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INTRODUCTION
Si le physicien devait retenir un tout petit nombre de mots pour appréhender
la compréhension du monde qui nous entoure, les mots suivants : matière, interactions,
énergie, seraient sélectionnés ; les concepts respectifs associés à ces trois mots, tout en
étant distincts et liés, sous-tendent à la fois la diversité et l’unité du monde. Cet article
s’inscrit dans la continuité des deux précédents déclinés autour des mots matière [1-2]
et force [3-4].
♦♦ Dans cette partie, il s’agit d’étudier le concept d’énergie, dont le but est, en phy-
sique, d’introduire un invariant qui permet d’unifier une multitude de phénomènes.
L’énergie est à la fois une et multiple, c’est un concept scientifique que le langage
courant s’est largement approprié : ses différentes significations, celles du contexte
quotidien et celles des contextes scientifiques interfèrent souvent, et pas toujours de
manière constructive ! Le rôle du professeur de sciences est de pointer et d’expliciter
ces écarts pour que l’élève puisse prendre conscience que c’est à l’aide des connais-
sances scientifiques qu’il pourra structurer savoir et réflexion.
♦♦ Dans une possible seconde partie, l’idée serait de réfléchir sur l’énergie en tant que
concept transversal afin de voir, dans une perspective interdisciplinaire, comment les
apports des autres disciplines peuvent s’articuler et prendre sens pour l’élève, c’est-à-
dire lui permettre de comprendre les enjeux liés aux défis énergétiques des sociétés
futures.
peut pas être identifié dans le monde matériel, ni même être en lien avec une repré-
sentation, contrairement au concept de force (la force est représentée par un vecteur).
Comme le souligne Béatrice Salviat dans le document « Comment se transforme
le monde ? » [5] : « Il y a “les énergies”, qui désignent aussi bien le pétrole et le gaz naturel
que le Soleil ou le vent. Il y a “l’énergie”, qui unifie les interactions entre des phénomènes en
apparence très différents, par la grâce du joule, unité du Système international ». En physique,
c’est le principe fondamental de conservation de l’énergie, et par la suite la mesure de
l’énergie, qui signe son universalité et qui permet finalement de la définir.
Figure 1 - Gaston Lagaffe obtient la permission d’apporter au bureau le gros lot qu’il a gagné.
© http://www.toutallantvert.com - planvert.fr
Figure 3 - Un hamburger et une Formule 1.
C’est la confusion entre les concepts de puissance et d’énergie qui sous-tend cette
question. La réponse est dans l’article « Un hamburger a-t-il plus d’énergie qu’une
Formule 1 ? » [13], article écrit par trois auteurs des trois disciplines scientifiques (les
Sciences de la vie et de la Terre, la technologie et la physique-chimie).
formation d’un concept formel qui « relève d’un effort de réflexion de la pensée sur elle-
même, l’abstraction mise en jeu est d’une tout autre nature que l’abstraction à l’œuvre dans la
construction de concept catégoriel. Si l’abstraction porte sur :
♦♦ des objets matériels, on parle d’abstraction empirique ;
♦♦ des idées, on parle d’abstraction réfléchissante. »
Il a fallu un long cheminement d’environ un siècle en science avant de construire
le concept d’énergie ; dans un premier temps, les mots force, travail servaient de référence,
et c’est un chemin compliqué et tortueux, qui ne s’acheva qu’à la fin du xixe siècle « en
traversant un ensemble de sciences et de techniques, de la mécanique à la thermodynamique, de la
théorie des machines thermiques à la physiologie » ([12], p. 247) qui a conduit à la clarifica-
tion conceptuelle de l’énergie.
