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Collège

Union des professeurs de physique et de chimie 77

Autour du mot énergie


Partie 1
par Dominique DUCOURANT
34090 Montpellier
domi.ducourant@orange.fr

L ’énergie est l’objet de questionnements pédagogiques et didactiques, pour lesquels Le Bup


est un terrain de partage privilégié. Comment introduire le concept d’énergie en physique
(partie 1) ? De réelles connaissances scientifiques sont nécessaires pour comprendre et appré­
hender les enjeux des défis énergétiques des sociétés futures. Comment établir une articulation
cohérente entre les différentes approches disciplinaires autour de l’énergie (réflexion à venir) ?

INTRODUCTION
Si le physicien devait retenir un tout petit nombre de mots pour appréhender
la compréhension du monde qui nous entoure, les mots suivants : matière, interactions,
énergie, seraient sélectionnés ; les concepts respectifs associés à ces trois mots, tout en
étant distincts et liés, sous-tendent à la fois la diversité et l’unité du monde. Cet article
s’inscrit dans la continuité des deux précédents déclinés autour des mots matière [1-2]
et force [3-4].
♦♦ Dans cette partie, il s’agit d’étudier le concept d’énergie, dont le but est, en phy-
sique, d’introduire un invariant qui permet d’unifier une multitude de phénomènes.
L’énergie est à la fois une et multiple, c’est un concept scientifique que le langage
courant s’est largement approprié : ses différentes significations, celles du contexte
quotidien et celles des contextes scientifiques interfèrent souvent, et pas toujours de
manière constructive ! Le rôle du professeur de sciences est de pointer et d’expliciter
ces écarts pour que l’élève puisse prendre conscience que c’est à l’aide des connais-
sances scientifiques qu’il pourra structurer savoir et réflexion.
♦♦ Dans une possible seconde partie, l’idée serait de réfléchir sur l’énergie en tant que
concept transversal afin de voir, dans une perspective interdisciplinaire, comment les
apports des autres disciplines peuvent s’articuler et prendre sens pour l’élève, c’est-à-
dire lui permettre de comprendre les enjeux liés aux défis énergétiques des sociétés
futures.

1. ÉNERGIE : DU MOT AU CONCEPT


Le mot énergie recouvre l’un des concepts les plus abstraits de la physique, car il ne

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peut pas être identifié dans le monde matériel, ni même être en lien avec une repré-
sentation, contrairement au concept de force (la force est représentée par un vecteur).
Comme le souligne Béatrice Salviat dans le document « Comment se transforme
le monde ? » [5] : « Il y a “les énergies”, qui désignent aussi bien le pétrole et le gaz naturel
que le Soleil ou le vent. Il y a “l’énergie”, qui unifie les interactions entre des phénomènes en
apparence très différents, par la grâce du joule, unité du Système international ». En physique,
c’est le principe fondamental de conservation de l’énergie, et par la suite la mesure de
l’énergie, qui signe son universalité et qui permet finalement de la définir.

1.1. Énergie : un mot


Vous n’imaginez pas l’énergie qu’il faut fournir pour faire monter ce gros lot.

Franquin © Dupuis/Dargaud-Lombard, 2019 [6]

Figure 1 - Gaston Lagaffe obtient la permission d’apporter au bureau le gros lot qu’il a gagné.

Est-ce une question d’énergie, de force, de puissance ?


Tout dépend du point de vue que le physicien va considérer : en fonction de la
question posée, il pourra recourir à l’un des trois concepts.

1.1.1. La polysémie du mot


♦♦ Le mot énergie est dérivé du grec ergon qui signifie « travail » ou « action interne », via
le latin energia qui renvoie à « force vive ».
♦♦ Dans le livre Graines de sciences 3 [7] sont mentionnées, page 95, les idées que recouvre
le vocable énergie dans le langage usuel : « il [le mot énergie] est toujours en relation

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avec une idée d’échange, de FORCE, d’impulsion, de PUISSANCE, de capacité à produire,


à mouvoir, à engendrer, à chauffer, à éclairer, à déplacer, sans oublier les multiples connotations
psychiques dans lesquelles le mot quitte définitivement son sens scientifique ».
♦♦ Dans le livre Dix notions clés pour enseigner les sciences de la maternelle à la 3e [8], une
définition brève, mais trop générale pour construire une représentation scientifique
de la notion donne une première idée du mot énergie : « […] ce qui est nécessaire pour
produire un changement est appelé énergie […] ».
♦♦ Dans le dictionnaire Le Trésor de la langue française (TLF) [9] concernant le sens phy-
sique donné, il est noté : « capacité d’un corps ou d’un système à produire du travail méca­
nique ». La définition qui se rattache à la cosmologie peut aussi nous interpeller :
« Entité flottante universelle, d’où tout émerge, et où tout retombe, comme dans un océan » ;
cette définition a certes un côté poétique, mais aussi scientifique au regard de ce qui
est dit par Étienne Klein : « le propre de l’énergie est d’être une grandeur nomade dont la
quantité se conserve » [10].

1.1.2. Utilisation dans la vie courante


Dans le langage usuel, l’utilisation du mot énergie est récurrente dans de nombreux
domaines ; sans avoir besoin de savoir ce que c’est, on arrive à l’utiliser, et même à
communiquer en jouant avec les énergies (cf. figure 2).

© http://www.toutallantvert.com - planvert.fr

Figure 2 - Un jeu de 7 familles autour du thème de l’énergie [11].

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Ce paradoxe sous-tend la difficulté à définir l’énergie au quotidien, comment


l’expliquer ?
L’énergie n’est ni visible, ni perceptible, ni tangible. Contrairement à la matière,
nous ne pouvons pas appréhender la notion d’énergie par les sens, cela ne nous
empêche pas d’en parler comme si c’était un objet concret en utilisant des expressions
courantes telles que consommer de l’énergie, produire de l’énergie, utiliser de l’énergie,
gaspiller de l’énergie, qui viennent le plus souvent heurter le principe de conservation
fondateur de la notion scientifique.
Même si l’énergie n’est pas visible, les adjectifs pour qualifier l’énergie ne man­
quent pas : énergie verte, noire, énergie bleue, énergie propre, chère, renouvelable, natu-
relle, domestique, traditionnelle, nouvelle, créatrice, futuriste, produite, consommée…
ainsi que les nombreuses appellations pour les formes d’énergie : énergie éolienne,
énergie thermique, énergie solaire, énergie nucléaire, énergie géothermique, énergie
hydraulique, énergie marine, énergie fossile, énergie rayonnante, énergie primaire, éner-
gie secondaire, et aussi énergie électrique et énergie lumineuse.
Comment s’y retrouver dans toutes ces énergies ? L’énergie est à la fois « une » et
« multiple », comme le suggère le titre du livre Une énergie, des énergies [12]. Le mot énergie
transcende les disciplines, comme en témoigne cette question d’un élève de troisième
posée à son professeur, en cours de technologie : « Comment se peut-il qu’un hamburger
ait plus d’énergie qu’une Formule 1 roulant à 180 km/h ? »


Figure 3 - Un hamburger et une Formule 1.

C’est la confusion entre les concepts de puissance et d’énergie qui sous-tend cette
question. La réponse est dans l’article « Un hamburger a-t-il plus d’énergie qu’une
Formule 1 ? » [13], article écrit par trois auteurs des trois disciplines scientifiques (les
Sciences de la vie et de la Terre, la technologie et la physique-chimie).

1.2. L’énergie : un concept formel


L’énergie est un concept formel [14]. Gérard Lemeignan et Annick Weil-Barais
([15], p. 55) expliquent la différence entre les concepts catégoriels et formels au niveau
de la démarche d’abstraction mise en place pour accéder à ces concepts. Lors de la

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formation d’un concept formel qui « relève d’un effort de réflexion de la pensée sur elle-
même, l’abstraction mise en jeu est d’une tout autre nature que l’abstraction à l’œuvre dans la
construction de concept catégoriel. Si l’abstraction porte sur :
♦♦ des objets matériels, on parle d’abstraction empirique ;
♦♦ des idées, on parle d’abstraction réfléchissante. »
Il a fallu un long cheminement d’environ un siècle en science avant de construire
le concept d’énergie ; dans un premier temps, les mots force, travail servaient de référence,
et c’est un chemin compliqué et tortueux, qui ne s’acheva qu’à la fin du xixe siècle « en
traversant un ensemble de sciences et de techniques, de la mécanique à la thermodynamique, de la
théorie des machines thermiques à la physiologie » ([12], p. 247) qui a conduit à la clarifica-
tion conceptuelle de l’énergie.
Albert Einstein précise, dans son livre L’Évolution des idées en physique [16], l’enjeu
de la physique : « La physique est un système conceptuel logique en développement dont les
fondements ne peuvent être obtenus par distillation de l’expérience sensible, selon une méthode
inductive, mais seulement par la libre invention de l’esprit humain. Dans l’effort que nous faisons
pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le
mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, mais il n’a aucun
moyen d’ouvrir le boîtier. S’il est ingénieux, il pourra se former quelque image du mécanisme,
qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit
la seule capable d’expliquer ses observations […]. Il [le chercheur] pourra croire à l’existence
d’une limite idéale de la connaissance que l’esprit humain peut atteindre. Il pourra appeler cette
limite idéale la vérité objective. »
Dans cette phrase, Albert Einstein ne nie pas l’importance des faits expérimentaux,
il exprime que la pensée ne peut pas être déduite logiquement à partir d’une pure ana-
lyse des faits, mais que le choix des concepts scientifiques fondamentaux est une libre
invention de la pensée ; à ce stade, il s’agit de concepts formels. L’énergie est l’un de ces
concepts formels qui a été difficile à appréhender par les scientifiques et qui demandera
aux élèves un certain temps d’apprentissage avant d’y accéder.

