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DE LA
CÛLOME DE FABM1
PARTS
COMITÉ DE L'AFMQÙE FRÀNf^FSE
21, Rue Cassette, 21
COLONEL GOURAUD
HE LA
COLONIE DE L'AMIE,
PARIS
COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE
21, Rue Cassette, 21
Le Comité de l'Afrique Française a jugé intéressant de
donner, en même temps que le journal des marches et opéra-
tions de la colonne de l'Adrar, l'article qu'a publié la So-
ciété de Géographie dans la « Géographie » de juillet I9i0
et dans lequel le colonel Gouraud a résumé l'histoire de notre
pénétration en Mauritanie, ainsi que les opérations et les ré-
sultats de la colonne (/).
Colonel GOURAUD.
Journal des Marches et Opérations
DE LA COLONNE DE L'ADRAR
ORDRE GENERAL N° 1
ORDRE D'OPÉRATIONS N° 1
Le présent ordre contient les prescriptionsre-
latives aux formations types de marche et de sta-
tionnement, à la sûreté, l'organisation du ser-
vice, aux principes généraux à observer en cas
d'attaque de jour ou de nuit.
FORMATION DE MARCHE
La formation de marche à adopter devra à la fois
cou-
vrir l'artillerie et le convoi et pouvoir combattre dans
— 26 —
toutes les directions, l'ennemi pouvant attaquer de n'im-
porte quel côté.
1° Carré souple. — Un carré souple paraît répondre
le mieux à cette double obligation et sera donc le plus
généralement adopté quand le terrain le permettra.
Le centre de la formation est le convoi marchant aussi
serré que possible, dans l'ordre indiqué par l'instruction
spéciale, avec une demi-section de garde de police.
Autour du convoi les 4 compagnies forment de petites
colonnes ou lignes de colonnes par 2 ou par 4, disposées
en échiquier, de façon à permettre de passer rapidement
dans toutes les directions à la formation de combat.
Les compaguies sont éloignées du convoi de 150 à 300 mè-
tres environ suivant le terrain.
La compagnie de tète est précédée à 100 mètres par sa
section d'avant-garde qui détache elle-même une pointe
d'une escouade.
La compagnie de queue est suivie à 100 mètres par sa
section d'arrière-garde.
Le commandant de la colonne se tiendra habituelle-
ment derrière la compagnie d'avant-garde avec le peloton
de spahis.
Derrière lui l'artillerie et les mitrailleuses, en tête du
convoi.
Un ordre fixe chaque jour l'emploi des méharistes ou
des partisans, ces derniers chargés en principe du service
d'éclaireurs.
2° Colonne de route. —Elle sera obligatoire en pays
de montagnes.
A l'avant-garde une compagnie.
Distance d'avant-garde : 150 à 300 mètres.
Gros. — Une section de la 2° compagnie, l'artillerie et
les mitrailleuses, 2° section de la 2e compagnie, le reste
de cette compagnie mamelonnant à droite?
Le eonvoi en colonnes sur autant de files que possible
dans l'ordre donné par l'instruction spéciale.
Deux sections de la 3e compagnie dans la seconde moitié
du convoi, les deux autres sections de cette compagnie
mamelonnant à gauche.
Arrière-garde. —Une compagnie à 300 mètres.
Le colonel et le peloton de spahis en tête du gros.
Pour passer de la colonne de route au carré souple
et inversement, les sections du convoi se forment vers
la gauche sur l'élément de tête ou au contraire rompent
par la droite.
3° Echelon de combat et échelon de convoi.—
En vue d'un combat imminent.
^_ 27 -—
L'échelon de combat se forme indépendant du convoi,
vers l'avant ou sur le flanc menacé.
Il se composera habituellement de 2 compagnies, du pe-
loton de cavalerie, de l'artillerie et d'une des mitrailleuses,
des méharistes en réserve.
Le convoi marchera dans la formation indiquée plus
haut, sauf que les compagnies qui l'encadrent seront rem-
placées par des demi-compagnies fournies par les unités
non employées.
Les partisans par moitié à l'échelon de combat et au
convoi.
4° Groupe léger. — Un groupe léger pourra être
constitué avec les méharistes et les partisans pour pré-
parer un point d'eau en avant delà colonne, par exemple.
FORMATION DE BIVOUAC
La base de la formation est le rectangle de 125 sur
200 mètres environ formé par le convoi au parc. Ce rec-
tangle est jalonné aux quatre angles avant l'arrivée par
quatre fanions blancs.
Autour du parc, une bande libre de 25 mètres bordée par
les compagnies d'après le dispositif suivant : compagnies
d'angles et non compagnies de faces, de manière à concen-
trer le commandement; les angles portent les numéros
marqués sur le schéma ci contre.
