SAGA DU MOIS / HENRY DE MONFREID, FLIBUSTIER EN MER ROUGE

NÉPAL
PORTFOLIO
LAURENT BOIVEAU
UNE NOUVELLE ÈRE POUR
LE LANTANG

AFRIQUE DU SUD
LES VERTIGES DU DRAKENSBERG

© Lukas - stock.adobe.com

LES RENDEZ-VOUS VOYAGE À NE PAS MANQUER CET AUTOMNE SEPTEMBRE 2018 CPPAP : 0319 K 84925

L’ENTRE-DEUX
Il n’a jamais été aussi facile de voyager. Aussi
n’y a t-il donc pas lieu de s’étonner que la plu-
part des lieux de la « bucket list » des voyageurs
du monde entier souffre de surfréquentation.
Surfréquentation ? Le mot est bien faible. Du
temple d’Angkor au Pont du Gard, de Monument
Valley à Santorin, de Piazza San Marco à
Gavarnie, on évolue en pleine saison dans la
cohue — si tant est qu’il y ait une réelle basse
saison. L’Islande étouffe littéralement cet été ;
et la canicule n’y est pour rien. On monte à
Machu Picchu dans des minibus bondés et
jusqu’à 70 000 visiteurs par jour passent soi-
gneusement à la fouille pour avoir le droit d’ad-
mirer les marbres blancs du Taj Mahal.
D’un autre côté, quelques voyageurs sans doute
iconoclastes s’échinent à défricher des secteurs
vierges. À l’instar de Laurent Boiveau ou encore
Benoît Perraud, pour ne parler que de ce numéro.
Avec conviction, nous participons à cet élargis-
sement nécessaire des flux touristiques, en appe-
lant de nos vœux que cette démarche apporte
davantage d’alternatives socio-économiques que
de nuisances aux populations locales. Nous le
croyons, assurément, car dès lors que l’on
quitte l’autoroute du tourisme de
masse, c’est à l’anonymat le plus
complet du reste que nous sommes
confrontés. Bien souvent, en
voyage, c’est dans la peau du
« chercheur en développement
ANTHONY
NICOLAZZI
Rédacteur en chef
ÉDITO
touristique durable » que nous avons le senti-
ment d’évoluer. Comment attirer, dans ce lieu
inconnu de tous, ne serait-ce que quelques
dizaines de voyageurs chaque année ? Dans
nombre d’endroits que nous avons l’occasion de
traverser chaque année, sans même évoquer
l’idée de « vivre du tourisme », ce dernier repré-
sente bien souvent une activité complémentaire
à un agriculteur, éleveur, etc.
« C’est de pire en pire », nous dit Laurent Boiveau.
Il est très étonnant que la multiplication (réelle)
de nouveaux itinéraires, demeure à ce point inca-
pable « d’étaler la grappe » touristique. Tout le
monde se retrouve immanquablement au même
endroit. Évidemment, tout un chacun n’a pas les
capacités ni l’expérience pour s’attaquer à des
grandes traversées en territoire vierge. Un jour,
sans doute, comme cela a été le cas pour nombre
d’itinéraires devenus des « classiques » du voyage
d’aventure après avoir été ouverts par des pion-
niers (il n’y a qu’à voir le nombre de lodges qui
ont ouvert au Népal ces vingt dernières années),
certains itinéraires « pointus » deviendront
accessibles au plus grand nombre. En attendant,
entre les 10 % des sites où s’agglutinent
90 % des voyageurs, et les quelques ter-
ritoires encore vierges toujours
réservés aux purs explorateurs, il
reste de la place. Une immense
place, même. Celle de l’entre-deux.
Notre vrai terrain de jeu.
3
 EN COUVERTURE

DOSSIER
P. 28
GRANDES TRAVERSÉES
DU NÉPAL
De l’Everest aux Annapurna, des confins du Tibet à l’ouest népalais, les montagnes les
plus hautes du monde dessinent un imbroglio de vallées et de hauts cols, de villages et
de monastères secrets où les grands itinéraires en traversée sont autant d’invitations au
voyage. Des grands treks touristiques aux secteurs encore confidentiels, difficile de ne pas
y trouver chaussure à son pied…

P. 30
PORTFOLIO
LAURENT
BOIVEAU
P. 52 Photographe, accompagnateur...
L’un des meilleurs experts du Népal.

LANGTANG
L’EXPLO
INÉDITE
L’acte de naissance
d’une future haute route P. 72
LANGTANG
RÉSILIENCE
POST-SÉISME
Trois ans après, un voyage pour
clore un chapitre douloureux.

4
 SOMMAIRE

DÉCOUVERTE LE MAG
8 POST
Nos partages du mois…
10 ACTUS
→ Un nouveau jour
pour la Mauritanie
→ Expé Trek Tchad 2019
Notre nouveau voyage
lecteurs dans l’Ennedi !

P. 80 18 LECTURES
La Cuisine à bloc,
recetes de grimpeurs
20 SAGA
AFRIQUE DU SUD Henry de Monfreid :

DRAKENSBERG flibusier en mer Rouge

EN TRAVERSÉE
L’iinéraire intégral,
deux semaines en autonomie
REPORTAGES
28 DOSSIER

P. 88 GRANDES
TRAVERSÉES
DU NÉPAL
AFRIQUE DU SUD
SENTINEL 30 PORTFOLIO
LAURENT
PEAK TRAIL BOIVEAU
Les conseils d’un photo­
graphe accompagnateur
Une nuit sur le
rebord du monde ? expert ès grandes épopées.

52 LA HAUTE ROUTE
DU LANGTANG
Un nouvel iinéraire pour
redynamiser une région
meurtrie par le séisme

72 RÉSILIENCE
Au cœur d’un groupe,
de retour au Langtang,
trois ans après.

78 AFRIQUE

20
DU SUD
P. LA GRANDE
TRAVERSÉE DU
DRAKENSBERG
L’un des plus beaux
iinéraires sauvages de
SAGA toute l’Afrique australe

HENRY DE
MONFREID
Le desin hors norme de l’un des 96 ILS PARTENT/
plus grands aventuriers du XXe siècle, ILS RENTRENT
infaigable écumeur de la mer Rouge. Une marche pour un rêve

5
CONTRIBUTEURS

LAURENT ROMAIN VOLODIA

BOIVEAU NOSBONNE PETROPAVLOVSKY
Accompagnateur­photographe Accompagnateur Rédacteur­photographe

JULIE ANTHONY JEAN-MARC

LE LOUËR NICOLAZZI PORTE
Directrice arisique Rédacteur en chef Grand reporter

GILLES GUILLAUME PIERRE

MODICA NAHRY GARCIA
Rédacteur Responsable matériel Rédacteur

6
 LE MAG / POST PENDANT CE
TEMPS-LÀ
…

PARTAGES…
CETTE PAGE EST LA VÔTRE ! PARTAGEZ-NOUS VOS COUPS
DE CŒUR, COUPS DE GUEULE, PHOTOS, VIDÉOS, ÉVÉNEMENTS…

La corniche de l’Esterel,
au niveau du cap Roux.
© Stevanzz ­ Fotolia

@2chienspour1traversee
29 juin
Passionnés de montagne,
Roxanne et Gérard n’ont pas
hésité à quiter leurs emplois
respecifs afin de se lancer dans
ce projet « Deux chiens pour
une traversée ». Pas moins
de 1 000 km les atendent,
pour une traversée du massif
pyrénéen d’ouest en est depuis
Hendaye jusqu'à Banyuls.

…
@Terdav
5 septembre

Un si bel Esterel !
Il ne vous reste plus que
quelques jours (deadline fixée
au 5 septembre) pour proposer
Chaque année, les clubs et comités membres de la Fédéraion des clubs alpins français (FFCAM) vos films à l’équipe de Terres
d’Aventure pour la 4e édiion de
se mobilisent dans le cadre de l’opéraion « Que la Montagne est belle » pour affirmer et faire connai­ son fesival Objecif Aventure
tre leurs engagements en faveur de praiques sporives respectueuses de notre patrimoine naturel qui aura lieu du 25 au 27 janvier
et humain. Ainsi, la secion CAF Esterel organise le dimanche 30 septembre prochain une randon­ 2019 au Centquatre à Paris.
née pédestre complète dans le massif de l’Esterel : le « Brevet du Randonneur de l’Estérel », alias Au programme : 3 jours de
BREST. En aucun cas compéiion, cete journée ouverte à tous permetra de parcourir les lieux emblé­ projecion pour un rendez­vous
parisien désormais atendu par
maiques de l’Estérel, tels que le mont Vinaigre, le pic de l’Ours ou le cap Roux. Plusieurs parcours tous les passionnés d’aventure !
sont possibles, du « peit parcours », jusqu’à la maison foresière des Trois­Thermes (16 km, 650
m de dénivelée posiive) jusqu’à l’intégral (37 km, +1500 m), davantage desiné aux sporifs. Une
très belle occasion de découvrir cete région si vous n’en avez pas encore eu le loisir ! …
Plus d’infos sur www.cafesterel.fr

La vidéo du mois :
Explora Project
© Julien Zimmer ­ Explora Project

@Widermag
30 septembre
Pour les amateurs du de trail,
la Wider Classic, organisée
Explora Project est une jeune agence de voyage d’aventure et d’expédiions extrêmes basée à par notre confrère Wider Mag,
Annecy qui se définit comme une « école de l’exploraion française ». Le principe : sélecionner, prépa­ se déroulera le 30 septembre
prochain, avec deux courses au
rer et accompagner à distance des « apprenis explorateurs » à des expédiions extrêmes autogui­
programme : La Verical Race
dées. La première expédiion de reconnaissance en Islande (325 km) s’est déroulée sur 12 jours en de la Basille (6,2 km / +850 m)
juin 2018, et a donné lieu à un très beau film, visible sur la chaine YouTube de l’agence. À voir ! et la Wider Race Tour du
bit.ly/explora­project­islande­2018 Rachais (18 km / +1200 m).

8
PUB L I - RÉ DAC T I ON NE L
LES MEILLEURS
FILMS D’AVENTURE
EN TOURNÉE DANS TOUTE LA FRANCE
DE A À B
EN ROLLERSKI
En 1988, Raimonds Dombrovskis com­
mence la plus longue course d’entraî­
nement de sa carrière de biathlète.
Accompagné de son chien Bucis et son
Combi Volkswagen plein à craquer, il
décide de parcourir 6 700 km en ski à
rouletes, de l’extrême nord du Canada
jusqu’à la fronière mexicaine. L’issue
du projet reste incertaine, les leggins
prêts à chauffer et les routes difficile­
ment praicables. Pourtant, tout semble
prendre un nouveau départ. Des chan­
gements se font ressenir non seule­
ment dans les rues en Amérique, mais
aussi en Letonie, le pays d’origine de
Raimond. Le biathlète est convaincu que
l’effondrement de l’Union soviéique
est imminent. Son rêve est de pariciper
aux prochains Jeux olympiques d’hiver
pour l’équipe de biathlon letone (et
non soviéique !). Mais il doit d’abord
rejoindre le Mexique…
VIACRUXIS
Parfois, une excursion en montagne
peut se transformer en cauchemar
absolu. Même si on ateint le sommet.
Ou peut­être parce qu’on ateint le
sommet. Heureusement nos deux alpi­
nistes plein d’ambiion ne savent pas
encore à quoi s’atendre dans ce périple.
Ils tentent de se frayer un chemin à tra­
vers la neige et la glace et ne perdent
jamais de vue leur cible, malgré le brouil­
lard et les chutes de pierres. Pourtant,
au moment où ils se rapprochent du
sommet, l’expédiion prend une tour­
nure inatendue… Viacruxis : un ado­
rable film d’animaion en stop­moion
sur les peites et grandes catastrophes
en montagne.
THE A.O.
Adam Ondra est l’un des meilleurs grim­
peurs de notre époque — et l’un des
plus polyvalents. Avec Silence, il a gravi
la voie d’escalade sporive la plus diffi­
cile au monde et a établi un nouveau
niveau de difficulté avec le 9c. Le
Tchèque a également montré ce qu’il
était capable de faire lorsqu’il s’agit d’es­
calader de grands murs : Il est venu à
bout du Dawn Wall en seulement 8 jours,
lors de son tout premier voyage dans
la vallée de Yosemite. Son corps suren­
traîné semble vaincre la gravité sans
effort. Mais les capacités physiques et
l’endurance d’Adam Ondra suffisent­
elles pour réaliser les voies les plus diffi­
ciles ? Ou n’est­ce pas plutôt sa force
mentale qui le fait grimper un parcours
en 8a les yeux bandés? C’est ce que nous
voulons découvrir en examinant le par­
cours du jeune grimpeur dans The A.O.
8000+
En juillet 2016, le parapeniste Antoine
Girard part seul à la découverte du
Karakoram. Une expédiion de trois
semaines à pied et dans les airs. À parir
de la ville Skardu, il se dirige vers les plus
hauts sommets du nord Pakistan. La
tâche du Français est immense: il a déjà
échoué à deux reprises à gravir le Broad
Peak (8051 m) et voler au­dessus en para­
pente. Maintenant, il espère que les vents
le porteront jusqu’au sommet — voire
même au­delà. S’il réussissait, il établi­
rait un nouveau record d’alitude en para­
pente. Mais l’oxygène est rare au­dessus
des montagnes de 8000 mètres, et les
décollages et aterrissages sont extrê­
mement délicats. Surtout quand on ne
peut compter que sur soi­même…
9 DATES EN FRANCE
Lundi 3 décembre Lille UGC Ciné Cité
Mercredi 5 décembre Strasbourg Le Star St. Exupéry
Lundi 10 décembre Annecy Impérial Palace
Mardi 11 décembre Lyon Salle Victor Hugo
Mercredi 12 décembre Grenoble Pathé Chavant
Jeudi 13 décembre Marseille Cinéma Le Prado
Vendredi 14 décembre Toulouse Gaumont Wilson
Samedi 15 décembre Montpellier Espace Dieze
Lundi 17 décembre Paris La Cigale
FROZEN MIND THE FRENCHY
L’un est snowboarder (Victor de Le Rue), « No problem! » Quiconque entend l’his­
l’autre skieur (Pierre Houricq), mais toire de Jacques Houot sera surpris de
tout les relie. S’ils ont fait glisser leurs voir comment cet homme a réussi à
premières spatules dans les Pyrénées, ateindre l’âge de 82 ans. Il a en effet
c’est aujourd’hui sur les plus belles mon­ failli nous quiter à pas moins de 23
tagnes du monde qu’il aime tracer des reprises ! Mais il a toujours réussi à se
lignes parfaites, avec une prédilecion reprendre, et cela n’est pas prêt de s’ar­
pour la pente raide et le freeride rêter. Aujourd’hui, le Français d’origine
extrême. Frozen Mind est leur nouveau passe la plupart de son temps dans les
film, réalisé l’hiver dernier, montagnes. Près de Carbondale, dans
le Colorado, aucune piste de vélo ou
NORTH OF de ski ne lui résiste. Jacques Houot aime
NIGHTFALL la vie, et nous communique cete joie à
tous – qu’on le veuille ou non.
Axel Heiberg est la sepième plus
grande île du Canada, elle est située au
nord du cercle polaire arcique. En
hiver, l’île est dans l’obscurité totale et
est complètement recouverte de neige
et de glace. Mais quand le soleil se lève
à nouveau, ce lieu unique montre son
vrai visage. Les paysages époustou­
flants, sillonnés par de grands glaciers,
offrent alors le meilleur terrain pour le
VTT. Pas étonnant que Darren Berrecloth,
Carson Storch, Cam Zink et Tom Van
Steenbergen ne puissent résister aux
descentes sans fin qu’offre l’île.
WWW. E O FT.EU/ FR/
Un soir de janvier 2018
dans l’Adrar mauritanien...
Ou la sensaion, intemporelle,
que l’on a quité l’immense
Sahara pour mieux le retrouver,
dix ans plus tard... © Jean­Marc Porte

22
Le nombre de sièges prévu sur les
vols directs Paris­Atar sera doublé cet
hiver par rapport à l’an passé , avec
un poteniel de 3 600 passagers.
22 agences sont partenaires de
cete opéraion, contre cinq
la saison dernière.

Y aller ?
À chaque instant, retrouvez tous les
départs de toutes les agences sur la
Mauritanie, dans notre moteur de
recherche de voyages d’aventure :
bit.ly/departs­mauritanie

2,5 millions
Pour la saison 2017­18, Maurice Freund,
président de Point Afrique, esime que
l’apport financier du tourisme dans
la région de Chinguei s’est élevé à
2,5 millions d’euros. Une ressource
qui bénéficie directement aux
populaions locales de cete
région enclavée.
 / LE MAG

UN NOUVEAU JOUR SUR

LA MAURITANIE
PAR ANTHONY NICOLAZZI

Le reprise des vols l’hiver dernier entérinait « l’année zéro » du retour du tourisme
en Mauritanie, après quasiment une décennie de disete (dans tous les sens du terme)
pour les populaions mauritaniennes. Année zéro car en dépit d’un assouplisse­
ment des recommandaions aux voyageurs du Quai d’Orsay, malgré les marques de
confiance affichées par les différents opérateurs concernant la sécurité des voya­
geurs, l’essai se devait d’être transformé pour que la confiance du public soit totale.
Le pari réussi en 2017­18 (1488 voyageurs transportés durant trois mois par les vols
Point Afrique, et aucun problème sécuritaire à déplorer) laisse augurer un hiver 2018­
2019 sous les meilleurs auspices. Le nombre de sièges est doublé, avec un prévi­
sionnel de 3600 passagers (départ de Roissy, chaque dimanche), et surtout une saison
étendue puisque les vols directs Point Afrique sur Atar débutent le 21 octobre, pour
s’étendre jusqu’au 13 avril cet hiver. D’autres bonnes nouvelles sont atendues,
comme la probable reprise du « train du désert », fleuron des belles années mauri­
taniennes, qui devrait circuler en connexion avec les rotaions aériennes hebdoma­
daires Paris­Atar. Sans oublier les circuits et randonnées programmés tous au long
de la saison par la quasi totalité des agences d’aventure : Allibert, La Balaguère,
Nomades Aventure, Point­Voyages, Terres d’Aventures, Atalante, etc.

11
LE MAG /
L’ambiance unique
de la guelta d’Archei....
© Jean­Marc Porte

C’est quand ?
Du 11 janvier au
2 février 2019
24 jours de voyage,
dont 11 jours de randonnée
chamelière. Vol internaional
sur N’Djaména, sur Royal
Air Maroc (départs de Paris,
possible depuis Lyon, Marseille,
EXPÉ TREK TCHAD 2019 Toulouse, Nantes, Genève).