Albert Einstein précise, dans son livre L’Évolution des idées en physique [16], l’enjeu
de la physique : « La physique est un système conceptuel logique en développement dont les
fondements ne peuvent être obtenus par distillation de l’expérience sensible, selon une méthode
inductive, mais seulement par la libre invention de l’esprit humain. Dans l’effort que nous faisons
pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le
mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, mais il n’a aucun
moyen d’ouvrir le boîtier. S’il est ingénieux, il pourra se former quelque image du mécanisme,
qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit
la seule capable d’expliquer ses observations […]. Il [le chercheur] pourra croire à l’existence
d’une limite idéale de la connaissance que l’esprit humain peut atteindre. Il pourra appeler cette
limite idéale la vérité objective. »
Dans cette phrase, Albert Einstein ne nie pas l’importance des faits expérimentaux,
il exprime que la pensée ne peut pas être déduite logiquement à partir d’une pure ana-
lyse des faits, mais que le choix des concepts scientifiques fondamentaux est une libre
invention de la pensée ; à ce stade, il s’agit de concepts formels. L’énergie est l’un de ces
concepts formels qui a été difficile à appréhender par les scientifiques et qui demandera
aux élèves un certain temps d’apprentissage avant d’y accéder.
Figure 4 - Un chien
Figure 5 - Un animal. Figure 6 - Une moto.
mécanique.
Remarque
Cette même idée est aussi indiquée par Richard Feynman quand il précise que
l’énergie n’est pas la source des transformations de la matière, mais une quantité qui
caractérise ces transformations.
Il est en effet très important que les élèves repèrent l’intrus et intègrent le plus
tôt possible que la prise de courant n’est pas une ressource en énergie que l’on trouve
dans la nature. Cette prise de conscience permettra de comprendre la différence entre
énergie primaire et énergie secondaire.
On voit ici que l’élève a classé l’eau dans la colonne de droite, la considérant comme
un phénomène (l’eau en mouvement), alors que d’autres élèves placent l’eau dans la
colonne de gauche, considérant l’eau comme un « objet » (l’eau, statique, stockée dans
le barrage). Il en va de même pour le Soleil, quelques rares élèves citant la « chaleur
envoyée par le Soleil » et classant celui-ci dans la colonne des phénomènes.
Il est important de voir que, dans cette activité, il n’y a pas une seule « bonne ré-
ponse », dans la mesure où l’élève est capable d’expliquer pourquoi il a fait ce choix.
L’échange des arguments entre les élèves est riche, et permet d’approcher la notion
de ressource en énergie.
♦♦ Deuxième tri possible : ressources « renouvelables » ou « non renouvelables »
Ce deuxième critère pour trier les ressources peut aussi être évoqué par les élèves qui
vont s’interroger sur les stocks des matières premières présentes sur la Terre, c’est-à-
dire la pérennité du stock, leur « épuisabilité ».
2.2. Quel phénomène physico-chimique est mis en jeu dans l’exploitation des ressources
en énergie ?
Consigne donnée aux élèves
Associer, par une flèche, chaque ressource en énergie au phénomène mis en jeu
lors de l’exploitation de cette ressource.
Remarques
♦♦ Cette activité est une anticipation pour introduire la classification des formes d’éner-
gie (et non plus des ressources) présentée au sous-paragraphe 3.2. : Classification
scientifique des formes d’énergie.
♦♦ On voit, dans cette activité, que le mot électricité n’apparaît pas dans la liste des phé-
nomènes mis en jeu.
A B C D
Remarques
♦♦ La contribution de l’énergie solaire est à la base de toutes les contributions d’énergie.
♦♦ L’énergie « éolienne » fait référence à l’Antiquité, Éole étant le dieu du vent. Là, c’est
une référence au champ social via la mythologie qui justifie l’adjectif qualificatif
éolienne pour la forme d’énergie associée au vent.
Pour récapituler, on peut dire que la nature nous livre, à partir des ressources dis-
ponibles, quatre formes d’énergie :
♦♦ l’énergie chimique contenue dans les ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz natu-
rel) ou dans la biomasse (bois, végétaux, déchets) ;
♦♦ l’énergie mécanique du mouvement de l’eau ou du vent ;
♦♦ l’énergie thermique due à l’activité interne de la Terre ;
♦♦ l’énergie nucléaire des isotopes fissiles de l’uranium ou de l’hydrogène à l’intérieur
du Soleil.
Remarque
Un travail de réflexion effectué à ce sujet par le groupe SÉSAMES(1) [23] est
proposé :
♦♦ en annexe 2, une activité sur les sources et les formes d’énergie intitulée : Sources
d’énergie, formes d’énergie : de quoi parle-t-on ? [24] qui s’appuie sur le document en
annexe 3.
