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Musique arabe

Le Congrès du Caire de 1932

Music Education in Egypt

Philippe Vigreux (dir.)

DOI : 10.4000/books.cedej.1922
Éditeur : CEDEJ - Égypte/Soudan
Année d'édition : 1992
Date de mise en ligne : 12 mai 2021
Collection : Recherches et témoignages
ISBN électronique : 9782900956236

http://books.openedition.org

Édition imprimée

Nombre de pages : 440

Référence électronique

VIGREUX, Philippe (dir.). Musique arabe : Le Congrès du Caire de 1932. Nouvelle édition [en
ligne]. Le Caire : CEDEJ - Égypte/Soudan, 1992 (généré le 17 mai 2021). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/cedej/1922&gt;. ISBN : 9782900956236. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.cedej.1922.

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© CEDEJ - Égypte/Soudan, 1992

Conditions d’utilisation :
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1932. La musique arabe est à un tournant crucial de son histoire. Au Maghreb, le répertoire
classique n’offre plus qu’un souffle indigent. L’Égypte, tournant le dos à un « classicisme » de
fraîche date, explore des voix nouvelles. Seul l’Irak, faiblement pénétré des influences
extérieures, préserve une authenticité. Le Congrès historique est un appel au secours (tourné en
partie vers l’Occident). S’il ne parviendra pas à inverser le cours naturel de l’histoire, il nous laisse
un ensemble documentaire de toute première importance. C’est ce legs que le colloque réuni au
Caire du 25 au 28 mai 1989 s’est fixé pour but d’étudier : ses qualités, ses faiblesses, l’impact des
techniques et des idéologiques. La première partie de ce livre rassemble les textes issus de cette
réflexion pluridisciplinaire.

En seconde partie, une analyse de la presse égyptienne d’époque jette un regard neuf sur les
tensions sous-jacentes aux débats et complète la documentation jusqu’ici disponible. Sans
oublier l’effort accompli dans le domaine de l’organologie ni ceux et celles qui, en Égypte, ont
prêté leurs voix aux enregistrements.

Note de l’éditeur

Colloque organisé sous la responsabilité scientifique de Sheherazade Qassim Hassan. Le Caire,


Qasr al-Ghoury, 25-28 mai 1989.

Sommaire

Les documents du premier Congrès sur la musique arabe, Le Caire, 1932

Approche politologique d’un Congrès

Jean-Claude Vatin

Sciences sociales et domaine musical


Symphonie coloniale et variations nationales

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Présentation

Documents issus des travaux du Congrès

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L’éducation musicale en Egypte

Martha Roy </li>

Liturgie copte et enregistrements du Congrès du Caire


Martha Roy </li>

Mutations dans la musique égyptienne

Une question majeure au Congrès de musique Arabe

Salwa Al-shawan Castelo-Branco

Concepts de "changement musical"


Le contexte
La question du changement

</li>

Les documents algériens du Congrès du Caire

Approche analytique et comparative

Nadia Mecheri-Saada

Les musiciens de l’orchestre

Les documents sonores

Les différents mouvements de la nûba et leurs rythmes

Les genres dérivés de la nûba classique

Remarques sur l’évolution stylistique et structurelle de la nûba

</li>

La Tunisie dans les documents du Congrès du Caire

Mahmoud Guettat

La délégation tunisienne

Les enregistrements tunisiens au Congrès

Annexes : Modes et rythmes tunisiens mentionnés dans les documents du Congrès du Caire
(1932)
</li>

L’Algérie musicale. Entre Orient et Occident (1920-1939)

(Un évènement : le congrès du Caire)

Nadya Bouzar-Kasabdji

L’expérience d’Alger

Les effets de la Nahda

La tutelle musicale savante coloniale

Les effets de cette tutelle

Le Congrès du Caire (1932) : événement ou supercherie ?

La "Musique arabe" offensive

Les nouvelles formes de résistance musicale

</li>

Instruments à cordes et à clavier dans les recommandations du Congrès du Caire

Linda Fathallah

1. Dénombrement des instruments utilisés dans la musique arabe

2. Introduction d’instruments européens dans la musique arabe

3. Suggestion d’introduction de quelques instruments orientaux dans la musique arabe

4. Discussion des moyens nécessaires au perfectionnement de certains instruments arabes

5. Introduction du piano (lawhat al-mafâtîh) au sein des instruments arabes

</li>

Interprètes et formes musicales égyptiennes dans les enregistrements du Congrès du Caire


Mahmûd Kamel </li>

Musicologues comparatistes européens et musique égyptienne au Congrès du Caire

Ali Jihad Racy </li>

Choix de la musique et de la représentation irakiennes au Congrès du Caire

Vers une étude de contexte

Sheherazade Qassim Hassan

Le choix de Muhammad al-Qubbândjî

La représentation irakienne et le rôle de l’Egypte au Congrès du Caire

L’Irak dans les enregistrements du Congrès

Appréciation des enregistrements faits au Caire

Soirées de l’Institut de Musique orientale et de l’Opéra

L’Irak dans le Recueil des actes du Congrès

Les rythmes

Les formes musicales irakiennes dans le Recueil des actes du Congrès

Annexes

</li>

La Syrie, complice ou comparse ?