ENNEDI : DE LA GUELTA
D’ARCHEI AU GOUFFRE
DE KOBOUÉ Pour qui ?
Ce voyage s’adresse à des
PAR ANTHONY NICOLAZZI randonneurs averis, ayant déjà
de préférence un ou plusieurs
voyages dans le Sahara à leur
acif. Nuits en auberges / campe­
LA PREMIÈRE EXPÉ TREK DE L’ANNÉE 2019 EMMÈNERA ments sommaires ; à la belle
NOS LECTEURS VERS LE MYTHIQUE MASSIF DE L’ENNEDI, étoile en randonnée chamelière.
6 à 7h de marche par jour ;
AU TCHAD. AVEC LA COMPLICITÉ DU GRAND SPÉCIALISTE environ 20 km.
DE LA RÉGION, L’AGENCE POINT VOYAGES.
Lancées en 2017, nos Expés Trek vous proposent de partir sur des itinéraires
très rarement parcourus : haute route des Annapurna et traversée Dolpo-
Mustang au Népal, cordillères Blanche et Huayhuash au Pérou… Pour notre
première Expé Trek de l’année 2019, on change de décor carcar c’est au Tchad
Comment
que douze de nos lecteurs s’envoleront, du 11 janvier au 2 février prochain, s’inscrire ?
dans le massif de l’Ennedi, célèbre pour ses peintures rupestres, ses forma- Entre huit et quatorze parici­
tions rocheuses et ses gueltas secrètes. pants, le groupe sera encadré
par Kévin Girard, et accompagné
Au programme, après une arrivée sur N'Djaména, nous mettrons le cap au par Jean­Marc Porte, grand
nord pour atteindre l’Ennedi et ses merveilles: arche Djoulia, oasis de Bachikélé, reporter de la rédacion.
arche « éléphant » de Tokouloula, peintures rupestres de Terkei, labyrinthe Infos et réservaions
d’Ohio… sans oublier l’incroyable guelta d’Archei, où viennent chaque matin auprès de Point Voyages
s’abreuver des centaines de chameaux. Cette quête de l’eau qui constituera Tél. 04 75 97 20 40
d’ailleurs notre fil directeur puisque de ces contreforts sud du massif, nous bit.ly/expe­trek­tchad­2019
partirons pour une semaine en compagnie d’une équipe chamelière vers un
lieu mythique et très rarement parcouru: le gouffre de Koboué. Cette oasis
isolée, perdue au fond d’un canyon, constitue une relique d’un Sahara ver-
doyant. Répertoriée par la mission d’Hubert Gillet en 1958, elle n’a été que
très peu visitée jusqu’alors, et sera un défi à la hauteur de cette Expé Trek.
Nous retrouverons alors nos véhicules pour rejoindre, encore plus au nord,
les incroyables lacs d’Ounianga, le plus important ensemble lacustre de tout
le Sahara (une cinquantaine de lacs, sur une superficie de 20 km2).
À la baguette sur cette expé ? Rien de moins que l’incontestable spécialiste
du secteur, Point Voyages. C’est Kévin Girard en personne, directeur de l’agence
depuis que Maurice Freund lui en a transmis les rênes, qui accompagnera
le voyage, aux côtés de notre grand reporter Jean-Marc Porte. Amoureux du
Sahara, ne tardez pas, les places sont comptées !
TCHAD 2019
12
 TCHAD 2019

AVIS AUX AMOUREUX DU SAHARA !

TCHAD/ENNEDI
DE LA GUELTA D’ARCHEI
AU GOUFFRE DE KOBOUÉ

UN ITINÉRAIRE INÉDIT,
RÉSERVÉ À NOS LECTEURS
Du 11 janvier au 2 février 2019
24 jours de voyage, 11 jours de randonnée chamelière

Les points forts

> L’une des rares zones encore accessibles dans le Sahara
> La guelta d’Archei, le mythique gouffre de Koboué, les lacs d’Ounianga…
> Accompagné par Kévin Girard, directeur de Point Voyages
> Avec Jean-Marc Porte, grand reporter

Inscrivez-vous !
Ennedi : de la guelta d’Archei au gouffre de Koboué, du 11 janvier
au 2 février 2019, en compagnie de Kévin Girard et Jean-Marc Porte,
4 990 €, vols, taxes et permis inclus (sauf visa, environ 100 €).
Informations et réservations : Point Voyages
Tél. 04 75 97 20 40 ou sur bit.ly/expe-trek-tchad-2019
 LE MAG /
14
RENDEZ-VOUS
À NE PAS MANQUER
CET AUTOMNE
LES TRADITIONNELS RENDEZ-VOUS DE LA FIN DE L’ANNÉE
S’APPRÊTENT À CÉLÉBRER LE VOYAGE D’AVENTURE UN PEU
PARTOUT EN FRANCE, AVEC DES PROJECTIONS DE FILMS, CONFÉ-
RENCES, RENCONTRES… LE POINT SUR LES FESTIVALS À COCHER
SUR VOTRE AGENDA DURANT LES PROCHAINES SEMAINES.
PIERRE GARCIA
What a trip Festival
28-30 septembre / Montpellier (34)
Fin septembre, Montpellier deviendra
la capitale du voyage et de l’aventure
avec la deuxième édition de son
« What a trip festival ». Durant trois
jours, c’est toute la ville (Centre
Rabelais, Maison des Relations Inter-
nationales Nelson Mandela, Esplanade
Charles de Gaulle...) qui s’apprête à
vivre au rythme du festival, proposant
projections-rencontres, expositions,
conférences, ateliers et concerts.
Sans oublier le village du festival
qui accueille un salon du voyage,
un salon du livre de voyage ainsi
qu’une épicerie du monde.
www.watmontpellier.fr
Festival des Globe-Trotters
28-30 septembre / Massy (91)
À vos agendas, le festival des
Globbe-Trotters fête cette année ses
30 ans d’existence ! Rendez-vous à
l’opéra de Massy pour un événement
qui s’est imposé comme l’un des
grands rendez-vous des voyageurs.
Comme chaque année, le menu est
copieux avec de nombreux temps
forts. Retrouvez une quarantaine de
films et diaporamas consacrés au
voyage d’aventure, de nombreux
stands de voyageurs et de profession-
nels du voyage, ainsi que des débats.
www.fesivaldesglobetroters.fr
14
Les Écrans de l’Aventure
4-7 octobre / Dijon (21)
La 27e édition d’un rendez-vous
incontournable à Dijon. Organisé
par la Guilde aux cinémas Olympia
et Darcy, ce festival propose les
meilleures productions audiovisuelles
internationales de l’année, en présence
de professionnels de l’image, d’aventu-
riers et de voyageurs. Ce sont pas
moins de sept prix pour les films, un
prix pour les livres et une Toison d’or
de l’aventurier de l’année qui seront
décernés, avec pour présidents des
jurys cette année le navigateur Éric
Bellion et le journaliste Bruno Corty.
la­guilde.org/aventure/fesival
Le Grand Bivouac
18-21 octobre / Albertville (73)
Placé sous le thème du « grand
chambardement », ce Grand Bivouac
2018 est un cru exceptionnel. D’abord
grâce à ses 80 invités de marque
(Pierre Rabhi, Catherine Destivelle,
Reza...). Ensuite par la programmation
de choix qui attend les visiteurs, avec
la projection de 45 films documen-
taires en présence de leurs réalisa-
teurs ainsi que des tables rondes,
conférences, spectacles et exposi-
tions. En marge du festival, le Village
accueille un salon du livre, un salon
du voyage et un marché artisanal.
www.grandbivouac.com
Rencontres
Cinémontagne
6-10 novembre / Grenoble (38)
Chaque année, ce sont plus de 20 000
visiteurs qui se retrouvent sur une
semaine dans la grande salle du Palais
des sports de Grenoble à l’occasion des
Rencontres Cinémontagne, l’un des
plus importants rendez-vous cinéma-
tographiques de montagne en Europe.
Le tout en présence des protagonistes
des films et de nombreuses légendes
internationales de la montagne.
www.grenoble­montagne.com
Quais du départ
22-25 novembre / Lyon (69)
Un petit festival devenu un grand
rendez-vous lyonnais du voyage et
des voyageurs. L’an dernier, plus de
6 000 curieux qui se sont retrouvés,
trois jours durant, à la Mutualité
pour des projections, et sur les
bateaux La Plateforme et le
Volle Petrol pour des rencontres
et des conférences.
www.quaisdudepart.fr
Rencontres de la
cinémathèque montagne
21-24 novembre / Gap (05)
En marge de sa mission de collecte,
d’archivage et de diffusion des
meilleurs films de montagne, la
Cinémathèque de Gap organise
comme chaque année un festival
qui rassemble tous les soirs plus
de 1 000 personnes. Films et docu-
mentaires historiques ou sportifs,
aventures, expéditions, ethnographie,
témoignages… Un incontournable
dans les Alpes du Sud.
www.cimalpes.fr
Rendez-vous du
carnet de voyage
16-18 novembre / Clermont-Ferrand (63)
Après mes « Métropoles du monde »
en 2016 et « La vie dans la ville » l’an
passé, les Rendez-vous du carnet de
voyage de Clermont Ferrand conti-
nuent d’explorer la thématique des
villes avec une édition 2018 consacrée
à « La ville dans tous ses éclats ». Un
festival unique, une manifestation
artistique et littéraire singulière dans
le paysage des festivals hexagonaux.
Une véritable ode au voyage et à la
découverte autour de l’exposition de
carnets de voyages et de la projection
de nombreux films.
www.rendezvous­carnetdevoyage.com
Festival du film d’aventure
12-18 novembre / La Rochelle (17)
Cette année, le festival du film
d’Aventure de La Rochelle fête ses
15 ans. Si la programmation complète
n’est pas encore dévoilée, les invités
d’honneur 2018 sont déjà connus : les
« Kids for sea ». Des aventures faites
par des enfants pour des enfants, avec
en point d’orgue la projection du film
« Live simply, kids for sea » et des pro-
jections scolaires animées par Ingrid
Pohu (France Info).
www.fesival­film­aventure.com
Explorimages
7-10 novembre / Nice (06)
Dans la catégorie festival naturalistes,
d’écotourisme, de sports nature et de
développement durable, le festival
Explorimages est devenu incontour-
nable. Trois jours dans un cadre de
choix, le parc Phoenix, lieu de rencon-
tres, de réflexion et de dialogue entre
les spécialistes et le grand public,
mais aussi les réalisateurs, les photo-
graphes ou les écrivains
www.explorimages.fr
Festival international
du film de montagne
5-9 décembre / Autrans (38)
Au cœur du Vercors, le festival
international du Film de montagne
d’Autrans rassemble amateurs de
belles images comme professionnels
du documentaire et de la réalisation.
Pour cette 35e édition, quatre belles
soirées, avec la traditionnelle compé-
tition de films documentaires
(premières réalisations, courts et
long-métrages, films d’animation...).
www.fesival­autrans.com
Terres d’Ailleurs
21-25 novembre / Toulouse (31)
Le festival, fruit du travail conjoint
de l’association Délires d’encre et du
Muséum de Toulouse, vit cette année
sa dixième édition. Explorateurs,
scientifiques et aventuriers de renom
seront rassemblés durant quatre jours
dans la ville rose. Après les milieux
extrêmes l’an dernier, le festival fait
la part belle aux îles cette année.
www.deliresdencre.org/
fesival­terre­dailleurs/
European Outdoor
Film Tour
3-17 décembre / 9 dates en France
Avec plus de 300 événements et
14 pays impliqués en Europe, l’EOFT
voit les choses en grand ! Chaque soir,
ce sont deux heures de projection
qui seront au programme, l’occasion
de découvrir le meilleur du film
d’aventure et de l’outdoor de l’année.
Pour ce cru 2018, l’European Outdoor
Film Tour fera étape dans neuf villes
françaises. Voir programme sur
www.eot.eu/fr/
Montagne en Scène
Winter 2018
19 novembre / Paris (75)
Montagne en Scène est devenu
un véritable poids lourd du milieu.
L’année dernière, la tournée a en effet
accueilli plus de 65 000 visiteurs avec
ses éditions Winter et Summer,
dont 45 000 rien qu’en France. Au
programme, la projection de films
en présence de leurs protagonistes,
et de nombreux moments de partage.
www.montagne­en­scene.com
15
LE MAG /

© Another Trip ­ DR

TENDANCE Solidaires
LA REVANCHE avec le Maroc

DES FILLES
Deux iniiaives 100 % féminines
se déroulent au Maroc cet
automne : le trek des Gazelles,
qui propose deux événements
PAR ANTHONY NICOLAZZI disincts (dans le Moyen­Atlas du
15 au 19 octobre, et à Essaouira
du 29 octobre au 2 novembre), et
le Trek Rose Trip, un trek d’orien­
SIMPLES SUIVEUSES ? PEU ENCLINES À IMPULSER LEURS taion 100 % féminin et solidaire
PROPRES PROJETS ? QUE NENNI ! L’AVENTURE AU FÉMININ dans les dunes de Merzouga
(31 octobre au 5 novembre).
S’INSCRIT DÉSORMAIS COMME UNE TENDANCE À PART Toutes deux s’engagent en
ENTIÈRE, POUR PARTAGER LE VOYAGE ENTRE COPINES, faveur d’associaions bénéficiant
aux malades du cancer et/ou
MAIS AUSSI POUR VIVRE « SES » PROPRES EXPÉRIENCES. aux enfants marocains.
www.trekdesgazelles.com
www.trekrosetrip.com
Même si elle a bien souvent tendance à s’en défendre, la gent masculine
considère, au mieux, l’aventure comme une thématique unisexe. Dans le
pire des cas, comme réservée — physique oblige — aux organismes riche-
ment dotés en testostérone. Grave erreur… Car même si l’une des « pré- Partir
curseures » dans ce domaine, l’agence Femmes du monde, créée en 2005
par Véronique Jambon, a aujourd’hui cessé ses activités, nombreuses sont
entre copines ?
les initiatives à avoir pris le relais. Avec l’émergence des réseaux sociaux, Copines de voyages
Une grosse communauté
plusieurs initiatives visant à constituer des groupes de filles pour voyager
acive, sur du voyage
ont vu le jour. C’est le cas par exemple de l’agence Copines de Voyage plutôt classique.
<www.copinesdevoyage.com>, fondée en 2016, et qui compte désormais www.copinesdevoyage.com
440 000 fans sur sa page Facebook. Ou, plus récemment, d’Another Trip Another Trip
<www.another-trip.fr>, créée par Virginie Girard (accessoirement épouse de La peite nouvelle, avec
Kévin Girard, directeur de Point Voyages qui compte une clientèle… à 60 % une producion originale,
fondée par Virginie Girard,
féminine). L’approche, ou la manière de présenter les voyages est sensi- et basée en Ardèche.
blement différente des voyages « classiques ». On mise ici sur des expé- www.another­trip.fr
riences telles que le voyage solidaire, le cocooning (spa, détente…) ou encore
Et aussi : d’autres structures
le partage avec les femmes autochtones. Voire, dans certains cas, des voyages existent, qui brillent également
organisés en faveur d’une noble cause, tel le soutien aux enfants et/ou par leur touche féminine,
aux malades du cancer (cf. Solidaires avec le Maroc, ci-contre). Que les femmes comme Les Covoyageurs
www.les­covoyageurs.com
nous montrent l’exemple n’est pas nouveau ; mais que les hommes s’en ou Les Voyages d’Olivia
inspirent davantage serait sans doute une excellente chose, non ? www.lesvoyagesdolivia.com.

16
 LE MAG /

LE
LIVRE
DU 1000 LIEUX
LÉGENDAIRES

MOIS ET MYSTÉRIEUX
DES PYRÉNÉES
Francis Baro, Rando Édiions ­ Glénat,
240 pages, 19,95 € par volume.
Proposé en deux volumes
(Aude, Pyrénées­Orientales,
Catalogne, Andorre, Ariège,
LA CUISINE Haute­Garonne dans le volume 1,
À BLOC Pays basque, Navarre, Béarn,
Haut­Aragon et Hautes­Pyrénées
Judith Melka et Aurore Vial, pour le volume 2), ce florilège
Édiions Amphora, rassemble un millier de lieux
160 pages, 27,50 € énigmaiques où personnages
légendaires, fées, diables, géants
et génies bâisseurs se mêlent à
l’histoire de la chaîne pyrénéenne.
L’auteur, Francis Baro, ressuscite
contes et légendes glanés lors
de nombreuses randonnées
entre vallées, sommets, et
bibliothèques oubliées.
LE PITCH
Pour assurer en cuisine comme sur les parois, un binôme d’expertes vous
propose ses meilleurs conseils et recettes pour répondre aux besoins spéci-
fiques des grimpeurs. Quel petit-déjeuner préparer avant une sortie ? Comment
une alimentation saine peut aider à prévenir les tendinites ? Comment bien
cuisiner en extérieur ? Une première partie sur les points clés de la nutrition
pour le sportif grimpeur vous donnera toutes les bases théoriques pour orga-
niser vos repas en fonction de votre entraînement. Vous apprendrez égale-
ment à limiter les risques de blessure par une alimentation équilibrée. Des
boissons de récupération et des barres céréales « home made » aux mini-col-
lations à accrocher au baudrier en passant par des plats consistants, 15 fiches
pratiques et 70 recettes guideront pour cuisiner d’une manière simple mais
diététiquement efficace, à réaliser chez vous ou au pied des voies.

CE QU’ON EN PENSE VOYAGE EN FRANCE

BUISSONNIÈRE
Prenons les bonnes idées où elles existent ; en l’occurrence ici chez nos amis Louis Meunier, Édiions Kero,
216 pages, 17 €.
les grimpeurs. Desinées aux amateurs d’escalade, ces bonnes recetes et
conseils d’alimentaion répondent à un cahier des charges qui ne dépaysera Écrivain, réalisateur et cavalier,
pas les voyageurs d’aventure que nous sommes : des repas structurés et équi­ Louis Meunier s’est laissé griser
librés, riches en apports nutriifs, minéraux ou vitamines, pouvant être pré­ par l’idée saugrenue de son amie
parés et/ou transportés facilement (réchaud, boite repas, gourdes ou popote), (elle aussi réalisatrice de documen­
le tout avec des produits à la fois gourmands et diétéiques (des différents taire) Sybille d’Orgeval : traverser
féculents aux farines, légumineuses, fruits secs…). Cheffe diplômée reconnue, la France à cheval, de Paris
Judith Melka s’encorde ici avec Aurore Vial, diétéicienne spécialisée en nutri­ à Marseille, à la rencontre de
ion du sport, pour nous concocter une sélecion bien différente des « lyo­ ceux qui ont entrepris de vivre un
Anthony Nicolazzi philisés ­ saucisson ­ génépi » chers à nos amis montagnards. Aussi étrange « exode urbain », pour s’installer
Rédacteur en chef que cela puisse paraître, l’alimentaion dans les voyages « toniques » manque dans nos belles campagnes
toujours singulièrement de fantaisie. Ce type d’ouvrage mériterait de figurer françaises, en phase avec un mode
dans n’importe quelle cuisine. Fût­elle à la Grande Ourse… de vie plus proche de leurs convic­
ions inimes. Entre idenité, terroir,
et prospecives sociétales.

18
 TÊTE EN L’AIR
Richard Gaitet,
Édiions Paulsen,
288 pages, 19,50 €

Sous­itré « Un blanc­bec au mont Blanc », ce récit, aussi

authenique que déséquilibré, nous conte une première
ascension du toit de l’Europe occidentale par un blond
à lunetes inexpérimenté : plutôt branché bouquins que
bouqueins, Richard Gaitet n’avait, avant cete épopée,
aucune expérience de la montagne. Novice atenif à la
parole du guide le plus romanesque qui soit, René Ghilini –
vainqueur de l’Annapurna et chasseur de cristaux –,
l’auteur manie mieux le verbe que le piolet, ce qui
n’est assurément pas pour nous déplaire…

WHYMPER,
LE FOU
DU CERVIN
Max Chamson,
Édiions Hoebeke,
232 pages, 9 €

En 1860, un jeune graveur londonien de passage en Suisse

découvre une montagne alors presque inconnue, le Cervin,
qui va bouleverser sa vie. Cet homme, que rien ne prédesinait
à marquer l’histoire de la montagne, va devenir le plus grand
alpiniste de son époque. Le 14 juillet 1865, après quatorze
tentaives, Edward Whymper et ses compagnons parviennent
au sommet du Cervin. Quatre d’entre eux n’en reviendront pas.
Max Chamson dresse ici le portrait émouvant de cet homme
hors du commun, dévoré par une passion et une énergie qui
feront de lui « l’homme le plus haut du monde ».

LA TACTIQUE
DE LA TIQUE
De Pierre Hecker,
Édiions Larousse,
96 pages, 5,90 €

Parce qu’il va falloir très sérieusement évoquer l’extension

galopante de la maladie de Lyme, véhiculée par les piqûres
de iques, notamment auprès d’un public habitué à évoluer en
plein nature, il convient de saluer la paruion, chez Larousse, de
La Tacique de la ique, sous­itré Ou comment prévenir la maladie
de Lyme. Écrit par Pierre Hecker, très engagé au sein de France Lyme
et de la Fédéraion française contre les maladies vectorielles à
iques (FFMVT), ce livre revient en détail sur la besiole, la (ou les)
maladie(s) qu’elle véhicule, et se penche sur les règles à observer
pour éviter les piqûres, ou, précisément, en cas de piqûre.