1.3. L’énergie vue par Richard Feynman (cf. annexe 1)


Richard Feynman commente, lors d’une conférence à des enseignants, la voie
d’entrée choisie par un livre pour introduire l’énergie [17].

Question posée aux élèves


Qu’est-ce qui fait bouger le chien mécanique, l’animal et la moto ?

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Figure 4 - Un chien
Figure 5 - Un animal. Figure 6 - Une moto.
mécanique.

♦♦ Une réponse qui ne permet pas de comprendre


Réponse attendue dans le livre : c’est l’énergie. Cette réponse ne permet pas à l’enfant
de comprendre ce qu’est l’énergie. Richard Feynman propose une autre approche :
« Adoptons maintenant un point de vue différent et disons, à l’inverse, que c’est là simplement
la définition de l’énergie. Quelque chose qui bouge a – par définition – une certaine énergie ;
mais ce n’est pas l’énergie qui la fait bouger. La nuance est assez subtile. » Si on permet à
l’enfant d’ouvrir l’objet [le chien mécanique], il comprendra le mécanisme : le ressort
a été remonté et il se détend en entraînant les roues dentées du mécanisme.
♦♦ Une autre réponse qui fait réfléchir
Elle est issue d’un dialogue entre Richard Feynman et son père : « C’est parce que le
Soleil brille que le chien marche. » À quoi j’aurais répondu : « Mais non, le Soleil n’a rien à
voir là-dedans ! Le chien marche parce que j’ai remonté le ressort. – Oui, mais mon petit ami,
qu’est-ce qui te donne la force de remonter le ressort ? – Ce que je mange – Et que manges-
tu ? – J’sais pas… des épinards – Et qu’est-ce qui fait pousser les épinards ? – Le Soleil. »
Même chose pour l’animal. Et l’essence de la moto ? C’est bien à l’origine l’énergie
fournie par le Soleil (cf. sous-paragraphe 3.1.) qui a permis la croissance des végé-
taux. Puis la transformation de la matière organique a donné naissance aux hydro-
carbures, à la suite d’un très long processus (des millions d’années).

1.4. Le principe fondamental de conservation de l’énergie


On trouve la définition suivante dans le document Éduscol Science et technologie
(cycle 3) [18] « L’énergie peut être définie comme une grandeur physique qui représente et quan­
tifie la capacité d’un système à fournir du travail ou de la chaleur », définition qui mériterait
d’être explicitée, d’être associée à la propriété de conservation de l’énergie.

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L’article de Roger Balian [19] mentionne l’une des premières apparitions du


terme énergie dans la langue française en 1717 : « le terme apparaît, semble-t-il dans le cadre
de la physique sous la plume du mathématicien Jean Bernoulli, en 1717, dans une lettre au
mécanicien Pierre Varignon, pour désigner le produit de la force par le déplacement, produit dési­
gné plus tard comme le travail mécanique de cette force. Cependant, de la force au travail, de la
chaleur à l’énergie, à l’impulsion à la puissance, un chemin compliqué de clarification conceptuelle
et d’expression mathématique restait à parcourir… »
Trois regards de physicien vont nous aider à appréhender le principe de conser-
vation de l’énergie.

1.4.1. Le regard d’Étienne Klein


Étienne Klein [10] précise que la seule chose que l’on peut faire avec de l’énergie
c’est :
♦♦ soit la transférer depuis un système où elle est déjà présente vers un autre système ;
♦♦ soit modifier la nature [ou la forme] de cette énergie : par exemple, on pourra trans-
former de l’énergie thermique en électricité, de l’électricité en énergie mécanique,
et donc le propre de l’énergie est d’être une « grandeur nomade dont la quantité se
conserve ».
Ce principe fondamental de la conservation de l’énergie pour un système isolé
est à la base de la définition de l’énergie ; en conséquence, nul ne peut produire (au
sens de faire apparaître) de
l’énergie ni consommer
(au sens de faire dispa-
raître) de l’énergie, à partir
de rien.
Voici un exemple de
transformation d’énergie
mécanique « en interne »
(transformation d’éner-
gie potentielle en énergie
cinétique et inversement
(cf. figure 7) complété par
un graphique (cf. figure 8,
page ci-après) visualisant la Figure 7 - Analyse d’une situation de mouvement du point de
conservation de l’énergie vue énergétique : transformation d’énergie potentielle en énergie
cinétique (de A à B) et vice-versa (de B à C). Dans ce cas, on
mécanique totale à chaque considère le système Terre-objet (l’objet seul n’étant pas un
instant. système isolé).

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Figure 8 - Conservation de l’énergie mécanique totale à chaque instant pendant le mouvement


(Em : énergie mécanique, Ec : énergie cinétique, Ep : énergie potentielle)
Em = Ec + Ep.

1.4.2. Le regard d’Hubert Reeves


Pour illustrer le principe de conservation de l’énergie, Hubert Reeves, dans son
livre Patience dans l’azur : l’évolution cosmique ([20], p. 228) fait référence à l’image de
la monnaie-énergie : « Derrière ce qui change, il y a quelque chose qui ne change pas. » et il
ajoute : « Dans le monde, il y a du changement. Du chaud devient tiède. Des corps tombent. Le
feu brûle et les bûches se consument. Ces transformations ne se font pas de façon arbitraire. Elles
sont reliées entre elles par une sorte d’échange monétaire. La monnaie, ici, c’est l’énergie. Elle
permet au physicien de tenir la comptabilité des phénomènes qu’il étudie. » C’est tout l’objet
de cet article d’expliquer l’image de la monnaie-énergie proposée par Hubert Reeves.

Remarque
Cette même idée est aussi indiquée par Richard Feynman quand il précise que
l’énergie n’est pas la source des transformations de la matière, mais une quantité qui
caractérise ces transformations.

1.4.3. Le regard de Max Planck


C’est Max Planck qui propose une définition formelle de l’énergie : « Quantité que
l’on peut associer à tout système physique et qui est fonction des paramètres caractérisant l’état des
systèmes ; elle dépend des positions, des vitesses, des interactions mutuelles entre les constituants
de ce système et sa propriété fondamentale est qu’elle reste constante au cours du temps lorsque
le système est isolé. » [10].
La même idée, énoncée de manière plus succincte est reprise dans l’article « La longue
élaboration du concept d’énergie » [19] : « L’énergie peut se manifester sous diverses formes, mais
possède la propriété essentielle de rester constante au cours du temps lorsque le système est isolé. »

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2. DES RESSOURCES EN ÉNERGIE


Si l’énergie n’est pas visible, les ressources en énergie, à partir desquelles il est
possible d’obtenir de l’énergie utile sont en revanche repérables ; au niveau du collège
on peut se limiter à un premier repérage : ces ressources peuvent correspondre à des
« objets » (de la matière : charbon, gaz…) ou à des « phénomènes » (air en mouvement,
vent, eau en mouvement…).

2.1. Comment trier les ressources en énergie aux cycles 3 et 4 ?


Puisque l’énergie ne peut pas être créée à partir de rien, il faut un point de départ
et recenser les ressources en énergie. Concrètement dans l’espace de la classe, trois acti-
vités fondées sur le tri vont permettre aux élèves de bâtir une première représentation
scientifique des ressources en énergie.

2.1.1. Activité 1 : trouver l’intrus


Consigne donnée aux élèves
Trouver l’intrus parmi les ressources en énergie disponibles dans la nature.

Gaz Charbon Pétrole Prise Soleil

Eau Biomasse Vent Uranium Volcan


Figure 9 - Ressources en énergie disponibles dans la nature, mais en présence d’un intrus.

Il est en effet très important que les élèves repèrent l’intrus et intègrent le plus
tôt possible que la prise de courant n’est pas une ressource en énergie que l’on trouve
dans la nature. Cette prise de conscience permettra de comprendre la différence entre
énergie primaire et énergie secondaire.

2.1.2. Activité 2 : trier en deux catégories


Consigne donnée aux élèves
Trier en deux catégories les ressources en énergie disponibles dans la nature. Deux
critères sont majoritairement choisis par les élèves de collège pour effectuer ce tri.

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♦♦ Premier tri possible : objet ou phénomène


Le premier critère de tri choisi s’appuie sur la définition proposée au collège pour
désigner une ressource en énergie (cf. tableau 1).
Catégorie n° 1 : objet Catégorie n° 2 : phénomène
Charbon, gaz, pétrole Vent
Biomasse Eau
Uranium
Soleil
Tableau 1 - Première proposition de catégorisation des ressources en énergie.

On voit ici que l’élève a classé l’eau dans la colonne de droite, la considérant comme
un phénomène (l’eau en mouvement), alors que d’autres élèves placent l’eau dans la
colonne de gauche, considérant l’eau comme un « objet » (l’eau, statique, stockée dans
le barrage). Il en va de même pour le Soleil, quelques rares élèves citant la « chaleur
envoyée par le Soleil » et classant celui-ci dans la colonne des phénomènes.
Il est important de voir que, dans cette activité, il n’y a pas une seule « bonne ré-
ponse », dans la mesure où l’élève est capable d’expliquer pourquoi il a fait ce choix.
L’échange des arguments entre les élèves est riche, et permet d’approcher la notion
de ressource en énergie.
♦♦ Deuxième tri possible : ressources « renouvelables » ou « non renouvelables »
Ce deuxième critère pour trier les ressources peut aussi être évoqué par les élèves qui
vont s’interroger sur les stocks des matières premières présentes sur la Terre, c’est-à-
dire la pérennité du stock, leur « épuisabilité ».

