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PROJET DE SOCIETE DU PIT : LA COTE D'IVOIRE DES VALEURS

LA COTE D'IVOIRE DES VALEURS

Par la reconstruction, les Ivoiriens se doivent de se donner de nouvelles institutions et


règles pour une vie démocratique authentique et consensuelle. Pour ce faire, il importe
d’œuvrer réellement :
 À la séparation effective des pouvoirs ;
 Au respect scrupuleux et à la promotion sincère des droits et libertés ;
 À la moralisation de la vie publique afin de réconcilier les Ivoiriens avec la
politique et partant avec les hommes politiques. Il faut, par exemple, que cesse
l’enrichissement illicite et révoltant de certains au détriment de la collectivité
nationale.
 Au changement de mentalité chez les Ivoiriens qui doivent devenir plus
responsables d’eux-mêmes pour prendre en main leur propre destin et celui du
pays ;
 A la solidarité entre tous
 Au droit à la santé pour tous
 A l’éducation pour tous
 A une justice équitable et transparente pour tous

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 Au retour au mérite, à la promotion du travail, de la conscience professionnelle et
politique ;
Au total, une Côte d’Ivoire nouvelle dans ses fondements autant que dans ses
institutions, centrales comme régionales.
C’est avec tous les ivoiriens que nous voulons construire la CÔTE D’IVOIRE des
VALEURS.

Politique, Institutions et Libertés

Le préambule de notre projet politique est consacré à notre déclaration de principe.


Dans ce chapitre, nous énonçons notre vision en matière de libertés et droits
fondamentaux. Pour nous, la politique n’est qu’un moyen pour améliorer les conditions
de vie des populations. Ce ne doit pas être une fin en soi. C’est le fait d’en faire une
finalité qui est source de tensions, de conflits. Les institutions, quant à elles, sont les
structures crées d’une collectivité, d’une communauté, d’une Nation.

Au sein de toutes les sociétés, de tous les temps, les êtres humains se posent les
mêmes questions. Ces questions dites existentielles ne sont ni spécifiques, ni
nouvelles. Ce sont les réponses qui différent d’une société à une autre, une époque à
une autre. Notre pays aborde le 21ème siècle avec d’énormes difficultés qui ne sont pas
des fatalités, encore moins des contraintes. Il revient aux Ivoiriens, et à eux seuls, de
savoir les transcender, de pouvoir les résoudre.

Les organismes internationaux, les amis de notre pays peuvent nous aider mais, il
revient aux Ivoiriens de s’approprier le processus de paix pour le faire aboutir, de manière
durable. Toutes les propositions de Francis WODIE vont dans ce sens.

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La moralisation de la vie publique

Nous voudrions, avant toute chose, rendre hommage à ces hommes et femmes
politiques africains de chez nous et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui, qui se sont engagés
dans le combat politique avec honnêteté et probité dans le seul but de faire triompher
les idéaux de justice et de respect de la dignité humaine. Mais, à côté de ceux-là, c’est
vrai, on trouve beaucoup d’autres pour qui la politique rime avec enrichissement illicite,
prévarication, détournements de deniers publics, népotisme, corruption. C’est pourquoi
la vie publique doit être moralisée et la moralisation constitue un des axes majeurs de
notre programme. Déjà en 1990, dans notre manifeste, nous assimilions les
détournements de derniers publics à des crimes qui doivent être punis comme tels.

De même, les fonctions publiques, électives ou non, seront déclarées incompatibles


avec toutes activités professionnelles privées. Nous avons proclamé le principe du non-
cumul, en insistant, spécialement, sur la séparation des activités politiques avec celles
des affaires privées.

Le Président de la République, tous les membres du gouvernement, tous les élus et les
hauts fonctionnaires devront déposer au greffe du tribunal la déclaration de leurs biens
et avoirs. Le tribunal vérifie l'exactitude de ces déclarations et établit un bilan en fin
d’exercice. Toute personne publique, suspecte d’enrichissement illicite, peut, à tout
moment, faire l’objet d’enquête.

Les autorités judiciaires ont compétence pour établir l’enrichissement illicite par tous
moyens de preuve, notamment par la disproportion marquée entre le niveau de vie et les
ressources légales de l’intéressé. Des sanctions seront prononcées à l’encontre de ceux
qui auront été convaincus de corruption, et il sera procédé à la récupération des biens
mal acquis au profit de l’Etat de Côte d’Ivoire.