19
 Henry de Monfreid
LA FLIBUSTE EN MER ROUGE

C’EST L’UN DES GRANDS AVENTURIERS DU XXE SIÈCLE, QUI ÉCUMA LES
RIVES DE LA MER ROUGE PENDANT TRENTE ANS, DURANT L’ENTRE-DEUX-
GUERRES, SE LIVRANT À TOUS LES TRAFICS. DOUÉ D’UN REMARQUABLE
TALENT DE CONTEUR, IL MARQUERA LA SECONDE MOITIÉ DU SIÈCLE DE
SA PLUME INSOUMISE ET DE SON TEMPÉRAMENT INDOMPTABLE.
GILLES MODICA. GUILLAUME DE MONFREID

Henry de Monfreid, fils miraculé de la mer. Naufragé, concire et prit un nouveau

de famille, touche à tout
du petit commerce, souffrant
de la médiocrité de sa vie,
s’embarque à 31 ans (1911)
pour la Corne de l’Afrique
et les soleils infernaux de
la mer Rouge. Capitaine de
Gilles Modica boutre et de goélette, pêcheur
Rédacteur de perles, contrebandier,
Spécialiste de l’histoire Monfreid livre des armes,
des grandes explorations, du café, du haschich. Ce destin
notre auteur apprécie d’aventurier se double d’un
autant l’héroïsme des
talent d’écrivain. Grand suc-
pionniers que leurs
qualités littéraires. cès, son premier récit (1931),
Les secrets de la mer Rouge,
est le plus célèbre de ses
76 ouvrages.
Monfreid eut un second qui
resta à son service pendant
un quart de siècle. D’une
bonne humeur constante,
même dans les dangers, d’une
résistance qui lui faisait honte,
Warsankali (tribu de la côte
somalienne), et plongeur de
son métier, Abdi est un
il soutint une lutte de trois
jours et deux nuits sur les
eaux de la mer Rouge, aidé
par une cage à poules qu’on
ne sait quel paquebot en route
pour les Indes avait jetée par-
dessus bord. « Il était écrit que
le geste d’un garçon de cuisine
devrait un jour sauver Abdi à
800 lieues de là » (Monfreid).
Lorsqu’il s’effondra sur le
rivage après cinquante-six
heures de lutte, Abdi n’avait
plus d’ongles, ni aux mains
ni aux pieds. C’est ainsi
qu’on vit ou qu’on meurt,
à la merci d’une cage à poules
qui tombe bien, ou d’un noyau
de datte qui tombe mal.
L’iconoclaste
Ayant prononcé un vœu
de conversion à l’islam dans
un moment d’extrême péril,
Henry de Monfreid, au retour
d’une navigation, se fit cir-
nom, Abd-el-Hai : « l’Esclave
du Vivant ». C’était un moyen
d’accroître son ascendant
sur ses hommes d’équipage
et de faciliter ses multiples
négoces, légaux ou illégaux.
Il pratiqua désormais la reli-
gion de son équipage danakil.
Les Danakils n’observent pas
nécessairement les cinq
prières quotidiennes et les
sévérités d’usage. Les deux
enfants de Monfreid, nés
à Obock de sa femme
allemande, iront à l’école
coranique. L’Occident écrit
de gauche à droite. L’Orient
écrit de droite à gauche. Plus
que le colonel Lawrence, le
fameux Lawrence d’Arabie
qu’il accusait de menées
funestes et sanglantes, Henry
de Monfreid vécut dans les
deux systèmes de pensée et
d’écriture. L’Orient lit le texte
du destin dans les vicissitudes

20
SAGA

21
 de l’existence. Ce qui frappe
l’Occident, malgré la cage
à poules qui dérive sur
800 lieues, c’est le rôle de
l’homme, sa liberté et sa
persévérance. Débat métaphy-
sique, sans fin, sans réponse
jusqu’au jugement dernier.
Peintre, collectionneur for-
tuné et confident de Gauguin
lorsqu’il fut aux Marquises,
Georges-Daniel de Monfreid
négligeait plus ou moins son
fils Henri (devenu Henry au
début de sa carrière littéraire).
Recalé à l’École centrale, le
jeune Henry semblait n’avoir
aucun talent particulier sinon
de réussir quelques bonnes
affaires dans la distribution
du lait en Île-de-France et de
tromper sa maîtresse quand
les laitières s’y prêtaient. Une
fièvre de Malte (aujourd’hui
appelée brucellose) le couche
pendant un an dans les pro-
priétés familiales du Roussillon
(La Franqui, au cap Leucate,
Aude). Convalescent, il fré-
quente une jeune Allemande,
la fille d’un gouverneur
d’Alsace qu’il fit venir à
Obock, au débouché de la
mer Rouge, lorsqu’il l’eut
épousée (1913), puis dans
son domaine d’Araoué, sur
des hauts plateaux éthiopiens.
Ce qui amena son départ en
1911, c’était un désir de faire
peau neuve, de mettre la mer
entre son passé médiocre de
laitier et la reprise des
bonnes affaires.

Les secrets de
la mer Rouge
En 1911, il fallait dix jours
de navigation pour aller de
Marseille à Djibouti, via Suez.
Monfreid, parti en plein été,

22

Une multitude de criques et
d’îlots, d’excellents repaires pour
ceux qui glissent, sans vergogne,
du négoce à la piraterie...
souffre comme tous les pas-
sagers d’une chaleur très
humide en mer Rouge. Les
toilettes des femmes collent
aux corps en sueur. 45 °C au
thermomètre. Pas un souffle
d’air. « C’est atroce », écrit
Monfreid dans sa toute
première lettre. La dynastie
hymiarite (hymiar : rouge)
qui régnait sur le Yémen
à l’époque hellénistique et
romaine a donné son nom à
cette mer, capitale dans l’his-
toire du commerce maritime,
capitale et caniculaire. Les pays
de la mer Rouge sont les plus
chauds du monde. Moyenne
annuelle de Massaoua : 30 °C.
Dès qu’on entre dans le golfe
de Suez, on navigue dans
une mer tropicale où l’on
remarque les mêmes espèces
qu’à Singapour et un dévelop-
pement extraordinaire des
récifs et des îles coralliennes.
Plus on s’avance vers le sud,
où la mer se resserre, plus on
« descend » sur le Bab el Mandeb,
la « Porte des Lamentations »,
le détroit obstrué par les
coraux et fermant la mer
Rouge, plus ce récif s’épaissit.
Deux barrières. Des ports
comme Massaoua sur la
côte africaine, ou comme
Al Hudaydah sur la côte du
Yémen, ne sont pas directe-
ment accessibles de la haute
mer. Dans l’épaisseur de ces
barrières, il y a une multitude
de criques, de chenaux,
de passes, d’îles et d’îlots,
de ports naturels en eaux
limpides et profondes qui
constituent d’excellents
mouillages et des repaires de
premier ordre pour ceux qui
glissent, sans vergogne, du
négoce à la piraterie. Après
tout, qu’est-ce que le négoce ?
Prenez par exemple, les
méthodes de la thalassocratie
anglaise. Ce pays si décent, si
moral, imposait par les armes
à la fin du XIXe siècle toute sa
production d’opium indien
à la Chine. « Dans l’Arabie
SAGA
du Sud », écrit Pline l’Ancien,
vir eruditissimus du premier
les écorces aromatiques,
le qat aux feuilles en fer de
siècle de notre ère, auteur lance, la civette servant à la
d’une encyclopédie infiniment fabrication des parfums et
riche et curieuse, trésor de cette plante dont la demande
faits et de fables suggestives s’accroît en Europe : le café.
qu’il faut toujours avoir L’un des premiers trafiquants
sous la main quand on aime français qui ait vécu d’Harrar
autant rêver qu’apprendre, vendait des armes et mourut
« dans l’Arabie du Sud, on est jeune (38 ans) d’un cancer
ou négociant ou pirate ». Dédai- qui commença par une dou-
gnant la manille et le Pernod leur de rotule. Rimbaud au
des cercles coloniaux de Harrar s’ennuyait à mourir.
Djibouti, Monfreid apprendra « Je m’ennuie toujours beaucoup »,
vite dans les cafés d’indigènes écrit-il à sa famille. « Je n’ai
où il se fait accepter que les même jamais connu personne
mœurs de la mer Rouge sont qui s’ennuyât comme moi ».
sensiblement les mêmes Rimbaud quitta Harrar sur
qu’aux premiers siècles une litière et en gémissant
de notre ère. de douleur derrière des
rideaux de cuir. On lui
Lettres d’Abyssinie coupa la jambe à Marseille.
Le chemin de fer qui relie Le cancer reprit ailleurs.
Djibouti au plateau éthiopien Vingt ans après Rimbaud,
est une construction toute Monfreid prend langue et
récente de la France. Jusqu’alors, conseil aux comptoirs de
c’étaient des caravanes de Dire Dawa, terminus du
chameaux, de mules et de chemin de fer. Des Abyssins
bourricots qui transportaient chrétiens, des Danakils,
l’ivoire, le cuir, la cire, le miel, des Somalis et des Gallas
Henry de Monfreid,
impossible grand-père
UN LIVRE ÉVÉNEMENT
Henry de Monfreid vu par son peit­fils, Guillaume. Découvrir la
relaion puissante entre un peit­fils et son grand­père – et non des
moindres – dépasse le cadre de la biographie. Guillaume de Monfreid
se nourrit d’une grande familiarité avec l’œuvre de Henry, et se livre à
une vaste exploraion des souvenirs familiaux, traversée de moments
de grâce et de drames, pour resituer le foisonnement des événements
couvrant les quatre­vingt­quinze ans de vie de son grand­père. Trois
cent cinquante pages n’ont pas suffi ? Guillaume s’applique dans la
seconde parie du livre à une « chronologie narraive condensée » de
la vie d’Henry de Monfreid, tout aussi passionnante et qui s’atarde
sur les détails, parfois anodins, mais toujours cocasse. Une œuvre
monument, pour les amateurs du vieux briscard.
23
 SAGA
Henry de
Monfreid
en 6 dates
1879
Naissance d’Henri de Monfreid,
le 14 novembre, à La Franqui
(Aude). Il ne deviendra Henry
qu’en embrassant sa carrière
d’écrivain.
1910-1911
Malade d’une brucellose,
Monfreid est en convalescence
à Saint­Clément (66). Le 7 août,
il embarque sur l’Oxus,
à desinaion de l’Abyssinie.
1911-1947
Monfreid sillonne la mer
Rouge et la Corne de l’Afrique,
exerçant tous les méiers et tous
les trafics. Il rentrera en France
après la guerre, trente­six ans
et deux guerres plus tard.
1930
Rencontre avec Joseph Kessel,
à l’occasion d’un reportage sur
le trafic d’escalves en mer Rouge.
Le journaliste l’encourage à publier
ses récits. Les Secrets de la mer
Rouge paraîtra en 1931. C’est
un succès.
1947-1973
Devenu écrivain, Monfreid
publie récits autobiographiques et
romans d’aventures, et assure des
conférences partout en France.
1974
Mort d’Henry de Monfreid,
le 13 décembre, à Ingrandes
(Indre), dans son sommeil,
à l’âge de 95 ans.
24
islamisés se tolèrent dans
les montagnes du Harrar. Les
lettres de Monfreid décrivent
des coutumes qu’il pensait
abolies. Chaque Abyssin,
pour peu qu’il soit aisé, pos-
sède une à plusieurs esclaves,
essentiellement des femmes.
Assassinats fréquents.
Monfreid : « Les tribus danakils
et somalis sont très sauvages
et malheur à l’Européen qui est
rencontré seul dans la brousse :
il est sûr de recevoir une sagaie
entre les omoplates ».
Enfant de l’opium
En septembre 1911, Monfreid
entame sa première tournée
dans le Tchercher (Harrar), un
massif de montagnes rouges
qui s’étend entre Dire Dawa
et Addis-Abeba, la fleur nou-
velle, capitale de l’Éthiopie,
fondée en 1896 après la victoire
d’Adoua sur l’armée italienne
qui venait d’Érythrée. Monfreid
chemine sur un bourricot, un
de ces petits bourricots gros
comme des chèvres, irrem-
plaçables dans les raidillons
où ils trottinent. Chargés de
qat ou de café, ces bourricots
font leurs 6 km/h.
Musulmans ou Chrétiens,
tous les peuples de la région
mâchent du qat, en « broutent »
(terme consacré) les feuilles,
les tiges et les bourgeons.
C’est une plante excitante,
qu’il faut consommer à l’état
frais et qu’on cultive du sud
de l’Abyssinie au nord du
Yémen, une plante qui rend
gai, sociable mais insomniaque
et impuissant lorsque l’on
en abuse. Le qat redonne de
l’énergie aux heures chaudes
de la journée et pendant les
En mer Rouge, Monfreid fut
tour à tour pêcheur de perles,
trafiquant d’armes et de
haschich, et même corsaire !
longues marches, il empêche
que la faim et la fatigue ne
se fassent trop sentir.
Plus tard, lorsqu’il naviguait
en mer Rouge, Monfreid prit
l’habitude d’une autre subs-
tance, sédative et pacifiante,
aux mêmes effets à terme
qu’un abus prolongé de qat.
Jusqu’à sa mort, à l’âge de
95 ans, Henry de Monfreid
fumait une à quatre pipes
d’opium par jour. « Il y a des
enfants de l’alcool » disait-il,
« il n’y a pas d’enfant de l’opium ».
C’est un fait qu’il s’observait
et ne fit aucun enfant à ses
concubines (en dehors
d’une fille morte en bas âge).
Concubines excisées et cou-
sues quand elles étaient
somalis, et à découdre !
Monfreid, qui doutait qu’on
pût réaliser de bonnes affaires
dans un pays où aucun négo-
ciant n’était à l’abri d’un
pillage ou d’une confiscation,
resta dans la Corne de l’Afrique
de 1911 à 1947. Grâce aux
boutres qu’il fit construire
ou qu’il achetait (six à sept
hommes d’équipage), il éten-
dit son négoce à toutes les
rives de la mer Rouge et
singulièrement à ses îles
coralliennes, « innombrables »,
écrit-il : les îles Hanish, en
pleine mer, les îles Farasan
le long de l’Arabie (sous
domination turque), les îles
Dalhak sur la côte d’Érythrée
(sous domination italienne).
Trafiquant corsaire…
Sur la mer Rouge, Monfreid
fut tour à tour pêcheur de
perles, trafiquant d’armes
au profit des tribus arabes du
Yémen, ce qui mécontentait
les Anglais, convoyeur de
haschich (un seul chargement
de 12 tonnes en fit un homme
riche) et même corsaire non
accrédité puisqu’il voulut, en
1914, planter de son propre
chef le drapeau tricolore sur
les îles Farasan à la barbe des
Turcs et des Anglais dont il
explique les manigances et
le double-jeu. Le colonel
Lawrence serait à l’origine
d’une arrestation en mer
Rouge qui lui aurait valu la
peine capitale si son second
n’avait pas arraché une page
du livre de bord. L’un des
gouverneurs de Djibouti,
Chapon-Baissac, jura qu’il
mettrait fin aux trafics et aux
insolences de ce Français qui
était en excellents termes
avec un trafiquant d’esclaves
notoire, Cheikh Issa, « au
visage sculpté dans le bois dur ».
En 1926, Monfreid tue un
homme, un secrétaire des
25

Monfreid n’ignorait rien
de la géographie complexe
de la Corne de l’Afrique et
du détroit de la mer Rouge,
le Bab­el­Mandeb,
litéralement la « porte des
lamentaions » en arabe.
26
douanes auquel il avait offert
un pot-de-vin. Joseph Heybou
devait fermer les yeux sur le
contenu de trois caisses –
90 kg de morphine brute.
Ce Somali chrétien lui aurait
tendu un piège. Il y a des
quantités de requins dans les
eaux chaudes de la mer Rouge.
Ils achevèrent le travail.
Dénoncé pour commerce
illicite et détenu pendant
cinq mois, Monfreid réactiva
d’obscures relations que sa
famille avait gardées dans
la franc-maçonnerie. Cette
histoire sordide, Monfreid
l’avoue et la raconte (ou la
romance) en détail vingt-cinq
ans plus tard (après vingt ans:
prescription) dans « L’homme
sorti de la mer ».
Au jeu des empires…
Son tout premier récit, coor-
donnant des journaux de
voyage, date de 1932. Henry
de Monfreid a 51 ans. Après
avoir lu Les secrets de la mer
Rouge, Joseph Kessel, journa-
liste et écrivain très influent,
vint à Obock chez Monfreid
et le présenta dans une série
de reportages puis dans un
livre (Marché d’esclaves, 1933).
Au même moment, le Négus
d’Éthiopie, Haïlé Sélassié,
ordonnait la confiscation
du domaine d’Araoué à cause
d’un texte de Monfreid, l’un de
ses meilleurs, Vers les terres
hostiles de l’Éthiopie, où il van-
tait, en termes équivoques,
les coutumes insolites du
royaume sommeillant. L’inva-
sion italienne (1935), que
Monfreid soutint et justifia,
lui rendit son domaine.
Mais la roue tourne follement
au siècle atomique. Les empires
passent comme des caprices
d’adolescent. L’armée
italienne se débande (1941)
devant les troupes anglaises
de Wingate où combattait
l’un des rares Occidentaux
qui ait autant connu la Corne
de l’Afrique que Monfreid,
l’Anglais Wilfred Thesiger.
Une déroute inexplicable.
Les Italiens avaient le nombre
et la puissance de feu. On
attribua cette défaite à un
encadrement d’officiers

Joseph Kessel le rassure...
Et prépare la rentrée de celui
qu’il appelle le « vieux pirate »
hostiles au régime fasciste.
Les Anglais internent Monfreid
(63 ans) bien qu’ils aient libéré
tous les Italiens ayant plus
de soixante ans. Une fois de
plus, Monfreid tire quelques
sonnettes. Dans ses soixante-
seize volumes autobiogra-
phiques, Monfreid a traité
les sujets les plus scabreux,
de l’esclavage au crime, des
éphèbes qu’on châtre aux
charniers visités par les
hyènes, et probablement tout
développé, sauf un point:
ses relations avec la franc-
maçonnerie. Sa femme,
Armgat Freudenfeld, une
Allemande d’un grand milieu,
morte en 1938, corrigeait ses
premiers manuscrits...
Retour en France
En 1943, la résidence que les
Anglais assignent à Monfreid
après huit mois de détention
dans un camp et où le rejoint
son grand et dernier amour,
Madeleine, est une propriété
luxueuse sur un versant du
mont Kenya. Le propriétaire
de Mawingo, un jeune com-
mandant français, a vingt ans
de moins que sa femme, fille
richissime d’un industriel
new-yorkais. L’Américaine
entretient son commandant,
le pensionne (700 livres par
mois) mais à une condition
rigoureuse que stipulait le
contrat de mariage : il paie
100 livres d’amende à chaque
fois qu’elle apprendra qu’il la
trompe. Monfreid fuit les dis-
putes des conjoints dans une
dépendance du domaine.
Au retour de la paix, il veut
rentrer en France. C’est
l’épuration et la chasse aux
sorciers. Son fils le lui décon-
seille. Mais Kessel le rassure,
l’encourage et prépare la ren-
trée du conteur, du « vieux
pirate », comme il l’appelait,
qui revint à l’automne 1947.
Monfreid posa à plusieurs
reprises sa candidature à
l’Académie Française. Certains
Académiciens craignaient
qu’il leur fauchât leur épée.
Monfreid avait tellement tiré
le diable par la queue dans sa
vie qu’il épargnait comme on
se protège, instinctivement.
Dans les descentes, il coupait
le moteur de sa voiture afin
d’économiser son essence.
Vieillard sec et valide mais
terriblement fripé, il omettait
les quatre pipes d’opium
lorsqu’il parlait de sa sobriété
exemplaire : cent grammes
de miel, un yogourt et un
verre de bordeaux.
L’ultime croisière
De fait, l’octogénaire piquait
encore des pommes ou des
bérets dans son voisinage
du Berry où il s’était retiré. La
Brenne est un pays d’étangs.
Coïncidence: un étang proche
de son domaine se nomme la
Mer-Rouge. Jadis un Croisé lui
avait trouvé une ressemblance
de forme avec la mer tropicale.
C’est à quelques kilomètres
de cet étang, le seul dans
toute la France à porter ce
nom, dans son domaine
d’Ingrandes (Indre), qu’Henry
de Monfreid s’éteint, à 95 ans,
d’un arrêt du cœur (nuit du
12 au 13 décembre 1974, un
mois après son anniversaire).
Fait peu connu que souligne
SAGA
son petit-fils, Guillaume de
Monfreid (né en 1950, 24 ans
à la mort de l’aïeul), auteur
d’une biographie où il mêle sa
vie à la vie de son « impossible
grand-père », indication signifi-
cative d’un tempérament
d’artiste, l’écrivain n’a pas
cessé de peindre des aqua-
relles jusqu’à son dernier
souffle. Sa gloire a pâli après
sa mort. On lui a fait un crime
de certaines amitiés dans la
France de Vichy, de son admi-
ration pour Mussolini, de ses
positions en faveur des Ita-
liens en Éthiopie. Monfreid
avait des amis dans tous les
camps. C’est à cela qu’un
procureur, comme il y en a
tant après coup, reconnaîtra
la roublardise, l’opportunisme,
l’habileté, le cynisme d’un
homme rompu à tous les
négoces. Un avocat y lira bien
au contraire l’humanité, la
largeur d’esprit et de compré-
hension, l’indulgence d’un
homme en ayant trop vu dans
les mirages et les marchandages,
commerciaux ou politiques,
de la mer Rouge.
27
Proche de Katmandou, la traversée du
Ganesh Himal représente l’archétype même
de l’iinéraire encore très peu fréquenté,
où l’on évolue de village en village, chez
l’habitant ou dans de peits lodges. À
réaliser sur une huitaine de jours, de
Arughat Bazar à Syabru Besi, avec une
peite équipe népalaise, voire en solo
pour les randonneurs plus expérimentés.