♦♦ en annexe 3, une description détaillée des sources d’énergie [24].
Le choix des différentes formes de stockage est d’une part conditionné par les
performances des convertisseurs qui transforment l’énergie, d’autre part lié à l’usage, à
la durée de vie, au coût de fonctionnement et à la compacité des dispositifs de stockage.
Puisque l’électricité n’est pas stockable à grande échelle sous forme intermédiaire, il
s’agit d’optimiser le transfert (le moins de perte possible) et la distribution (la réparti-
tion de la production en fonction de la demande).
La transformation-conversion et le transfert de l’énergie sont deux propriétés de
l’énergie difficiles à appréhender par les élèves. Une première étape consiste à clarifier
les différences entre ces mots (cf. sous-paragraphe 4.1.) avant de donner des exemples
de transfert d’énergie (cf. sous-paragraphe 4.2.) puis des exemples de conversion
d’énergie (cf. sous-paragraphe 4.3.) et enfin d’expliquer à l’aide de deux exemples, la
pile et le soleil, comment sont imbriqués les conversions et les transferts (cf. sous-para-
graphe 4.4.).
Figure 14 - Lien entre les phénomènes observables et les transferts d’énergie [24].
Figure 16 - Transfert de l’énergie mécanique issue du moteur à la cabine via la poulie motrice
et le câble tracteur.
© http://www.techniquesduson.com/serieparallele.html
Figure 17 - Transfert électrique de la pile à la lampe via le circuit.
Remarque
Il faudra être attentif au fait que les mots thermique et mécanique ont cette particu-
larité de pouvoir être associés à la fois à une forme d’énergie (associée à un stockage
d’énergie) et à un transfert d’énergie, alors que les adjectifs électrique et lumineux ne
sont associés qu’à des transferts d’énergie.
Remarque
Dans la mesure où un convertisseur ne fait que « recevoir » et « donner », en anti-
cipant sur le paragraphe 5., la représentation associée à un convertisseur sera toujours
du type ci-dessous (cf. figure 21).
(2) http://pegase.ens-lyon.fr/theme.php?rubrique=1&id_theme=66
Remarques
♦♦ Même s’il n’est pas question d’utiliser au quotidien ces expressions un peu lourdes
que la science amène à introduire, il est important qu’au cours de son apprentissage,
l’élève ait eu accès, à un moment donné à ce que la science dit, pour qu’il puisse
structurer son savoir et développer son esprit critique.
♦♦ Le problème auquel on est confronté dans cet enseignement de l’énergie est de
savoir à quel niveau d’enseignement il est possible d’assimiler pour l’élève cette cor-
respondance entre le vocabulaire courant et le vocabulaire scientifique. Un élève
pour lequel un tel apprentissage serait consolidé n’aura aucun souci, comme le fait
le professeur, à passer d’un usage courant à un usage scientifique, sans confondre les
deux pour autant.
5. CONSERVATION DE L’ÉNERGIE
Pour appréhender le principe de conservation de l’énergie comme énoncé dans
le livre Introduction à l’énergie ([27], p. 19) : « L’énergie se conserve, quelles que soient les
conversions qu’elle subit, ses transferts et ses formes de stockage ». Il est nécessaire d’introduire
la notion de systèmes (objets en interaction).
Ces systèmes peuvent avoir plusieurs fonctions vis-à-vis de l’énergie : réservoirs
ou convertisseurs d’énergie, certains objets ayant parfois les deux fonctions en même
temps, comme nous l’avons vu dans le paragraphe 4. Les échanges d’énergie entre ces
systèmes sont des transferts d’énergie.
Figure 24b - Schéma normalisé du circuit
Figure 24a - Lampe reliée à la pile.
électrique.
Dans la chaîne énergétique, l’énergie, en tant que grandeur d’état, qui caractérise
la quantité d’énergie d’un système est représentée au niveau des réservoirs, alors que le
transfert d’énergie est représenté par des flèches (cf. figure 28, page ci-après).
