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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de L’enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Larbi Ben M’Hidi


Oum El Bouaghi
Faculté des Lettres et des Langues

Département De Langue et Littérature Française

Thème :

Le factuel et le fictionnel dans « l’Imposture des mots »


de l’écrivain Yasmina Khadra

Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme de Master :

Langue : Française
Spécialité : Littérature Française

Présenté par :SAADI Yasmine Sous la direction de : ZEGHIB Nardjes

Jury :

Président : Mme TOUIDJINI Souhaila


Rapporteur : Mme ZEGHIB Nardjes
Examinatrice : Mr BOULAHBEL Karim

Année universitaire : 2016 – 2017


Intitulé
Le factuel et le fictionnel dans L’Imposture
des mots de Yasmina KhADRA
Remerciements

Je tiens d’abord à remercier Allah le tout miséricordieux de m’avoir donné


la patience, le courage ,et la volonté qui m’ont permisd’accomplir ce travail
de recherche.
Mes remerciements iront spécialement à ma chère enseignanteMadame
:ZeghibNarjas, qui n’a épargnée aucun effort pour me guider surle chemin
épineux de la recherche .
Je tiens remercie mille fois Madame Zeghib , qui a supervisé montravail .
Sa direction minutieuse et exigeante , sa patience et sabienveillance ,ses
encouragement et ses conseils mon permet de mener àbien mon travail.
Je tiens également à remercie tous les enseignants qui m’ontaccompagnée
tout au long de mon parcours
Enfin , mes vifs remerciement vont aux membres de jury : Madame
TouijiniSouhila, Monsieur Boulahbel Karim
Dédicaces
Je dédie ce modeste travail :
-A mon père qui a tout sacrifiée pour notre éducation.
-A ma mère dont la voix résonne encore dans mes oreilles pour me réveiller
à l’aube et vieillir ainsi au bon déroulement de mes études.
-A mon cher frère TAREK .
-A mes collègues Amina Bouafia et Amina Djah.
-A mes frères, mes sœurs, mes belles sœurs .
Sommaire

Introduction

Partie I : la vie littéraire et personnelle de Khadra

Chapitre 1: Auteur /Œuvre

1. De l’écrivain……………………………………………………………06

2. De l’œuvre……………………………………………………………...09

Chapitre 2: PrésentationContexte de l’écriture

1.Contexte socio-politique……………………………………………....13

2. Déchirement identitaire……………………………………………..…17

Partie II : la vie de Khadra entre le factuel et le fictionnel

Chapitre 1: l’autobiographie

1. Pourquoi raconter sa vie ?........................................................................ 22

2. Qu’est-ce qu’une autobiographie ?.......................................................... 25

Chapitre 2: L’autofiction

1. L’empreinte de soi……………………………………………………29
2. DOUBROVSKY et l’autofiction…………………………….……..31

Partie III : comment différencier entre autobiographie et autofiction ?

Chapitre1 : Dimension autobiographique

1. Prémisses dans l’Ecrivain………………………………………………34


2. Les traces du moi……………………………………………………….35

Chapitre 2 : Dimension autofictionnelle

1. Personnages fantômes………………………………………………...44
2. Ecrire sa vie autrement ……………………………………………….47

Conclusion………………………………………………………………….49

Bibliographie………………………………………………………………...51

Résumés……………………………………………………………………..53
Introduction
Partie I : la vie littéraire et personnelle
de Khadra
Chapitre I : Auteur /œuvre
Selon Louis Viconite de Bonald : « la littérature est l’expression de la société,
comme la parole est l’expression de l’homme »1. Cette citation met en lumière la
définition de la littérature, qui se définit généralement étant, toute œuvre écrite ou
orale qui a une dimension esthétique, elle englobe plusieurs cultures selon un mode
d’écriture bien particulier. On peut la considérer comme un aspect particulier de la
communication entre celui qui écrit par ses mots (l’émetteur= l’auteur), et celui que
reçoit ces mots (récepteur =lecteur).Ce lien de communication aide à exploiter la
langue et de multiplier les destinataires qu’ils soient lecteurs ou auditeurs.

C’est le cas de la littérature maghrébine d’expression française, qui est une


production littéraire née vers les années 1945-1950 comme produit de la
colonisation française dans les trois pays :le Maroc, la Tunisie et l’Algérie.Cette
productivité littéraire a été estiméecomme forme d’expression après la deuxième
guerre mondiale. Par ailleurs cette littérature n’a cessé de décrypter la société
maghrébine, de reproduire les malaises des peuples et surtout en Algérie. Chaque
auteur, selon son pays d’appartenance, avait sa propre manière de s’exprimer, de
s’imposer avec l’encre de sa plume pour l’utiliser comme une arme à double
tranchant ; d’un coter pour combattre l’ennemi et de l’autre pour offrir au lecteur,
surtout l’européen, une galerie de traditions et de coutumes de sa propre région.

Tout cela ne s’est fait que par la langue du colonisateur. Certains romans
sont marqués par une sorte d’un malaise entre garder les traditions ou bien suivre
l’autre où s’impose une sorte d’un tiraillement entre deux les cultures
(maghrébine/française).

En Algérie, la première génération de la littérature maghrébine de langue


française commence à travers des romans liés aux écrivains dits « classiques », les
fondateurs: Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, et Kateb Yacine
qui se sont servis du butin de guerre, selon Kateb Yacine, pour combattre l’ennemi.

1www.décocitation.fr

1
La deuxième génération (1970) a parcouru le même chemin de la même de
la précédente, mais elle se base sur une écriture beaucoup plus violente, caractérisée
par la divulgation des inconvénients et des insuffisances de la société maghrébine
traditionnelle et l’autorité parentale et Rachid BOUDJEDRA en est un maitre par
excellence.

La troisième génération présente une littérature engagée surtout dans le


domaine politique, se base sur la relation de l’individu avec sa société, et en
remettant en cause toutes les défaillances dans l’ordre établi par les autorités,
comme : Rachid Mimouni et Yasmina Khadra. Ce dernier a tant parsemé la
littérature algérienne par ses écrits parmi les plus lus et traduits au monde, la plupart
de ses romans sont traduits en plus de 42 langues.

Ecrivain controversé mais extrêmementpopulaire dans le monde entier et


trèsprolifique. Avant de Se consacrer exclusivement à l’écritureil a d’abord eu une
longue carrière d’officier dans l’armée Algérienne. Afin de pouvoir s’exprimer
librement il a choisi d’adopter un pseudonymeféminin( les deux prénoms de sa
femme), ceux et surtout celles qui se sont intéressésà cet écrivain doué ont été de
plus officier dans l’armée lors de la longue guerrecivile .

Yasmina a commencé par écrire des romans policiers avant de se lancer dans la
littérature disons plus traditionnelle. Cependant son œuvre continue à s’interroger
principalement sur la violence et ses causes. Parmi ses œuvres L’écrivain, Cousine
k , L’équation africaine , L’attentat , Ce quele jour doit a la nuit ….

Nous désirons mener un travail de recherche sur son roman L’imposture des
mots,publié en 2002 dont le thème central du récit concerne le débat médiatisé sur
l’implication de l’armée Algérienne dans la guerre civile desannées 1990. En effet,
dès son arrivée en France, le protagoniste prend tout d’un coup le rôle du suspect, il
se voit littéralement coupé en deux ; par son obligation de défendre l’armée, et par
le risque de compromettre sa carrière d’écrivain « Que faire ? Me taire ? Mon
silence pourrait être interprété comme un consentement ou un
2
désaveu »p113Ceroman contient trois chapitres intitulés successivement
(L’approche, Le choc, Le doute) et contiens 148 pages.En outre, la cause qui
pousse l’écrivain de s’installer à Paris est pour trouver « sa terre promise ; le monde
des écrivains » p19.

D’après notre lecture, nous avons constaté qu’on peut aisément distinguer
les éléments authentiques qui renvoient à son vécu et les éléments fictifs qui se
dégagent de sa création littéraire. il y ‘a des va et viententre la réalité et la fiction
dans laquelle l’écrivain ne donne aucune introduction surtout quand il parle avec
ses fantômes. En principe, et pour mettre le lecteur en scène il faut d’ abord
présenter l’un de ces fantômes, son caractère mais Khadra entre en dialogue
soudainement c’est qu’après une certain moment qu’ il donne une petite description
autour de ce fantôme .

Ce qui a suscité chez nous le désir de travailler sur ce roman c’est parce que
nous connaissons notre écrivain talentueux par ses romans de polar, mais cette fois
avec L’imposture des mots est un roman tout à fait différent aux autres, car il s’agit
d’une part de la continuité de l’Ecrivain, publié en 2001 surtout sur le plan
thématique, où l’auteur dévoile pour la première fois son identité ; et d’autre part,
parce que ces deux romans sont les premiers récitsautobiographiques . Nous nous
interrogeons alors sur cette déviation littéraire et sur ce choix sur le retour à sa vie
après une longue période de déguisement identitaire.

Nous supposons que ce recours à un tel geste narratif ne serait qu’un besoin
de raconter sa vie à travers un genre infléchi par la dimension fictionnel pour
recourir au passé surtout en dialoguant avec ses fantômes littéraires.Il a fallu peut-
être aller au-delà de la réalité pour introduire une part de fiction.

3
Notre objectif est de montrer comment dans L’imposture des mots Yasmina
Khadra dépasse la réalité pour relater sa vie personnelle et nous nous efforcerons à
poser les questionnements suivants :

-Pourquoi le recours à la vie personnelle en ce moment précis de sa vie ?

-Quelles sont les intentions de l’auteur en mêlant la réalité et la fiction dans ce


roman ?

-Peut –on considérer l’Imposture des mots comme une continuité thématique et
littéraire de L’Ecrivain ?

-Pourquoi se recourir aux fantômes romanesques ?

- peut-on dire que Yasmina KHADRA est hanté par les fantômes du passé ?

-Son choix narratif pourrait se justifier par le désir que les lecteurs puissent
imaginer sa vie ?

Afin de répondre à ces questions et mener notre travail à terme , nous avons
réparti notre travail en trois parties :

1/ La première est présentative qui sert à présenter l’auteur et son œuvre pour ceux
qui n’ont pas eu la chance de le lire, il est important de nous ’arrêter sur les plus
grands moments de l’histoire. Ce synopsis ainsi que le contexte sociopolitique de la
de l’écriture de ce roman nous serviront dans la partie analytique.

2/ La deuxième est théorique, et afin de consolider nos propos et affirmer nos


hypothèses nous allons nous recourir à certains théoriciens spécialistes dans
l’autobiographie et l’autofiction à savoir LEJEUNE Philippes et DOUBRORVSKY.

3/ La troisième est analytique, il serait question d’affirmer ou d’infirmer nos


hypothèses en nous servant de l’outil théorique.

4
1. De l’écrivain.

Yasmina Khadra de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est né dans le


Sahara algérien. Ecrivain de langue française, son œuvre est connue et saluée dans
le monde entier. Sa trilogie :Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat, et Les Sirènes
de Baghdâd, consacrée au conflit entre Orient et Occident, a largement contribué à
la renommée de cet auteur majeur. La plupart de ses romans, dont A quoi rêvent les
loups, L’Ecrivain, L’Imposture des mots et Cousine K , sont traduits dans 42 pays.