(quelques notes pour un silence)

Jean-François Belleface </li>

Les enregistrements de musique populaire égyptienne au Congrès du Caire

Artur Simon
1• Enregistrement d’un groupe d’âlâtiyya :
2• Chants des ‘awâlim (Chants d’almées) :
3• Mizmâr baladî :
4• Bédouins du Fayûm :
5• Zâr soudanais :
6• Zâr égyptien :

</li>

Rythmes arabes : entre notation et pratique

Issâm Al-Mallah

Le point de vue général


Le point de vue historique
Le point de vue scientifique
Le point de vue pratique
Annexe 1. Dhikrayâtî, Muhammad al-Qasabgî (transcription : ‘isâm al-Mallâh)
Annexe 2. Mise en évidence des rapports entre certains rythmes par le biais de la notation
Annexe 3. Analyse du couplet Yâ ghenwet hubb de la chanson de Warda
Annexe 4. Analyse du couplet Nawwarnâ yâ ’albt sham’a de la chanson deWarda

</li>

Manuscrits de musique arabe

Enregistrement et catalogage depuis le Congrès du Caire

Eckhard Neubauer

Addendum

</li>

Présentation de la musique algérienne au Congrès du Caire

Jürgen Elsner </li>

Dossier

Documents du musée Guimet (Paris)

Document I
Document II
Document III

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</li>

Le Congrès de Musique arabe du Caire dans la presse égyptienne (Janvier – Juin 1932)

Introduction

Philippe Vigreux

Pourquoi la presse ?

</li>

Choix d’articles traduits et annotés

L’échelle musicale

Les trois bêtes noires de la Presse indépendante

c- Mahmûd Ahmad al-Hifnî

Déclarations à la Presse des personnalités musicales

Critiques du congrès

Délégations étrangères

A propos des enregistrements

Historicité

Faits divers

Présentation des congressistes dans la Presse franco-égyptienne

</li> </ol>

</li>
Biographies

• Les instruments

Pianos
Monocorde de la délégation libanaise
Qânûn-s d’Ahmad Amîn al-Dîk
Harpe (qîthâra) à sillets d’Ahmad Amîn al-Dîk
Santûr mustatîl d’Ahmad Amîn al-Dîk (fig. 21, 22 et croquis p. 357) : (fig.23)
Rythmomètre ou "Métronome oriental"
Instruments de mesures sonores

</li>

•• Les hommes

</li> </ol>

</li>

Les instruments et les hommes

</li>

Annexes

</li>

Index

</li> </ol>

Les documents du premier Congrès sur la musique arabe, Le Caire, 1932

Approche politologique d’un Congrès

Jean-Claude Vatin

À la mémoire de Loïs Ibsen al-Fârûqî

Sciences sociales et domaine musical

On peut se demander pourquoi un centre d’études et de documentation économique, juridique


et sociale s’intéresse à un congrès de musique tenu au Caire en l’an 1932.

Les raisons en sont claires, doublement. En premier lieu, si la musique ne relève pas du domaine
ordinaire du CEDEJ il n’y a aucune raison de l’en exclure. Mieux, parce qu’elle lui est restée
étrangère ou presque jusqu’à une période récente, nous avons tout à gagner à l’aborder
désormais. Il y va de la santé scientifique d’un organisme et d’une équipe que d’avoir à être
confronté avec un univers, des objets, méthodes et techniques inhabituels. D’ailleurs, la présence
au Caire de Jean-François Belleface, trois années durant, avait permis à chacun de prendre la
dimension d’un champ de disciplines (musicographie, musicologie, ethnomusicologie…), de
pratiques analytiques variées, et d’établir des connexions, des affinités et passerelles avec les
siennes propres.

En second lieu, étudier un phénomène particulier comme le 1er congrès mondial de musique
arabe, c’est se livrer à l’analyse d’une manifestation culturelle particulièrement révélatrice du
point de vue historique. Je dis bien historique et non ethnomusicologique. Parce que
l’ethnomusicologie s’est longtemps présentée comme la science des musiques dites
traditionnelles, sans écriture ou transcription (pour jouer sur les mots on pourrait préciser "sans
portée") transmises oralement, c’est-à-dire d’instrument à oreille. Nous pensons,
immédiatement, aux fonctions du langage musical, à la situation réservée aux musiciens dans des
sociétés "tribales", à toute une série d’instruments et engins comportant les uns des cordes
montées, une caisse de résonance, à la gamme hautement diversifiée des flûtes, aux orgues à
bouche, aux gongs, aux tambours, et à ces cordophones, membranophones, aérophones et
idiophones que les musées ethnographiques ou des arts et traditions populaires ont pris la peine
de rassembler et exhibent en tentant de mêler pédagogie et esthétique. Nous pensons aussi aux
chants, donc aux voix, aux rythmes donc aux danses, partant aux individus.