Remarque
Avant d’aborder la construction de la chaîne énergétique (cf. figure 26), on peut
procéder par étapes et introduire au cycle 3 des éléments de la chaîne d’énergie, comme
par exemple en représentant la conversion d’énergie qui a lieu dans la lampe.
elle chauffe et cette réalité n’est pas désirée ; force est de reconnaître que ce transfert
thermique n’est pas intéressant (car non utile).
L’expression de « perte d’énergie » pose quelques difficultés à l’élève qui, de façon
abusive, peut en déduire que l’énergie disparaît. En effet, l’énergie ne disparaît pas
même si elle est dégradée (non utilisable sous la forme attendue). L’exemple d’une per-
sonne qui dit : « j’ai perdu mes clés » peut aider l’élève à comprendre ; les clés demeurent,
même si la personne n’en a plus l’usage.
© SaT
Figure 29 - Une perceuse mécanique convertit une partie de l’électricité transférée par le secteur
en énergie mécanique [29].
Remarque
Si le physicien raisonne en termes de flux d’énergie ou « énergie de flux » [30],
l’économiste va raisonner en rythme de production et de consommation d’énergie.
« Les choix énergétiques à l’échelle d’un pays concernent la façon de “produire” de l’énergie qui
va être “consommée” » [30].
Exemple
CONCLUSION
Cet article résume les propriétés essentielles pour aborder le concept d’énergie :
♦♦ la distinction entre ressources en énergie (concret) et formes d’énergie (abstrait) ;
♦♦ les trois notions de base : stockage, transfert, conversion, ainsi que le principe de
conservation qui forge le concept d’énergie.
Même au collège, il convient d’attirer l’attention des élèves sur le fait que l’électri-
cité peut seulement être issue de la conversion d’autres formes d’énergie, et n’est donc
pas obtenue directement à partir de ressources disponibles dans la nature.
En fonction du niveau d’apprentissage, la compréhension du concept d’énergie va
s’affiner pour l’élève. L’essentiel est que d’une part l’élève puisse comprendre de quoi
il parle à un niveau d’apprentissage donné et d’autre part qu’il soit capable de « faire
la part des choses », en intégrant d’autres regards, quand il entendra débattre autour de
l’énergie. Une harmonisation entre les différents apports disciplinaires autour du thème
de l’énergie serait intéressante aux cycles 3 et 4 du collège et, entre autres, au niveau
de la symbolique utilisée dans la chaîne d’énergie : quels codes de représentation et de
signification pour les éléments de cette chaîne ?
Il est à noter, en conclusion, que le croisement des regards entre science et éco-
nomie sur le thème de l’énergie est indispensable. À ce titre, le travail de vulgarisation
sur le thème de l’énergie mené par Jean-Marc Jancovici est fort intéressant ; ses exposés
[33] permettent de prendre du recul face à ce qui est diffusé dans les médias sur ce
thème : « l’énergie de quoi s’agit-il exactement ? », « vous êtes plutôt primaire ou plutôt
final ? ».
Avant de lézarder sur un transat à l’ombre de ce cocotier, force est d’imaginer que
l’énergie potentiellement stockée dans une noix de coco bien mûre pourrait, au cours
du transfert branche-sol, se transformer en énergie cinétique et provoquer un réveil
brutal si la chute est bien ciblée.
REMERCIEMENTS
Un très grand merci à Jacques Vince pour sa relecture avisée, à Sophie Robert
et Dany Launer pour leur disponibilité et les nombreux échanges, ainsi qu’au groupe
SÉSAMES pour la richesse et la qualité des productions mises à disposition de tous
les professeurs. Nous tenons également à remercier les maisons d’édition qui nous ont
fourni, à titre gracieux, des illustrations (cf. liste en annexe).
BIBLIOGRAPHIE ET NETOGRAPHIE
[1] D. Ducourant, « Diversité et unité : autour de la matière en cycle 3 (partie 1) », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 110, n° 989, p. 1493-1506, décembre 2016.
[2] D. Ducourant, « Diversité et unité : autour de la matière en cycle 3 (partie 2) », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 111, n° 991, p. 241-260, février 2017.
