Vous êtes sur la page 1sur 100

www.grands-reportages.

com

FÉVRIER 2016. N° 415

BIRMANIE
L’OUVERTURE DES TERRES INTERDITES

Week-end
Stockholm
LE MODÈLE SUÉDOIS
Hiver
Québec
L’ARÈNE DES
NEIGES
19
SOMMAIRE DU N° 415 FÉVRIER 2016

P. 34 BIRMANIE
NOUVEAUX TERRITOIRES
Après plus d’un demi-siècle de dictature, la Birmanie ouvre les portes
de régions jusqu’à présent interdites aux visiteurs. Une ouverture sans
précédent qui résonne à travers tout le pays et permet aux voyageurs
de découvrir de nouveaux territoires longtemps restés isolés.

P. 42
48 H / À YANGON
L’ex-Rangoon reste la capitale du cœur de la
Birmanie. La cité engourdie d’autrefois donne
naissance à une nouvelle ville moderne asiatique. P. 6 ACTUS
06 Vu
P. 48 10 Ailleurs - 12 Ici
KAYAN LAHWI / 14 Web - 15 Tech
16 Lu
DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR
96 Bloc-notes
Célèbre pour ses fameuses « femmes-girafes »,
l’ethnie kayan lahwi reprend son destin en main
grâce à l’ouverture récente de la région de Loikaw. P. 87 BONS PLANS
87 Départs immédiats

P. 60
88 Guides pratiques

PO WIN TAUNG
LES GROTTES AUX DIX MILLE BOUDDHAS Ce numéro comporte un encart pour une
Longtemps restées confidentielles, les grottes partie du fichier des abonnés, donnant
droit à une invitation gratuite pour le
sacrées de Po Win Taung constituent la plus vaste Salon Mondial du Tourisme à Paris.
collection de peintures rupestres d’Asie du Sud-Est. Il contient également un encart broché
abonnements Grands Reportages
diffusion vente France.

P. 64
LES BOUDDHAS OUBLIÉS DE SAGAR
Non loin du lac Inlé, les pagodes secrètes de
Sagar témoignent de la grandeur d’une ancienne
cité princière du Royaume Shan.

+++++++++++++++++++++++++

P. 22
DOCUMENT / QUÉBEC
Avec l’arrivée du froid et de la neige, c’est tout le
Québec qui se met à l’heure d’hiver. Une ambiance
féerique qui nous convie à ses nuits blanches.
La pagode Thanboddhay, Monywa, Birmanie.
© Marc Dozier

P. 72
WEEK-END / STOCKHOLM
Entre ciel et mer, la capitale suédoise célèbre ABONNEZ-VOUS
bientôt huit cents ans d’histoire, entre quartiers À GRANDS REPORTAGES
historiques et projets écologiques d’avant-garde. OFFRE D’ABONNEMENT PAGE 97.
19
ÉDITO

JE SUIS TON PÈRE…


I
l paraît que le dernier Star Wars a fait un carton le mois dernier. Vous l’avez vu ?
Moi non plus. Pour être tout à fait franc, il s’agit là d’une autre culture que la
mienne. Les trois épisodes que j’ai visionnés jadis (les IV, V et VI pour les ama-
teurs…) ne m’ont laissé que le vague sentiment de… bof, quoi. Pas vraiment mon
truc. Malgré tout, loin de moi l’idée de dénigrer la culture des plus jeunes que moi – au
contraire ; ce sont eux qui façonnent l’avenir et ce, depuis la nuit des temps. J’essaie de
vivre avec mon temps, voilà tout. Vieux con, déjà, pour les uns ; jeune freluquet, irrespec-
tueux, pour les autres. Je mets à jour mon statut Facebook sur mon smartphone et fais
voler des drones en Himalaya, tout en me délectant des Le tour du Monde1 du XIXe siècle ou 1. En accès libre sur le
de Grands Reportages, dont je suis un fidèle lecteur depuis l’âge… de mes dix ans. site Gallica de la BnF :
http://gallica.bnf.fr
Vous l’aurez compris, c’est forcément avec émotion, honneur, responsabilité… que je signe
ce premier édito hors-norme d’un magazine qui appartient à mon histoire personnelle, mais
également, et très certainement, à la vôtre. Durant des années, pas loin d’une vingtaine
paraît-il, Pierre Bigorgne officia dans ce registre éditorial et marqua de son empreinte des
générations de voyageurs et de collaborateurs. «Je suis ton père», disait Darth Vader, le mé-
chant. Pierre n’avait rien du méchant, mais tout d’un père spirituel, un guide, une mémoire,
un vrai « rédac chef », tout simplement, armé d’une vision, pour ce qui aura été « son » ma-
gazine, toujours défendu corps et âme. Rassurez-vous, Pierre est en pleine forme ; il a sim-
plement entrepris de construire d’autres projets, plus personnels, laissant à la barre du
Falcon Millenium ceux qui, depuis plus de dix ans, ont œuvré à ses côtés. Bon vent, mon
Pierrot. Hâte de te recroiser très bientôt. Évidemment, la « patte » d’un rédacteur en chef
est loin d’être anodine dans la vie d’un magazine. Et si nos années de «voyage» à ses côtés
nous ont forgés à la « culture Grands Reportages », nul doute que chacun de nous, dans
l’équipe de ce magazine, aura à cœur de donner le meilleur pour les numéros à venir, et
d’exprimer son regard, sa vision de ce que doit et peut être un grand média de voyage. Avec
envie, avec talent, avec l’insolence ou la créativité qui ne demandent qu’à s’exprimer en
chacun. Une nouvelle ère commence pour Grands reportages, forcément. Nous sommes
tous ses Jedi. Que la Force soit avec nous. Réveil de la Force dès le prochain numéro.

5
C ATA L O G N E
PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE
CASTELLS, LE DÉFI

6
ACTUS VU

À L’ÉQUILIBRE De la force, de l’équilibre, du

« courage et du bon sens », telle


est la devise des castellers,
bâtisseurs catalans de tours humaines.
La tradition est née dans les bals de
village, au XVIIe siècle, en Catalogne
du Sud. Et des qualités, il en faut, pour
grimper sur les épaules des uns et des
autres, jusqu’à élever une pyramide de
six, voire dix étages ! Seule une pratique
assidue à sa colla castellera (l’associa-
tion qui regroupe les Castellers) à raison
d’au moins deux fois par semaine, est
gage de réussite. En 2010, l’art du castell
est inscrit au Patrimoine culturel immaté-
riel de l’humanité de l’Unesco parce qu’il
procure « un sentiment de continuité,
de cohésion sociale et de solidarité ».
On trouve des castells en Catalogne
française, dans les Pyrénées-Orientales.
Mais c’est à Tarragone, dans l’enceinte
de la Tarraco Arena Plaça, que se dérou-
lent les spectacles les plus saisissants.
La Plaça accueille tous les deux ans le
plus grand casteller du monde, qui attire
en moyenne vingt-cinq mille personnes.
Prochain rendez-vous pour les amateurs :
les 1er et 2 octobre 2016.

TEXTE ET PHOTOS FRÉDÉRIC REGLAIN

La pinya,
royaume des hommes forts
La pinya est la base de la construction ; elle doit
stabiliser et soutenir la structure qui s’élève. En cas
de chute, c’est ce « matelas humain » qui amortira
les chocs. Les participants se regroupent en silence,
les visages sont tendus, on s’agrippe par les bras, la
« construction » du château prend forme, selon un
ordre précis, chacun à sa place, avec une tâche bien
déterminée. La couleur de la chemise est le symbole
de chaque colla castellera.

7
Un savoir qui À Tarragone, hommes, femmes et enfants s’entraînent à faire des combinaisons pour réaliser le castell parfait
et d’autres combinaisons plus complexes. La structure verticale – le tronc – se compose d’un nombre précis
se transmet de
de personnes à chaque étage, qui varie en fonction de l’édifice (entre une et neuf personnes). L’ambiance est
génération en bon enfant mais c’est une affaire sérieuse dans le cœur des Catalans. Rien n’est laissé au hasard, ni les filets
génération pour les chutes, ni les casques pour les enfants.

8
La tour d’un castell
se dresse dans la foule
La troupe Vella dels Xiquets de Valls vient de réussir
son decarregar, sa validation : au sommet du château,
l’anxaneta, l’enfant le plus léger et le plus agile, a levé
le bras une fois tout en haut de l’édifice. Une marée
de rouge exulte. Mais il faut démonter la structure
sans tomber, car c’est souvent à ce moment que les
physiques lâchent, que la tour tangue dangereuse-
ment et que les castellers peuvent tomber.

Chaque castell
commence par un dessin
Le cap de colla, le coach de l’équipe, tient sa feuille
où est indiquée la géométrie de sa base. Il appelle un
par un les membres de la colla. Ils sont tous vêtus des
mêmes couleurs, pantalon blanc, chemise vive, et le
mocador casteller, le foulard rouge à pois blancs. Le
cap de colla vérifie que chacun sait quelle place lui
a été attribuée dans la tour et sur ses quatre côtés.
Les plus lourds vont en bas, les enfants en haut.

Une explosion de couleurs


dans la Tarraco Arena Plaça
Le dimanche, dernier jour de la compétition, plus
de temps à perdre. Trois colles s’élèvent dans l’arène.
Les grallers, ces musiciens qui jouent de la gralla, un
instrument à vent, marquent la progression de l’édifi-
cation. Le coach hurle ses instructions. La foule retient
son souffle. C’est le moment le plus dangereux. Les
enfants commencent à monter. Les équipes bénéficient
de cinq essais pour réaliser les plus belles construc-
tions possible ; elles sont ensuite notées par un jury.

9
ACTUS AILLEURS

Tempête de sable à Monument Valley,


Utah/Arizona. © Franck Charton

EN BREF
Les équipes de nettoyage en charge
des 323 trains qui partent quotidienne-
ment de la gare de Tokyo, au Japon, ont
7 minutes très exactement afin d’accom-
plir leur tâche. À raison de 12 secondes
passées par rangée de sièges, ce
nettoyage express est l’objet d’une
vidéo qui fait le buzz sur YouTube.

Tandis que les vacanciers de la station


de San Sicario dans les Alpes italiennes
ont dû se contenter, lors des fêtes de fin
d’année, de pratiquer le ski sur herbe,
faute de neige, les Pays-Bas ont connu un
épisode de gel précédé de fortes pluies.
Résultat: les habitants de Groningen, de
Nordlaren et de Hallum ont chaussé leurs

SUR LA ROUTE | patins à glace à travers les rues.

En parcourant d’une traite 13 808 km,


la ligne Dubai-Panama de la compagnie
Un permis de conduire international ne suffit parfois pas pour être pleinement habilité à prendre le volant à Emirates devrait devenir la plus longue
l’étranger : quelques règles pour le moins loufoques régissent certains codes de la route, principalement dictés du monde, comptabilisant 17 h 35 de vol.
Historiquement, les lignes ayant déjà
par les assurances. En Allemagne, conduire nu est autorisé, la voiture étant considérée comme un espace battu ce record ont été fermées pour
privé, mais il est toutefois recommandé de garder ses chaussures afin d’être couvert en cas de sinistre. Les des questions de rentabilité. Parcourir
la moitié de la Terre d’une seule lancée
États-Unis multiplient les lois qui tombent sous le bon sens : interdiction de conduire les yeux bandés, de lire
coûte une fortune en carburant et le prix
des bandes dessinées ou encore de dormir au volant. Dans le Kentucky, les femmes sont autorisées à porter très élevé des billets ne parvient pas
un maillot de bain en conduisant, à condition de transporter un instrument de défense… ou d’être accompagnées toujours à compenser.

de deux policiers. Dans le Massachusetts, les gorilles peuvent prendre place à bord d’un véhicule, mais Ce n’est pas 20 000 lieues sous les
uniquement sur le siège passager avant. En Italie, tandis que le bisou au volant est prohibé, les chiens se mers mais bel et bien dans la baie de
Toyama, au nord-ouest de Tokyo, qu’un
voient contraints de porter une ceinture de sécurité. Concernant nos amis les bêtes, une règle à savoir aux
calamar géant a été repéré. Relativement
Émirats arabes unis : les dromadaires ont toujours la priorité ! En Russie, celui qui se déplace avec une jeune, le mollusque baptisé « Heck » ne
automobile jugée « sale » par les policiers est passible d’une amende de 200 €. Tandis qu’en Islande, il est mesure pour l’instant « que » 4 mètres !

indispensable de contracter une assurance contre le vent et la cendre volcanique !


TEXTOS
Jackpot pour la Thaïlande :
NO PHOTO ! LA STATUE DE LA DISCORDE 2015 aura été une année
À l’instar de nombreux musées, le Rijks Museum d’Amsterdam Tel un bouddha géant, une monumentale statue dorée de Mao record, avec 29,6 millions de
aux Pays-Bas a décidé d’interdire les photographies des œuvres Zedong, haute de 37 mètres, a été érigée dans un champ du visiteurs. Le tourisme représente
désormais près de 15 % du PIB !
exposées… mais propose à la place des crayons, des feuilles Hunan, au cœur de la Chine, par des entrepreneurs. Elle repré-
et des chevalets afin que chacun puisse prendre le temps de sente l’ex-dirigeant communiste les mains croisées et réflé- La Nasa a publié la photo
les dessiner ! L’opération « Start drawing » a été lancée en fin chissant, assis sur un fauteuil. L’ouvrage à trois millions de satellite d’un épais brouillard
recouvrant Pékin. En cause : les
d’année dernière avec l’idée d’inviter les visiteurs à contempler yuans (420 000 €) suscite une vive polémique: Mao, fondateur fumées toxiques de la combustion
les œuvres d’art, en percevoir les détails et l’esthétisme plutôt de la République populaire de Chine en 1949 et décédé en du charbon produisant les deux
que de passer d’un endroit à un autre en un clic rapide. Des 1976 est accusé de millions de morts, notamment durant la tiers de l’énergie du pays…
études scientifiques ont en effet démontré que l’on se souvient Révolution culturelle commencée en 1966. Si un grand nombre Pour faire baisser ses coûts
paradoxalement moins bien d’un tableau lorsqu’on l’a pris en de Chinois le vénèrent encore, des voix s’élèvent sur la Toile, d’entretien, la compagnie
photo. Une riche idée pour nous inciter à laisser de côté perche précisant, entre autres, que la région dans laquelle a été placée aérienne russe Pobeda a une idée
insolite : interdire les chewing-
à selfie et tendance à zapper pour réapprendre à observer de la statue fut, en 1950, victime de la politique du « Grand Bond gums à bord !
nos propres yeux. en avant » à l’origine d’une famine tuant des millions de gens.

10 + d’actus sur www.grands-reportages.com/actualites


19
ACTUS ICI

La chanteuse Elida Almeida.


© Sousa Dias

EN BREF
Le domaine de Chamarande en
Essonne présente, jusqu’au 27 mars
2016, l’exposition Paysages urbains : seize
photographes nourrissent en images une
réflexion sur nos façons d’investir, de vivre
et de circuler sur nos territoires. De Toronto
à Moscou, de Clermont-Ferrand à l’Inde,
les clichés témoignent, entre documen-
taire et projection d’un futur rêvé, des
grands aménagements urbains menés
ces soixante-dix dernières années. Ce
voyage à travers le monde révèle combien
l’empreinte de l’homme, et notamment
celle de son habitat, transforme en
profondeur notre environnement.
Renseignements sur
AU FIL DES VOIX | chamarande.essonne.fr

Le festival Pluies d’images investit


Porte-parole de la diversité culturelle, le festival Au fil des voix, rassemble cette année encore à Paris, des à nouveau la ville de Brest jusqu’au
26 février 2016, et nous invite à travers la
artistes du monde entier venus partager des créations musicales métissées. Pour cette 9e édition, deux photographie à questionner notre rapport
sublimes chanteuses du Cap Vert, Elida Almeida, suivie de Lura, ouvriront les festivités aux rythmes envoûtants au travail, thème central de cette édition.
du batuque ou du funaná. La programmation éclectique nous entraîne également vers la Réunion avec Parmi les photographes pros exposés :
Dulce Pinzón capte le monde des
Christine Salem, l’une des voix majeures du maloya. Mais aussi vers l’Argentine où Juan José Mosalini, travailleurs immigrés mexicains à New
Sandra Rumolino et Jorge Rodriguez magnifient un tango à la fois intimiste et volcanique. Défenseur des York, Olivier Jobard nous plonge dans la
France des emplois précaires, Catherine
traditions musicales, le festival accompagne également des artistes avant-gardistes, qui mêlent les genres Leutenegger imprime la ville-entreprise
et initient des répertoires inédits. Parmi ces pépites, on attend la jeune anatolienne Özlem Bulut, qui trouve de Kodak City en plein déclin, tandis
l’accord parfait entre envolées lyriques, impro jazz et influences orientales. Ou encore la légendaire touvaine, que Dominique Leroux brosse le monde
du travail sous toutes ses facettes, des
Sainkho Namtchylak qui, avec le groupe touareg Tinariwen, rassemble en musique, deux identités nomades. employés de McDonald’s aux marins
Foyer d’échanges et de créativités, Au fil des voix réaffirme ainsi sa vocation d’effacer les frontières entre pêcheurs… Un panorama sociétal
poignant ! www.festivalpluiedimages.com
les peuples et de défendre la liberté d’expression. Un vrai baume au cœur !
Pour réserver à l’Alhambra et au studio de l’Ermitage, rendez-vous sur www.aufildesvoix.com

LE DVD DU MOIS
CLIMAT, L’EXPO À 360 DEGRÉS LUCIEN CLERGUE, ETHNIES
Jusqu’au 20 mars 2016, la Cité des sciences et de l’industrie PREMIERS ALBUMS
de Paris-La Villette prolonge les débats de la COP 21 en consa- Photographe de renom, créateur des Rencontres d’Arles, Lucien
crant une vaste exposition au climat! Ludique et pédagogique, Clergue n’a pas vingt ans en 1953 lorsqu’il montre, à l’issue
le parcours mêle enquête scientifique et créations artistiques. d’une corrida, ses premières images à Pablo Picasso qui décide
L’approche documentaire offre aux visiteurs des points de très vite de le parrainer… Jusqu’au 15 février 2016, le Grand
9 films, 4 conti-
repères fiables, en rassemblant toutes les données actuelles Palais à Paris présente ces premiers clichés emprunts d’une nents, 11 peuples…
concernant les questions géopolitiques, économiques, éner- poésie noire, consignés par l’auteur, dans sept albums retrouvés Jean Queyrat
gétiques, scientifiques, liées au dérèglement climatique. En après sa disparition en 2014. Charognes, ruines, gitans, pierrots et Jérôme Ségur livrent dans cette
collection documentaire le fruit de
écho, dès le hall d’entrée, installations artistiques et expositions mélancoliques, la série des taureaux, les premiers nus… Avec vingt ans de tournage, aux quatre
photographiques viennent alimenter la réflexion sur notre une fulgurance mortifère, les planches-contacts déclinent les coins du globe. Des Surmas en Éthiopie
devenir. Les œuvres du photographe Kadir van Lohuizen, prises thèmes les plus radicaux qui habitaient alors Lucien Clergue, aux cueilleurs de miel au Népal, des
médecins Kallawaya de Bolivie aux
aux quatre coins du monde, témoignent notamment des consé- et qui séduisirent justement Picasso. Un éclairage historique Inuits, leurs images magnifient avec
quences de l’élévation du niveau des mers sur les populations. passionnant qui rend hommage aux deux artistes et éclaire grandeur, les peuples du monde !
Instructif et déroutant ! Infos sur www.cite-sciences.fr l’origine de leur longue amitié. www.grandpalais.fr

12 + d’actus sur www.grands-reportages.com/actualites


19
ACTUS WEB

EN BREF
Petit astuce de pro… En branchant
un micro-cravate du type Røde SmartLav+
ou AspenMics HQ-SPK sur un iPhone,
vous disposez d’un enregistreur de sons
tout à fait performant et parfaitement
nomade. Il suffit d’installer une application
telle que Røde Red LE, Tascam PCM
recorder MKII ou encore Zoom
HandyRecorder, et le tour est joué !

Deux textes à connaître si vous


envisagez de réaliser des prises
de vues avec un drone : il s’agit de la
nouvelle législation, parue fin 2015 au
Journal officiel. Concernant l’utilisation,
les nouvelles règles sont accessibles au
lien suivant : http://bit.ly/1RibICw. Pour
les pros, et autres concepteurs, tout est

MIAMI-SEATTLE À VÉLO, EN DIRECT | ici : <http://bit.ly/1N39AqC>.

Vous qui désespérez de voir proliférer


fautes d’orthographe, onomatopées
Il s’appelle Damien Delorme, 31 ans, professeur agrégé de philosophie et se lance dans un périple ambitieux: et langage SMS dans notre bonne vieille
relier Miami à Seattle à vélo, sur une durée de 200 jours. Son projet « Untaking Space, The US Project », comporte langue française, réjouissez-vous :
Le Robert (@LeRobert_com) sévit
30 étapes, sur une distance totale de 10000 km. Chacune de ces « écotopies » vise à témoigner des initiatives désormais sur Twitter ! Un petit florilège,
écologiques au cœur même d'un des plus gros pollueurs de la planète, ancrer un travail de thèse en philosophie en moins de 140 caractères : « Ne dites
plus “vdm” mais “Existence foncièrement
de l’environnement dans une réalité concrète et surtout sensibiliser le public à l’urgence d’agir chacun à son
scatologique” ». Ou encore « Ne dites
niveau contre la catastrophe écologique en cours. Car au-delà du voyage, il s’agit de présenter, en lien avec plus “mdr” mais “Anéanti par un
trois classes de CM1, de Seconde et de Terminale, 30 initiatives écologiques américaines, qui amèneront élèves inénarrable badinage !” ». WTF ?

et internautes à interagir et à réfléchir concrètement aux questions environnementales. Tout au long de ce


voyage philosophique, Damien tiendra à jour un blog, qui sera régulièrement alimenté en contenu (chroniques
philosophiques issues du voyage, reportages sur les « écotopies » rencontrées, interviews vidéo et photographies,
travaux des élèves). Damien est parti le 12 janvier dernier ; son périple est à suivre sur <usproject2016.com>. TEXTOS
L’UFC-Que Choisir ? épingle
les pratiques des marchands
en ligne sur les fausses bonnes affaires
CAP SUR LE MILLIARD NEW YORK WI-FI liées aux « prix barrés » sur Internet.
Un compte rendu très intéressant à
Facebook Messenger revendique désormais la bagatelle de La Grosse Pomme s’est lancée dans une grande campagne
lire sur <bit.ly/1RIUyg8>
800 millions d’utilisateurs. Ce service de chat, qui a récemment de développement du numérique. Les cabines téléphoniques
pris son indépendance vis-à-vis du réseau social en devenant sont actuellement remplacées par des bornes d’accès Wi- La présence d’Emmanuel
une application à part entière, est donc en passe de conforter Fi gratuit (avec une portée d’une trentaine de mètres) et, Macron au salon CES de Las Vegas
a largement éclipsé les entreprises
Facebook comme le successeur du SMS. La firme de Menlo à terme, ce sont 7 500 cabines qui devraient être disponibles françaises cette année. Pour beaucoup,
Park (Californie) avait déjà acquis un poids lourd du secteur, sur l’ensemble de la ville de New York. Et ce sont également la French Tech semblait moins flam-
What’s App, qui revendique pour sa part quelque 900 millions les stations du métro new-yorkais qui vont être connectées boyante, cette année.
d’utilisateurs. Prochains enjeux pour ces applications, les au réseau. D’ici fin 2016, l’intégralité des 278 stations Aux États-Unis, un expert en
services de chat vidéo et la voix sur IP, ce qui évidemment seront dotées de bornes Wi-Fi, mais également de systèmes sécurité informatique a averti
n’enchante guère les opérateurs téléphoniques dont les revenus de paiement sans contact (via QR Code ou NFC) et d’une les autorités fédérales que les don-
nées de près de 200 millions d’élec-
SMS ont déjà largement fondu, et qui verraient alors progres- couverture téléphonique complète. Par ailleurs, plusieurs teurs étaient librement accessibles
sivement leur rôle se réduire, pour devenir progressivement rames seront équipées de ports USB, pour pouvoir recharger sur le Web. Mais que fait la NSA ?
de simples fournisseurs d’accès mobiles. son mobile durant son trajet.

14
ACTUS TECH

EN BREF
La gamme Phantom 3 s’étoffe chez
DJI, avec un modèle intermédiaire qui
s’intercale entre l’entrée de gamme
(Standard et Advanced) et le Phantom
3 Professional. Ce nouvel appareil,
sobrement intitulé « 4K », emprunte à
son grand frère sa caméra, mais avec
un module de transmission vidéo Wi-Fi,
moins onéreux. Prix : 1 159 €.