A nous s’impose une perspective, celle du rapport entre l’homme et la musique qu’il produit, des
instruments qu’il utilise, de la place qu’il accorde aux sons composés dans sa vie et dans ses
rapports aux autres.

Nous évoquons les constitutions d’archives phonographiques, sitôt lancées les machines à
cylindres, auprès des Indiens d’Amérique (comme la pratiqua Walter Fewkes) et auprès de
nombreuses ethnies à travers le monde. Nous pensons à Carl Stumpf à Berlin et à Frantz Boas aux
Etats-Unis.

Pour faire simple, je dirai que l’ethnomusicologie c’est la recension à dominante occidentale par
les savants des pays industrialisés des musiques, instruments et peuples différents de ceux qui
n’en sont point arrivés là. Il suffit d’ouvrir les extraordinaires volumes de la Description de
l’Egypte aux pages consacrées aux instruments, à un ouvrage de Villoteau, pour percevoir le
regard, donc l’attitude de celui qui rend compte des instruments en usage dans l’Egypte de la fin
du XVIIIème siècle.

L’ethnomusicologie, ce fut d’abord la description des musiques "autres", soit différentes parce
que populaires ou traditionnelles, soit dépassées parce que anciennes, données comme autres et
non comme éléments de la musique universelle.

Faut-il ajouter que le distinguo entre musiques traditionnelles et musiques anciennes s’est
reproduit dans la différenciation entre musiques ethniques et musiques savantes ? Puis entre
musiques populaires et aristocratiques, le mawwâl étant opposé au dawr au sein d’une même
société ou communauté. Les premières seraient plus lourdes de symboles, de mythes, de rites
liés au magique, au religieux, aux sentiments et les secondes plus marquées par l’esthétisme, le
profane, la raison, une logique de composition, des modes de reproduction systématiques et plus
liées aux systèmes et hiérarchies sociaux, plus orientées vers les loisirs. Les polémiques autour de
ces deux "genres", à propos de la notion de structure diachronique du champ culturel, où
l’hétérodoxie le dispute sans cesse à l’orthodoxie – ce qui se retrouve dans d’autres champs ou
espaces, religieux, politique... – n’ont cessé d’exciter Orient et Occident.

Certes, nous n’en sommes plus à ces dichotomies. La variété des musiques dénommées
ethniques a été reconnue et l’on a crédité la musique "sauvage" de complexités et systèmes
presque aussi élaborés que ceux révélés dans la pensée qualifiée de même par un Claude Lévi-
Strauss. Et nous avons lu les problèmes d’ethnomusicologie de Constantin Brailoïu autour
d’enregistrements effectués en Roumanie dans l’entre-deux-guerres, The Anthropology of Music
de Merriam (1919). Nous connaissons mieux les rapports entre la musique et la transe grâce à G.
Rouget, entre autres ouvrages qui ont donné à l’ethnomusicologie une nouvelle dimension. Nos
oreilles se sont faites aux mélanges des genres et aux emprunts réciproques.

Je ne pense pas, toutefois, que la question qui se pose à nous est de mettre simplement en
relation un type de musique, savante ou non, de transmission réputée orale, plus précisément la
musique arabe, avec un type de société. Je ne crois pas, non plus, que nous devons aborder le
Congrès du Caire de 1932 sous l’angle de l’exotisme seul ou de la technique ou de la composition.

Ce Congrès ne doit pas être considéré comme un rassemblement éphémère de musiciens


chargés d’exhumer ou de revivifier une tradition, de faire le tour de modes et de genres, de
donner un aperçu des musiques "arabes", ou "orientales" du domaine arabo-irano-turc, à la
manière dont les expositions universelles de l’époque coloniale tendaient à montrer l’Orient,
depuis l’Occident, bien qu’il ait cet aspect là aussi dont il va être question plus loin.

Prenons plutôt la rencontre comme un moment historiquement situé, à reconstituer, comme une
occasion de développer les théories et de dresser le bilan de techniques, toutes musicales, mais
aussi de situer une manifestation artistique dans un contexte plus large.

L’entre-deux-guerres est l’époque des recensions, des collationnements. Bartok, qui fait partie du
Congrès tout comme Hindemilh, a collecté, dès avant 1914, des airs en Hongrie ; Kodaly fera de
même à sa suite. En Indonésie, en Amérique, en Europe orientale, en Europe occidentale, on
enregistre. La Library of Congress, les musées ethnographiques entament leurs collections
phonographiques. L’heure est aux bilans, aux répertoires, aux enregistrements. Le Congrès du
Caire se situe bien dans cette ligne-là, celle des traditions (arabes en l’occurrence) rassemblées,
pour une présentation aussi complète que possible. Il s’agit bien, d’abord, de participer à
l’opération consistant à dresser un "état des forces et formes musicales" à un instant précis.