Uranium Gaz Soleil Biomasse

Charbon Pétrole Eau Vent


Ressources non renouvelables Ressources renouvelables
Figure 10 - Deuxième proposition de catégorisation des ressources en énergie.

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Remarques concernant le vocabulaire


♦♦ Charbon, pétrole, gaz et uranium existent en quantité finie sur la Terre. Le stock de
ces matières premières est limité dans le temps ; pour cette raison, on les considère
donc comme épuisables.
♦♦ Le rayonnement solaire à l’échelle humaine et les ressources qui en découlent (le
vent, l’eau d’un barrage, la biomasse) ou l’activité thermique de la Terre sont inépui-
sables (à l’échelle humaine) ; on les nomme ressources renouvelables, même si leur
exploitation peut être intermittente. Il faut avoir conscience que, si ces ressources
renouvelables sont certes abondantes, ce sont aussi les plus fluctuantes.

2.2. Quel phénomène physico-chimique est mis en jeu dans l’exploitation des ressources
en énergie ?
Consigne donnée aux élèves
Associer, par une flèche, chaque ressource en énergie au phénomène mis en jeu
lors de l’exploitation de cette ressource.

Ressources en énergie Phénomène mis en jeu


Biomasse
Fission nucléaire
Charbon, gaz, pétrole
Fusion nucléaire
Eau, air
Mouvement
Soleil
Transformation chimique
Uranium
Tableau 2 - Des ressources en énergie aux phénomènes mis en jeu.

Remarques
♦♦ Cette activité est une anticipation pour introduire la classification des formes d’éner-
gie (et non plus des ressources) présentée au sous-paragraphe 3.2. : Classification
scientifique des formes d’énergie.
♦♦ On voit, dans cette activité, que le mot électricité n’apparaît pas dans la liste des phé-
nomènes mis en jeu.

2.3. Où sont stockées les ressources en énergie ?


Voici en images quelques dispositifs de stockage de ressources en énergie (cf.
figure 11, page ci-après). Les formes de stockage sont précisées au paragraphe 4.

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A B C D

Réserve de graisse Espèces chimiques Retenue d’eau


Stockage de gaz
avant l’hiver à l’intérieur d’une batterie dans un barrage

Figure 11 - Quelques dispositifs de stockage dans la nature A et D


ou conditionnés par l’homme B et C.

3. DES FORMES D’ÉNERGIE


Il s’agit d’établir une correspondance entre les ressources en énergie et les formes
d’énergie.

3.1. Classification dans la vie courante des formes d’énergie


La science n’a pas le monopole sur le mot énergie. L’intervention d’autres champs
socio-économiques pour parler de l’énergie est à prendre en considération. Il ne faut
pas le nier afin d’aider les élèves à différencier les différents points de vue.
Critère socio-économique choisi : la provenance des ressources en énergie
Formes d’énergie répertoriées en fonction
Ressource en énergie
de l’origine de la ressource en énergie.
Charbon, gaz Énergie fossile
Pétrole Énergie fossile
Eau des barrages Énergie hydraulique
Eau de mer Énergie marine ou « énergie bleue »
Vent Énergie éolienne
Soleil Énergie solaire
Terre Énergie géothermique
Uranium Énergie nucléaire
Tableau 3 - Premier critère choisi pour classer les énergies : la provenance des ressources
en énergie.

Remarques
♦♦ La contribution de l’énergie solaire est à la base de toutes les contributions d’énergie.
♦♦ L’énergie « éolienne » fait référence à l’Antiquité, Éole étant le dieu du vent. Là, c’est
une référence au champ social via la mythologie qui justifie l’adjectif qualificatif
éolienne pour la forme d’énergie associée au vent.

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♦♦ Dans le contexte économique « c’est bien la ressource en énergie, sa disponibilité, sa facilité


d’exploitation ou ses nuisances éventuelles qui font débat socialement » ([21], p. 102). Même
si cette classification des formes d’énergie (cf. tableau 3) n’est pas celle du scienti-
fique, il est important de la mentionner. Elle renvoie à une préoccupation sociétale
qui peut être celle présentée en histoire-géographie.

3.2. Classification scientifique des formes d’énergie


Quelles formes d’énergie sont retenues par le physicien ?
Pour classer les formes d’énergie issues des ressources en énergie, le scientifique va
privilégier un autre critère que la provenance des ressources en énergie.
♦♦ Quelle définition le physicien va-t-il retenir pour qualifier une forme d’énergie ?
Le qualificatif utilisé sera lié à la forme de l’énergie impliquée lors de l’exploitation
des ressources (stockées dans la nature ou disponibles sur le moment).
Par exemple, si on choisit le charbon comme ressource en énergie, le physicien va
identifier l’énergie impliquée : lorsqu’on brûle du charbon par exemple pour se
chauffer, c’est l’énergie chimique liée à la combustion du charbon, ressource en stock,
qui est mise en jeu.

Physique-chimie, cycle 4 des Éditions Nathan [22]


© D’après la figure de la page 238 du livre de

Figure 12 - Formes d’énergie « en images » mises en jeu lors de l’exploitation


des ressources disponibles (cf. figure 10) dans la nature.

Pour récapituler, on peut dire que la nature nous livre, à partir des ressources dis-
ponibles, quatre formes d’énergie :
♦♦ l’énergie chimique contenue dans les ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz natu-
rel) ou dans la biomasse (bois, végétaux, déchets) ;
♦♦ l’énergie mécanique du mouvement de l’eau ou du vent ;
♦♦ l’énergie thermique due à l’activité interne de la Terre ;
♦♦ l’énergie nucléaire des isotopes fissiles de l’uranium ou de l’hydrogène à l’intérieur
du Soleil.

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Le tableau 4 reprend avec un autre visuel la correspondance entre les ressources en


énergie disponibles dans la nature et les formes d’énergie répertoriées par le physicien.
Processus mis en jeu dans l’exploitation des ressources
Forme d’énergie impliquée
en énergie
Transformation chimique (charbon, gaz, pétrole…) Énergie chimique
Fission nucléaire (uranium) ou fusion nucléaire (hydrogène) Énergie nucléaire
Mouvement (eau, air) Énergie mécanique
Activité interne de la Terre (sources géothermales…) Énergie thermique
Tableau 4 - Deuxième critère choisi pour classer les énergies : forme de l’énergie impliquée
lors de l’exploitation des ressources directement disponibles.

Précisions sur le vocabulaire utilisé


♦♦ Pour qualifier les formes d’énergie répertoriées par le physicien, on trouve les expres-
sions suivantes : « forme d’énergie stockée » ou encore « forme d’énergie en stock » ;
cette formule peut surprendre si l’on considère que seules les ressources (du monde
des objets) sont stockées et non pas l’énergie en elle-même (du monde des concepts).
♦♦ On assume néanmoins le fait d’employer le terme stockage quand on parle de l’éner-
gie, dans la mesure où cela signifie que la grandeur physique énergie associée à un
système donné peut augmenter ou diminuer via divers processus (cf. paragraphe 4 :
conversions et transferts d’énergie).
Ainsi, l’essence contenue dans un bidon correspond à un stockage d’énergie sous
forme chimique, avant d’alimenter une combustion. De l’eau retenue dans un barrage
correspond à un stockage d’énergie sous forme mécanique avant de descendre dans la
conduite pour mettre en rotation la turbine. Au regard des ressources en énergie dispo-
nibles dans la nature, il est donc possible de dire que l’énergie est stockée en attendant
une transformation (charbon, pétrole, aliments…).

3.3. Un statut différent en termes énergétiques : électricité et lumière


3.3.1. Le point de vue socio-économique
Le citoyen-consommateur a besoin d’électricité pour faire fonctionner, entre
autres, les appareils ménagers et de lumière au quotidien. Là encore, le champ socio-
économique va interférer avec le champ scientifique en banalisant dans le vocabulaire
usuel des expressions comme « énergie électrique » et « énergie lumineuse ».

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3.3.2. La délicate question du terme « énergie électrique »


Le lecteur peut être surpris de ne pas trouver dans la liste établie (cf. figure 12 et
tableau 4) les expressions d’« énergie électrique » ou d’« énergie lumineuse », pourtant
couramment employées, y compris dans les ouvrages scolaires ou scientifiques.
Avec la classification précédente (cf. tableau 4), on constate qu’il n’y a pas de res-
source disponible dans la nature au même titre que le charbon, le gaz ou le pétrole (cf.
figure 13) qui mettrait en jeu une forme d’énergie de type « électrique ».

Figure 13 - L’énergie chimique associée aux combustibles fossiles.

On verra au sous-paragraphe 3.3.3. que l’électricité n’est qu’un transfert d’énergie,


comme le transfert mécanique ou le transfert thermique (ou chaleur) ou le transfert
lumineux (ou lumière). La question est de savoir à quel niveau du collège il va être
pertinent d’éviter de parler d’« énergie électrique » ou d’« énergie lumineuse », mais de
parler seulement de « transfert électrique » (ou électricité) ou de « transfert lumineux »
(ou lumière). Si le terme « énergie électrique » est utilisé, alors il est important d’insister
sur le fait qu’il ne s’agit pas dans ce cas d’une énergie primaire, c’est-à-dire issue direc-
tement des ressources disponibles dans la nature (cf. sous-paragraphe 3.2.).