Une première caméra d’action chez


Nikon, la Keymission 360, qui comme
son nom l’indique, sera capable de
ET VOICI LA VOITURE DRONE ! | filmer une scène à 360 degrés, à
l’instar du Ricoh Theta, grâce à deux
optiques situées sur chaque face de
La star incontestée du salon Consumer Electronic Show (CES de Las Vegas) aura sans aucun doute été le l’appareil. Étanche à 30 mètres, dotée
de connectivités Wi-Fi et Bluetooth, elle
Ehang 184, un véhicule drone capable d’embarquer une personne, présenté par le constructeur chinois devrait être disponible dans le courant
Ehang, qui proposait jusqu’à présent des drones de loisirs. Ce petit quadrirotor, qui fonctionne sur batteries, du premier semestre, accompagnée
d’accessoires, pour un prix non
avec une autonomie de 23 minutes et une durée de charge de 2 heures, est conçu pour voler à une altitude
communiqué à l’heure actuelle.
de 300 à 500 mètres du sol. Ses huit hélices (quatre bras dotés d’hélices opposées), capables de se replier,
pour occuper l’espace d’une place de stationnement, le propulsent à une vitesse de 100 kilomètres à l’heure. La petite start-up grenobloise
Squadrone System a débuté la
Le poste de pilotage et le design de cet appareil futuriste sont minimalistes. Il suffit d’indiquer sur la tablette commercialisation de son Hexo+,
de commande une destination, et le Ehang 184 vous y transportera. Aucune information n’a pour l’heure été le « drone qui vous suit à la trace ».
Ce petit hexacoptère facilement
communiquée sur la manière dont ce type d’appareil pourrait s’intercaler dans l’espace aérien ni, et c’est
transportable dans un sac à dos peut
sans aucun doute le point clé représenté par ce défi technologique, dans quelle mesure les autorités aériennes embarquer une caméra GoPro, et se
des différents pays du globe seraient en mesure de l’autoriser. Ehang espère commercialiser l’appareil d’ici pilote automatiquement à l’aide d’un
smartphone. Plusieurs modes sont
à la fin de l’année, à un tarif oscillant entre 200 000 et 300 000 $. possibles : rotation autour du pilote,
suivi du mouvement (devant, derrière,
trois-quart arrière…). Prix : 1 499 €.

TEXTOS
Étonnante idée que ce « Domino »
présenté par La Poste au CES de
SYNCHRO PARFAITE NIKON D500 Las Vegas… Un clic et… le facteur
Un an après la sortie de l’Apple Watch, les fabricants de Chez Nikon, le D300s attendait un successeur depuis de trop arrive pour emporter le colis que vous
montres semblent s’être donnés le maître-mot, avec des nombreuses années. Entre le D810, déjà très professionnel, aurez préalablement placé dans votre
boîte aux lettres. Astucieux…
innovations qui augurent une belle année 2016. C’est le et le D7200, sur le segment amateur, l’absence d’un boîtier
cas chez Garmin, qui apporte des améliorations à la Fenix 3, APS-C expert avait laissé le champ libre à la concurrence (le Les lunettes de réalité virtuelle
avec de nouvelles versions équipées d’un cardio-fréquence- Canon EOS 7D Mark II pour ne pas le nommer). Les aficionados Oculus Rift coûteront finalement
autour des 750 € sur le marché euro-
mètre optique ou d’une finition titane. Du nouveau également de la marque jaune n’en ont pas cru leurs yeux, tout début péen, soit plus qu’attendu par les
chez Casio, avec la WSD-F10, un modèle fonctionnant sur janvier, lorsque Nikon a annoncé le lancement du D500. À tel observateurs.
le système d’exploitation Android Wear, qui est capable, point que ce boîtier réussit le tour de force d’éclipser la sortie
À voir sur le Web <fr.enko-run-
notamment, d’utiliser une version adaptée de l’application du nouveau navire amiral de la marque, le D5. Le prodige tient ning-shoes.com>, cette éton-
GPS ViewRanger, déjà très populaire sur smartphone. Plus en quelques lignes : un capteur 20,9 Mpx ultra-lumineux, des nante chaussure de sport montée
sur ressorts, et capable d’amortir
anecdotique, un fabricant suisse a lancé l’Alp Watch, un prises de vue en rafale à 10 im/s en RAW, de la vidéo 4K (30
les chocs et de restituer l’énergie
clin d’œil à sa cousine californienne. Avec un tarif 100 % im/s) ou Full HD (60 im/s), un viseur 100 % et un écran tactile pour propulser vers l’avant. 359 €.
helvète (23 000 €)… orientable. Nikon D500, 2 300 €. <www.nikon.fr>

15
ACTUS LU

ESCALES AU BOUTS DU MONDE


Jean-Jacques Cagnart,
BOUT DU MONDE Éditions Gourcuff Gradenigo,
272 pages, 35 €.
LES TERRES AUSTRALES ET Japon, Patagonie, Namibie, Mongolie,
ANTARCTIQUES FRANÇAISES Antarctique, Ouest US… À l’évidence,
Stéphanie Légeron et Bruno Marie, ce photographe autodidacte, impliqué
Éditions Insulae, 448 pages, 45 €. dans la communication et la presse,
affectionne les lieux retirés. Difficile
Tous deux photographes et passionnés de voyages et de
d’être surpris, cependant, par cet
découverte, Stéphanie Légeron et Bruno Marie ont long- inventaire des « bouts du monde »:
temps, depuis l’île de La Réunion où ils ont jeté l’ancre, la plupart ont déjà été tellement
montrés sous toutes leurs coutures,
lorgné sur ces hautes latitudes du Grand Sud, avant de depuis des années, que le voyageur
convaincre l’administration des Terres australes et antarc- exigeant ne trouvera guère de
nouvelles inspirations.
tiques françaises (TAAF) de les aider à réaliser le premier
beau livre sur l’ensemble des TAAF : Terre Adélie en SAVOIR-FAIRE
EXTRAORDINAIRES
Antarctique, bien sûr, mais également les Îles Australes de DE FRANCE
Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam, sans oublier celles que l’on nomme les îles Éparses (Glorieuses, Maud Tyckaert, Dakota Éditions,
Juan de Nova, Bassas da India, Europa, Tromelin), confettis ignorés de notre territoire, perdus au large de 200 pages, 28,90 €.
Devinette : quel est le point commun
Madagascar. Sincèrement… Quel bonheur ! Au fil des pages, on embarque sur le Marion Dufresne, connu entre le béret basque, le parfum N° 5
de tous les marins de France, pour – cartes en main – basculer des histoires tropicales étonnantes des de Chanel, les ballerines Repetto et le
bon vieil Opinel qui traîne dans votre
atolls coralliens des Éparses vers les terres glaciales mais fascinantes du Grand Sud. Un document rare. poche lorsque vous allez aux
champignons ? Le « Made in
France » ma bonne dame, dirait ce
bon Arnaud Montebourg, qui n’a plus
qu’à s’incliner avec déférence devant
ces Savoir-faire extraordinaires de
France et son auteur, Maud Tyckaert.
D’ailleurs, nous montrons l’exemple :
chapeau bas devant cet hommage
à notre beau pays.

RETOUR À TOMBOUCTOU
Titouan Lamazou, Gallimard,
400 pages, 39,90 €.
Voir un marin nager avec autant
d’aisance dans ce Sahel si pauvre
PASSAGES LES ÉBOUILLANTÉS VOYAGES D’ENCRE en eau a quelque chose d’indécent.
Bruno Barbey, Éditions de la Martinière, Jean-Luc Gelin, Éditions Gâtine CARNETS DE CHINE, Mais ne boudons pas notre plaisir ;
384 pages, 79 €. Images, 84 pages, 32 €. 2005-2013 l’homme a du talent, un regard que
Somme retraçant le travail photogra- L’auteur a découvert le traitement Simon, Éditions Akinome, l’on n’oublie pas, et c’est un
phique d’un grand témoin de notre des maladies psychiatriques par 240 pages, 49 €. bonheur sans cesse renouvelé de le
époque, Passages chronique le regard l’eau bouillante en 1989, à Tchalo, Au fil de ses pérégrinations au cœur de voir en abuser. Quinze ans après son
distancié et l’approche élégante d’un village du Togo. Au lever et au l’Empire du Milieu, entre 2005 et 2013, dernier voyage à Tombouctou, celui
photojournaliste complet, au fil de couchant, les « possédés », crâne l’artiste peintre Simon a réalisé une œuvre qui était artiste avant même d’être
ces cinquante dernières années. Entré rasé et entravés, car prisonniers des riche d’une trentaine de carnets de voyage, navigateur retourne sur ses traces,
à l’agence Magnum en 1965, il couvre djinns, s’avancent vers les marmites dont sept grands formats, qui ont dessiné à travers le Burkina, la Mauritanie,
guerres (6 Jours, Khmers rouges, fumant dans la clairière. Dénudés, les contours de ces Voyages d’encre. Dans et le Mali, et célèbre comme il se
Vietnam, Guerre du Golfe) et zones ils sont aspergés longuement à ce pays où poésie, peinture et calligraphie doit la fierté d’une Afrique telle
de tension (Bangladesh, Mai 68, l’aide de calebasses remplies d’eau qu’on l’aime.
ne font qu’un, il travaille encres et aquarelles,
Belfast 1971), mais aussi la situation bouillante, des pieds à la tête, pour croquis au feutre et collages. En 2012,
de peuples en lutte : Palestiniens faire fuir la force obscure qui les Simon a osé le grand bond en avant :
de Jordanie, Kurdes d’Iran, Bédouins habite. Leurs brûlures sont ensuite s’installer en Chine avec sa compagne Li.
d’Oman ou gitans de Roumanie. En soignées au village voisin, avec les Un hymne à l’amour et l’aboutissement
contrepoint, on découvre aussi des onguents d’un marabout. Document d’un parcours célébré ici dans cet ouvrage
reportages couleur ou noir et blanc en noir et blanc, l’ébouillantement monument. Voyages d’encre a été récom-
de nombreux pays d’Asie, du Moyen- constitue le témoignage rare d’une pensé par le Grand prix du Carnet de + de critiques de livres sur
Orient ou d’Afrique. thérapie méconnue. Voyage à Clermont-Ferrand (2015). www.grands-reportages.com/
En vente sur jean-luc-gelin.com Il est dédié à Michel Renaud. bibliothèque

16
Il vous manque un numéro…
ÉPUISÉ Complétez votre collection de
n°403 Sri Lanka n°404 L’Art de la séduction n°405 Chili
Grands Reportages

ÉPUISÉ

n°406 Inde enchantée n°407 USA road movie n°408 France Sauvage n°409 Irlande n°410 Voyages en train

Pour
garder votre
collection à l’abri.
1 écrin contient 12 numéros.
Prix de vente : 27 €
n°411 Madagascar n°412 Terres oubliées n°413 Week-ends Europe n°414 Spécial Photos

>> Retrouvez nos anciens numéros sur www.grands-reportages.com/magazines

Bon de commande à renvoyer à : Service clients - i-Abo / Grands Reportages



11 rue Gustave Madiot - (F) 91070 BONDOUFLE - Tél. 01 84 18 10 52 - grandsreportages@i-abo.fr

✓OUI, je commande les numéros suivants : Mes coordonnées


Cocher le(s) case(s) des numéros que vous désirez recevoir :
❑M ❑ Mme ❑ Mlle
❑ 398(Pays des Esprits) ❑ 399(Nouvelle-Zélande) ❑ 400(Spécial Anniversaire)
Nom : .................................................. Prénom : ..............................................
❑ 401(Allez-y en 2015) ❑ 402(Tibet) ❑ 404 ❑ 405 ❑ 406
Adresse : ..............................................................................................................
❑ 408 ❑ 409 ❑ 410 ❑ 411 ❑ 412 ❑ 413 ❑ 414
................................................................................................................................
PRIX DÉG RES SIF
Code postal : ........................ Ville : ..................................................................
❑ 1 numéro : 8 € (frais de port compris)
❑ A partir de 3 n° : 6 € l'exemplaire Tél : .............................. Année de naissance :
Indiquez le nombre de numéros : ........... = .............. € (Calculer le montant total) E-mail :.......................................................@........................................................
❑ Je commande …..... écrin(s) au prix de 27 € soit : …...... €
(frais d’envoi compris) Je règle par :
Veuillez trouver ci-joint mon règlement de ……........... € ❑ Chèque bancaire ou postal à l’ordre de Grands Reportages
(calculer le montant total) à l’ordre de Grands Reportages. ❑ Carte bancaire n° :
J’inscris ici les 3 derniers chiffres du N° au dos de ma carte
❑ Je souhaite recevoir par e-mail des offres et des informations
de Grands Reportages et de ses partenaires. Date de Validité Date et signature obligatoires
C415

Pour l'étranger, consulter notre site : www.grands-reportages.com/magazines Retrouvez nos anciens numéros sur www.grands-reportages.com/magazines
Haute-Savoie

LES CARROZ
Ambiance nordique
Station-village préservée du Grand Massif, les Carroz d’Arâches cultive
les contrastes : trendy d’un côté, trappeur de l’autre. Avec, en atout
maître, son espace mushing pour rejouer l’appel du Grand Nord !
Photos © Franck Charton

Le guide-musher, Philippe Van


Compernolle, d’Évasion Nordique 74,
et l’un de ses attelages dans la
plaine nordique des Molliets.

V
oici Fjord, Flocon et Cheyenne. attelage, en fonction du poids du conducteur, ou
Assis nonchalamment dans la neige musher, et de la charge du traîneau. La plupart
Les Carroz
poudreuse, ils nous scrutent de sont des huskies de Sibérie, plus quelques mala-
d’Arâches leurs grands yeux bleus, mais mutes. D’imposantes boules de poils blanches et
détournent pudiquement le regard, dès qu’on les beiges, avec parfois quelques touffes noires ou
fixe. À côté, ceux-là se nomment Apache, Cookie dorées. D’emblée, notre chef de caravane et maître-
et Spok, plutôt en mode sieste, roulés en boule. musher, Philippe, d’Évasion Nordique 74, nous a
Et encore Jerry, Fat, Ozone ou Boule, tirant sur présenté la meute. À chacun, son nom, son trait
leur longe, impatients d’en découdre. Une ving- de caractère, et les complémentarités de ceux
taine de chiens, en tout, soit entre trois et cinq par qui vont travailler ensemble, afin de former un bon

18
WEEK-END EN FRANCE

attelage. Ensuite, il nous enseigne les fondamen-


taux de la conduite de chiens de traîneaux : la posi-
tion sur les patins, le bon usage du frein, les ordres
lancés au chien de tête pour avancer, s’arrêter ou
tourner, l’attitude à avoir en cas de chute, d’obs-
tacle ou d’imprévu… Enfin, c’est le départ ! Griserie
de la glisse, adrénaline de la neige qui défile à toute
vitesse entre les patins, et nous en équilibre plus
ou moins précaire, selon les ondulations du ter-
rain et l’angle des virages.
S’engouffrant dans l’espace nordique des
Molliets, les cinq attelages se ruent comme un
seul homme dans la longue plaine blanche, ourlée
de sapinières et piquetée de quelques chalets d’al-
page. Il s’agit de freiner au pied dans les descentes,
de bien positionner son corps dans les virages,
notamment de compenser en se penchant inver-
sement à la pente, dans les dévers, d’aider les
chiens en courant derrière eux à la montée, enfin
de se laisser tirer, tout simplement, sur le plat.
Quelques chutes sans gravité – presque ludiques ! –
ponctuées de cris et de visages « enfarinés »
émaillent le parcours, qui s’achève par une belle près de mille kilomètres de pistes parcourus, pour
traversée en forêt, comme figée sous son linceul vingt-cinq mille mètres de dénivelée positive
immaculé. Le clou de l’activité, la « soirée trap- avalés : du grand spectacle ! Depuis les balcons givrés
peur », consiste en une heure d’initiation à la Car la station des Carroz joue à merveille la carte de la résidence-spa CGH, vue
conduite d’attelage de nuit, suivie d’un repas dans de ses deux polarités, entre décor naturel gran- imprenable sur le village.
une auberge d’altitude, telle la charmante grange diose et urbanisme doux, ou pour paraphraser une
des Molliets, avec une table irréprochable, un cadre chanson célèbre : «sauvage dehors, doux dedans » :
rustique à souhait, et un patron haut en couleur ! d’un côté, du grand ski face au mont Blanc et
La conduite d’un traîneau au clair de lune ou avec consorts, de l’autre une atmosphère cosy de vil-
une lampe frontale garantit des souvenirs mémo- lage haut-savoyard préservé. Outre le mushing aux
rables, quoique pas toujours romantiques ! Ce galop Molliets, trois autres exemples vécus lors d’un grand
d’essai est pourtant bien loin des performances week-end nordique viennent étayer ce postulat.
des mushers professionnels ou passionnés, qui se D’abord, la montée en peaux de phoques depuis
mesurent lors de la Grande Odyssée, course de Sixt-Fer-à-Cheval ou Samoëns, au chalet-auberge
fond en douze étapes, rassemblant les meilleurs du lac de Gers, à plus de 1 500 mètres d’altitude.
mondiaux de la spécialité. Les Carroz d’Arâches On peut aussi y accéder depuis le domaine skiable TEXTOS
accueillent la course chaque année autour du 10au de Flaine via la fameuse piste des Cascades : qua-
L’Apéroski : glisse en
11 janvier. Un événement aussi festif que sportif, torze kilomètres de longueur et 1 800 mètres de nocturne sur la piste
inspiré de la Yukon Quest, course mythique de mille dénivelée, le spot nature du Grand Massif. Arrivé éclairée des Timalets, les
miles joignant le territoire du Yukon à l’Alaska ! mardis et jeudis jusqu’à 19 h 30.
aux deux tiers sur un replat, il suffit alors d’appeler
Née en 2003 sous l’impulsion de trois passionnés, la motoneige, grâce à un téléphone surréaliste Le Funiflaine permettra en
la Grande Odyssée est devenue, au fil des éditions, planté dans la neige ! Là-haut, simplicité, convi- 2020 d’atteindre Les Carroz
l’une des plus belles et prestigieuses compétitions et Flaine sans prendre son véhicule.
vialité et isolement garantis ! Au menu, la soupe
internationales de chiens de traîneaux. Imaginez du paysan (faite chabrot !), le potage de légumes Les expressions du patois
vingt-cinq mushers sur la ligne de départ, trois de saison, avec croûtons et tomme fermière, ou local, comme la Yaute
cents chiens marathoniens quasiment en transes, le menu Bougnette (soupe, charcuterie de pays et (Haute-Savoie), un monchu
(touriste), ou polater (draguer) !
tirant sur leurs attelages comme des forcenés, dans beignets de pommes de terre)… Juste en face, le
la lumière spectrale et le froid glacial de l’aube et charmant village de Sixt-Fer-à-Cheval qui est aussi

19
Le mont-Blanc en majesté depuis le sommet des Le restaurant gastronomique les Servages d’Armelle,
pistes de Flaine, aux Grandes Platières, à 2 480 mètres. l’une des meilleures tables locales.

20
Salon cosy de la CGH,
avant ou après un spa
réparateur.

une réserve naturelle, connue aussi l’été pour sa


via ferrata et le rafting sur le Giffre.
Ensuite, grand ski à Flaine avec Fabien Montfort,
l’un des moniteurs «maison». Au programme : des
pistes d’anthologie, déroulant leurs orbes satinés
avec, en prime, quelques beaux hors-pistes conser-
vant encore un peu de poudreuse dans leurs val-
lons joliment pentus, puis grill-party en terrasse trente degrés et son bassin zen aux jets massants. UNE NUIT…
face au mont Blanc et aux aiguilles de Chamonix, au Pour conclure en apothéose, montée en raquettes,
AUX RÉSIDENCES SPA
restaurant des Grandes Platières, à 2 480 mètres ! au soleil couchant, au-dessus de la station, entre
CGH LES CHALETS
Le chef a installé sur le deck panoramique un bar- les lignes de futaies et les chemins de randonnée.
becue géant, où il fait bon casser la graine et Les jambes déroulent sans peine, dans le crisse-
DE JOUVENCE
Aux pieds des pistes des Carroz, la
rêvasser en admirant la dentelle des grands som- ment délicieux de la neige en train de regeler.
Résidence des Chalets de Jouvence
mets, et les hauts de Saint-Gervais et des Houches. Bientôt, voici le chalet d’alpage des Tronchets, en propose huit petits chalets montagnards
Un déjeuner avec vue ! vigie sur son versant et surtout bien dans son jus, et des appartements, entre cadre
Enfin, ski « free style » en louvoyant entre les c’est-à-dire authentique. Rires et échanges autour privilégié de la station-village et terrain
stations-villages de Morillon et des Carroz : alter- d’une bonne grolle (vin chaud bu à la cantonade de jeux illimité du Grand Massif, pour
amoureux de la nature et des grands
nance de versants, aux ambiances et aux exposi- dans une carafe en bois à multiples becs), puis d’une
espaces. Dès le premier regard, on
tions variées, passage d’un test de vitesse entre fondue au fromage roborative ! En bas, si loin, les remarque que l’architecture est soignée,
deux balises chrono, pour évaluer sa capacité à lumières de la vallée de Cluses scintillent en halos les finitions au rendez-vous, l’esprit
faire corps avec ses spatules, un petit tour sur le épars, et plus haut, comme sertis dans la forêt, les chalet se conjugue aussi bien à
snowpark déroulant quantité d’obstacles « fun » lumignons des Carroz d’Arâches tremblotent dans l’extérieur, qu’à l’intérieur, au fil
d’espaces chaleureux et spacieux,
et de sauts, puis bain en plein air dans la piscine la nuit glaciale. Une vision teintée d’onirisme et
notamment les salons de l’espace-vie
d’Aquacîme, avec son immense bassin nordique à résolument nordique, encore… collectif, à la fois cosy et décontracté.
Notre appartement de deux pièces pour
quatre personnes, d’une superficie de
quarante-cinq mètres carrés, propose
dans le séjour une banquette-lits gigogne
ou un canapé convertible deux places,
GUIDE PRATIQUE une télévision avec satellite, téléphone,
et une chambre avec deux lits simples.
INFORMATIONS mécaniques, 149 pistes, 265 km de SE RESTAURER La cuisine est entièrement équipée,
7 Office de tourisme : glisse, soit le quatrième domaine 7 Les Servages d’Armelle comme la salle de bains, lumineuse et
9 Place de l’Ambiance, skiable relié de France. 2 toques Gault et Millau 2012. fonctionnelle. Parmi les services inclus :
Les Carroz d’Arâches Forfait Grand Massif (5 stations) : www.servages.com lits faits à l’arrivée, linge de toilette et
Tél. 04 50 90 00 04 45,50 € adulte (16-64 ans), 7 Chalet des Molliets de cuisine, un kit d’entretien, le ménage
www.lescarroz.com 34,10 € enfant (5-15 ans). www.chaletlesmolliets.fr en fin de séjour et une place de garage.
Forfait Massif (4 stations hormis Flaine) : 7 Chalet d’altitude des Tronchets Pour la vue, terrasses ou balcons nous
Y ALLER 39,50 € adulte, 29,60 € enfant. Accès à pied depuis les Grangettes,
mettent aux premières loges. Un service
7 En voiture : Autoroute A90, Secteur débutant Les Carroz : ou à skis pour les connaisseurs.
Genève-Chamonix, sortie n° 19, puis 25 € adulte, 19 € enfant. Tél. 06 07 65 42 36 de boulangerie permet d’avoir, tous les
12km (10 min) sur une excellente route. Bon plan : Pack famille 6 jours/Grand matins au réveil (en commandant la veille
7 En train : TGV Paris-Annecy, Massif, 2 adultes, 2 enfants : 746, 20 € APRÈS SKI au soir), pain frais et viennoiseries encore
TGV Paris-Cluses direct le week-end, 7 Ski de fond : domaine d’Agy, à 7 Centre Aquacîme/Mountain Spa chaudes ! Pour l’« after » ski, une
TGV Paris-Genève 3 h 30. 1 400 m d’altitude et 12 km des Carroz, Forfait eau + bien-être : 15 € adulte, structure dédiée au bien-être et à la
7 En avion : Genève/Cointrin à 55km, direction Saint-Sigismond, avec 30 km 12 € enfant. détente, intégrée à la résidence, avec
Annecy à 65km, Lyon/St-Ex à 200km. de pistes damées, navette gratuite Gîte-auberge du lac de Gers accès gratuit aux aménités : piscine
7 En bus : www.alpbus-fournier.com depuis les Carroz, journée adulte : www.gitedegers.fr/Gite_du_Lac_ couverte chauffée, sauna, hammam et
7 En taxis : Mont-Blanc Taxi, 7,70 €, ou domaine nordique du col de_Gers/reservation.html
salle de fitness, sans oublier le centre
www.montblanctaxi.com. de Pierre Carrée, à 1 800 m d’altitude,
sur Flaine. Tél. : 04 50 34 27 53 ÉVÉNEMENT-PHARE de soins « Ô Des Cimes », source de
LE DOMAINE SKIABLE 7 Mushing : conduite d’attelages, 7 La Grande Odyssée jouvence au cœur de la résidence (soins
7 Ski de piste : domaine 1 140-2 500 m, Plaine des Molliets. Tarif 74 : 120 € du 9 au 20janvier 2016 sur suppléments). À partir de 140 € la
5 stations reliées (Les Carroz, Flaine, pour un adulte la demi-journée. www.grandeodyssee.com/fr/2/ nuit. www.cgh-residences.com/hiver/
Morillon, Sixt et Samoëns). 70 remontées www.evasion-nordique.com edition-2016/ residences/les-carroz-d-araches.html
21
22
DOCUMENT
CANADA
Construit sur les ruines du château Saint-Louis
édifié en 1620 par Samuel de Champlain, tout
nouveau gouverneur de la Nouvelle-France,
l’hôtel Frontenac est le premier édifice de style
«château», bâti par les compagnies ferroviaires
canadiennes à la fin du XIXe pour populariser les
voyages en train. L’hiver et ses crépuscules
bleutés renforcent son élégance, quand ses
tourelles et pignons illuminés se reflètent sur
les glaces dérivantes du fleuve Saint-Laurent.

PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE

QUÉBEC
Se marier avec l’hiver…
Passé la magie des premières tempêtes, la blanche saison,
attendue, espérée, ne fait pas l’unanimité chez les Québécois.
Pas étonnant, quand elle s’installe cinq mois durant sur le pays.
Le froid, la neige ont pourtant forgé la culture québécoise et une
vaillante civilisation, foi de sociologues.