Mais le Congrès est d’abord, pour nous, aujourd’hui, l’histoire retracée de ses mobiles avant que
d’être celle de ses moyens, de ses modes d’expression et de ses suites ou conséquences. Il
permet aussi de tenter de répondre aux questions : qui rassemble, fait entendre qui et quoi
(quels musiciens, quelles musiques) dans quels buts mêlés ou concurrents ? Quels rythmes,
modes, temps, codes, ont été mis en œuvre ? Quels genres ont été représentés ? Quels
instruments ont été mis en relief ? Quelles régions ont été invitées à s’exprimer ? Quelles langues
a-t-on entendu, par l’intermédiaire de quels chanteurs ? Et ce bilan dressé, quels arts et périodes,
lieux et genres se sont trouvés honorés par rapport aux autres ? Les formes populaires ont elles
primé sur les formes savantes et l’art de Bagdad, de Mossoul, de Damas et d’Alep, s’est-il imposé
à celui marqué encore au début du XIXème siècle par Istanbul ? L’oreille perçoit-elle déjà, en
1932, les prodromes d’un renouveau de la tradition abbasside du ‘ud, illustrée peu après par
Chérif Muhieddin ?

Les réformes théoriques et pratiques percent-elles ? Ou reste-t-on dans le classicisme le plus pur
et/ou le conformisme le plus étroit en matière instrumentale comme vocale ? Autrement dit, est-
on en présence d’une entreprise de commémoration pure et simple avec retour à un âge d’or un
peu mythique ? Ou d’un projet impliquant une ouverture, un aggiornamento culturel, vers
d’autres formes mais aussi en direction des musiques européennes ? Et pour poser une question
indirecte mais précise, les nationalismes arabes sont-ils déjà perceptibles dans les musiques
entendues dans ce congrès très officiel ?

Propos déplacé ? Je n’en suis pas si sûr. L’Empire Ottoman s’est effondré. Il n’y a plus
d’hégémonie idéologique politique et religieuse, d’imam ni de calife à Istanbul. Les renaissances
littéraires, artistiques qu’accompagnent les mouvements nationaux et les changements sociaux
dans le monde arabe sont bien cousines des renouvellements musicaux. Et le Caire est bien au
centre de tout ceci, qui se charge de repenser les genres classiques comme le folklore et de
s’ouvrir sur le contemporain ne serait-ce que par le biais du cinéma, du théâtre... Le Congrès de
1932 n’est-il pas le signe d’une suprématie désormais égyptienne et pas seulement classique sur
l’univers musical arabe, qui transite déjà par le disque, la radio, le film ? Voit-on se profiler les
héritiers de rénovateurs tel Sayyid Darwich (mort en 1923), poindre le règne de grands chanteurs
tels Umm Kulthum, ou Muhammad Abd al-Wahab capables de s’imposer bien au delà de leurs
frontières ? Et quelle est la réaction de l’étranger, des autres pays arabes mais aussi des
Occidentaux à ces phénomènes ?

Je ne pense pas que nous puissions répondre à toutes ces interrogations. Le peu que nous
éclaircirons, en spécialistes, aidera à la compréhension d’évolutions, par exemple, de
changements, de retours "progressistes" aux sources mais aussi de traditionalisations fermées,
facilitera l’interprétation des courants, tendances, choix, permettra de relier ce qui est advenu
dans le champ musical à d’autres champs, d’autres modes d’expression. Cette étude des causes,
des modalités et des effets d’une rencontre pourra servir de complément à une autre opération,
à savoir la reproduction sonore de l’intégralité des enregistrements effectués lors du congrès de
1932, dont l’Institut du Monde Arabe de Paris nous a donné récemment une idée à travers une
sélection de son cru tenant en deux disques CD. Le reste est à redécouvrir.

Symphonie coloniale et variations nationales

Le Congrès de mars 1932 ne peut être traité du seul point de vue technique. Il se déroule en un
lieu et dans un milieu à un moment précis et tout ceci fait sens.

Ce qui frappe, tout de suite, c’est de constater qui est là, qui sont les invités ou plutôt ceux
chargés d’apporter aux experts la confirmation sonore de leurs dires, de fournir des
démonstrations musicales. Or, en matière d’orchestres, ce sont des "colonisés", des formations
"sous dépendance". Les Egyptiens, Irakiens, Syriens, Algériens, Marocains, qui donnent les
concerts, "accompagnent" la rencontre académique (les sept "commissions techniques des
experts"), sont tous encore marqués par l’Occident, la domination européenne, française et
anglaise surtout, depuis la fin de la première guerre mondiale. Tout se passe comme si la
quarantaine de musiciens et chanteurs n’était là que sur convocation du condominium franco-
britannique sur la région. Comme si la musique arabe ne servait qu’au triomphe des conquérants.
Et les doctes savants disputant des systèmes de transcription, échelles, instruments,
enregistrements, etc., font un peu figure de maîtres d’école coloniale venus faire la leçon aux
petits élèves indigènes. La musique arabe, comme l’Islam, est donc colonisée, et cela le congrès
le dit bien, avec des nuances entre domaines, Maghreb ici, Machreq là.