La compagnie de tête clans l'ordre de marche occupe
l'angle n° 1 ; la compagnie de droite l'angle n° 2; la com-
pagnie de gauche l'angle n° 3 ; la compagnie d'arrière
l'angle n° 4.
L'emplacement des différentes unités est marqué par leur
fanion.
Les compagnies forment un peloton sur chaque côté de
l'angle, les officiers et sous-officiers derrière leur troupe,
le capitaine au milieu de l'angle.
L'état-major est derrière le milieu de la face avant.
Les sections de méharistes sur deux rangs, en avant. du
troupeau.
L'artillerie, les spahis, les partisans, à la place mar-
quée par leur fanion, qui marque le centre de leur empla-
cement.
En principe l'artillerie et les mitrailleuses aux deux
angles opposés.
ORGANISATION DU SERVICE
J° Service de jour. —On se conformera d'une ma-
nière générale aux prescriptions du règlement sur le ser-
vice en campagne.
Le service de jour est pris dans toutes les unités.
28 —
(1) Les Maures appellent guellas les poches .d'eau qui se for-
roentà la suite des pluies dans les cuvettes rocheuses,
— 40 —
7 h. 35. — Départ du reste de la colonne sous
les ordres du chef de bataillon, commandant en
second.
Route facile pour la première colonne qui longe
le massif de l'Azizekka, qu'elle laisse à sa droite,
et traverse l'oued Kédei en avant du point d'eau
du même nom.
Toutefois de gros cailloux ronds noyés dans le
sable rendent fatigante la dernière partie de la
route.
1 h. 45.
— Arrivée de la première colonne à
Daïet-et-Toufla sur l'oued N'Beïka.
4 h. 15. — Arrivée de la deuxième colonne que
les guides ont fait passer plus à l'Ouest par un
chemin très difficile.
Incident. — A quelques kilomètres du point de
départ, les partisans en pointe arrêtent trois ma-
rabouts Ghoudf avec un chameau, se disant à la
recherche de chèvres égarées parleur campement
•
parti depuis peu.
Des patrouilles ou chouf (1) de deux ou trois
partisans de tribus différentes sont envoyés dans
l'après-midi vers Glat-et-Bil et Nouakchedda (ou
Ouakchedda).
Daïet et Toufla est un très bon point d'eau
avec des mares permanentes et une guelta.
Bivouac dans le lit de l'oued, environs très ro-
cailleux.
20 décembre. — Daïet et Toufla (séjour).
Rentrée des « chouf ».
La patrouille de Glat el Bil (Sidi Ahmed Kan-
kou) rend compte que les campements sont partis
depuis peu vers Graret-el-Frass.
Celle de Nouakchedda (Ould Boudda) ramène
un Smacide qui fait connaître que l'arrivée de la
(1) Nom donné par les Maures aux patrouilles et aux petites
reconnaissances.
— 41 —
colonne n'a été connue que par le récit du har-
tani de Mohammed el Moktar qui nous a vus à
Hassi-Motleh le 17.
Vent violent chargé de sable toute la journée.
21 décembre. — Oued Timinit-Rmeh.
5 heures. — Réveil.
7 h. 25.'•— Départ en une seule colonne.
Avant-garde : 3° compagnie. Arrière-garde :
2° compagnie. Les méharistes à hauteur du con-
voi et sur le flanc gauche.
8 h. 10. — Passage difficile à 1.500 mètres du
bivouac. L'itinéraire franchit un ravin perpendi-
culaire à la direction. Cailloux, pentes raides. La
route passe ensuite sur le plateau pierreux d'El-
Megfa, plus praticable sur une bande sablonneuse
le long de la montagne qui le limite à l'Ouest.
Midi 50. — Faraoun, sur l'oued Timinit, point
d'eau abondant, pâturage excellent (talha, tarfa,
aouarach).
Les chevaux boivent, les hommes remplissent
leur bidon en passant; la marche continue pour
franchir le soir même le mauvais passage de Rmeh. .
L'itinéraire suit pendant quelques centaines de
mètres vers l'Ouest le fond plat et sablonneux de
l'oued, remonte vers le Nord-Nord-Ouest un petit
akelé (petites dunes chaotiques) et s'engage dans
une vallée, plate de sable venant du Nord entre
deux chaos de dunes élevées.
1 h. 15.
— Montée très raide sur les dunes de
la rive ouest.
2 h. 15. — La route franchit ensuite un res-
saut pierreux (passage de Rmeh) très raide, facile
à barrer, pour s'élever sur le plateau pierreux de
Graret-en-Naje. Ce passage, où les chameaux ne
peuvent passer qu!en file, est cependant la grande
route des caravanes; dangereux au point de vue
militaire.
2 h. 55. Bivouac à 1.500 mètres au Nord du
—
— 42 -
ressaut, sur le plateau, sur un emplacement
un peu sablonneux.