TEXTE BERNADETTE GILBERTAS - PHOTOS OLIVIER GRUNEWALD

23
CHAQUE HIVER,
L’HÔTEL DES
GLACES SE DRESSE
DÈS LE MOIS DE
JANVIER DANS
L’AIR SCINTILLANT
DE GIVRE DE LA
VILLE DE QUÉBEC

À l’origine de ce palais hivernal, Jacques


Dubois, dit Monsieur Igloo depuis qu’il a mis sur
pied en 1996, La Piste Desbois, une entreprise
d’écotourisme œuvrant dans la conception de
villages igloos interactifs. Chaque hiver, dès le
mois de décembre, alors que la température
descend en dessous de zéro, l’Hôtel des glaces
surgit du froid, sur l’ancien jardin zoologique
de la ville de Québec où il a pris racine. Trente
personnes s’affairent jour et nuit durant six
bonnes semaines à produire les cinq cents
tonnes de glace et les trente mille tonnes de
neige dense et humide qui, barattée plusieurs
fois, deviendra suffisamment solide pour
monter les murs massifs (un à deux mètres
d’épaisseur) de l’hôtel, son bar et une jolie
chapelle, dans un igloo gigantesque de trois
mille mètres carrés. Une fois prise, la neige
est soufflée sur les moules de voûte en métal,
puis une vingtaine de sculpteurs prend le relais
pour tailler, sculpter, lisser jusqu’à la transpa-
rence les blocs de glace dont ils font jaillir le
mobilier de l’hôtel et des ornements délicats.
Tout est enfin prêt pour accueillir les plus
courageux des visiteurs venus de loin pour
passer une nuit à moins cinq degrés dans
l’une des quarante-quatre chambres à thème
et se glisser, légèrement vêtus mais dans un
épais duvet, dans un lit de glace.

24
DOCUMENT
CANADA

25
DOCUMENT
CANADA

26
LE TRAÎNEAU FILE
DANS LE SILENCE
DU GRAND BLANC,
À LA MANIÈRE
DE CEUX DES
COUREURS DES
BOIS QUI SILLON-
NAIENT LE PAYS
EN QUÊTE DES
PRÉCIEUSES
FOURRURES

Effervescence dans le chenil : en boule sous


leur couverture de neige, les chiens se sont
dressés, s’ébrouent. Concert d’aboiements.
Impossible de contenir leur excitation. Ils
savent que leur heure est enfin venue de
«partir courir» dans la poudre. Les pilotes
d’attelage ou musher, – une appellation venue
des conducteurs canadiens de traîneau qui,
pour faire avancer les chiens avaient pris
l’habitude de crier «marche !» en français,
devenu mush en anglais – viennent choisir
les membres de l’attelage, selon leur force,
leur caractère et leurs affinités. Caresses,
câlins, paroles affectueuses mâtinées d’un
zeste d’autorité viennent à bout de la prépa-
ration. Les chiens pressés de partir se couler
dans la neige tirent sur le traîneau qui part
en bondissant. Porter tout son poids sur les
freins, relâcher au bon moment pour se laisser
aller à la vitesse, se pencher dans les virages,
pas trop non plus, courir dans les côtes et
pousser le traîneau pour soulager la peine
des chiens d’attelage… l’apprentissage de
la conduite vient vite et l’on se laisse guider
par le bonheur évident des chiens.

27
DÈS L’AUBE,
DES PATINEURS
GLISSENT DEVANT
LE PALAIS
MONTCALM
DE QUÉBEC. UN
PLAISIR QUOTIDIEN
AVANT ET APRÈS
LE BUREAU

Pas question de céder à la morosité ni de rester


calfeutré quand le froid se saisit du pays, cinq
mois durant. Durable, la glace invite aux plaisirs
de la glisse. «L’hiver et ses rigueurs ont forgé la
culture québécoise», écrit la sociologue Sophie
Laurence Lamontagne. «L’hiver à subir a fait
place à l’hiver festif et vivant au XIXe siècle»,
explique-t-elle. Des objets strictement utili-
taires, comme la raquette, le ski de fond, ou le
traîne-sauvage, cette luge de transport conçue
par les Amérindiens, font leur entrée dans la
ville et deviennent objets de divertissement.
Bientôt les patins s’élancent, virevoltent sur
les plaques lisses comme le miroir des lacs ou
du fleuve Saint-Laurent quand le froid intense
vient à saisir ses flots. La première fête hiver-
nale voit le jour dans la ville de Québec, en 1894,
le Carnaval de Monsieur Hiver. Gommé un temps
par guerres et dépression, il refleurit en 1954
et ne cesse, depuis, de s’enrichir de nouveaux
loisirs : bonshommes de neige, glissades,
course de canots, feux d’artifice, internationaux
de sculptures sur glace, bain de neige, prome-
nades en carrioles, et l’incontournable tire-
sur-neige prisée de tous, sirop d’érable
chaud versé sur un lit de neige.

28
DOCUMENT
CANADA

29
DOCUMENT
CANADA

30
FIGÉS PAR
LE FROID, LES
FLOTS DU SAINT-
LAURENT GRINCENT,
GRONDENT CONTRE
SES RIVES ET
LA COQUE
DES BATEAUX

«Rivière des Outaouais» pour les premiers


Français, «Rivière qui marche» pour les
Iroquois, parce que la marée remonte à contre-
courant profondément dans son lit, ou parce
que le fleuve charrie au ralenti d’énormes
plaques de glace… Jacques Cartier, lui, appela
le Saint-Laurent, Baye Sainct Laurens, pensant
naviguer sur l’un des golfes de la côte Nord.
En remontant son cours sous l’autorisation
de François Ier en 1535, l’explorateur réalise
son erreur et le baptise «Grande rivière du
Canada». Libéré de son étranglement peu
après la ville de Québec où ses rives sont
à peine distantes de mille mètres, le fleuve
s’épanouit et se déploie au pied du massif de
Charlevoix sur vingt-trois kilomètres de large.
Il est tout à la fois, rivière, lac, mer intérieure,
fjord, et langue glaciaire, en hiver. Son cours
en apparence paisible est semé d’îles, brassé
de forts courants et soumis à la loi des marées.
Il reste une voie navigable difficile pour les
navires en provenance de l’océan Atlantique
qui doivent atteindre la tête des grands lacs
de l’Amérique du Nord.

31
« L’HIVER DEMEURE LE CIMENT DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE,
L’ÉQUILIBRE ÉTABLI ENTRE L’HOMME ET LA NATURE »

Québec hiver s’en vient, oui, “pis a’va La poudre, par tempêtes successives, s’abat sur le

«L’ être longue” », assène l’au-


tomobiliste venu nous prêter
main forte pour sortir notre
véhicule enfoncé dans un bas-côté neigeux sous
lequel la glace a cédé. Côté hiver, il ne faut pas
pays. Un blanc scintillant infini, masque enfin la
tristesse, apporte la lumière aux rues sombres des
villes, aux épinettes et aux champs. La voici enfin,
partout : en strates sur les cabanes en bois rond,
par paquets sur les branches nues des mélèzes,
en conter à un Charlevoisien qui a en déjà essuyé immaculée sur les lacs déjà blancs de gel. Elle se
près de soixante. La neige tombe sans disconti- fait coussins duveteux sur les rochers que contour-
nuer, lourde et si dense que l’aube peine à se lever nent les rivières d’eau libre, crisse sous la semelle.
entre des flocons lents, serrés et gros comme la Partout, la bonne humeur est palpable. Les bons-
main. L’hiver prend possession de la patrie de hommes de neige ventrus, la carotte en l’air,
Jacques Cartier, Gilles Vignault et Robert hument l’air du bel hiver. Pour notre sauveur du
Charlebois. Enfin ! Prévisions météorologiques Charlevoix, les saisons au Québec se résument à
et dictons n’y peuvent rien, « la neige au Québec deux : « il y a avant, pis y a l’hiver ! » Sujets d’in-
on l’attend pour Noël», expliquent Mathieu et Lucie, terminables discussions, ses splendeurs et son
attablés comme nous devant une assiette récon- ardeur restent toujours une source d’émerveille-
fortante et fumante de poutine, met national ment. « L’hiver nous a définis comme peuple »,
constitué de frites, de fromage en grains – du affirme à son tour Normand Cazelais, écrivain et
cheddar –, le tout recouvert de sauce brune. «Les géographe. Il reste encore aujourd’hui le ciment
Québécois ne sont pas plus chialeux que les autres de la société québécoise, l’équilibre établie entre
mais ils se mettent à râler quand il n’y a pas de l’homme et la nature. Et quelles « qualités » qué-
neige à Noël, comme l’année dernière », continue bécoises seraient-elles le plus redevables à la saison
notre Français de souche qui, en vingt-six ans d’ins- dite morte ? «La solidarité et la résilience», répond
tallation à Montréal, n’avait jamais connu de «Noël l’auteur en expliquant que « dans les campagnes,
vert» avant celui de l’année dernière. Fin décembre, le premier voisin était plus important que la
les Québécois n’en peuvent plus de ces arbres au famille ». Compressée, tassée, fondue, gelée, la
tronc noir d’humidité après un automne flam- neige s’est maintenant emparée du pays. Il en
boyant, de cette herbe pâle et des murs gris des tombe plus de quatre mètres tous les ans. C’est
villes. Puis, un soir, de petits flocons viennent vire- dire l’immensité des obstacles que l’hiver a fait
volter devant les fenêtres. Excitation générale. peser sur le développement du Canada et la for-
« L’euphorie s’empare de tous. Grands et petits midable énergie qu’il fallut déployer pour les sur-
s’écrasent le nez sur les vitres. Les arbres com- monter depuis l’arrivée des premiers Français.
mencent à s’enduire d’une mince couche de frimas.
On enfile sa tuque et l’on sort. Les enfants roulent L'HIVER À VIVRE
leur première boule et modèlent un bonhomme Quand Jacques Cartier, met pied à terre pour la
encore maigrelet dont le vêtement de neige se seconde fois en ce mois de mai 1535 sur les terres
macule de terre et des feuilles rabougries de l’au- du Québec, après avoir navigué sur un fleuve
tomne », raconte Lucie la montréalaise, perdue immensément large, il ne sait rien du rude hiver
dans les souvenirs de ces petits bonheurs. Les pre- des Iroquois avec lesquels il fait alliance. À son
miers flocons déclenchent le rush sur les tenues retour vers le village de Stadaconé – actuel site
d’hiver, bottes, tuques, mitaines, et autres astuces de la ville de Québec –, l’équipage français se frotte
anti-froid. Les pneus neige rendus obligatoires ne pour la première fois aux rigueurs hivernales.
serviront quant à eux qu’à la prochaine «bordée». Surprise : le fleuve gèle, bloque les navires dans

32
DOCUMENT
CANADA

une épaisse gangue de glace. Une succession d’hi-


vers rigoureux décime les populations des premiers
colons. L’idée de peupler les lieux s’estompe chez
les Français, jusqu’à l’arrivée de Champlain. Contre
vents froids et marées de glace, le navigateur fran-
çais, cartographe, ethnologue et botaniste décide
de fonder la première colonie française perma-
nente, Québec. Les petites maisons de pierre de la
ville basse, serrées les unes contre les autres au
pied des falaises où trône le château Frontenac qui
s’égayent encore des lumières et guirlandes des
fêtes de Noël, évoquent les hivers de la Nouvelle-
France, pendant lesquels les mâchoires de glace
se refermaient sur la voie fluviale du Saint-Laurent.
Les colons rivalisent d’ingéniosité pour résister à
l’hiver maudit et acheminer des biens au sein de
cette contrée dénuée de tout. On plonge par
exemple les carreaux de verre des fenêtres qui
orneront la place Royale dans des tonneaux de
mélasse, pour les récupérer intacts, à leur arrivée
d’Europe, en faisant fondre l’épais sirop durci par
le froid. En gelant les échanges pendant une moitié
de l’année, l’hiver a également agi comme un effet
protecteur pour la culture québécoise, à l’image POUR LE PIRE ET LE MEILLEUR Parmi les joies de l’hiver, les Spa
de ces zones-refuges désignées par le biologiste Les nécessités vitales de la vie en hiver, s’abriter, scandinaves sont en bonne place
comme des espaces où l’isolement géographique manger, se déplacer et se couvrir ont inspiré ces dernières années au Québec.
prolongé a préservé des endémismes de l’envi- nombre d’adaptations, en matière d’architecture, À peine sorti de la torpeur
d’un bain chaud, on est invité
ronnement dominant. Une notion d’hiver-refuge d’aménagement du territoire ou de transport, qui
à se rouler dans la neige, avant
chère au sociologue québécois Alain Brunel, qui ont su adoucir les peines. Pas suffisamment : « la de filer dans les vapeurs d’un
« constitua un bouclier de glace contre les inva- majorité des Québécois déteste l’hiver », avoue sauna et de se frotter, pour finir,
sions et le cocon protecteur d’une vaillante nation». Lucie. « L’idée de l’hiver joyeux, festif, c’est un avec de la glace délicatement
Après l’appréhension, puis la familiarisation voici attrape-touriste, sauf pour les sportifs et pour ceux parfumée. Ici le Spa du verger
venu le temps de la domestication de l’hiver. Les qui ont des enfants. Rentrer chez soi tous les soirs de l’Hôtel Saint-Germain à baie
Québécois apprennent au XIXe siècle à vivre leur à la noirceur, ça finit par être pesant. La faute au Saint-Paul, le dernier-né des
hôtels du Charlevoix.
hiver et à en faire, dès qu’il en est possible, une manque de lumière », explique-t-elle. Et de conti-
saison de plaisirs. Vive la neige et vive la glace ! nuer, racontant « la charrue [le chasse-neige] qui
On sort en calèche pique-niquer au pied des chutes réduit à néant ton pelletage du matin, les embou-
de Montmorency. Les patins glissent sur le miroir teillages, le rituel de l’habillage et du déshabillage
des lacs. On se promène, on magazine, la gué- et surtout cette fatigue lancinante », proche de la
dille au nez, chaussé d’épaisses bottes de neige. déprime quand on n’en peut plus de l’hiver…
Les résidents de Québec et de Lévis, de l’autre Dans l’air glacé du petit matin dans lequel flotte,
côté du Saint-Laurent, surveillent le gel du fleuve, poussière d’or, l’humidité cristallisée s’élève en
dans l’espoir que l’inspecteur des chemins auto- volutes les embruns du fleuve. Sous la poussée
risera la construction du pont de glace. L’aller- du courant et des marées qui remontent son cours,
retour entre les deux rives fait le bonheur des les plaques de glace s’entrechoquent, se dressent
charretiers et des cochers, qui transportent voya- en gerbes bleutées. Au-dessus, le sommet chauve
geurs et marchandises et s’arrêtent chemin fai- du Charlevoix blanc et bosselé veille dans le silence
sant se « réchauffer » dans l’une de ces petites de la taïga. De la neige jusqu’au poitrail, un orignal
cabanes où l’alcool, interdit sur terre, coule sur ce fait sa trace… Se marier avec l’hiver, pour le pire
territoire de non-droits. et le meilleur, aussi. Guide pratique page 88.

33
34
Avec l’ouverture récente du
pays, de nombreuses régions
de Birmanie s’ouvrent au monde
moderne comme à Loikaw où Moe Bu
et Moe Su, deux femmes de l’ethnie
kayan lahwi peuvent à présent
posséder un téléphone portable,
un moyen de télécommunication
autorisé depuis peu. © Marc Dozier
BIR
DOSSIER

MANIE
L E PA R I D E L’ O U V E R T U R E
35
Avec ses 42 kilomètres carrés,
le complexe archéologique de
Bagan est considéré comme l’un
des plus vastes d’Asie du Sud-est.
Depuis 2008, la fréquentation du
site a été multipliée par plus de
dix, un essor dont la rapidité
pose de nombreux problèmes de
développement. © Marc Dozier

36
DOSSIER
BIRMANIE

PLUS DE DEUX MILLE PAGODES ET STUPAS


DE BRIQUE S’ÉTENDENT À PERTE DE VUE
SUR LA PLAINE DES SEIGNEURS

37
Malgré la libéralisation du pays,
au village de Leshi dans l’État
de Sagaing, rien n’a changé : le
festival de la nouvelle année Naga
est toujours organisé et encadré
par les militaires comme sur
notre photo réalisée en 2008.
© Marc Dozier

MALGRÉ LA STUPÉFIANTE MARCHE


VERS LA DÉMOCRATIE, L’EMPRISE
DES MILITAIRES PERSISTE

38
DOSSIER
BIRMANIE

39
INDE
BANGLA

CHINE
Sagaing
Monywa
DESH

3 Po Win Taung Mandalay


Amarapura
Bagan
Mont
Popa Taunggyi

Lac Inlé
Lac de Sagar 4
L AOS
Nay Pyi Daw
Loikaw
2 Kayan Lahwi
Mae Hong Son

BIRMANIE
GOLFE DU
BENGALE THAILANDE

Rocher d’Or
1 Yangon
(Rangoun)

GOLFE DE
M A RTA B A N

Mapbox

L’ITINÉRAIRE
1 48 h à Yangon 2 Rencontre avec 3 Po Win Taung 4 Lac Sagar
Après avoir cédé son titre à les Kayan Lahwi Les grottes sacrées de Po Win Beaucoup moins touristique et
Nay Pyi Daw en 2005, Yangon À cheval entre la Birmanie Taung constituent la plus vaste fréquenté que lac Inlé, le lac de
reste la capitale de cœur de la et la Thaïlande, les femmes collection de peintures rupestres Sagar ouvre enfin ses portes.
Birmanie. En pleine phase de de l’ethnie kayan lahwi sont d’Asie du Sud-Est. Longtemps Une poignée de pagodes encore
réincarnation, la cité donne célèbres pour leurs fameux resté confidentiel, ce sanctuaire secrètes cachent de superbes
naissance à une nouvelle colliers de laiton. exceptionnel attire de plus en bouddhas, témoins de la grandeur
grande ville moderne. page 48 plus de visiteurs. d’une ancienne cité princière.
page 42 page 60 page 64

Guide pratique : page 91

40
DOSSIER BIRMANIE
REPÈRES

LE DÉFI DE LA LIBERTÉ
En pleine marche vers la démocratie, la Birmanie vit aujourd’hui une
révolution politique et économique sans précédent. La récente victoire
de la Ligue nationale pour la démocratie conduite par Aung San Suu Kyi
vient conforter ce processus de libéralisation et favorise plus encore
l’engouement touristique exceptionnel dont bénéficie le pays.

TEXTE MARC DOZIER

À
la charnière entre la Chine, devrait cependant pas se répéter aujourd’hui a accueilli plus de trois millions de visiteurs.
l’Inde et la Thaïlande, la tant le vent de liberté qui souffle sur le pays Près de dix fois plus qu’en 2006. Et surtout
Birmanie ne « ressemble à semble irréversible. beaucoup plus que ne prévoyait le ministère
rien d’autre», disait Rudyard Depuis 2011, le gouvernement a en effet du Tourisme qui ne comptait recevoir que
Kipling. Les récents événements ne viennent décrété, sous l’impulsion du président sortant deux millions quatre-vingt-un mille visiteurs
pas démentir le fameux écrivain anglais et Thein Sein, la libération de la majeure partie d’ici 2020 !
l’année 2016 marquera encore un tournant des prisonniers politiques, autorisé les réu- Malgré ces avancées économiques et démo-
décisif dans l’histoire de la Birmanie contem- nions, les grèves et les syndicats, levé la cen- cratiques spectaculaires, la situation n’est
poraine. Après un demi-siècle de dictatures, sure sur les journaux, la télévision, le téléphone pourtant pas aussi rose qu’elle n’y paraît. De
le plus vaste pays d’Asie du Sud-Est connaît et Internet, libéralisé le commerce et levé les nombreuses exactions perdurent : confisca-
en effet depuis moins de cinq ans une libé- taxes abusives jugulant l’économie. Inattendue, tions de terres, arrestations arbitraires, surex-
ralisation aussi rapide qu’inopinée. cette libéralisation foudroyante a eu des réper- ploitations des ressources naturelles, corruption,
Historique, la victoire écrasante de la Ligue cussions immédiates sur l’économie. Jusque- affairisme de connivence, intensification des
nationale pour la démocratie (LND), aux là fermé, le réseau bancaire s’est ouvert, répressions envers les minorités et violences
élections du 8 novembre 2015 – les premières facilitant transactions financières et échanges intercommunautaires… Malgré l’ouverture du
élections libres depuis vingt-cinq ans – commerciaux. Aujourd’hui, les investissements pays, cinquante pour cent du territoire reste-
marque une avancée déterminante vers la étrangers affluent dans un pays qui, après raient même encore fermés aux étrangers
démocratie. Muselé depuis 1990, le parti d’op- avoir été fermé durant cinq décennies, offre d’après l’association Info-Birmanie. Une façon
position a en effet remporté plus de quatre- d’énormes opportunités. Tout à coup, l’im- de garder le contrôle sur les régions reculées
vingts pour cent des sièges réservés aux civils mobilier s’embrase, l’économie s’affole et les du pays où se cristallisent de nombreux enjeux
du parlement (vingt-cinq pour cent des deux visiteurs abondent. Le 15 octobre 2015, un financiers et politiques.
chambres parlementaires étant encore attri- cessez-le-feu a été conclu avec huit groupes Après les récentes élections, le nouveau gou-
buées d’office à des militaires). Conduit par séparatistes issus de minorités ethniques en vernement birman ne prendra réellement les
Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et conflit avec le pouvoir central depuis des rênes du pays qu’en mars 2016. La nouvelle
opposante historique de la junte militaire décennies. Même si une dizaine de guérillas démocratie birmane devra alors relever de
devenue figure emblématique du pays, la vic- sanglantes se poursuivent notamment dans nombreux défis nationaux et internationaux :
toire reste cependant fragile devant l’emprise les États Shan et Kachin, de nouveaux terri- composer avec les militaires, recomposer une
persistante des militaires. Prudente, « The toires autrefois très contrôlés ou interdits unité nationale, abroger la constitution, apai-
Lady », la grande dame comme on l’a sur- s’ouvrent peu à peu au tourisme : l’État Kayah, ser les conflits avec les minorités ethniques
nommée, prend soin de ne froisser personne le pays Karen, l’État Chin, la région de Mogok turbulentes, régler le problème des Rohingyas
en insistant sur l’importance de la « récon- ou l’archipel de Mergui pour n’en citer que (une minorité musulmane apatride persé-
ciliation nationale ». Tout le pays a en effet quelques-uns. Une aubaine pour les voyageurs cutée par les bouddhistes radicaux) et s’éman-
encore en tête les dernières élections curieux, d’autant qu’Aung San Suu Kyi ne ciper vis-à-vis de l’influence de la Chine. Après
«volées» de 1990 où la LND était déjà sortie recommande plus de boycotter le pays comme en avoir été si longtemps privé, le pays devra
gagnante du scrutin avant que la junte ne lui durant les années les plus dures de la dicta- ainsi faire face à un nouveau challenge de
confisque le pouvoir. Un scénario qui ne ture. Bien au contraire. En 2014, la Birmanie taille : le défi de la liberté.

41
YANGON
La capitale réincarnée
Après avoir cédé son titre à Nay Pyi Daw en 2005, Yangon
reste la capitale de cœur de la Birmanie. En pleine phase
de réincarnation, la cité engourdie d’autrefois donne nais-
sance à une nouvelle grande ville moderne asiatique.

TEXTE ET PHOTOS MARC DOZIER

42
DOSSIER BIRMANIE
48 HEURES

PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE

Populaire, la boxe birmane


nommée Bama Lethwei, attire
de nombreux passionnés au
stade de Thein Phyn dans le
quartier de Tamwé.

L
a Belle au bois dormant se toute autre. En quelques années, la cité s’est commence à souffrir du syndrome de
réveille en sursaut ! Autrefois radicalement métamorphosée et les orien- Bangkok avec ses encombrements chro-
qualifiée « d’endormie », la tations encouragées par le nouveau gou- niques. « Avec l’assouplissement des droits
ville de Yangon (nommée vernement élu en novembre dernier vont de douane en 2012, posséder une voiture
Rangoun jusqu’en 1989) est en effet assurément accélérer ce phénomène. est devenu à la portée des classes aisées »,
aujourd’hui l’une des plus frénétiques de Restée jusqu’à présent bien paisible au explique Than Zaw, un homme d’affaires ori-
Birmanie. Après cinq décennies d’isolement, regard du développement frénétique de ses ginaire de la cité. Un signe qui ne trompe
elle bénéficie des profondes transformations cousines asiatiques, Yangon ne demande pas : les « Big Belly Chevy », les vieux bus
politiques et économiques initiées par le qu’une seule chose : rattraper son retard ! Chevrolet décatis datant de la Seconde
gouvernement birman. « J’ai l’impression Pour le meilleur comme pour le pire. Si l’ag- Guerre mondiale, ont définitivement disparu.
que nous avons glissé du passé au futur en glomération ne compte toujours pas de forêt Symboles de la ville et de son exotisme
moins d’une année », considère Ngu Wah de buildings élancés vers le ciel comme à romantique, ils lui donnaient il y a encore
Hlaing qui travaille pour une agence de Singapour ou à Hong Kong, depuis quelques quelques années sa touche vieillotte, un brin
voyages locale. Depuis 2011, l’avalanche de mois, elle découvre les affres des mégalo- vintage. À présent, comme dans toutes les
mesures lancée par le président Thein Sein poles du XXIe siècle. Avec l’augmentation du capitales asiatiques, ce sont les voitures de
a en effet amorcé une soudaine libéralisa- nombre de voitures, les embouteillages – in- luxe qui se partagent la route. En même
tion du pays dont la ville profite plus que connus jusqu’alors – ont explosé et Yangon temps que les embouteillages, la spéculation

La pagode de Shwedagon compte


quatre portes monumentales (ici,
l’entrée Nord) toutes gardées par
un couple de chinthes, des lions
mythiques de la mythologie birmane.

Un couple flâne devant le restaurant


Karaweik – une copie moderne d'une
barge royale – qui semble flotter sur
le lac naturel de Kandawgyi.