[3] D. Ducourant, « Force : du mot au concept (partie 1) », Bull. Un. Prof. Phys. Chim.,
vol. 111, n° 995, p. 759-788, juin 2017.
[4] D. Ducourant, « Force : du mot au concept (partie 2) », Bull. Un. Prof. Phys. Chim.,
vol. 111, n° 997, p. 1013-1049, octobre 2017.
[5] Document d’accompagnement de l’expérimentation, Un trimestre de la classe de
cinquième dans le sillage de La main à la pâte… Comment se transforme le monde ? :
https://www.fondation-lamap.org/fr/page/16764/comment-fonctionne-le-monde-energie-et-energies
[6] Gaston, Tome 3 : Les Gaffes d’un gars gonflé : demi-planche A, p. 13.
[7] D. Jasmin, J.-M. Bouchard et P. Léna, Graines de science 3, Éditions le Pommier, 2001.
[8] W. Harlen et P. Léna, 10 notions clés pour enseigner les sciences de la maternelle à la 3e,
Éditions Le Pommier, 2011.
[9] Dictionnaire Le Trésor de la langue française (TLF) :
https://www.le-tresor-de-la-langue.fr
[10] E. Klein, Conférence sur l’énergie :
http://www.cea.fr/comprendre/Pages/energies/essentiel-sur-energies.aspx
[11] Concepteur :Y. Hostettler, jeu de 7 familles Les Z’énergies :
http://www.toutallantvert.com
[12] B. Salviat, B. Prost et K. Allegraud, Une énergie, des énergies, Éditions Belin, 2015.
[13] D. Ducourant, B. Salviat et P. Touron, « Un hamburger a-t-il plus d’énergie qu’une
Formule 1 ? : autour du concept d’énergie », Bull. Un. Prof. Phys. Chim., vol. 110,
n° 985, p. 845-857, juin 2016.
[14] D. Ducourant, « Réflexions autour de la notion de concept », Bull. Un. Prof. Phys.
Chim., vol. 109, n° 970, p. 81-117, janvier 2015.
[15] G. Lemeignan et A. Weil-Barais, Construire des concepts en physique, Hachette Éduca-
tion, 1993.
[16] A. Einstein et L. Infeld, L’évolution des idées en physique, Paris : Flammarion, 1983.
[17] R. Feynman, La nature de la physique, chapitre « Qu’est-ce que la Science », Points
sciences, Seuil, 1980.
[18] Éduscol, Science et technologie (cycle 3) : identifier différentes sources et connaître
quelques conversions d’énergie :
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Energie/43/6/RA16_C3_SCTE_identifier_ener-
gie_580436.pdf
[19] R. Balian, La longue élaboration du concept d’énergie, Histoire des sciences / Évolution
des disciplines et histoire des découvertes, mars 2013 :
http://www.academie-sciences.fr/archivage_site/activite/hds/textes/evol_Balian1.pdf
[20] H. Reeves, Patience dans l’azur ; l’évolution cosmique, Seuil, 1988.
[21] J. Vince et A. Tiberghien, « Enseigner l’énergie en physique à partir de la question
sociale du défi énergétique », Review of science, mathematics and ICT education, 6(1),
p. 89-124, 2012 :
http://jvince.free.fr/prof_vince/docs/Energie/Vince&TiberghienReSMICTE6.pdf
[22] J.-L. Azan, Physique-chimie, cycle 4, Éditions Nathan, 2017.
[23] Mise en activités du groupe SÉSAMES sur les formes d’énergie :
http://pegase.ens-lyon.fr/data/rubENS/theme66/docparties/PEGASE_ENERGIE_1S_chap2_PR.pdf
[24] J. Vince et A. Tiberghien, « Pourquoi n’est-il pas pertinent de faire de l’énergie
électrique un concept de physique dans un programme d’enseignement ? », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 109, n° 976, p. 1103-1109, juillet-août-septembre 2015.
[25] J.-M. Jancovici, exposé sur le stockage de l’énergie « Est-ce facile de stocker l’éner-
gie ?» :
https://jancovici.com/transition-energetique/l-energie-et-nous/est-ce-facile-de-stocker-lenergie/
[26] O. Pujol, « Commentaire sur le terme “transfert thermique” en thermodyna-
mique », Bull. Un. Prof. Phys. Chim., vol. 112, n° 1004, p. 695-701, mai 2018.