Notre administration, comme la plupart des administrations publiques ou privées,


connaît des problèmes, mais il ne faut pas non plus dramatiser; car il existe des
fonctionnaires honnêtes et consciencieux.

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En tout état de cause, les exigences de modernisation politique et économique nous
amènent à envisager une réforme administrative qui prendra en compte :

 L’équipement des services administratifs et l’amélioration des conditions de


travail et de vie des fonctionnaires ;
 La formation et le perfectionnement des fonctionnaires ;
 La motivation des fonctionnaires par le déblocage de leurs salaires ;
 La réduction et la simplification des procédures administratives en vue de
prévenir les lenteurs et lourdeurs;
 L’établissement de profil de carrière pour tous les agents de l’État.

En retour, le pays attendra des fonctionnaires beaucoup plus de rendement et d’esprit


civique.

Quelque prestigieuse que soit sa fonction, le Président de la République reste un agent


de l'État. A ce titre, il est rétribué par l'État. Il importe donc que son indemnité soit
budgétisée par la loi des finances. En plus, nous l’avons dit, le Chef de l'État doit déclarer
ses biens avant sa prise de fonction et à la fin de celle-ci.
Dans ce cadre, la connaissance de ses émoluments peut être un élément de la saine
appréciation des biens acquis et participer à la moralisation de la vie publique.

La gestion du budget de souveraineté

Jusque-là la gestion du budget de souveraineté était laissée à la discrétion totale du


Président de la République. Il pouvait donc en disposer à sa guise. Mais désormais, pour
que ce budget ne soit pas utilisé à des fins exclusivement personnelles, on pourra
spécifier quelques règles minimales pour son utilisation.

Il ne pourra, par exemple, plus servir à construire des édifices privés ou acquérir des
biens personnels à l’étranger. Toutes choses que la déclaration des biens et la
connaissance de l’émolument du Président pourront permettre de vérifier.

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Il s’agit de montrer par l’exemple que la classe politique est au service du peuple.
Montrer par exemple qu'étymologiquement le mot ministre signifie « serviteur ». Il est
manifeste que ce sens échappe à beaucoup de nos concitoyens. Il est donc nécessaire
d’expliquer qu’il s’agit, avant tout, de faire don de sa personne, dans le but de servir et
non de se servir. Il faut en finir réellement et définitivement avec la politique «du grilleur
d’arachides». C’est pour assurer l’éducation civique et morale des générations, actuelles
et à venir, par l’exemple, que la moralisation de la vie publique est nécessaire. Ce qui est
valable pour les ministres le sera encore plus pour le Président de la République.

La Liberté

Pour nous la liberté est aussi nécessaire à l’homme que la nourriture, et nous croyons
profondément à l’idée que les hommes naissent libres et égaux en droits et en dignité.
Le rôle d’un État de droit est de garantir toutes les libertés et surtout les libertés
fondamentales : liberté de conscience, liberté d’opinion et de croyance, liberté
d’association, somme toute le libre-arbitre pour chacun, la liberté d’être et d’avoir.

A ces libertés qui constituent l’ensemble des droits civils et politiques, il faut ajouter les
droits économiques, sociaux et culturels (droits au travail, à l’éducation, à la santé, au
logement…) et les droits de la solidarité. Toutefois à ces droits, il convient d’associer les
devoirs vis à vis de la communauté.

Le développement solidaire

Le concept, pour nous, signifie que, les Ivoiriens doivent se donner de nouvelles
institutions et règles pour une vie démocratique authentique et consensuelle. Pour ce
faire, il importe d’œuvrer réellement :
 À la séparation effective des pouvoirs ;
 Au respect scrupuleux et à la promotion sincère des droits et libertés ;
 À la moralisation de la vie publique afin de réconcilier les Ivoiriens avec la
politique et partant avec les hommes politiques. Nous nous engageons,
également, à réconcilier la politique et la morale. Il faut, par exemple, que cesse

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l’enrichissement illicite et révoltant de certains au détriment de la collectivité
nationale.
 Au changement de mentalité chez les Ivoiriens qui doivent devenir plus
responsables d’eux-mêmes pour prendre en main leur propre destin et celui du
pays ;
 À la promotion du travail, de la conscience professionnelle et politique ;

Au total, une Côte d’Ivoire nouvelle dans ses fondements autant que dans ses
institutions, centrales comme régionales.