43
44
DOSSIER BIRMANIE
48 HEURES

SHWEDAGON FUT, EST ET SERA PROBABLEMENT ENCORE


LONGTEMPS LE PLUS IMPORTANT CENTRE BOUDDHISTE DU PAYS

immobilière s’est considérablement accrue. de la junte, le général Than Shwe, ordinai- Comme l’urbanisme et l’architecture, les
De petites banlieues satellites naissent par- rement surnommé « Numéro 1 », décida habitudes de ses habitants ont été boule-
tout autour de la cité et dans le centre-ville – contre toute attente et sur les conseils d’un versées. « Depuis que la censure a été sup-
les prix atteignent des sommets. Parfois astrologue – de transférer les institutions primée, des dizaines de journaux et de
jusqu’à un million et demi d’euros pour un nationales dans cette région montagneuse magazines ont fleuri. À présent, ils sont
appartement de cent mètres carrés. et isolée pour d’obscures raisons straté- vendus partout dans les rues de Yangon »,
Aujourd’hui, ville capitale à l’échelle de la giques. Bien que les administrations gou- décrit Than Zaw, l’homme d’affaires. Lire des
nation sans être LA capitale du pays, Yangon vernementales aient été transférées dans journaux ou téléphoner : aussi simples ces
semble vivre une situation « d’apesanteur », ce nouveau bastion militaire, diplomates évolutions puissent-elles paraître aux yeux
une sorte de flottement quant à sa posi- étrangers, négociants et sièges sociaux n’ont des Occidentaux, elles constituent pourtant
tion nationale. Si elle n’est plus l’agglomé- pas quitté la capitale déchue. En 2013, à de une véritable révolution pour les habitants
ration suprême du pays, elle n’en reste pas rares exceptions près, les ambassades re- de Yangon et les Birmans en général.
moins le centre économique, culturel, spiri- chignent toujours à déménager et restent Malgré un évident enthousiasme populaire,
tuel et affectif. Un épicentre national installées à Yangon envers et contre tout. Il ces mutations ne sont pas aussi unanime-
dépouillé de son statut politique qui semble faut dire que l’effervescence et le dynamisme ment accueillies qu’on pourrait le croire
en équilibre instable sur ses propres contra- de l’ex-capitale contraste radicalement avec comme en témoigne d’Arker Kyaw, un jeune
dictions. Capitale du pays depuis 1885, l’apathie pesante de Naw Pyi Daw, la nou- artiste de vingt ans qui a peint un portrait
Yangon a dû en effet céder en novembre velle capitale déserte. de Barack Obama – en guise de bienvenue
2005 son statut à Nay Pyi Daw, une ville nou- lors de sa visite fin 2012 – sur le mur de l’une
velle établie à trois cent vingt kilomètres Depuis le début du processus de libérali- des avenues les plus passantes de la ville.
au nord de Yangon. Le plus haut dirigeant sation, Yangon a d’ailleurs assisté à une En quelques jours, sa peinture murale a fait
véritable « valse des V.I.P ». Le monde se le tour du Web et l’ambassade des États-
presse de venir y « saluer les réformes en Unis a même invité l’artiste à assister au dis-
cours » comme l’a déclaré Alain Juppé, l’ex- cours donné par le président le 19novembre
ministre des Affaires étrangères, lors de sa 2012. « Il y a quelques années, je n’aurais
visite officielle en janvier 2012. Les déléga- pas pu réaliser cette peinture, mais si le pays
tions officielles se succèdent pour resserrer a changé, il ne faut pas croire que tous les
En ciment recouvert d’or et orné
de mosaïques de verre, le bouddha les liens diplomatiques et en profiter pour gens ont changé, car cette fresque a été
couché de la pagode Chaukhtatgyi tisser de nouvelles relations économiques. détruite à plusieurs reprises », tient-il à pré-
dans le quartier Shwe Gon Daing Lors de sa visite officielle qui n’a duré que ciser. « Récemment, j’ai également peint le
mesure près de soixante-dix mètres six heures, le président américain a boudé mot “Démocratie“ sur un autre mur.
de long. Nay Pyi Daw, pourtant capitale officielle, Terminée à cinq heures du matin, cette cal-
pour lui préférer Yangon où il a donné un ligraphie était déjà vandalisée à neuf heures
discours à l’université et brièvement visité le même jour… probablement par des gens
Shwedagon, la plus sacrée des pagodes du que ce mot dérange. »
À l’instar du moine Syriya, la pagode
pays. Une visite qui démontre bien la place
de Shwedagon attire des pèlerins
venus de tout le pays pour vénérer symbolique et centrale de la cité. Longtemps garrottée par les restrictions
Bouddha dont huit cheveux reliques Avec près de quatre millions et demi d’ha- gouvernementales et les sanctions interna-
seraient protégés par le précieux bitants, la ville la plus peuplée du pays vit tionales, Yangon apprend aujourd’hui peu à
monument. incontestablement une période charnière. peu à jouir de sa liberté. Mais ne risque-t-elle

45
46
DOSSIER BIRMANIE
48 HEURES

FACE AU DÉVELOPPEMENT DE SES COUSINES ASIATIQUES,


YANGON NE DEMANDE QU’UNE CHOSE : RATTRAPER SON RETARD

de perdre son âme dans ce développement des siècles, la cité s’est en effet développée placés par des buildings modernes et les
programmé ? Voire. Nombreux sont ceux à autour de la plus sacrée des pagodes, la édifices plus monumentaux sont transformés
craindre que la modernisation ne saccage Paya Shwedagon, sanctuaire qui fut, est, et en centres commerciaux ou en bureaux
son charme historique. « Je me réjouis du sera probablement encore longtemps le plus comme l’ancienne gare. »
vent de liberté que connaît notre ville mais important centre bouddhiste du pays. Bien qu’elle vive de profonds bouleverse-
je souhaite que Yangon préserve son iden- Si les bâtiments modernes poussent déjà ments, Yangon bénéficie toujours de la ten-
tité et son atmosphère coloniale roman- comme des champignons, Yangon compte dresse et de l’affection de tout le pays. À
tique : les petites échoppes et les vendeurs toujours le plus grand nombre d’édifices défaut d’être encore la capitale officielle,
de rue en longyi, le parc Kandawgyi, le lac coloniaux de toutes les grandes villes d’Asie elle joue toujours un rôle de premier ordre
Inya et la magie de Shwedagon », espère Su du Sud-Est. Tout au long de la fameuse rue dans l’avenir de la Birmanie. Il y a fort à
Sandar Hlaing, une guide touristique atta- Pansodan, les Britanniques ont légué un flo- parier qu’elle tiendra encore longtemps une
chée à sa ville. rilège de bâtiments victoriens qui donnent place centrale dans la politique nationale.
Perchée sur la colline Singuttara qui sur- à la cité un air de décor de film. Mais pour Aujourd’hui, elle reste – au moins – sa capi-
plombe le centre-ville, la pagode de combien de temps encore ? « Aujourd’hui, tale de cœur. « Après des années de para-
Shwedagon, est restée le cœur bouddhiste, les vieux quartiers coloniaux sont rachetés lysie, la métamorphose de Yangon est une
spirituel et affectif de la cité. Rien ne semble par des investisseurs étrangers » observe renaissance », considère Hla Myint Maung,
ébranler « l’Or de Dagon ». Du lever au cou- Robert Dompnier, grand connaisseur du pays un peintre contemporain très connu en
cher du soleil, les fidèles – par dizaine de et co-fondateur de l’agence de voyages fran- Birmanie avant de conclure avec un clin d’œil
milliers chaque année – viennent toujours çaise Tirawa. « Les bâtiments de moindre très bouddhiste. « C’est une véritable réin-
ici avec ferveur. Ville de pèlerinage depuis importance sont détruits pour être rem- carnation. »

Vieille de deux mille ans, la pagode


de Sule trône au centre de Yangon.
Faisant aujourd’hui office de rond-
point, le zedi doré renfermerait un
cheveu de Bouddha.

Un groupe de jeunes nonnes


se recueille dans l’un des
soixante-douze édifices religieux
du complexe de Shwedagon qui
s’étend sur plus de 5,6 hectares.

Sur la jetée Pasodan, les passagers


se pressent pour embarquer dans
le ferry qui permet de traverser
le fleuve Yangon afin de rejoindre
le village de Dala.

Guide pratique page91.

47
48
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

Au village de Kon Ta, non


loin de Loikaw, Moe Bu
porte un lourd collier de
laiton traditionnel qui a valu
aux femmes de la tribu
Kayan Lahwi le surnom de
« femmes-girafes ».

PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE

Kayan Lahwi
DE L’AUTRE CÔTÉ
DU MIROIR
Péjorativement surnommées « femmes-girafes », les
femmes de l’ethnie kayan lahwi sont célèbres pour leurs
fameux colliers de laiton. À cheval entre la Birmanie, d’où elles
sont originaires, et la Thaïlande, où certaines ont dû se réfugier,
cette minorité à deux visages reprend peu à peu son destin en
main grâce à l’ouverture récente de la région de Loikaw.

TEXTE ET PHOTOS MARC DOZIER

49
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

TROIS ET PARFOIS
MÊME QUATRE
GÉNÉRATIONS
DE FEMMES
PARTAGENT ENCORE
AUJOURD’HUI LA
FAMEUSE TRADITION
DES LOURDS
COLLIERS
DE LAITON

Avec Moe Da qui attise le feu, ce sont trois


générations de femmes qui cuisinent dans
cette case traditionnelle du village de Dau Ki.
Réputés pour les impressionnants colliers de
laiton portés par leurs femmes, les Kayan
Lahwi constituent – avec seulement quelques
milliers d’individus – une minorité parmi les
minorités au milieu des cent trente-cinq
ethnies de Birmanie. Également nommés
Padaung en langue shan, les Kayan Lahwi font
partie du peuple Kayan avec plusieurs autres
sous-groupes comme les Kayan Ka Khaung, les
Kayan Lahta ou les Kayan Ka Ngan. Dans cet
imbroglio ethnique, les Kayan forment eux-
mêmes un sous-ensemble des Karens, une im-
portante ethnie tibéto-birmane qui rassemble
une quinzaine d’entités hétérogènes aux
langues apparentées installées en Birmanie
pour quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux et
en Thaïlande pour le reste. Comptant quatre à
cinq millions d’individus au total, ces derniers
constituent la deuxième minorité ethnique de
Birmanie après les Shan. En conflit avec le
gouvernement depuis 1948, l’Union nationale
karen (KNU) a longtemps été la doyenne des
groupes armés birmans jusqu’à ce qu’un accord
de paix soit signé en octobre2015 et permette
aux autorités d’ouvrir la région aux étrangers.

50
51
52
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

AVEC L’INFLUENCE
DES ÉVANGÉLISTES,
EN MOINS DE
DEUX SIÈCLES
PRÈS D’UN QUART
DES KAYAN
SONT DEVENUS
CHRÉTIENS…

Consciencieusement, Moe Bu et Mu Soe entre-


tiennent le jardin de l’immense église «Christ
the King» bâtie aux environs de Loikaw. Tradi-
tionnellement animistes, les Kayan ont été
massivement convertis au catholicisme au
début du XIXe siècle par des évangélistes
italiens. Nommé Tha Byu, le premier converti
aurait été baptisé par George Boardman en
1828. Près de deux siècles plus tard, on consi-
dère que quinze à vingt-cinq pour cent des
Kayan sont chrétiens, répartis parmi les diffé-
rentes églises qui se sont installées dans la
région : catholiques, presbytériens, anglicans,
baptistes et adventistes. Certains des
premiers missionnaires ont considéré que
l’évangélisation des Kayan et des Karens en
général aurait été rendue plus facile par les
nombreuses analogies entre leurs mythes
originels et la Genèse. Aujourd’hui, comme
pour beaucoup de communautés chrétiennes
du pays, ils sont cependant victimes de persé-
cutions de la part des autorités birmanes qui
favorisent la pratique du bouddhisme, consi-
déré comme une religion d’État.

53
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

SI LE BOUDDHISME
EST DEVENU
LA RELIGION
PRÉDOMINANTE,
LES KAYAN N’EN
RESTENT PAS
MOINS ANIMISTES…

À la nuit tombée, Moe Pray et Moe Sue prient


dans la pagode de Myo Nam à Loikaw. Alors
qu’entre cinq et dix pour cent des Kayan sont
encore animistes, on considère qu’entre
soixante-dix et quatre-vingts pour cent pra-
tiquent le bouddhisme theravada. Aujourd’hui
religion prédominante, le bouddhisme s’est
popularisé avec les Môns qui étaient la princi-
pale ethnie en Basse Birmanie jusqu’au milieu
du XVIIIe siècle. Si son essor a profondément
affaibli les croyances originelles des Kayan, ces
derniers perpétuent toujours leurs cultes
ancestraux nommés Kan Khwan dont les scien-
tifiques estiment qu’ils étaient déjà pratiqués
par leurs ancêtres lorsqu’ils immigrèrent de
Mongolie à l’Âge du Bronze. Chaque année
entre mars et avril à l’occasion du festival de
Kay Htein Bo, les Kayan rendent ainsi hommage
à Dieu et à ses esprits-messagers autour d’une
série de poteaux sacrés baptisés Kay Htoe Boe.
Aujourd’hui, si chaque village compte une
pagode ou un monastère bouddhiste, il compte
également un espace réservé à ces grands
mâts cérémoniaux.

54
55
56
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

DEPUIS PLUS
D’UN SIÈCLE, LES
FEMMES KAYAN
EXERCENT UNE
FASCINATION
PARTICULIÈRE
SUR L’IMAGINAIRE
OCCIDENTAL EN
QUÊTE D’EXOTISME

Au village de Kon Ta, non loin de Loikaw, une


jeune voyageuse se photographie en compagnie
d’un groupe de femmes Kayan qui s’amusent
tout autant de cette rencontre avec une étran-
gère. Surnommées de façon péjorative «longs-
cous» ou «femmes-girafes», elles exercent
depuis des siècles une fascination particulière
sur l’imaginaire occidental en quête d’exotisme.
Au cours des dernières décennies, la pauvreté
et les conflits avec la junte birmane ont poussé
de nombreux Kayan à se réfugier en Thaïlande
où les femmes portant les fameux colliers de
laiton sont devenues de véritables «coque-
luches» du tourisme ethnique. Du côté thaï de
la frontière, leur situation a donné lieu à de
nombreuses controverses car les Kayan sont
parqués dans des camps où les touristes
s’acquittent d’un droit d’entrée. Du côté
birman, les femmes sont totalement indépen-
dantes et utilisent leur aura pour attirer les
touristes qui commencent tout juste à affluer
avec l’ouverture de la région. Installées au bord
de la route, elles vendent étoffes, sacs tissés,
pots d’argile et leurs autres produits d’artisanat
tout en acceptant avec complaisance d’être
photographiées.

57
DE NOMBREUSES THÉORIES, BEAUCOUP DE LÉGENDES ET
AUTANT D’HYPOTHÈSES ENTOURENT LES FAMEUX ANNEAUX

emmes-girafes ! Vous trouvez De nombreuses théories, beaucoup de légendes et

«F que c’est un joli surnom ? »


demande Moe Bu en secouant
la tête de gauche à droite mal-
gré les lourds anneaux de laiton qu’elle porte autour
du cou. «Nous, les Kayan Lahwi, nous détestons ce
autant d’hypothèses entourent ces bijoux qui ont fait
la réputation des femmes Kayan. Certains avancent
qu’autrefois les anneaux leur auraient permis de
se protéger, littéralement ou symboliquement, des
morsures de tigres. D’autres considèrent qu’ils
terme car nous n’apprécions pas d’être comparés auraient permis d’éviter aux femmes de devenir
à des bêtes sauvages ! Nos anneaux sont l’emblème les esclaves de tribus ennemies en les rendant
de notre identité et de notre culture, symboles de moins attirantes. D’autres encore supposent qu’ils
richesse et de beauté ! C’est bien mal nous connaître leur permettraient de s’enfuir en cas d’attaques en
que de nous comparer à des animaux… » emportant toutes leurs richesses sur les épaules.
Célèbres, bien malgré eux, pour leurs imposants Certains scientifiques y voient également un lien
colliers de laiton qui semblent allonger le cou des avec le dragon, un animal mythique du folklore
femmes, les Kayan Lahwi constituent en effet l’un kayan. «Les Kayan disent […] être les descendants
des groupes ethniques les plus méconnus d’Asie d’un dragon femelle, et considèrent, en partie, leur
du Sud-Est. Jusqu’à récemment, il était impossible parure et leur pratique de transformation corpo-
d’accéder à leur territoire interdit par la junte avec relle, comme un symbole de cette filiation »,
laquelle ils étaient en conflit. Beaucoup furent explique ainsi l’ethnologue Marion Dupeyrat dans
même contraints de se réfugier en Thaïlande dans son article « Du dragon à la girafe »1.
1. « Du dragon à la girafe. des camps où l’exploitation touristique des femmes
Animalisation fantasma- a déclenché polémiques et appels au boycott. Avec SYMBOLE DE L’ASIE
tique des Kayan réfugiés
en Thaïlande » dans Bêtes la récente libéralisation politique du pays, ils sor- Quelles qu’en soient l’origine et l’explication,
à pensées : Visions des tent cependant aujourd’hui de leur isolement et une chose est sûre : ces anneaux font la fierté
mondes animaux, Édition
retrouvent peu à peu leurs terres. des femmes kayan devenues avec eux l’un des
des Archives contempo-
raines, Marion Dupeyrat. Établis à l’est de la Birmanie au cœur de l’État Kayah symboles de l’Asie du Sud-Est ! « Ici, tout le
et au sud de l’État Shan, les Kayan Lahwi forment monde nous prend en photo, les étrangers, bien
une petite communauté répartie dans une dizaine sûr, mais aussi les Birmans et même les moines…
de villages autour de la région de Loikaw. Bien que et cela ne me dérange pas du tout. Au contraire !
leur nombre soit très difficile à évaluer, les Kayan Je ne porte pas mes anneaux pour les touristes
Lahwi ne représenteraient que quelques milliers mais parce que c’est notre culture et que j’en
d’individus, très probablement entre six et sept mille suis fière », explique Moe Ki, l’une des doyennes
personnes. Seules les femmes de ce petit groupe du village de Kon Ta. « La vie est beaucoup plus
cultivent le port de ces colliers de laiton qui leur a dure pour les femmes qui ne portent pas de col-
valu le surnom péjoratif de «femmes-girafes». Portés lier. Aujourd’hui, je suis vieille et je ne peux plus
au cou mais également aux bras et aux jambes, travailler dans les champs comme autrefois alors
ces anneaux nommés Kyoe, pèsent jusqu’à huit kilos porter ces anneaux est une chance car cela me
et valent près de trois cents euros : une fortune dans rapporte de l’argent. Lorsque mon mari a besoin
cette région isolée à la frontière birmano-thaïe ! de quelque chose, c’est moi qui lui donne de l’ar-
Traditionnellement, les petites filles commencent à gent… »
porter l’imposant bijou à partir de quatre ou cinq Solides et travailleuses, les femmes kayan ont la
ans. Contrairement à la croyance populaire, porter réputation de « porter la culotte ». Elles aiment
ces anneaux ne «rallonge» pas le cou mais affaisse chanter, danser et jouer du hollow, une guitare
les épaules en déformant les clavicules. locale à quatre cordes. « Autrefois, les hommes

58
DOSSIER BIRMANIE
PEUPLE

de ma génération aimaient les femmes portant des


Kyoe », se souvient Khum Thar Mu marié depuis
plus de quarante ans avec Moe Bu. « Mais ce n’est
plus à la mode ! » Lourds, chers et contraignants,
les anneaux n’ont vraiment plus la cote et, seules
entre cinquante et cent femmes arborent encore
les fameux colliers de laiton.
«Aujourd'hui, les dernières à les porter ont, comme
moi, entre soixante et quatre-vingts ans», regrette
Moe Bu du village de Demuso. «Notre coutume va
disparaître avec nous, c’est inévitable.» Sa cadette,
Moe Sa, comme ses six autres filles ne portent pas
de colliers. Comme toutes les jeunes femmes de
la communauté, elles aspirent à une vie moderne
bien loin de ses modifications corporelles qui leur
semblent anachroniques. « Moi, je veux aller à
l’école, trouver un travail et vivre comme une
femme du XXIe siècle ! » explique-t-elle en piano-
tant sur son téléphone portable. «Notre pays n’est
plus celui qu’a connu ma mère. À présent, nous
avons la chance d’êtres libres et en paix. »

GUERRE ET PAIX
En conflit depuis 1948 avec la junte birmane dont leur tour, de leur potentiel touristique ! « J’ai vécu
elle refuse la tutelle, l’Union nationale karen (KNU) plusieurs années en Thaïlande avant de revenir Non loin du village de Chikae,
a en effet mené durant plusieurs décennies une ici cette année », raconte Moe Su du village de Moe Pray et Moe Su travaillent
guerre sanglante qui a forcé de nombreux Kayan Sambovan. « J’étais très heureuse là-bas car je dans un champ de maïs, une
à franchir la frontière pour se réfugier en Thaïlande. gagnais deux cent cinquante dollars par mois grâce céréale dont les Kayan tirent le
Durant des années, cette longue guérilla a obligé au tourisme… Mais je suis contente d’avoir retrouvé khaung yae, un alcool dont ils
la population à se réfugier dans la jungle. Le Haut- ma famille et maintenant que les touristes sont sont particulièrement friands.
Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés autorisés à visiter la région nous allons avoir l’op-
(UNHCR) a ainsi dénombré plus de cinquante mille portunité de gagner de l’argent avec notre cul-
réfugiés karens en 2005 dans une demi-douzaine ture. » Depuis la signature le 15 octobre 2015 d’un
de camps situés dans la région thaïe de Mae Hong cessez-le-feu historique entre le nouveau gouver-
Son. Parmi les réfugiés, les femmes kayan portant nement birman et huit groupes armés dont l’Union
leurs fameux anneaux y sont rapidement devenues nationale karen (KNU), la situation incite ainsi les
des… attractions touristiques, certains tour-opé- Kayan Lahwi et les réfugiés karens en général à
rateurs thaïs ayant flairé l’opportunité mercantile. retrouver leurs terres. Intimement liées, les com-
En 2008, le HCR a ainsi appelé au boycott de ces munautés des deux pays sont liées par un drôle de
« zoos humains » car certaines femmes n’étaient jeu de miroir, un miroir déformant et sans teint où
pas autorisées à quitter ces villages afin de ne pas la réalité des Kayan Lahwi se reflète différemment.
contrarier les intérêts des agents de voyages locaux. «Chaque pays a ses avantages et ses inconvénients
Une situation qui s’est fort heureusement régula- mais nous sommes les mêmes des deux côtés de
risée depuis quelques années. la frontière. Nous sommes fiers de vivre de nos
De l’autre côté de la frontière, en Birmanie, la situa- coutumes… tant qu’elles existent encore. » D’ici
tion est radicalement différente. Après des décen- moins d’un quart de siècle, il y a fort à parier que
nies de guerre, les femmes kayan lahwi y sont cette tradition aura en effet disparu. Faut-il le
« libres » même si la junte a tenté pendant long- déplorer ? Les jeunes kayan, elles, ne le regrette-
temps d’interdire leur tradition jugée d’un autre ront probablement pas comme en témoigne la
âge. À présent, le gouvernement en pleine phase jeune Moe Sa : « Nous n’allons pas rester des
de libéralisation invite les femmes kayan lahwi à femmes-girafes. Il faut que nous sortions dans la
revenir s’installer en Birmanie… afin de profiter, à jungle du monde. » Guide pratique page 93.

59
Po Win Taung
LES GROTTES AUX
DIX MILLE
BOUDDHAS
Sur la route de l’Inde dont la frontière vient d’être ouverte, les
grottes sacrées de Po Win Taung constituent la plus vaste collection
de peintures rupestres d’Asie du Sud-Est. Longtemps confidentiel,
ce sanctuaire exceptionnel attirera bientôt de nouveaux visiteurs.
Déjà, se pose le défi de sa conservation.

TEXTE ET PHOTOS MARC DOZIER

60
DOSSIER BIRMANIE
PATRIMOINE

Creusée au milieu du XVIIIe siècle, la


grotte dite « du labyrinthe » est l’une
des plus vastes du site de Po Win Taung PLUS DE
CONTENU
SUR
et ne compte pas moins de treize TABLETTE
entrées et soixante-quatorze
représentations de Bouddha.