• Le Maghreb. Le record en ce domaine est sans doute battu par la France, qui vient présenter les
musiques du Maghreb, avec auditions et récitals à l’appui, comme si c’étaient des variantes
régionales de sa propre culture ou, au moins, d’une culture assimilée et retranscrite par elle. Les
instrumentistes font partie des bagages accompagnés et constituent la chambre d’écho exotique
ou de divertissement justificatif, aux dires des musicologues parisiens venus expliquer doctement
aux Arabes orientaux ce qu’est la musique arabe ou orientale. La Kabylie, le Moyen-Atlas, c’est un
peu comme la Lozère ou les Basses-Alpes puisque les lieux, gens et cultures ont été appropriés de
façon jacobine. Mais en même temps ce ne peut être cela parce que, protectorat ou non,
extension métropolitaine outre-Méditerranée ou non, il ne saurait être question d’attribuer aux
sociétés indigènes, à leurs arts et traditions, le même statut que celui dont ils et elles jouissent
dans le cadre français.

Or le Maghreb de 1930 n’est guère une aire totalement maîtrisée où règne un calme absolu,
comme le laisserait volontiers entendre le discours officiel français de l’époque. En Algérie, les
fêtes du centenaire de l’occupation sentent le XIXème siècle et un colonialisme de grand-papa qui
rêve de se prolonger plutôt que l’affirmation dans le XXème. "Une colonisation individualiste et
autoritaire" (Charles-André Julien) triomphe sans modestie par une assemblée, les Délégations
financières, interposée. Sans se préoccuper des besoins et mécontentements d’une population
algérienne en pleine expansion démographique et condamnée aux miettes, à la marginalité ou à
l’utopie. Sans percevoir ce qu’un ouvrage comme Le jeune algérien d’un certain Ferhat Abbas,
publié en 1931, pouvait avoir de révélateur des contradictions propres au système colonial et de
potentiellement mobilisateur pour l’élite "indigène". Sans entendre, dans la voix des quelques
lettrés arabisants réformistes, autre chose que la rancœur désaccordée, de "vieux turbans". Sans
percevoir l’ampleur que pourraient prendre un jour les slogans séparatistes lancés par un Messali
Hadj et ses confrères de l’Etoile nord africaine, dissoute officiellement en 1929 mais prête à
renaître dans la légalité sous une appellation à peine différente. Sans chercher à assumer leur
part dans l’amortissement de la crise économique mondiale autrement qu’en obtenant toujours
plus de l’Etat français...

Au Maroc et en Tunisie, les protectorats ont laissé subsister des pouvoirs autochtones d’essence
théocratique mais les vrais gouvernants sont les proconsuls français pratiquant l’administration
directe de fait sous une co-souveraineté de droit, et favorisant les empiétements de la
colonisation sur les terres indigènes et du système juridique français sur les droits locaux, le tout
au nom du progrès social et du développement économique.

Dans le Maroc de la décennie 1920-1930, on a pu noter les signes avant-coureurs de frustrations


et révoltes. La "guerre du Rif" était-elle bien la dernière manifestation d’une ère de rébellion
rurale, désormais révolue, ou l’annonce d’un nouveau nationalisme ? Et la sanction d’une
politique berbère, plutôt larvée jusque là, par le dahir du 16 mai 1930, enlevant au sultan une
partie de ses prérogatives en matière juridictionnelle et excluant la communauté berbère de sa
souveraineté, n’aboutit-elle pas à l’opposé de ce que ladite politique prétendait atteindre, en
mobilisant les Jeunes Marocains dans une campagne anti-française ? En 1932 justement, est
créée la revue Maghreb, où la contestation de la politique coloniale s’exprime ouvertement.

En Tunisie, le parti Jeune Tunisien avait réclamé dès après la première guerre mondiale une
constitution (destour). Et de ce moment à l’émeute de Monastir, en 1933, mouvements syndicaux
et revendications politiques n’ont cessé de s’en prendre aux pouvoirs et méthodes français. Avec,
comme point d’orgue, ce congrès eucharistique de Carthage de mai 1930, provocation inutile, qui
apparaît comme une nouvelle "croisade", et vient s’ajouter aux conversions annoncées par
Lavigerie (dont une statue est érigée en plein Tunis), aux inaugurations d’églises en d’autres lieux
(telle celle de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus à Khemisset au Maroc en 1932), aux subventions
officielles aux communautés et écoles chrétiennes, de Rabat à Tunis.