Les Anges meurent de nos blessures2013 et Qu’attendent les singes 2014 ont
apparu aux éditions Julliard. Ce que le jour doit à la nuit meilleur livre de l’année
2008 pour le magazine LIRE et prix France Télévision 2008,a été adopté au cinéma
par Alexandre Arcady en 2012.L’Attentat reçu, entre autres, le prix des libraires
2006, le prix Tropique 2006 et le grand prix des lectrices Coté femme. Son
adaptation cinématographique par le réalisateur Ziad Doueiri est sortie en mai 2013
sur les écrans et a remporté de nombreux prix lors de festival, notamment l’Etoile
d’oren Italie, l’Espagne, le Japon et Israël. En 2011, Yasmina Khadra a reçu le
Grand prix de littérature Henri Gal de l’Académie française pour l’ensemble de son
œuvre.

Revenons au corpus, notre écrivain a publié L’imposture des mots en


2002,aux éditions Pocket, il contient 148 pages et trois chapitres
intitulés successivement :L’approche de la terre promise, Le choc devant les
journalistes et Le doute partie résumant ses rencontres avec des écrivains algériens
et occidentaux, dans ce dernier chapitre Khadra se retrouve très déçu.

5
L’imposture des mots, roman mettant en lumière la vie d’un enfant envoyé
très jeune, à l’âge de neuf ans à une école militaire par son père, le destin a fait de
lui un Cadet , pour satisfaire son père Khadra n’a pas vécu son enfance comme tous
les autres, parce qu’il a grandi dans une école militaire qui impose ses lois et limite
sa liberté. Mais il a trouvé son refuge, et se tourna vers l’écriture comme un moyen
pour ressortir ses réprimées.

«… Ont été des enfants encadrés par des caporal et des


sergents qui n’avaient ni la culture ni l’éducation nécessaire
pour accompagner des enfants ver un destin …par la suite c’est
quand même un monde qui ressemble beaucoup plus à un
univers caressera , il y’avait des promets pour nous ;le matin
s’été le réveil à 5h avec les lits qui se renversés .Imaginez un
enfant de neuf ans revient à 5h du matin avec son matla qui
renversé , avec des audace qui le trac …mais ça nous a
construit »1

Dès le début jusqu’à la fin du roman, il y’a un dialogue entre le protagoniste


et ses différents fantômes. L’auteur introduit des éléments parfaitement surréels,
quand il parle avec des personnages fictifs sont déjà morts dans d’ autres romans du
même auteur (morts/vivants): Zane(Les agneaux des seigneurs),Salah Indochine( A
quoi rêvent les loups),Haj Maurice(Les Agneaux des seigneurs )Zarathousta … des
rencontres avec des journalistes, des dialogues fictifs avec des écrivains de grand
talent dans le domaine littéraire : Kateb Yacine, Malek Hadad, Nazim Hikmet …
,ils sont la source de son inspiration,

6
Justement, c’est la manière dont il parle avec ses personnages qui nous
montre une écriture singulière décorée par la liberté créatrice de l’auteur, sa volonté
d’être un artiste peut créer des personnages morts-vivants, seulement pour donner
le meilleur aux lecteurs « Un écrivain est la secondechancedel’humanité» p77.

On a beaucoup aimé que l’auteur soit en conversation avec quelques-uns de


ses personnages les plus marquants où la plus grande partie du roman se présente
sous forme des interviews avec des journalistes des chaines françaises, des rendez-
vous avec des écrivains ,des conversations avec des personnages .Et d’autres, la
manière dont il raconte ses souffrances, ce roman nous explique surtout son rapport
à l’écriture, l’amour des mots et sa relation avec la langue française.

De temps en temps, il est hanté par le fantôme du passé pour décrire le


Commandant Moulessehoul ,donc il n’est pas prêt de laisser derrière lui cette partie
décisive de son identité ,et révèle le regard des médias qui ne voient en lui que
«l’officier romancier » p56 .

Dans un rencontre avec Youcef Marrah ; Khadra nous donne une explication
de sa manière de dialoguer avec le fantôme « officier » et ses personnages:

« Et dans le silence abyssal qui investit mon monde, il ne me


reste que mes personnages, mes auteurs préférés et mon
imaginaire, on voulait que je renie une partie de moi-même
pour être réhabilité »1.

Dans ce sens l’écrivain a fait recours à la littérature pour fuir la réalité, et


s’imaginer dans un autre monde plus libertin.

1Qui êtes-vous Monsieur Yasmina Khadra ?Alg Sedia 2007 P36

7
Notre problématique tourne autour de la manière dont Yasmina Khadra véhicule
ses propos en confrontant l’aspect réel de son récit, que nous considérons
d’inspiration autobiographique avec l’aspect fictif de l’écriture.

Donc, est ce que l’auteur pour raconter sa vie utilise juste des évènements vécus
ou bien il faut aller au-delà réalité pour faire de sa vie un livre ?

8
2. De l’œuvre.

L’imposture des mots, roman mettant en lumière la vie d’un enfant n’ayant
pas vécu son enfance comme les autres, parce qu’il a grandi dans une école militaire
imposant des lois et règlements qui limitent sa liberté. Mais il a tout de suite trouvé
son refuge, et se tourna vers l’écriture comme un moyen pour ressortir ses
réprimées :

«… Ont été des enfants encadrés par des caporal et des


sergents qui n’avaient ni la culture ni l’éducation
nécessaire pour accompagner des enfants ver un destin
…par la suite c’est quand mêmeun monde qui ressemble
beaucoup plus à un univers caressera , il y’avait des
promets pour nous ;le matin s’été le réveil à 5h avec les
lits qui se renversés .Imaginez un enfant de neuf ans
revient à 5h du matin avec son matelas qui renversé ,
avec des audaces qui le trac …mais ça nous a
construit » 1 .

L’idée évidente dans le texte, est celle de comment un officier s’engage dans
un domaine littéraire ?Avant ils ont essayé de détruire le militaire parce qu’il était
un romancier, puis ils ont essayé de décrasser l’écrivain car il était un militaire.

A travers L’imposture des mots, les sentiments du lecteur sont devisés entre la
tristesse, la confusion, et la sympathie avec l’auteur, surtout pendant l’écriture de sa
lettre de démission.

Le contenu de ce livre contient en particulier, la vie atteint d’un enfant âgé


de neuf ans, il a été forcé d’entrer dans une école militaire pour atteindre le plaisir
de son père.Le destin a fait de lui un officier dans l’armée algérienne. Khadra ne

1 La chaine française KTO tv « Visages Inattendue de Personnalité »

9
souciait pas de raconter les détails de sa vie ordinaire, mais il met en scène les
positions les plus difficiles, qui ont finalement lui a donné une lueur d’espoir.

La première chose qu’il a perdue est son enfance, parce qu’il est né avec la
révolution. Donc, il est obligé à l’école militaire d’apprendre la discipline et
d’exécuter les ordres, mais une partie de lui sera rebellé. La succession des pertes
de Khadra l’ont dissuadé, il a vécu une triste enfance, puis la séparation de sa
famille, puis la démission de son métier, et finalement il a quitté son pays.

Khadra n’a pas seulement narrée son histoire, mais aussi la vie de ceux qui
sont proches, cela donne une crédibilité à ses paroles, et les rendent plus réalistes ;
où il a parlé de sa mère ,de son fils , et Philipe :

« J’en doute : il a d’autres soucis .Je suis un peu navré


de gâcher ses fêtes de fin d’années , l’obligeant à les
interrompre juste pour me raccompagner .Il était parti ,
avec sa petite famille chez des amis dans un village à
une centaine de kilomètres ….Philip attend un enfant ; et
attend sagement que je m’en aille pour retourner auprès
de Martha que la grossesse tarabuste »p13.

Si on se jette au fond du texte, nous découvrons un nouveau style de


l’écriture de soi de manière objective et impartiale, comme quoi il écrit la vie d’une
autre personne. Tout simplement, premièrement pour montrer qu’il a une deuxième
langue étrangère, par laquelle il s’identifie. En second lieu, il a voulu indiquer sa
créativité d’employer des personnages fictifs :parler, bavarder, et parfois se battre
avec eux, parce qu’ils ont expliqué ses défauts, ses erreurs commises.

10
Les douleurs, la tristesse, et le malheur restent proche de lui tout le temps,
juste après sa retraite sa vie est devant un carrefour, rien n’est claire, il pense
toujours à son avenir « Que d’interrogations incitants mes insomnies à saigner à
blanc mes nuits et à tenir à distance mes jours, tels des pestiférés»p55. Ce drame
fait apparaitre un écrivain différent aux autres. Khadra exploite ces points faibles et
les rendent positifs par des écritures singulières et différentes :

« Mon chagrin me tient en haleine, il ne veut pour lui


tout seul … captifs mes soucis, au lieu de profiter des
beauté défilant de part de l’autre »p80,81.

Il arrive au bout du malheur jusqu’à où il veut brûler tous ses livres, à cause
de la marginalisation de ses trente-six ans de l’armée par des attaques hostiles sur
sa vocation de romancier :

« J’ai l’envie de brûler mes livres sans exceptions ,


comme autrefois mes manuscrits au bout du troisième
rejet … je fume trop , jeûne à longueur de journée
,absent à perte de vue … je ne dors pas assez ,mange
frugalement et fume comme un dragon de Chine »p
94,118,56 .

Au sein de son chagrin, on remarque la description d’un visage blême, d’un


homme toujours triste et pessimiste aux yeux les journalistes :

« J’enfile vêtements, perds un mes temps fou a


discipliner mes cheveux que le gel ne parvient pas à
caresser dans le sens du poil. »p56

La déception de Khadra commence quand il se sent être égaré dans


l’ambiguïté tous ses plans sont arrêtés parce que sa vie à ce moment se nourrie de
l’écriture… « L’entretien ne sera pas publié. Les suivants non plus. C’est le début
de malentendu »p63.

11
Aussi, malgré sa notoriété par tout dans le monde son pays l’ignoretoujours et
cela le blesse profondément :

« Les Allemands, qui sont nombreux à m’interviewer, les


Belges, les Suisse, les Espagnols, les Italiens, les Arabes
s’attardent, certes, sur ma singularité sans perdre de vue
l’essentiel. Quant aux Algériens, c’est le coups de foudre
en bonne et due forme .Ils découvre enfin leur écrivain,
celui qui raconte juste, qui leur ressemble comme lueurs
dans les ténèbres »p60

Cette apathie touche vraiment l’écrivain il sent comme s’il est sans origine, tout
seul, autant que la plupart de ses écrits parlent de son pays, ses blessures, ses
problèmes ….Surtout qu’il est un homme sensible, l’amour du monde entier ne
ferait la tendresse qu’il veut par son pays« Si je suis aimé par des milliers de gens,
grand bien me fait ; si un seul récuser cet amour, mon bonheur est fichu »p62.