A 300 mètres, au Sud, un effondrement du re-
bord du plateau (différence de niveau de 20 mètres
environ), dans le fond duquel se trouve une vaste
guelta d'eau excellente, où les tirailleurs sont
LE KSAH I) OUJEFT
Une patrouille de partisans vient de le reconnaître.
22 décembre. — Oujeft.
7 h. 40. —Départ en une seule colonne.
—-
43 —
La route traverse un plateau pierreux sans
grande difficulté.
10h. 30. — Elle descend sur la palmeraie de
Djouali, puis remonte et enfin descend par une
pente très raide sur Oujeft. La colline descend
brusquement vers l'oued, le sentier n'est prati-
quable que pour les animaux en file.
1 h. 34.— Bivouac dans la batha(l) à 1.200 mè-
tres Sud-Ouest du ksar.
Le ksar, construit sur les pentes rocheuses qui
dominent la batha au Nord, est pauvre et parait
devoir contenir deux à trois mille habitants. Il
est presque évacué. La Djemmàa est absente.
Deux notables se présentent cependant.
Eau facile dans la palmeraie, puits nombreux,
quelques-uns légèrement salés.
Pâturage très insuffisant. Les méharistes doivent
pâturer à 3 ou 4 kilomètres en aval.
Les renseignements reçus dans la journée
portent que Ould Àïda est en route sur Oujeft pour
nous y attaquer.
Des Ouled Gheïlane armés sont d'ailleurs pour-
suivis par nos éclaireurs au moment de notre
arrivée en vue du ksar.
23 décembre. — Séjour à Oujeft.
En vue de pouvoir recevoir plus facilement
l'attaque, en se portant au besoin au devant d'elle,
le ksar est reconnu au point de vue de son utili-
sation pour un poste provisoire où serait abrité-le
convoi. La reconnaissance détaillée prouve que le
ksar ne se prête pas à une pareille utilisation.
Une palmeraie entourée de dunes d'un bon
relief se présente dans de bonnes conditions défen-
sives, pour un petit effectif.
8 heures matin. Changement d'emplacement
—
(1) Les Maures appellent batha le lit de sable fin et, blanc que
tracent les crues'd'hivernage-au fond des oueds.
— 44 —
du bivouac, lequel est transporté à cette palmeraie
à environ 800 mètres à l'Est du premier empla-
cement à la même distance (1.200 mètres) du
ksar.
Envoi de deux reconnaissances de goumiers et
partisans, vers Toungad et sur la route directe
d'Alar.
Un convoyeur, resté en arrière à Djouali, arrive
dans l'après-midi el fait connaître qu'il a été pris
la veille au soir par des hommes à pied (rijli) qui
l'ont emmené sur la hauteur d'Oujeft d'oùils n'ont
cessé d'observer nos mouvements, notamment le
changement de bivouac.
24 décembre. — Toungad.
Les renseignements sur l'ennemi signalant son
absence sur les routes voisines d'Oujeft, et au
contraire une tendance à se rassembler sur
Yaghref, la marche est prise dans cette direction.
1 heure soir.
— Départ de toute la colonne.
L'itinéraire s'engage sur les sentiers du plateau
pierreux d'Oujeft, à grandes ondulations, pour
couper le coude de l'oued el Abiad (oued d'Oujeft).
5 heures soir. — L'oued est rejoint quelques
centaines de mètres avant l'arrivée à la palmeraie
de Toungad encaissée entre des dunes et la mon-
tagne, au-dessus de laquelle le bivouac est établi.
Toungad. — Point d'eau remarquable. Le pâ-
turage est bon, facile à garder et s'étend à un ki-
lomètre en amont, 2 kilomètres en aval du point
d'eau.
25 décembre. — Séjour à Toungad.
6 heures matin. —Départ d'une reconnaissance
de 17 Maures (goumiers et partisans) commandée
par le maréchal des logis de spahis algérien IL C.
Djilali ben Serahn pour reconnaître la vallée vers
Yaghref et faire, si possible, des prisonniers.
Dans la journée les chameaux boivent.
— 4S —
3 h. 40 soir. — Le lieutenant André (4° com-
pagnie), de garde au pâturage sur une dune en
aval du bivouac, rend compte d'une vive fusillade
entendue à quelques kilomètres plus loin.
Le capitaine Dupertuis part immédiatement
avec les partisans.
Peu de temps après un partisan de la reconnais-
sance du maréchal des logis Djilali rentre sans
armes, légèrement blessé au cou. Il rend compte
de ce qui suit :
La reconnaissance avait atteint la plaine vers
Yaghref, y avait capturé deux marabouts Sma-
cides d'Àtar qu'elle ramenait. Pendant sa route
elle avait échangé, dans l'oued el Abiad, quelques
coups de fusils avec un rijli (hommes à pied).