61
MODESTES OU ÉLÉPHANTESQUES… CES TEMPLES EXCAVÉS
RETRACENT TROIS SIÈCLES DE BOUDDHISME ET D’ART SACRÉ

A
libaba avait sa caverne et ses qua- la Birmanie après Bagan et Mrauk-Oo», estime ainsi
Un groupe d’ouvriers entretient rante voleurs. En Birmanie, le site l’historienne de l’art Anne-May Chew, spécialiste du
la façade dite « de l’éléphant sacré de Po Win Taung a ses mille site, qui a soutenu sa thèse et signé un ouvrage de
blanc » : à quelques centaines de cavernes et ses dix mille bouddhas. référence sur le sujet1. « Sa valeur exceptionnelle
mètres du site même de Po Win Ici pourtant, point de pièces d’or et de pierres pré- tient au fait qu’il est le seul site de Birmanie à pré-
Taung, cette grotte sculptée en cieuses en guise de butin. Le trésor, ce sont les grottes senter une séquence complète de l’art birman
1922 se trouve sur le site de
elles-mêmes. Ces grottes oubliées sur la rive droite “architecture, sculpture et peinture” du XVIIe au
Shwe Ba Taung.
de la rivière Chindwin au centre du pays. Oubliées ? XXe siècle. »
Bien sûr, le terme ferait glousser les milliers de boud-
dhistes birmans qui – depuis des siècles et sans dis- TRÉSOR SOUTERRAIN
continuer – viennent là en pèlerinage. Et pourtant. De l’extérieur pourtant, le site ne paie pas de mine.
Au regard de son importance à l’échelle de l’histoire À deux cents kilomètres au nord-ouest de la cité
L’urgence de la de l’art, le site isolé demeura longtemps méconnu de Mandalay, la colline austère ressemble à toutes
conservation du grand public et peu étudié par la communauté les autres. Discrètes, ses merveilles se trouvent
Pillages, inondations, friabilité
scientifique. Interdit aux étrangers durant plus de juste là, sous terre, ciselées dans la roche volca-
de la roche et pression touris-
cinquante ans, il ne sortit de l’ombre qu’avec l’ou- nique à la sueur des hommes et la lueur des lampes.
tique menacent les trésors de
Po Win Taung jusqu’à aujourd’hui verture du pays au tourisme en 1996 avec l’année Niche minuscule, grotte de quelques mètres carrés
préservés par leur isolement. « Visit Myanmar ». Aujourd’hui avec le vent de libé- ou vaste labyrinthe souterrain… toutes les gale-
Alors qu’en 1912, l’officier ralisation qui souffle sur le pays, ce joyau du boud- ries ont en effet été creusées à la gloire de Bouddha
britannique J. P. Hardiman récla- dhisme attise de plus en plus l’intérêt des voyageurs. par de simples fidèles ou par des artistes de talent
mait déjà la protection du site « Autrefois, il fallait utiliser des bateaux de passa- payés par de richissimes croyants. Majoritairement
pour sa valeur historique, sa
gers pour traverser la rivière Chindwin et rejoindre réalisées entre le XIVe et le XVIIIe, les excavations
sauvegarde fera partie des
Po Win Taung. Mais depuis la construction d’un composent ainsi un florilège unique de salles de
nombreux défis à relever par
le nouveau gouvernement. pont, l’accès est beaucoup plus simple et le nombre prières obscures et de chapelles ténébreuses qui
de visiteurs a augmenté », observe le Français contiendraient – d’après les évaluations les plus
Jérôme Kotry, grand connaisseur du pays et orga- hautes – près de dix mille représentations du
1. The Cave-temples of Po Win nisateur de voyages pour l’agence Tamera. Au cours Bouddha, sculptures et peintures confondues.
Taung, Central Burma - Archi- des prochaines années, il y a fort à parier que le Même s’il a perdu un peu de son panache d’antan,
tecture, Sculpture and Murals,
de Anne-May Chew, Éditions site, tout proche de Monywa, bénéficiera de sa posi- le site est resté un foyer religieux fécond et plus
White Lotus, Bangkok, tion stratégique de porte d’entrée vers le subcon- d’une centaine de moines vivent toujours ici.
2005, 311 pages.
tinent indien. « L’ouverture toute récente du nord Partageant leur vie entre la prière et l’entretien de
de l’État Chin, frontalier avec l’Inde et du poste ce patrimoine exceptionnel. « Nous faisons tout
frontière de Tamu avec l’État indien de Manipur notre possible pour protéger ces grottes» explique
permet aujourd’hui de rejoindre l’Inde par la route U Kay Sa Ya, l’un des doyens du monastère de Shwe
À droite : Creusée à la fin du et cela va beaucoup dynamiser les échanges. À Ba Taung. « Mais il y en a tellement. Cent mille
XVIIe siècle, la grotte numéro 307 long terme, il est tout à fait possible que cela pré- moines n’y suffiraient probablement pas… » Si le
abrite une collection de seize
figure le grand axe routier transasiatique qui relie- gouvernement a déclaré travailler à un plan de pro-
statues sculptées dans le roc
rait l’Inde à Singapour. » tection, force est de constater que bien peu de
encerclant un bouddha de
marbre blanc. Restées jusqu’à aujourd’hui confidentielles, les choses ont été mises en place. «Tout comme Bagan,
grottes pourraient ainsi devenir d’ici peu un nou- Po Win Taung devrait être classé comme un des
À gauche : Imitant l’architecture
veau site incontournable. Bien qu’incomparables à sites du Patrimoine mondial de l’humanité», se dés-
coloniale, le vaste temple-caverne
l’ampleur du complexe archéologique de Bagan, les espère Anne-May Chew, « mais rien n’est fait… et
désigné sous le numéro 698 a été
inauguré par sa donatrice Madame grottes de Po Win Taung constituent en effet, d’après le site se dégrade. » Même si l’impermanence du
Daw Naw, le 27juillet 1928. les spécialistes de l’art religieux birman, le plus riche monde fait partie des concepts clefs du bouddhisme,
ensemble de peintures rupestres et de statuaires espérons que les croyants sauront – avant qu’il ne
bouddhiques d’Asie du Sud-Est. « Po Win Taung soit trop tard – sauvegarder ses bulles de beauté
Guide pratique page 94. constitue le troisième grand site archéologique de arrachées aux ténèbres.

62
DOSSIER BIRMANIE
PATRIMOINE

63
DOSSIER BIRMANIE
DÉCOUVERTE

Reconstruite en 2015 non loin


du lac de Sagar, la pagode du
village de Samkar compte
quatre bouddhas dorés placés
dos à dos en direction des
quatre points cardinaux.

PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE

64
Lac de Sagar
LES BOUDDHAS
OUBLIÉS
Autrefois interdit d’accès, le lac de Sagar ouvre
enfin ses portes. Beaucoup moins touristique et
fréquenté que le lac Inlé auquel il est relié par un
canal, le réservoir artificiel compte une poignée de
pagodes encore secrètes qui cachent de superbes
bouddhas témoins de la grandeur d’une ancienne
cité princière du Royaume Shan.

TEXTE ET PHOTOS MARC DOZIER

65
Construites sur la rive tout
au bord de l’eau, les stupas
de la pagode de Tharkong
dominent le lac de Sagar.

66
DOSSIER BIRMANIE
DÉCOUVERTE

À LA SAISON DES PLUIES, LES EAUX


DU LAC VIENNENT ROULER JUSQU’AU
PIED DES PAGODES ENDORMIES

67
e lac de Sagar, c’est le rubis « Lors de la mise en eau, il y a un demi-siècle, les

«L caché sous le diamant ! »


plaisante Aung Zaw, un
guide originaire
Mandalay qui ne manque ni d’humour ni du sens
de la formule. Jusqu’à aujourd’hui, le lac de Sagar
de
flots ont recouvert des stupas, des monastères et
de nombreuses maisons », raconte Moe Phar Pouk
du village de Naung Bo, « et plusieurs villages ont
dû être déplacés.» Bien que qualifiée de «lac», cette
vaste étendue d’eau de quarante-six kilomètres de
est en effet resté un site secret au sud de l’État long sur huit kilomètres de large constitue plutôt
Shan éclipsé par son fameux voisin, le lac Inlé, une large vallée inondée, un réservoir artificiel
célèbre pour ses marchés flottants (aujourd’hui enchâssé entre deux chaînes de montagnes, Sin
disparus), ses villages sur pilotis et ses pêcheurs Taung à l’est et Than Taung à l’ouest, qui culminent
ramant à une jambe. à 1 500 mètres d’altitude.
«Au cours des vingt dernières années, le lac Inlé est Au XVe siècle, Sagar fut une cité princière du
devenu l’un des sites touristiques incontournables Royaume Shan bien qu’à présent il ne subsiste plus
du pays», explique Aye Aye Kyi, une guide originaire ici qu’un petit village de fermiers. Aujourd’hui, seule
de la région de Taunggyi. « Tout proche, le lac de la pagode de Tharkong témoigne de cette grandeur
Sagar, lui, est resté à l’écart des sentiers battus. C’est passée. Plantée face au lac, la pagode rassemble
Un groupe de novices encore un petit trésor caché de Birmanie que cer- une centaine de stupas (cent huit exactement
époussette l’un des trois
tains anciens ont littéralement vu naître.» Autrefois, d’après les spécialistes) qui se dressent comme une
principaux temples de la
pagode de Tharkong. seule la rivière Pelon Chan coulait en effet dans la forêt de hallebardes tendues vers le ciel. Bâti entre
vallée. Ce n’est qu’en 1965 que la construction du le XVIe et le XVIIe siècle en briques enduites de stuc,
barrage de Moe Bie qui alimente la région en élec- chaque stupa constitue une pièce unique sculptée
tricité créa une seconde étendue d’eau au sud du de personnages – anges, musiciens, danseurs –, de
lac principal. Nommé selon les traductions Sagar, monstres ou d’animaux mythiques du bestiaire
Chaggar, Sankar ou Samkar, le lac est parfois même bouddhiste. Tous ou presque sont surmontés par
appelé «Sagar Inlé», un terme qui le définit comme une ombrelle de métal doré, un hti, caractéristique
une simple extension du fameux lac touristique. de l’ornementation birmane. Contrairement à de

68
DEPUIS DES SIÈCLES, MOINES, NONNES ET NOVICES
VEILLENT SUR LES MILLIERS DE BOUDDHAS DU PAYS

nombreux autres sites du pays où la symétrie est Myint Than, un vénérable du monastère tout
de rigueur, ici les stupas sont de dimensions sem- proche. « Ils méritent pourtant un peu plus d’at-
blables mais légèrement inégales. Chacun semble tention car ils ont autant de valeur que ceux de
vouloir dépasser son voisin comme si un mauvais Mandalay ou de Bagan. »
génie s’était amusé à organiser un concours d’ar- Longtemps confidentiel, le site était totalement
Une fois par semaine, le jour du
chitecture. D’après les habitants de la région, l’ori- fermé aux étrangers jusqu’en 2003. Le lac de marché, les Pa’O vivant autour
gine de Tharkong serait liée au roi Alaungsithu – un Sagar se situe en effet au centre des terres des du lac de Sagar rejoignent le
grand souverain de la dynastie de Bagan, au Pa’O, une minorité ethnique qui a longtemps été village de Samkar en barque.
XIIe siècle – qui aurait été à l’origine de la naissance en conflit avec le pouvoir central. Avec une popu-
de trois autres complexes bouddhiques, à Kakku, lation estimée entre six cent mille et un million huit
Thaungtho et Indein. Il faut reconnaître que la forme cent mille individus, les Pa’O comptent parmi les
et le foisonnement des chedis de ces derniers leur cent trente-cinq ethnies répertoriées en Birmanie
confèrent une évidente parenté. Contrairement et constituent le deuxième groupe ethnique de
aux sites d’Indein et de Kakku où les visiteurs locaux l’État Shan par son importance. Ils ne représentent
et étrangers sont nombreux, il règne pourtant ici cependant qu’une infime partie des cinquante-cinq
un calme olympien. Impassibles à l’ombre de leurs millions de la population totale du pays. Vivant
stupas, plusieurs Bouddhas trônent dans une médi- essentiellement au sud de l’État Shan autour de
tation solitaire à peine troublée par la visite des Kakku, du lac Inlé et Sagar, les Pa’O ont été en conflit
novices chargés de la corvée de poussière. « Ces avec le gouvernement birman durant des décennies
bouddhas reçoivent bien peu de visiteurs», observe et possèdent aujourd’hui leur propre gouvernement

69
ICI, LE TEMPS NE S’EST PAS ARRÊTÉ : LE DÉVELOPPEMENT A
SIMPLEMENT ÉTÉ RALENTI PAR LES AFFRES DE LA DICTATURE

local, la Pa'O National Organisation (PNO). Depuis même s’il n’existait pas encore à cette date d’hé-
la signature d’un cessez-le-feu en 1991, la situation bergement pour les recevoir. Heureusement, depuis,
de la région a peu à peu évolué mais des groupes un petit lodge romantique et bien nommé, le «Little
rivaux se battaient encore récemment entre eux, lodge in Samkar», a été ouvert en 2013. «Aujourd’hui
rendant la zone dangereuse et inaccessible aux à la haute saison, nous accueillons de plus en plus
étrangers. «Autrefois, les Pa’O rouges communistes de petits groupes et d’individuels et je suis sûr que
et les Pa’O blancs s’affrontaient dans la région», se cela va se développer », considère l’un des res-
souvient Khumok Khan, un moine du monastère de ponsables de l’établissement. Malgré cette récente
Naung Kae. «Finalement, le général Khum Chit Shew ouverture, le tourisme reste encore très encadré
et ses deux cents soldats ont décidé de déposer les par le gouvernement local qui impose aux visiteurs
Dans les villages aux abords armes. » Ce n’est que depuis 2003 que les voya- étrangers – qu’ils voyagent de façon individuelle
du lac, les véhicules motorisés
geurs ont été autorisés à visiter le site à la journée ou en groupe – d’être obligatoirement accompa-
sont rares et les charrettes
encore nombreuses pour et sous conditions. gnés par un guide Pa’O. «Au cours des mois à venir,
transporter les marchandises. « Au cours des dernières années, seuls quelques l’accès à la région va être certainement rendu plus
rares voyageurs patients, fortunés et bien informés, facile pour les visiteurs », prédit cependant Khun
venaient ici en excursion au départ du lac Inlé Maung Nyo, l’un des vingt-cinq guides Pa’O offi-
accompagnés d’un guide Pa’O après avoir obtenu ciels agréés. « Le lac Sagar ne sera bientôt plus
les permis spéciaux nécessaires », se souvient la une terre oubliée ! »
guide Aye Aye Kyi. Ce n’est que depuis l’année 2012 Longtemps restés à l’écart de la manne touris-
que les étrangers sont autorisés à dormir à Sagar tique, nombreux sont les petits entrepreneurs locaux

70
impatients de profiter de ce développement. «Il y a vitesse, le nombre de visiteurs pourrait atteindre
quelques années, on s’asseyait à même le sol sur des sept millions d'ici 2020 », a déclaré le président
nattes en bambous pour boire, directement au sortir de l’association du Tourisme birman, Monsieur Phyo
de l’alambic, l’alcool de riz que nous produisions », Wai Yar Zar au quotidien The Irrawaddy. Si tout le
se souvient Say Say Myo Thet Kyaw, le propriétaire monde s’en réjouit, ce succès n’est pas sans poser
d’une petite distillerie artisanale installée sur les rives problème. Les zones les plus célèbres comme le
du lac au village de Tarkong. « Il y a deux ans, nous complexe archéologique de Bagan, la région de
avons installé des tables et des chaises sous un Mandalay ou le lac Inlé, tout proche, commencent
auvent et nous avons créé le premier restaurant du en effet à souffrir de la surfréquentation. Afin d’élar- Les novices du monastère du
lac. Aujourd’hui, nous servons à manger des pois- gir son offre et d’éviter l’engorgement des sites les village de Samkar Inlay prient
sons-chats locaux et du Coca-Cola pour les visiteurs plus fréquentés, le ministère souhaite ainsi dévelop- devant le bouddha couché de
étrangers qui viennent ici. Bientôt, nous allons nous per le tourisme dans plusieurs régions isolées qui la pagode de Tharkong.
agrandir et construire un véritable restaurant avec n’étaient pas ou que peu ouvertes aux voyageurs
des murs et un toit. » jusqu’à aujourd’hui, comme le lac de Sagar, la pagode
Emblématique, la situation du lac Sagar est à l’image de Kakku, les anciennes cités de Pyu ou la zone de
du tourisme birman qui a vécu une véritable explo- Loikaw à la frontalière avec la Thaïlande. Comme
sion depuis le début des années 2010. Avec l’as- en 1996, l’année 2016 a été désignée « Année du
souplissement du régime militaire, le vent de liberté tourisme en Birmanie » afin d’encourager le déve-
qui souffle sur le pays a déclenché une véritable loppement des infrastructures d’accueil, de commu-
tempête touristique. Plus de cinq millions de tou- nication et de transport. «Nous espérons que cette
ristes auraient visité le pays en 2015. Des chiffres année spéciale aura un impact positif sur toute la
qui marquent une augmentation de près de cent région et qu’il y aura beaucoup plus de visiteurs »,
cinquante pour cent par rapport à l’année 2013 avec s’enthousiasme Khun Maung Nyo, le guide pa’o.
ses 2,04millions de visiteurs. Et qui dépassent très Bientôt, les bouddhas oubliés de Sagar ne seront
largement les prévisions du ministère de l'Hôtellerie plus que les bouddhas de Sagar. Et personne ne se
et du Tourisme ! «Si la croissance continue à cette souviendra qu’ils furent un temps « oubliés ». Guide pratique page 93.

71
STOCKHOLM
Le modèle suédois
La capitale suédoise, entre ciel et eau, approche de son huit centième
anniversaire. Elle porte bien ses années, mêlant quartiers historiques,
architecture moderne et projets écologiques d’avant-garde.

TEXTE RAFAEL PIC - PHOTOS BERTRAND RIEGER

72
WEEK-END
SUÈDE

PLUS DE
CONTENU
SUR
TABLETTE

Vue aérienne de Gamla Stan, la


vieille ville, avec le Palais royal
à droite. On distingue au fond la
flèche de l’église des Chevaliers,
où sont enterrés plusieurs rois.
Au premier plan, le superbe trois-
mâts Chapman, construit en 1888.

73
Ouvert en mai 2010 dans un ancien
bâtiment douanier datant de 1906,
Fotografiska est l’un des plus
beaux centres photographiques
d’Europe. Ici, une exposition qui
fit date, consacrée à Helmut
Newton, à l’été 2013.

UNE RECONVERSION RÉUSSIE : L’ANCIENNE


DOUANE MARITIME EST DEVENUE UN
HOT SPOT DE LA PHOTO CONTEMPORAINE
WEEK-END
SUÈDE
Stockholm
L’ARCHIPEL DE STOCKHOLM EST COMPOSÉ DE
MILLIERS D’ÎLES. COMME SES COUSINES BRUGES
ET AMSTERDAM, C’EST UNE « VENISE DU NORD »

Q
uatorze mille ? Vingt-six mille ? Trente-deux mille, disent cer-
tains. Mais les ont-ils bien comptées ? Une certitude : l’ar-
À Stockholm, c’est eau et
chipel de Stockholm est une poussière d’îles. On peut le
îles à tous les étages ! Ce
pont de bois relie la petite pressentir en arrivant en avion, ou une fois sur place, en décou-
île de Beckholmen à la vrant l’existence de canaux et de ponts. Mais il faut s’échapper du centre de
grande île de Djurgården, Stockholm, en embarquant par exemple sur le vieux rafiot Enköping, à l’acajou
qui abrite notamment tout astiqué, qui vous mène jusqu’au musée Artipelag, pour prendre
le musée Vasa. conscience de cette atomisation de la terre ferme. Une aubaine pour des
tribus indépendantes, pour les pêcheurs, pour les proscrits, et même pour
les fondateurs de la ville, au milieu du XIIIe siècle. Selon la légende, ne sachant
où s’établir, ces pionniers «jetèrent en mer un bâton, dans le dessein de s’ar-
rêter où le sort et la mer le porteraient ; et enfin ce bâton s’étant trouvé
entre ces écueils, ils ont bâti leur ville » (Antoine François Payen). En réa-
lité, le régent Birger Jarl et ses lieutenants avaient plutôt l’intention d’établir

76
WEEK-END
SUÈDE

une barrière entre la Baltique et le lac Mälaren (à l’ouest), un péage fruc- CUISINE
tueux sur les peaux, l’ambre et le sel. Stockholm, qui se contente de qua-
torze îles, s’est depuis longtemps accommodé de ce sol traître. Hier, en Magnus Ek, gourou gastro
bâtissant sur des pieux. Aujourd’hui en jouant à fond de cet aspect aqua- Un ancien atelier de construction navale dans lequel tout a été
tique, grâce aux technologies modernes : Hammarby Sjöstad, son district le restauré à l’exception de deux piliers d’origine. Un quartier sym-
plus écologique, est une succession de pontons, de belvédères, de roselières bolique, miné par la pollution, où ont été déversées cent mille
bercées de clapotis. Il faut croire que cette nature amphibie est intrinsèque tonnes de goudron au cours des deux derniers siècles. C’est le lieu
aux habitants de Stockholm tant ce quartier, prévu pour des habitants d’un qu’a choisi Magnus Ek pour ouvrir son nouveau restaurant, l’Oaxen,
certain âge, a été plébiscité par la jeunesse. Les nouveaux parents y bibe- après avoir animé, de 1994 à 2011, une adresse mythique sur la
ronnent : quinze pour cent de la population y a moins de cinq ans. Comme petite île du même nom, quasiment inaccessible. « Quand j’ai
commencé, avant que la Suède n’entre dans l’Union européenne,
pour rappeler que c’est bien de l’eau qu’est né Stockholm…
il était difficile de travailler à l’étranger. Être cuisinier, c’était
Au début, ce fut une affaire bien plus compliquée. Dans Gamla Stan, la
comme être pompier ou pilote de l’air ! » Les choses ont bien
vieille ville, les flots de touristes admirent les façades orgueilleuses du châ- changé, propulsant la Suède et la Scandinavie au premier rang des
teau royal, les voûtes gothiques de la cathédrale, le palais baroque de destinations culinaires. Après un rapide parcours, Magnus Ek s’est
Riddarhuset sans imaginer l’exploit qu’ont signifié ces constructions. Rien mis à son compte pour appliquer ses idées, à base de produits
que les ponts… En arrivant en 1790, notre prédécesseur dans la rédaction sains et de mariages de bon goût. Chez lui, on peut commencer
de guides sur Stockholm, Alphonse Fortia de Piles, se plaint des rues mal avec des huîtres à la limonade de groseille salée et finir avec un
pavées et de la pauvreté de la vie sociale, qui se borne à aller boire le thé à simple pain perdu… www.oaxen.com
cinq heures. Mais il indique : «La place du Nord fera un très bon effet lorsque
le pont projeté sera fini.» Cette place du Nord (actuelle place Gustave-Adolphe)
fait partie à l’époque des faubourgs, déjà largement habités, où l’on trouve
notamment le Théâtre royal. Mais il faudra attendre 1797 pour que ce pont
attendu, Norrbro, soit enfin ouvert et que l’on puisse placer en grande pompe
la statue du roi, coulée par le sculpteur français Pierre l’Archevêque et qui
patientait depuis quarante ans…
Ces faubourgs, si difficiles d’accès avant la fin du XVIIIe siècle, sont

Un exemple d’accrochage réussi : Magnus Ek, à côté de Bjorn Frantzén, Niklas


la grande exposition Duchamp Ekstedt ou Mathias Dahlgren, fait partie d’une
en 2013 au Moderna Museet. nouvelle et brillante génération de chefs suédois.

MODERNA MUSEET
TEMPLE DE L’ART DU XXe SIÈCLE
En 1966, Niki de Saint Phalle y avait monté une exposition
qui avait fait des vagues. On y entrait dans une « cathé-
drale », immense femme couchée de vingt-huit mètres, par
le vagin. Principale institution d’art moderne en Suède, le
Moderna Museet a été inauguré en 1958 mais il descend
des collections royales, ouvertes au public dès 1792, un an
avant le Louvre. Il dispose depuis 1998 d’un nouveau bâti-
ment dessiné par l’architecte espagnol Rafael Moneo et,
depuis 2009, d’une antenne à Malmö. À côté d’œuvres de
Duchamp, Chagal… les collections présentent des artistes
scandinaves comme Kjartan Slettemark, ou Oyvind Fahlström
(1928-1976). www.modernamuseet.se

77
L’ART CONTEMPORAIN N’EST PAS RÉSERVÉ AUX HAPPY FEW :
ON LE RENCONTRE AU MUSÉE MAIS AUSSI DANS LE MÉTRO…

CULTURE devenus le cœur actuel de la ville, la « City ». C’est là que l’urbanisme des
années soixante s’est déchaîné pour produire des constructions tenues alors
Artipelag, un musée-île en haute estime, barres et immeubles en hauteur. Entre les rues Vasagatan,
Björn Jakobson (né en 1934) est bien moins connu que la dynastie Klarabergsgatan et Drottninggatan, les quadrillages de verre et de béton ont
des Wallenberg ou que le fondateur d’Ikea. Il fait pourtant partie remplacé l’ancien quartier au nom si poétique de Klara, qui ne survit que
de ces entrepreneurs suédois bénis par le succès. Lui est devenu dans les souvenirs nostalgiques des vieux habitants. C’est l’époque où dis-
multimillionnaire en inventant le porte-bébé… Plutôt que de paraît la tour téléphonique d’Ericsson, tout en métal, les grands magasins
cacher ses bénéfices dans un paradis fiscal, il a choisi de réin- Sidenhuset, le théâtre Blanche, le vénérable Hôtel anglais, ne laissant guère,
vestir sa fortune dans des projets socio-culturels. Le plus visible au milieu des décombres de sept cents bâtiments, que la masse de brique
est le centre d’art Artipelag, ouvert en 2012 sur Hålluden, une
de l’église Sainte-Claire. Dans un pays consensuel comme la Suède, on n’ima-
île de l’archipel de Stockholm, à vingt kilomètres à l’est de la
gine pas l’opposition qui s’exprima alors. Des manifestants campèrent et
capitale. Le plus judicieux est d’y arriver en bateau (navettes sus-
pendues en hiver) pour découvrir cette étonnante construction grimpèrent dans les vieux ormes pour empêcher leur abattage. La police
de béton, de bois et de verre, qui fait corps avec la nature. Conçu intervint le 11mai 1971, chargeant à cheval et distribuant des coups de matraque.
par l’architecte Johan Nyrén (1947-2011), l’immense bâtiment L’affrontement a été immortalisé dans la décoration de la station de métro
accueille des expositions temporaires (jusqu’en mars 2016, sur Kungsträdgården… Aujourd’hui, les échos des combats se sont tus et ce nou-
le monochrome), un restaurant bio, une boutique de design, une veau Stockholm a trouvé son public. Il est symbolisé par les grands maga-
grande salle de concert. Et incite à la promenade sur les vingt- sins Åhléns, par la place Sergels Torg où s’élèvent le totem de verre d’Edvin
deux hectares de l’île, sous les grands pins. www.artipelag.se Öhrström, qui troue la nuit de son halo lumineux, et la Maison de la culture
(Kulturhuset). Ce centre pluridisciplinaire, l’un des plus grands d’Europe,
accueille six bibliothèques, des auditoriums pour le théâtre et le cinéma, une
compagnie de danse en résidence, des salles d’exposition. Sorte de Beaubourg
suédois, long bandeau de béton et de verre dessiné par Peter Celsing, il
propose quatre ou cinq spectacles par jour et attire près de dix mille visi-
teurs. Dont certains passionnés du Lunch Beat Dance lorsqu’il s’y tient (ce
phénomène suédois lancé en 2010 – danser entre midi et treize heures). Une

Les impressionnants volumes Les vertigineuses chaises volantes du parc


intérieurs d’Artipelag, centre d’art d’attractions Gröna Lund. À 120 mètres de
posé depuis 2012 sur une île hauteur, on tourbillonne à 70 kilomètres à
de l’archipel de Stockholm. l’heure : pas le temps d’admirer la ville !

