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ICONOGRAPHIE RELIGIEUSE CM04

ANCIEN TESTAMENT : MOÏSE

Þ Giorgione, Les trois philosophes, 1508 - 1509


Le tableau de Giorgione est l’un des plus
mystérieux de la Renaissance italienne.
Peint à Venise, au début du XVIe siècle,
comme beaucoup de ses tableaux est
énigmatique.

Selon les témoignages de Marcantonio


Michel de 1525, Taddeo Contarini est un
vénitien très cultivé, était peut-être le
commanditaire du tableau (on sait qu’il est
commanditaire d’un tableau de « trois
Giorgione, Les trois philosophes, 1508 - 1509.
philosophes dans un paysage », peut-être lui).

Un homme est assis, portant des vêtements cléricaux, seul qui regarde vers la
partie gauche, sombre du tableau.
Il a une expression extatique, seul également à accomplir une action (feuille et
instruments de mesure).

Une grande attention est dédiée au paysage, ressemblant au paysage peint par
Bellini, présentant des arbres.

Ce qui est intéressant, c’est que tous les personnages


sur le tableau sont placés devant une caverne,
entourée de lierre, symbole de résurrection (allusion
probable à la résurrection de Jésus, la grotte de la
nativité, donc peut-être trois rois mages ?).

Si c’est le cas, pourquoi le personnage jeune


travaille-t-il ? Il tient un compas et une équerre,
symboles de la géométrie, l’étude. Notre moine ici est
donc également un savant.

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Au centre, l’homme porte un turban turc, comme d’autres éléments


de son costume, rappelant la religion musulmane, les turcs.
Il porte également une moustache, rappelant le sultan Mohammed
II.

On peut ainsi reconnaître l’origine turc du personnage. La


juxtaposition de bleu et de rouge vient également des enluminures
ottomanes.

En 1932, ce tableau a fait l’objet d’analyse, et on a découvert que


cette œuvre a fait l’objet de nombreux repentirs (remaniements) de
l’artiste.

Notamment sur la figure à droite, qui auparavant avait des rayons


qui sortaient de la tête, donc très probablement Moïse
(comme sur la fresque de Signorelli sur le plafond de la
Chapelle Sixtine).

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Þ Luca Signorelli, Les Derniers jours de Moïse, Chapelle Sixtine, Venise.


Moïse est le modèle du sage, du rédempteur, libérateur, amenant les hébreux en
dehors de l’Égypte. L’aspect principal ici est que Moïse est considéré comme une
figure typologique du Christ.

Dans le décor de la chapelle


Sixtine, fondé sur la tradition
typologique, doctrine voulant
démontrer les vérités des Écritures,
en raison des concordances entre
l’Ancien et le Nouveau Testament.
Tout l’Ancien Testament est
considéré comme des types
auxquels correspondent des faits et
personnages du Nouveau
Testament (antitypes).
Luca Signorelli, Les Derniers jours de Moïse, Chapelle Sixtine,
Venise.

L’origine de cette tradition remonte à Jésus lui-même, et Saint-Paul parle


également du soulignement de ces rapports (ouvrages publiés également sur ces
correspondances, comme Pictor in carmine).
Pictor in carmine présente 138 types, écrits au XIIIe siècle. Le plus connu est la
Biblia Pauperum, écrit aux alentours de 1250.
C’est un véritable traité de lien entre l’Ancien et Nouveau testament. La Bible
moralisée revient également dessus.

Il y a donc des ressemblances entre le vieillard et le patriarche juif (longue barbe


blanche).
Lorsqu’on cherche dans la tradition iconographique phénicienne, Moïse est
représenté comme un vieillard à la barbe blanche.

Il y a toutefois également des dissemblances, Moïse tenant


dans ses représentation une Table ou un rouleau (allusion aux
10 commandements, comme le Moïse de Michel Ange).

Ici, le personnage tient un compas ainsi qu’une tablette, sur


laquelle est représentée une éclipse solaire.

Michel Ange, Moïse, 1513 - 1515, Basilique


Saint-Pierre-aux-Liens, Rome.

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Ces imprévus peuvent s’expliquer par un rajout postérieur ; ou par une


considération de ces Tablettes comme un attribut de Moïse.

Þ Raphaël, La Dispute du Saint-Sacrement, 1509 - 1510, Palais du Vatican, Rome.


Moïse est l’image de la sagesse, des
sages, des philosophes et scientifiques
par excellence.