28
GRANDES
TRAVERSÉES
DU NÉPAL
L’AVENTURE GRAND FORMAT

LES MONTAGNES LES PLUS HAUTES DU MONDE DESSINENT UN

IMBROGLIO DE VALLÉES ET DE HAUTS COLS, DE VILLAGES ET DE
MONASTÈRES SECRETS OÙ LES GRANDS ITINÉRAIRES EN TRAVERSÉE
SONT AUTANT D’INVITATIONS AU VOYAGE. DES GRANDS
TREKS TOURISTIQUES AUX SECTEURS ENCORE CONFIDENTIELS,
DIFFICILE DE NE PAS Y TROUVER CHAUSSURE À SON PIED…

29
30
 Dans les lieux les plus isolés, le
passage d’étrangers est toujours
une source de curiosité. En
autonomie, c’est la porte d’entrée
pour un hébergement toujours
très construcif. Il ne reste plus
qu’à affûter son népalais...

LAURENT BOIVEAU

L’art et la matière
du Népal
SPÉCIALISTE DU NÉPAL ET DES GRANDES TRAVERSÉES,
LAURENT BOIVEAU ILLUSTRE, DANS LA VIE COMME EN
IMAGES, UNE CERTAINE IDÉE DU VOYAGE D’AVENTURE.
NOUS L’AVONS RENCONTRÉ JUSTE AVANT LE DÉPART DE
NOTRE VOYAGE LECTEURS AU DOLPO, QU’IL ACCOMPAGNE
CET ÉTÉ, POUR GLÂNER AU PASSAGE QUELQUES CONSEILS
ET SECRETS DE FABRICATION...
LAURENT BOIVEAU

31
32
 LUMIÈRES
DES HAUTES
SPHÈRES
À la sorie du col de
Tashi Lapsa, entre la
vallée de la Rolwaling
et le Khumbu, nous
sommes récompensés
par ce coucher de soleil
sur le Thamserku et
Kusum Kanguru.
 LE PLUS
SIMPLEMENT
DU MONDE
Un moment inoubliable,
une tente où nous avons
pu faire une pause par une
journée de mousson terrible.
Tout le monde partageait
le même espace...

35
 UN PARFUM
DE TIBET
L’est du Mustang, frontalier
avec le Tibet, dévoile un
décor de hauts plateaux
perchés à 5 000 m d’alitude.
En termes de culture et de
géographie, nous sommes
déjà sur le Toit du Monde.

36
 UN ENFANT,
UN SOURIRE
Les enfants, dans tout
le Népal, sont toujours
aussi accueillants,
espiègles et curieux...
Le bonheur d’un sourire.

38
LE LANGAGE
DU CORPS
Les mains sont le reflet
d’un dur labeur où tout le
monde doit être capable
de mener à bien un grand
nombre de tâches.

39
40
 L’ULTIME
VILLAGE
Certainement le village le
plus isolé du Haut Dolpo :
Kuwagaon. Une visite
s’impose lors de votre
prochain voyage, dans
l’une des plus belles
régions du Népal.
LE MIROIR
D’UNE VIE
Le « far west » népalais
demeure un territoire
vierge, intact, où chaque
iinéraire est propice
à la rencontre et à
la découverte.

LA NATURE À
CHAQUE ÉTAGE
En cinquante kilomètres à peine,
l’élévaion soudaine de la chaine
himalayenne génère un étagement
de végétaion inédit, des jungles
humides des fonds de vallées
jusqu’aux lichens reliques des
hautes alitudes.

43
 RENCONTRE
FORTUITE
Semnopithecus entellus,
Entelle ou Langur gris, peut
importe le nom, il reste
très joueur et d’une grande
habilité. Il se rencontre bien
souvent, tant que les arbres
se font nombreux...

45
 LE REFUGE DES
ÂMES NOBLES
Situé aux confins d’une
profonde vallée isolée, à la
fronière avec le Tibet, le
village de Phu partage avec ce
dernier son idenité culturelle :
religion, architecture...

LES NEIGES
DU YÉTI
L’immense plateau glaciaire
des «Trois cols», entre les
vallées de l’Everest et du
Makalu, demeure un iinéraire
exigeant pour les organismes.

46
 INTERVIEW

Laurent Boiveau
« Un Népal inédit ? Évidemment que c’est possible ! »
ACCOMPAGNATEUR DEPUIS MAINTENANT 23 ANS, LAURENT BOIVEAU
S’EST SPÉCIALISÉ SUR L’HIMALAYA, AVEC NOTAMMENT, EN 2015, UNE
TRAVERSÉE OUEST-EST DU NÉPAL, RÉALISÉE EN AUTONOMIE. IL ÉVOQUE
AVEC NOUS SES « SECRETS DE FABRICATION », À L’HEURE OÙ L’ESSOR
DES ROUTES ET DES ITINÉRAIRES AU NÉPAL INCITE DE NOMBREUX
AMOUREUX DU PAYS À SE FORGER LEUR PROPRE EXPÉRIENCE.

ANTHONY NICOLAZZI

Depuis combien de temps vous êtes-vous
spécialisé dans l’Himalaya et le Népal?
L’Himalaya, ça va faire une vingtaine
d’années. Avant j’étais entre le Népal et
le Ladakh, un peu également au Tibet
mais beaucoup moins. Et comme au
Ladakh, avec la construction de routes,
il est devenu difficile de trouver des iti-
néraires innovants, je me suis orienté
vers le Népal où je passe minimum deux
à trois mois par an.
En 2015, vous avez réalisé une grande
traversée du Népal. Pouvez- vous nous
en dire davantage ?
Ça faisait quelques années que j’avais ça
en tête. On avait des problématiques liées
aux cartes, avec des zones pas vraiment
référencées, des zones où on n’avait pas
le droit d’aller donc c’était un peu plus
long à mettre en place. Je voulais la faire
en suivant mon propre itinéraire, pas par
la Great Himalaya Trail (GHT). Alors j’ai
inventé à l’ouest de belles traversées que
j’ai réalisées avec une amie, Anne
Cattelin. Ça nous a pris quatre mois, en
deux fois parce qu’on a eu un petit acci-
dent aux neuf dixièmes de la fin mais on
est revenus pour terminer cette traversée.
Ça m’a permis d’avoir une connaissance
assez globale du Népal ce qui me sert
maintenant pour monter des voyages
pour moi ou pour d’autres.
2015, l’année du tremblement de terre
au Népal ?
On a fait ça l’année où il y a eu le trem-
blement de terre, on est partis en
juillet 2015 ce qui nous a permis d’avoir
une vue complète du Népal et de voir les
endroits qui étaient touchés ou non, ceux
où on pouvait revenir tout de suite et
ceux pour lesquels il faudrait attendre
un petit peu. Le fait qu’il y ait eu ce trem-
blement de terre, ça a permis qu’on ne
soit pas embêtés avec nos permis parce
que même avec un permis pour deux,
si on n’a pas de staff, on risque d’être
refoulé dans certaines zones. Avec ce
tremblement de terre, il y avait plus de
check post nulle part ; on arrivait avec nos
permis, et les gens nous disaient « allez-
y, il n’y a pas de souci ». Les cartes qui
s’étaient améliorées, Google Earth qui
permettait de mieux travailler, une meil-
leure connaissance… c’était quand
même beaucoup plus facile pour monter
ce voyage comme je l’avais imaginé.
Ces grandes traversées, c’est quelque
chose qui vous a toujours tenu à cœur?
J’aime les longs voyages, partir pour un
mois. Après, si on ne supporte pas cette
longue durée, l’itinéraire peut être plus
court mais j’aime bien quand on a le
temps de s’imprégner, de discuter avec
le groupe qu’on emmène, d’être en rela-
tion avec le staff. Des choses un peu

48
rapides où on picore, ce n’est pas trop
ma tasse de thé, je suis plutôt dans les
gros voyages.
Quelle est la difficulté d’un long voyage?
Au jour le jour, il n’y a aucune difficulté ;
c’est juste un problème de durée.
L’inconfort qui s’accumule fait que cer-
tains ont un petit peu de fatigue sur la
fin mais au Népal on mange toujours
bien, les staffs sont toujours bons, l’in-
confort est un peu contrebalancé par la
qualité de l’encadrement.
En individuel, que peut-on organiser
assez facilement au Népal, aujourd’hui?
Le seul problème, c’est de savoir si on
veut être en seul ou avec un staff. Avec
un staff, il n’y a aucun problème, il faut
trouver le budget et les bonnes per-
sonnes… Si vous sortez des sentiers
battus, des itinéraires classiques, ça va
être beaucoup plus compliqué de trouver
un staff qui connaît, il ne faut pas se
leurrer. Un guide qui travaille sur les clas-
siques ne va pas connaître le fin fond du
far west et inversement. Si vous restez
dans les classiques, il n’y a pas de pro-
blème. Mais en autonomie, le Népal ren-
force ses lois sur l’obligation d’avoir un
staff, et ça devient très compliqué de
faire des traversées en solo. Je pense que
la traversée que j’ai réalisée, je ne pour-
rais pas la refaire.
Où en est la législation pour les voya-
geurs aujourd’hui au Népal ?
C’est un peu flou, les contrôles sont plus
sévères et ils demandent dans de nom-
breux endroits d’avoir une équipe locale.
On se débrouille toujours, mais pour se
débrouiller il vaut mieux parler un peu
népalais sinon c’est très compliqué. Mais
dans certaines zones, ils ne veulent plus
nous voir en autonomie pour une raison
que je n’ai pas encore bien comprise. Il
y a certains endroits, si vous partez en
solo et que vous prenez un guide ou un
staff, il faut savoir que c’est vous qui allez
promener le guide parce que si c’est des
Si vous partez dans certains endroits
du Népal, c’est vous qui allez
promener le guide, pas l’inverse
zones perdues, le guide n’aura pas plus
de connaissances que vous, voire moins.
En revanche, certains longs itinéraires
sont réalisables assez facilement dans
les vallées touristiques…
C’est jouable assez facilement sur les
grands classiques comme les Annapurna,
même s’il y a moins d’intérêt avec la piste.
Le Langtang a rouvert, Gosainkund aussi;
il n’y a pas de problème. Les basses val-
lées, Helambu, la Rolwaling et le Khumbu,
aucun souci non plus. On peut se balader
également dans la région du Makalu, du
Lumba Sumba jusqu’à l’arrivée du
Kangchenjunga. Par contre au niveau du
Kangchenjunga, ils aiment moins. Pour
le tour du Manaslu, également, les auto-
rités népalaises ne veulent plus que l’on
soit sans guide. Depuis l’année dernière,
ils ont refoulé des touristes qui avaient
acheté les permis mais qui n’avaient pas
le numéro de licence du guide. Quand à
l’extrême ouest, ça reste un far west à
l’américaine… La dernière fois que je suis
venu, j’avais oublié un de mes permis.
Finalement on a bu le thé, et ça s’est
arrangé tout seul. De Simikot jusqu’à Api
Himal, il n’y a pas de souci à être seul
pour ce qui est des permis; par contre il
peut y en avoir pour les itinéraires.
Comment organiser sa recherche d’in-
formations lorsqu’on veut découvrir le
Népal ?
Avec les cartes que l’on trouve à
Katmandou car on est cinq-six à donne
aux éditeurs népalais nos itinéraires,
avec Pierre Martin ou encore Paul Grobel.
On fait progresser les cartes, on rectifie
les noms des lacs, les altitudes, les cols.
On utilise Google Earth également : si on
trouve des traces d’alpages, on se doute
que ça passe, on prend nos infos, et
depuis vingt ans on a quand même une
bonne lecture du terrain. Si je rencontre
des semi-nomades ou des nomades, là
c’est beaucoup plus facile parce qu’ils
me donnent des renseignements. Si vous
avez deux gros bourgs ou deux gros vil-
lages qui sont reliés par un col qui n’a
pas l’air trop compliqué sur les cartes,
c’est que ça doit passer, il ne reste plus
qu’à trouver. Le plus compliqué c’est
entre les cols, dans les différentes val-
lées, s’il y a de la végétation ou pire de
la forêt, pour trouver son chemin c’est
vraiment la grosse galère parce que les
troupeaux y passent dans tous les sens
et on ne sait plus quel sentier choisir.
Est-ce que vous constatez un éparpil-
lement du tourisme d’aventure vers de
nouvelles régions ou est-ce que fina-
lement tout le monde va toujours au
même endroit ?
Je trouve que c’est de pire en pire ; tout
le monde se concentre au même endroit!
Ça s’accélère avec un écrasement des
coûts sur ces zones-là. Tout est rodé, le
staff connaît par cœur, c’est simple, il n’y
a peu de rotations d’avion, les prix sont
très attractifs donc tout le monde se
regroupe. On va mettre 80 % des ran-
donneurs au Népal sur trois-quatre
voyages, avec tout le reste, ça laisse de
la place pour ceux qui veulent voir autre
chose. Le Népal est tellement complé-
49
Dans les zones les plus reculées
du Népal, il n’y a parfois pas de
senier, pas de ponts... dans ce
contexte, l’aventure n’est pas
juste une vue de l’esprit.

Pouvoir admirer ces sommets de plus
de huit mille mètres, les uns à côté des
autres, est une expérience fantastique
mentaire d’une région à l’autre qu’il est
important de bouger. Quand vous êtes
au Khumbu, ça n’a rien à voir avec le
far west, le far west n’a rien à voir avec
le Dolpo, et le Dolpo ne ressemble pas
au Kangchenjunga. Il y a de la place pour
se balader en laissant de côté les zones
plus touristiques.

50
 EXPÉ TREK DOLPO 2018
LE GUIDE DE CHOC DE NOTRE VOYAGE LECTEURS
C’est en toute logique que nous avons choisi Laurent Boiveau pour accompagner notre
voyage lecteurs au Dolpo cet été. À l’heure où nous bouclons ce numéro, nos douze
lecteurs sont toujours engagés dans cete traversée ambiieuse, entre le lac Rara, à l’ouest,
et la haute vallée du Mustang, à l’est, en passant par les vallées quasi inconnues qui longent
le nord du Dolpo et la fronière ibétaine. Inconnues ? Pas tout à fait, car c’est précisément
par cet iinéraire qu’est passé Laurent en 2015, et son expérience sera déterminante pour la
réussite de ce projet. En aparté, sachez que les douze places de ce voyage ont trouvé
preneur en quelques jours… Ne tardez donc pas si vous souhaitez pariciper à notre
prochaine Expé Trek, qui se déroulera au Tchad, en janvier­février 2019 (voir page 12).

Faut-il, du coup, délaisser les grands iti-
néraires ?
Non, bien-sûr. Ça ne veut pas dire qu’il ne
faut pas aller au Khumbu, voir tous ces
8000 les uns à côté des autres ça reste fan-
tastique même si vous êtes dans des guest
houses blindées, à 40-50 sur le même
chemin, ce n’est pas grave, le spectacle
est tellement beau que ça reste intéres-
sant. Mais si vous voulez avoir des rela-
tions avec les locaux, au Khumbu ils n’ont
pas le temps de s’occuper de vous car c’est
l’usine, ça travaille beaucoup donc on ne
s’occupe pas de vous. Lorsque vous êtes
dans l’ouest vers Simikot, autour du
Makalu ou dans n’importe quel coin du
Haut-Dolpo, les gens sont toujours inté-
ressés pour discuter avec vous parce qu’il
y a quand même peu de touristes qui pas-
sent, donc vous avez une interaction qui
est plus importante avec la population
locale. Si vous ne cherchez que le paysage,
le Khumbu suffit largement.
Est-ce qu’il est possible de faire un trek
seul, en mini-groupe ou avec un staff
réduit dans une zone moins réperto-
riée du Népal ?
C’est toujours très compliqué. Il y a de
nombreux endroits où il faut être deux
pour avoir le permis. Il y a quelques
agences en France qui se relancent dans
des itinéraires compliqués et qui s’ap-
puient sur des gens de terrain comme
nous. On leur monte de nouveaux
voyages, on peut donc trouver de nou-
velles choses qui sortent. Mais si vous
débarquez à Katmandou sans la moindre
relation ou sans connaître de bonnes
agences népalaises, trouver quelqu’un
qui vous montera quelque chose, il ne
faut pas rêver, c’est impossible. Si vous
traînez dans Thamel et que vous trouvez
des guides qui sont là à chercher du tra-
vail en pleine saison, c’est qu’ils ne sont
pas engagés par les autres tour-opéra-
teurs népalais et en général ce ne sont
pas les meilleurs qui restent ; les bons
on les prend à l’avance, on les paye plus
cher et on les engage plus longtemps.
Donc soit vous trouvez une agence fran-
çaise qui commence à se tourner vers
des choses moins classiques, il y en a
heureusement, soit vous avez des rela-
tions avec une bonne agence népalaise
francophone ou anglophone, mais vous
pouvez être sûr que ce qu’ils veulent c’est
amener de plus gros groupes sur des iti-
néraires plus connus.
Est-il compliqué de recruter sa propre
équipe ?
Le gros souci en ce moment, c’est de
trouver des porteurs. Dans les coins
perdus, il n’y en a plus parce que les trois-
quarts des jeunes porteurs népalais sont
partis dans les pays arabes pour travailler
dans le bâtiment notamment, et avoir du
boulot sur huit-dix mois voire un an. Les
saisons sont raccourcies ; au printemps
maintenant, c’est à peine un petit mois ;
il n’y a quasiment plus personne. Et puis
l’automne avec la mousson qui se décale
c’est souvent mi-octobre/mi-novembre,
avant et après il n’y a pas grand chose.
Donc les Népalais travaillent de moins
en moins dans le tourisme, et ceux qui
y sont tirent la langue parce que les sai-
sons sont trop courtes.
Retrouvez les voyages proposés par Laurent
Boiveau sur son site www.tekenessi.fr.