Il se trouve face à un grand échec parce que parmi les dizaines d’interviews
qu’il avait accordés autour de la polémique, seul Marianne et France –soir en
publient une partie «les autres ne sachent pas quel bout prendre mes déclarations,
ont préféré yrenoncer »p91.

L’auteur termine sa lettre par un message d’un être profondément blessé d’un
brave homme humilié par ceux qu’il croyait ses amies :

« que ceux qui ni y peuvent rien aient la décence


de nos laisser à notre malheur, A l’usure, nous saurons
renaitre de nos cendres et suivi au pire des cataclysme :
la lâcheté de nos félons et le lâchage de nos
‘amis’ »p117

Que peut-on dire d’un homme qui connaissait d’exploiter sa vrai réalité(le
fait de posséder deux noms en apparence semble normal), mais, car il est artiste ; il

12
le rend une histoire appréciative, pose beaucoup d’interrogations. Il est vraiment un
homme intelligent avec toute maturité.

13
1. Contexte social

Nous commençons par un petit rappel sociopolitique de la guerre civile


algérienne des années 1990,parce qu’on peut considérer notre œuvre comme un
témoignage de la décennie noire ou bien la décennie de terrorisme.

Durant les années 1990-2000, beaucoup d’écrivains algériens ont choisi le


recours vers la dénonciation de la dure situation de l’Algérie, comme Rachid
Boudjedra, Mohammed Dib, Rachid Mimouni… Yasmina khadra entre autres.

Cet écrivain a régulièrement rendu hommage à l’armée, par ses quatre


romans, dans lesquels il met en scène le drame algérien des années 1990 : A quoi
rêvent les loups, Les Agneaux du Seigneur, Double blanc, L’automne des
chimères ; et à travers des différentes interviews qu’il a accordées à la presse
occidentale, arabe et algérienne, il parle des massacres sur lesquelles il a enquêté :

« A l’heure où la question « qui tue qui ? »Battait


son plein, et au risque de compromettre ma
carrière littéraire, j’ai dédié l’Automne des
chimères au soldat et au flic de mon pays, c’était
en avril 1998» p112.

C’est en décembre 1991, après les résultats du premier tour (vote sanction), le
gouvernement algérien annula les élections législatives, parce que le FIS va gagner ,
el la peur du gouvernement de perdre le pouvoir et laisser la place à une république
islamique.

Le 29 Juin 1992 Boudiaf Mohamed, un président à peine installé en Algérie a


été aussi assassiné, puis Taha rDjaout , journaliste ,romancier et poète a été
assassiné lui aussi de deux balles en pleine tête en 26mai 1993.sa mort se considère
comme le commencement des menaces d’assassiner les intellectuels. Sans oublier
de citer les massacres civiles dans des villages isolés et les jeunes femmes
violées… En peu de mots on l’appelait une décennie rouge suite à la barbarie
humaine vécue par notre pays.

14
Au milieu des années 1990,exactement le 13janvier 1995, l’Algérie a connu
l’émergence de plusieurs partis politiques algériens, en particuliers les trois fronts :
le FLN(front de libération nationale), le FIS(front islamique de salut),le FFS(front
des forces socialistes), pour la rendre plurielle libre et démocratique , laïque et
république.

Un peu plus tard, la guerre civile se déclenche entre des gens d’un même
pays, d’une même région, ensuite le doute de « Qui tue qui ? » et diront que les
islamistes ne tuent pas, et d’affirmer que les militaires qui commencent les
massacres. Les années 1992-1997 marquent la période la plus violente de la guerre.

Yasmina Khadra parle de la guerre civile même s’il a démissionné de


l’armée, il dit la vérité courageusement, on peut imaginer la difficulté d’exposer le
point de vue d’un écrivain ancien militaire dans un pays dans lequel l’armée a été
soupçonnée. Malheureusement il est perdu entre deux positions, soit de défendre la
guerre civile, et sa carrière de militaire, soit de perdre sa crédibilité, donc il a pris
une décision de déclarer les évènements qu’il a vécus :

« J’ai été un soldat, et je n’ai pas quitté les arènes


algérienne des yeux une seconde .Mon témoignage
n’aurait –il donc pas voix au chapitre ? l’armée
algérienne n’est pas un ramassis de barbares et
d’assassins, c’est une institution populaire qui essaie de
sauver son pays et son âme avec le peu de noyer
appropriés dont elle dispose que composent sa
détermination et sa vaillance , et rien d’autre »p115

Encore déclare-t-il« présenter le soldat algérien comme un mercenaire sans fois et


sans conscience est injuste et inhumain »p115.

Il prend toujours le regard d’un suspect, malgré que l’armée algérienne c’est
le seul protecteur des peuples, elle essaie de sauver l’Algérie. Au moment où les
gens ignorent qui est le suspect ? Qui est l’innocent ?Il a écrit sa lettre émouvante

15
de démission pour rependre aux critique et des témoignages qu’ils imputent
l’armée :

« Je repousse les couvertures, extirpe des feuilles


blanches de mon sac .Pour ceux-là, à une heure
impossible, je me mets à rédiger la lettre de démission
du commandant Moulesshoul»p112.

Et aussi il disait :

« je reviens des maquis, des villages blessé, des villes


traumatisé, je reviens d’un cauchemar qui m’aura
définitivement atteint dans ma chair et dans mon esprit
…Et que suis-je entrain d’entendre ?que le soldat
miraculé que je suis un tueur d’enfants… »p116.

Au sujet des crimes imputes à l’armée, on cite quelques témoignages des anciens
militaires, comme Aissa Kasmi, cadre supérieure de la sureté nationales :

« La question la plus accablantes chaque fois


embarrassantes, qui fusait un couper de la bouche
reprise …si l’on me disait lieux que tu connais le mieux,
dans des parents de policiers aujourd’hui quels sont les
assassinés était la suivantes : « pourquoi ?pourquoi ?...
tuent –ils nos enfants ? ».Que voulez-vous qu’on
rependre à une telle question on se la pose soi-même ?

En dehors des commanditaires de ces crimes, personne n’avait de réponse à


cette question. Nul n’était en mesure de soulager la détresse indicible d’un père,
d’une mère, d’un frère, d’une épouse…

« Cette question troublante à plus de titre nous fait jetée


à la « Guelle » à ma maintes l’Algérois, la Mitidja

16
jusqu’à Boumerdes , je répondrais sans hésiter un seul
instant que ce sont les cimetières …Les morts étaient
nombreux nous fumes parfois confrontés à une pénurie
des cercueils » 1

Ainsi, pour les massacres et les enfants victimes de cette guerre, on a choisi
de parler d’une déclaration sur la radio de Pr Mustapha Khiati qui nous a donné un
chiffre inquiétant et en même temps révélateur de la situation sociale. Selon lui :

« Sur le million d’enfants ayant subi la violence du


terrorisme durant les années 90, seulement 50.000 ont été
pris en charge psychologiquement. Dans son analyse, le
Pr Khiati a expliqué que plusieurs générations d’Algériens
ont été façonnées dans l’acceptation de la violence depuis
1830, ce qui a contribué à la rendre banale… Les enfants
n’ont pas été épargnés par les violences des années 90,a-t-
il ,tout en soutenant que l’essentiel des actes violents
commis actuellement sont le fait de ces mêmes
enfant…Concernant la prise en charge psychologique,
explique-t-il « n’efface pas ces traumatismes , mais elle les
atténue un tant soit peu et les victimes ne peuvent que le
perpétuer à des degrés divers…Pour les autres : « si les
victimes ayant bénéficié de suivi ont pu un tant soit peu
s’intégrer normalement dans la société , les choses sont
totalement différent pour les autres .Les enfants qui sont
toujours hantés par les démons des années 90 sans savoir
eu de soutien psychologique se livrent à des violences
extrêmes .Pour eux c’est un comportement normal » 2

1Témoignagesur la décennie noire et la sacrifice des policiers algérien de Kasmi .Aissa

2Pr Mustapha Khiati : président de l’Association pour la promotion de santé et de la recherche


scientifique.Déclaration sur la radio : Enfants victimes de violences durant la décennie noire : Seuls
50.000 sur un million ont bénéficié d’un suivi psychologique.

17
2. Déchirement identitaire.

Le double identitaire est visible dans les œuvres de Yasmina Khadra : double
langues (Arabe /Français), double statut (officier /écrivain), double pays (Algérie
/France)…Aussi, les multiformes des œuvres : roman de polar et essai, récits
autobiographiques, poèmes… soulignent la complexité identitaire de Mohamed
Moulessehoul

« Ma première nuit de Kateb Yacine est venu me voir


dans mon sommeil .Il portait un bleu de Shangai
décoloré et des sandales en caoutchouc …Qu’es venu
chercher par ici Yasmina Khadra ! Ce que ni moi ni
Mohammed Dib n’avons point trouvé ! …Toute la
différence est là cheikh .Tu es venu chercher quelque
choses ; je suis venu chercher quelqu’un »p33-34.

Il voulait dire que,après sa retraite se trouva perdu sans identité,où il allait en


France pour satisfaire son désir et essayer de trouver une deuxième partie cachée de
lui-même.

Notre auteur insiste toujours dans ses rencontres sur l’aspect identitaire et
religieux : donc il est fier de son appartenance et son origine d’être arabo –
musulman «…. Je suis algérien, musulman… ». Et dans le texte l’aspect religieux
est claire «lorsque j’allais la nuit, prier à la mosquée de Polanco… »p17, plus loin
il écrit « Le menu à bord n’étant pas hallal »p24

Il répond souvent aux questions et critiques pour le choix de la langue


française ,qu’elle est juste un moyen pour expliquer et extérioriser ses pensées « le
français comme langue d’écriture »p 125 , et pour attirer bien beaucoup plus les
médias et le lecteur « ce dernier attend péniblement de connaitre « Qui Yasmina
Khadra ? » . Il a déclaré aussi :

18
« Entre 13 et 20 ans j’avais lu tous les écrivains
algériens de cette époque sans exception : AssiaDjebar,
Moufdi Zakaria , EL Khalifa … malheureusement je
n’avais pas le talent de ces grands , et j’étais pas
encourager non plus . Je suis devenu un romancier en
français parce que j’étais un poète arabe raté , et puis la
langue francise il faut dire aussi, il faut que les gens
comprennent que la langue c’est une richesse , ce n’est
pas la langue d’ennemi , c’est la langue de la découverte
, de la conquête , c’est la langue de générosité .Donc il
faut arrêter de croire de ceux qui écrivent en français ils
sont pas algériens ,mais je suis algérien … je n’ai pas
choisis , je voulais écrire . En russe, en chinois, en
arabe. Mais écrire ! Au départ, j’écrivais en arabe. Mon
prof d’arabe ma bafoue, alors que mon prof de français
m’a encourager » 1

Il s’agit de la même affirmation de Ibn Badis « l’arabe est ma langue,


l’Algérie est mon pays, l’islam est ma religion ». C’est vrai que notre écrivain
cache son nom au début, mais pour ses origines restent toujours sa fierté :

« Je suis resté Bédouin, je suis né au Sahara je descends


dans une famille dynastie. Les Moulesshouls ont réunie
sur la Sawra pendant six siècles parleur sagesse, par
leur érudition, et non pas la violence »2

Dans la même mission répond sur la question « Représente quoi l’Algérie


aujourd’hui pour vous ? », il déclare :

1 Un rencontre avec Y. Khadra à la Fnac Saint -Lazare

2 Rencontre dans la chaine française KTO tv.

19
« Ça reste toujours mon pays qui m’appartient plus
puisqu’il appartient à mes enfants, et au génération
demain. Mais vous vivez en France ? Oui dans 10 jours
je serai à Oran, et je compte à rentrer définitivement en
Algérie, parce que c’est le seul territoire où je me sens
vrai moi, ailleurs je ne suis qu’un exilé compris dans
mes textes, mais dans l’Algérie, je suis moi ».