Le "faux apogée" décrit par Jacques Berque (Le Maghreb entre deux guerres), c’est en fait le
début de la remise en cause des empires. Au contact de l’Occident et sous l’effet de ses
démembrements, la société coloniale se transforme ; de paysanne elle devient urbaine. Une
intelligentsia prend la parole et retourne la terminologie et l’idéologie françaises contre ses
acteurs et diffuseurs principaux. Colons et administrateurs du côté français, traditionalistes et
modernistes, mais aussi islamisants et nationalistes du côté maghrébin s’affrontent ou s’allient,
recomposant la sphère politique au gré des situations et créant autant de facteurs d’inquiétude.
Le bel ordre colonial se lézarde. Pas étonnant, dans ces conditions, que la puissance coloniale se
préoccupe de redynamiser et de glorifier les cultures anciennes, "arts indigènes", traditions
musulmanes", us et coutumes, rites et rythmes. Venir exhiber une musique qui est "l’essence"
même ou "l’âme" des peuples dont on dit avoir la charge cela participe autant de la parade
destinée aux étrangers que de la représentation à usage interne, aux Maghrébins eux-mêmes. Ne
serait-ce que pour tenter de les renvoyer à leurs cultures, au moment où ils commencent à
regarder ailleurs et alors que les dites cultures ont été en grande partie discréditées.
• Le Moyen-Orient. Au Moyen et Proche-Orient, les conditions sont certes différentes, mais pas
au point d’y voir un absolu contraste avec l’ouest du monde arabe. Il n’y a pas de monopole
politique exercé par une seule puissance mais une répartition/compétition franco-anglaise sur la
région et l’on ne va pas tarder à voir poindre les poussées allemandes et italiennes.

Damas et Bagdad, exemples prestigieux des capitales culturelles et politiques de la civilisation


musulmane à son zénith ne sont plus que de grosses sous-préfectures selon les canons nord-
méditerranéens. Les puissances européennes y ont pénétré en coin ; en s’alliant au besoin avec
des minorités musulmanes et en mêlant avec plus ou moins de bonheur commerce et politique,
argent et pouvoir.

A entendre les "maîtres de l’heure", anglais et français, la zone ne constitue pas un ensemble
ethnique homogène. Toutefois ils lui reconnaissent une unité culturelle – en dépit des influences
turques (Proche Orient) et persanes (Golfe) –, à travers la religion musulmane et la langue arabe.
Ils cherchent d’autant mieux à jouer des différents niveaux, concurrents, de solidarité, islamique
(avec ses sous-appartenances : sunnite, chiite, wahabite…), arabe, national, tribal, pour asseoir
puis maintenir leur hégémonie. En se jouant, au passage, quelques coups fourrés : les
Britanniques laissant Fayçal occuper Damas en dépit des accords secrets passés avec les Français
et avant d’appuyer la création d’un royaume d’Arabie Saoudite, en 1926.

L’Irak, sous mandat anglais, a vite regimbé et ne s’est pas satisfait des modifications apportées en
1927 au traité de 1922. La politique coloniale, à ce stade, s’est faite empirique et roublarde. Elle
libère pour mieux conserver, sur le modèle égyptien, en matière de politique étrangère et de
défense. Le 30 juin 1930 un nouveau traité annonce la fin du mandat, formellement atteinte deux
années plus tard, l’année même de la rencontre musicale du Caire.

En mars 1932, la délégation irakienne est donc toute auréolée de la gloire de représenter le
premier mandat (de type A) à avoir pratiquement acquis son indépendance ; même si la décision
de la commission des mandats de la SDN n’intervient qu’en octobre. Ce qui ne signifie pas que la
situation politique à Bagdad soit des plus nettes, puisque pro et anti-anglais, factions sunnites,
grandes familles contrôlant l’économie, courants nationalistes, continuent à s’opposer. Mais, du
point de vue du droit, l’Irak est quasi libre. La musique que le nouvel Etat donne à entendre,
laisse-t-elle percevoir cette réussite-là ?

En Syrie, le rêve du grand royaume arabe de Damas, avec Fayçal à sa tête, a vécu. Le soulèvement
des années 1925-27 n’a abouti qu’à une répression militaire brutale de la part de la France et au
fractionnement politique du territoire en trois Etats. La "nouvelle" Syrie a une existence légale
mais sous mandat français. Elle vit donc sous le régime autoritaire d’un Haut-Commissaire plus
préoccupé de suivre les ordres venus de Paris ou d’y suppléer de son propre chef que d’entendre
les revendications locales. Celles-ci aboutissent tout de même à des élections constituantes
obtenues en 1928, donc avec une constitution à la clé. Mais, le Bloc national et son aile
indépendantiste représentant une menace trop précise, la constitution est suspendue et
l’assemblée dissoute. Les élections qui suivirent, fin 1937, produisirent une majorité plus
conforme aux désirs de la puissance mandataire. Pas assez toutefois, puisque la chambre fut
presque aussitôt suspendue à nouveau. Un traité franco-syrien était dans l’air, à l’image de celui
signé à Bagdad et auquel poussait la SDN... qui prit quatre ans et que finalement le Parlement
parisien se gardera bien de ratifier. Institutions et traité, ces "deux problèmes" sont dans
"l’impasse" (André Raymond, Jacques Thobie).

