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(1829-1971)
L'HISTOIRE
des prêtres et par des juges que vous avez été ass
lement? - Il me répondit oui. - Et qui étaient donc
- C'étaient des hypocrites... - Vous voulûtes donc
une nouvelle religion? - Point du tout, je leur disais
Aimez Dieu de tout votre cœur et votre prochain com
car c'est là tout l'homme. Jugez si ce précepte n'est
cien que l'univers, jugez si je leur apportais un culte
ne cessais de leur dire que j'étais venu non pour abo
pour l'accomplir... - J'étais près' de le supplier de v
dire au juste qui il était, mon guide m'avertit de n'e
me dit que je n'étais pas fait pour comprendre ces m
mes. Je le conjurai seulement de m'apprendre en qu
vraie religion. - Ne vous l'ai-je pas déjà dit? Aime
prochain comme vous même. . . - Eh bien ! s'il en est
prends pour mon seul maître. - Alors il me lit un si
me remplit de consolation. La vision disparut, et la b
me resta. »
(1) Le titre exact est : Vie de Jésus traitée ďune manière criti
I.
II.
(1) Le miracle des noces de Cana, moins important, mais public aussi et éclatant à
sa manière, ne se trouve également que dans le quatrième évangile.
pour tous les yeux; mais M. Renan a raison de dire qu'ici mêm
n'est pas Marie qui préoccupe l'écrivain : il veut surtout relev
disciple aimé , en faisant ainsi parler Jésus, qui le déclare son
ritier et son frère. Ce qui fait bien voir que ce n'est pas elle
a en vue, c'est qu'elle s'efface de nouveau tout de suite après,
chose bien frappante, il n'est pas dit seulement que Jésus
suscité se soit montré à sa mère, tandis que tant d'autres app
tions nous sont racontées avec détail. Ainsi ce passage mêm
contredit pas, au sujet de la mère de Jésus, l'impression géné
qu'on reçoit des Évangiles, où elle paraît si peu et si rarem
son honneur. Et nous ne serons plus étonnés quand nous verr
que dans les Lettres de Paul elle n'est pas nommée une seule f
et que pas un mot absolument ne s'y rapporte à elle, ce qu
paraître si étrange à des orthodoxes d'aujourd'hui. On ne s'avi
guère en ces temps-là des mystères de la conception immaculé
Voilà les détails; mais, même dans l'ensemble, M. Renan me
raît trop complaisant pour la légende sacrée et trop facile à a
ter, sous le nom de Jésus, un Jésus imaginaire, plus grand et
pur que rien d'humain ne saurait l'être. M. de Sacy a dit : « S
sus-Christ n'est pas Dieu dans l'ouvrage de M. Renan, il es
core le fils de Dieu ; je ne sais pas trop à la vérité pourqu
comment. » Voici ce pourquoi et ce comment, si je ne me tro
Si Jésus est dans ce livre un homme à part, demi-Dieu et fils
Dieu , un homme de proportions colossales , s'il est placé au p
haut sommet de la grandeur humaine , si en lui s'est condensé
ce qu'il y a de bon et d'élevé dans notre nature , si enfin l'au
déclare que Jésus ne sera pas surpassé, et que tous les siècles
clameront qu'entre les fils des hommes il n'en est pas né de p
grand que Jésus, tout cela, à mon sens, peut être traduit a
Jésus est le seul homme historique qui n'ait pas d'histoire.
saisissons la personne réelle dans les autres, en lui nous n'a
gnons que le personnage idéal. J'ai rappelé déjà le mot de J
Jacques : « Si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la vi
la mort de Jésus sont d'un dieu. » En effet Socrate est, comm
dit, percé à jour. Nous connaissons sa figure et son nez retro
Nous n'ignorons ni sa femme Xanthippe ni l'humeur de Xanth
Nous le suivons à l'agora, aux gymnases, à table, au lit; nou
sistons à ses amusemens avec ses amis ou à ses disputes ave
adversaires ; nous l'accompagnons dans l'atelier d'un peintre,
la boutique d'un marchand, ou chez la belle Théodote, qui
pour un portrait. Nous l'entendons, pour ainsi dire, toutes le
qu'il parle et aussi longtemps qu'il parle. Celui qu'on entend ca
ser, celui qu'on voit rire, ne sera jamais un dieu. Je ne sais si J
(1) « Je ne voudrais pas, quant & moi, remplir ces vides par des suppositions qui
mêleraient le roman à la poésie. » (Vie de Jésus, p. 379, ligne 1, et p. 403).
(2) « Il est probable aussi que beaucoup de ses fautes ont été dissimulées. » (P. 458.)
On ne peut trop redire qu'il n'y a pas moyen de faire A l'auteur une objection qu'il
n'ait prévenue.
J'ai été long, trop long peut-être, car j'ai risqué de dis
lecteurs de l'intérêt dominant de mon sujet. En effet, la