Au retour, la reconnaissance eut l'imprudence
de pénétrer dans la gorge profonde du ravin de
Choummat pour boire. Reçue à courte distance
par une fusillade très vive de gens embusqués
dans les roches, elle avait succombé presque
tout entière.
6 heures soir. — Le commandant Claudel part
de suite avec la 2e compagnie et le D Eberlé.
1'
LE COL DE TIFOUJA*R
LE CAMP D AMAia
AT AU
Quatre guerriers maures en position de défense
sur la terrasse d'une maison du ksar.
guerre. Les gens qui ont dit que j'avais fait mourir un
Ouled Gheilane prisonnier ont odieusement menti. Je u'ai
jamais fait mourir un prisonnier.
Avec les cartouches, j'ai aussi beaucoup d'argent et de
guinée, et suis disposé à commercer avec les gens du
pays.
A tous ceux à qui Dieu fera entendre mes paroles, salut.
Atar, le 10 janvier 1909.
Le colonel commissaire du gouvernement général
en Mauritanie
commandant la colonne de l'Adrar,
GOOUAUD.
A.TAH
Vue des terrasses.
d'Aguieurt.
26 février. — Retour du lieutenant Séchet.
27 février. — Les partisans et une section de
la 2° compagnie sont portés à Teintana pour y
préparer le camp.
Le capitaine Dupertuis renvoie dans la soirée
à Nijane tous les animaux de selle qui, dans l'état
où sont nos chameaux de bât, sont indispensa-
bles pour enlever les vivres, munitions, etc., de
la colonne légère.
Un envoyé de Sidi Horma ould Ekhteira
annonce que, à la date du 23 février 1909, il s'est
séparé du groupe de l'émir et est parti dans l'Ifo-
zouiten, avec les Ouled-Gheïlane : Narmoucha,
Ouled-Silla, Smamena, Lemlalka; les Mechdouf,
de l'Adrar, les Ouled-Boulayia, les Lebhaïhat et
une partie des Ouled-Ammoni. Toutes ces frac-,
tions ont l'intention de se soumettre.
— 88 —
Restent avec Ould Àïda, qui a transporté ses
campements à Amelli-Tourarine à une demi jour-
née au Nord Nord-Ouest d'Akjoucht, les Ôuled
Gheïlane : Ouled-Seylmoun, Dheïrat, Narmoucha
d'Ould-Tegucddi, une famille des Ouled-Silla,
les Ouled-Ammoni de Ilamoïd ould Kerkoub,
AUUIilLT ET KllAWlDA
Croix élevée au pied du tertre où est tombé le capi-
taine Repoux et confectionnée avec des fusils pris
à l'ennemi.
AGUEILT ET KIIACHDA
La colonne légère rend les honneurs à, la mémoire
du capitaine Uepoux.
3e Compagnie : E. I. R. Auxiliaires
Officiers 3 » »
Sous-officiers E H » »
Tirailleurs (gradés compris) -
» .114 »
Auxiliaires toucouleurs » « 62
Goumiers Maures .• » » 4
"T ' 114 C6
Sections méharisles :
Officiers 3 » »
Sous - offi ciers E 2 » »
Tirailleurs » 97 »
Partisans » » 38
5 "
17" 38
'
Sections de mitrailleuses :
Caporal E 1 » »
Tirailleurs » 10 »
Personnel du convoi :
Sous-officiers E 1 » »
Santé: ,-""'\-' ^"N
Dv Oazeneuve '../.jk^iW. '//>\ » »
Rapatriés : /.?".• t \ --' \
Sous-officiers E i.ïî \.\. ,\' ;
3 )
» »
Total général \\9. . .
CJ^ "221~ 104
'
— 98 —
Cent quatre-vingt-un chameaux de bât ou de selle ;
15 jours de vivres ; 70.040 cartouches, 86 en réserve ;
1.680 cartouches, 79/83 en réserve; 7b tonnelets à eau (de
25 litres) ; 100 convoyeurs.
Le 2e détachement du Sud suivait à partir de Nijane
l'itinéraire suivant :
Nijane-Teintana : départ 1 h. 15 soir le 17 février 1909 ;
arrivée 4- h. 30 soir, 10 k. 600.
Teintana-Iriji : départ midi 15 le 18 février ; arrivée 1 heure
soir le 19 février, 57 k. 600.
Iriji-Tizégui : départ 1 heure soir le 20 ; arrivée 4 heures
soir le 20,15 k. 500.
Tizégui-Ama : départ 6 h. 10 matin le 21; arrivée 11 h. 20
matin le 21, 21 k._700.
Arna-Amazmaz : départ 6 heures matin le 22; arrivée
11 h. 20 matin le 22, 24 k. 500.