Au Liban, un régime constitutionnel bicaméral a pu être mis en place entre 1926 et 1929 avec des
pondérations confessionnelles entre communautés, chrétiennes maronites et sunnites
particulièrement – dans le cadre du statut mandataire. Mais, là encore, l’accord n’a pu s’établir
longtemps. Et si de 1929 à 1932 un équilibre paraît atteint, les rapports entre nationaux et
Français se détériorent et le Haut-Commissaire recourt à son tour à une formule qui a fait ses
preuves : la suspension de la constitution.

Avec l’Egypte, il faut bien y venir, nous sommes en présence d’un pays théoriquement souverain
depuis la fin du protectorat britannique (21 février 1922). Mais les Anglais sont toujours là. Ils ont
gardé le contrôle des secteurs clé. Et les capitulations demeurent, pour survivre jusqu’en 1937.

Un sultan, qui a pris le titre de roi, Fû’ad, est en place depuis 1917. Il gouverne en s’appuyant sur
un texte constitutionnel, à partir d’avril 1923, avec un parlement composé de deux chambres.
Aux tendances autocratiques grandissantes du souverain tente de s’opposer (quand elle ne peut
composer avec elles) une bourgeoisie composite de commerçants, de financiers, de propriétaires
terriens, d’industriels, d’intellectuels, avide elle-même d’accéder aux commandes. Elle a eu en
Saad Zaghlul un leader et dans le Wafd un parti. Aux affrontements entre monarque et classes
montantes s’ajoute la montée en puissance de l’Association des Frères musulmans, fondée dès
1928 par Hassan al-Banna (qui s’installe au Caire justement en 1932) et qui se politise de plus en
plus. Pendant qu’à l’Académie militaire est en train de se former une génération d’officiers qui
prendra le pouvoir deux décennies plus tard.

En 1932, l’Egypte fête dix ans d’indépendance. Mais celle-ci reste assez théorique tant l’emprise
britannique se fait sentir. Et la période est marquée par des tentatives avortées d’arriver à un
modus vivendi avec Londres. Tous les efforts de conciliation de la part du gouvernement égyptien
apparaissent comme autant de trahisons de la part des groupes, associations et mouvements qui
ne sont pas partie aux négociations. La surenchère pour l’indépendance complique la vie
politique et le bon fonctionnement du régime. Celle-là est littéralement empoisonnée par les
conflits à répétition entre Fû’ad et le Wafd ; le premier déployant une grande partie de son
énergie et de son astuce politique pour écarter le second du chemin menant au pouvoir et ce
dernier ne tirant jamais tous les profils politiques de ses succès électoraux successifs.

La période n’est qu’une succession de luttes entre le législatif et l’exécutif. En juillet 1928, le
Parlement est dissous et les élections renvoyées à trois ans de là ; le gouvernement légiférant par
décrets. Le retour à la normale s’effectue cependant dès l’année suivante, puisqu’en décembre
1929 une nouvelle institution est promulguée et des élections sont organisées. Le triomphe sans
précédent du Wafd ramène Nahas Pacha à la tête du cabinet. Pas pour longtemps, il est renvoyé
en juin 1930 et le Parlement ajourné puis dissous le mois suivant, la constitution abolie en
octobre et l’on revient à la législation par l’exécutif. Le nouveau texte constitutionnel aboutit au
renforcement des pouvoirs du souverain, avec un gouvernement responsable devant lui seul.
Ismail Sidqi, homme du roi, Premier ministre, lance un Parti du peuple qui est plutôt un parti du
roi, détenteur d’une majorité parlementaire après "adaptation" de la loi électorale. Fû’ad n’en
remercie pas moins le chef de gouvernement pour constituer un autre cabinet à sa dévotion le 20
septembre 1932. Le Parlement est dissous une fois de plus et une fois de plus on parle d’une
nouvelle constitution...

L’année 1932 est donc celle du régime d’exception, comme si une expérience parlementaire de
dix ans était nulle et non avenue. C’est aussi celle des luttes politiques, qui ont même conduit à
des affrontements violents, des attentats notamment avant les élections de juin 1931, et qui
révèlent que les syndicats représentent une force politique non négligeable. C’est encore celle où
la crise économique (affolement des prix mondiaux, de la vente et de la production), fait sentir
ses effets, que tempère mal un nouveau régime douanier destiné à protéger le marché intérieur
(1931).