La décentralisation

Dans la situation actuelle nous assistons à une prolifération au niveau de l’érection de


certaines localités en chefs-lieux de départements et de communes sur des bases peu
objectives sans que ces entités administratives ne soient dotées de moyens pour
fonctionner effectivement. Or, notre objectif est d’obtenir un développement équilibré et
intégré des différentes régions. Il faut donc rompre avec cette habitude qui existait déjà,
à l’époque, sous le régime PDCI et qui s’est poursuivie et même aggravée avec le FPI.
Ce n’est pas sage d’agir de la sorte. Il ne faut pas donner des illusions à nos populations.
Il faut savoir concilier deux exigences apparemment contradictoires : l’autonomie et la
participation. L’autonomie qui permettra aux régions d’acquérir et de conserver la liberté
de gérer leurs propres affaires. La participation qui aidera les régions à jouer un rôle de
premier plan dans l’élaboration et l’application des décisions autant à leur niveau qu’à
celui de l’État. Une telle vision ne s’impose pas. Elle se construit de manière solidaire.
D’où la nécessité de la concertation nationale que nous nous engageons à organiser dès
la première année de notre accession au pouvoir.

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Les disparités régionales

Parce que les disparités se sont accrues entre les régions, il faut une politique
volontariste pour les corriger. C’est l’idée de Nation qu’il faut promouvoir en Côte
d’Ivoire.

Pour réussir ce pari, nous proposons :


 La création de pôles géographiques de développement qui permettront de mieux
exploiter les potentialités naturelles et humaines de chaque région ;
 La mise en place des structures spécifiques adaptées aux besoins et
potentialités de chaque région;
 L’intensification des échanges entre les régions.

Le plan national triennal de développement que nous nous engageons à élaborer dès la
première année de notre mandat et à mettre en œuvre, effectivement, à partir de la 2ème
année sera basé sur une gestion axée sur les résultats. Nous ne nous contenterons pas
de définir des objectifs de développement. Nous serons concrets et pratiques en
mettant l’accent sur le suivi, l’évaluation des activités menées.

Les principaux organes de décision de la Région

Le dispositif que nous mettrons en place respectera les deux principes évoqués plus
haut : L’autonomie et la participation.

Pour préserver l’unité de l’État et garantir son indivisibilité, le préfet de région gardera
ses prérogatives actuelles qui consistent à exercer la tutelle du Chef de l’Etat. Il
demeurera le représentant du pouvoir central dans la région. Pour accroître l’autonomie
des régions, chaque région sera dotée d’une assemblée et d’un exécutif exerçant les
fonctions déléguées par l’État. Les membres de ces institutions seront élus au suffrage
universel de la région.

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Chaque assemblée de région :
 Élabore un programme triennal de développement;
 Établit les projets de développement en accord avec le plan national triennal de
développement.

Au niveau des travailleurs, nous proposons la création des conseils prud’homaux au


niveau de chaque région.
Il s’agit, pour nous, de mieux protéger les intérêts des travailleurs. La crise que nous
subissons a beaucoup appauvrit les travailleurs. Nous assistons, un peu partout, à des
contentieux entre les employeurs et les employés avec pour corolaires des
licenciements et des chômages techniques. Certains secteurs de l’économie sont
véritablement sinistrés. Il faut protéger les travailleurs dans cette situation. Or les
tribunaux de première instance chargés de gérer les contentieux dans le domaine du
travail sont surchargés. Ils doivent gérer, en même temps, des dossiers de différentes
natures. Pour soulager ces institutions judiciaires, nous nous engageons à créer des
prud’hommes qui auront la possibilité de gérer plus rapidement les contentieux d’autant
plus que les jugements rendus par ces structures seront, immédiatement, exécutoires.

Les communes et le financement des structures décentralisées

Les communes continueront d’exister, évidemment. Il y a plusieurs niveaux de


décentralisation.
 Le niveau régional qui couvre une vaste superficie.
 Le niveau communal qui couvre un espace plus restreint.

Tous les niveaux concourent à rapprocher davantage l’administration des administrés


à des fins de gestion démocratique. L’innovation que nous apporterions se situe au
niveau du financement des communes. Les fonds collectés par les municipalités seront
déposés dans des comptes différents de ceux du trésor dans un souci d’assainissement
des finances publiques. Ils serviront à couvrir les charges de fonctionnement et
d’investissement de la commune.