[27] A. Tiberghien, « Introduction à l’énergie », CRDP de Lyon, 1998.
Dominique DUCOURANT
Professeure retraitée
Montpellier (Hérault)
Annexe 1
Un texte de Richard Feynman
Extrait
« Dans ce manuel, à l’usage de la classe de sixième, dès la première leçon, les choses sont mal
engagées, car l’auteur part d’une idée fausse de ce qu’est la science. On voit une première image qui
représente un chien mécanique, un de ces jouets à ressort qu’il faut remonter ; on voit ensuite une
main sur la clef du ressort et le chien se met à marcher. Et en dessous, il y a la légende : “Qu’est-
ce qui fait marcher le chien ?” Un peu plus loin, sur une autre image, on voit un vrai chien avec
la même question : “Qu’est-ce qui fait marcher le chien ?” Puis on voit une moto, toujours avec
la même légende : “Qu’est-ce qui fait marcher la moto”. Au début, j’ai cru qu’il s’agissait d’une
introduction aux divers domaines de la science : la physique, la biologie, la chimie. Mais pas du
tout. Car la réponse juste, je l’ai trouvée dans le livre du maître joint au manuel : “C’est l’énergie
qui fait marcher le chien, la moto, etc.”.
Or l’énergie est un concept extrêmement subtil, très difficile à bien saisir. J’entends par là
qu’arriver à comprendre suffisamment bien l’idée d’énergie pour pouvoir l’utiliser à bon escient
et en tirer des déductions correctes, ça n’a rien d’immédiat ; ça dépasse largement le niveau de la
sixième. On aurait pu tout aussi bien dire que ce qui fait marcher le chien et la moto c’est “Dieu”,
ou “la force de l’esprit”, ou “la tendance au mouvement”. D’ailleurs pour ce qui est de l’énergie,
on peut dire qu’elle arrête le mouvement aussi bien qu’elle le provoque. Adoptons maintenant
un point de vue différent et disons, à l’inverse, que c’est là simplement la définition de l’énergie.
Quelque chose qui bouge a – par définition – une certaine énergie ; mais ce n’est pas l’énergie
qui la fait bouger. La nuance est assez subtile.
Quand on pose à un enfant la question de savoir ce qui fait bouger un chien mécanique, il
faut avoir présent à l’esprit ce que serait la réponse normale. À savoir ici que le ressort a été bandé
lorsqu’on l’a remonté, et qu’il se détend en entraînant les roues dentées du mécanisme. Ce serait
une bonne idée, de commencer un cours comme ça : on prend un jouet, on montre comment il
marche, l’astuce du mécanisme. On apprend alors quelque chose sur le jouet, la manière dont il est
construit, sur l’ingéniosité de ceux qui ont conçu les engrenages… Bien. En somme, la question
posée par le manuel est bonne. C’est la réponse qui est mal venue, car ce n’est qu’une définition
de l’énergie qui ne nous apprend rien…
Mon père lui aussi aborda avec moi la question de l’énergie, mais il n’utilisa le terme
qu’après m’avoir donné une petite idée de ce que c’est. Je sais ce qu’il aurait fait, lui, pour me faire
comprendre cet exemple. Je le sais parce que le cas s’est produit à propos d’un exemple différent.
Il m’aurait dit : “C’est parce que le Soleil brille que le chien marche.” À quoi j’aurais répondu :
“Mais non, le Soleil n’a rien à voir là-dedans ! Le chien marche parce que j’ai remonté le ressort.
– Oui, mais mon petit ami, qu’est-ce qui te donne la force de remonter le ressort ? – Ce que
je mange – Et que manges-tu ? – J’sais pas… des épinards – Et qu’est-ce qui fait pousser les
épinards ? – Le Soleil.” Même chose pour le chien. Et l’essence de la moto ? C’est de l’énergie
solaire accumulée, captée par les plantes et emmagasinée dans le sol. »
Annexe 2
Activité proposée par le groupe SÉSAMES
Une activité proposée par le groupe SÉSAMES, extraite d’une séquence proposée
en intégralité [22] :
Sources d’énergie, formes d’énergie : de quoi parle-t-on ?