51
La fin d’une longue journée :
à deux jours déjà des lacs de
Gosanikund, et quelques minutes
encore d’un bivouac perdu sous le
Ganesh Kunda, les grands sommets
des Ganesh Himal barrent l’horizon.

52
 LANGTANG
LA NAISSANCE D’UNE
HAUTE ROUTE
OUVRIR UNE ALTERNATIVE D’AMPLEUR AUX ITINÉRAIRES
CLASSIQUES DU LANGTANG ? IL SUFFIT DE RÉINVENTER LES
CARTES, ENTRE LES LACS DE GOSAINKUND ET LE COL DU GANJA LA,
AU PLUS PRÈS DES COLS ET DE SENTES D’ALTITUDE, DANS UNE
RECONNAISSANCE PLEINE DE BEAUTÉ ET D’INCONNUES…
JEAN-MARC PORTE

53
Invités du versant ouest des Langtang
Highlands : les massifs et les sommets
des Annapurna, du Manaslu et du
Ganesh Himal. À vue ? Plus de
100 km de chaine himalayenne.

54
55

JEAN-MARC
PORTE
Un iinéraire novateur
et plein d’inceritudes ?
Aucun doute, cete haute
route du Langtang était
taillée sur mesure pour
notre reporter.
C’EST OÙ ?
Le Langtang est la zone
frontalière avec le Tibet
située directement au
nord de Katmandou,
et de ce fait la plus facile
d’accès depuis la capitale
népalaise. Elle culmine au
Langtang Lirung (7234 m)
et abrite un parc naional
(permis à prévoir, voir page
suivante). La plupart des
treks de la vallée démarrent
de Syabru Besi, pour
remonter jusque Kyanjin,
en aller­retour. Sorie
possible au sud par
le col du Ganja La sur
l’Helambu (difficile).
Une tasse de
thé brulant
à la main,
prendre un peu de recul avec la fatigue de
cette fin de journée. La vallée est déjà à
l’ombre. Mais il fait… chaud, désormais, à
Talamarang. Et surtout, véritable révolution
après seize jours de bambée dans la pampa,
la route de poussière qui longue la Melamchi
Khola est parfaitement carrossable. L’excitation
(le soulagement ?) de notre dream team est
palpable: non seulement les échoppes du petit
village sont pleines d’oranges et de bananes,
mais Tarpu vient juste de dénicher une jeep.
La poignée de kilomètres qui nous sépare de
Melamchi Bazar, notre porte de sortie très inat-
tendue (nous sommes dans l’Helambu, à des
années lumières de marche la haute vallée du
Langtang…) ne sera qu’une formalité baroque
d’empilement de sac et d’humains.
Une équipe heureuse, donc, qui rêve de douche
et de fringues propres. Il y a soixante-douze
heures encore, nous ne faisions vraiment pas
du tout (mais pas du tout) la même tête. Les
quatre mille mètres de dénivelé perdus ces
dernières jours (et nous un peu avec…) suffi-
sent presque à résumer notre entreprise. Il
faut parfois un peu de déroute pour apprécier
la route: après les sommes d’incertitude et de
doute qui ont tissé la trame de ce premier
« Langtang Highlands », à deux doigts d’un
peu d’eau chaude et du mot fin, la beauté de
l’exercice commence à peine à s’imposer…
COUP DE POUCE AU LANGTANG
D’où sortons-nous exactement ? Avant les
dédales des hauts cols et des lacs perdus, bien
avant les passages ancestraux et les alpages
d’altitude, petit détour. Le Langtang ? Des vil-
lages essentiellement peuplés par l’ethnie
tamang. Des sommets (Langtang Lirung,
Dorge Lakpa, Ganchengpo…) dépassant les
7 000 m. À deux pas de Katmandou, ce massif
frontière avec le Tibet n’est plus, depuis le
tremblement de terre de 2015, une zone
« neutre » (voir notre numéro de mars 2016)

Elément clef de notre

première semaine vers
les lacs de Gosainkund :
la remontée des crêtes
de Gosainkunda Danda,
loin au­dessus de Dunche.

56
 À carte, le plan de départ est presque simple.
19 jours de marche. Et une nouvelle liaison
d’altitude vers le col du Ganja La
au Népal: profondément touché par le séisme,
les voyageurs s’y sont fait rares. Malgré les
cicatrices encore largement visibles, la région
s’est pourtant reconstruite. Mais la recons-
truction ne suffit pas, si les visiteurs (-50 à -
60 % l’an passé) ne reviennent pas.
C’est ici, dans ses terres de prédilection en
situation toujours délicate, que Benoît Perraud,
un Français basé à Katmandou et proche de
l’agence locale Nepatrek, a ainsi dessiné ce
projet de haute route. Benoit veut marquer le
coup. Remettre le Langtang en avant, en pro-
posant une alternative par le haut reliant pour
la première fois les lacs sacrés de Gosainkund
au col du Ganja La (5 122 m.). Ouvrir une
boucle inédite ? L’affaire est à la fois explora-
toire, dans le meilleur sens du terme, puis
qu’elle implique une autonomie sur plusieurs
jours dans des coins pour le moins désolés et
incertains en termes de progression. Mais elle
est aussi symbolique pour toute une série
de communautés, celles des Tamangs, des
agences… et des marcheurs. L’affaire n’était Un mélange de
pas mince, à plus d’un titre ? Autant prendre zones de pâturages,
de pierriers, de vallées
les choses simplement. encaissées, de lacs
et de névés marqués
de traces de léopards
AU CŒUR DES VILLAGES de neiges. Bienvenue
21 novembre 2017. Le premier souvenir de dans les hautes terres
du Langtang.
l’aventure est un modeste terrain de foot.
Village de Kharanitar, district de Nuwakot, en
rive droite de la Tadi Khola, quelques heures
de bus au nord de capitale népalaise. Les
charges qui se répartissent, le soleil cru des
premiers lacets : nous prenons pied sous la
chaleur dans le premier volet du trip. Un volet
absolument simple, limpide, rural : celui —
57
 humain — des villages et des vallées qui vont silhouettes des derniers porteurs. Les aligne-
PERMIS occuper pendant une petite semaine la pro- ments doux des crêtes environnantes, où se
DE TREK gression vers la porte d’entrée réelle de nos mettent à briller comme des étoiles les minus-
Le visa s’obient à l’arrivée inconnues, les lacs de Gosainkund, plein nord cules lumières des fermes… Le voyage s’ins-
à l’aéroport (prévoir 35 € à carte. Nous sommes très à l’ouest des iti- talle dans la beauté de lieux.
ou 40 US$ en liquide pour néraires répertoriés de l’Helambu. Au-dessus
un mois, et une photo
d’idenité). Pour les permis de nous, deux gros systèmes de crêtes PREMIÈRES NEIGES
de trek, les agences s’occu­ est/ouest barrent les hautes vallées de la Le lendemain soir, nous posons le camp à
pent de tout à Katmandou. Darkhu, de la Gochayang et de la Phalakhu Urleni. Le village, minuscule, domine les der-
En individuel, prévoir un
jour de batement pour Khola, avant que nous ne prenions pied sur nières zones de terrasses, au ras des forêts.
l’obtenion des permis l’échine majeure de la Gosainkund Danda, à Lumière dorée sur notre nid d’aigle : un
de trek (TIMS, 2 000 NPR quelque trente kilomètres à vol d’oiseau. homme qui nous regarde, un enfant sur ses
soit 15 €, bureaux du
Nepal Tourism Board, Sandwich-frites avalés, le monde nous appar- genoux. Le chant de la source. Les bêlements
sur Pradarshani Marg, tient? Pistes et chemins sillonnant les collines. des chèvres. Les maisons en reconstruction,
10h­17h). Autre permis Maisons de terres et kids rigolards. Bosquets, aussi. Nous avançons tranquillement vers le
à prévoir, celui du parc
naional du Langtang
vaches et fontaines. Les arrêts se multiplient, haut. Le lendemain, la trame des sentiers
(3400 NPR, soit 26 €). d’une cérémonie funéraire aux petites cours minuscules en forêt et des pistes nous pro-
des fermes. Nous installons pour la première pulse à Yarsa. Changement de monde? Le der-
fois le camp, juste derrière un hameau dominé nier bourg avant longtemps est en pleine
par une magnifique maison de deux étages ébullition : la campagne électorale bat son
aux balcons de bois magnifiquement sculptés. plein. Musique, officiels et villageois sur leur
COMMENT Un rodage général, au bord de la nuit? Les cas- trente-et-un ? Nous sommes posés sur la ter-
Y ALLER ? cades des terrasses avalées par l’ombre. Les rasse de le petite gompa, et les tournées
On accède facilement
à Syabru Besi en bus depuis
Katmandou (départs depuis
Naya Bus Park, compter
700 NPR, soit 5,50 €, 7h
de route). Pour des départs
ou arrivées différents
(Kharanitar et Melamchigaon
dans notre cas), des trans­
ferts en véhicules 4x4 ou
micro­bus peuvent être
organisés.

Benoît à la carte,
et avec le sourire : le
Ganesh Pass est juste
derrière nous. Il reste
Notre reco en chifres
juste à poser le camp.
Et à inventer la suite
de l’iinéraire... 17 jours de marche. 40 marcheurs et porteurs. Trois guides népalais et
un accompagnateur en montagne français. Point bas de l'iinéraire :
Kharanitar (815 m). Point haut : Ganesh Pass (4 810 m).

58
 Les seniers extraordinaires
au­dessus du hameau de
Chowmin Tso, qui marque
le dernier village avant
longtemps : entre les
dernières forêts d’alitude
et les premières neiges, la
journée va nous faire gagner
1 500 m de dénivelé posiif.

59
 Après quelques jours de mise en jambe,
notre exploration monte en puissance.
Le froid. La brume. La fatigue... AVEC QUI
PARTIR ?
Cete exploraion des
hautes terres du Langtang
gampe (cul sec) d’alcool local ne viendront surprise : l’hiver est là. L’eau vive est rare sur a été menée par l’agence
que tardivement à bout de cette nuit-là. les crêtes. Mais cette contrainte nous a juste locale népalaise Nepatrek,
Vingt-huit heures plus tard. Un poil en des- propulsé de mille cinq cents mètres vers le avec la complicité de
Benoît Perraud, installé à
sous de 4 000 mètres d’altitude, à l’ombre du haut. Autant de gagné pour demain ? Autant Katmandou. Cet automne,
soir. Les pieds dans la neige, les doigts gelés de perdu en termes d’acclimatation. Nepatrek va poursuivre le
à essayer de monter la tente vite fait bien fait. Les porteurs ont installé cuisine et tente mess travail engagé en 2017
pour finaliser l’iinéraire,
Après ces jours de mise en jambe, le déroulé sous un énorme bloc solitaire, au pied d’une
avec une expédiion
de notre traversée exploratoire monte nette- trace de gel d’où suinte un peu d’eau libre. d’exploraion du 25
ment en puissance. Le froid. La brume. La Malgré, ou avec ce tableau, les « Langtang novembre au 16 décem­
bre (22 jours, 1990 € base
fatigue. Le résumé est délicat à faire en gre- Highlands » vont pourtant nous asséner un
10 paricipants, hors vols
lottant, mais les émotions s’accélèrent net- incroyable spectacle. Une seule déchirure des internaionaux).
tement. Le kaléidoscope des souvenirs couvre brumes, aujourd’hui, nous a permis d’entra- Également au programme,
cete saison, une « version
aussi bien les baignades dans des vasques percevoir Dunche loin sous nos pieds. Mais
courte » (18 novembre au
que l’évacuation en hélico de Monique (poi- cette avancée en aveugle prend fin : avec la 3 décembre, 1690 € base
gnet explosé), les bâches UNHC du village tombée du jour, la nappe dense reflue. Dans 8 paricipants) et une
(chrétien) de Doklang que les toutes premières les lumières du couchant, jusqu’à la nuit, le « version moyenne »
(22 jours, 7 au 28 octobre,
vraies questions tactiques (pourtant encore spectacle est juste inouï. Annapurna, Manaslu, 1990 € base 8 pax).
évidentes sur le papier) de notre progression. Ganesh Himal : à vue, sur 180°, les groupes de Toutes les infos sur
ces géants flottent au-dessus de la mer de www.nepatrek.com
QUESTIONS TACTIQUES nuage dans des strates de roses de jaune, de
Nous avons raisonnablement quitté ce matin bleu, jusqu’au pentes du Langtang II (6 581 m).
la proue du dernier village de la vallée Au nord, l’horizon butte sur la barrière de la
(Chowmin Tso, 2 500 m) en remontant plein frontière tibétaine. Pour la première fois, les
nord dans les forêts, droit sur « l’autoroute » tableaux sublimes d’altitude des highlands
dégagée qui doit nous mener sur les lacs de nous accompagnent…
Gosainkund: les crêtes de Gosainkund Danda.
Au vu des cartes donc, nous nous donnions LA JONCTION RÊVÉE
tranquillement deux jours pour atteindre les 30 novembre, fin de matinée. Le claquement
4 380 m des lacs sacrés. Mais premier contre- violent des lungtas dans le vent qui balaye
ordre du terrain: l’absence de tout point d’eau, le pierrier chaotique du col accompagne
malgré la présence de bergeries, nous a juste aussi… nos sourires. 4 810 mètres au GPS. En haut : le Ganja La
forcé à… avancer. Pas d’eau, pas de cuisine ? Nous sortons juste ce matin dans la lumière est à deux pas ? Nous
franchirons cet ulime
Être talonné par cette question est une semi- d’un bivouac aussi somptueux que frigo, dans col de notre reco avant
de décider d’abandonner.
Et donc de le repasser
pour nous échapper
vers la Melamchi Khola…

Francisco Perez : post trauma En bas : une vrai puja

d’alitude, célébrée
durant le seul jour « off »
de notre bambée, sur les
« J’ai vécu le tremblement de terre en direct. J’étais avec une amie sur un peit sommet du crêtes dominant les lacs
Langtang, le 25 avril 2015. Avec d’autres trekkeurs, nous sommes restés sur place pendant sacrés de Gosainkund.
près d’une semaine, dans une situaion réellement très difficile, avant d’être évacués. Pendant
les mois qui ont suivi mon retour en Europe, je me suis apercu que je développais des syndromes
dits de stress post traumaique. Revenir ici est en quelque sorte une thérapie. Une manière
d’accepter un retour possible à la normale, si c’est possible, après ce drame. »

61
OÙ DORMIR ?
Praiquement aucun lodge
n’existe sur le parcours
Véronique Lebihan :
que nous avons parcouru,
à l’excepion de ceux des l’aide d’une association
lacs de Gosainkund, à mi­
parcours, et à Melamchi­
« Le Langtang ient une place assez singulière dans ma vie. J’ai connu cete région avant le tremble­
gaon, dans la haute vallée
ment de terre. J’y ai des amis, des connaissances. Mais je m’occupe aussi de Nepatrek Solidarité,
d’Helambu. L’autonomie
une associaion qui s’est montée après le tremblement de terre pour gérer les dons et organiser des
totale est donc requise
aides notamment sur les villages de Thulo Syabru et de Syabru Besi. Être là, c’est aussi une façon de
pour se lancer sur cet iiné­
constater que la reconstrucion est bien réelle, pour les touristes comme pour les habitants... »
raire. L’agence Nepatrek
qui y organise des circuits
assure toute la logisique
requise. Des lodges
existent en revanche sur
l’iinéraire classique de
remontée de la vallée du
Langtang, entre Syabru
Besi et Kyanjin, et permet­
tent de réaliser des treks
sur une peite semaine.

En haut : un retour
de reconnaissance
mené au ras de la nuit.
Laurent et Henry sont
éreintés mais heureux :
le passage du Ganesh
Pass, demain, est OK…
En bas : descendre
coûte que coûte,
se perdre et terminer
de nuit, sans eau, dans
un sacré cul­de­sac.
Il y a pire encore,
comme bivouac…

62
 Parfois, ça passe en mode chamois.
Parfois, ça ne passe pas…
une vallée toute d’ombres bleues et de lacs
gelés collés sous les sommets. Et toute
l’équipe à la banane : le col, reconnu hier soir
très tard, et baptisé derechef Ganesh Pass,
conclut de fait l’enchaînement d’une série
d’inconnues qui agrémentaient, depuis trois
longs jours, notre quotidien : valider l’exis-
tence d’un passage permettant, au ras du
Ganesh Kunda, de trouver dans l’enchevê-
trement des vallées et des sommets, une bas-
cule de l’itinéraire vers le nord-est, en
direction du Ganja La.
À carte, la jonction rêvée avec cette partie
« classique » de l’itinéraire se rapproche donc
vraiment. Et à l’aune des légères galères de
ces dernières heures, la vue qui s’ouvre sur
nos futurs « nouveaux horizons » est une vraie
libération… Même la météo (le mauvais temps
et la neige seraient un vrai piège, ici…) est
avec nous. Haut les cœurs ? Le moral est à
bloc. Pour l’instant, tout roule, malgré le ter-
rain… retord. Nous tenons notre feuille de
route, mais nous ne traînons vraiment pas.
La journée de repos dans les lodges de
Gosainkund ne s’est pas résumée a une lumi- Sous le Ganesh Pass
(4 910 m), un ulime
neuse puja et quelques verres de thé. Notre camp aussi bleuté que
chef cuistot et Laurent y ont récupéré in venté avant de basculer
extremis quarante litres de kérosène, du riz, sur le versant Helambu
de notre traversée.
des porteurs, mais surtout notre team (46 per-
sonnes au total…) a désormais un nouveau
« fixeur ». Sarki est un berger du Langtang qui
connaît bien les pâturages isolés et les sentes
qui permettent de les relier.
VERS L’INCONNU
Coté reco, Laurent, guide de montagne, mais
encore Henri, Tarpu, et Nima seront avec lui
aux avant-postes pour valider (ou non)
l’avancée de notre petite troupe. Le plaisir de
tourner le dos à la trace classique qui fonce
63
64
 Moins de quatre jours de vivres, une énergie
bien entamée... il est temps de faire demi-tour

sud vers l’Helambu, dès le premier jour, est L’INCERTITUDE

assez rapidement contrebalancé par notre prise
de contact sans douceur avec notre nouveau
terrain de jeu. Altitude plus versant presque
nord: une couche blanche recouvre certaines
traversées de pierriers « pleine pente ». Idéal
pour marquer les empreintes de léopard des
neiges, mais pour les porteurs, dont la majo-
rité est en basket, une vraie galère commence.
Nous jonglons désormais tant bien que mal,
au moral comme à chaque pas, dans la géo-
morphologie chaotique des hauts plateaux,
entre zones de végétation rase, lacs suspendus,
alpages, vallées serrées, cols et barrières
rocheuses. La question de l’eau, le premier
jour, va nous faire abandonner — talonnés par
la nuit — plus de 600 mètres de dénivelé :
avancer « à niveau » n’est pas simple. Pas plus
que les options « droit dans la pente » : par-
fois ça passe, en mode chamois, au cœur de
vraies petites murailles de roches délitées.
Parfois… Non. Nous voulions de l’explo ? Un
brin de tension et d’incertitude ? De l’isole-
ment et du sauvage? Nous y sommes. Brigitte,
immobilisée par de sérieuses douleurs au
ventre, a été évacuée hier par hélico. Les por-
teurs ont été rééquipés. Mais la partie n’est
(surtout) pas du tout jouée. À l’évidence, les
hautes terres sont bien truffées de très anciens
réseaux reliant vallées et alpages. Mais entre
les rares cairns et les kharkas (estives) aban-
données, rien ne dit encore que ce « système »
va nous mener à bon port…
Deux jours plus tard. Nous avons dégringolé
de la haute vallée du Ganesh Pass, posé un QUEL NIVEAU ?
camp noyé dans une mini-forêt de genévriers, Ce trek d’alitude se
avant de remonter à main gauche, pour desine à de très bons
marcheurs ayant une
aborder via une vaste épaule la vallée sui-
expérience des condiions
vante. Single track de bergers, blocs épars et d’isolement, de froid et
nouveaux horizons : le yo-yo des ubacs et des d’alitude. Nombreux
passage « hors seniers ».
adrets continue, en dominant de plus de deux
Neige ou névés possibles.
mille mètres les sublimes étagements bleutés Le profil d’acclimataion
des crêtes de l’Helambu qui tombent vers l’est est très progressif et des
et le sud. Tout va bien. L’équipe est même en journées de repos s’intè­
grent dans le programme
stand by : au soleil des bergeries, sous les cris pour assurer une bonne
des aigles, nous attendons juste des nouvelles progression en alitude.
pour « la suite ». Crachotement des talkies :
Laurent est arrivé au col qui marque la bar-
rière rocheuse en face de nous. Déception :
c’est niet. Après la faiblesse des crêtes, ça ne
passe pas. Flottement général. Puis c’est au
tour de Karpu : sur la gauche du col, il a suivi
la trace qui grignote les faiblesses des barres
rocheuses. Le « vrai col » est bien là, avec son
vieux sentier et ses marches de pierre.
Nouveau cadeau de très grande d’ampleur: de
ce point, émergeant du fracas général des som-
mets à vue, le Ganchengpo (6300 m), la balise
sublime du Tilman Pass (5350 m), est visible.
Nous sommes à deux doigts (et quelques bas-
cules de vallées…) de l’axe du Ganja La. Vers
l’est, la guirlande enneigée des hauts « 6000 »
court jusqu’au Gauri Sankar (7134 m). Moins
heureux: à vue depuis notre perchoir, la vallée
à nos pieds ne propose pas vraiment de cha- Au cœur de notre
pitre « suite ». Nouvelle dégringolade vers progression : les très
anciennes sentes
d’accès aux cols et aux
pâturages d’alitude
des plateaux du
Langtang.