Par L’imposture des mots, l’écrivain veut transmettre un message aux


lecteurs, c’est qu’il a quitté son pays natal juste pour réaliser un rêve d’enfance,
s’envole en France qui est selon lui « Terre promise : Terre des écrivains »p 19.
Malheureusement, au début il a affronté beaucoup de difficultés et le refus non
seulement par les français mais aussi par ses compatriotes, parce qu’il n’était pas
connu.

Il a dit une chose très importante, c’est très dur pour lui de quitter son pays,
son passé, ses habitudes, pour réaliser un rêve du passé sans savoir qu’est-ce que
cache le futur à lui :

« Il n’a pas beaucoup de passagers à bord. Seuls les


déracinés voyagent un jour de réveillon … ma femme
craque. L’exil luis pèse. Aucune tour de pise ne
l’enchanterait mieux qu’un patio de Sidi Blel, aucune
plénitude n’égalerait le chahut torride d’El
Hamri »p16.91

Selon Yasmina Khadra l’une des principales causes qui le conduit à l’exil
c’est aussi l’abondant de son pays, l’infidélité de ses amis, le refus de son statut
militaire :

« Le parlement internationale des écrivains qui devait la


régularité n’a plus donné signe de vie depuis que j’ai
défendu l’armée algérienne ; se rétracte –il au moment
où nous avons besoin de lui !... Le parlement
20
internationale des écrivains, qui s’était engagé à nous
prendre en charge, ma petite famille et moi, nous
lâche » déclare –t-il, p70, 121.

Par les paroles de Kateb Yacine l’auteur nous a expliqué comment est-il
l’exil aux yeux de ses maitres littéraires, qu’ils ont aussi souffert de cette situation
douloureuse :

« A Paris comme à Marseille, en Haute –Savoie ou en


Normandie, tu ne seras que ce qu’ils veulent que tu
sois : un apatride du verbe, sans statut et sans papiers
…. »p34

Tout au long de son texte notre écrivain se trouve dans un état psychique trop
compliqué inexplicable ; multiplication des émotions : angoisse ,chagrin , peur …
Tous d’abord son angoisse devant sa personne , puis devant la vision du public et
des médias sur ses écrits ; commence quand il pose la question :« Maintenant , que
je ne suis pas un soldat que suis-je ? »p 55 .Encore il avoue plus loin :

« Mes angoisses tapissent les murs imbibent mes draps


d’une moiteur urticante, mes insomnies sont à l’affût de
mes interrogations … Il ne faudra deux somnifères
carabinés pour tourner de l’œil » p47, 66.

21
Partie II : la vie de khadra entre le
factuel et le fictionnel
Chapitre I : L’autobiographie
« Une vie , c’est une histoire .Et une histoire n’est pas forcément un conte de
fées .Elle est quelque chose qui arrive à quelqu’un , qui le conçoit ou le
déçoit, le fais ou le défait ,souveraine et immuable , intransigeante et
inexorable .Ce qui importe , c’est ce qu’on en tire , pas ce qu’on y laisse. »

Yasmina Khadra Ecrivain 2001

22
Chapitre I : L’autobiographie

1. Pourquoi raconter sa vie ?

Nous voilà devant la nécessité de baliser la piste de notre étude par quelque
indications sur l’autobiographie, point de départ de cette recherche, ensuite nous
mettrons le point sur la différence entre deux genres semblables l’autobiographie et
la biographie : « Au sens premier du mot autobiographie :c’est une biographie
écrite par l’intéressé, mais écrite comme une simple biographie »1

En effet, la bio (la vie),graphie (écrire) est l’écriture qui concerne l’autre
dans laquelle un tel biographe choisit de parler sur des personnes notamment
connues, illustres : par exemple des artistes célèbres, des écrivains, des héros, des
savants… Le projet d’écriture de ce genre littéraire est à la fois,un projet narratif
(le biographe va écrire la vie de quelqu’un) et en même temps il a une visée
historique. Comme le cas de Diderot le génie débraillé, bien sûr on trouve toute la
vie de Diderot depuis sa naissance jusqu’à sa mort, comme on trouve des sources
documentaires, historiques, sociaux, religieux …

Il y’a des biographies intéressantes et la plus signifiante celle de Flaubert Madame


Bovary , ici on est obligé de parler des relations entre les biographes et les
personnes qu’elles ont choisies ,c’est généralement à cause de l’attirance,
l’admiration pour le sujet ,l’affection, l’influence par la personnalité …Au reste, il y
a de fausses autobiographies, dans lesquelles les écrivains veulent rendre leurs
propres vies intéressantes, comme l’exemple de les Survivre avec loups de Misha
Defonseca et Fragments : une enfance de Benjamin Wilkomirski .

1Philipe Lejeune Le pacte autobiographique,Seuil, coll . «Poétique »1975. p16

23
Ces deux genres ont des points de ressemblance, c’est le désir de décrire la
vie ; le premier (la biographie : la vie de l’autre), et le second (la vie de soi), ainsi
les évènements racontés ne sont pas obligatoirement concrets.

En revanche, on sait que dans l’autobiographie on trouve la vie de l’auteur,


où il est le personnage principal et le narrateur. Pourquoi donc ce besoin de
raconter ses souvenirs ?

Forcément ,celui qui raconte sa vie peut oublier des instants de celle-ci par
une faiblesse de mémoire, alors il est impossible de les reproduire, mais il peut aussi
décider de changer certains détails, ou de modifier certains moments de sa vie, ce
problème de narration c’est à cause d’une mal interprétation des évènements de la
vie de l’auteur : « Comme chacun j’ai un fond sombre qui refuse d’être dit »1

D’après cette citation, le lecteur se trouve perplexe autour la sincérité de


l’auteur, car chacun a des secrets à garder pour lui seul. Cette envie de présenter
son point de vue sur soi, c’est soit pour donner une idéale image sur lui, soit pour
laisser le lecteur imaginer sa vie, comme il le fait notre écrivain.Il donne un
nouveau style de l’autobiographie : rugueux, judicieux, un genre inhabituel (parce
qu’au début il écrit des polars), non claires, non réguliers.

Lorsqu’il est un écrivain maghrébin l’aspect identitaire l’oblige d’influencer


par l’écriture maghrébine. L’écriture de soi n’est pas monopole dans le monde
européen seulement, d’autres écrivains maghrébins influencés par ce genre
comme Assia Djebar le Quatuor Algérie, la pluparts de ces écrivains l’utilisent en
langue française pour réclamer une double culture et la quête de soi : Le fils de
pauvre de Mouloud Faraoun, l’Amour, la fantasia d’Assia Djebar, Histoire de ma
vie de Taous Amrouche… Ce sont des témoins de leurs vies et de leurs sociétés
.Cette écriture est fourni aux lecteurs qui aiment lire les romans parlant sur la
colonisation.

1Jean Paul Sartre : Les mots 1964.Gallimard .p13

24
Comme nous l’avons déjà dit le fait de raconter des moments passés ,plus
précisément des souvenirs, ces derniers peuvent être déformés ou incomplets , le
bon exemple ici, c’est d’un bachelier , qui aurait cru que sa joie lors de l’annonce
des résultats restera dans son esprit ,mais après quelques années quand il veut se
souvenir ce moment-là et le dire à ses fils ,il trouve lui-même a oublié les petits
détails afin que la description ne soit pas efficace ,manque d’honnêteté…également,
Pour l’autobiographie, il n’est pas nécessaire de dire toute la vérité, mais
d’être sincère .Lorsque l’auteur écrit une autobiographie, ça veut dire qu’il fait un
pacte avec le lecteur ,ce dernier se base principalement sur le fait de dire la vérité et
rien que la vérité.

On peut définir l’autobiographie selon sa particularité et les différents


éléments qu’elle contient par rapport aux autres genres littéraires. Comme nous
l’avons déjà dit cette écriture de soi est un genre a des multiples faces, car chaque
auteur a sa propre manière de poser et décrire sa vie, chaque autobiographe a un
style unique. Elle est le genre littéraire qui pose plus souvent les interrogations des
lecteurs, elle n’a pas des règles strictes pour la considérer comme un genre littéraire
bien défini, on trouve seulement la réalité de la vie de l’écrivain, ça pose un grand
soucis : la vie relatée est- ce qu’elle est réelle ou il invente des souvenirs qui ne sont
pas purement vrais ?

25
2- Qu’est ce qu’une autobiographie

Philipe Lejeune définit l’autobiographie comme «Récit rétrospectif en prose


qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa
vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité »1

D’après cette définition de Lejeune, dans une autobiographie l’auteur est à


la fois dans la confidence et parfois de la justification dans la recherche de soi. De
même que Les confessions de Jean Jacques Rousseau, œuvre présente
l’autobiographie moderne, dans lequel Rousseau cherche à flotter un portrait positif
de lui-même, il parle sur son enfance, pour lui c’est un état d’innocence, il exprime
son inclination pour les auteurs et les livres, il affirme qu’il pourrait dire le bien
comme il pourrait dire le mal.

Une autre définition, celle de George Gusdrof pose les différents aspects de
cette forme singulière « l’écriture de moi ». Auto, dit-il «c’est l’identité, le moi
conscient de lui-même »2, Bio : c’est précisément la continuité de cette identité, la
graphie :la décision d’écrire.

Selon Philipe Lejeune, pour qu’il y ait autobiographie il faut qu’il y’ ait
identité de l’auteur, du narrateur et du personnage. Mais cette identité soulève de
nombreux problèmes :

1/Comment peut s’exprimer l’identité du narrateur et du personnage dans le texte ?


(je, tu, il)

1Philipe Lejeune : Le pacte autobiographique 1975.Seuil, coll. « poetique»p14.

2Jean Philipe Miraux : livre l’Autobiographie (écriture de soi et sincérité) 3ème édition

26
2/ Dans le cas du récit (à la première personne), comment se manifeste l’identité de
l’auteur, du narrateur -personnage ?

3 N y-a-t-il pas confusion, dans la plupart des raisonnements touchant


l’autobiographie, entre la notion d’identité et celle de ressemblance ?

L’autobiographie suppose sur la présence de la première personne « moi-je »,


l’emploi de ce pronom désigne qu’il y’a une identité du narrateur et personnage
principal. Selon ces principes que se basera notre étude du rapport de Khadra à
l’écriture :

A : Une seule et même personne « je » renvoi àl’auteur, au narrateur et au


personnage principal dans le récit autobiographique.