A Amazmaz, où le 2e détachement du Sud s'était arrêté
un jour plein pour l'abreuvoir des chameaux, le capitaine
commandant le détachement recevait l'ordre d'attendre
l'arrivée d'un ravitaillement complémentaire de dix jours,
nécessité par le retard du convoi venant du Soudan.
27 février. — Ce ravitaillement; apporté par un dé-
tachement sous les ordres du commandant Frèrejean,
parvenait le 27 à midi, et le 2e détachement du Sud repre-
nait sa marche le jour même pour se rendre à Lamseïdi.
28 février. — Départ : Amazmaz 27 à 5 h. 15 soir; arri-
vée : Lamseïdi 28 à 7 h. 35 malin.
A Lamseïdi, le 29 détachement du Sud se divisa : les
méharistes continuèrent leur route le jour même de l'ar-
rivée pour se rendre auTagant, en mission de remonte. Ils
emmenaient 72 chameaux.
Le reste du détachement resta en stationnement à Lam-
seïdi où le pâturage était bon. Les ordres, en effet, fixaient
le rendez-vous avec les convois du Sud à Aïoun-Lebgar
pour le 13 mars .seulement.
3 mars 1909. — Le 3 mars, le 2e détachement du Sud
reprenait sa marche. L'épuisement des chameaux, qui
n'avaient pu être choisis à Nijane que parmi des animaux
déjà très fatigués, l'inutilité d'arriver trop tôt au point de
rendez-vous, décidèrent le commandant du détachement à
marcher par étapes courtes coupées de longs repos dans
des pâturages convenables.
Départ de Lamseïdi le 3 à 3 h. 45 soir ; arrivée à Oum-
Achanad le 4 à 7 h. 48 matin, 20 k. 300.
Départ de Oum-Achanad le 5 à 3 h. 35 soir; arrivée à
Touff-el-Henna le 6 à 6 h. 40 matin, 15 kilomètres.
— 99 —
Départ de Touff-el-Henna le7 à 3 h. 10 matin ; arrivée à Glat-
el-Bille 7 à 6 h. 10 soir, 9 kilomètres.
8 mars. — Le 8 mars, à Glat-el-Bil, le commandant du
2<= détachement du Sud recevait une lettre du capitaine
Martin, commandant le convoi venant de Moudjéria. Cet
officier, qui attendait encore à Aïn-el-Khadra le convoi du
Soudan,annonçait son intention de ne pas dépasser Talorza
où il comptait arriver le 10 mars.
9 mars. — En conséquence, le 2e détachement du Sud
reprit sa marche le 9 pour atteindre Talorza au plus tôt et
ramener le ravitaillement dont la colonne avait le plus
grand besoin.
Départ de Glat-el-Bil le 9 à 1 heure soir; arrivéeà Aïoun-
Lebgar le 10 à 8 heures matin, 35 k. 500.
Départ de Aïoun-Lebgar le 10 à 3 h. 50 soir ; arrivée à
Aouïnet-ez Zbelle 11 à 9 h. 30 matin, 31 k. 250.
11 mars. — Le détachement était arrivé à Aouïnet-ez-
Zbel épuisé, ayant perdu depuis Glat-el-Bil (en 70 kil.
environ) 17 chameaux sur 82.
A Aouïnet-ez-Zbel, il avait fallu renvoyer des chameaux,
arrivés à l'étape, chercher dans les 10 derniers kilomètres
des charges pour lesquelles il n'y avait plus d'animaux
porteurs.
Pour continuer la route sur Talorza, il fallait distribuer
aux hommes les cartouches de réserve, et cacher dans la
montagne les tonnelets à eau.
12 mars. — Ces dispositions furent prises pour le départ
le 12 à midi. Mais dans la matinée du 12, un courrier vint
annoncer l'approche des 2 convois réunis qui, sous le com-
mandement du lieutenant Paquette, devaient rejoindre
Aouïnet-ez-Zbel dans la matinée du 13.
13 mars. — Le 13, à 10 heures du matin tout le monde
était réuni à Aouïnet-ez-Zbel.
Mais une difficulté, d'ailleurs prévue,avait surgi :1a source
d'Aouïnet-ez-Zhel est d'un si faible débit, que, malgré les
minutieuses précautions prises pour assurer au mieux son
utilisation, on eut peine à assurer l'eau indispensabl eaux
hommes(une partie des convoyeurs et tous les dioulas (mar-
chands noirs) qui s'étaient joints au: convoi ne touchèrent
pas d'eau). Les boeufs, qui s'étaient abreuvés le 10 pour
la dernière fois à Talorza, n'eurent pas une goutte d'eau.
14 mars. — L'après-midi du 13 fut employée à la dis-
jonction des deux convois, et dans la nuit du 13 au 14, le
2e détachement du Sud reprit la route de l'Adrar, laissant
à Aouïne.t-ez-Zbel l'escorte venue de Moudjéria, les râpa-
— 100 —
friables, 25 Toucouleurs licenciés; des captives libérées
évacuées vers le Sud, et 35 chameaux de selle et de bât.
