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PLANÈTE • SANTÉ-ENVIRONNEMENT

Le Groenland d’il y a deux millions d’années


dévoilé par l’ADN environnemental
Mastodontes, lièvres, rennes et végétation diversi�iée : c’est l’écosystème inédit
révélé par des analyses génétiques, qui doublent le précédent record d’ancienneté.

Par Hervé Morin

Publié le 07 décembre 2022 à 17h00, mis à jour le 07 décembre 2022 à 18h15


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Vue d’artiste illustrant l’écosystème du nord du Groenland il y a deux millions d’années.


BETH ZAIKEN

C’est sans doute la marque des grands scienti�ques que de reconnaître s’être trompé. « En 2005, j’avais
écrit que nous ne pourrions pas accéder à de l’ADN ancien de plus d’un million d’années. A l’évidence,
j’avais tort. » Et Eske Willerslev (université de Cambridge) en est ravi : à la tête d’une équipe
internationale, il publie dans la revue Nature du 8 décembre une étude qui pulvérise les records
d’ADN ancien. Et permet de décrire non pas un individu, mais tout un écosystème, la faune et la �ore
du nord du Groenland il y a deux millions d’années, quand la région était en moyenne d’une dizaine
de degrés plus chaude qu’aujourd’hui – en raison de la position et de l’inclinaison de la Terre par
rapport au Soleil.

Eske Willerslev était sans doute le mieux placé pour démentir ses propres prédictions. En 2003, il
avait publié dans Science la première analyse d’ADN environnemental (ADNe), tiré non pas d’un
fossile, mais de sédiments gelés ayant piégé le patrimoine génétique d’êtres disparus. Il déclenchait
une révolution combinant ADN ancien et environnemental, qui s’est accélérée ces derniers mois.

A l’été 2021, celle-ci a conduit par exemple à décrire les populations humaines ayant occupé la grotte
de Denisova dans l’Altaï russe, au cours de 300 derniers millénaires, même en l’absence de fossiles.
Tout récemment, début octobre, de l’ADN de diatomées vieilles d’un million d’années avait été décrit
dans des sédiments marins récupérés en Antarctique. Le record toute catégorie pour l’ADN ancien
était détenu depuis début 2021 par des dents de mammouths sibériens vieux de plus d’un million
d’années.

Forêt ouverte

Eske Willerslev et ses collègues nous emmènent donc deux fois plus loin dans le temps, et toujours
plus au nord. Un voyage scienti�que de longue haleine. « C’est la plus longue étude à laquelle j’ai
participé », a raconté le chercheur lors d’une téléconférence de presse, mardi 6 décembre. Les
premiers échantillons de sédiments ont été récupérés en 2006 dans la région la plus septentrionale
du Groenland. Une contrée désolée, « sorte de Sahara dans des conditions polaires, où ne subsistent
que des lichens et des mousses », décrit le chercheur.

Lire aussi | Séquencer l’ADN de l’environnement : une technique qui fait sa révolution

Mais jusqu’à une poignée d’années, ces échantillons tirés du permafrost se refusaient à livrer leur
in�me cargaison d’ADN, fermement accrochée – les scienti�ques parlent d’adsorption – aux grains de
quartz et plus encore à l’argile. « Cette di�culté à extraire l’ADN était aussi un indice d’une meilleure
conservation », explique Karina Sand (université de Copenhague), qui a �nalement trouvé comment
en extirper la fragile molécule – laquelle peut donc aussi être retrouvée par ce moyen dans des
régions où elle n’aurait pas été protégée par le froid. Les plates-formes de séquençage et les outils de

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comparaison bio-informatique ont alors pu tourner à plein régime.


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