B : L’écriture tourne vers le passé, vise un regard en arrière « écriture


rétrospectif » de deux temps utilisés : le passé et le présent (l’auteur peut choisir de
présenter son regard d’adulte sur son enfance).

C : Une réflexion approfondie sur le moi admettre dans l’étude


autobiographique. 1

Pour l’autobiographie on peut dire qu’est un genre à la fois simple et rapide :


parce que le sujet (parle de sa vie) est tout trouvé, pas de soucis de cohérence par
rapport au récit, donc il est beaucoup plus facile , même les personnages sont déjà
existant , il n’est pas difficile de poser le moi. Par contre, Gusdrof décrit la
souffrance de l’autobiographie, car il est difficile de décrire le moi réel, et retracer
le parcours de son existence, de voir le moi en face. Beaucoup d’écrivains affrontent
l’angoisse devant la page blanche, et le doute de ne pas pouvoir se dire, il déclare
dans son livre Autobiographie :

1 Philipe Lejeune Le pacte autobiographique, Seuil 1977

27
« L’a difficulté d’expression attesté une difficulté d’être, non
par humilité, comme on le croit parfois, mais par recul devant
le grand espace, devant l’affirmation de soi au péril des
autres »p23.

Le livre de Philipe Lejeune Le pacte autobiographique 1975 reste la base de


toute étude autobiographique, il s’intéresse beaucoup plus sur les définitions de la
vérité et l’identité, ces critères ne sont pas de la pensée actuelle .Sans doute les
deux livres de Dobrovsky Fils1977etLivrebrisé1989 de Allain RobbeGrillet:

Pour aller plus loin dans notre analyse il y’a des cas où on utilise la 2 ème et la
3ème personne dans l’autobiographie pour des raisons diverses, l’exemple le plus
représentatif c’est l’Amour, la fantasia d’Assia Djebar, dont l’histoire raconté c’est
la sienne : « Fillette arabe allant pour la première fois à l’école, un matin
d’automne, main dans la main du père (…) Fillette arabe dans un village de Sahel
algérien »1.

Le roman de cette écrivaine nous informe qu’il y’a une autobiographie


premièrement à la 3èmepersonne de singulier, et aussi une autobiographie plurielle,
elle met l’accent sur elle-même et en même temps sur la femme algérienne, parce
que le pronom peut désigner Assia et aussi peut renvoyer sa société. Les
autobiographies sans « je» sont rarement utilisés, cette nouvelle façon de raconter
une histoire, est une technique littéraire pour entrainer le lecteur dans l’action et
permet l’auteur de dévoiler ses sentiments sans besoins de justifier. Il d’autres
exemples remarquables :Tramed’enfance de Christa Wolf qui évoque son enfance
sans recours à la première personne,Enfance de Nathalie Sarraute qui relate ses
souvenirs de ses onze ans premières années, elle déclare qu’il est difficile de parler

1L’amour, la fantasia d’AssiaDjebar. réimprimé. Editeur A. Michel 1995. p11

28
sur soi, c’est pour cette raison elle évite cette particulière forme, elle explique
précisément dans une interview :

« Quand on veut parler de soi même, de ses sentiments


de sa vie , c’est simplement simplifié qu’à peine cela dit ,
cela paraît faux …On finit donc par construire de soi ,
j’ai essayé de l’éviter » .1

Cette forme est rarement utilisée, l’auteur reste sans identité car la 2 ème
personne peut désigner le personnage et même le narrateur, dans ce flou identitaire,
le lecteur est dans une situation d’incertitude de quoi renvoi le « tu » ? qui parle? à
qui ? Ainsi Michel butor utilise la deuxième pronom personnel de pluriel « vous »
qui renvoi : le narrateur, le protagoniste et narrataire , comme si’ il présente un
dialogue intérieur qui se traduise entre soi (narrateur/narrataire). Dans ce cas un
lecteur attentif peut s’interroger : pourquoi un narrateur parle avec lui-même ?

1 Nathalie Sarraute Enfance .Projet original d’Autobiographie www.matisselettre.fr

29
Chapitre 2 : L’autofiction
Chapitre II : L’autofiction

1/ L’empreinte de soi

Nous penserons dans ce chapitre à l’autofiction est un mot-valise formé par


deux mots, le mot : auto: c’est-à-dire soi-même, fiction : qui a une relation avec
l’imagination, mais dans ce cas le moi est romancé. Si un écrivain écrit un livre,
dont les faits relatés ressemblent aux faits vécus et qui ont passé dans sa vie et que
le personnage principal porte le même nom de l’auteur c’est une : autobiographie.
Si on trouve un récit à la première personne mais présenter d’une manière complexe
c’est une : autofiction « Est un « phénomène » littéraire qui a supplanté
l’autobiographie»1.

Ce genre de moi apparu dans la seconde moitié de XX siècle (à la fin des


années 70), le mot a été inventé par un romancier s’appelé Doubrovsky dans son
roman Fils1977, se caractérise par le refus du style littéraire défini et limité, se
basera également comme l’autobiographie sur l’identité de l’auteur, protagoniste et
narrateur, un croisement entre expérience personnel et récit fantastique : « Le moi
dès l’origine serait pris dans une langue de fiction »2 .

Autofiction mot néologisme où beaucoup d’écrivains, critiques chercheurs,


accordent des définitions et leur convergence et divergence :

« Est un récit à la première personne, se donnant pour


fictif, mais où l’auteur apparait homodiégétique sous
son nom propre et où la vraisemblance est un enjeu
maintenu par des effets de vie »3 .

Aussi une autre définition à cet égard :

1Isabelle GrelleAutofiction ,éditeur Armand Colin , date de parution 24-09-


2014.EAN13 :978200289737.

2Jacques Lacan Ecrit .Paris ,de seuil 1966. p105-106

3L’autofiction :un nouveau mode d’expression autobiographique. AwatafBeggar université


Moulay Ismail.(Marie Darrieussecque 1996 p35-36)

30
« Autofiction est une « œuvre littéraire » par laquelle un
écrivain s’invente une personnalité et une existence, tout
en conservant son identité réelle » 1.

Comme nous l’avons dit, l’identité dans l’autofiction est aussi nécessaire, dont
Doubrovsky et Colonna l’ont mise en question, plusieurs refus de donner ses vrais
noms dans le roman et empreinte d’autres, ce cachement ne répond pas à ce critère
de l’identité. Il y’a une série des indices pour connaitre que l’auteur est le référent
de son texte dans le cas de l’absence du nom comme sa présence implicite au fond
du texte car il est le sujet qui relie le texte à la réalité :

« J’ai écrit La Haine de la famille et Confession d’une


radine. Je n’y ai pas donné mon nom –qui est le critère
de l’autofiction pure et dure, selon Dobrovsky – mais ce
sont des livres à la première personne, au présent et
dans lesquelles je n’ai rien inventé » 2.

L’autofiction est une écriture de soi de ceux qui veulent faire de leurs vies un
livre, et pour arriver à ce point il faut inventer des évènements comme il a déclaré
Jean Paul Sartre « Lorsqu’un objet est caché à tous les yeux ,il faut l’inventer de
toutes pièces pour pouvoir le découvrir »3.

Il y’a deux genres de l’autofiction : les vraies autofictions comme Devine


Comédie de Dante 1555 : Au début de La Devine Comédie,Dante raconte que
s’étant perdu dans une forêt obscure, a fini par rencontrer le fantôme de Vagale qui
lui a ensuite servi de guide dans une traversée de l’Enfer du Purgatoire et du
Paradis.

Dans ce premier cas, un aspect du pacte autobiographique semble respecté il


y’a identité, en la personne de Dante de l’auteur, du narrateur et du

1L’autofiction : un nouveau mode d’expression autobiographique (Vincent Colonna 1989 p30)

2Catherine Cusset La haine de la famille 2007,Gallimard.p201

3Jean Paul Sartre Situation II 1945

31
personnage.Mais les évènements rapportés, qui ont une coaction légendaire ou
mythique, ne peuvent être reçus comme littéralement vrais .Il y’a fonctionnalisation
de l’histoire.1

1https://frwikipiéa.org

32
2/ Doubrovsky et l’autofiction

Serge Doubrovsky est l’inventeur du terme autofiction , malheureusement , la


scène littéraire l’a perdu ce mois de mars, il montre que l’autofiction est un récit
dont les caractéristiques correspondent à celles de l’autobiographie , mais qui
proclame son identité avec le roman en reconnaissent intégrer des faits emprunté à
la réalité avec des éléments fictifs

Il s’agit de l’assemblage des signes de l’engagement de l’autobiographie et de


stratégies propres au roman .Nous pouvons la constater comme genre qui se
positionne entre roman et journal intime .Doubrovsky définit ainsi sa propre
entreprise.

En effet on doit à Serge Doubrovsky l’invention du mot « autofiction ».La


définition se trouve dans la « prière l’insérer » de Fils qui se considère comme un
point de départ d’un cycle obsessionnel et furieusement autobiographique en 1977

«Fiction d’évènements et de faits strictement réels, si


l’on veut autofiction , d’avoir confié de langage d’une
aventure à l’aventure de langage , hors sagesse et hors
syntaxe , traditionnel ou nouveau »1

La prononciation du titre Fils était souvent une polémique entre ceux qui la
prononcent comme le pluriel du mot « fil », et ceux comme dans » tu es bon mon
fils », et c’était bien là l’objectif de Doubrovsky , exprime en même temps du
tissage textuel et de la filiation , de procréer une œuvre en gardant le cordon
ombilical qui nous lié à nos parents.

Majoritairement , tous ses produits littéraire se tournaient autour de ce genre


de jeu postmoderniste à triple-fond .Il racontaient la vie d’un homme qui écrits des
romans racontent sa vie.

1 Serge Doubrovsky ,Fils, Paris , Galilée p.79

33
Le « je » devient un enjeu pleins de jeux qui ont en considérablement de
privilège chez les critiques, les chercheurs , et les universitaires .Malgré toutes ces
contraintes qu’il a vécues dans sa vie , surtout ses soucis de santé ( méningite ,
cancer , tuberculose , leptospirose) , il n’a jamais cessé d’entrecroiser l’intimité avec
la littérature.

34
Partie III :comment différencier
entre autobiographie et autofiction
Chapitre I: Dimension
autobiographique
« La relation entre la fiction et la réalité est toujours très , très
étrange , très curieuse .La fiction n’est pas la réalité mais il n’y
a pas de domaine de la réalité auquel vous ne pouvez pas
accéder dans la fiction , c’est seulement la fiction qui vous
permet de connaitre une certaine dimension de la vie »

Marie Vargas LIos

35
Chapitre 1 : Dimension autobiographique

1. prémisses dans l’Ecrivain :

Dans le cadre de ce travail de recherche on a choisi d’ouvrir une fenêtre pour


parler de deux livres qu’on peut les classer parmi ceux qui s’inscrivent dans une
double caractérisation : autobiographie et autofiction. L’auteur invite le lecteur à
gouter le complexe mixte entre réel et fictionnel, entre l’expérience personnel et la
pratique littéraire.