L'étape Aouïnet-ez-Zbel-Aïoun-Lebgar fut pénible en
raison de l'état de fatigue des boeufs. Le départ eut
lieu le 14 à minuit 45; la tête du convoi parvenait à
l'étape à 9 h. 30 du matin ; les dernières charges n'arri-
vèrent qu'après beaucoup d'efforts à 3 heures du soir.
Quelques animaux abandonnés dans les deux dernières
heures de route ne purent être amenés que dans la nuit
du 14 au 15 ou dans la matinée du 15.
20 boeufs étaient morts en route, ainsi que 8 chameaux.
15 mars. — L'abreuvoir fut pénible ; les mares du petit
oued d'Aioun-Lebgar furent taries avant que les boeufs
eussent fini de boire. Il fallut remettre en état d'anciens
puits bouchés. Ces travaux et la fin de l'abreuvoir des
boeufs durèrent jusqu'au 15 à midi. Les chameaux com-
mencèrent à boire le 15 dans l'après-midi, leur abreuvoir
se prolongea pendant toute la nuit du 15 au 16 et ne put
être terminé que le 16 au matin.
i 6 mars. — Le 16 à 4 heures du soir, le convoi se remet-
tait en roule, constitué ainsi qu'il suit :
E. I. R. Auxiliaires
Officiers 3 »
Sous-officiers E , 5
»
» »
Tirailleurs » 111 » (d)
Auxiliaires toucouleurs » » 35
Goumiers maures » » 4
Section méharisle de Kiffa :
O fficier 1 » »
Sous-officiers E 2 » »
Tirailleurs » 78 »
Auxiliaires maures » » 8
Section de mitrailleuses :
Caporal E 1 » »
Tirailleurs » 9 » (2)
Santé :
D 1' Cazeneuve 1 » »
Convoi :
Sous-officier E i » »
Sous-officiers E. venant de France.. 4 » »
Convoyeurs et bergers '. » » 280
Total général Ts 177 » (3)
pour Rhasseremt.
29 avril. — Un courrier est envoyé au com-
mandant Claudel le rappelant à Tizégui, en atten-
dant que la situation soitéclaircie.
30 avril. — Courrier d'Atar avec deux lettres
du commandant Claudel datées des 23 et 24 avril
de Chingueti.
— 120 —
<(
Il est passé à El-Menfga, chez les fils du mara-
bout Mohammed elFadhel, neveux de Ma el Aïnin,
qui l'ont fort bien reçu.Il a reçu également à Chin-
gueti, où il est arrivé le 23, un accueil très sym-
pathique de la population, qui insiste pour que
nous y installions un poste; la chose n'est pas
possible actuellement, par défaut d'approvision-
nements, mais sera nécessaire au moment de la
récolte des dattes, pour interdire aux dissidents
cette belle palmeraie et celles avoisinantes.
Le commandant Claudel s'est entretenu à Chin-
gueti avec Abidin ould Beyrouk, Tekna, frère de
l'ancien caïd de l'oued Noun, qui se prétend
chargé d'une mission secrète du sultan du Maroc,
mission qui serait de vérifier les assertions de
Ma el Aïnin sur la richesse de l'Adrar et les
dispositions de ses habitants. »
Un courrier de Boutilimit annonce que les cha-
meaux achetés dans le Cayor sont arrivés fati-
gués à Podor et que le convoi, d'abord prévu à
Aguilal-Faye pour le 7 mai, n'y sera que le 9.
Un courrier de ïidjikdja apporte la nouvelle
que le capitaine Plomion avait, au 18 avril,
430 chameaux, qu'il compte en avoir 600 au
lor mai, dont 200 de selle, et être prêt à quitter
Moudjéria vers le 25 mai.
Le capitaine Dupertuis et le D May arrivent à
1'
du matin.
A 7 heures du matin, un courrier du comman-
dant Claudel annonce que le convoi est arrivé le
15 à Oujeft en bon étal: l'échelon d'Atar doit en
repartir le 19, devant faire étape le 20 à Amatil,
le 21 à Tachott, et arriver le 22 à Atar.
Le capitaine Bontems est mis au courant de ces
dispositions.
L'aman est accordé à Mohammed Taqi Allah,
fils et héritier de Mohammed Fadhel.
Dans l'après-midi se présente Sidi Mohammed
Ould Àbot, le notable Laghlall auquel avait été
envoyé, sur sa demande, un sauf-conduit (voir
5 juillet 1909); il répète les termes de sa lettre,
expliquant comment il a cru que sa religion
l'obligeait à nous combattre; se reconnaissant
aujourd'hui vaincu, il demande l'aman.