Remarque
Un travail de réflexion effectué à ce sujet par le groupe SÉSAMES(1) [23] est
proposé :
♦♦ en annexe 2, une activité sur les sources et les formes d’énergie intitulée : Sources
d’énergie, formes d’énergie : de quoi parle-t-on ? [24] qui s’appuie sur le document en
annexe 3.
♦♦ en annexe 3, une description détaillée des sources d’énergie [24].

3.3.3. D’où proviennent l’électricité et la lumière ?


En anticipant sur le paragraphe 4, on peut insister sur le fait que l’électricité et la
lumière peuvent seulement être issues de la conversion d’autres formes d’énergie. Cette
particularité, qui concerne l’électricité et la lumière, est indispensable à appréhender

(1) SÉSAMES : Situations d’enseignement scientifique : activités de modélisation, d’évaluation,


de simulation.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


92 Union des professeurs de physique et de chimie

pour saisir la nécessité :


♦♦ De réaliser des conversions d’autres formes d’énergie à partir des ressources en éner-
gie qui sont disponibles dans la nature. Ainsi, les besoins en électricité se traduisent
en besoins d’installations de transformation de l’énergie (centrales électriques) et
d’infrastructure de transport (ligne électrique).
Lieu de transformation Transfert énergétique
Énergie d’entrée
d’énergie en sortie
Centrale thermique Chimique Électricité
Centrale hydraulique Mécanique Électricité
Centrale nucléaire Nucléaire Électricité
Éolienne Mécanique Électricité
Tableau 5 - Production d’électricité à partir de la conversion
de différentes formes d’énergie.

♦♦ D’utiliser immédiatement l’électricité et la lumière en les transférant de manière


instantanée vers les lieux de consommation. On comprend ainsi que l’électricité et
le rayonnement (la lumière en particulier) n’existeront que le temps d’un transfert.
♦♦ De gérer la production d’électricité. Comme l’électricité doit être répartie vers
les lieux d’utilisation au fur et à mesure de sa production, les réseaux distributeurs
doivent adapter la production à chaque instant. Les centrales hydroélectriques per-
mettent de faire l’appoint au niveau de la production d’électricité car, contrairement
aux centrales nucléaires, elles peuvent être mises en route ou arrêtées dans la journée.
En effet, dans une centrale hydroélectrique l’énergie mécanique (potentielle) de l’eau
peut être stockée et restituée à tout moment.

4. CONVERSIONS ET TRANSFERTS D’ÉNERGIE


Stockage, conversion et transfert sont trois notions de base pour accéder à la
compréhension du concept d’énergie. En effet, la seule chose que l’on peut faire avec
l’énergie, c’est :
♦♦ la stocker ;
♦♦ la transférer d’un système vers un autre système ;
♦♦ la transformer d’une forme en une autre.
L’énergie peut être stockée sous différentes formes intermédiaires : énergie
chimique (pile), électrochimique (batteries), énergie nucléaire et thermique (centrales
nucléaires et thermiques), énergie mécanique (stockage hydraulique et gravitaire),
comme le souligne Jean-Marc Jancovici [25] ; plus tard au lycée l’élève entendra parler
d’énergie électrostatique (condensateur), magnétique (bobine), électromagnétique…

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 93

Le choix des différentes formes de stockage est d’une part conditionné par les
performances des convertisseurs qui transforment l’énergie, d’autre part lié à l’usage, à
la durée de vie, au coût de fonctionnement et à la compacité des dispositifs de stockage.
Puisque l’électricité n’est pas stockable à grande échelle sous forme intermédiaire, il
s’agit d’optimiser le transfert (le moins de perte possible) et la distribution (la réparti-
tion de la production en fonction de la demande).
La transformation-conversion et le transfert de l’énergie sont deux propriétés de
l’énergie difficiles à appréhender par les élèves. Une première étape consiste à clarifier
les différences entre ces mots (cf. sous-paragraphe 4.1.) avant de donner des exemples
de transfert d’énergie (cf. sous-paragraphe 4.2.) puis des exemples de conversion
d’énergie (cf. sous-paragraphe 4.3.) et enfin d’expliquer à l’aide de deux exemples, la
pile et le soleil, comment sont imbriqués les conversions et les transferts (cf. sous-para-
graphe 4.4.).

4.1. Distinction entre conversion et transfert


4.1.1. Les mots : conversion, transformation
Une conversion d’énergie, tout comme une transformation d’énergie implique le
passage d’une forme d’énergie à une autre. Si on tient à préciser la nuance entre ces
deux mots, ou si un élève s’interroge sur le fait qu’il y ait deux mots différents pour
traduire une même idée, on peut proposer la distinction suivante :
♦♦ Une transformation d’énergie a lieu à l’intérieur d’un système qui est lui-même un ré-
servoir d’énergie (exemples : le muscle transforme de l’énergie chimique en énergie
mécanique ; si on considère le système Terre-balle, il y a transformation de l’énergie
potentielle en énergie cinétique lors de la chute de la balle).
♦♦ Une conversion d’énergie a lieu grâce à un convertisseur qui est identifiable dans
le monde des objets. Par définition, le convertisseur ne stocke rien : il utilise une
énergie sous une certaine forme (un transfert) et fournit de l’énergie sous une ou
plusieurs autres formes (d’autres transferts). Tout ce qu’un convertisseur reçoit est
entièrement redonné ; deux exemples : la lampe utilise l’électricité fournie par la pile
et la convertit en lumière et chaleur, l’éolienne transforme un transfert mécanique en
électricité. Des exemples de conversion sont donnés au sous-paragraphe 4.3.

4.1.2. Les quatre modes de transfert


On parle de transfert d’énergie lorsque l’énergie passe d’un système à un autre.
Ce transfert peut se faire avec support matériel : par exemple fils électriques pour
le transfert électrique, courroie pour transfert mécanique, air pour le transfert ther-
mique, mais aussi se faire sans support matériel : c’est le cas du vide pour le rayonne-

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


94 Union des professeurs de physique et de chimie

ment. En résumé, les quatre modes de transfert possibles sont :


♦♦ transfert mécanique ;
♦♦ transfert thermique ou chaleur ;
♦♦ transfert par rayonnement ou rayonnement (exemple : lumière) ;
♦♦ transfert électrique ou électricité.
Des exemples de chacun des transferts sont donnés au sous-paragraphe 4.2. Le fait
que ce soient les transferts qui donnent lieu à des manifestations observables leur donne
un statut spécifique et leur confère un intérêt pédagogique évident. Pour aider l’élève
à faire le lien entre les phénomènes observables et les transferts d’énergie, un extrait de
la carte conceptuelle établie par Jacques Vince (cf. carte complète du concept d’énergie
en annexe 4) peut être proposé.

Figure 14 - Lien entre les phénomènes observables et les transferts d’énergie [24].

4.2. Exemples de transfert d’énergie entre deux systèmes


Lorsque de l’énergie est fournie par un objet à un autre objet, sans changer de
nature, on parle de transfert d’énergie ; en voici quelques exemples. Le transfert peut
avoir lieu, soit entre deux réservoirs, soit d’un réservoir à un convertisseur, soit d’un
convertisseur à un réservoir, ou entre deux convertisseurs (voir sous-paragraphe 5.1.).

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 95

Nature du transfert Exemple


Transfert thermique Réservoir 1 : Réservoir 2 :
(cf. figure 15) le radiateur la pièce
Transfert mécanique Convertisseur 1 : Réservoir 2 :
(cf. figure 16) le moteur la cabine du téléphérique
Transfert électrique Convertisseur 1 : Convertisseur 2 :
(cf. figure 17) la pile dans un circuit la lampe
Transfert par rayonnement Convertisseur 1 : Réservoir 2 :
(cf. figure 18) la lampe la pièce
Tableau 6 - Les quatre types de transfert.

4.2.1. Exemple de transfert thermique

Figure 15 - Transfert de l’énergie thermique du radiateur au chat (par conduction)


et à l’air de la pièce (par convection).

Ce transfert d’énergie thermique est couramment appelé chaleur [26].

4.2.2. Exemple de transfert mécanique

Figure 16 - Transfert de l’énergie mécanique issue du moteur à la cabine via la poulie motrice
et le câble tracteur.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


96 Union des professeurs de physique et de chimie

4.2.3. Exemple de transfert électrique

© http://www.techniquesduson.com/serieparallele.html
Figure 17 - Transfert électrique de la pile à la lampe via le circuit.

4.2.4. Exemple de transfert par rayonnement

Figure 18 - Transfert par rayonnement de la lampe vers les murs,


les objets de la pièce.

Remarque
Il faudra être attentif au fait que les mots thermique et mécanique ont cette particu-
larité de pouvoir être associés à la fois à une forme d’énergie (associée à un stockage
d’énergie) et à un transfert d’énergie, alors que les adjectifs électrique et lumineux ne
sont associés qu’à des transferts d’énergie.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 97

4.3. Exemples de conversions d’énergie

Lorsque l’énergie (ou le transfert d’énergie) change de forme grâce à un conver-


tisseur, on parle de conversion d’énergie.

4.3.1. Une bouilloire électrique

Figure 19 - Bouilloire électrique.

La résistance chauffante de la bouilloire électrique convertit l’électricité (reçue par


transfert électrique) en transfert thermique vers l’eau de la bouilloire (qui, elle, stocke
de l’énergie thermique).

4.3.2. Un hélicoptère solaire

Figure 20 - Hélicoptère solaire.