Dans la Dispute du Saint-Sacrement,


Raphaël place Moïse dans la cour
céleste, considéré comme un
astronome, scientifique.
Raphaël, La Dispute du Saint-Sacrement, 1509 -
1510, Palais du Vatican, Rome.

Moïse est considéré comme un astrologue comme d’autres patriarches


bibliques, on pensait que le savoir des patriarches juifs venaient des Égyptiens.
Il était ainsi considéré comme un grand savant.
Hermès Trismégiste aurait inventé l’écriture, l’astronomie.

Þ RETOUR À – Giorgione, Les trois philosophes, 1508 - 1509


Dans le tableau de Giorgione, Moïse est plus difficilement identifiable.

Ces trois personnages représentaient peut-être donc les trois grandes religions
(judaïsme, islam et christianisme) ; tout trois étant trois savants, philosophes.
Le christianisme est assis par terre, appuyant sur son approche plus scientifique
que les autres (il est assis mais finalement supérieur).
Débats sur les relations science / philosophie / religion.

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Þ Raphaël, Philosophie Antique, 1508 - 1512, Palais du Vatican, Rome


Dans la fresque de la Philosophie Antique de
Raphaël, selon Vasari, sont représentés les
théologiens au temps où on accordait la
philosophie et l’astronomie avec la théologie.

Ils se différencient également par leurs âges,


chacun associé à une religion.
Raphaël, Philosophie Antique, 1508 -
1512, Palais du Vatican, Rome.

Þ Orazio Gentileschi, Moïse sauvé des eaux, 1630 – 1631, National Gallery,
London
Dans l’Exode, chapitre 2, comme représenté
dans Moïse sauvé des eaux de Gentileschi.

Gentileschi s’inspire probablement de


Véronèse, le tout dans une note plus grave.

Tableau concentré sur le groupe central, dont


il accentue l’aspect dramatique.
Divisé en deux parties autour de la figure
centrale de la princesse. Les gestes et regards de
Orazio Gentileschi, Moïse sauvé des eaux, la princesse amène à figurer distinctement les
1630 – 1631, National Gallery, London. deux groupes.

D’un côté, la princesse (encore une fois habillée à la mode contemporaine et pas
égyptienne) montre le petit enfant, Moïse ; tandis qu’elle regarde vers la gauche.
Le fleuve Nil est représenté dans les deux compositions.

Les pharaons tiennent en esclavage les peuples d’Israël, et comme ils deviennent
de plus en plus nombreux, Pharaon commence à les craindre, et il décide de mettre à
mort tous les bébés males.

Moïse est caché par sa mère, elle l’abandonne et une servante (appelée Bitia dans
le Midrash) décide de l’adopter.
Dans le livre XX de Antiquités Judaïques, Flavius Josèphe appelle la servante
Thermutis. Il explique le nom de Moïse, “sauvé des eaux”

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Sur le tableau, la jeune fille en jaune est Myriam, la sœur ainée de Moïse ; et à
gauche, Yokheved.

Þ Rosso Fiorentino, Moïse sauvant les filles de Jethro,


1523, Uffizi
Plus tard, Moïse grandit et épouse Sephora, une des
filles de Jethro.

Principes de la narration continue, Moïse se déchausse


en fond, Dieu lui ordonne de libérer son peuple de
l’esclavage (Exode 3, “je suis celui qui est [...]”)
Pharaon autorise Moïse à quitter l’Égypte avec son
peuple.
Rosso Fiorentino, Moïse sauvant les
filles de Jethro, 1523, Uffizi.

Þ Bronzino, Chapelle Eléonore de Tolède, Palazzo Vecchio, Florence, Italie


Trois phases de l’histoire sur la fresque de
Bronzino, les préparatifs pour le départ, au
premier plan, Israélites qui ont traversé la
mer.

Moïse avec rayons de Soleil qui sortent de


sa tête : c’est pour le rendre identifiable, car il
n’est pas supposé les avoir déjà.
Bronzino, Chapelle Eléonore de Tolède,
Palazzo Vecchio, Florence, Italie.

Livre 12 de l’Exode, relate la traversée de la mer Rouge, la libération du peuple


d'Israël préfigure la rédemption et le baptême selon la doctrine typologique.

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Paroi de droite, même scène que


dans La traversée de la Mer Rouge de
la chapelle Sixtine de Cosimo Rosselli.

Peuple d’Israël poursuivit par les


Égyptiens, un ange guide Moïse et les
autres vers la Mer Rouge.