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Nous veillerions à ce que chaque région soit doté d’un plan régional de développement
et que chaque commune soit dotée d’un plan directeur. Ce qui, actuellement, n’est pas
le cas pour de nombreuses entités décentralisées.

LA COHESION SOCIALE

La Côte d’Ivoire est un pays multilingue, multiethnique et multiculturel. Cette diversité


de peuples et de cultures est incontestablement une richesse, à la seule condition de la
gérer avec intelligence et dans l’esprit de l’unité nationale. Les conflits ethniques
montrent que le sentiment d’appartenir à une même nation n’est pas encore bien ancré
chez nos concitoyens. Certains partis et leaders politiques essaient de tirer profit de ces
différences culturelles supposées ou avérées au détriment de l’unité et de la cohésion
nationale. Ce sera notre devoir, à tous, de contribuer à l’émergence d’une véritable
citoyenneté ivoirienne, riche de la diversité de nos cultures complémentaires; nous
lutterons sans complaisance contre le tribalisme et le régionalisme en vue d’une nation
solide et solidaire; notre refus de l’ethnocentrisme nous désigne comme les seuls
capable de pouvoir conduire véritablement une telle politique.

L'immigration

L’immigration est un problème important, et il convient de l’aborder sans passion ni


démagogie, mais sans faux-fuyant non plus. Les chiffres les plus communément cités
indiquent que la population ivoirienne est composée de plus de 30% d’étrangers. Ce taux
nous place dans le peloton de tête dans ce domaine. Mais, en même temps, il nous
impose de lourdes responsabilités en nous posant de graves questions. Comment faire
pour intégrer, de façon harmonieuse et équilibrée, ces hommes et ces femmes, pour
prévenir tout sentiment de frustration du côté des Ivoiriens comme du côté des
étrangers ? La Côte d’Ivoire est et demeurera un pays d’accueil, ouvert sur l’extérieur. Il
n’y aura ni chasse aux étrangers ni repli frileux sur soi. Mais nous devons nous donner
les moyens de contrôler tout ce flux migratoire pour la sécurité des Ivoiriens comme des
étrangers.

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Contrôle du flux migratoire

Sur la base d’un code de l’immigration ainsi que nous l’avons déjà noté dans notre
Manifeste en 1990. Par la création d’un office national de l’immigration doté de toutes
structures de contrôle et d’équipements appropriés. Cet office se chargera de la gestion,
de l’accueil et de la prise en charge administrative des nouveaux arrivants. Les
conditions d’entrée et d’établissement sur le territoire national seront définies
conformément à la réglementation de la C.E.D.E.A.O.
Le nouveau code de l’immigration achèvera de préciser les conditions d'entrée, de
circulation et d’établissement en Côte d’Ivoire, les droits et devoirs des étrangers.

Droits et devoirs des étrangers

Dans la tradition originelle de nos villages, l’étranger était considéré comme celui qui
avait besoin d’assistance, car, disait-on, « l’étranger n’a pas de racine ». Cette tradition a
été poursuivie jusqu’à nos jours. L’État doit savoir reconnaître à chacun sa place, celle
des nationaux et celle des étrangers. Ainsi, tous les étrangers qui se conformeront à la
loi, bénéficieront de la même protection que les nationaux et s’ouvriront la voie de leur
intégration à la collectivité nationale.

Jusqu’à nouvel ordre le principe d’une carte de séjour pour les étrangers reste en
vigueur. Le débat actuel autour des fraudes sur l’identité ivoirienne nous invite à une
vigilance certaine et à une réelle prudence. C'est pour cela d’ailleurs que nous comptons
instituer une nouvelle carte infalsifiable. Nous voulons ainsi mettre définitivement fin à
cette suspicion qui pèse sur les titres de séjour des immigrants, ainsi qu’aux velléités
de fraude en la matière.

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Intégration des non-nationaux

D’abord, il faut stabiliser la situation actuelle et tendre à faire baisser le taux


d’immigration pour atteindre un seuil acceptable.

