II Près de chez vous VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2021 Le Grand Parisien

93 | MONTREUIL Ce lieu du Haut-Montreuil, dont l’histoire prend racine en Arménie, célèbre son 70e anniversaire
avec une exposition à découvrir dès demain. Quatre générations ont œuvré pour donner son éclat à la boutique.

Venez découvrir la famille Kasparian,

l’âme du Studio Boissière
 ELSA MARNETTE

C’EST UNE LARGE bâtisse à la

façade claire, comme on en
voit tant dans la banlieue Est
de Paris : un rez-de-chaussée
ouvert sur la rue par des baies
vitrées, un seul étage, une
petite cour à l’arrière. En bas,
on suppose que des artisans
y faisaient commerce ; on les
imagine rejoindre l’étage en
soirée pour y retrouver leur
famille. Pour beaucoup,
ces bâtiments, nombreux
à Montreuil, ont été transfor-
més en habitations plus ou
moins conventionnelles. Pas

a
le Studio Boissière.
Aujourd’hui encore, la fonc-
tion de ce lieu, bâti en 1951
par Varastade Kasparian,
reste fidèle à ses origines : un
studio de photographie ouvert
aux habitants du quartier. Ils

Je voudrais que l’habitant
qui vient avec son
téléphone portable
pour que je lui développe
ses photos soit
au contact de l’art
contemporain
MACCHA KASPARIAN
Montreuil. Le Studio Boissière,
large bâtisse à la façade claire,
située au 268, boulevard
Aristide-Briand est installée
depuis les années 1950.
pouvaient y réaliser leurs
photos d’identité, de mariage, Montreuil, le 10 septembre. Maccha, la petite fille de Varastade Kasparian, et sa fille Nelta ont une mission : donner une deuxième vie au studio.
de baptême… Quatre généra-
tions de Kasparian y ont
œuvré ou y œuvrent encore.
C’est cette histoire que retrace
jeune fils mort de la grippe es-
pagnole, sauvent 80 enfants,
l’exposition anniversaire pro- dont mon grand-père. Ils les
posée à l’occasion des Jour- installent dans un château
nées du patrimoine. près de Blois et les orphelins
reçoivent une bonne éduca-
Survie miraculeuse tion : ils apprennent le français,
Varastade Kasparian, le l’anglais et un métier manuel
fondateur, fut victime du pour subvenir à leurs besoins.
génocide arménien. En 1920, il Pour lui, ça a été la photo. »
a 4 ans et vit à Samsun, dans En 1943, Varastade Kaspa-
l’empire Ottoman, lorsque rian, désormais père de deux
sa famille est assassinée. Le garçons, achète un terrain le
petit garçon, gravement bles- long du boulevard Aristide-
sé, survit. « C’est vraiment mi- Briand et y construit le Studio
raculeux, je n’arrive pas à me Boissière. Commerce en bas,
l’imaginer », commente Mac- logement familial en haut.
cha Kasparian, la petite-fille Montreuil devient son foyer.
de Varastade, qui poursuit le
récit : « Il est recueilli par un Roger, « l’œil des Sixties »,
riche couple d’Américains animera une masterclass
d’origine arménienne. Ces Chez les Kasparian, tout le
derniers, qui ont monté une monde pratique la photo,
fondation en mémoire de leur et particulièrement le fils
Roger. Dans les années 1960,
le jeune homme fait le pied
de grue à l’entrée des salles
de concerts ou dans les aéro-
ports pour capturer ses idoles
sur pellicule, de jeunes chan-
teurs ou jazzmen qui devien-
dront des légendes : Johnny
Hallyday, Serge Gainsbourg,
les Beatles, les Rolling Stones,
Ray Charles…
Ces derniers deviennent
moins accessibles en même
ARCHIVES STUDIO BOISSIÈRE
années 2010. Il connaît, à
son tour, le succès. À 83 ans,
« l’œil des Sixties » animera
une master class au Studio
Boissière dans le cadre de
l’exposition.
Un projet de galerie
Après quinze ans d’une activi-
té moindre, le lieu connaît
aujourd’hui une nouvelle
vie grâce à l’énergie de Mac-
cha Kasparian, architecte
de formation et photographe,
et de sa fille Nelta, 25 ans.
Depuis quelques années, il est
de nouveau possible de faire
développer des photos au
Studio Boissière.
Toutes deux organisent
également des expositions,
des ateliers, des portes ouver-
tes. Et Maccha voudrait aller
plus loin : « Je veux m’orienter
vers une activité de galerie,
détaille-t-elle. Je voudrais
que l’habitant qui vient avec
son téléphone portable pour
que je lui développe ses pho-
tos soit au contact de l’art
contemporain. » Avec une
autre idée en tête, celle de pro-
mouvoir des « artistes issus
des migrations ». Comme le
furent, en leur temps, son père
et son grand-père.
BON PLAN|Cinq idées de visites
Découvrez les coulisses
du Nouveau Théâtre
de Montreuil
Inauguré en 2007, le Nou-
veau Théâtre de Montreuil
est l’un des trente centres
dramatiques de France. Ce
week-end, c’est l’occasion
de voir l’envers du décor.
Demain à 14 heures, 10, place
Jean-Jaurès à Montreuil.
Inscriptions : contact@nouveau-
theatre-montreuil.com.
Saint-Denis : imaginez
le chantier de la flèche
de la basilique
L’association Suivez la flèche
animera un stand sur le par-
vis. De nombreuses anima-
tions sont prévues, avec no-
tamment des jeux et une
visite virtuelle du futur chan-
tier de remontage de la flè-
che, avec un casque immer-
sif relié à un drone…
Demain de 9 à 18 heures,
1, rue de la Légion-d’Honneur
à Saint-Denis.
L’histoire des 4 000
LP/E.M.
Baština, spécialisée dans le
patrimoine des migrations.
Demain à 14 h 30. Inscriptions
sur exploreparis.com.
Plongez dans les
archives de « L’Humanité »
Le quotidien fondé en 1904
par Jean Jaurès est installé
à Saint-Denis et ses archi-
ves… à Bobigny. Une présen-
tation de l’incroyable fond
photographique du journal,
et ses deux millions de cli-
chés, est proposée.
Demain à 14 heures,
54, avenue du Président-
Salvador-Allende, à Bobigny.
Inscriptions : exploreparis.com.
Joyeux anniversaire,
la cité-jardin de Stains !
Une visite guidée de l’expo-
sition itinérante présentant le
quartier de la cité-jardin.
Vous pourrez ainsi découvrir
l’histoire de ce quartier clas-
sé né en 1921. Une expo pho-
to accompagnée de témoi-
gnages d’habitants présente
cette riche histoire.

temps que leur notoriété Studio Boissière, sous un nouveau jour

augmente. Roger Kasparian fi- 268, boulevard Aristide-Briand Vous pourrez visiter l’un des Demain à 11 h 30, 2, place
nit par reprendre le studio à Montreuil. Exposition visible plus grands ensembles Marcel-Pointet. Inscriptions :
familial et ses clichés tombent du 18 au 28 septembre, construits dans les années exploreparis.com.
dans l’oubli jusqu’au début des de 14 heures à 19 h 30. 1960 avec l’association  A.L.

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