Il décide que lui-même parle sur sa vie, parce qu’il est le seul qui peut narrer
ce qu’il a vécu exactement sans doute. Le premier publié en 2001, et le second en
2002, c’est -à-dire qu’il s’agit d’une suite mais non pas dans la classification
narrative, mais dans la voix thématique. Notre écrivain déclare dans L’imposture
des mots« Un journaliste me de mande pour quoi avoir intitulé mon livre l’Ecrivain
Je lui réponds que c’est ainsi que l’on me surnommait ,enfant et dans l’armée »p62.

L’Ecrivain est un roman remarquable marqué par une enfance algérienne et


adolescence difficile d’un jeune enfant de neuf ans placé dans les rangs de l’armée,
raconte comment cet enfant laisse son rêve juste pour obéir à son père. Par ce
roman, il déclara pour la première fois son véritable identité comme il évoque la
douloureuse séparation de ses parents :

« Mais ce n’est pas cela qui me tenait éveillé .Je pensais à ma


mère à mes frères et sœurs, à mon quartier, l’épicier du coin …
des heures durant je n’arrêter pas de fixer la fenêtre » p29.

Par ce roman Khadra partage son histoire surtout la difficile période qu’il a
vécue à l’école militaire,dans cette période il découvre son goût à l’écriture. Ce livre
a réussi à prendre une place remarquable dans les librairies :

« Ce jour-là à l’école des Cadets, la nuit étendant sa chape


noire par-dessus ma tête me rappelait l’oued entrain de
m’aspirer, ravivait l’ampleur de ma solitude … Je me sentais

36
sombrer, je me sentais mourir. Un soldat soufra dans un
clairon l’extinction des feux » p29.

Pour Khadra, l'armée ne lui a jamais été inhibitrice pour poursuivre son
talent littéraire mais elle a rendu de lui un officier compétent, bien discipliné, et sa
vocation d'écrivain l’ alimenté avec l'espoir infini grandissant de retrouver cette
lumière qui me permettrait de retrouver la voie qui était foncièrement sienne : la
littérature.

Comme nous l’avons déjà supposé dans l’introduction, il se peut que


L’imposture des mots faufile les mêmes intentions de Yasmina Khadra dans
L’écrivain, roman autobiographique, nous n’avons qu’à l’affirmer en relevant la
suite du fil autobiographique, avec une vérification biographique. Il est
obligatoirement question de relever les traces du moi parlant et tous les marqueurs
de subjectivité dans le texte.

2. Les traces du moi

-Indices spatio-temporels

De toute évidence, les marques de la subjectivité sont fortement présentes


dans L’imposture des mots, il cite des personnes ayant existé véritablement dans sa
vie, à savoir, sa femme et ses trois enfants et bien d’autres qui ont peuplé sa vie
militaire et littéraire. Sans oublier à citer des indices temporels, des adresses
référentielles « Mexico, 30décembre2000 » p11 ; date où il quitte son pays pour se
consacrer entièrement à l’écriture. Plus loin, il rajoute, « ilest13h45 » p12, heure de
départ sur « l’aéroport Benito-Juarez » ,d’après cette citation il veut dire aux gens
qui doutent de son séjour après sa retraite qu’il s’est effectivement déplacé en
France... « Hôtel Beaune ,22h30 »p41.

Sans oublier certains noms de places françaises et algériennes : la mosquée


de Polanco , la Condesa « un quartier bourgeois réputé pour ses bistrots à la
française »p19, le salon de livre de Paris , Sidi Blel ,El Hamri,

37
Toutes ces marques spatio-temporelles attestent de la subjectivité de l’auteur
et de son inspiration en grande partie de sa vie privée, qu’elle relève du domaine
littéraire ou militaire.

Dès le début jusqu’à la fin du roman, l’auteur parle de ses voyages, réunions
avec des journalistes « vous avez un rendez-vous avec Jean-Luck-Douin, pour Le
Monde. La rencontre aura lieu ici même, demain à 15H30 »p38.

Et encore des discussions avec des écrivains :

« Aimez- vous la littérature algérienne, monsieur Glissant ?


(…) Edouard Glissant : j’ai connu Kateb Yacine .A Paris au
début des années 60…Avez-vous entendu parler de Yasmina
Khadra ? Edouard s’affaissa lourdement sur son assiette : J’ai
lu » p21.

Il cite également les noms des chaines françaises et plateaux télévisés : ElWatan,
Le quotidien d’Oran, A toute allure…

Personnages authentiques

Tout au long de son récit, YASMINA Khadra s’est contenté de citer des
personnes qui ont existé dans sa vie réelle qu’elle soit familiale, professionnelle ou
littéraire. Commençons par sa femme et ses trois enfants :Ghizlène ,Mohammed,
Hasnia, Il dit à propos d’eux :

« Nous nous installons où bon nous semble. Ghizlène et


Mohammed virevoltent parmi les sièges comme des
papillons. Hasnia crapahute sur les flancs de sa mère,
me cherche par – dessus le dossier »p16

L’importance de sa femme se voit clairement par sa présence dans cette


œuvre ,car elle reste toujours avec lui malgré les multiples problèmes ; dans ses
moments les plus difficiles , sa femme lui dit souvent qu’il faut être prudent devant
la traitrise et l’infidélité de ses amis , c’est pour quoi Moulesshoul a pris son

38
prénom qui se traduit par ‘ Jasmin vert ‘ le maintien du pseudonyme tout au long
des années 1990, non seulement d’insécurité chez l’officier ,mais aussi pour rendre
hommage aux femmes algériennes et particulièrement la sienne :

« C’est un hommage que je rends à cette femme


extraordinaire, c’est une façon aussi débilité de
l’émancipation de la femme dans le pays arabe et aussi
musulman ?au début est un petit scandale parce qu’on
est comprenne pas comment un musulman, un arabe, un
berbère et militaire prenne un pseudonyme féminin ».1

Khadra parle avec une journaliste, il raconte le choix du pseudonyme nom


de plume « Yasmina Khadra» :

« Pourquoi vous employez un pseudonyme, non seulement un


pseudonyme mais un pseudonyme féminin ? Il
répond : Sincèrement , c’est une longue histoire ,mais ça était un
choix spontané ,avant j’écrivais sous mon vrai nom Mohammed
Moulsshoul , j’avais écrivais six romans en France et en Algérie
,puis j’ai commencé de voir hiérarchie notoriété , ne voyez pas
d’un bon œil . En 1988, l’armée ma imposé un comité de censure ,
que j’avais refusé pas oralement , mais en moi-même , j’avais
décidé d’arrêter d’écrire et ma femme qui ma encourager à
poursuivre cette vocation qui est au moins depuis des siècles … En
1988 je suis obligé pour ne pas mourir entant qu’écrivain ,
d’opter par la clandestinité ,pendant 11 ans j’écris dans la
clandestinité … pour le pseudonyme femme. Tout simplement.
parce que j’étais ce soir-là en opération militaire dans les maquis
intégristes parce que j’ai fait la guerre contre les intégristes en
Algérie , c’est une guerre fratricide qui je ne peux pas l’inventer .
C’est un grand déshonneur pour la nation algérienne de voir des
femmes au centre tués , bien sur chaque soir je me devais
d’appeler ma femme au téléphone pour lui dire l’histoire dresser ,

1La chaine française KTO tv « visage Inattendu de


Personnalité ».https:/youtube/watch ?v=FAhi2FNNWjw.

39
c’est aujourd’hui soir il m’a dit :cote tes amis français , parisiens
du monde carte identité ,c’était un code , c'est-à-dire mon éditeur
franco-parisien voudrai un nom , parce que quand j’ai avais
envoyé le manuscrit , s’est-il y a pas le nom ,il ya juste le titre , je
le dis renvoie le tien ,c’est comme ça qu’elle a envoyé Yasmina
Khadra , ceux qui sont les prénoms de ma femme »1

Vraiment elle mérite ça, elle reste avec lui, pour soigner les blessures de son
époux, pour le guider sur le vrai chemin, elle donne un bon exemple de la femme
algérienne :

« Ne cherche pas à être le meilleur. Essai seulement de


donner le meilleur de toi-même …plus besoin de se
couvrir de ridicule en cherchant ailleurs ce qui était à
portée de ma main : ma vérité »p29.

D’après cette citation, enfin il prend une décision la plus difficile et la moins
évidente est de quitter son pays :

« Aujourd’hui, elle est en colère, ne me pardonne pas


de n’être laissé désarçonner par des individus
indignes… où nous mènes –tu ! Tes alliés te tournent le
dos… la lâcheté de nos félons et le lâchage de nos
‘amis’ »p93, 117.

Cette décision n’est qu’un rêve d’enfance « je sais qu’il ne s’agit que d’un
vieux rêve d’enfant »p48. Ce rêve oblige l’écrivain d’être : ni l’homme, ni le père
idéal pour sa famille, il est toujours occupé avant par son travail militaire et après
par ses soucis d’écriture :

«Je ne sortirai plus avec toi, m’apostrophe mon fils


Mohammed .Et il retire sa main de la mienne…tu la tête

1 La chaine française KTO tv «Visage Inattendues de Personnalité »

40
ailleurs, et j’ai l’impression de m’adresser à un
mur »p11

Par ailleurs, il évoque sans cesse ses amis et ses proches littéraires et
romanciers, comme Ses amis : Christian Salmon (secrétaire du PIE), XhevetBajraj
(un poète albanais), Monica Mansoor (une traductrice de grand talent), Florence
Aubenas (journaliste), BoualamSansal, Madame Hélas, Enrique Seran, Bernard
Barrault ,Jean Luc(journaliste).

Philipe Ollé-Laprune qui, après des études d’économie, il s’est consacré à des
projets dans le domaine de la culture et de l’édition .Il a organisé plus de cinquante
évènements culturels.1

«Assis à ma droite, Philipe Ollé-Laprune , représentant


du parlement du parlement international des écrivains
,sourit. Perçoit-il mes angoisses ? J’en doute : il a
d’autres soucis .Je suis un peu navré de gâcher ses fêtes
de fin d’année, l’obligeant à les interrompre juste pour
me raccompagner »p12

Il parle également de Christian Salmon, écrivain et chercheur français


contemporain « Secrétaire du PIE , n’y vit pas d’inconvénient »p13 ; et de Xhevet
Bajraj, poète d’origine albanaise :

« Presque tous les soirs, les conférences se donnaient la


main au rez-de-chaussée de la maison que je partageais
avec Xhevdet Bajraj , un poète albanais rescapé du
Kosovo »p19

1www.franceculture.fr

41
La gente féminine est fortement présente aussi avec la romancière Monica
Mansoor , traductrice et poète qui appartient à la jeune génération« Une traductrice
de grand talant »p19 et Florence Aubenas :

« Le téléphone sonne tandis que je me faisande dans les


filets de mes draps .C’est la réception : Florence
Aubenas, de libération, est arrivée…. C’est une dame
brillante .Elle a la beauté de son intelligence,
l’insolence de sa féminité, l’assurance de son
journal. »p56

Patricia Allémonière, grand reporter, est le chef service Etranger-Défense de TFI et


LCI, débute sa carrière de journaliste en tant que pigiste en presse écrite1.