Ce jouet met en jeu deux convertisseurs :


♦♦ la cellule photovoltaïque qui convertit le rayonnement lumineux en électricité ;
♦♦ le moteur qui convertit cette électricité en transfert mécanique.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


98 Union des professeurs de physique et de chimie

Remarque
Dans la mesure où un convertisseur ne fait que « recevoir » et « donner », en anti-
cipant sur le paragraphe 5., la représentation associée à un convertisseur sera toujours
du type ci-dessous (cf. figure 21).

Figure 21 - Représentation associée aux fonctions d’un convertisseur.

4.4. Exemples mixtes de conversion(s) avec transferts d’énergie


Lorsqu’il y a transfert d’énergie, le transfert peut être assuré par un convertisseur,
mais on peut également modéliser, dans certains cas et pour des raisons de simplifi-
cation, un tel transfert à partir d’un réservoir. C’est le cas dans les deux exemples ci-
dessous.

4.4.1. D’où vient l’énergie transférée par la pile au circuit ?


La pile est un réservoir d’énergie chimique qui, lorsqu’elle fonctionne, convertit
cette énergie chimique en électricité.
♦♦ Comment fonctionne la pile ?
La réserve d’énergie chimique est constituée des réactifs contenus dans la pile (pile
en tant que réservoir d’énergie chimique). Quand la pile est en fonctionnement, la
réaction chimique d’oxydoréduction qui a lieu dans la pile est à l’origine de la mise
en mouvement des électrons du circuit. Il faut bien noter que la conversion d’éner-
gie chimique en électricité dans la pile (pile en tant que convertisseur) n’est pas faite
d’avance : elle est réalisée « à la demande » lorsque la pile fonctionne (cf. figure 22).
Ceci constitue une difficulté conceptuelle de modélisation pour les élèves : dans le
modèle énergétique enseigné (cf. paragraphe 5.), la pile a une double fonction : elle
est à la fois réservoir et convertisseur, mais on peut choisir de ne garder que la repré-
sentation de sa fonction principale. C’est le choix fait lorsqu’on la représente par un
rectangle (réservoir) avec une flèche sortante (on insiste sur le fait qu’elle délivre de
l’énergie sans insister sur la fonction de conversion).

Figure 22 - La double fonction de la pile.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 99

♦♦ Comment expliquer l’usure de la pile ?


Lors du fonctionnement de la pile, au cours de la réaction chimique, les réactifs sont
transformés en produits. C’est la diminution de la quantité des réactifs contenus dans
la pile qui va conditionner la durée de vie de la pile. Dire que la pile est « usée », cela
signifie que la quantité d’énergie chimique disponible dans la pile a diminué.
♦♦ Comment expliquer que la pile peut s’user plus vite ?
Pour expliquer l’usure de la pile, il faut faire appel à la notion de puissance. Plus le
débit d’énergie est important pendant un temps donné, plus la pile va s’user ; cela se
produit par exemple si beaucoup d’appareils sont branchés aux bornes de la pile. Dans
le cas extrême où la pile est mise en court-circuit, la pile va s’user très rapidement.

4.4.2. D’où vient l’énergie transférée par le Soleil à la Terre ?


Le Soleil est un réservoir d’énergie nucléaire qui convertit cette énergie nucléaire
en énergie thermique et en rayonnement.
♦♦ Comment fonctionne le Soleil ?
Le Soleil est une étoile naine jaune qui s’est formée il y a 4,6 milliards d’années à
partir des nuages d’hydrogène d’une nébuleuse. La réserve d’énergie nucléaire est
constituée de l’hydrogène atomique contenu dans le Soleil (Soleil en tant que ré-
servoir d’énergie nucléaire). Au sein du Soleil, des réactions de fusion nucléaires
(l’hydrogène se transforme en hélium) qui libèrent de l’énergie thermique et du
rayonnement (Soleil en tant que convertisseur).
♦♦ Quelle est la durée de vie du Soleil ?
Le stock d’hydrogène est infini à l’échelle humaine, le Soleil brillera encore pendant
5 milliards d’années, le temps d’épuiser ses réserves d’hydrogène.

4.5. Vocabulaire scientifique et vocabulaire courant concernant l’énergie


4.5.1. Tableau de correspondance
Les objectifs visés par le groupe SÉSAMES […] mettent en avant l’importance
de comprendre que les significations et les caractéristiques courantes de l’énergie sont
le plus souvent différentes de celles présentées en physique : « Apprendre à faire le lien
entre le vocabulaire courant utilisé au sujet de l’énergie (produire et consommer par exemple) et les
concepts de physique sous-jacents et utilisés dans le modèle de l’énergie ; l’objectif est également de
permettre aux élèves de commencer à comprendre pourquoi les usages courants ne peuvent pas être
considérés comme faux, mais seulement d’un usage non conforme au modèle de l’énergie qui vise
à décrire les situations du point de vue scientifique ». Ainsi, le citoyen, l’économiste raison-
nera en termes de production et de consommation d’énergie, tandis que le scientifique
raisonnera en termes de conversion et transfert d’énergie.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


100 Union des professeurs de physique et de chimie

Contexte courant Contexte scientifique


Énergie produite Transfert sortant
Énergie consommée Transfert entrant
Production d’électricité
Transfert électrique « sortant »
ou d’énergie électrique
Consommation d’électricité
Transfert électrique « entrant »
ou d’énergie électrique
Énergie lumineuse Énergie transférée par rayonnement
Énergie électrique Énergie transférée par l’électricité ou grâce à l’électricité
Énergie perdue Énergie non utile pour l’usage visé
L’énergie s’épuise L’énergie se conserve (§ 5.) seules les ressources s’épuisent
Tableau 7 - Comparaison du vocabulaire courant et du vocabulaire scientifique
à propos de l’énergie.

Si on met en parallèle les deux expressions : l’énergie s’épuise ou se consomme,


avec l’énergie se conserve, il y a une apparente contradiction ; et pourtant ces deux
expressions resituées dans leur cadre d’utilisation traduisent plus une diversité d’ap-
proche qu’une contradiction, sous réserve d’une prise de conscience de la différence
entre les deux contextes choisis pour parler d’énergie.

4.5.2. Réécriture de texte


Cet exemple est extrait de la séquence disponible sur le site PÉGASE(2), à destina-
tion des élèves de première scientifique. Le texte est issu d’un dépliant destiné au grand
public : « Une ampoule a certes pour objectif d’éclairer, mais sachez qu’une ampoule produit
également de l’énergie thermique. Près de 95 %, de l’énergie que consomme une ampoule à
incandescence est consacrée à ce dégagement de chaleur. Cette énergie, vous la payez également
alors qu’elle ne sert pas à éclairer. Les ampoules «basse consommation» permettent de réduire
cette énergie thermique. La part de l’énergie lumineuse par rapport à l’énergie payée est donc
plus grande. »
Voici une proposition de réécriture de ce texte en utilisant les termes du modèle
de l’énergie : « Une ampoule a certes pour objectif d’éclairer, mais sachez qu’une ampoule trans-
fère également de l’énergie par transfert thermique (ou chaleur). Près de 95 %, de l’énergie
transférée par l’électricité (ou transfert électrique) à une ampoule à incandescence est consacrée
à ce dégagement de chaleur. Cette énergie, vous la payez également alors qu’elle ne sert pas à
éclairer. Les ampoules «basse consommation» permettent de réduire ce transfert thermique. La
part de l’énergie transférée par rayonnement par rapport à l’énergie payée est donc plus grande. »

(2) http://pegase.ens-lyon.fr/theme.php?rubrique=1&id_theme=66

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 101

Remarques
♦♦ Même s’il n’est pas question d’utiliser au quotidien ces expressions un peu lourdes
que la science amène à introduire, il est important qu’au cours de son apprentissage,
l’élève ait eu accès, à un moment donné à ce que la science dit, pour qu’il puisse
structurer son savoir et développer son esprit critique.
♦♦ Le problème auquel on est confronté dans cet enseignement de l’énergie est de
savoir à quel niveau d’enseignement il est possible d’assimiler pour l’élève cette cor-
respondance entre le vocabulaire courant et le vocabulaire scientifique. Un élève
pour lequel un tel apprentissage serait consolidé n’aura aucun souci, comme le fait
le professeur, à passer d’un usage courant à un usage scientifique, sans confondre les
deux pour autant.

5. CONSERVATION DE L’ÉNERGIE
Pour appréhender le principe de conservation de l’énergie comme énoncé dans
le livre Introduction à l’énergie ([27], p. 19) : « L’énergie se conserve, quelles que soient les
conversions qu’elle subit, ses transferts et ses formes de stockage ». Il est nécessaire d’introduire
la notion de systèmes (objets en interaction).
Ces systèmes peuvent avoir plusieurs fonctions vis-à-vis de l’énergie : réservoirs
ou convertisseurs d’énergie, certains objets ayant parfois les deux fonctions en même
temps, comme nous l’avons vu dans le paragraphe 4. Les échanges d’énergie entre ces
systèmes sont des transferts d’énergie.