Nous ambitionnons :

 D’instituer un fichier de tous ceux qui ont acquis la nationalité Ivoirienne soit par
naturalisation, soit par mariage ;
 Naturaliser tout Etranger qui souhaite acquérir la naturalisation pourvu qu’il suive
la procédure appropriée et entreprenne les démarches légales et administratives
en la matière ;
 Contrôler l’immigration tout en respectant le principe de la libre circulation des
biens et de personnes édicté par la CDEAO ;
 Veiller à ce que les ressortissants étranger résidents en Côte d’Ivoire n’adoptent
pas de comportement discriminatoire vis–à- vis des nationaux.

Le fait de constituer des quartiers d’Etrangers, par exemple, est pour nous, un risque. En
cas de malentendu, ou sous l’effet d’une rumeur, la tendance à cibler ces zones peut
conduire à des agissements déplorables.

Aussi, devons-nous veiller à ce que les communautés Etrangères s’intègrent


véritablement dans le tissu social national.

LA POLITIQUE EXTERIEURE

Notre philosophie repose essentiellement sur l’instauration d’un nouvel ordre mondial.
Dans un contexte mondial qui est en pleine mutation, la politique extérieure de la côte
d’Ivoire doit s’adapter.
Nous devons, tout en diversifiant nos partenaires extérieurs, rechercher les conditions
les meilleures pour obtenir le droit, nous-mêmes, de définir nos politiques et nos
stratégies de développement. Au niveau du personnel chargé de gérer notre diplomatie,

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il faut donner la priorité aux diplomates de formation. Il y a encore trop de nominations
fantaisistes aux postes d’ambassadeurs par exemple. Il faut cesser de telles pratiques
qui sont de nature à dévaloriser la fonction de diplomate.

Le nouvel ordre que nous proposons repose sur les principes suivants :
 L’autodétermination des peuples
 La non intervention dans les affaires des autres Etats ;
 L’interdiction de menace ou de l’usage de la force ;
 La coopération internationale dans le respect de la souveraineté chaque Etat.

L'ARMEE

La grave crise sécuritaire que nous subissons depuis 2002 est, pour nous,
l’aboutissement d’une crise que nous n’avions pas su ou pu prévenir.
Une rébellion se mate. Un Etat bien organisé ne négocie pas des rebelles. N’ayant pas
pu imposer l’autorité de l’Etat, nous en sommes arrivés à des négociations qui nous ont
imposé un nouvel ordre politique. Une réflexion sur le rôle de la nouvelle armée s’impose.
Nous ne pouvons pas en faire l’économie. Nous avons toujours proposé la tenue des
Etats Généraux de l’armée afin de redéfinir les missions à assigner à l’armée Ivoirienne.
Sa mission est de garantir, de façon permanente, la souveraineté et l’indépendance de
la nation, son intégrité territoriale. Une armée normale protège la population et défend
les intérêts de la patrie. Nous suggérons, en plus de ces fonctions classiques, des
missions particulières d’utilité publique comme :
 Le forage des puits ;
 La reforestation ;
 Les campagnes sanitaires ;
 La construction des bâtiments ;
 La réhabilitation des pistes …..
En fait, nous proposons une armée au service du peuple.
Une armée au service du peuple et non contre le peuple. Dans les pays du tiers Monde
en général et en Afrique en particulier, l’armée doit être une armée de défense et de
développement de la Nation. En plus, elle doit être une école de civisme, car le soldat

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doit être un citoyen en arme, et tout citoyen doit recevoir une formation militaire
minimale pour participer à la défense de la Nation.

L'ECONOMIE

La vision néo-libérale a imposé le marché comme la base d’une économie mondialisée.


La récente crise financière qui vient des USA, et dont l’onde de choc n’épargne aucun
continent, prouve que l’Etat demeure le recours indispensable pour réguler les
dysfonctionnements liés au capitalisme sauvage. Une réforme du libéralisme s’avère
plus qu’indispensable et urgente.
Pour nous, l’économie doit être au service de l’homme et non du marché. C’est le sens
du développement solidaire et partagé.

La crise économique structurelle

La notion de « crise structurelle » ramène aux dysfonctionnements de nos structures


censées produire des richesses et susciter le développement. Elle s’oppose à la notion
de crise conjoncturelle qui nous amène à l’emprise des contraintes qui seraient
indépendantes de nous au-dessus de nos forces liées uniquement à des facteurs
extérieurs.