Dieu envoie un nuage épais pendant


la traversée de la mer, ouverte en deux
Bronzino, Le Passage de la Mer Rouge par Moïse, 1540- par Moïse, pour protéger les Israélites,
1545, Chapelle Eléonore de Tolède, Palazzo Vecchio,
par la main de Moïse, la mer se referme
Florence, Italie.
sur l’armée.

Paroi de gauche, deux scènes qui


représentent la suite de l’histoire de
Moïse, chapitre 16 de l’Exode :
Israélites vont vers le mont Sinaï.

Traversée du désert et faim, Dieu fait


tomber du ciel la Manne, du pain, « que
l’Éternel donne comme nourriture ».
Ici représentation de la tombée, des
femmes qui recueillent, de provisions.
Préfiguration de l’eucharistie en Bronzino, Chapelle Eléonore de Tolède, Palazzo Vecchio,
haut (aussi dans la récolte de la Manne Florence, Italie.

de Tintoret).

Partie gauche : Moïse touche un rocher avec son bâton, ordre de Yahvé, de l’eau
jaillit.
Selon Saint-Paul, dans une lettre aux Corinthiens, rocher symbole du Christ.

Dans cette scène, nous sommes toujours dans l’histoire de Moïse, dans l’Exode et
plus précisément le Livre des Nombres, chapitre 21 (4ème livre du Pentateuque).

C’est le moment où dans la traversée vers la terre promise, le peuple d’Israël est
découragé (une nouvelle fois), provoquant une révolte contre Moïse, contre Dieu.

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Dieu envoie alors des serpents


brûlants, faisant mourir beaucoup de
monde pour le manque de foi.

Le peuple demande à Moïse


d’interférer en leur faveur, et Dieu lui
demande de sculpter un serpent
(d’airain ou de bronze), sur un
étendard (ici une croix).

Bronzino, L'Adoration du serpent de bronze, 1540-1545, Chapelle d'Eléonore


de Tolède, Palazzo Vecchio, Florence, Italie.

Dieu dit que ce qui ont été mordus par les serpents, en regardant ce serpent en
bronze, seront guéris.

On trouve une interprétation de cet épisode dans le chapitre III


de l’Évangile de Jean, ou il l’interprète comme une préfiguration
de la mort de Jésus sur la croix : dans les deux cas, tous ceux
regardant le signe, la croix, sont sauvés.

Détail

Ici Bronzino représente cet épisode en ayant à l’esprit cette


interprétation (étendard en forme de croix).
Il a également en tête le modèle de la Chapelle Sixtine de
Michel Ange, où il représente ce même épisode (toutefois il n’y a
pas de forme de croix).

Dans le contexte de l’épisode de Michel Ange, cet épisode fait


Michel Ange,
Chapelle Sixtine. allusion à la libération des Israélites grâce à la volonté divine.

Dans la Chapelle Éléonore de Tolède la référence est bien plus évidente (croix),
s’inscrivant dans cette doctrine théologique de lien entre l’Ancien et Nouveau
Testament.

Bronzino a représenté le serpent de bronze en


évidence sur une petite colline, rappelant elle aussi
le Golgotha (colline du Christ).
Détail

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Tout près de cette colline, une femme (malade) est soutenue par une autre,
rappelant la scène de la crucifixion.

Une fois le désert traversé, les Israélites arrivent au pieds du mont Sinaï.
À ce moment, Moïse monte sur la montagne et reçoit de Dieu les Dix
Commandements (Tables de la loi).

On retrouve donc les attributs de Moïse (lumière et Tables de la lois).


Ces rayons de lumière, Moïse les reçoit en descendant du Mont Sinaï ; mais soucis
de traduction : les mots dans la Bible indiquant cette scène peuvent être traduits
comme 1. Rayon ou 2. Corne ; expliquant les différentes représentation
iconographiques de Moïse.

En voyant cette scène, les Israélites perdent la foi et fondent tout leur or, en
forment une idole en forme de veau d’or (référence à la religion Égyptienne), se
tournant donc vers la religion polythéiste Égyptienne (souvent représenté).

Yahvé prévient Moïse, et en voyant cela, Moïse furieux détruit les Tables de la lois.
Les israélites sont alors punis par Dieu, et Moïse doit à nouveau monter sur le Mont
et obtenir à nouveau les Dix Commandements.

à Recommandation : Les dix commandements, 1956 (film).

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