5.1. La chaîne d’énergie : un outil de modélisation [27]


L’ensemble des transferts et conversions successives d’énergie mis en jeu dans des
situations de la vie courante peuvent être décrits dans une chaîne énergétique. Dans
une telle chaîne (cf. figure 23) sont représentés :
♦♦ les réservoirs d’énergie qui stockent l’énergie ;
♦♦ les convertisseurs d’énergie qui transforment l’énergie ;
♦♦ les transferts d’énergie qui indiquent les
échanges d’énergie entre deux réser-
voirs, entre deux convertisseurs ou entre
un convertisseur et un réservoir, sachant
que les quatre modes de transfert sont
des transferts électriques, par rayonne-
ment, thermique ou mécanique.
Une chaîne énergétique complète Figure 23 - Représentation symbolique possible
commence et se termine par un réservoir. des éléments de la chaîne d’énergie.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


102 Union des professeurs de physique et de chimie

5.2. Exemple de chaîne d’énergie


Le nouveau projet de programme de cycle 4 en physique-chimie dans la version
2018 d’Éduscol au 14 juin 2018 ([28], p. 52) mentionne : « L’approche électrocinétique est
présentée en début de cycle pour justifier les lois. L’approche énergétique est introduite progressi­
vement et prend tout son sens en classe de troisième pour appréhender le principe de conservation
de l’énergie, ce qui permet d’expliquer, à titre d’exemple, l’usure de la pile placée dans un circuit ».
C’est la démarche proposée ci-dessous.

5.2.1. Insuffisance du modèle électrocinétique pour expliquer l’usure de la pile


Situation étudiée
Une lampe à incandescence placée dans un circuit électrique (cf. figure 24a).


Figure 24b - Schéma normalisé du circuit
Figure 24a - Lampe reliée à la pile.
électrique.

Les élèves constatent que le modèle électrocinétique permet d’expliquer pourquoi


une lampe branchée à une pile brille (le courant a la même intensité en tout point du
circuit série), mais ne permet pas d’expliquer pourquoi la pile s’use. Il faut alors faire
appel à un autre modèle (cf. sous-paragraphe 5.2.2.) qui s’appuie sur le principe de
conservation de l’énergie.

5.2.2. Modèle énergétique


Le modèle énergétique nécessite de considérer le circuit électrique en interaction
avec son environnement ; il faut alors penser la situation « pile-lampe » en termes de
systèmes et en termes d’interactions entre les systèmes.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 103

Qui joue le rôle de quoi ?

Figure 25 - Éléments de la situation « pile-lampe » pensée en termes de systèmes dans le cadre


du modèle énergétique.

Qui fait quoi ?


♦♦ La pile, réservoir d’énergie, transfère l’électricité vers la lampe d’où une flèche à
représenter de la pile vers la lampe. Au cours de son utilisation, la pile chauffe et
fournit de l’énergie par transfert thermique (chaleur) à l’environnement d’où une
flèche à représenter de la pile vers le réservoir final.
♦♦ La lampe est un convertisseur qui utilise l’électricité et fournit de la lumière et de
la chaleur au réservoir final, d’où les deux flèches à représenter de la lampe vers le
réservoir final.

Figure 26 - Chaîne d’énergie correspondant à la situation « pile-lampe ».

Dans la chaîne énergétique, l’énergie, en tant que grandeur d’état, qui caractérise
la quantité d’énergie d’un système est représentée au niveau des réservoirs, alors que le
transfert d’énergie est représenté par des flèches (cf. figure 28, page ci-après).

Remarque
Avant d’aborder la construction de la chaîne énergétique (cf. figure 26), on peut
procéder par étapes et introduire au cycle 3 des éléments de la chaîne d’énergie, comme
par exemple en représentant la conversion d’énergie qui a lieu dans la lampe.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


104 Union des professeurs de physique et de chimie

Figure 27 - Un convertisseur particulier : la lampe.

5.2.3. Du modèle à la différenciation des concepts [28]


À partir de l’observation de la même situation « pile-lampe », le professeur peut
faire prendre conscience à ses élèves qu’un même événement « la lampe brille » peut-
être interprétée par :
♦♦ Un modèle électrocinétique (on ne considère que le circuit électrique) fondé sur la
conservation de la charge électrique ; le courant électrique retourne au générateur.
♦♦ Un modèle énergétique pour lequel on doit considérer le circuit électrique en inte-
raction avec l’environnement, fondé sur la conservation de l’énergie ; en effet, l’éner-
gie est transférée du réservoir initial vers le réservoir environnement.
Cette analyse est une étape importante pour que l’élève puisse établir une pre-
mière différenciation entre les concepts de courant électrique et d’énergie, et essayer
de comprendre de quoi on parle.

5.3. Conservation de l’énergie


Le principe de conservation de l’énergie affirme que l’énergie ne peut être ni
créée à partir de rien, ni détruite.

5.3.1. Chaîne état initial-état final


La diminution de la quantité d’énergie dans le réservoir source (objet) est égale
à l’augmentation de la quantité d’énergie dans le réservoir de destination (environne-
ment).
Une autre formulation est proposée par Roland Lehoucq : « Si un système a perdu
de l’énergie, la même quantité d’énergie a obligatoirement été gagnée par un autre système en
interaction avec le premier » ([29], p. 532), soit en image (cf. figure 28, page ci-contre). La
chaîne état initial-état final donne la représentation de l’état d’énergie des deux réser-
voirs (source et destination) à un instant donné de la transformation.

5.3.2. Notion d’énergie utile


La conservation de l’énergie n’implique pas que toute l’énergie transformée soit
utilisable ou utilisée. Par exemple, une perceuse utilise de l’électricité pour fonctionner
et fournit dans le même temps un travail mécanique (ce qui est attendu), mais en plus

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 105

Figure 28 - Chaîne état initial état final à différents instants de la transformation.

elle chauffe et cette réalité n’est pas désirée ; force est de reconnaître que ce transfert
thermique n’est pas intéressant (car non utile).
L’expression de « perte d’énergie » pose quelques difficultés à l’élève qui, de façon
abusive, peut en déduire que l’énergie disparaît. En effet, l’énergie ne disparaît pas
même si elle est dégradée (non utilisable sous la forme attendue). L’exemple d’une per-
sonne qui dit : « j’ai perdu mes clés » peut aider l’élève à comprendre ; les clés demeurent,
même si la personne n’en a plus l’usage.
© SaT

Figure 29 - Une perceuse mécanique convertit une partie de l’électricité transférée par le secteur
en énergie mécanique [29].

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


106 Union des professeurs de physique et de chimie

5.3.3. Généralisation en termes de flux d’énergie


Si on se réfère au flux entrant et au flux sortant d’énergie, le modèle de l’énergie
permet de comprendre que :
♦♦ Le flux entrant est conditionné par le réservoir d’énergie, qui lui-même dépend « des
énergies de stock » [30] et encore plus en amont des ressources disponibles.
♦♦ Le flux sortant correspond à l’énergie prélevée dont nous avons besoin.
C’est l’équilibre entre ces deux flux qui va conditionner l’approvisionnement en
énergie, l’un des défis à relever pour la planète sur le long terme.

Remarque
Si le physicien raisonne en termes de flux d’énergie ou « énergie de flux » [30],
l’économiste va raisonner en rythme de production et de consommation d’énergie.
« Les choix énergétiques à l’échelle d’un pays concernent la façon de “produire” de l’énergie qui
va être “consommée” » [30].

5.4. La chaîne d’énergie en technologie


5.4.1. Mot identique, mais attendu différent
Le terme « chaîne d’énergie » ne recouvre pas les mêmes attendus en physique et
en technologie ; il faut aider l’élève à s’y retrouver en fonction de l’objectif que sous-
tend la construction de cette chaîne d’énergie :
♦♦ En physique, la chaîne d’énergie fait le bilan des énergies mises en jeu au niveau des
transferts et des conversions entre le réservoir initial et le réservoir final.
♦♦ En technologie, la chaîne d’énergie est de nature fonctionnelle : elle indique les
étapes nécessaires (par des verbes) à mettre en place pour faire fonctionner l’objet
étudié, l’alimentation en énergie étant la première étape de la chaîne.

Exemple

Figure 30 - Voiture radio-télécommandée.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 107

Figure 31 - Chaîne d’énergie de la voiture radiocommandée du point de vue


de la technologie ([31], p. 40).

« Certains objets techniques doivent s’alimenter en énergie, la distribuer, la convertir et enfin


la transmettre. L’ensemble des composants qui réalisent l’alimentation, la distribution, la conver­
sion, la transmission de l’énergie est appelé chaîne d’énergie » [31].

5.4.2. Prise de conscience de la différence


Il est important d’aider l’élève à prendre conscience que ces deux approches sont
différentes, elles ne se contredisent pas, elles n’ont pas la même finalité. Le regard est
ici différent et les questions posées par le technologue sont différentes de celles posées
par le physicien.
Si, en technologie, on parlait de chaîne fonctionnelle d’énergie, cela permettrait
aux élèves d’avoir un indice, au niveau du vocabulaire, pour différencier ce que l’on
désigne par chaînes d’énergie, en physique-chimie et en technologie. Attirer l’attention
des élèves sur les spécificités que peut recouvrir un mot identique suivant les disciplines
enseignées est indispensable pour aider l’élève à cibler l’attendu. La richesse du travail
en interdisciplinarité permet de prendre du recul sur des mots comme énergie.
À ce titre, le projet initié par Clotilde Marin-Micewicz : du lexique à la science et
de la science au lexique (fondation Lamap) aux cycles 2 et 3 est très enrichissant pour
les élèves [32].
Il serait intéressant de voir la manière dont les Sciences de la vie et de la Terre
(SVT) représentent les chaînes d’énergie dans le domaine du vivant.