GRAND HUIT
NOSTALGIE DU LUNA-PARK…
Les Scandinaves ont su conserver quelques parcs d’attrac-
tions à l’ancienne, en pleine ville, comme le Tivoli de
Copenhague, qui attire quatre millions et demi de personnes
par an ou le Liseberg de Göteborg (trois millions). Stockholm,
avec son Gröna Lund, est un peu plus loin dans le classe-
ment (un million et demi). Situé dans Djurgården, à côté du
musée en plein air de Skansen, c’est l’un des plus anciens
parcs d’Europe (il a été créé en 1883). Il propose des mon-
tagnes russes (ici appelées Katapulten, avec une vitesse de
pointe de soixante kilomètres à l’heure), des maisons han-
tées, toboggans et autres tunnels de l’amour. La tour Éclipse,
avec ses chaises volantes, est l’image emblématique du parc.

78
WEEK-END
SUÈDE

À Kungsträdgården, l’œuvre
d’Ulrik Samuelson, sur le thème
de l’Atlantide, rappelle aussi le
combat pour sauver les vieux ormes
au-dessus de la station, en 1971.

UNDERGROUND - L’art dans le métro


Un réseau de cent dix kilomètres et cent stations pour lancer un vaste programme de décoration. En 1957, en ombres chinoises bleu nuit de Per Olov Ultvedt,
sept lignes, mis en service en 1950 : le métro de l’année où six de ses tableaux, en route pour la les bancs en céramique de Egon Möller-Nielsen ou
Stockholm, le seul de Suède, est jeune mais très Biennale de São Paulo, brûlent sur un bateau, Nilsson les sculptures abstraites de Torsten Treutiger. L’élan
emprunté (près d’un million de voyageurs par jour). réalise sa première commande pour la station T- n’a jamais cessé et le catalogue est désormais déme-
Et il a l’audace de sa jeunesse : il est considéré comme Centralen : des piliers en mosaïque. Siri Derkert suré, comprenant aussi bien les tulipes géantes de
le plus artistique au monde. La quasi-totalité de ses (1888-1973), autre femme artiste de premier ordre, Birgitta Muhr à Högdalen, que l’ambiance de caverne
stations possède une œuvre d’art – fresque, sculp- de tendance expressionniste, fera parler d’elle produite à Solna Centrum par le badigeonnage cou-
ture, mosaïque ou installation. Le mouvement a com- quelques années plus tard dans la station leur latérite d’Anders Åberg et Karl Olov Björk, les
mencé très tôt. Sous l’influence de l’artiste Vera Östermalmstorg. En pleine guerre froide, dans ce fausses ruines antiques d’Ulrik Samuelson à
Nilsson (1888-1979), grande voyageuse (Paris, souterrain conçu comme véritable abri atomique, elle Kungsträdgården ou les lampadaires entortillés de
Espagne, Italie, URSS des années trente), apôtre d’un gravera sur les murs des noms de héros féministes Carin Ellberg à Stureby. Parmi les plus récentes inter-
art social (elle décora des écoles et prit position pour (Sapho, Simone de Beauvoir) et des slogans paci- ventions, Berndt Helleberg a plaqué les ocres de la
le camp républicain dans la guerre civile espagnole), fistes. T-Centralen, la plus grande du réseau, a grotte d’Altamira à Hornstull. De quoi mettre de la
les deux principaux partis se mettent d’accord pour accueilli d’autres interventions comme les fresques couleur dans les courtes et froides journées d’hiver…

79
Les ruelles pavées de la vieille ville
sont la partie la plus touristique de
Stockholm. C’est là que se trouve la
cathédrale (dont on voit le clocher
au fond), qui possède à l’intérieur une
somptueuse statue de saint Georges
et le dragon, datant du XVe siècle.
GAMLA STAN, LA VIEILLE VILLE, N’ABRITE PLUS
QU’UNE FRACTION DES 900 000 HABITANTS MAIS
A CONSERVÉ TOUT SON POUVOIR PHOTOGÉNIQUE
LA SUÈDE, C’EST VOLVO, ERICSSON, SKF, IKEA MAIS AUSSI ABBA,
QUI FUT UN TEMPS LE PREMIER PRODUIT D’EXPORTATION !

MYTHIQUE - Abba forever


Abba ? Juste un épiphénomène suédois, qui a vendu Polar Music, et rafle la mise à l’Eurovision avec Waterloo. piano de Benny. Exposé comme une relique maximale,
près de quatre cents millions de disques. Et qui, des Jusqu’en 1982, ils connaîtront un succès planétaire. il est toujours disponible si le compositeur, décide
années après sa dissolution (en 1982), a encore réussi Le musée retrace cette décennie extraordinaire avec de faire une apparition éclair : peut-être pour ses
à captiver cinquante millions de spectateurs avec la force musique et images, en privilégiant les installa- soixante-dix ans, le 16 décembre 2016 ? Le passage
comédie musicale Mamma Mia. Les quatre composants tions interactives : karaoké à tous les étages et dance par la boutique est évidemment inévitable : tous les
du groupe sont ici connus par leur prénom : Agnetha, floor pour se déhancher comme à la grande époque CD sont disponibles, ainsi que des tee-shirts de toute
Benny, Björn, Frida. Tout commence en 1966 au Folkpark disco ! L’intimité de l’île de Viggsö, où les deux couples, espèce, des mugs, magnets et porte-clés qui encom-
ou les deux hommes, Björn Ulvaeus et Benny Andersson, beaux comme des cœurs, se ressourçaient et compo- breront votre frigo et vos étagères, et de la docu-
à peine âgés de vingt ans, font connaissance. Trois ans saient, est évoquée, tout comme certaines questions mentation écrite pour les plus intellos. Et pour ceux
plus tard, ils rencontrent leurs partenaires en musique délicates traitées en filigrane – notamment le passé qui n’arrivent vraiment pas à décrocher de l’univers
et dans la vie : Agnetha Fälkstod et Anni-Frid Lyngstad. de Frida, fille d’une Norvégienne et d’un soldat nazi, Abba, les concepteurs du musée ont prévu un hôtel-
Ce n’est qu’en 1974 que le groupe, accolant les ini- qui porta longtemps cette naissance comme un stig- restaurant, le Pop House, dans le même bâtiment.
tiales de leurs quatre prénoms, se baptise Abba, sous mate. À côté des costumes de scène, des disques
la férule avisée de Stig Anderson, leur producteur de d’or et de la reconstitution du Polar Studio, voici le www.abbathemuseum.com

82
WEEK-END
SUÈDE

Sur le dance floor de l’Abba


Museum, les visiteurs sont invités
à pousser la chansonnette en
compagnie du célèbre groupe.

vocation culturelle qui n’était pas la sienne à l’origine : au moment de son FOURNEAUX
inauguration (1974), le Kulturhuset était le très sérieux siège du Parlement
suédois. La Suède à table
La ville a su cependant garder de vrais poumons verts, comme le Le plus grand cuisinier du moment est danois, René Redzepi. Dans
Humlegården où les rois favorisèrent autrefois la culture du houblon, le jardin la chevauchée des Nordiques, la Suède joue un rôle non négli-
qui entoure l’Observatoire et la Bibliothèque municipale, ou encore l’île de geable. Magnus Ek vient d’obtenir sa deuxième étoile Michelin
Djurgården qui, avec ses dix kilomètres de littoral, a gardé un côté bucolique. (voir encadré) et Magnus Nilsson, à peine trentenaire, qui fut
Le Skansen, cet écomusée qui accumule les typologies de bâtiments tradi- sommelier à l’Astrance à Paris, est la coqueluche du moment.
tionnels, déménagés depuis leurs landes éloignées et remontés sur place, y Son restaurant-auberge, isolé dans les steppes perdues de Laponie
à mille kilomètres de Stockholm, est devenue le but de pèleri-
a des airs de grand village. C’est dans les eaux de Djurgarden qu’eut lieu un
nage des gastronomes voyageurs. Dans le quotidien, que man-
événement marquant de l’histoire suédoise. Ce 10 août 1628 devait être un
gent les Suédois ? Évidemment du poisson avec le gravlax (saumon
grand jour : la fierté de la marine suédoise, le Vasa, un navire de guerre de mariné à l’aneth) ou l’omniprésent hareng (à demander frit, stekt
soixante-neuf mètres de long, pesant mille deux cents tonnes, devait être strömming, à un kiosque de rue). Mais tout aussi populaires sont
lancé devant le roi, avec ses soixante-quatre canons et ses quatre cent qua- les boulettes de viande, les köttbullar, à marier aux airelles, et
rante-cinq hommes d’équipage. Tout n’alla pas exactement comme prévu. les incontournables pommes de terre (accompagnées d’anchois,
Tout à fait le contraire, à vrai dire : le navire, mal conçu, mal équilibré, trop d’oignons et de crème fouettée dans les délices de Jansson). Du
lourd et trop haut, fut désarçonné par une puissante rafale de vent. Il gîta, côté sucré, aucun Suédois recommandable n’accepterait une
embarquant des tonnes d’eau et coula à pic en quelques minutes, englou- matinée sans kanelbullar, la petite brioche à la cannelle…
tissant une cinquantaine d’hommes. Ce qui dit assez la profondeur sournoise
des eaux urbaines est qu’on égara plusieurs fois la trace de l’épave.
L’archéologue Anders Franzén l’identifie finalement en 1956. En 1961, trois
cent trente-trois ans après son naufrage, soulevé par de puissants treuils,
le Vasa sortait enfin de l’eau, faisant son premier et dernier voyage jusqu’à
son nouveau point d’attache, à quelques mètres de son chantier d’origine…
Parler d’épave est exagéré : le Vasa, admirablement conservé (le taret

La sublime rotonde de la Bibliothèque Du hareng mais pas que ! La


municipale, dessinée en 1928 par Gunnar gastronomie suédoise a bien d’autres
Asplund : 24 mètres de diamètre, poissons à offrir mais aussi du renne,
26 mètres de haut et 40 000 livres. des baies, des herbes aromatiques…

BIBLIOTHÈQUE
STADSBIBLIOTEKET,
UN MONUMENT
La grande salle des prêts, en rotonde, avec ses rayonnages
montant haut, est une vision que l’on n’oublie pas : la biblio-
thèque municipale de Stockholm (Stadsbiblioteket, sur
Odengatan) est assurément l’une des plus belles du monde.
Elle a été achevée en 1928 par la star du modernisme sué-
dois, Gunnar Asplund (1885-1940), qui a également laissé
le cimetière de Skogskyrkogarden, inscrit au patrimoine de
l’Unesco ou l’hôtel de ville de Göteborg. La bibliothèque,
qui conserve deux millions de volumes, est désormais à l’étroit
mais le projet d’extension, remporté en 2007 par l’architecte
allemand Heike Hanada est pour le moment suspendu.

83
LA TRADITIONNELLE DOUCEUR DE VIVRE À LA SUÉDOISE
A INTÉGRÉ LA PENSÉE ÉCOLOGIQUE LA PLUS RÉCENTE

ÉCO-QUARTIER commun, qui ronge les vieilles coques, aime les eaux salées et pas saumâ-
tres et l’a donc laissé en paix), semble neuf. Il a été efficacement vidé de
Hammarby Sjöstad en pointe son eau, remplacée par du polyéthylène glycol, et restauré avec toutes les
Au sud-est de Stockholm, Hammarby Sjöstad n’était pas autre- sculptures repêchées du fond. Son apparition, dans la salle sombre du
fois la terre promise qu’il est devenu. Cet éco-quartier d’avant- Vasamuseet qu’il emplit de sa masse, est l’une des émotions que l’on envie
garde accueillait des entrepôts et des usines (notamment la aux néophytes de Stockholm. On croirait le galion de Pirate des Caraïbes ou
grande bâtisse Luma, où l’on produisait des ampoules électriques). le bateau fantôme du Hollandais volant…
Ce n’est qu’en 2002 que sa mue s’est incarnée dans ce projet Une étude de 2015, commandée par la Chambre de commerce de Stockholm,
mêlant constructions « humaines », récupération de l’énergie montre que la ville affiche le taux de croissance démographique le plus rapide
consommée, transports publics efficaces et non polluants (notam- d’Europe. L’échec de sa candidature aux Jeux olympiques de 2012 (dont l’or-
ment un tramway). Le chantier a dû sa naissance à la candida-
ganisation aurait permis de fêter le centenaire de ceux de 1912) n’a pas
ture de Stockholm pour les Jeux olympiques de 2012. Tentative
entamé son dynamisme. Elle devrait voir sa population augmenter de onze
sans succès mais qui a accouché de la reconversion de cette
ancienne friche portuaire. Filtrage et récupération des eaux de pour cent d’ici 2020, passant de neuf cent mille à plus d’un million d’habi-
pluie (avec toits végétalisés), réseau enterré de transport de tants – et pas uniquement par l’afflux de migrants. Cette poussée pose le
déchets sous pression et sous vide, promenades-pontons en problème du logement. Selon les indicateurs, le prix du mètre carré dans le
bois sont quelques-unes de ses caractéristiques. Devant accueillir centre dépasse désormais neuf mille euros – plus élevé qu’à Paris. Ce qui
à terme vingt-cinq mille habitants, il est devenu un objectif de explique que la movida se soit déplacée vers la périphérie. Les quartiers
visite pour les adeptes du développement durable. actuellement les plus dynamiques sont au sud, après Gamla Stan. Södermalm,
où l’on n’aurait pas mis le pied il y a dix ou quinze ans, par peur des dealers
ou des vagabonds, est devenu une scène alternative incontournable. C’est
là qu’a été installé, dans un ancien bâtiment douanier de 1906, le plus beau
musée de la photographie d’Europe (Fotografiska). C’est aussi là qu’ont pris
racine les meilleurs clubs, discos, restaurants et friperies à la mode. Au sud
de Folkungagatan, le hype a même pris un nom californien, Sofo, imitant le
Soma de San Francisco. Stockholm, dernière frontière ?

Les pieds dans l’eau et dans la verdure Le salon du Ett Hem : un beau
pour un développement durable : poêle au coin et, sur les murs, un
Hammarby Sjöstadt est un quartier gris typiquement gustavien qui
à la pointe de l’écologie en Europe. évoque le XVIIIe siècle.

BOUTIQUE HÔTEL
ETT HEM, LUXE CHIC
Une belle maison bourgeoise de 1910, qui fut autrefois une
ambassade, bâtie de briques, avec ses toits pentus et ses
bordures de cuivre, dans un quartier calme mais un peu
excentré. Pour les amateurs, le sacrifice du déplacement
n’est pas démesuré car ce boutique-hôtel dégage une vraie
atmosphère. Conçu par la décoratrice anglaise Ilse Crawford
à la demande de la propriétaire qui voulait conserver l’es-
prit des lieux, il fleure bon le chez soi (avec une belle biblio-
thèque, des fauteuils moelleux) mais aussi la décoration la
plus contemporaine, dans des harmonies de crème, doré,
blanc cassé. Un petit jardin intime, un service aimable ren-
forcent l’impression d’intimité. www.etthem.se

Guide pratique page 89.


84
WEEK-END
SUÈDE

Elle a échappé de peu au couperet


des années soixante : la piscine du
Centralbadet, ouverte en 1904, est
un chef-d’œuvre du style Liberty.

GRAND BAIN - Centralbadet, un plongeon Art nouveau


On le sait, dans les cultures scandinaves, l’art du bain dans le genre. Pourtant, comme pour beaucoup des thérapie, bains Kneipp, solarium, cours de yoga et
est un phénomène de haute culture. Et l’on ne parle icônes du premier XXe siècle, le boom immobilier des de gymnastique sportive. Les fervents ne recon-
pas que de sauna… En plein cœur de Stockholm, à années soixante faillit être fatal à Centralbadet. naîtront plus dans ce rendez-vous chic la piscine où
cent mètres de l’endroit où fut assassiné Olof Palme, Vieillissant, moins fréquenté, il est racheté par la s’entraînait Arne Borg (1901-1987), le champion aux
le Centralbadet est un établissement de bains créé mairie qui envisage de le démolir pour faire de la trente-deux records du monde et quintuple médaillé
en 1904. Il porte parfaitement la marque de son place à des besoins plus pressants : des barres d’im- olympique, ni celle où le flic Beck se changeait les
temps : c’est un bijou Art nouveau. Dessiné par l’ar- meubles. Sauvé in extremis, repris par des entre- idées dans son enquête sur le meurtre du policier
chitecte Wilhelm Klemming (1862-1930), il est le preneurs privés dans les années quatre-vingt, il est Nyman (dans Un flic sur le toit, de Bo Widerberg,
premier édifice suédois à utiliser une technique fran- finalement rénové en perdant au passage une partie tourné en 1976). Mais la défense du patrimoine est
çaise : le béton armé de Hennebique. Klemming avait de son cachet. Mais l’essentiel est sauvé : le grand parfois à ce prix et l’on oubliera ces broutilles en se
commencé dans le métier en prenant le contrôle d’une bassin aux voûtes courbes, les promenoirs en bois, rassasiant d’une impeccable nourriture bio au res-
piscine qu’il construisait à la fin des années 1880, les volutes florales, les verrières. Il s’est adapté taurant Ecobaren, où les légumes sont protégés par
lorsque son propriétaire, acculé à la faillite, s’était aux besoins du XXIe siècle : bassins à toutes les tem- une cuisson à basse température (42 °C)…
enfui aux États-Unis… Il se spécialisera avec succès pératures, vapeur, spa, hydrothérapie et lumino- www.centralbadet.se

85
www.grands-reportages.com
SUIVEZ-NOUS SUR LE SITE DE GRANDS REPORTAGES
TOUTES LES INFOS POUR PRÉPARER SON VOYAGE

Suivez-nous également sur Facebook


www.facebook.com/grands.reportages

et sur Twitter
twitter.com/GrandsRep
BONS PLANS
TOUS LES CONSEILS ET INFOS PRATIQUES
POUR PRÉPARER SON VOYAGE

DÉPART IMMÉDIAT

DÉPART IMMÉDIAT
L’Iran qui s’ouvre, le Botswana moins onéreux, une année 2016 orientée
sur la gastronomie en Irlande… Les nouveautés voyage sont au menu
de ce début de saison. Et on aurait bien tort de ne pas en profiter !

Salon du randonneur : Xe édition !


Les 18, 19 et 20 mars 2016, le Salon
POUSSEZ LA PORTE DE L’IRAN de la randonnée à pied, à cheval et à
Si le tourisme était timide en Iran, pour ne pas dire fermé après douze ans vélo se tiendra à la Cité internationale
de tensions internationales, il se trouve aujourd’hui facilité depuis les accords de Lyon. Première activité physique
de juillet2015. Du coup, les agences veulent remettre en avant l’attractivité de France en nombre de pratiquants,
et la population chaleureuse du pays de l’émeraude et de la rose. De Persépolis le succès de la « rando » sous toutes
ses formes ne cesse de grandir. Ce
à Téhéran en passant par Ispahan, les paysages foisonnent de diversité.
salon propose de faire découvrir
Oasis, vallées fertiles, déserts, villes chargées d’histoire et mosquées cha-

BONS PLANS
les nouveautés de ses nombreuses
toyantes composent l’Iran. Un conseil, faites votre demande de visa plusieurs pratiques. Du randonneur du dimanche,
semaines à l’avance selon la durée de votre séjour, car la démarche est stricte au passionné de trek du bout du
et l’obtention souvent longue. Toutefois, un court visa de tourisme s’obtiendra monde, chacun y trouvera des idées
lui facilement à l’aéroport. De même, mieux vaut bien se renseigner sur les d’exploration sportive ou de détente.
La mosquée Cheikh Lotfolah, règles de vie en usage sur place (port du foulard pour les femmes, inter- www.randonnee.org/le-salon-
diction stricte de l’alcool…). En 2016, la Maison des orientalistes propose du-randonneur/
à Ispahan. Merveille entre les
merveilles… © Franck Charton une foultitude de voyages sur place.
Venez manger irlandais (si si).
Plus d’infos ici : www.maisondesorientalistes.com Une bonne raison de visiter l’Irlande du
Nord cette année : 2016 a été désignée
« Année de la Gastronomie ». Le pays
LE BOSTWANA À L’UNESCO SAVEURS INDIENNES EN PLEIN VOL fait donc déguster ses spécialités tout
au long de l’année, avec douze thèmes,
Il est l’un des pays d’Afrique les plus prospères malgré Le service Premium de Jet Airways plonge ses voyageurs dans la tra- un pour chaque mois, du « petit déjeu-
les fortes difficultés de ses voisins frontaliers. Le Botswana, dition indienne avant même d’y avoir posé le pied ! La première com- ner » de janvier jusqu’au « Noël et ses
terre extrêmement aride, tente de diversifier ses res- pagnie internationale de l’Inde vient en effet de s’offrir les services produits haut de gamme »… l’occa-
sources économiques, basées essentiellement sur l’ex- d’Yves Mattagne, chef deux étoiles au Guide Michelin, pour concocter sion de faire tomber quelques a priori.
traction de diamant. Son tourisme, encore peu développé les plats traditionnels servis à bord. Plaisir de déguster des saveurs
Attention, givré ! Un peu lassés des
en dehors des safaris luxueux, offre pourtant de nom- d’ailleurs à 10 000 mètres d’altitude avec une carte typique, mais aussi
randos classiques, du vélo ou de la
breuses surprises telle que le delta de l’Okavango, devenu internationale ! Par ailleurs, la compagnie privée poursuit le dévelop-
raquette… ? Cet hiver, c’est le Ice
l’année dernière le cinquantième site inscrit au Patrimoine pement de sa liaison entre Mumbai et Paris-CDG, inaugurée en mai2014. Trek, ou « rando en patins à glace »,
mondial de l’Unesco. Certaines agences proposent des Un an plus tard, la ligne était déjà passée à deux trajets par jour et affi- qu’il faut tester. Le concept : découvrir
excursions moins onéreuses que les grands safaris et chait des taux de remplissage moyen de 75 %. Ses efforts se portent les paysages gelés de Suède et de
surtout, basées sur l’écotourisme. C’est le cas de l’agence aujourd’hui sur le confort des passagers et sur leur accompagnement. Finlande en itinérance, mais surtout,
«Essentiel Botswana» qui propose des séjours à thèmes Depuis juillet 2015, deux interprètes français accueillent les passagers en patins en glace ! Des séjours et
tels que : « ornitho », « littérature » ou encore « photo- à leur descente de l’avion, pour les guider dans leurs correspondances, excursions sont proposés pour tous
graphie », tout au long de l’année. leur obtention de visa indien ou leur découverte de la ville. les niveaux (débutants compris) par
l’agence Ice Trel Travel.
www.essentiel-botswana.fr Plus d’infos sur www.jetairways.com www.icetrektravel.com

87
+ d’actus sur www.grands-reportages.com/actualites Rubrique réalisée par FANNY CHATCHATE
GUIDES PRATIQUES
GUIDES PRATIQUES

MÉMO
7 Air Canada opère un vol par jour entre Paris et
Montréal pendant l'hiver, puis 2 à partir de mars 2016.
Une liaison Lyon-Montréal doit également voir le jour
en 2016. A/R Paris-Montréal à partir de 427 € TTC.
Tél. 0 825 880 881 - aircanada.com

7 Conseils aux voyageurs


Tourisme Québec pour la France :
Tél. 0800 90 77 77 (ligne directe 7j/7 de 15 h à 23 h)
www.bonjourquebec.com/fr
7 Centre infotouristique de Montréal

QUÉBEC
1255 Rue Peel, Montréal - Tél. 00 1 514 873 2015
7 Centre infotouristique Québec
12 Rue Sainte-Anne, Quebec City
BONS PLANS