Benoît Perraud : les liens familiaux

« Ma femme, Pasang, et toute la parie népalaise de ma famille, est originaire du Langtang. Et je
suis partenaire de l’agence Nepatrek depuis sa créaion en 2013. L’après tremblement de terre a
été une période très dense pour nous en termes d’aide matérielle à des villages et des familles de la
vallée. Mais si les touristes se iennent à l’écart de la zone, ça ne suffit pas. Objecivement : la région
est délaissée, aujourd’hui. D’ou ces projets de reconnaissance et de nouveaux iinéraires menés par
l’agence. Les cartes, les tracés ne nous appariennent pas : ils sont ouverts à tous, agences ou indivi­
duels. J’espère que le coup de projecteur de cete reco sublime y contribuera... »

65
Un iinéraire
intégralement sous
tente, comme aux
meilleures heures
du trek au Népal ?
Les hauts plateaux
du Langtang le
valaient bien…

QUEL
ÉQUIPEMENT ?
Votre équipement
devra être typé montagne
(chaussures, duvet et
vêtements sérieux notam­
ment pour des bivouacs
au­delà) des 4 000 m
d’alitude) pour la parie Survoler le monde des hommes est
centrale de l’iinéraire.
Les températures nocturnes
oscillent entre ­5°C et ­
une chose. Le rejoindre en est une autre
15°C. Si vous vous conten­
tez de la version courte
de l’iinéraire, de bonnes
chaussures de randonnée l’ombre pourtant. Nous ne le savons pas rent. Forêts de micro-bambous. Hors sentiers
et un duvet ­5°C confort encore, mais cet ultime hors piste va signer le délicats. « Monkey trekking », lâchera, entre
peuvent suffire, avec coup d’arrêt du projet initial. Au camp, Kharpu, humour et fatigue, un jeune porteur. Trek de
éventuellement un drap
Benoît et Laurent font — pour la centième fois singe, en plein territoire des pandas roux?
de soie en complément.
— le point. Entre pierriers sans fin et faces déli- La gravité (droit vers le bas…) jettera littérale-
tées, pas de sortie rapide «par le haut» ima- ment notre caravane, en ordre souvent dis-
ginable pour notre caravane. Quant à l’exit par persé, vers le fond de nos énergies. Nous avons
le bas, droit sur la Melamchi Khola… Kharpu déboulé ainsi dans le raide et les micro-sen-
est déjà allé jeter un œil. La sente tombe sur tiers jusqu’à tard dans la nuit, en s’enfermant
un vaste verrou de moraines abruptes, et se progressivement sur un versant de forêt se res-
perd dans des verticales de roches instables. serrant sur deux canyons grondants. Coincé
sur cette proue, notre premier bivouac à la belle
RETOUR VERS L’HELAMBU étoile, à deux pas des falaises terminales de
Nous avons atteint notre propre impasse? Avec mauvaises moraines, fut une sorte de radeau
quatre jours max de vivres et de kérosène dans de la méduse : pas d’eau. Pas de nourriture.
les sacs, une énergie bien entamée, tenir le Juste le son des torrents, plus bas, dans le noir.
pari de tenter « aller voir plus loin » semble Avoir soif, à vue des hauts villages de
Entre gompas solitaires juste, ce soir-là… déraisonnable. Nous avons l’Helambu ? Une fois rejoint Melamchigaon,
et villages, deux jours de
descente sur l’Helambu, donc décidé de faire demi-tour. De repasser le l’histoire, le lendemain soir, impressionnera
en lente réacclimataion col. Et de nous échapper plein est vers à peine nos hôtes villageois: personne n’y avait
à la marche et au monde
« normal »… l’Helambu. Sans savoir, là encore, que cette jamais vu de groupe arriver des hauteurs « par
décision fort sage, allait signer la galère la plus là ». La descente finale, via Tarkhegyang et
singulière de tout le trek. Juste pour le plaisir Sermathan ne fut qu’un beau retour au
de l’écrire: nous en avons bavé, les trente-six monde ? Au-delà du mélange de fatigue et de
heures suivantes. Survoler le monde des déception, de villages en stupas, Benoit et
hommes est une chose. Le rejoindre en est une Laurent dessinaient déjà les itinéraires à venir
autre. Terrain parfois calamiteux. Fond de tor- sur les highlands.

66
67
 Les hauts-plateaux du Langtang - Les itinéraires
VERS KATMANDOU

Saug
(3 450 m)
Urleni
(2 200 m) Yarsa Mere DUNCHE
Alchhidhunga (2 000 m) (2 500 m)
(1 250 m)
KHARANITAR
CHANDANBARI
LAUREBINA
T
GOSAINKUND
Laurebina La
(4 630 m)

Chyanda
Kharka (
Upper Praibhara
(4 400 m)

Ghopte Ganesh Kunda

(3 530 m) Ganesh Pass (4 800 m)
Camp (4 900 m)
Gosainkund Hela (4 200 m)
mbu Trek

Camp

HELAMBU
(4 100 m)

Namsang Khola
(2 500 m)

Camp Naya Kanga Camp

(3 200 m) (4300 m)
VERS MELAMCHIGAON

Lang
tang
Helam Yangri Kharka
bu Tr (4700 m)
ek
N

1 km
 Lodge Bivouac
Axe rouier Haute route Senier à confirmer Autre senier

GANESH HIMAL
GATLANG

BRIMDANG
THULO SYABRU
SYABRU BESI
VE RS LA CH IN E
ang
(2300 m)

SHERPAGAON BRIDDHIM Tamang heritage Trek

RIMCHE

GHODA TABELA
Langtang Lirung
(7 227 m)
La
Naya ng
Kanga t an
(5 844 m) gT
re
k

LANGTANG

Ganja La
(5 130 m)
LANGTANG

Ganja La Phedi
(4700 m)
KYANJIN GOMPA

Kyanjin Ri
(4 773 m)
 TOPO ° Les hauts-plateaux du Langtang
3 itinéraires En dehors des chemins classiques, les hauteurs entre Gosainkund, Helambu et Langtang
sont accessibles aux randonneurs entrainés et équipes expérimentées.

Les hauts-plateaux —
ÉTAPE 11
—
ÉTAPE 13

du Langtang Camp 4200 m /

17 jours / niveau : difficile
Iinéraire intégralement sous tente. 14 étapes (environ
19 jours en intégrant les journées d’acclimataion/repos).
— —
ÉTAPE 1
Kharanitar /
Alchhidhunga
4 h / +600 m
De Kathmandou, transfert jusqu’à
Kharanitar (650m) en véhicule
privé. 4h. Puis marche jusqu’à
Alchhidhunga (1250 m) au milieu
des terrasses agricoles et des
hameaux. Nuit sous tente.
— (≈ 4 600 m, 5 h A/R / +300 m / ­300 m)
ÉTAPE 2
Alchhidhunga / Urleni
7 h / +1150 m / ­200 m
Marche jusqu’à une bergerie avoisi­
nant Urleni (2 200 m), dans un peit
hameau agricole niché au milieu de
terrasses. Nuit sous tente.
— Début de la marche sur les plateaux
ÉTAPE 3
Alchhidhunga / Yarsa
7 h / +800 m / ­1 000 m
Marche jusqu’à Yarsa (2 000 m).
La prise d’alitude fait progressive­
ment changer les paysages. Très belle
vue sur la vallée. Nuit sous tente.
hameaux. Nuit sous tente.
— 6 h / +600 m / ­500 m
ÉTAPE 4
Yarsa / Mere
6 h / +800 m / ­300 m
Remontée jusqu’à Mere (2 500m ),
qui marque les dernières traces de
vie de cete vallée. Nuit sous tente.
— Ganesh Kunda /
ÉTAPE 5
Mere / Saug
6 h / +950 m
Marche jusqu’à Saug (3 450 m),
tout peit hameau (bergeries) niché
sur le crête de Gosainkunda Danda.
Nuit sous tente.
70
ÉTAPE 6
Saug / Gosainkund
5 h / +1 050 m / ­100 m
Marche jusqu’à Gosainkund
(4 380 m) et ses lacs. Gosainkund
est un sanctuaire de Shiva et un site
de pèlerinage renommé. Nuit sous
tente ou lodge possible. Journée de
repos et d’acclimataion le lende­
main. Vue extraordinaire sur l’ouest
de la chaine depuis le peit sommet
dominant le hameau. Nuit sous
tente ou lodge possible.
—
ÉTAPE 7
Gosainkund /
Upper Pratibhara
5 h / +700 m / ­200 m
via deux cols à environ 4 700 m.
Camp à environ 4 600 m à proximité
d’une bergerie nommée Upper
Praibhara. Nuit sous tente.
— les plateaux au­delà des lacs de Gosainkund, avant de retomber
ÉTAPE 8
Upper Pratibhara /
Ganesh Kunda
Marche jusqu’au lac de Ganesh
Kunda (4 650 m), dans un univers
minéral et glaciaire. Nuit sous tente
au bord du lac.
— kund. Une journée d’acclimataion
ÉTAPE 9
Camp 4100 m
6 h / +100 m / ­800 m
Passage du Ganesh Pass (4 900 m.)
et marche jusqu’aux pâturages,
à mi­chemin de la Melamchi Khola
(environ 4 100 m). Nuit sous tente.
— jusqu’à mi­chemin du Ganesh
ÉTAPE 10
Camp 4100 m /
Camp 4200 m
6 h / +600 m / ­600 m
Marche jusqu’à un torrent isolé
(alitude : environ 4 200 m) en
franchissant un col sans nom à
4 700 m., d’où on peut voir jusqu’au
Rolwaling. Nuit sous tente.
Ganesh Kunda
6 h / +850 m / ­100 m
Étape de bascule vers la haute
vallée du Langtang via le Ganesh
Kunda (4 800 m). Nuit sous tente.
Le lendemain, journée de repos
à Ganesh Kunda. Possibilité
d’explorer les cols secondaires
et les versants des vallées environ­
nantes. Nuit sous tente.
— Syabru Besi
ÉTAPE 12
Ganesh Kunda /
Chyandang Kharka
6 h / +300 m / ­900 m
Descendre vers la vallée sur les
seniers de yacks, soit jusqu’à mi­
chemin de Lama Hotel (2 400 m),
soit jusqu’à Chyandang Kharka
(2 300 m). Nuit sous tente.
Les hauts-plateaux,
version courte
11 jours / niveau : confirmé
Iinéraire intégralement sous tente, propose de remonter sur
sur la vallée du Langtang sans franchir le Ganesh Pass.
— —
ÉTAPES 1 À 6
Étapes ideniques à l’iinéraire des
hauts plateaux du Langtang entre
Kharanitar et les lacs de Gosain­
et de repos à prévoir à l’issue de
cete première semaine.
— —
ÉTAPE 7
Gosainkund /
camp d’altitude
6 h / +700 m / ­200 m
Début de la parie haute alitude,
Kunda (à environ 4 600 m).
Chyandang Kharka /
Sherpagaon
6 h / ­700 m
Retrouvailles avec les seniers
connus vers Syabru Besi. Nuit
prévue à Bomba (2 650 m) ou
à Sherpagaon (2 300 m) selon
l’iinéraire choisi. Nuit sous tente.
—
ÉTAPE 14
Sherpagaon /
5 h / ­1 100 m
Retour sur Syabru Besi (1 500 m),
« capitale » de ces contrées d’ali­
tude. Fin du trek. Nuit sous tente.
Journée tampon à prévoir en cas
de difficulté sur l’iinéraire, pouvant
être converie en un jour de repos
à l’arrivée à Syabru Besi. Transfert
retour vers Katmandou (7 h)
le jour suivant.
ÉTAPE 8
Camp d’altitude /
Brana
4 h / +100 m / ­400 m
Marche jusqu’à la bergerie de
Brana (4 400 m). Nuit sous tente.
ÉTAPE 9
Brana / Mukharka
6 h / ­ 600 m
Traversée de la Red Panda
Area jusque Mukharka
(2 850 m). Nuit sous tente.
—
ÉTAPE 10
Mukharta /
Syabru Besi
5 h / ­1 300 m
Fin de la descente vers Syabru
Besi. Nuit en lodge. Transfert
vers Katmandou le lendemain
(7 h de route).
L’exploration 2018
15 jours / niveau : expert
Pour boucler définiivement la faisabilité de l’iinéraire via le Ganja La (5 130 m),
une nouvelle exploraion cet automne remontera «à l’envers» depuis
l’Helambu (Melamchigaon), pour revenir, une fois la soluion trouvée, sur les
pas de l’explo 2017 via le Ganesh Pass et Ganesh Kunda, avant de rejoindre
Gosainkund… Ce tracé validerait de fait l’intégralité du parcours imaginé à
l’origine, avec une sorie des hauts plateaux par le Ganja La.

— —
ÉTAPE 1
Melamchigaon /
Namsang Khola
6 h / +300 m / ­ 300 m
Au lendemain du transfert vers
Melamchigaon (7 h de route depuis
Katmandou, nuit en lodge), marche
vers le confluent (2 500 m) entre
la Namsang Khola et la Melamchi
Khola. Nuit sous tente.
— l’un des plus beaux camps
ÉTAPE 2
Namsang Khola /
Camp 3200 m
6 h / +700 m
Remontée de la vallée de la
Melamchi Khola, jusqu’à une
alitude d’environ 3 200 m. Nuit
sous tente. Le lendemain, journée
d’acclimataion et de repos à prévoir.
— Upper Pratibhara
ÉTAPE 3
Camp 3 200 m /
Naya Kanga Camp
6­7 h / +1100 m
Marche jusqu’à jusqu’au pied du
Naya Kanga (à environ 4 300 m).
Nuit sous tente.
— de Gosainkund
ÉTAPE 4
Yangri Kharka A/R
7 h / En cours d’exploraion
Aller­retour en direcion de Yangri
Kharka (jusqu’à environ 4 700 m). Le
but est de franchir un col à 4 900 m
faisant la bascule entre le Naya
Kanga et le senier du Ganja La,
pour s’assurer que notre idée de
rejoindre les plateaux au Langtang
est bien possible. Nuit sous tente.
— 6 h / +600 m / ­600 m
ÉTAPE 5
Naya Kanga Camp /
Camp 4200 m
7 h / En cours d’exploraion
Marche jusqu’à la source de la
Namsang Khola (4 200 m), à mi­
hauteur de la vallée du Ganesh
Kunda, via un col à 4 700 m
avec vue jusqu’au Tashi Laptsa.
Nuit sous tente.
ÉTAPE 6
Camp 4200 m /
Ganesh Kunda
7 h / +800 m / ­ 400 m
Marche jusqu’au Ganesh
Camp (4 650 m) via le Ganesh
Pass (4 915 m), un col de toute
beauté avec d’un côté une vue
sur la vallée de l’Helambu et de
l’autre les Ganesh et une vallée
cachée en cirque où l’on établit
du trek. Nuit sous tente.
Le lendemain, journée permetant
de prendre un peu de repos et
d’explorer en boucle les environs
du lac de Ganesh Kunda, isolé au
cœur des plateaux.
—
ÉTAPE 7
Ganesh Kunda /
5 h / +500 m / ­600 m
Marche jusqu’au haut de la vallée
de Praibhara High Camp (environ
4 400 m). Nuit sous tente.
—
ÉTAPE 8
Pratibhara / Lacs
7 h / +200 m / ­<700 m
Marche jusqu’à Gosaikund
(4 380 m) et ses lacs via deux
cols à 4700 m. Nuit sous tente.
Le lendemain, exploraion des
environs et/ou journée de repos
pour soulager les organismes.
—
ÉTAPES 9 À 12
Gosainkund /
Kharanitar
Redescente « à l’envers » de
l’iinéraire des hauts­plateaux
du Langtang jusque Kharanitar,
avec des étapes à via Mere,
Yarsa, et Urleni. Nuits sous tente.
71
La nouvelle gompa de Kyanjin,
au pied du Langtang Lirung.
Reconstruite à l’idenique en
lieu et place de l’ancien temple
muli­centenaire grâce au souien
de fonds étrangers. Un acte
fondamental pour les Langtangpas
dont le quoidien est imprégné
par le bouddhisme ibétain.