11 arrive d'Ouadane, où il a laissé les Ouled-
Gheïlane, toujours tiraillés en sens contraire. Il
a vu à Chingueti Ould Aïda et ses 160 fusils.
L'émir a quitté Chingueti le 17, dans la direction
de l'Ouest-Sûd-Ouest; il est donc étonnant qu'on
n'en ait pas encore entendu parler.
— 167 —
Sidi Mohammed ould Abot ajoute qu'il a vu à
Chingueti un Talamide isolé venant d'El-Erguiya,
d'après lequel un rezzi en serait parti,le 9 juillet,
dans la direction d'Atar, avec El Ouéli et com
prenant une trentaine de Talamides, Trarza,
Ouled-Delim, Ouled-el-Lab, des Regueïbat en
plus grand nombre; en tout, plusieurs centaines
d'hommes.
Cheikh Hassana était parti à Tourine chercher
d'autres contingents Regueïbat, et n'était pas.
revenu à El-Erguiya au moment du départ, du
rezzi.
A minuit, le chef des Teurchane, petite tribu
que ses intérêts nous ont complètement ralliée,
nous fait prévenir que les hommes qu'il a fait
établir en chouf àTengharada, 50 kilomètres nord
d'Atar, ont arrêté dans l'après-midi un El Hadj
venant du Nord. Cet homme a déclaré être parti
d'El-Erguiya avec le rezzi, avoirmarché trois jours
avec lui et s'être échappe. Le rezzi marchait dans
la direction de Char-Atar.
En raison de ces renseignements répétés,ordre
est donné au pâturage de Taïert, très en flèche, et
du côté duquel la garnison d'Atar, réduite du dé-
tachement envoyé à la rencontre du capitaine
Plomion, est hors d'état d'intervenir, de rentrer à
Atar dans la journée du 20.
En même temps, arrive un courrier du capi-
taine Plomion et du capitaine Bontems, faisant
prévoir l'arrivée du convoi pour le 21 au lieu
du 22.
ATAR
Le général Caudrelier, le colonel Gouraud et la gar-
nison d'Atar, devant la porte du poste. (Août 1909.)
Marche du 2e échelon.
Par suite de l'absence de dressage d'une partie
des animaux, le départ de Tengharada ne put
avoir lieu le 7, que dans l'après-midi.
La marche est jalonnée par l'arrivée à Choum
le 8 à 6 heures du soir, à Char le 11 à 8 h. 45 du
matin ; à une mare à l'est de Mjeheïda le 13 à
8 heures du matin ; à Omn-la-Habal dans la
Koudia d'Idjill le 16 vers 9 heures du matin.
Il a été fait, chaque fois qu'il a été possible,
c'est-à-dire chaque fois que le pâturage y invitait,
des séjours prolongés dans le voisinage des points
d'eau : à Choum du 8 au soir au 10 dans l'après-
midi, le point capital étant, lorsque des ani-
maux sont fatigués, de leur permettre de manger
copieusement après avoir bien bu. Les emplace-
ments de bivouac ont été déterminés avant tout
d'après les commodités de pâturage, pour per-
mettre de faire sortir les animaux dès 3 heures
du matin, en station, ou de les faire pâturer quel-
ques quarts d'heure après l'arrivée; en tout cas,
de façon à perdre le moins de temps possible en
allées et venues.
La marche a été réglée de façon à laisser les
chameaux au repos au pâturage pendant les heures
chaudes, c'est-à-dire que les arrêts ont eu lieu
autant que possible vers 8 h. 30 du matin pour ne
— 218 —
repartir qu'à 5 heures du soir ou même plus
tard.
On sait, en effet, que le chameau, surtout lors-
qu'il est fatigué, ne mange pour ainsi dire pas
entre 10 heures du matin et 3 heures de l'après-
midi, sauf en saison froide. Enfin la marche ne
s'est jamais prolongée jusqu'aux dernières heures
de la nuit (heures où le chameau rumine.) Elle a
toujours été' suspendue au premier signe de
fatigue.
Le convoi, malgré la mauvaise qualité de ses
animaux, a pu ainsi arriver avec ses charges au
complet, n'ayant perdu qu'un nombre de cha-
meaux à peine supérieur aux besoins de la distri-
bution journalière de viande.
GOnOE DE CIIOUM
Marche du 3e groupe.
Parti de Tazadit le 19, il bivouaquait le 20 à
5 kilomètres environ à l'est d'El-Erguiya, fran-
chissait le 21 la région de dunes faciles de l'Elb-
Meskour et bivouaquait le même jour au delà de
la sebkha de Timoujat.
Le 22 septembre, à 10 h. 30 malin, arrivée à
Bir-bou-Tal'ha. Le 23 y avait lieu la méprise qui
amenait un court engagement avec les partisans
de Chingueti, retour de Tourine (voir 26 sep-
tembre).