« Patricia Allémonière de TFI et une écrivaine


algérienne que mon éducation ne me permet pas de
nommer ici et que j’appellerai, pour les besoins de la
cause, Mme Hélas» p132

Il n’oublie pas Edward Glissant : écrivain, poète et essayiste français :

« Aimez-vous la littérature algérienne monsieur


Glissant ? Edouard Glissant arrivait de Californie pour
animer une série de conférences et ne tenait pas à se
dépenser inutilement. »p20

D’autres écrivains, poètes et philosophes connus sont cités comme


Nazim Hikmet,un poète turc « Qu’est ce qui rend si sur de toi, Nuage de fumée ! Un
sourire éclaire chichement sa figure .Je suis Nazim Hikmet »p77 et KatebYacine
,un grand écrivain algérien : « ma première nuit en France, Kateb Yacine est venu
me voir dans mon sommeil » p33.

1www.confidentialité.com

42
Friedrich Nietzsche, philosophe, poète, musicien allemand « Soudain, un
grand fracas ébranle la chambre d’à côté. J’accours et découvre Friedrich
Nietzsche par terre »p50.

Nous constatons qu’il existe une certaine jalousie de sa part vis-à-vis de ces
écrivains cités, une jalousie réciproque. En effet, Khadra qui est jaloux des
écrivains qui ont eu la chance d’être des vedettes, mais lui reste un écrivain inconnu
publiant ses livres sous un pseudonyme, bien sûr, à cause des compressions de
l’armée algérienne car il est interdit pour un homme militaire de s’engager dans le
domaine littéraire :

« J’ai seulement jaloux de leurs chances .Ils étaient


libres, voyageaient, prenaient leur bain de foule au gré
des signatures … Tandis que je n’étais même pas
autorisé à aller recevoir les prix littéraires que l’on me
décernait »dit-t-il dans la page 28

D’autre, une jalousie peut la définir comme une aversion, c’est le cas de Madame
Hélas qui partage la même maison d’édition et qui voit en lui une compétition
sérieuse :

« Mme Hélas rejette mes propos qui sentent trop le


baroud. à croire qu’elle me tient pour le principale
responsable de la déroute algérienne … pour elle je ne
suis qu’un militaire aux mains maculés de sang qui
ferait mieux d’aller vérifier les chargeurs de sa
mitraillette au lieu de rester là à rajuste nerveusement
sa cravate de péquenot …pourquoi ne parler-vous
jamais de la torture, dans vos livres … pourquoi un
pseudonyme … »p 133 ,134,

Elle n’était pas du tout d’accord, parce qu’il n’a pas parlé de torture et surtout
d’avoir pris un pseudonyme féminin. Avant de séparer et quitter les lieux khadra
fait un effort et sourit à Mme Hélas :
43
« Il est deux gens qui rejoignent certains fromages dont
l’authenticité relève soit de la teneur de leur moisissure,
soit de la densité de leur puanteur. Abdelkader D ? et
Mme Hélas sont de ceux –là. Ils incarnent leur
purulence. Les désinfecter serait les dénaturer »p 138

Si Yasmina KHADRA mentionne tous ces noms de nombreux écrivains bien


connus sur la scène littéraire, c’est parce que derrière ses dialogues se dissimule un
message qu’il veut bien transmettre à ses lecteurs, à ses amis, à ses proches …c’est
que les conseils donnés lui sont très chers pour continuer sa carrière littéraire, et de
surmonter les obstacles et surtout les critiques des proches « Ecris, ne perds pas le
temps à justifier l’injustifiable. Il ya au pays conflictuels des Belles-lettres »p78.

Autrement dit, à chaque fois, il assume le rôle du jugement dans son


appréciation des écrivains et donne son point de vue sur plusieurs choses. Aussi
quand il parle, il utilise des expressions variables selon sa situation exprimant de
toute façon son âme perturbée, l’écrivain a consacré tout le troisième chapitre
intitulé Le douteaux différentes expressions douteuses/certaines « c’est
exactementcela… certainement...je n’ai pas peur..Je suis confiant »p32-38.

L’objectif de cette implication de subjectivité est de rétablir les mêmes


sentiments de lecteur en faisant reconnaitre la crédibilité de son œuvre par des mots
expressifs.Il montre son engagement effectif pour décrire sa joie, sa peur, ses
craintes …Il utilise également beaucoup de phrases exclamatives et interrogatives
surtout dans les dialogues avec une certaines tonalité ironique :

« Dommage qu’il ait pris sa retraite .Depuis le temps


que nous guettions ardemment ton passage chez lui
.Quelle tristesse ! »p37.

44
Les dialogues et les rencontres de Khadra avec les médias par rapport à ce
choix du genre autobiographique et ce dévoilement d’identité c’est par un devoir
envers le public car grâce à son public il a eu un grand succès dans le monde.

Le lecteur peut attirer facilement dans l’Imposture des mots les éléments de
l’autobiographie ;le critère le plus observable par le lecteur c’est l’écriture avec le
« je » et le recours à la biographie de l’auteur le confirme . Cependant pour le
pseudonyme ce n’est pas un cachement d’identité mais c’est une création d’une
nouvelle identité renvoi au même auteur, en outre, les souvenirs relatés, les détails
cités dans le livre existent aussi dans sa vraie vie ... mais pas forcément, parfois on
trouve de la part de l’auteur un message implicite.

45
Chapitre II : dimension
autofictionnelle
Chapitre II : Dimension autofictionnelle

1-Personnages fantômes

S’ajoutent à cette inspiration autobiographique, certains éléments de la pure


fiction de l’auteur, surtout dans la façon de dialoguer avec certains de ses
personnages qu’il crée en guise d’un refuge discret pour se rappeler de lointaines
réminiscences.

Cette manière singulière montre que l’auteur veut rendre sa vie comme une
scène et à travers le geste narratif il laisse le lecteur déchiffrer le non-dit,
l’implicite. Au moment où l’esprit perd sa concentration l’auteur traduit ses
réflexions internes en dialogues, il choisit de parler indirectement, c’est
probablement pour s’exprimer plus librement.

Le plus frappant dans L’imposture des mots, c’est que les personnages fictifs
auxquels il fait appel sont préexistants dans ses précédents romans et si ces derniers
réapparaissent dans ce roman, ils sont présentés sous forme de fantômes.

Citons à titre d’exemple Zane :

« Je suis content de partir …Où ? Je sursaute, regarde


autour la table …Où ?glapit de nouveau la voix. Je me
retourne : Zane de Ghachimat »p14

Il dit plus loin :

« Soudain, un grand fracas ébranle la chambre à côté.


J’accours et découvre Friedrich Nietzsche par terre …
ordure ! Pédale! Maugrée-t-il aplatissant sa barbe
d’une main dévastatrice …Après un dernier regard sur
sa victime étalée à ses pieds, il l’enjambe et dégringole
les escaliers tel un rocher le Kilimandjaro»p50

46
Zane est un nain qui occupe le rôle du détective et le client au groupe
terroriste, il transmet les nouvelles du village en échange de récompense matérielle
à cause de sa difficile situation sociale :

« Zane est l’un des principaux protagonistes de mon


roman Les Agneaux du Seigneur. Nain retors et
orphelin, il vécut de brimades et de railleries jusqu’au
jour où l’intégrisme islamique posséda l’âme de son
village avant de l’entrainer dans la tourmente des
assassins collectifs et des absurdités »p14.

Hadj Maurice également est un autre personnage précédemment évoqué dans Les
Agneaux de Seigneur :

« Assis en fakir, haj Maurice jonche le canapé


Ecarlate comme une pivoine. Essoufflé et suant. On
dirait un immense beignet qui, après avoir longuement
levé, commence à dégouliner sur le plancher »p14.

Salah Indochine, ayant déjà existé dans A quoi rêvent les loups, c’est un
personnage, dont le caractère moral et physique est maintenu, mais l’accoutrement,
lui, va quelque peu décontenancer le narrateur1

« Est un vétéran de l’Indochine et de la guerre


d’Algérie.Enrôler par les GIA en qualité d’agent
recruteur … est l’un des plus abominable personnages
qu’il m’ait été donne de créer dans A quoi rêvent les
loups » p83.

1Mémoire de magister Autobiographie autofiction : la singularité de l’écriture de soi chez Yasmina


Khadra : l’Ecrivain et l’Imposture des motsFiziaMokhtari Née Boulahbel.

47
Enfin, Brahim Liob n’est que le célèbre commissaire de la trilogie policière
dans le roman Morituri.

Ce ne sont pas les personnages de ses anciens romans qui sont seulement
cités mais aussi ceux des vedettes qu’il admirait souvent comme Zarathousta ,
personnage principal dans l’œuvre de Friedrich Nietzche, il écrit « Hé, Zarathousta
Rappel-toi tes propos :ici voûtes et les arceaux se brisent … dans la tutte : la
première et l’obscurité en une devin fort »p50.

Chacun de ces fantômes a une valeur chez l’écrivain, et par ses personnages
il présente une partie de lui-même.

Dans le dictionnaire Larousse le mot « fantôme » désigne un personnage,


une chose qui n’existe que dans l’imagination ou qui ne joue pas son rôle avec la
vigueur attendu. Donc l’auteur accentue le caractère surnaturel de son apparence ,
ça veut dire qu’il ne satisfait pas de narrer des faits réellement vécus , mais de créer
des scènes fictives.

« Ma première nuit Kateb Yacine est venu me voir dans


mon sommeil. Il portait un bleu de Shanghai décoloré et
des sandales en caoutchouc… Qu’es venu chercher par
ici ! Yasmina Khadra ! Ce que ni moi ni Mohammed Dib
n’avons point trouvé ! » p33-34.

On peut conclure que Khadra réalise son rêve de rencontrer ses maitres
littéraire dans ses dialogues d’une manière étrangère « rêverie » :

« Le rêve est une séquence de la vie réelle, il rend visible


une réalité mentale et se révèle aussi élément structurel
de l’autobiographie ».1

1 « L’Aiment imaginaire de TaousAmrouche une autofiction par mise en abyme de soi et de


l’autre »dans L’autobiographie en situation coordonnatrice AfifaBererhi .Edition du Tell. Tome
1.p147/157.P150.

48
-Ecrire sa vie autrement

Parfois, les mots s’avèrent insuffisants pour décrire amplement sa vie, la


raison pour laquelle Yasmina Khadra recourt à des éléments fictifs en invoquant les
fantômes de ses anciens personnages non seulement pour s’offrir le plaisir de
revivre ses réminiscences mais pour traduire autrement ses sentiments, ses chagrins,
ses maux qui ont été souvent masqués par les convenances.

Il emploi cette double facettes d’un même homme, d’ où le conflit persiste


entre ses deux personnalités, une séparation artificielle entre celle de l’écrivain et
celle l’officier :

«… Lorsque , enfant , j’ai accepté mon destin , tu m’a traité de


chiffre molle et tu as décidé de réinventer le monde…A l’école
des cadets , alors que mes camarades se taisaient dans les
rangs , tu faisais le pitre , et c’est moi qui écopais .A
l’académie , pendant que les élèves officiers s’appliquaient à
apprendre par cœur le règlement des armés , tu faisais l’esprit ,
et c’est moi qui écopais...A cause de toi ,malgré mes
compétences évidentes et mon intégrité , j’ai été journée, traité
en suspect »p106

Comme Khadra voulait fuir de l’identité militaire avec un pseudonyme, il


fuit pareillement de sa vie réelle qu’il raconte, dans certains passages fictifs avec
un geste narratif singulier.