72
 LANGTANG

VOYAGE EN
RÉSILIENCE
TRÈS ENGAGÉ SUR LA RÉGION NÉPALAISE DU LANGTANG,
L’ACCOMPAGNATEUR EN MONTAGNE ISÉROIS ROMAIN
NOSBONNE EST REVENU AVEC UN GROUPE PAS COMME
LES AUTRES SUR LES LIEUX MARQUÉS PAR LE SÉISME
DE 2015. RÉCIT D’UNE AVENTURE PLEINE D’ÉMOTION
AU CŒUR DES MONTAGNES NÉPALAISES.
ROMAIN NOSBONNE

Autour du nouveau chorten construit
en mémoire des victimes, des yaks pais-
sent tranquillement sous les drapeaux
colorés. Sur le sentier, des porteurs
chargés de matériaux de construction
vont bon train alors que quelques trek-
keurs leur laissent la priorité. Les nou-
veaux lodges construits à une dizaine de
mètres de la coulée gigantesque pro-
mettent Wi-Fi et chambres avec eau
chaude. Nous sommes le 25 avril 2018,
11 h 30, dans ce qu’il reste du village de
Langtang, trois ans jours pour jours après
le séisme qui a meurtri le Népal et pro-
voqué les avalanches destructrices de
la vallée du Langtang. Trois ans, c’est le
délai que s’étaient fixés les Langtangpas
pour reconstruire et reprendre le cours
de leur vie.
RECUEILLEMENT
Trois ans, c’est aussi le temps qu’il aura
fallu à une famille d’Européens dont l’un
des membres est décédé dans la catas-
trophe pour trouver la force de venir se
recueillir sur les lieux du drame. C’est en
partie grâce à eux que je suis ici puisqu’ils
m’ont fait confiance pour organiser leur
voyage. L’idée n’était pas d’organiser un
séjour uniquement commémoratif mais
de faire découvrir la région et sa culture
à tout le groupe, et ce d’autant plus que
d’autres participants s’étaient inscrits.
Nous avons donc suivi mon parcours
classique (voir sur www.latraceduyak.fr/
langtang) en prenant le temps de flâner
dans les villages Tamang avant de
rejoindre la vallée par les balcons de
Bridhim à Sherpagaon.
Trois, c’est encore le nombre de mem-
bres de notre équipe népalaise. Il y a mon
complice, Sandu Chusang, guide et habi-
tant du Langtang avec qui je travaille
depuis six ans. Mingmar et Sonam, nos
porteuses, habitantes de la vallée elles
aussi, qui ont perdu mari et enfants dans
la catastrophe. Toujours de bonne
humeur, toujours vaillantes, elles sym-

73
 J’observe avec émotion ces échanges n’a toujours pas été réparé, son accès
reste un peu exposé et le rafistolage de
de regards pleins de compréhension fortune incite à la prudence. Les villages
qui s’égrènent le long du sentier en
et de compassion mutuelle balcon en versant ouest du Langtang sont
désormais reliés à la grande route par
des pistes carrossables et de plus en plus
de voyageurs choisissent d’en faire le
bolisent pour moi la force des habitants séisme une bonne partie des voyageurs point de départ de leur trek afin d’éviter
de cette vallée qui continuent à avancer tenus de modifier leurs projets vers la la bruyante Syabru Besi. Ici, le tremble-
le sourire aux lèvres et la plaisanterie vallée du Langtang se sont reportés sur ment de terre est déjà un lointain sou-
facile, quels que soient les obstacles. les lacs de Gosainkund, situés à l’opposé venir et les séquelles sont peu visibles ;
Dans le bouddhisme le chiffre trois sym- des villages du Tamang Heritage Trail, où les changements en cours et à venir ont
bolise la fin d’un cycle (le début, le milieu, nous évoluons. L’itinéraire ayant gardé beaucoup plus à voir avec les nouvelles
et la fin). Trois ans, c’est donc le bon tout son intérêt (et ce n’est pas notre routes qu’avec le séisme.
moment pour faire un état des lieux du petit groupe qui dira le contraire), il est Espérons que le petit ermitage multi-cen-
Langtang afin d’essayer de clore ce cha- possible d’espérer une amélioration de tenaire dissimulé dans un recoin de la
pitre douloureux et d’envisager un avenir la situation. forêt offrira encore longtemps cette
qu’on espère meilleur. atmosphère unique de temps suspendu
PREMIER PAS AU LANGTANG et de sérénité. Sandu ne manque jamais
PREMIÈRES RENCONTRES L’arrivée sur le plateau de Nagthali est d’y pratiquer une cérémonie lorsque
La route qui rejoint Syabru Besi n’est plus fabuleuse. L’émotion est intense en nous y passons. Cette fois l’esprit de par-
qu’un immense chantier. C’est le nouvel découvrant le paysage immense et fan- tage et de compassion qui émane de la
axe choisi par la Chine et le Népal pour tastique qui court du massif du Langtang puja est particulièrement puissant. Les
commercer par voie terrestre et la aux montagnes tibétaines, sublimé par familles avec qui nous voyageons décou-
construction de la nouvelle autoroute les rhodos en pleine floraison. Le pont vrent leur première cérémonie boud-
bat son plein. Si on peut espérer à terme suspendu qui permet de rejoindre le ver- dhiste et s’immergent dans cette
un fort gain dans la durée du trajet, il sant opposé de la vallée de la Bothe Koshi communion qui célèbre l’instant présent.
faut pour le moment supporter les 8 hde
chaos et de poussière avant de rejoindre
le lieu de départ de notre trek. Le village
est devenu une petite ville besogneuse À Thuman, les lodges sont de
plus en plus nombreux même
ou chacun espère tirer les dividendes de si les touristes restent rares.
cette autoroute et monter son entreprise
d’import export.
Nous démarrons du côté des villages
Tamang situés sur les contreforts du
Ganesh Himal, moins touchés par le
séisme. Le caractère rural de cette
moyenne montagne est bien préservé
et il est toujours possible d’y croiser son
lot de gamins espiègles, d’anciens sou-
riants ou de bœufs tirant des charrues
sur les étroites terrasses qui découpent
la montagne. Le groupe découvre avec
bonheur la vie paisible des villages agri-
coles où nous sommes d’autant mieux
accueillis que les sentiers sont vides de
randonneurs.
Dawa Tamang propriétaire d’un petit
lodge à Gongang, explique qu’après le

74
LEÇON DE VIE
À mesure que nous progressons sur le
sentier en balcon qui rejoint la vallée du
Langtang, les marques du séisme se font
plus présentes. Le sentier est excellent
mais nous traversons parfois de larges
zones d’éboulis et on aperçoit en
contrebas les coulées qui ont touché le
village de Bamboo. Dans le groupe, l’émo-
tion est au rendez-vous: c’est la première
fois que les traces du séisme sont si évi-
dentes. Un premier choc pour la famille
M*** qui marche sur les pas de son proche
disparu. Ça ne les empêche pas de pour-
suivre le chemin avec toujours l’envie de
découvrir, de rencontrer, de comprendre.
J’admire cette attitude et la force dont ils
font preuve depuis le début. Lorsque nous
rejoignons le chemin principal, le nombre
de randonneurs augmente subitement
et je suis heureux de constater en pas-
sant à Lama Hotel que tous les lodges
ont fait le plein.
À partir d’ici, nous sommes vraiment en
famille. Sandu ainsi que nos deux por- Sandu et Phu
Dolma son épouse,
teuses connaissent tout le monde : un au moment de
immense réconfort pour la famille M*** se dire au revoir.
Des échanges emplis
de rencontrer les familles du Langtang, de force, de sagesse
de partager un thé avec des anciens ou et de compassion.
d’échanger quelques mots avec des éle-
veurs. Partout où nous arrivons, les
Langtangpas nous offrent un accueil ROMAIN
empli de tendresse et de compassion. Ils NOSBONNE
savent exactement ce que peut vivre la
famille et malgré la double barrière de la Accompagnateur
en montagne basé
langue et de la pudeur, j’observe avec en Chartreuse,
émotion ces échanges de regards pleins Romain s’est
de compréhension et de compassion beaucoup invesi
suite aux séismes
mutuelle. C’est d’autant plus magnifique de 2015 pour venir
qu’on ne verse jamais dans le « pathos »; en aide à ses parte­
toujours des sourires, des blagues et des naires langtangpas.
silences complices. Il se dégage de ces
échanges une immense sagesse, une
véritable leçon de vie et d’humanité.
75

Les environs de Kyanjin et
le haut Langtang offrent une
mulitude d’iinéraires. Ici en
route vers Kyasa, le camp de
base du Ganja La, face au
cirque glaciaire du Lirung.
REGARDER DE L’AVANT
Les villages de la vallée ont été recons-
truits; chacun désormais possède un toit.
Les familles du Langtang ont même sou-
vent profité de la reconstruction pour
améliorer le confort de leur habitation :
eau sur l’évier, chauffe-eau solaire, et
trois ou quatre chambres pour recevoir
les touristes, désormais le standard dans
la vallée. Mais même si la reconstruction
semble toucher à sa fin, les marques du
séisme demeurent partout. Dans les
ruines nombreuses, dans les drapeaux
funéraires, dans les yeux des Langtangpas.
Il est des cicatrices et des traumatismes
qui ne s’effaceront jamais et il faudra
76
beaucoup plus de trois ans pour que tout
cela ne commence à s’estomper.
Juste avant le village martyr de Langtang,
dans le village de Sandu, Gumba, la vie
a repris son court. Des couples se sont
reformés, des enfants sont nés, d’autres
ont bien grandi et rêvent de développer
le tourisme dans la vallée. Bref, on
regarde vers l’avant, même s’il est impos-
sible de ne pas voir l’immense coulée
qui a recouvert Langtang à quelques cen-
taines de mètres à peine.
CONSOLATION
L’énorme dépôt de roches et de glace
continue à fondre, obligeant à modifier
le tracé du chemin régulièrement. Depuis
mon premier passage en novembre 2015,
la traversée est toujours aussi pénible
tant pour le physique que pour le moral.
La plaie reste béante. De l’autre côté du
chaos, nous débouchons directement sur
le mémorial. Un mur où sont inscrits les
noms des victimes et un stupa quasi
achevé. La petite cérémonie que nous y
pratiquons en ce 25 avril 2018 est à
l’image du lieu, simple et magnifique.
Pour le moment l’heure est au silence
mais j’apprendrai plus tard que chacun
y a trouvé une grande consolation. Une
fois encore, la force et la dignité de la
famille meurtrie sont sans faille, et c’est
pour tous une véritable source d’inspi-
ration personnelle.
Passé la coulée, les nouveaux lodges sont
nombreux et témoignent s’il en était
besoin de la vitalité des Langtangpas et
de leur capacité à construire dans l’ad-
versité. Certains lodges semblent dan-
gereusement placés. Sans être spécialiste,
il est évident qu’en cas de nouvelles cou-
lées, le danger serait grand. Les proprié-
taires n’ayant pas d’autres terrains et le
parc national refusant de leur en céder,
ils n’ont d’autre choix que de vivre avec
cette épée de Damoclès.
Plus haut, la vue sur les hauts sommets
reste superbe et il faudrait bien plus que
Je reste confiant dans l’avenir...
la nouvelle ligne électrique qui alimente
tous les villages de la vallée pour la
Le Langtang est une voie royale
gâcher. Le Kang Chengpo et ses immenses vers la démesure du grand Himalaya
draperies fascinent toujours autant les
voyageurs. Grâce à la nouvelle conduite
forcée, l’électricité est abondante dans la
vallée et, avec elle, est arrivé internet. À vallée, même si les changements à venir au départ de Ghoda Tabela ? L’idée est
Kyanjin, la capacité d’accueil a quasi et les défis à relever seront colossaux, à lancée et nous nous commençons à envi-
doublé ; on y compte désormais vingt- l’image des montagnes du coin. sager un nouveau trek exploratoire au
huit lodges. Le confort a, là aussi, nette- printemps prochain. Toujours rebondir,
ment augmenté et les chambres avec La route du Langtang est désormais dans toujours s’adapter, accepter la situation
salle de bain ne sont plus l’exception. toutes les conversations, la question n’est telle qu’elle est et en tirer le meilleur.
désormais plus de savoir si elle va arriver J’aimerais être aussi fort que les
UNE ÉCONOMIE À RECONSTRUIRE mais plutôt quand et par quel itinéraire. Langtangpas en la matière.
En discutant avec Lhakpa, de la Dorje Pour le moment, les plans ne sont pas Nous quittons notre équipe de Langtangpas
Bakery, j’apprends que la majorité des clairement arrêtés mais il semble qu’il à Syabru, heureux d’avoir pu partager ces
lodges tournent très mal; la faute à une y ait un consensus pour dire que la route moments intenses avec sérénité et légè-
fréquentation qui reste bien en deçà de pourrait desservir Ghoda Tabela, à un peu reté. Comme toujours chez les boud-
ce qu’elle pourrait être. Alors qu’aupara- plus de 3000 m d’altitude. La suite de l’iti- dhistes tibétains, les adieux sont rapides,
vant une journée moyenne en pleine néraire serait conservée en mode tout en émotion contenue ; chacun
saison pouvait compter sur le passage de pédestre afin de protéger les possibilités reprend sa route simplement… Pour ma
deux cents trekkeurs, ils ne sont désor- de trekking du haut Langtang. Petit à part, je rentre le cœur plein de gratitude,
mais plus qu’une trentaine les bons jours. petit, la page du tremblement de terre se pour la famille M*** qui repart l’âme un
Pourtant, en trois ans, le chemin parcouru tourne et un nouveau chapitre s’ouvre peu plus légère pour continuer le chemin,
est immense. En novembre 2015, alors pour la vallée. En descendant nous dis- pour les autres participants au voyage et
que Sandu et moi guidions le premier cutons avec Sandu de cette nouvelle leur présence précieuse, pour les
groupe officiellement de retour dans la situation à laquelle il va falloir s’adapter. Langtangpas et leurs enseignements.
vallée après le séisme, nous n’avions Pourquoi pas créer un nouvel itinéraire Longue vie au Langtang !
croisé qu’une poignée d’Occidentaux, la
vallée était quasi désertée de ses habi-
tants et l’ensemble des lodges, à part ceux Pause thé au campement
de Rinzeg Chusang, l’un des
de Kyanjin, avait disparu. Sans doute éleveurs de la vallée et père
faudra-t-il encore un peu de temps pour de notre guide Sandu.
retrouver un bonne fréquentation, mais
on peut demeurer optimiste. II reste tel-
lement à voir, à découvrir, à rencontrer…
La nouvealle gompa (monastère) recons-
truite à l’identique au pied du Langtang
Lirung (7227 m) domine fièrement le vil-
lage; le soleil couchant recouvre les
sommet d’« hyacinthe et d’or ». Aujourd’hui
c’était le Tserko Ri (4 984 m) et ses
presque 5 000 m ; demain nous rejoin-
drons le camp de base du Ganja La, avant
de redescendre sur Syabru, des balades
somptueuses comme la vallée en pos-
sède tant. ll n’y a guère que le Langtang
qui offre un accès aussi rapide à la déme-
sure et la sauvagerie du grand Himalaya,
aussi suis-je confiant dans l’avenir de la

77
Côté pile, les hauts plateaux du
Lesotho, à perte de vue. Côté face,
les verigineuses falaises qui tombent
de plus de mille mètres vers collines
verdoyantes du KwaZulu­Natal
(Afrique du Sud). Et au beau milieu,
évoluant sur un fil, un chemin
panoramique qui court sur les
lignes de crêtes du Drakensberg.
© Jean­Marc Porte

78
 AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO

À L’EXTRÉMITÉ ORIENTALE DE L’AFRIQUE AUSTRALE, LA CHAÎNE DU

DRAKENSBERG DRESSE DE HAUTES FALAISES FACE AUX SAVANES
SUD-AFRICAINES. UN TERRAIN DE JEU SPECTACULAIRE POUR LES
AMATEURS DE RANDONNÉE ET DE PAYSAGES GRANDIOSES, VOIRE
POUR LES AFICIONADOS DE GRANDES TRAVERSÉES EN SOLITAIRE.

DRAKENSBERG
LES MONTAGNES DU DRAGON

79
Un moment d’éternité ?
Kai au sommet de Thabana
Ntlenyana (3 482 m), point
culminant de toute l’Afrique
australe, situé au Lesotho.

80
 DÉCOUVERTE
AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO

LA GRANDE
TRAVERSÉE DU
DRAKENSBERG
EN AUTONOMIE

ILS SONT DEUX, JEUNES, ÉPRIS D’AVENTURE... COMMENT

RÉSISTER, À L’OCCASION D’UN SÉJOUR AU LONG COURS
DANS LA NATION ARC-EN-CIEL, À L’APPEL DE L’UNE DES PLUS
BELLES TRAVERSÉES À PIED DE TOUTE L’AFRIQUE AUSTRALE ?
M A R I N E D R O U I L LY M A R I N E D R O U I L LY & K A I F I T C H E N

En juin 2015, mon partenaire d’aventures, LE CORPS À L’ÉPREUVE

Kai, me lance un défi : effectuer la Grande
Traversée du Drakensberg (ou Drakensberg
Grand Traverse, DGT) en totale autonomie,
durant l’hiver austral, sans trop de prépara-
tion car il a prévu de partir dans dix jours ! Le
massif étale son épine dorsale entre l’Afrique
du Sud et le Lesotho, servant d’ailleurs de
frontière naturelle entre les deux pays. La DGT
comme elle est surnommée par les locaux,
offre ce qu’il y a de plus difficile en termes de
treks pour la nation arc-en-ciel. Avec ses
9 000 m de dénivelé positif et ses quelque 220
à 250 km à parcourir au-dessus de 2 800 m
d’altitude, le trek a de quoi tirailler les mol-
lets et brûler les quadriceps.
Baptisé les « Montagnes du Dragon » par les
Afrikaners, ce massif montagneux offre ce
qu’il y a de plus sauvage en la matière. Vous
serez émerveillés par ses grandes murailles
ocre s’érigeant au-dessus de l’écrin formé par
la végétation luxuriante du KwaZulu-Natal,
tel un monde perdu à la Conan Doyle. Bien
que je trouve mon compagnon un peu fou,
le défi me plaît, j’aime l’aventure et nous déci-
dons donc de tenter ce voyage.
« Accroche-toi bien aux barreaux et regarde où
tu mets les pieds ! », me crie mon partenaire
du haut de la première échelle métallique
bringuebalante menant au sommet de l’es-
carpement, tout juste une heure après notre