Formes d’énergie en physique
Rappeler les types de sources d’énergie qu’on utilise dans la vie courante ou dans le
monde économique.
♦♦ Rédiger un critère qui permet de savoir si une source d’énergie peut être considérée
comme renouvelable (cf. annexe 3).
Le modèle de l’énergie propose une façon de classer les formes d’énergie (énergie
stockable) :
♦♦ À l’aide des informations du document donné annexe 3, cocher dans le tableau 9 (cf.
page ci-contre) la forme de l’énergie stockée dans ces ressources. Dans chaque ligne
on mettra une croix.
♦♦ Quelle est la colonne vide ? Quelle ressource naturelle non encore exploitée corres-
pond à cette forme d’énergie ?
Formes d’énergie
Électrostatique
Thermique
Mécanique
Chimique
Nucléaire
…non renouvelables
Uranium
x
(ressource nucléaire)
Vent
x
(ressource éolienne)
Biomasse
x
Ressources…
(ressource de la biomasse)
Terre
x
(ressource géothermique)
…renouvelables
Soleil
x x
(ressource solaire)
Eau retenue
x
(ressource hydraulique)
Eau en déplacement
x
(ressource hydraulique)
Marées
x
(ressource marémotrice)
Tableau 9
Annexe 3
Description simplifiée des différentes sources d’énergie
Uranium
Certains atomes d’uranium constituent une res-
source d’énergie, car leur fission libère de l’énergie. Ces
atomes d’uranium sont extraits d’un minerai produit dans
les mines d’uranium. L’uranium disponible sur Terre est
celui formé lors de la formation de la Terre. La quantité
d’uranium est donc limitée.
Si la fusion nucléaire (ayant lieu dans les étoiles)
venait à être maîtrisée et rentable, il serait possible d’avoir
une nouvelle ressource d’énergie nucléaire constituée d’atomes tels que le deutérium
et le tritium (isotopes de l’hydrogène).
Vent
Le vent est un déplacement de l’air dans
l’atmosphère. Il résulte, sous l’effet du rayon-
nement solaire, d’une inégale répartition des
conditions de température et de pression dans
l’atmosphère ainsi que de la rotation de la Terre
sur elle-même.
Biomasse
La biomasse est l’ensemble des matières
organiques, essentiellement d’origine végétale,
qui peuvent donner lieu à des combustions ou
permettent des combustions après transforma-
tions chimiques (le méthane formé dans cer-
tains cas par la matière organique en l’absence
de dioxygène est un bon combustible). Même
s’ils sont issus de transformations chimiques de
matière organique, les agrocarburants (ou biocarburants) entrent également dans cette
catégorie.
Terre
La Terre est un système « chaud » dont la température est
sans cesse maintenue grâce aux éléments radioactifs qu’elle
contient. En effet, comme notre système solaire, la Terre s’est
formée à partir des vestiges d’étoiles ayant explosé à la fin de
leurs vies. Parmi les poussières d’étoiles qui se sont accumulées
pour former la Terre, certaines étaient constituées d’atomes
radioactifs. Leurs transformations nucléaires spontanées libèrent
de l’énergie qui est responsable d’un important échauffement
des couches géologiques situées sous la croute terrestre.
Soleil
Le Soleil est une étoile naine jaune qui s’est formée
il y a 4,6 milliards d’années à partir des nuages d’hydro-
gène d’une nébuleuse. Au sein du Soleil ont lieu des réac-
tions de fusion nucléaires (l’hydrogène se transforme en
hélium) qui libèrent de l’énergie par transfert thermique
et par rayonnement.
Ce rayonnement électromagnétique est à l’origine
de pratiquement toutes les ressources d’énergies dont
nous disposons. On prévoit que ce mécanisme se poursuivra encore pendant 5 milliards
d’années environ jusqu’à épuisement du stock d’hydrogène et transformation du Soleil
en géante rouge.
Annexe 4
Documents de travail de la journée nationale collège
sur le thème de l’énergie
(3) http://www.prof-vince.fr/Energie