Justement, le titre même est révélateur de certaines signification par rapport


ce déguisement littéraire. Nous allons nous arrêter sur ce mot : « imposture»et
balayer le contenu sémantique qu’il génère. Par « imposture » on entend « duperie »
« tricherie » « tromperie » « feinte », et par extension « déguisement », « mise
en scène trompeuse », « emprunt dissimulé ».

49
L’imposture renvoie certes à « l’apparence »,au « paraitre » et non à l’être ,
et c’est dans ce contexte « flottant » et « flou », cette volonté de faire passer quelque
chose pour ce qu’il n’est pas , que le roman de Khadra nous interpelle. Se présentant
comme un roman, L’imposture des mots n’en n’est pas une, parce que tous les
ingrédients constitutifs du genre ne sont pas réunis, ou, s’ils sont présents, ils sont
déviés de leur fonction habituelle. Les mots acquièrent un statut qui dépasse celui
qui leur est assigné par la narration, entrainant une mystification esthétique .Nous
nous sommes heurtés à une difficulté majeure à savoir l’absence d’un récit,
construit, cohérent, « progressif » au sens classique du terme.

La notion d’imposture a longtemps prévalu en littérature, et continue


d’exister aujourd’hui, même si la critique lève le voile posé sur elle. Le roman
(comme genre) depuis les critiques formulées par les surréalistes, les futuristes, les
avant-gardistes, les théoriciens du nouveau roman, n’a plus pignon sur rue .Conçue
à partir de signes linguistiques, ses personnages sont de papier et n’existent que
dans l’imagination du romancier et du lecteur.1

Le titre du notre roman est fondamental, on peut interpréter aussi que par
L’imposture des mots l’auteur suggère les mots qui ont été son soutien et son arme
avant la révélation de son identité, à travers elles l’auteur déclare son état-d’ âme et
aussi tous les crimes de terrorisme et la tyrannie dans l’Algérie et dans le monde
arabe. Sa passion pour les mots lui a fait démissionner de son poste.

50
Conclusion
Dans l’imposture des mots, la singularité d’écriture de soi chez Khadra a une
double caractérisation entre l’autobiographie et l’autofiction où le lecteur
appréhende parfaitement l’entrecroisement entre le réel et le fictionnel.

En effet , par ce genre Khadra est partagé entre deux positions: dire sa vrai
vie et de la décrire sous des règles de narration , pour arriver à un texte attirant, il
est obligé de dépasser la logique. Et même s’il relate des faits réels (les rencontres
avec les journalistes, les écrivains …) il joue sur le plan invraisemblable.

Son récit de vie est soigné par une partie de dialogues fictifs et des craintes
intérieures. Pour un but ultime et l’ambition de se faire un nom parmi les grands
écrivains du monde. Notre auteur passe d’une rive à une autre dans l’écriture, ce
défi se manifeste déjà dans ses romans, car il essayait de toucher tous les genres
littéraire : essais, romans ,nouvelle,poème… .

Tout au long de son œuvre, il s’agit d’un conflit entre deux personnalités :
celle d’un militaire et celle d’un littéraire. Dès son arrivé en France, il prend le
rôle d’un suspect, il se voit coupé en deux : par son obligation de défendre
l’armée, et par le risque de compromettre sa carrière d’écrivain « Que faire ? Me
taire ? Mon silence pourrai être interpréter comme un consentement ou un
désaveu » p113 .

Cette présence de ses fantômes et de ses maitres dans sa vie réelle nous
laisse considérer qu’il s’agit d’une astuce choisie par l’écrivain pour évoquer les
enjeux littéraires et pour s’inscrire dans leur tradition, aussi est un autre moyen
employé pour attirer l’attention des lecteurs, des critiques, des médias sur la
dimension esthétique de son œuvre.

Finalement , nous pouvons conclure par la citation du l’écrivaine polonaise


Alice Parizeau, qu’elle explique parfaitement le désir de Khadra à l’écriture :

51
« Ecrire … Le plus beau métier du monde ! Le roman , la
fiction permettent non seulement de raconter , mais aussi de
s’identifier , de créer et en même temps de reconstituer , de se
mettre en avant et de se cacher , de trapper les temps perdu et
de réparer les erreurs commises dans la vraie vie » 1

52
Bibliographie

I .Romans

CUSSET Catherine La haine de la famille ,Paris , Gallimard 2007

DJEBAR Assia ,L’amour , la fantasia ,A.Michel 1995

KHADRA Yasmina L’Ecrivain 2001, Julliard(Pocket 2003)

KHADRA Yasmina L’imposture des mots ,2002, Julliard (Pocket 2004)S

SARTRE Jean Paul Situation II. Paris. Gallimard 1945

SARTRE Jean Paul Les mots ,Paris ,Gallimard ,1964

SARAUTE Nathalie :Enfance , Projet Original d’Autobiographie

De l’écrivain

L’écrivain

53
Cousine K

L’équitation africaine

L’attentat

Ce que le jour doit à la nuit

II. Ouvrages théoriques

COLONNA Vincent L’autofiction un nouveau mode d’expression , 1989

DOUBROVSKY Serge , Fils ,Paris, Galilée 1977

GRELLE Isabelle Autofiction , éditeur Armand Colin , 2014

LEJEUNE Philipe Le pacte autobiographique ,Seuil, coll. « Poétique » 1975

MIRAUX Jean Philipe livre L’autobiographie (écriture de soi et sincérité ) 3 ème


éditions

III. Travaux universitaires

BELARBI Habiba , Doctorante, Université d’Oran « L’imposture des mots de


Yasmina Khadra : Théâtralité des écrits , mystification du récit » .Université d’Oran
Es-Sénia Ecole Doctorale de Français Pole Ouest Antenne d’Oran 2015 /2016

BEREBHI Afifa « L’Amant imaginaire de TAOUS Amrouche :une autofiction par


mise en abyme de soi et de l’autre »dans L’autobiographie en situation.

MOKHTARI Fizia Née Boulahbal ,Mémoire de magister « Autobiographie


autofiction :la singularité de l’écriture de soi dans : L’Ecrivain et L’imposture des
mots » Université Abderrahmane Mira Béjai .Juillet 2009

IV. Sitographieetchainestélévisés

54
https://fr.wikipedia.org

www.confidentialité.com

www.décociation.fr

www.franc eculture.fr

www.matisselettre.fr

La chaine française KTO tv « Visages Inattendu de Personnage »

55
Résumés:

Un roman dans lequel l’auteur raconte la vie atteint par l’enfant qui a parlé sur lui
dans son roman L’écrivain .

Dans L’imposture des mots il a parlé sur sa vie à l’intérieur de l’école militaire ,
les pressions qui a les vécu pendant la révélation de son identité .

Un conflit entre deux personnalités celle d’un militaire ,et celle d’un littéraire , la
réaction des lecteurs sur son dévoilement, la justification de son parcoure
professionnel …

Un style lisse et singulier regroupe le réal et le fictionnel, et aussi le style


littéraire arabe et Baudouin avec la civilisation française, oblige le lecteur de
continuer la lecture jusqu'à la fin .

Les mots clés : réel- fictionnel- style singulier- école militaire- justification –
révélation d’identité-conflit

56
‫ﻣﻠﺨﺺ‬

‫رواﯾﺔ ﯾﺴﺮد ﻓﯿﮭﺎ اﻟﻜﺎﺗﺐ ﯾﺴﻤﯿﻨﺔ ﺧﻀﺮا اﻟﻲ اﯾﻦ وﺻﻠﺖ ﺣﯿﺎة اﻟﻄﻔﻞ اﻟﺬي ﺗﻜﻠﻢ ﻋﻨﮫ ﻣﺴﺒﻘﺎ ﻓﻲ رواﯾﺘﮫ "اﻟﻜﺎﺗﺐ"‬
‫ﻣﻜﺮ اﻟﻜﻠﻤﺎت رواﯾﺔ ﺗﻨﺎول ﻓﯿﮭﺎ اﻟﻜﺎﺗﺐ ﺣﯿﺎﺗﮫ داﺧﻞ اﻟﻤﺪرﺳﺔ اﻟﻌﺴﻜﺮﯾﺔ و ﻟﺤﻈﺔ اﻟﻜﺸﻒ ﻋﻦ ھﻮﯾﺘﮫ ‪.‬‬

‫ﺻﺮاع ﺑﯿﻦ ﺷﺨﺼﯿﺘﯿﻦ ادﺑﯿﺔ واﺧﺮي ﻋﺴﻜﺮﯾﺔ ‪.‬ردود ﻓﻌﻞ اﻟﻘﺎرئ اﺛﻨﺎء اﻟﻜﺸﻒ ﻋﻦ ھﻮﯾﺘﮫ ة ﺗﺒﺮﯾﺮ ﻣﺴﯿﺮﺗﮫ‬
‫اﻟﻤﮭﻨﯿﺔ ﻟﻠﺮاي اﻟﻌﺎم‪..‬‬

‫اﺳﻠﻮب ﺳﻠﺲ وﻣﻨﻔﺮد ﻣﻤﺰوج ﺑﯿﻦ اﻟﺨﯿﺎل واﻟﻮاﻗﻊ و ﺑﯿﻦ اﻟﻄﺎﺑﻊ اﻻدﺑﻲ اﻟﻌﺮﺑﻲ اﻟﺒﺪوي وﺑﯿﻦ اﻟﺤﻀﺎرة اﻟﻔﺮﻧﺴﯿﺔ‬
‫‪ .‬ﻣﺎ ﯾﺠﻌﻞ اﻟﻘﺎرئ ﻣﺘﺸﻮق ﻹﻛﻤﺎل اﻟﺮواﯾﺔ اﻟﻲ اﺧﺮ ﺻﻔﺤﺔ‪.‬‬

‫اﻟﻤﻔﺘﺎﺣﯿﺔ اﻟﻜﻠﻤﺎت‬

‫‪ -‬ﺗﺒﺮﯾﺮ – اﺳﻠﻮب ﻣﻨﻔﺮد ‪ -‬اﻟﺨﯿﺎل – اﻟﻮاﻗﻊ‪-‬ﺻﺮاع‪--‬ﻛﺸﻒ اﻟﮭﻮﯾﺔ –ﻣﺪرﺳﺔ ﻋﺴﻜﺮﯾﺔ‪-‬‬

‫‪57‬‬
Summray

A novel in which the author Yasmina Khadra where the life of chidren spoke
hwo about him in his book « writer ».

In Thewileswords the writer talked about his life within military school and the
pressus he felt his identity.

A conflit between literay and military figures , readers’ feedback on his identity ,
justify his career …

A seamless and solo combining the Arab literay and bedouin character with french
civilization ,makes the sentences cager complète the story until the last page.

Key Word : réal- fiction- justifay-style solo-school military-conflit-identity

58

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