Et si, dans ce contexte trouble, le Congrès de musique participait d’une entreprise de


détournement du politique, de l’endogène égyptien par le biais de l’exogène arabe ? S’il servait à
sortir du cercle intérieur en rappelant les cercles extérieurs ? S’il affirmait aussi, d’une part, une
primauté nouvelle, l’oriental devenant arabe et l’arabité ayant son centre au Caire ? Et s’il
prétendait d’autre part – à partir du fonds classique, du "vieil orchestre takht" évoqué par
Jacques Berque (in Les Arabes d’hier à demain, 253), du chant "bédouin", de la tradition
nubienne mais aussi du théâtre populaire développé dans les années 1920 et des audaces des
nouvelles vedettes des ondes – imposer sa propre version du qualificatif arabe, au besoin aux
doctes analystes venus d’Occident ?

Le climat politique qui règne au moment du Congrès de Musique arabe du Caire ne peut être
ignoré. La mainmise franco-britannique sur l’ensemble de la région en a fait un domaine réservé
des puissances coloniales traditionnelles. Et la Palestine – arrachée à la nation arabe pour jeter
les bases d’un Etat juif indépendant où sont arrivés déjà des dizaines de milliers d’immigrants – a
démontré que Londres dispose même de territoires, d’individus, à sa guise, même si le livre blanc
de 1930 cherche à rassurer les Arabes et leurs porte-parole : Congrès palestinien, Congrès
islamique mondial, Congrès arabe de Jérusalem (1930-1931).

Au moment où sont plaqués les premiers accords des cordes, où résonnent les premières
percussions et où chantent les premières flûtes, où s’ouvrent les premiers débats entre experts,
nous sommes en pleine aliénation impérialiste avec des hésitations, des contradictions, des
louvoiements, et alternances de répressions et concessions.

Nous sommes aussi au cœur des tentatives de désengagement, en présence de nationalismes


divers, les uns légalistes encore dominants, les autres extrémistes dont on perçoit d’autant mieux
les voix que les premiers ne parviennent pas à leurs fins.

Le constitutionnalisme nationalitaire, s’il est bien à l’œuvre et capable de mobiliser au-delà des
milieux cultivés, doit néanmoins composer, dialoguer, avec plus puissant que lui, tout en assurant
(et rassurant) ses bases populaires. Et nous n’avons rien dit des désaccords et rivalités inter-
arabes…

Nous sommes enfin dans un contexte mondial de désenchantement, au beau milieu d’une queue
de crise économique qui a frappé la planète entière et ce dix ans après une guerre quasi
universelle elle aussi. Dans un temps de doute sur les capacités de la démocratie à assurer
l’avenir des peuples et l’équilibre du monde...

Tout ceci, il convenait de l’évoquer, même s’il n’est pas question d’en apprécier les répercussions
sur les origines du Congrès, ses développements, l’atmosphère et le contenu de ses débats et ses
suites. Et l’on se gardera de transposer de façon mécanique les conditions politiques générales
dans lesquelles se déroule une manifestation culturelle et artistique, sur les expressions
musicales et savantes qui en sont les produits.

Présentation

Traduction : Philippe Vigreux

Le 14 mars 1932, s’ouvrait au Caire le premier Congrès de Musique arabe, lequel, à l’heure où
l’idée d’une rencontre orient-occident pour débattre de problèmes musicaux n’était pas au rang
des préoccupations majeures, allait marquer un tournant dans les annales de cet art et y figurer
comme un événement saillant. En vérité, l’idée d’une telle rencontre n’aurait pu être vouée au
succès si elle n’avait répondu à un besoin pressant de renouveau et aux vœux conjugués des
classes gouvernantes de cette Egypte royale et d’un grand nombre d’intellectuels et musiciens de
ce pays.

Malgré l’importance historique de l’évènement ayant marqué les esprits d’une empreinte quasi
légendaire et dont tous les spécialistes de musique extra-européenne ont reçu les échos, ses
perspectives n’ont jamais été clairement entrevues et ses véritables acquis restent à définir.

D’après les documents qui nous sont parvenus, le Congrès s’était fixé divers objectifs qui tiennent
en deux points essentiels :

Fixer les lois de la musique arabe longtemps soumise à la tradition orale et l’organiser sur des
bases scientifiques
Faire évoluer cette musique en s’inspirant des concepts européens tant sur le plan scientifique
que technique.

En fait, les règles de la musique arabe, malgré sa transmission orale et bien que les documents du
Congrès ne fassent aucune allusion aux systèmes antérieurs, avaient été déjà plusieurs fois
systématisées et codifiées tout au long de l’histoire jusqu’à la période récente. En outre, la
pensée que le Congrès du Caire ait pu regarder toutes ces tentatives de théorisation antérieures
comme dénuées de valeur scientifique est sans fondement, d’autant qu’une...

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