Quand nous parlons de crise « structurelle » nous remettons en cause notre manière de
fonctionner, nos choix politiques et économiques.

Depuis 1980, le modèle économique impose à la Côte d’Ivoire par ses dirigeants d’alors
s’est essoufflé à cause des faiblesses structurelles comme :
 La dépendance excessive du financement de notre économie par les ressources
extérieures sous forme de prêts, d’aides ou d’investissements étrangers.
 La tendance à exporter nos matières premières à l’état brut (Café, Cacao …)
 Le manque d’articulation suffisante entre secteurs primaire, secondaire et
tertiaire de l’économie;
 L’importance des coûts de facteurs (électricité, eau …)

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 La mauvaise gestion des finances publiques qui a entraîné, autre un
surendettement de l’Etat.
 Les lourdeurs administratives et la corruption,
 L’impact des programmes d’ajustement structurels.

La politique économique de la Côte d’Ivoire

Le PIT reconnaît ce qu’il y a de positif ; notre pays, durant les premières décennies de
son indépendance a connu relatif essor économique. La politique économique, a permis
à la Côte d’Ivoire de réaliser des progrès supérieurs à la moyenne des pays africains.
Toutefois, cette politique économique s’est nettement essoufflée depuis 1980 à cause
des faiblesses structurelles et les résultats des programmes destinés à résoudre la crise
économique n’ont pas été à la hauteur de la satisfaction des attentes d’une population
de plus en plus croissante.

Le taux de croissance démographique moyen, depuis cette période, est pratiquement


nul pendant que la croissance économique avoisine 3%. Face à cela, le refus initial du
multipartisme, le désordre dans lequel il est intervenu en 1990 et les pratiques politiques
non conformes aux critères d’une démocratie moderne entretiennent des tensions
récurrentes qui ont créés une instabilité politique depuis 1990.
 La trop grande dépendance de l’économie par l’extérieur par rapport aux appuis
et en particulier sous forme de prêts, d’aides, d’investissements étrangers …;
 La faiblesse corrélative du financement extérieur intérieur liée au faible niveau de
mobilisation de l’épargne intérieure, à la réticence des banques pour les crédits à
long terme … ;
 L’exportation des produits agricoles bruts (café, cacao, bois …) ;
 Le manque d’articulation suffisante entre les secteurs primaire, secondaire et
tertiaire de l’économie ;
 La mauvaise gestion des finances publiques avec pour conséquence
l’endettement excessif de l’Etat ;

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 L’avènement des programmes d’ajustement structurel dont l’application a plutôt
aggravé la détérioration de la situation sociopolitique et, partant,
l’appauvrissement des populations ;
 L’environnement institutionnel peu approprié et peu efficace ;
 Les lourdeurs administratives, l’indépendance de la justice qui n’est
qu’imparfaitement assurée…

Les conséquences économiques et sociales de cette situation sont énormes. Le taux


d’investissement moyen des années 1990 a été divisé par deux en se situant en dessous
de 8%. Le taux de pauvreté est passé de 10% en 1985 à 49% en 2008. Les inégalités
sociales se sont aiguisées. L’espérance de vie a chuté, de 52ans en 1995 à 46 en 2008.
Notons aussi que, au cours de la période 1975 – 1979, la plupart des emprunts
contractés dans les années 1960 - 1970 pour financer le développement étaient arrivés
à échéance. L’encours de la dette publique s’est trouvé, de ce fait, multiplié par trois de
1975 à 1979 en passant de 327 milliards à 1075 milliards ; plongeant l’Etat Ivoirien dans
la récession. Au plan interne, les faiblesses de la gestion économique ont contribué,
lourdement, a aggravé la situation. Outre la forte dépendance de notre économie à
l’agriculture, des facteurs comme :
 Les aléas climatiques ;
 La gestion incontrôlée des incendies de forêts ;
 Le manque de rigueur dans la gestion de l’administration publique, des sociétés
d’Etats et des établissements publics nationaux ont eu un impact dramatique sur
notre économie.

Un tiers de la dette publique de notre pays était constitué d’emprunts des structures
parapubliques garantis par l’Etat. Le déficit public est passé de 2,2 % du PIB en 1975 à
12% en 1980. Le marasme économique, en limitant, les possibilités d’interventions de
l’Etat, a constitué la première grande fissure dans le système socio politique mis en
place depuis 1960.