Tél. 00 1 418 641 6290

Les bonnes adresses de nos journalistes Bernadette Gilbertas et Olivier Grunewald 7 Guide du Routard, Québec, Ontario et provinces ma-
ritimes, 2015-2016.
dans la Belle Province. Pour boire un verre, dormir ou vous restaurer, à Montréal, 7 Griffintown de Marie-Hélène Poitras, polar dans le
milieu des conducteurs de calèches de Montréal…
à Québec ou le long du fleuve Saint-Laurent. vus comme des cow-boys urbains, Éditons Alto, 2012.
7 Tas-d’roches, roman de Gabriel Marcout Chabot,
Chronique véridique du village de Saint-Nérée, où le
ciel est plus clair qu’ailleurs. Écrit en français, vieux
français et parlé québécois… Éditions Druide, (2015).
SE LOGER 7 Café Saint-Malo. Pour déjeuner ou dîner, non
loin de l’âtre de la grosse cheminée, quand le froid
SE RESTAURER devient trop présent, dans un décor où tous les
tableaux évoquent la vieille France pour se régaler
d’une cuisine traditionnelle française. Ambiance VOYAGISTE
7 Le Paltoquet pour boire un coup, le matin pour chaleureuse garantie. Plat à partir de 12 €.
ces délicieux croissants (les meilleurs de toute 75 Rue Saint-Paul, Québec – Tél. + 1 418 692 2004 7 Voyageurs du monde. Sortir des sentiers battus,
l’Amérique du Nord) et chocolat chaud onctueux, imaginer son itinéraire hivernal, concevoir son
à midi pour des quiches salades copieuses ou l’après- voyage, solliciter de judicieux conseils… Il suffit
midi pour se damner avec un Paris-Brest, mille- 7 Hôtel Le Germain. À ne manquer sous aucun pré- d’en confier la réalisation à ce spécialiste du sur
feuille, poire-caramel ou autres sublimes pâtisseries, texte. Nommé La Ferme à son ouverture en 2011, il mesure. Sinon, Voyageurs du Monde propose un
le tout dans un troquet comme on n’en trouve encore est reconnu comme le «plus beau design au monde ». Séjour trappeur au Québec de huit jours. Au pro-
rarement dans les campagnes françaises. Charme campagnard, modernité, architecture épurée, gramme : traîneau à chiens, raquettes, ski de fond,
Tél. +1 514 271 4229 1464, av. Van Horne, Outremont. design original comme un clin d’œil à l’immense glissades dans le grand blanc de l’Outaouais avant
ferme qui s’activait autrefois sur le site, font de de se couler dans la torpeur du spa d’une auberge
l’hôtel Le Germain un lieu chaleureux et hors du en bois rond et finir par une escapade à Montréal,
7 Fairmont Le château Frontenac. On n’y est jamais commun. Chambre double à partir de 165 €. royaume du shopping et des Spas nordiques. À
tout seul, le lieu est si touristique ! Mais difficile de Tél. +1 418 240 4100 partir de 2 700 €/pers.
résister au charme du lieu et à la curiosité de dormir www.legermainhotels.com/fr/charlevoix/ 55 rue Saint-Anne, 75002 Paris
dans le château de la Belle au Bois dormant… Le 7 Restaurant Les labours (sans sortir de l’hôtel Saint- Tél. 01 84 17 57 98 – www.voyageursdumonde.fr
décor et le confort des chambres sont à la hau- Germain). Dans sa cuisine ouverte au milieu de la salle,
teur de la notoriété du lieu ; l’établissement et ses le chef et son équipe concoctent des plats frais, offrant
611 chambres s’étant refait une beauté. à voir et sentir tout le terroir du Charlevoix.
Chambre double à partir de 160 €. Tél. +1. 418. 240. 4700 – www.legermainhotels.com
1 Rue des Carrières, Québec - Tél. +1 418-692-38611 7 Auberge du Ravage, Pourvoirie du lac Moreau. BONS PLANS
www.fairmont.fr/frontenac-quebec Chambre double en demi-pension à partir de 250 €,
7 Relais-Château de l’Auberge Saint-Antoine. dans le confort d’une maison en bois rond. Au pro- 7 S’immerger dans la culture de l’une des
Les murs et la décoration de cette belle et ancienne gramme : pêche, été comme hiver, en expérimen- Premières Nations du Québec. Les populations
bâtisse nichée dans le Vieux-Port, qui fut au tant la glace épaisse des lacs, canots-camping, autochtones du Québec ne vivent plus depuis bien
XIXe siècle un entrepôt maritime, racontent l’his- randonnées sur les sommets des Laurentides. longtemps sous un tipi, c’est un fait connu. Mais
toire de la ville, de ses marchands, du va-et-vient Saint-Urbain – Tél. +1 418 665 4400 sait-on seulement qu’elles connaissent une croissance
des bateaux. www.lacmoreau.com démographique soutenue et vivent pour moitié en
Chambre double, petit déjeuner inclus dans le for- 7 L’Orange Bistro. Membre de la Route des Saveurs, milieu urbain ? C’est le cas de la communauté amé-
fait couette et café : 205 €. l’Orange Bistro et son chef Mario Jean travaillent rindienne autonome de Wendake installée sur les rives
Tél. +1 418 692 2211 – www.saint-antoine.com avec passion les produits régionaux comme le de la rivière Akiawenrahk, à 15 minutes en voiture du
7 Panache, le restaurant de l’Auberge Saint- célèbre Veau de Charlevoix, les fromages Le centre de Québec. Source d’emploi et de développe-
Antoine. Pourquoi ne pas rester le soir, pour appré- Fleurmier et Le Migneron de Charlevoix, les légumes ment culturel, la communauté a eu l’idée de conce-
cier la cuisine de terroir, faite d’innovation, de frais des Jardins du Centre et des Serres Lacoste, voir et de gérer un établissement original, au design
produits frais, de sophistication, de belles saveurs le Canard de la Ferme Fortin, les cidres des Vergers élégant et ethnique, un hôtel-boutique inspiré de l’ha-
tout en contemplant le fleuve charriant ses glaces. Pedneault et bien d’autres. bitat traditionnel des Hurons-Wandat, construit autour
Tél. +1 418 692 1022 29, rue Ambroise-Fafard, Baie-Saint-Paul d’un musée de la culture du peuple wendat. Une expo-
www.saint-antoine.com/fr/restauration Tél. +1 418 240-1197 – www.orangebistro.com sition permanente sur l’art des Premières Nations

88
permet de découvrir l’histoire, les traditions du peuple 7 Hôtel-Musée des Premières Nations. Chambre devant les étendues de la toundra du grand nord.

GUIDES PRATIQUES
wendat. Le soir, tout en savourant un thé du labrador double avec petit déjeuner dans l’hôtel-boutique, Une préférence pour le sentier de la Chouenne qui
et un pain banique autour d’un petit feu crépitant dîner et visite du musée à partir de 112 €. mène au mont du Lac-des-Cygnes. Il domine le
dans la maison-longue traditionnelle, le gardien des Tél. + 1 418 847 2222 – www.hotelpremieresnations.ca Charlevoix du haut de ses 980 mètres et offre une
trois feux raconte les mythes et légendes des Iroquiens, 7 En raquettes dans le Parc national des Grands vue grandiose sur le cratère météorite du Charlevoix,
qui peupleront bientôt les rêves des hôtes qui auront jardins. Grand froid, belle neige ? C’est le moment jusqu’au fleuve Saint-Laurent. (12 kilomètres environ,
souhaité rester y dormir. de chausser une paire de raquettes, de grimper sur avec une dénivelée de 600 mètres en moyenne).
Le restaurant de l’hôtel-boutique, La Traite, sert les hauteurs du massif de Charlevoix en parcourant Location des raquettes et informations :
une cuisine de terroir délicate, saumon, bison, omble les nombreux sentiers qui sillonnent ses paysages Centre de services du mont du Lac-des-Cygnes.
chevalier, pintade agrémentée de baies locales et sauvages dans l’éclat du grand blanc, en quête du Route 381, KM 21. Saint-Urbain-de-Charlevoix.
de fines saveurs. Compter environ 35 € par per- loup, du renard et de l’orignal. Les bouleaux blancs www.sepaq.com/pq/grj/information.dot
sonne pour un menu complet. cèdent la place aux épinettes noires qui s’effacent

MÉMO

BONS PLANS
7 En avion : SAS propose plusieurs vols quotidiens de-
puis la France et la Belgique (Paris, Bruxelles et, de ma-
nière saisonnière, Nice et Biarritz) vers Stockholm.
Tél. 0825 325 335 - www.flysas.fr
7 En train : Le parcours offre une petite traversée du
continent, en passant par la Belgique, l’Allemagne et
le Danemark. Horaires et tarifs sur www.resplus.se et
www.sj.se. Formule d’abonnement de l’Eurail Scandi-
navia Pass. www.eurail.com
7 En bus : Compter 34 heures pour le parcours de
Paris à Stockholm. www.eurolines.fr
7 En voiture : Il faut prévoir un passage par ferry à l’un

STOCKHOLM
des ports allemands (Travemünde, Kiel, Rostock, etc.)
ou danois (Grenå, Helsingor, Frederikshavn, etc.) ou
prendre le pont d’Öresund, reliant Copenhague à
Malmö, inauguré en 2000 (tarif pour voiture indivi-
duelle : 48 €). www.oresundsbron.com
Pour bien appréhender la capitale de la Suède, il faut être prêt à cheminer. La
7 Ambassade de Suède en France
ville est en effet établie sur plusieurs îles, a des centres d’intérêt assez dispersés 17, rue Barbet de Jouy, 75007 Paris
Tél. 01 44 18 88 00 - www.swedenabroad.com
et possède de grands espaces verts qu’il serait dommage de négliger. 7 Institut culturel suédois
11 rue Payenne, 75003 Paris - Tél. 01 44 78 80 20
www.institutsuedois.fr
7 Office de tourisme suédois
Tél. 01 70 70 84 58 - www.visitsweden.com
SE LOGER centraux (outre celui-ci, un second hôtel, inauguré 7 Sites d’information :
www.visitstockholm.com : Actualités sur la ville et
en 2015, se trouve sur Upplandsgatan). Les cham- informations sur les formules de transport comme
7 Ett Hem. Hôtel de charme dans un quartier huppé, bres, petites, la simplification des procédures (paie- la Stockholm Card, pour un jour ou plus.
dessiné par l’architecte Fredrik Dahlberg (1857-1932). ment uniquement en carte de crédit) permettent blog.stockholmize.com : Un excellent blog sur la
créativité « Made in Sweden » et les événements
La décoration, griffée de la Britannique Ilse Crawford de garder les prix attractifs. Le lounge, spacieux, à ne pas manquer.
(Soho House à New York, boutique Sergio Rossi à est un vrai lieu de convivialité et l’hôtel, très www.facebook.com/suedetourisme
Rome), marie éléments traditionnels (table du break- connecté, propose en ligne un bon guide sur
fast, lustres, poêles, cheminée), mobilier d’avant- Stockholm et ses adresses à la mode.
7 Formalités : Pour les ressortissants de l’Union euro-
garde, œuvres d’art au mur et une bibliothèque Kungsgatan 53 – Tél. +46 (0)8 410 841 50 péenne, passeport ou carte d’identité en cours de validité.
dont on n’arrive pas à se détacher. La nourriture www.htlhotels.com 7 Décalage horaire : Même heure qu’en France et
est saine et bio et l’apéritif dans le jardin est un 7 Hôtel Kungsträdgården. Une fois passé l’écueil passage identique à l’heure d’été.
rite incontournable. Sköldungagatan 2 de la prononciation, un bel édifice historique rénové 7 Monnaie : La couronne suédoise, divisée en 100 öre.
Taux de change au 15 décembre 2015 : 1 € = 9,34 SEK.
Tél. +46 (0)8 20 05 90 - www.etthem.com en conservant le style gustavien, aux chambres par- 7 Téléphone : L’indicatif de la Suède est le 46. De
7 Nobis Hôtel. L’hôtel Nobis, dessiné par l’étude d’ar- fois petites, récemment ouvert (janvier 2015) et à Suède en France, il faut d’abord composer le 00 33.
chitectes Claesson Koivisto Rune, est le fruit de la courte distance des principaux lieux de visite. 7 Santé : Pensez à emmener la carte Vitale euro-
péenne pour d’éventuels soins sur place. En cas d’ur-
réunion de deux édifices cossus de la fin du XIXe siècle, Västra Trädgårdsgatan 11B – Tél. +46 (0)8 440 66 50 gence, appeler le 112.
la cour intérieure étant devenue un impressionnant www.hotelkungstradgarden.se/en/
jardin d’hiver. Le bel escalier en colimaçon, la récep-
tion avec son comptoir en vieil acier de la marine 7 Stockholm, Guide du routard, Hachette.
7 Stockholm, Cartoville, Gallimard.
marchande lui donnent un caractère original. SE RESTAURER 7 Stockholm, Petit Futé.
Aujourd’hui à la pointe du design, le Nobis, lorsqu’il 7 Stockholm en quelques jours, Lonely Planet.
abritait une banque, connut une autre vie : c’est là 7 Oaxen Krog & Slip. Après avoir officié pendant 7 Un grand week-end à Stockholm, Hachette.
7 Stockholm, Guide Voir, Hachette
qu’eut lieu en 1973 la célèbre prise d’otages qui vit dix-sept ans dans une île inaccessible, Magnus Ek, 7 Stockholm, Guide Vert, Michelin
les captifs compatir pour les ravisseurs – le syndrome l’un des chefs de la nouvelle génération, attentif aux 7 Stockholm, City Guide Wallpaper (en anglais)
de Stockholm était né… Normalmstorg 2-4 produits locaux, a sauté le pas et ouvert un éta-
+46 (0)8 614 10 00 - www.nobishotel.se blissement à Stockholm, récemment récompensé
7 HTL. Conçu par le groupe Scandic, une nouvelle d’une deuxième étoile Michelin. Avec son mobilier
chaîne trendy, qui propose des emplacements très vintage des années cinquante, son impressionnante

89
hauteur sous plafond et sa vue imprenable sur la le Vasamuseet (www.vasamuseet.se) qui conserve
GUIDES PRATIQUES

ville, ce vrai-faux hangar pour bateaux est devenu le fameux navire Vasa entièrement restauré, le Ceux qui aiment se faire peur suivront un Ghost
le lieu à la mode depuis son ouverture en juin2013. Skansen (www.skansen.se), un écomusée en plein Walk, qui aborde la vieille ville (Gamla Stan) sous
Beckholmsvägen 26 air, ou le Moderna Museet (www.modernamu- l’angle des meurtres, incendies et épidémies
Tél. +46 (0)8 551 531 05 – www.oaxen.com seet.se), un Beaubourg suédois. Mais la capitale et (www.stockholmghostwalk.com). Les fans du
7 Backfickan. Depuis 1962, on mange dans cette ses environs proches comptent en 2016 la bagatelle Millénium de Stieg Larsson pourront voir de près
annexe du célèbre restaurant Operakällaren (et pour de 75 musées ! Parmi nos préférés figure le les lieux cités dans le roman (www.stadsmuseum.se).
une fraction du prix) une nourriture soignée et inven- Medeltidsmuseet (musée du Stockholm médiéval, Au retour de la belle saison, les audacieux pourront
tive : harengs marinés au fromage de Västerbotten, Stömparterren – www.medeltidsmuseet.stock- s’inscrire à une balade sur les toits. Encordés, avec
soupe d’artichaut à l’omble chevalier, morue à la holm.se), récemment rouvert après une longue res- guides et mousquetons, ils marcheront au sommet
vapeur, beurre brun et radis noir. Karl XII:s torg tauration. Au milieu des vestiges des anciens de l’ancien Parlement sur Riddarholmen (www.tak-
Tél. +46 (0)8 676 58 00 – www.operakallaren.se remparts, on y a reconstitué des rues et des vandring.com), d’où on leur décrira la forêt d’édi-
7 Knut. Une adresse neuve (2013) et typique pour échoppes du Moyen-Âge. Le Sven-Harrys fices environnants.
goûter la pizza suédoise traditionnelle (tunnbröds- Konstmuseum (Eastmansvägen 10 – www.sven-
pizza), accompagnée d’airelles et de chou rouge, la harrys.se) est une folie du collectionneur du même
morue pochée à la crème de pois et aux topinam- nom, qui a voulu un bâtiment aux murs dorés. Sur BONS PLANS
bours, ou des plats encore plus exotiques comme le la terrasse a été reconstitué son manoir campa-
steak de renne et le fromage de Jämtland. Le week- gnard aux murs couverts de toiles de maîtres scan-
end, quand le restaurant est plein, les convives indi- dinaves (dont Munch). Autre ambiance de famille Södermalm, le quartier à la mode, est presque
viduels sont les bienvenus au comptoir où l’on peut au Hallwyllska Museet (Hamngatan 4 – www.hall- dépassé sur sa lisière ouest par Hornstull, la nou-
aisément engager la conversation avec son voisin. wylskamuseet.se), somptueuse demeure du velle frontière. Boire un verre dans l’une des adresses
Upplandsgatan 17 – Tél. +46 (0)8 30 40 57 XIXe siècle et incroyable pot-pourri d’art de toutes de l’immeuble penché Hornhuset (Langholmsgatan
www.restaurangknut.se les époques (30 000 objets), rassemblé par une col- 15B) ? On a le choix entre le bar latino Barrio sur la
BONS PLANS

7 Ecobaren. Après un bain dans la superbe piscine lectionneuse boulimique, Wilhelmina von Hallwyl terrasse, la Cevicheria Barranco ou le café vintage
Art nouveau de Centralbadet, on peut reprendre (1844-1930). Enfin, les amateurs de littérature feront Laika. Danser ? On pourra s’y employer au bord de
des forces avec un déjeuner végétarien dans la cour un saut au Strindbergsmuseet (Drottninggatan 85 l’eau chez Debaser (Hornstulls Strand 4). Dénicher
tranquille. Les plats sont cuits à basse température – www.strindbergsmuseet.se), installé dans l’ancien des fringues Sixties ? Toujours sur Hornstulls Strand,
pour préserver les enzymes des légumes. Des jus appartement de l’écrivain, qui semble n’avoir pas au marché dominical… Dans ce quartier encore mal
énergétiques, à base de carotte ou concombre, changé depuis sa mort en 1912. On voit encore dans famé il y a peu de temps, fleurissent également les
accompagnent parfaitement les spaghettis de cour- une penderie son costume de lin… friperies, boutiques de design et lieux inclassables.
gettes aux noix de cajou fermentées… Parmi les plus décoiffants : Tjoget, restaurant, bar
Drottninggatan 88 – Tél. +46 (0)8 24 10 81 à vin et… barbier (Hornsbruksgatan 24).
www.centralbadet.se Pas besoin d’aller très loin pour une balade nature.
7 Bagdad Café. Déjeuner dans les musées est une Il suffit d’explorer l’île urbaine de Djurgården, où
option intéressante. Dans le joli décor orientali- se trouve notamment le musée Vasa. Sur des par- 7 Entre deux visites, pourquoi ne pas s’offrir une
sant du musée des civilisations orientales cours variant de 2 à 10 kilomètres, on pourra voir séance de patin sur l’une des patinoires en plein air,
(Medelhavsmuseet), au comptoir entouré de vitrines la plus ancienne colonie de chênes d’Europe du Nord par exemple dans le Vasaparken sur Odengatan ou,
archéologiques, on propose de grandes assiettes (âgés de 500 ans), le marais d’Isbladskärret avec sa en face de l’Opéra, dans le Kungstradgården ? Pour
succulentes, avec boulgour, tajines ou salades pleines colonie de hérons, l’arboretum Nobel et différents les mordus, à Stockholm ou plus loin dans la cam-
d’épices exotiques pour un prix très contenu. bâtiments et folies, dont un pavillon de l’Exposition pagne, informations disponibles sur www.iceguide.se.
Medelhavet, Fredsgatan 2 d’art et d’industrie tenue en 1897 à Stockholm, le 7 Le ski est une autre option à envisager à
www.medelhavsmuseet.se Skånska Gruvan (qui possède un agréable café). On Hammarbybacken, derrière le nouveau quartier éco-
ne manquera évidemment pas le palais de Rosendal, logique de Hammarby, avec quatre pistes et éclai-
maison d’été des Bernadotte et véritable conser- rage électrique sur une colline construite à partir
À DÉCOUVRIR vatoire du style Empire en Suède, qui fut une de la terre déplacée lors de la construction de
construction pionnière dans le domaine du préfa- l’Ericsson Globe. La dénivelée est modeste (environ
briqué. Autour de 1820, les murs et les planchers cent mètres) mais skier en pleine ville est un luxe !
Stockholm possède des musées très courus comme furent peaufinés à Stockholm avant d’être ache- Informations : www.skistar.com.
le récent Abba Museum (www.abbathemuseum.com), minés et réassemblés sur l’île. 7 Les plus courageux pourront tenter un bain revi-
gorant en nageant sous la glace à Fredhallsbadet ou
à Hellasgarden (www.hellasgarden.se).
Hotel Nobis. © Bertrand Rieger

7 Pour avoir une vision panoramique de Stockholm,


on pourra monter au sommet de l’Ericsson Globe,
plus grand bâtiment sphérique au monde, construit
en 1983 et utilisé pour des spectacles et des ren-
contres sportives, notamment les matchs de l’équipe
nationale de hockey sur glace. Du haut de ses
130 mètres, en sécurité dans une bulle de verre, la
vision se fait périphérique. www.globearenas.se
7 Autre point de vue plongeant : depuis le sommet
de la tour de l’hôtel de ville, qui culmine à 106mètres,
mais il n’est accessible que de mai à septembre.
7 Du pont de Västerbron, qui unit les quartiers de
Södermalm et Kungsholen, on jouit d’un panorama
moins élevé, mais tout aussi éloquent.
7 Enfin, depuis les grandes baies vitrées du café de
Fotografiska, le centre de photographie installé
dans l’ancienne douane de mer, s’offre une vue
superbe sur la baie de Saltsjön.
Stora Tulhuset Stadsgardshamnen 22
www.fotografiska.eu

90
GUIDES PRATIQUES
BONS PLANS
BIRMANIE MÉMO
En pleine métamorphose, la Birmanie invite à explorer ses nouveaux territoires…
7 Élue meilleure compagnie aérienne en 2012, la
tout en prenant le temps de découvrir ses sites les plus incontournables. compagnie Qatar Airways propose un vol quotidien
vers Yangon via Doha. Service haut de gamme. Ho-
raires et connexions particulièrement commodes. Tarif
Paris Yangon aller-retour en classe économique à par-
tir de 830 € TTC.
YANGON Informations et réservations au 01 70 95 05 80 et
sur Internet www.qatarairways.com

Bien que les visiteurs ne s’y arrêtent que peu de temps, l’ancienne capitale ne 7 Ambassade du Myanmar
60, rue de Courcelles – 75008 Paris
manque pas de charme et mérite que l’on y flâne au moins une ou deux journées. Tél. 01 56 88 15 90
La Birmanie propose une nouvelle procédure simpli-
fiée par Internet pour obtenir un visa de tourisme de 28
jours en 5 jours, pour 45 € sur evisa.moip.gov.mm.

SE LOGER vendredi soir.


7 Myanmar (Birmanie), Édition Routard (2015/16), 14,95 €.
92, Strand road - Tél. (00 951) 243 377 7 Myanmar (Birmanie), Édition Lonely Planet (2014), 26 €.
SE RESTAURER www.hotelthestrand.com 7 Guide Birmanie, Édition Gallimard. Bibliothèque du
7 Au vingtième étage de la tour Sakura, le restau- Voyageur (2014), 29,50 €.
7 Governor’s residence, la Résidence du Gouveneur : rant moderne The Thiripyitsaya Sky Lounge pro- 7 Seul un livre de référence en anglais traite dans le
détail des grottes de Po Win Taung : The Cave-temples
un jardin, une piscine, une ancienne demeure histo- pose une cuisine internationale de qualité mais très of Po Win Taung, Central Burma – Architecture, Sculp-
rique, des chambres magnifiques et un service irré- coûteuse pour le pays. L’idéal est d’y boire simple- ture and Murals, d’Anne-May Chew. Éditions White
prochable. Voilà l’équation de l’hôtel le plus charmant ment un verre en fin de journée en admirant la vue Lotus, Bangkok, 2005, 311 pages.
de Yangon qui n’est pas hélas à la portée de toutes superbe sur les pagodes Shule et Shwe Dagon.
les bourses : compter entre 300 et 600 € la nuit. Compter 3 € pour un verre.
35 Taw Win Road - Tél. (+95 1) 229860 339, Bogyoke Aung San Road - Tél. (00 951) 255 277
www.belmond.com/governors-residence-yangon www.sakura-tower-yangon.com/restaurant.php ouvert de 5 à 22heures. Ticket autorisant à prendre
7 Très connu, le restaurant Khaing Khaing Kyaw pro- des photographies 5 € supplémentaires.
pose une cuisine birmane de qualité. Grande variété 7 Parmi les sites à découvrir en ville : la pagode
de plats traditionnels. Comptez 5 € pour un repas. À VISITER Sule (5 €), la pagode Chaukhtatgyi et son bouddha
N° 42(A) Parami road – Tél. (+ 95 1) 9 7300 6422 couché protégé dans un hangar (entrée libre) et
www.khaingkhaingkyawfoodcenter.com BONS PLANS le lac Kandawgyi (entrée 5 €).
7 Grand classique, le Strand n’en reste pas moins 7 Un itinéraire en boucle d’une demi-heure permet
une institution à Rangoun. Mythique, l’hôtel de style 7 Sanctuaire le plus sacré du pays, la pagode Shwe de découvrir à pied le centre-ville colonial : partir
colonial datant de plus d’un siècle accueillit les per- Dagon est à Yangon ce que la tour Eiffel est à Paris : de la pagode Sule, descendre la rue Sule Paya vers
sonnalités du monde entier comme George Orwell, un symbole incontournable ! Elle mérite que l’on y le fleuve Yangon, prendre à gauche sur Strand Road,
Oliver Stone et Mick Jagger. Compter entre 300 et flâne au moins une demi-journée pour prendre le passer devant le Law Court, continuer jusqu’à l’hôtel
600 € la nuit. Du chic et de la nostalgie à réserver temps de découvrir tous ses temples et de profiter Strand. Revenir sur ses pas et remonter la Pansodan
aux plus fortunés. Il est possible de boire un verre de la foi qui irradie toute la plateforme. Visite Street (à droite), passer devant le Telegraph Office,
au bar afin de profiter de l’atmosphère sans casser conseillée en fin de journée lorsque la ferveur retombe puis le High Court Building et prendre à droite la rue
sa tirelire. Happy hours et ambiance plus festive le doucement avec la nuit qui s’installe. Entrée 5 €. Site Mahabandoola Road pour revenir à la pagode Sule.