CONCLUSION
Cet article résume les propriétés essentielles pour aborder le concept d’énergie :
♦♦ la distinction entre ressources en énergie (concret) et formes d’énergie (abstrait) ;
♦♦ les trois notions de base : stockage, transfert, conversion, ainsi que le principe de
conservation qui forge le concept d’énergie.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


108 Union des professeurs de physique et de chimie

Même au collège, il convient d’attirer l’attention des élèves sur le fait que l’électri-
cité peut seulement être issue de la conversion d’autres formes d’énergie, et n’est donc
pas obtenue directement à partir de ressources disponibles dans la nature.
En fonction du niveau d’apprentissage, la compréhension du concept d’énergie va
s’affiner pour l’élève. L’essentiel est que d’une part l’élève puisse comprendre de quoi
il parle à un niveau d’apprentissage donné et d’autre part qu’il soit capable de « faire
la part des choses », en intégrant d’autres regards, quand il entendra débattre autour de
l’énergie. Une harmonisation entre les différents apports disciplinaires autour du thème
de l’énergie serait intéressante aux cycles 3 et 4 du collège et, entre autres, au niveau
de la symbolique utilisée dans la chaîne d’énergie : quels codes de représentation et de
signification pour les éléments de cette chaîne ?
Il est à noter, en conclusion, que le croisement des regards entre science et éco-
nomie sur le thème de l’énergie est indispensable. À ce titre, le travail de vulgarisation
sur le thème de l’énergie mené par Jean-Marc Jancovici est fort intéressant ; ses exposés
[33] permettent de prendre du recul face à ce qui est diffusé dans les médias sur ce
thème : « l’énergie de quoi s’agit-il exactement ? », « vous êtes plutôt primaire ou plutôt
final  ? ».

Et pour terminer sur une pointe d’humour…

Figure 32 - Vous avez dit transfert ? transformation ? stockage ?

Avant de lézarder sur un transat à l’ombre de ce cocotier, force est d’imaginer que
l’énergie potentiellement stockée dans une noix de coco bien mûre pourrait, au cours
du transfert branche-sol, se transformer en énergie cinétique et provoquer un réveil
brutal si la chute est bien ciblée.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 109

REMERCIEMENTS
Un très grand merci à Jacques Vince pour sa relecture avisée, à Sophie Robert
et Dany Launer pour leur disponibilité et les nombreux échanges, ainsi qu’au groupe
SÉSAMES pour la richesse et la qualité des productions mises à disposition de tous
les professeurs. Nous tenons également à remercier les maisons d’édition qui nous ont
fourni, à titre gracieux, des illustrations (cf. liste en annexe).

BIBLIOGRAPHIE ET NETOGRAPHIE
  [1] D. Ducourant, « Diversité et unité : autour de la matière en cycle 3 (partie 1) », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 110, n° 989, p. 1493-1506, décembre 2016.
[2] D. Ducourant, « Diversité et unité : autour de la matière en cycle 3 (partie 2) », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 111, n° 991, p. 241-260, février 2017.
  [3] D. Ducourant, « Force : du mot au concept (partie 1) », Bull. Un. Prof. Phys. Chim.,
vol. 111, n° 995, p. 759-788, juin 2017.
  [4] D. Ducourant, « Force : du mot au concept (partie 2) », Bull. Un. Prof. Phys. Chim.,
vol. 111, n° 997, p. 1013-1049, octobre 2017.
 [5] Document d’accompagnement de l’expérimentation, Un trimestre de la classe de
cinquième dans le sillage de La main à la pâte… Comment se transforme le monde ? :
https://www.fondation-lamap.org/fr/page/16764/comment-fonctionne-le-monde-energie-et-energies
  [6] Gaston, Tome 3 : Les Gaffes d’un gars gonflé : demi-planche A, p. 13.
  [7] D. Jasmin, J.-M. Bouchard et P. Léna, Graines de science 3, Éditions le Pommier, 2001.
  [8] W. Harlen et P. Léna, 10 notions clés pour enseigner les sciences de la maternelle à la 3e,
Éditions Le Pommier, 2011.
  [9] Dictionnaire Le Trésor de la langue française (TLF) :
https://www.le-tresor-de-la-langue.fr
[10] E. Klein, Conférence sur l’énergie :
http://www.cea.fr/comprendre/Pages/energies/essentiel-sur-energies.aspx
[11] Concepteur :Y. Hostettler, jeu de 7 familles Les Z’énergies :
http://www.toutallantvert.com
[12] B. Salviat, B. Prost et K. Allegraud, Une énergie, des énergies, Éditions Belin, 2015.
[13] D. Ducourant, B. Salviat et P.  Touron, « Un hamburger a-t-il plus d’énergie qu’une
Formule 1 ? : autour du concept d’énergie », Bull. Un. Prof. Phys. Chim., vol. 110,
n° 985, p. 845-857, juin 2016.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


110 Union des professeurs de physique et de chimie

[14] D. Ducourant, « Réflexions autour de la notion de concept », Bull. Un. Prof. Phys.
Chim., vol. 109, n° 970, p. 81-117, janvier 2015.
[15] G. Lemeignan et A. Weil-Barais, Construire des concepts en physique, Hachette Éduca-
tion, 1993.
[16] A. Einstein et L. Infeld, L’évolution des idées en physique, Paris : Flammarion, 1983.
[17] R. Feynman, La nature de la physique, chapitre « Qu’est-ce que la Science », Points
sciences, Seuil, 1980.
[18] Éduscol, Science et technologie (cycle 3) : identifier différentes sources et connaître
quelques conversions d’énergie :
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Energie/43/6/RA16_C3_SCTE_identifier_ener-
gie_580436.pdf
[19] R. Balian, La longue élaboration du concept d’énergie, Histoire des sciences / Évolution
des disciplines et histoire des découvertes, mars 2013 :
http://www.academie-sciences.fr/archivage_site/activite/hds/textes/evol_Balian1.pdf
[20] H. Reeves, Patience dans l’azur ; l’évolution cosmique, Seuil, 1988.
[21] J.  Vince et A. Tiberghien, « Enseigner l’énergie en physique à partir de la question
sociale du défi énergétique », Review of science, mathematics and ICT education, 6(1),
p. 89-124, 2012 :
http://jvince.free.fr/prof_vince/docs/Energie/Vince&TiberghienReSMICTE6.pdf
[22] J.-L. Azan, Physique-chimie, cycle 4, Éditions Nathan, 2017.
[23] Mise en activités du groupe SÉSAMES sur les formes d’énergie :
http://pegase.ens-lyon.fr/data/rubENS/theme66/docparties/PEGASE_ENERGIE_1S_chap2_PR.pdf
[24] J.  Vince et A. Tiberghien, « Pourquoi n’est-il pas pertinent de faire de l’énergie
électrique un concept de physique dans un programme d’enseignement ? », Bull.
Un. Prof. Phys. Chim., vol. 109, n° 976, p. 1103-1109, juillet-août-septembre 2015.
[25] J.-M. Jancovici, exposé sur le stockage de l’énergie « Est-ce facile de stocker l’éner-
gie ?» :
https://jancovici.com/transition-energetique/l-energie-et-nous/est-ce-facile-de-stocker-lenergie/
[26] O. Pujol, « Commentaire sur le terme “transfert thermique” en thermodyna-
mique », Bull. Un. Prof. Phys. Chim., vol. 112, n° 1004, p. 695-701, mai 2018.
[27] A. Tiberghien, « Introduction à l’énergie », CRDP de Lyon, 1998.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 111

[28] Projet d’ajustement et de clarification des programmes de sciences des cycles 2, 3


et 4 au 14 juin 2018 :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/87/2/Projet_ajustement_et_clarification_Pro-
grammes_de_sciences_C_2-3-4_14_juin_2018_VDEF_978872.pdf
[29] A. Deiber, D. Husson, J.-L. Izbicki et R. Lehoucq, sous la direction de D. Meier,
La Physique pour les nuls, éditions FIRST, 2009, p. 48 à 51.
[30] J. Treiner, « Énergies de stock, énergies de flux », Bull. Un. Prof. Phys. Chim., vol. 112,
n° 1000, p. 205-216, janvier 2018.
[31] Y. Jusserand et M. Sache, Sciences et technologie de 6e, Éditions Bordas, programme
2016.
[32] Fondation Lamap, « Science et langage : du lexique à la science et de la science au
lexique » lancé en 2014, avec le réseau des centres pilotes de La main à la pâte :
http://www.fondation-lamap.org/fr/page/27899/science-langage-du-lexique-a-la-science-et-de-la-
science-au-lexique
[33] J.-M. Jancovici, Exposés sur le thème de l’énergie :
https://jancovici.com/transition-energetique/l-energie-et-nous/lenergie-de-quoi-sagit-il-exactement/
https://jancovici.com/transition-energetique/vous-etes-plutot-primaire-ou-plutot-final/

Dominique DUCOURANT
Professeure retraitée
Montpellier (Hérault)

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


112 Union des professeurs de physique et de chimie

Annexe 1
Un texte de Richard Feynman

Tiré du livre La nature de la physique [17], chapitre « Qu’est-ce que la science », ce


qui suit est extrait d’une conférence à des enseignants.