Le recours aux programmes d’ajustements structurels (PAS), à partir de 1981, en guise


de réponse à cette crise n’a pas réussi à améliorer la situation, bien au contraire. Si les
PAS ont permis de réaliser un équilibre extérieur de notre économie du côté de la

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demande, la compression de la dépense publique s’est davantage faite au détriment de
l’investissement public qui a des liens organiques avec l’investissement privé et la
croissance économique.

Du côté de l’offre, la libéralisation des prix n’a ni enrayé les distorsions, ni favorisé la
concurrence. D’où l’aggravation de la pauvreté généralisée.
Les Ivoiriens vivent, au quotidien, l’impact de l’effet conjugué des crises qui sont :
 La crise économique amorcée depuis 1980 ;
 La crise alimentaire qui se traduit par une augmentation du prix des denrées de
première nécessité ;
 La crise sécuritaire dont le point culminant a été atteint en 2002 ;
 La crise écologique avec le scandale de déversement des déchets toxiques à
Abidjan en 2006 et les effets dévastateurs des pluies diluviennes qui, depuis
2006, font en moyenne, une dizaine de morts chaque année dans nos villes.

Toutes ces crises ne font pas que fragiliser le tissu social, elles aggravent les tensions
sociales et risquent de compromettre les efforts pour le développement de notre pays.

Dans les faits, la taille moyenne des ménages pauvre est de 6.3 personnes contre 3.9
chez les ménages non pauvres. De 10,7% chez les personnes vivant seules, le taux de
pauvreté passé à 34.8% chez les personnes vivant dans un ménage de 4 personnes, à
51.7% chez celles vivant dans un ménage de 6 personnes et à 66.4% chez celles vivant
dans un ménage de 10 personnes.

D’autre part, le taux de pauvreté diminue au fur et à mesure que le niveau d’instruction
augmente. De 57,5% chez les analphabètes, ce taux tombe à 6,6% chez les personnes
ayant atteint le niveau supérieur. L’impact positif de l’éducation sur le statut de pauvreté
est confirmé par le fait que 38,35% de ceux qui ont fréquenté l’école sont pauvres alors
que cette proportion est de 58 ,18% chez ceux qui ne sont jamais allés à l’école.

En plus, la population pauvre qui vit en milieu urbain est plus instruite que la population
pauvre en milieu rural. En milieu urbain, 30,5% des pauvres instruits ont le niveau
primaire,15,6% le niveau secondaire et 0,9% le niveau supérieur. Dans le milieu rural, ce
sont respectivement 27,2%, 6,3% et 0,1% qui ont les mêmes niveaux.

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Notons aussi que le handicap est un facteur aggravant de la pauvreté. 63,1% et 32,5%
des personnes souffrant d’au moins un handicap ( Cécité , surdité , nudité , paralysie,
maladie mentale , handicapé physique …) sont pauvres respectivement en milieu rural
et en milieu urbain.
Cette proportion est respectivement de 62,4% chez les personnes sans handicap.

L’impact du type d’activité est confirmé. En effet 46% des pauvres sont actifs dans le
secteur agricole tandis que 15% et 2% sont actifs dans le secteur informel non agricole
et le secteur moderne. Le taux de pauvreté est de 64,7% dans le secteur agricole informel
et de 36,1% dans le secteur informel non agricole. Ce taux, dans le secteur moderne est
de 19,1% pour le secteur public et parapublic, 19,4% pour le secteur privé et 35,2% pour
le secteur agro-industriel. D’autres facteurs interviennent, en Côte d’Ivoire, sur la
pauvreté. Ce sont :
 Le type de logement qui est plus discriminant en milieu urbain qu’en milieu rural;
 L’absence de systèmes d’assainissement car 67,9% des ménages ne disposant
pas de WC sont pauvres ;
 L’accès à l’électricité ; environs 32,9% disposant d’un compteur individuel
d’électricité sont pauvres.
 L’accès à l’eau potable. 49,9% des personnes utilisant de l’eau de puits et 53% de
celles qui consomment de l’eau de surface sont pauvres ;

En définitive, les ménages pauvres sont de grande taille et se rencontrent, en grande


partie, dans l’habitat précaire ne disposant pas du minimum de commodité. Des
facteurs comme le faible niveau d’instruction et le travail dans le secteur agricole
informel sont des éléments aggravant.

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