., p. 626-627.
35 Les scènes de rituels ou d’offrandes des temples peuvent déterminer la nature, les fonctions ou les épithètes des divinités, comme le souligne
Cl. Traunecker (Cl. TrauNECKEr, Les dieux de l’Égypte, 20125, p. 6).
36 Toutefois, en l’absence d’autres comparatifs strictement semblables, il serait dangereux de certifier cette idée en s’appuyant sur cette seule image, mais
l’hypothèse vaut d’être soutenue pour sa cohérence.

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