Extrait
« Dans ce manuel, à l’usage de la classe de sixième, dès la première leçon, les choses sont mal
engagées, car l’auteur part d’une idée fausse de ce qu’est la science. On voit une première image qui
représente un chien mécanique, un de ces jouets à ressort qu’il faut remonter ; on voit ensuite une
main sur la clef du ressort et le chien se met à marcher. Et en dessous, il y a la légende : “Qu’est-
ce qui fait marcher le chien ?” Un peu plus loin, sur une autre image, on voit un vrai chien avec
la même question : “Qu’est-ce qui fait marcher le chien ?” Puis on voit une moto, toujours avec
la même légende : “Qu’est-ce qui fait marcher la moto”. Au début, j’ai cru qu’il s’agissait d’une
introduction aux divers domaines de la science : la physique, la biologie, la chimie. Mais pas du
tout. Car la réponse juste, je l’ai trouvée dans le livre du maître joint au manuel : “C’est l’énergie
qui fait marcher le chien, la moto, etc.”.
Or l’énergie est un concept extrêmement subtil, très difficile à bien saisir. J’entends par là
qu’arriver à comprendre suffisamment bien l’idée d’énergie pour pouvoir l’utiliser à bon escient
et en tirer des déductions correctes, ça n’a rien d’immédiat ; ça dépasse largement le niveau de la
sixième. On aurait pu tout aussi bien dire que ce qui fait marcher le chien et la moto c’est “Dieu”,
ou “la force de l’esprit”, ou “la tendance au mouvement”. D’ailleurs pour ce qui est de l’énergie,
on peut dire qu’elle arrête le mouvement aussi bien qu’elle le provoque. Adoptons maintenant
un point de vue différent et disons, à l’inverse, que c’est là simplement la définition de l’énergie.
Quelque chose qui bouge a – par définition – une certaine énergie ; mais ce n’est pas l’énergie
qui la fait bouger. La nuance est assez subtile.
Quand on pose à un enfant la question de savoir ce qui fait bouger un chien mécanique, il
faut avoir présent à l’esprit ce que serait la réponse normale. À savoir ici que le ressort a été bandé
lorsqu’on l’a remonté, et qu’il se détend en entraînant les roues dentées du mécanisme. Ce serait
une bonne idée, de commencer un cours comme ça : on prend un jouet, on montre comment il
marche, l’astuce du mécanisme. On apprend alors quelque chose sur le jouet, la manière dont il est
construit, sur l’ingéniosité de ceux qui ont conçu les engrenages… Bien. En somme, la question
posée par le manuel est bonne. C’est la réponse qui est mal venue, car ce n’est qu’une définition
de l’énergie qui ne nous apprend rien…
Mon père lui aussi aborda avec moi la question de l’énergie, mais il n’utilisa le terme

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 113

qu’après m’avoir donné une petite idée de ce que c’est. Je sais ce qu’il aurait fait, lui, pour me faire
comprendre cet exemple. Je le sais parce que le cas s’est produit à propos d’un exemple différent.
Il m’aurait dit : “C’est parce que le Soleil brille que le chien marche.” À quoi j’aurais répondu :
“Mais non, le Soleil n’a rien à voir là-dedans ! Le chien marche parce que j’ai remonté le ressort.
– Oui, mais mon petit ami, qu’est-ce qui te donne la force de remonter le ressort ? – Ce que
je mange – Et que manges-tu ? – J’sais pas… des épinards – Et qu’est-ce qui fait pousser les
épinards ? – Le Soleil.” Même chose pour le chien. Et l’essence de la moto ? C’est de l’énergie
solaire accumulée, captée par les plantes et emmagasinée dans le sol. »

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


114 Union des professeurs de physique et de chimie

Annexe 2
Activité proposée par le groupe SÉSAMES

Une activité proposée par le groupe SÉSAMES, extraite d’une séquence proposée
en intégralité [22] :
Sources d’énergie, formes d’énergie : de quoi parle-t-on ?
Formes d’énergie en physique
Rappeler les types de sources d’énergie qu’on utilise dans la vie courante ou dans le
monde économique.
♦♦ Rédiger un critère qui permet de savoir si une source d’énergie peut être considérée
comme renouvelable (cf. annexe 3).
Le modèle de l’énergie propose une façon de classer les formes d’énergie (énergie
stockable) :
♦♦ À l’aide des informations du document donné annexe 3, cocher dans le tableau 9 (cf.
page ci-contre) la forme de l’énergie stockée dans ces ressources. Dans chaque ligne
on mettra une croix.
♦♦ Quelle est la colonne vide ? Quelle ressource naturelle non encore exploitée corres-
pond à cette forme d’énergie ?

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 115

Formes d’énergie

Électrostatique
Thermique
Mécanique

Chimique

Nucléaire
…non renouvelables

Pétrole, charbon, gaz naturel


x
(ressource fossile)

Uranium
x
(ressource nucléaire)

Vent
x
(ressource éolienne)

Biomasse
x
Ressources…

(ressource de la biomasse)

Terre
x
(ressource géothermique)
…renouvelables

Soleil
x x
(ressource solaire)

Eau retenue
x
(ressource hydraulique)

Eau en déplacement
x
(ressource hydraulique)

Marées
x
(ressource marémotrice)

Tableau 9

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


116 Union des professeurs de physique et de chimie

Annexe 3
Description simplifiée des différentes sources d’énergie

Ressources fossiles : pétrole, charbon, gaz


Le pétrole, le charbon, le gaz sont des res-
sources d’énergie dites fossiles. Les stocks ont été
constitués à l’aire primaire (− 250 millions d’an-
nées). Pendant des dizaines de millions d’années,
le rayonnement solaire a permis le développe-
ment des plantes et de la biomasse en général ;
lorsqu’une petite partie de cette biomasse (moins
de 1 %) s’est trouvée enfouie, elle a pu évoluer
jusqu’à former du pétrole, du gaz et du charbon. Le transfert d’énergie à partir de ces
ressources nécessite de les brûler : cette combustion est à l’origine de l’augmentation
des gaz à effet de serre (CO2 en particulier) dans l’atmosphère.
Ces ressources assurent actuellement encore environ les trois quarts de nos usages
d’énergie à l’échelle mondiale. En deux siècles d’usage, nous avons presque totalement
utilisé un réservoir qui a mis environ 200 millions d’années à se former.

Uranium
Certains atomes d’uranium constituent une res-
source d’énergie, car leur fission libère de l’énergie. Ces
atomes d’uranium sont extraits d’un minerai produit dans
les mines d’uranium. L’uranium disponible sur Terre est
celui formé lors de la formation de la Terre. La quantité
d’uranium est donc limitée.
Si la fusion nucléaire (ayant lieu dans les étoiles)
venait à être maîtrisée et rentable, il serait possible d’avoir
une nouvelle ressource d’énergie nucléaire constituée d’atomes tels que le deutérium
et le tritium (isotopes de l’hydrogène).

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 117

Vent
Le vent est un déplacement de l’air dans
l’atmosphère. Il résulte, sous l’effet du rayon-
nement solaire, d’une inégale répartition des
conditions de température et de pression dans
l’atmosphère ainsi que de la rotation de la Terre
sur elle-même.

Biomasse
La biomasse est l’ensemble des matières
organiques, essentiellement d’origine végétale,
qui peuvent donner lieu à des combustions ou
permettent des combustions après transforma-
tions chimiques (le méthane formé dans cer-
tains cas par la matière organique en l’absence
de dioxygène est un bon combustible). Même
s’ils sont issus de transformations chimiques de
matière organique, les agrocarburants (ou biocarburants) entrent également dans cette
catégorie.

Terre
La Terre est un système « chaud » dont la température est
sans cesse maintenue grâce aux éléments radioactifs qu’elle
contient. En effet, comme notre système solaire, la Terre s’est
formée à partir des vestiges d’étoiles ayant explosé à la fin de
leurs vies. Parmi les poussières d’étoiles qui se sont accumulées
pour former la Terre, certaines étaient constituées d’atomes
radioactifs. Leurs transformations nucléaires spontanées libèrent
de l’énergie qui est responsable d’un important échauffement
des couches géologiques situées sous la croute terrestre.

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


118 Union des professeurs de physique et de chimie

Soleil
Le Soleil est une étoile naine jaune qui s’est formée
il y a 4,6 milliards d’années à partir des nuages d’hydro-
gène d’une nébuleuse. Au sein du Soleil ont lieu des réac-
tions de fusion nucléaires (l’hydrogène se transforme en
hélium) qui libèrent de l’énergie par transfert thermique
et par rayonnement.
Ce rayonnement électromagnétique est à l’origine
de pratiquement toutes les ressources d’énergies dont
nous disposons. On prévoit que ce mécanisme se poursuivra encore pendant 5 milliards
d’années environ jusqu’à épuisement du stock d’hydrogène et transformation du Soleil
en géante rouge.

Eau retenue et eau en déplacement


L’évaporation de l’eau, par l’action du
rayonnement solaire, permet le déplacement de
quantités importantes d’eau sous la forme de
nuages. Les précipitations permettent de stocker
de l’eau en altitude à l’aide de retenues, mais
aussi d’alimenter tous cours d’eau et lacs. L’eau
« libérée » ou celle des cours d’eau peut faire
tourner des turbines dites hydroélectriques et
permettre la production d’électricité.

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010


Collège
Union des professeurs de physique et de chimie 119

Marées et courants sous-marins


Les marées sont les mouvements montants et descendants des eaux des mers et
des océans sur la côte, causés par les interactions gravitationnelles entre ces masses d’eau
et la Lune et le Soleil. Comme pour l’eau des cours d’eau, l’installation de turbines
hydroélectriques dans les zones de forts déplacements d’eau permet la production
d’électricité.
Marées et courants sous-marins sont les seuls cas de ressources qui ne désignent pas
de la matière, mais un évènement. Ils peuvent être présentés comme un cas particulier
du cas précédent (eau en mouvement).

Vol. 113 - Janvier 2019 Dominique DUCOURANT


120 Union des professeurs de physique et de chimie

Annexe 4
Documents de travail de la journée nationale collège
sur le thème de l’énergie

Carte conceptuelle construite par Jacques Vince et Andrée Tiberghien [24]

Documents de la journée collège UdPPC (3)

(3) http://www.prof-vince.fr/Energie

Autour du mot énergie Le Bup n° 1010

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