91
GUIDES PRATIQUES

VOYAGISTE
7 Tamera. Spécialiste de la Birmanie, ce voya-
giste propose un vaste panel de séjours afin d’ex-
plorer le pays en profondeur. Le circuit «Grande
traversée de la Birmanie» (de 13 à 31 jours entre
2 990 à 5 940 €) invite ainsi à découvrir les prin-
cipaux sites du pays (Bagan, Mandalay, le lac Inlé,
Yangon et le Rocher d’Or) mais aussi la région
de Hsipaw et Maymyo, Kakku et la région de
Loikaw, ainsi que les États Môn et Karen. «Sentiers
et ethnies des États Shan et Kayah» (17 à 20 jours,
3 720 à 3 990 €) permet quant à lui de sortir des
sentiers battus avec des randonnées à la ren-
contre des ethnies intha, pa’o, palaung et kayan
(la tribu dont les femmes sont surnommées
femmes-girafes) avec l’opportunité de franchir
© Marc Dozier

la frontière thaïe récemment ouverte dans ce


secteur. En Birmanie occidentale, le périple «De
l’Arakan vers le mont Victoria » (21 jours pour
4 260 €) permet de rencontrer l’ethnie chin dont
BONS PLANS

les femmes ont parfois le visage tatoué.


EXCURSION AU ROCHER D’OR Spécialiste des voyages consacrés aux festivals,
l’agence propose également de nombreux cir-
cuits spécifiques lors des fêtes de pagode comme
Nécessitant au moins deux journées pleines au départ de Yangon, les excursions au Rocher d’Or celle de Kakku en mars (16 jours pour 3 560 €)
ne sont pas toujours incluses dans les voyages organisés. Ceux qui ont un peu de temps, n’hésite- ou des fêtes du lac Inlé et des lumières en octobre
ront pas à l’ajouter au programme car le sanctuaire mérite la visite. Accès payant (5 €) et (16 jours pour 3 420 €), mais aussi les fêtes des
complexe : périple en voiture puis en bus communautaire et obligation de marcher au moins esprits en août (16 jours pour 3 480 €).
45 minutes. Pour profiter du coucher et du lever de soleil sur le site, il faut obligatoirement 26 Rue du Bœuf - 69005 Lyon
dormir sur place : soit à l’hôtel Golden Rock aux chambres douillettes (à partir de 100 € la nuit) Tél. 04 78 37 88 88 - www.tamera.fr
mais situé à 45 minutes du rocher d’Or à pied, soit au Mountain Top Inn aux chambres plus
simples (compter entre 90 € et 130 €) mais à seulement 5 minutes du site.

La pagode Hsin Phyu Me de Mingun


a été construite en 1816 par le roi
Bagyidaw à la mémoire de sa
première épouse la princesse
Hsinbyume. © Marc Dozier

92
Des villageois sur le lac de Sagar. © Marc Dozier
LE LAC DE SAGAR

GUIDES PRATIQUES
Beaucoup plus paisible que son voisin le lac Inlé, Sagar offre l’occasion d’une
petite escale au cœur d’une Birmanie restée très traditionnelle.

SE LOGER À VISITER
SE RESTAURER 7 Incontournable, le site de la pagode de Tharkong
constitue la principale attraction du lac. En face
7 Sur la rive du lac Sagar, le bien nommé Little Lodge sur l’autre rive à une quinzaine de minutes en bateau,
in Samkar (Le petit lodge de Samkar) est un havre le village de Samkar compte également une petite
de paix romantique qui permet de découvrir le lac. pagode récente qui abrite quatre beaux bouddhas
Confort simple. Terrasse-restaurant avec vue sur le dorés. Entrée libre.
lac. Cuisine délicieuse. Compter 70 € la chambre 7 La distillerie du restaurant Bwe Bai mérite
double par nuit. Village de Samkar. que l’on s’attarde un peu pour découvrir le processus
Tél. (00 95 61) 6 81 04 45 - (00 95 61) 4 58 04 11 46 de fabrication de l’alcool de riz, le « Jungle Saké ».
littlesamkarlodge@gmail.com Demandez à rencontrer Say Say Myo Thet Kyaw afin
7 Non loin de la pagode de Tharkong, le petit res- qu’il vous explique dans le détail le principe de dis-
taurant local Bwe Bai est fameux pour ses poissons- tillation. Compter 1 € pour une bouteille d’alcool à
chats grillés. Compter 3 € pour un plat. 25 % (la moins bonne qualité), 3,5 € pour celle à

BONS PLANS
Tél. (00 95 61) 9 49 57 84 08 40 % et 5 € pour celle à 60 %.
Village de Samkar - Tél. (00 95 61) 9 49 57 84 08

RÉGION DE
LOIKAW
À la frontière avec la Thaïlande à l’est
de la Birmanie, la région de Loikaw
permet de rencontrer les Kayan Lahwi
établis dans les villages environnants.

SE LOGER
SE RESTAURER
7 Min Ma Haw Guest House. En plein centre-ville,
ce petit hôtel très simple est probablement l’un des
mieux situés pour explorer la ville et la région. Pas
d’eau chaude. Compter 40 € la nuit.
120 Kant Kaw Rd – Loikaw
Tél. (00 95) 83 21451 et (00 95) 9 42 80 06 997
7 Non loin du Guest House Min Ma Haw, le restaurant
Seule une centaine de femmes de l’ethnie kayan lahwi portent encore Pho Kwar propose une bonne cuisine chinoise ainsi
les fameux anneaux de laiton qui ont fait leur réputation. © Marc Dozier que plusieurs plats Kayah traditionnels. Situé sur
une terrasse surplombant la rivière Balu Chaung,
RENCONTRER LES KAYAN LAHWI ce petit restaurant est une excellente adresse pour
se détendre après une journée à explorer la région.
Compter 5 € pour un repas.
Originaires de la région de Loikaw, au sud du lac de Sagar, les Kayan Lahwi vivent dans une 106, Shwe Hwar Street,
dizaine de villages entourant la ville. Il est possible de rencontrer des femmes venues vendre de Da MinYone Ward - Loikaw
l’artisanat sur les marchés environnant Loikaw mais également en se rendant dans leurs villages : Tél. (00 95) 8321233
à Pan Pat (qui compte plusieurs petites bourgades), à Chikae, à Demawso et à Kon Ta. Les 7 Dans le quartier Mingalar, le petit restaurant
villageois étant généralement pris par leurs occupations quotidiennes, il n’est pas assuré de Mye Ow ne paie pas de mine mais propose une cui-
rencontrer des femmes kayan lahwi parées de leurs fameux colliers de laiton. Avec le sine Kayah traditionnelle simple et délicieuse.
développement récent du tourisme, certaines d’entre elles tiennent cependant souvent boutique Igname, beignets, poulet et riz cuit dans des feuilles
au bord de la route non loin de leur village. Même si la région est en pleine période d’ouverture de bananier. Compter 2-3 €.
et s’il est autorisé de rencontrer les Kayan, le gouvernement interdit encore de dormir dans leurs Rue Myek Lé lan.
villages. Bien que la situation puisse évoluer au cours des mois à venir, il est ainsi obligatoire de
dormir à Loikaw d’où il est possible de rayonner lors d’excursions à la journée. Il faudra compter
entre trente minutes et deux à trois heures pour rejoindre les villages kayan lahwi.

93
LES GROTTES DE PO WIN TAUNG SE LOGER
GUIDES PRATIQUES

SE RESTAURER
C’est l’un des plus remarquables ensembles rupestres de Birmanie. Un site
exceptionnel qui peut faire l’objet d’une excursion à la journée au départ de Monywa. L’absence d’hébergement à Po Win Taung oblige à
dormir dans l’un des deux hôtels de Monywa à une
trentaine de kilomètres du site.
7 Calme, simple et propre, le Monywa hôtel est idéal
Le site de Po Win Taung compterait plus de pour faire étape dans la région. Compter 50 € la
dix mille représentations de Bouddha, peintures double. Tél. (00 95 2) 215 81
Bogyoke road, Daw Na Chan quarter
et sculptures confondues. © Marc Dozier 7 Le Win Unity propose de petits bungalows face
au lac Kantharyar. Plus chic que le Monywa hôtel, il
n’est ni plus pratique, ni vraiment plus confortable.
À partir de 60 € la nuit. Tél. (00 95 71) 224 38
Bogyoke Aung San road, Yone Gyi quarter, Kantharyar

BONS PLANS
7 Dormir à Monywa permet de visiter la pagode de
Thanboddhay, l’un des plus étonnants temples boud-
dhistes de Birmanie. Entrée gratuite.
BONS PLANS

De Monywa, il faut environ une heure pour rejoindre


Po Win Taung. Les voyageurs individuels qui n’ont pas
de voiture privée, devront emprunter un bac pour tra-
verser la rivière Chindwin (environ 4 €) et emprunter
un taxi collectif jusqu’au site. Il est possible (et conseillé)
de trouver un guide à l’embarcadère de Monywa pour
quelques dollars car les grottes sont parfois difficiles
à débusquer. Entrée du site environ 1 €. Parmi les plus
belles cavités à explorer : la grotte de Naraban gardée
par deux lions, la grotte de la Rosace au superbe
plafond peint, la grotte dite «de la Reine», celle «de
l’éléphant blanc », le complexe « du labyrinthe », la
grotte numéro 568 et ses onze bouddhas assis, la
cavité numéro 307 et ses seize statues ainsi que le
temple néo-colonial numéro 698. Prévoir une lampe
torche pour circuler dans le dédale des grottes. Il est
préconisé d’ôter ses chaussures en entrant dans les
cavités. Attention, une importante colonie de macaques
chapardeurs demeure sur le site : ne laissez pas traîner
appareils photo et lunettes… Il est recommandé de
visiter le site durant la fête de Po Win Taung qui a lieu
durant une semaine en novembre (date variable en
fonction du calendrier lunaire).

LES INCONTOURNABLES
Découvrir les zones récemment ouvertes de Birmanie offre également une l’arrivée en Birmanie, afin d’être sûr d’avoir une
place lors du séjour à Bagan. Aucune condition par-
excellente occasion de visiter les plus beaux sites du pays. ticulière requise, si ce n’est la capacité de rester
debout une heure.
Balloons over Bagan - Business Suite 03-06 /
Sedona hotel, Yangon - Tél. (00 951) 652809
BONS PLANS fréquentée), Buledi ou Pyathada (moins connues). www.balloonsoverbagan.com
Attention : de nombreuses pagodes ont été récem- 7 À quelques heures de Bagan, le mont Popa, l’Olympe
À VISITER ment fermées aux touristes pour des raisons de birman, offre l’occasion à une belle excursion.
sécurité. Les guides et les conducteurs de calèches Surplombant le site, le Popa Mountain Resort est idéa-
7 Exceptionnel, le site de Bagan est tellement vaste sauront vous indiquer les pagodes accessibles et lement situé pour profiter d’une vue spectaculaire
qu’il faudrait plusieurs mois d’exploration pour offrant un beau point de vue sur le site. dans un cadre enchanteur. Piscine et prestations haut
découvrir l’intégralité de ses pagodes. Parmi les 7 Bagan vue du ciel : Inoubliable, la vue qu’offre de gamme. Compter entre 50 € et 150 € par nuit.
sites incontournables : la pagode d’Ananda (superbe un survol en montgolfière révèle toute l’ampleur Popa Moutain Resort, Kyauk Padaung
d’élégance), Dhammayangyi (massive) et Swezigon du site archéologique de Bagan. De novembre à Tél. (00 951) 202071
(élégant stupa doré). Les amateurs de peintures mars, la société Balloons over Bagan propose ainsi 7 Incontournable, les sites de Mandalay, Amarapura,
murales et de bas-relief ne manqueront pas Thein des survols pratiquement chaque matin et en fin Ava et Paleik nécessitent au moins deux journées
Upali (fresques), Nan Paya (statues de Brahma), de journée lorsque les conditions météorologiques d’excursion. Lors de la première visite, il faudra acheter
Nandamannya (peinture d’inspiration sino-tibétaine) le permettent. S’il faut compter environ 350 € pour un billet combiné pour les quatre sites valable 5 jours
et Abeyadana (divinités hindoues). En fin de journée, un vol d’une heure, le spectacle mérite la dépense. (10 €). À Amarapura, ne pas manquer la visite du
ceux qui désirent observer le site au coucher du Il est conseillé de réserver à l’avance, si possible vieux pont de U Bein si possible en fin de journée
soleil, opteront pour la pagode Shwesandaw (très de France à partir de l’agence de voyages ou dès pour profiter du coucher de soleil.

94
LE VOYAGE
AU BOUT DES DOIGTS

RETROUVEZ GRANDS REPORTAGES


sur tablette, smartphone et PC tactile
Une nouvelle expérience de lecture avec des contenus additionnels exclusifs.
Prix au numéro : 3,99 € - Offre d’abonnement 1 an : 19,99 €
www.grands-reportages.com/edition-numerique

Rendez-vous directement sur :


POST-SCRIPTUM

Le bloc-notes DE SYLVAIN TESSON

BILAN DE L’HISTOIRE
Il est utile le soir de la Saint-Sylvestre de tirer le - Passé l’année à lire le traité de Philostrate sur - Ai regardé se coucher le soleil depuis la grotte
bilan de l’année écoulée. Attention ! Pas de la Gymnastique. Écrite au IIIe siècle de notre ère, des Émigrés, dans les falaises de grès entre
méprise ! Il ne s’agit pas de dérouler la liste des l’étude est sous-titrée « Santé, beauté… la La Ciotat et Cassis. La grotte servit de refuge à
horreurs dont l’actualité nous gratifie ; pour cela guerre ». J’y ai tiré tous les principes nécessaires des familles seigneuriales persécutées par les
il y a les journaux qui se chargent de dresser à la rééducation physique que je menais après hyènes de la Terreur révolutionnaire. Quel dom-
l’inventaire des malheurs. En 2015 – entre islam un pépin de santé et notamment ceci : « La santé mage que Barbey D’Aurevilly n’ait pas eu d’ori-
convulsif et canicule atmosphérique – nous aurons existe quand les fonctions sont en accord avec la gines provençales pour nous donner le roman des
été affligés d’une année où l’homme se sera magni- nature. » Vite, quittons les villes ! refuzniks du cap Canaille !
fiquement illustré dans sa nocivité. Le bilan dont
je parle est celui des lectures, des œuvres d’art - Ai eu la chance de rencontrer un phasme sur le - Ai appris de la bouche de l’apnéiste Aurore Asso
et des paysages qui traversent la vie d’un homme. calcaire des calanques de Marseille. Le seul animal qu’Admunsen avait emporté trois mille livres dans
Seules ces rencontres donnent l’envie qu’une autre qui ressemble à l’arbre au lieu d’en descendre et les cales de son bateau pour distraire les hommes
année succède à celle qui vient de mourir. Voici qui a la sagesse de vivre préoccupé d’une seule d’équipage pendant leur hivernage en Antarctique.
donc, en forme d’inventaire, un peu des aliments chose : se cacher. Ah, des marins européens de 1913 lisant Ibsen,
de mon année 2015 : Shakespeare et Montaigne dans les glaces, cela
- Ai beaucoup médité ce Proverbe de l’enfer de devait avoir une autre gueule que des techniciens
- Vu la fresque Bacchus de Delacroix. Elle était William Blake «l’exubérance est beauté». D’accord globalisés bricolant leur drone sur Skype.
exposée dans l’atelier du maître, place de avec lui à chaque fois que je lis Huysmans, que je
Furstenberg (Paris VIe). On y voit Bacchus servant vais au musée Gustave Moreau ou à l’opéra - Ai croisé des réalisateurs de films qui ne jurent
une coupe de vin à un tigre sous les grappes d’une baroque. Mais pas d’accord le soir où je me suis que par les drones, la GoPro, la HD, persuadés
tonnelle. Les dieux et les bêtes, sans les Hommes : retrouvé dans l’austérité grandiose des complies que l’équipement technique augmentera la valeur
une vision du paradis ! du monastère de Ganagobie, au-dessus des eaux de leur film. Ils semblent ne pas se souvenir que
de la Durance. Les Enfants du paradis, les films de Visconti ou
- Écouté jusqu’à l’envoûtement la chanson Opium, de Tarkovski sont restés dans nos mémoires non
fumée de rêve, composée dans les années 1930 - Ai contemplé l’aiguille noire de Peuterey depuis pas en vertu de la qualité de l’image mais grâce
et entonnée par les soldats de l’infanterie de le refuge Monzino, en Italie. Quelle ligne vers le à leur substance, leur beauté, leur profondeur.
marine. Anouk Aïata, artiste à la voix de pythie, ciel ! On croirait l’encéphalogramme du Mont-Blanc. Les victimes de l’esbroufe technologique me font
a repris ce chant dont l’un des couplets a des Le glacier craquait et je me disais que nous autres, penser à ce romancier qui irait s’acheter un stylo-
accents magnifiquement lugubres : «Puisqu’on dit enfants du XXIe siècle n’avions pas de chance : les plume en or massif en vue d’écrire un chef-
que le bonheur/N’existe pas sur la terre/Puisse glaciers fondent, la forêt tropicale recule, les d’œuvre. Nous autres, pauvres ringards, préférons
l’aile de nos chimères/Un jour nous porter ail- espèces disparaissent, les mammifères marins se encore la haute vertu du talent artistique à la
leurs ». On croirait des paroles de Thomas de retirent. Seuls se répandent les Hommes et l’idée haute définition des images.
Quincey, le mangeur d’opium du XIXe siècle. du Dieu Unique.

96
Partagez notre
passion à la découverte
de nouveaux horizons !
Tous les mois, faites le plein de nouvelles idées de
voyages, partez à la rencontre de différentes cultures
et explorez le monde comme vous ne l’avez jamais vu.

Offre Passion
2 ans – 26 numéros
98 € au lieu de 191,40 € 48% de réduction

Offre Grands Voyageurs


1 an - 13 numéros
68 € au lieu de 95,70 € 28% de réduction
Et recevez en cadeau de bienvenue
le DVD exclusif « Chine Sauvage » !
Retrouvez
Retrouveznos
nosoffres d’abonnement
offres sur sur :
d’abonnement
www.grands-reportages.com/abonnement
www.grands-reportages.com/abonnement
photo : © Marc DOZIER

Bulletin d’abonnement à remplir et à renvoyer à : Service clients - i-Abo / Grands Reportages



11 rue Gustave Madiot - (F) 91070 BONDOUFLE - Tél. 01 84 18 10 52 - grandsreportages@i-abo.fr

✓OUI, je m’abonne à Grands Reportages :


P415

Mes coordonnées
❑M ❑ Mme ❑ Mlle
Nom : .................................................. Prénom : ..............................................
Adresse : ..............................................................................................................
................................................................................................................................
❑ 1 an - 13 numéros : 68 € au lieu de 95,70 €* Code postal : ........................ Ville : ..................................................................
soit 28% de réduction
* Prix de vente kiosque : 10 n° à 6,90 € et 3 n° à 8,90 € Tél : .............................. Année de naissance :
❑ 2 ans - 26 numéros : 98 € au lieu de 191,40 €* E-mail :.......................................................@........................................................
soit 48% de réduction
Je règle par :
Je recevrai en cadeau de bienvenue le DVD « Chine Sauvage » ❑ Chèque bancaire ou postal à l’ordre de Grands Reportages
dans un délai de 5 semaines après enregistrement de mon abonnement. ❑ Carte bancaire n° :
Tarifs Étranger J’inscris ici les 3 derniers chiffres du N° au dos de ma carte
Europe et DOM : 1 an – 13 n° : 74 €
Date de Validité Date et signature obligatoires
Reste du monde et TOM : 1 an – 13 n° : 110 €

Retrouvez nos offres d’abonnement sur www.grands-reportages.com/abonnement


LE MOIS PROCHAIN
NOTRE NOUVELLE FORMULE !
En vente dans tous les kiosques dès le 26 février
Abonnements : 33(0)1 84 18 10 52
Du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h à 17 h.
INDEX et commande d’anciens numéros sur :
www.niveales.com
RÉDACTION
3 rue Paul-Valérien Perrin – 38 170 Seyssinet-Pariset - France
infos@grands-reportages.com
Rédacteur en chef : Anthony Nicolazzi
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 87 - anthony.n@niveales.com
Directrice artistique : Julie Le Louër
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 64 - julie.l@grands-reportages.com
Grand-reporter : Franck Charton
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 62 - franck@grands-reportages.com
Grand-reporter : Jean-Marc Porte
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 71 - jeanmarc@grands-reportages.com
Reporter-chef de rubrique : Marc Dozier
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 63 - marc@grands-reportages.com
Reporter-chef de rubrique (France) : Rafael Pic
rafaelpic@yahoo.fr
Correction : Aurélie Lherminier
Ont collaboré à ce numéro : Céline Barrère, Séverine Baur,
Bernadette Gilbertas, Olivier Grunewald, Rafael Pic, Frédéric
Reglain, Bertrand Rieger, Sylvain Tesson, Fanny Chatchate.
PUBLICITÉ
Pôle Voyage de Nivéales Médias : Grands Reportages,
www.grands-reportages.com, Trek Magazine, et trekmag.com
3 rue Paul-Valérien Perrin – 38 170 Seyssinet-Pariset - France
Tél. 33 (0) 4 76 70 54 11 - Fax 33 (0) 4 76 70 54 12
Directrice de publicité : Émilie Spadot
Tél. 04 76 70 92 78 – emilie.s@grands-reportages.com
Chargée de clientèle : Sophie Jacquot
Tél. 04 76 70 92 79 – sophie.j@niveales.com
Régie publicitaire HORS CAPTIF
Mediaobs - 44, rue Notre-Dame-des-Victoires - 75 002 - Paris
Tél. 01 44 88 97 70 - Fax 01 44 88 97 79 Tél. 01 44 88 suivi des 4
chiffres - E-mail : pnom@mediaobs.com Directeur général :
Corinne Rougé (93 70) Directeur de Publicité: Sandrine Kirchthaler
(89 22) Directrice de Clientèle : Sophie Polgar (89 04)
Studio : Cédric Aubry (89 05)
POLE DIGITAL MÉDIA
Directeur Pôle Digital Média : Olivier Edme
Tél. 33 04 76 70 54 29 - olivier@niveales.com
Directrice commerciale web/digital : Audrey Edme
Tél. 04 76 70 54 34 - audrey@niveales.com
E-Commerce Content Manager : Olivier Haupt
Tél. 04 76 70 57 25 - olivier.h@niveales.com
DIFFUSION MARKETING
Ventes : Karim Bekkari - Tél. 33 (0) 4 76 70 54 26
Réassort : MLP - Tél. 33 (0) 4 74 82 63 05
Promotion-Marketing direct : Mathilde Hen
mathilde.h@niveales.com Tél. 33 (0) 4 76 70 54 37
ABONNEMENT
Service clients - i-Abo / Grands Reportages
11 rue Gustave Madiot - (F) 91070 BONDOUFLE
Tél. 33 (0)1 84 18 10 52 - grandsreportages@i-abo.fr
France: 1 an - 12 N° 54 € - 2 ans - 24 N° 96 €. Étranger: nous consulter.
Règlements par chèque bancaire ou postal, mandat ou carte
bancaire à l’ordre de Grands Reportages. Souscription par Internet
www.niveales.com Coffrets reliures: prix unitaire 20 €, port compris.
Règlement anticipé par chèque ou mandat à l’ordre de Grands
Reportages (même adresse). Commande urgente de magazines.
Pour recevoir un numéro sous 8 jours hors rupture de stock:
Le grand stupa de Bodnath, à Katmandou. © Anthony Nicolazzi Guillaume Nahry, Grands Reportages Collection, 3 rue Paul-Valérien
Perrin – 38 170 Seyssinet-Pariset, Tél. +33 (0)4 76 70 54 11,
guillaume@niveales.com 5,50 €/n° (+ 4,00 € pour frais de port
comportant maximum 3 exemplaires), par chèque ou carte bancaire.

NUMÉRO SPÉCIAL COMPTABILITÉ


Directrice Administration et comptabilité : Sophie Badoux

RETOURNER
Tél. 33 (0) 4 76 70 92 65 Assistée de : Angélique d’Introno
(92 66) clients publicité ; Sylvain Prévot (54 18) fournisseurs.
ÉDITEUR
Grands Reportages est un mensuel édité par Nivéales Médias
au capital de 581 400 €. Durée : 99 ans.

AU NÉPAL
UN AN APRÈS…
Siège social : 3 rue Paul-Valérien Perrin – 38 170 Seyssinet-
Pariset - France Tél. 33 (0) 4 76705411 - Fax 33 (0) 4 76705412 -
RCS Grenoble : B 400 248 324. Principal associé : Nivis Sarl
Directeur de la publication : Jean-Pierre Roger
Administrateur de la publication : Pascal Maltherre
Publications de Nivéales Médias : Big Bike, Grimper, KiteBoarder,
Montagnes Magazine, Skieur Magazine, Ski Magazine, Snowsurf,
Trek Magazine, Vertical, Wider, Wind Magazine. La rédaction décline
toute responsabilité concernant les documents, textes et photos
non commandés. La reproduction, même partielle, des articles et
Le 25 avril 2015, le Népal était secoué par un violent tremblement de terre, d’une illustrations parus dans Grands Reportages est interdite.
Impression: Rotolito Lombarda,
magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter. Un second séisme, de magnitude 7,3, inter- imprimé en Italie / Printed in Italy.
Commission paritaire n° 0319 K 84925
venait le 12 mai. Le bilan des victimes s’élèvera à 8700 morts et 22000 blessés. Près Dépôt légal: Décembre 2015
N°ISSN: 0182-0346
d’un an s’est écoulé depuis cet épisode dramatique, et nos équipes étaient sur place
ces dernières semaines pour se livrer à un état des lieux complet de la situation dans
le pays: reconstruction, aides, infrastructures… Avec un objectif: favoriser le retour
du tourisme dans le pays, et apporter tout notre soutien au peuple népalais.

Et aussi : La Norvège, l’Islande.... AUDIENCES ÉTUDES


SUR LA PRESSE MAGAZINE
19
19

Vous aimerez peut-être aussi