Le 24 septembre au soir, départ pour Aghreïjit
(12 kilomètres environ); arrivée le même soir.
Le 25 septembre au soir, départ pour Bir-et-
Taleb.
Le 26 septembre, arrivée à Bir-et-Taleb à mi-
nuit.
Le 28 septembre, le lieutenant Dufour et 50
partisans devancent le groupe à Agdess pour y
reconnaître le point d'eau.
Le lieutenant Aubert part de Bir-et-Taleb dans
la soirée par Chreïrik. Les pâturages de la région
d'Agdess sont excellents, mais ni à Chreïrik, ni à
Agdess, il n'est trouvé d'eau.
Le troisième groupe arrive à Tengharada le
30 septembre, à 10 heures du matin.
— 227 —
3 octobre. — Un courrier du capitaine Camy
fait connaître que la 2° compagnie a dû quitter
Nouakil le 28 septembre, pour se diriger - sur
Agueïla Zarga, par la mare d'hivernage d'Àrch,
dans l'Aftout de Faye.
4 octobre. — Arrivée d'un courrier de Chin-
gueti.
Les sections méharistes du bataillon de Mau-
ritanie (2e groupe) sont arrivées à Chingueti le
30 septembre.
Marche du 2° groupe.
Parti de Tazadit le 19, le capitaine Plomion est
passé par El-Erguiya, a contourné par l'est la
sebkha de Timoujat d'où il a piqué droit sur
Agheïjit, où il est arrivé le 22 septembre au soir.
il en repartait le 24, était rejoint par le groupe
de partisans de Chingueti remis en route le 23
par le lieutenant Àubert, et atteignait Bir-et-
Taleb le 25 au matin.
Etant donnés les renseignements d'Ahmed
Louleï, le mouvement que le deuxième groupe
devait exécuter sur El-Beyyedh devenait inutile,
et le capitaine Plomion se décidait à diriger sa
marche directement sur Chingueti, par Jraïf, en
rendant compte de son mouvement au comman-
dant Claudel.
Il quittait en conséquence Bir-et-Taleb le 26 sep-
tembre au soir, arrivant dans là nuit du 27 à El-
Menfga, le 28 à Jraïf, le 29 en haut de la passe de
Jdeïda et le 30 à Chingueti.
Un chouf de 10 partisans et goumiers, le pré-
cédant de quarante-huit heures, avait ramassé, en
'arrivant à Bir-et-Taleb, quelques troupeaux de
moutons à des Ahel-Àjour et Legdadra fuyant
de la Koudia d'Idjill vers le sud.
Au moment où, suivant les instructions reçues,
— 228 -r
le capitaine Plomion allait mettre en route sur
Atar les partisans Ouled-Biri ayant marché avec
lui et diriger le reste de sa troupe sur le pâturage
de Graret-Leglar, à l'est de Chingueti, le com-
mandant Claudel recevait (1er octobre au soir)
l'avis qu'un fort mechbour Ahel-Ajour, remon-
tant du Tagant, avait été vu le 29 septembre au
soir à l'est de la grara d'Atane, se dirigeant vrai-
semblablement vers Ouadane. Ce mechbour était
sans aucun doute le même qui, le mois précédent,
avait attaqué dans la région de Derguel (Tagant)
le chef du ksar du Tidjikdja, Abdi ould Embarek,
l'avait blessé lui-même et lui avait tué une quin-
zaine d'hommes.
Deux heures après la réception de ce rensei-
gnement, le commandant Claudel mettait en route
un détachement composé de : capitaine Plomion,
commandant; le lieutenant Alix; le maréchal des
logis Bonnetier; 50 tirailleurs méharistes; le
docteur Comméleran; 50 goumiers et partisans
(Ahmed Louleï, Sid Ahmed ould Kankou et
quelques Ouled-Biri).
Le détachement, emportant quatre jours de
dattes et susceptible de se ravitailler en cours
d'opérations sur Ouadane, était dirigé par Rgheï-
ouiya sur Tanouchert, pour agir de là suivant les
circonstances.
LA PASSE D AOtJS
LE POSTE DE CHINGUETI
(Au commencement de novembre 18Q9).
PLANS ET CROQUIS
Formation type de bivouac 28
Col de Tifoujar 55
Camp d'Amalil 58
Défilé de Hamdoun 65
Campement de Rasseremt 116
Combat de Moudjéria 112
— 287 —
Pages
Poste d'Atar 146
Poste provisoire d'Oujeft. 152
Combat de Djouali 155
Combat de ksar Teurchane 117
Engagement d'Ouadane 187
Engagement d'El Malha; 190
Combat de Tourine 202
Le poste de Chingueti 248
Carte des régions nord de la Mauritanie '. (hors texte)
GRAVURES