81
DÉCOUVERTE
AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO
COMMENT
Y ALLER ?
L’accès à la Grande
Traversée se fait via le
parking de Seninel (Seninel
car park). Vous pouvez
dormir la nuit précédente
au Witsieshoek Mountain
Lodge, à quelques minutes
en voiture du départ
du trek. De nombreuses
grotes et abris naturels
sont présents le long de
la traversée mais atenion
de ne pas dormir là où il y
a des peintures rupestres.
Les feux sont interdits
le long du parcours.
S’ORGANISER
La Grande Traversée dure
10 à 14 jours, en foncion
de la route suivie, de la
condiion physique des
paricipants et du nombre
d’arrêts en chemin. L’idéal
est d’organiser deux points
de réapprovisionnement
par une équipe de souien,
à Bannerman Pass (ou
à Langilebele Pass) et
à Sani Pass. Ce dernier
peut être organisé avec
le Sani Mountain Lodge
(qui possède le pub le
plus haut d’Afrique !)
82
départ pour la Grande traversée. Si le nom
Zoulou uKhahlamba, signifiant « rempart de
lances » ne m’avait pas déjà convaincue, l’ar-
rivée en haut de la seconde échelle offre une
vue époustouflante sur un plateau encadré
de parois vertigineuses, de canyons taillés par
l’érosion et de tours de quartz déchiquetées
s’élançant vers le ciel. Avec nos gros sacs-à-
dos (bien trop gros !) contenant de la nourri-
ture pour douze jours, des vêtements chauds
et le matériel de bivouac habituel, nous nous
élançons dans les Montagnes du Dragon, GPS
à la main.
Hormis les quelques sentiers à moutons qui
quadrillent l’escarpement, il n’y a pas de
chemin désigné. Il faut donc naviguer au gré
de ses envies, de ses capacités physiques et
du temps que l’on s’est imparti en suivant les
cartes emportées. Peu à peu, nous nous créons
notre routine, où la vie est simple, faite de
marche intense, de béatitude devant les splen-
deurs rencontrées, de douleurs musculaires,
de nougat et de thé. Le long du chemin, au
détour des cours d’eau, nous franchissons la
frontière et pénétrons au Lesotho. Ici et là se
dressent de petites huttes de pierre avec leur
toit de chaume et leurs enclos à moutons.
Nous ne rencontrons aucun autre marcheur,
mais nous ne sommes pas seuls. Emmitouflés
dans leur couverture basothos, faite de laine
colorée qu’ils portent comme des capes, de
très jeunes bergers en bottes en caoutchouc
nous accompagnent parfois sur un bout de
chemin, en espérant que l’on puisse leur offrir
quelques bonbons ou prendre une photo à
leur côté puis la leur montrer. Les visages
sérieux s’illuminent alors d’immenses sou-
rires blancs. Le Lesotho est rural à 75 %, com-
posé principalement de bergers et villageois
vivant de l’élevage (saluez-les d’un grand
« Dumela ! »). Mieux vaut en revanche éviter
les rencontres avec les trafiquants de mari-
juana (dagga), qui ont posé quelques pro-
blèmes par le passé. Nous n’en rencontrons
aucun durant notre périple.
À gauche : à l’arrivée au
Sani Pass, le pub du Sani
Mountain Lodge, le plus
haut d’Afrique (2 874 m),
à la fronière entre Afrique
du Sud et Lesotho.
En bas : jeune berger
emmitouflé dans sa
couverture basotho
avec ses deux chiens de
protecion en arrière­plan.
 Nous suivons la rivière qui tortille et s’écoule
dans de belles vasques d’eau claire
où il doit faire bon se baigner en été
L’AFRIQUE DU FROID ?
Au sixième jour, nous pénétrons dans la
Yodeler’s Cascades Valley et suivons la rivière
qui tortille et s’écoule dans de belles vasques
d’eau claire où il doit faire bon se baigner en
été. Pour l’heure, les cascades forment des
murs de glace bleutée. Nous sommes à mi-
chemin. Je découvre un magnifique crâne
blanchi de léopard que j’aurais bien ramené,
mais le poids ajouté à mon sac à dos, pesant
déjà bien trop lourd, m’en dissuade. D’octobre
à avril, c’est la saison des pluies avec des
orages extrêmement violents, mais en hiver
austral (juin à septembre), nous devons sou-
vent affronter un vent déchaîné et des tem-
pératures très basses (-12 à -20 °C).
Chaque soir, le même rituel s’établit, je vais
QUEL PERMIS ?
Au parking de Seninel,
vous devez acheter votre
permis (160 ZAR , environ
10 euros) et vous inscrire
dans le registre. Emportez
avec vous votre passeport
car vous serez amené à
traverser le Lesotho et
chercher de l’eau tandis que Kai monte la tente à l’arrivée à Bushman’s
Nek, la police des fronières
(qu’il faut absolument faire imperméabiliser peut demander à le voir.
avant le départ !). Puis nous préparons un thé Si vous décidez d’arrêter
rouge (rooibos) bien chaud en cuisant notre l’aventure à Sani Pass, il
vous le faudra également
dîner. Nous examinons la carte pour tenter pour entrer à nouveau en
d’établir ce que le lendemain nous réserve. Afrique du Sud.
Nous n’avons pas les coordonnées GPS des
grottes où dormir et nous établissons notre
campement en fonction des vents et de la dis-
ponibilité en eau. Au sommet de Champagne
Castle, il a fait très froid. A 19 heures, déjà
-7 °C annoncés à notre petit thermomètre et
nos chaussures, mouillées par la sueur de Roches sculptées
par la pluie et les vents
notre dur labeur, gèlent dans la tente. La tem- après la descente d’Organ
pérature continue de descendre et il est diffi- Pipes Pass, durant la
cinquième étape de
cile de s’endormir. Les premières lueurs de la Grande Traversée
l’aube, si elles n’apportent aucune chaleur, du Drakensberg.
83
 Les vues vers le bas de l’escarpement
CARTES
Ne comptez pas seule­
ment sur un GPS et des
côté sud-africain, sont enivrantes. La nuit,
cartes pré­téléchargées,
prévoyez de vraies cartes l’appel des chacals retentit sous les étoiles
(1:50 000 SA Surveyor
General) à faire laminer
avec du plasique mat
transparent résistant
à l’eau. Praiquez votre sont tout de même réconfortantes. Nous avons cées. Le sol est très rocailleux et d’excellentes
technique de navigaion sous-estimé notre consommation de nourri- chaussures de marche sont primordiales, ainsi
et lecture de cartes avant
ture et nous avons constamment faim. Le côté qu’une solide paire de bâtons. Certains
le départ car il n’y a ni
senier, ni panneau le positif c’est qu’au retour, nous pourrons nous matins, au fond d’une vallée, à regarder où
long de la Grande Traver­ bâfrer de chocolat sans trop culpabiliser. nos pas nous mèneront, la tâche semble
sée et chaque détour énorme, presque impossible, mais tout se fait
coûte cher en énergie !
AU SOMMET ! et progressivement, pas à pas, nous atteignons
Le lendemain, nous gravissons le plus haut chaque sommet, chaque col (pass), chaque
sommet (summit) d’Afrique du Sud, Mafadi vallée. Les vues vers le bas de l’escarpement,
(3 450 m). Cette partie du Drakensberg est si côté sud-africain, sont enivrantes. La nuit, les
éloignée qu’il n’y a pas trace d’âme qui vive. appels des chacals retentissent sous les étoiles
Les échelles métalliques Seuls les cris des babouins, des « wahou » qui paraissent bien plus brillantes qu’ailleurs
(chain ladders) de graves et puissants se répercutent contre les et plus proches aussi, tant l’air est pur. Le
Seninel, montant
jusqu’à l’escarpement falaises et par-delà les crêtes (ridge). Les jours « Royaume dans le ciel », le Lesotho porte bien
du Drakensberg. Entre se suivent, les montées sont longues et ryth- son nom. On se croirait perdu sur un vaisseau
les bourrasques de vent
et le gros sac, il faut mées par nos souffles profonds, les descentes navigant parmi les nuages.
bien s’accrocher ! sont techniques parmi les grandes herbes gla-

84
 Vue sur la Cockade (« Cocarde »)
avec les falaises de l’escarpement
s’éirant vers le sud­est en direcion
d’Organ Pipes Pass.

UNE « JOLIE PETITE MONTAGNE »...

Jour 11. Nos sacs sont bien plus légers. Nous
QUAND PARTIR ?
commençons dès les premières lueurs du jour La saison idéale pour
car cette étape est la plus longue de la tra- effectuer la Grande
versée et comporte l’ascension du point cul- Traversée est avril ou mai
car il y a moins de gros
minant d’Afrique australe, Thabana Ntlenyana
orages que durant l’été
(3482 m), qui signifie « jolie petite montagne ». austral et il ne neige pas
Elle n’est pas si petite, surtout lorsqu’elle est encore. Il est moins diffi­
cile de parir du nord du
balayée par des vents glacés particulièrement
massif situé à une alitude
puissants. Arrivés au sommet, nous célébrons plus élevée et d’effectuer
notre réussite avec quelques photos, puis en les 210 km du trek vers le
sud. En cas de problème
route vers Sani Pass ! Nous donnons tout ce
majeur, il faut appeler le
que nos jambes ont encore d’énergie et de 0800 005133 et demander
muscles pour y parvenir avant la nuit qui les secours en montagne
tombe très tôt en hiver (17 h). Nous réussis- (Mountain Rescue).
sons finalement et célébrons au pub le plus
haut d’Afrique avec une bière locale (Maloti).
Le gérant de l’hôtel nous apprend que de nous serions restés coincés. Au lieu de la
fortes chutes de neige sont prévues pour la Grande traversée, c’est la Sentinel to Sani que
nuit et que l’accès aux cols, y compris celui nous avons effectuée. Le soir, la neige tombe
de Sani, ne sera pas possible dans les pro- à gros flocons et nous nous régalons d’un Dans un vent glacé
après avoir monté la
chains jours. Après une longue discussion, excellent repas. La nuit dans un lit chauffé tente aux sources de la
nous décidons donc sagement de nous arrêter par un bon vieux poêle à bois est une douil- rivière Orange. Toutes
les sources d’eau étant
là et de ne pas terminer les deux jours de lette conclusion à notre aventure parmi les gelées, il était difficile
marche qu’il reste jusqu’à Bushman’s Nek où écailles du dragon millénaire. de trouver à boire.

85
 TOPO ° La Grande Traversée du Drakensberg
14 jours / niveau : difficile Grande Traversée Lodge Bivouac

N
Seninel Car Park

Ifidi Pass
Mont­aux­Sources
(3 282 m)

Ledger’s Cave

Thanyaku Pass
Fangs Pass
Champagne Castle
(3 377 m)
Xeni Pass

Bannermans Pass
Grey’s Pass

Summit Cave
Giant’s Castle
(3 314 m)

Thabata Ntlenyana
(3 482 m)
Ngaqamadola Pass
No Man’s Peak Sani Pass
(2 876 m)

Bushman’s Nest

Walker’s Peak

20 km
© Open Street Map

La Grande Traversée du Drakensberg peut s’effec­ — —

tuer sur 10 à 14 jours de marche, en autonomie ÉTAPE 1 ÉTAPE 2
totale (tente, sac de couchage…), avec deux possibi­ Sentinel Car Park / Ifidi Pass /
Chain ladders / Fangs Pass
lités de ravitaillement. Au total, plus de 9000 m de Ifidi Pass 12 km
dénivelé posiif sur le parcours, soit environ 600 et 14 km, alitude de départ : 2 550 m Traversez la crête au sud et
rejoignez Icidi Pass. Passez Simela
800 mètres de dénivelé posiif quoidien. Partez tôt du parking de Seninel
Ridge puis une autre crête jusqu’à
(Seninel car park) jusqu’aux échelles
métalliques (chain ladders) (environ Fangs Pass (S28° 51’ 41’’ E28°56’
2h30 jusqu’au cairn en haut de 24’’). Campement prêt du
l’escarpement après la dernière sommet du col.
échelle). Coninuez vers le sud­est
et faites un peit détour vers les
chutes Tugela (Tugela Falls) puis
gravissez Mont­aux­Sources. Suivez
la crête et descendez vers les rivières
Bilanjil et Kubedu que vous traver­
serez et remontez la vallée menant
à Ifidi Pass (S28° 46’ 19’’ E28° 55’ 34’’).

86
— —
ÉTAPE 3
Fangs Pass /
Ledger’s Cave
17 km
Restez prêt de la crête et passez
Rwanqa Pass puis remontez une
crête avec vue sur les Mnweni
Pinnacles. Contournez les Hanging
Valleys puis descendez vers la gauche
vers Mnweni Pass (S28°53’39’’
E29° 00’ 42’’). Traversez ce col et
rejoignez la source de la Rivière
Orange, le Senqu. Suivez la crête
et descendez un couloir difficile à
trouver vers Ledger’s Cave (S28°
53’ 02’’ E29° 00’ 40’’) où vous
pourrez camper.
— ÉTAPE 7
ÉTAPE 4
Ledger’s Cave /
Xeni Pass
17 km
Traversez la zone humide au­dessus
de la grote vers Rockeries Pass en
direcion de Nguza Pass. A mi­chemin
entre ces deux cols, se situe une
colonie de vautours du Cap sur la
falaise, qui vaut vraiment la peine
d’être vue. A parir de Nguza Pass,
suivez la Koakoatsoan Valley puis
descendez vers Ntonjelana Pass
(S28° 56’ 19’’ E29° 05’ 36’’).
Suivez la Rivière Kwakwatsi et
vous pourrez camper près du
sommet de Xeni Pass.
— Bannermans Pass
ÉTAPE 5
Xeni Pass / Elephant /
Cleft Peak /
Vallée au nord de
Thanyaku Pass
20 km
Passez Xeni Pass et un kilomètre
plus loin, vous trouverez des cairns
qui vous dirigeront vers l’est,
derrière l’Elephant et jusqu’au
sommet de Cockade Pass. Remon­
tez jusqu’au sommet de Clet Peak
(3281 m) puis descendez de l’autre
côté vers Organ Pipes Pass. Suivez
la vallée vers Thuthumi Pass,
Ndumeni Dome et Ndumeni Caves.
Traversez le sommet situé devant
ces grotes (au­dessus de Roland’s
Cave – S29° 00’ 47’’ E29° 11’ 30’’)
dans la vallée derrière Windsor
Castle Peak. Descendez cete vallée
jusqu’au Lesotho et campez au sein
d’une peite vallée reirée juste au
nord du sommet de Thanyaku Pass
(29° 02’ 55’’ E29° 13’ 31’’).
ÉTAPE 6
Yodeler’s
Cascades Valley /
Grey’s Pass
16 km
Suivez la direcion sud pendant
quelques kilomètres jusqu’à l’entrée
de la Yodeler’s Cascades Valley.
Suivez cete vallée le long de la
rivière aux nombreuses piscines
naturelles jusqu’à un point haut.
Suivez ensuite la crête jusqu’à
Champagne Castle et campez
prêt du sommet de Grey’s Pass,
à iNkosazana Cave (S29° 04’ 31’’
E29° 19’ 15’’).
— Sani Pass
Champagne Castle /
Summit Cave
22 km
Gravissez le sommet de Champagne
Castle (3377 m) puis passez le Ship
Prow Pass (29° 06’ 01’’ E29° 19’
43’’) et le pic Watershed sur 2km.
Descendez ensuite dans une large
vallée au sud qui remonte vers
Leslie Pass puis le long d’une crête
jusqu’au sommet du pic Mafadi
(3 450 m). Avancez ensuite vers
l’est et descendez jusqu’à Summit
Cave où vous pourrez camper.
— et goûter à la bière locale dans le
ÉTAPE 8
Summit Cave /
9 km
A parir de Cave Summit, vous
descendrez la vallée derrière The
Corner puis remonterez et passerez
la crête Peak jusqu’en haut de
Bannermans Pass (S29° 15’ 12’’
E29° 25’ 12’’). C’est à cet endroit
que vous pourrez vous faire
réapprovisionner par votre
équipe de support qui montera
de la vallée du côté sud­africain.
— que vous suivrez vers l’ouest au­
ÉTAPE 9
Bannermans Pass /
Giant’s Castle
14 km
Depuis Bannermans Pass, passez
Bannermans Cave. Marchez en
direcion de Langalibalele Pass
(vous pouvez y voir les tombes des
Carabiniers sur le chemin). Restez
près du bord de l’escarpement et
grimpez au­dessus de deux crêtes
puis descendez le long des pentes
sud par rapport au sommet de
Giant’s Castle (3314 m).
— —
ÉTAPE 10 ÉTAPE 13
Giant’s Castle / Vallée entre No
Ngaqamadola Pass Man’s Peak et
18 km Verkyker Peak /
Passez le sommet de Lotheni Walker’s Peak
Pass (S29° 21’ 45’’ E29° 26’ 42’’) 20 km
et traversez la grande zone plutôt Passez la crête de Rhino Peak puis
plate derrière The Tent en allant contournez les pics Mlambonja et
dans la direcion de Ka­Masihlenga Wilson’s, jusqu’à la crête qui forme
Pass. Traversez ensuite les deux Mashai Peak. Traversez Leqooa
crêtes vers le sud et campez River puis Walker’s Peak, en passant
derrière Ngaqamadola Pass. à l’ouest de son sommet.
— —
ÉTAPE 11 ÉTAPE 14
Ngaqamadola Pass / Thamathu Pass /
Thabana Ntlenyana / Bushman’s Nek
29 km
11 km, alitude d’arrivée : 1 780 m
Descente du Thamathu Pass
Suivez la base de Ngaqamadola
Peak puis vers Boja­River. Suivez
(E29° 49’ 06’’ E29° 07’ 48’’) jusqu’au
poste de contrôle des fronière de
cete rivière puis coupez en diago­ Bushman’s Nek. C’est l’heure des
nale pour ateindre le sommet de selfies et de manger le carré de
Thabana Ntlenyana (3482 m). chocolat (ou la tablete !) que vous
Depuis le sommet, dirigez vous vers vous éiez réservés pour l’arrivée.
le sud et descendez vers Mangaung
River. Coninuez vers le sud­est,
en suivant un senier (eh oui, cela
y ressemble bien) vers Sani Pass.
Cete journée est la plus longue de
la Grande Traversée et un départ
très mainal est de rigueur. A cet
endroit, vous pourrez effectuer
votre second réapprovisionnement
pub le plus haut d’Afrique au Sani
Mountain Lodge.
—
ÉTAPE 12
Sani Pass / Vallée
entre No Man’s Peak
et Verkyker Peak
17 km
Après avoir passé une nuit de
repos bien mérité dans de vrais
lits, passez le poste de contrôle
de la fronière à Sani et les deux
sommets de Hogson’s Peak. Coni­
nuez vers le sud vers Pitseng Valley
delà de Stones Pass. Escaladez deux
crêtes et installez­vous pour la nuit
dans la vallée entre No Man’s Peak
et Verkyker Peak.
87
Une fronière ? Si celle entre
l’Afrique du Sud et du Lesotho
court sur les rebords du plateau,
sans que l’on sache jamais
vraiment où elle se situe
exactement, la délimitaion
entre les steppes d’alitude et
le grand vide de l’Amphitheatre
est netement plus... radicale.

88
 DÉCOUVERTE
AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO

SENTINEL PEAK TRAIL

UNE NUIT AU
BORD DU MONDE
DANS LA CHAINE DU DRAKENSBERG, AUX FRONTIÈRES
DU LESOTHO, LE TREK DE SENTINEL PEAK EST UN MUST
AUSSI ESTHÉTIQUE VISUELLEMENT QU’ABORDABLE
PHYSIQUEMENT. RÉCIT D’UN ALLER-RETOUR EXPRESS,
AU GOÛT D’IMMENSITÉ ET DE BEAUTÉ RARE.
JEAN-MARC PORTE

Les premières lueurs du jour commencent
juste à dessiner la bordure du plateau, qui
file en face de nous, flottant au-dessus de
l’ombre des falaises. Depuis notre proue de
roche posée dans l’espace, le trait semble
presque linéaire sur plusieurs kilomètres
malgré les failles qui le bordent. On devine,
derrière, les reliefs des collines douces, qui
fuient vers le sud et la frontière immédiate
avec le Lesotho. Vers l’est, le nord ? Il n’y a
qu’un horizon sans dimension, béant à cent
quatre-vingts degrés sur plus de quinze cent
mètres de vide et de nuit, d’où commencent
juste à émerger, très loin sous nos pieds, le
reflets de lacs, et la pâleur de brumes qui ava-
lent les grands axes des vallées. Les doigts du
soleil levant finissent par s’étirer, rayonnant
depuis les arêtes déchiquetées d’Eastern
Butress. Épinglée dans la lumière, notre petite
équipe ne dit pas (encore) grand chose.
L’amphithéâtre sait tenir ses promesses ?
Nous ressemblons un peu à la horde du
Contrevent, enfin arrivée… au bord du monde.
LE GRAND ESCARPEMENT
Nous sommes perchés sur l’un des plus célè-
bres hot spots de trek d’Afrique du Sud. Et au
cœur d’altitude d’une formation géologique
majeure pour toute l’Afrique australe : le
Grand Escarpement. Nous parlons de mon-

89
DÉCOUVERTE
AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO

C’EST OÙ ?
Le secteur de Seninel
Peak / Mont­aux­Sources
chevauche les provinces
du Kwazulu­Natal et du
Free State. Et est également
bordé (sur les plateaux)
par la fronière du Lesotho.
Comptez 370 km de route
(4 h.) depuis Durban ou
Johannesburg. Point
d’entrée : Seninel car
park, à 40 minutes de
route de Phuthadjihaba.
tagne ? Les scientifiques parlent eux, ici, d’es-
carpement. De la Namibie au Mozambique,
sur mille kilomètres, les vastes plateaux cen-
traux du sud de l’Afrique stoppent net sur
cette rupture peu banale. Le trait cartogra-
phique du Great Escarpment, à grande échelle,
ceinture et domine littéralement les plaines
côtières rongées d’érosion de tout le sud de
l’Afrique. Dans sa partie orientale, dessiné par
ses sills (les strates horizontales de roches
magmatiques) caractéristiques, la rupture/ou
l’élévation, selon le point de vue, a été
nommée « Drakensberg » par les premiers
Afrikaners : les « montagnes des Dragons ».
Personne ne sait si cette étymologie est reliée
ou non à d’anciennes légendes locales. Mais
entre les régions du KwaZulu-Natal et du Free
State, au ras de la frontière avec le « Royaume
dans le ciel » du Lesotho, les échines des som-
mets dépassent allégrement la cote des trois
mille mètres. Un Vercors aux dimensions sur-
multipliées ? Depuis des décennies, le secteur
d’Amphitheatre est l’un des musts d’Afrique
du Sud pour les randonneurs.
SUR LE REBORD DU MONDE
Hier matin encore, le monde d’Amphitheatre
était encore à l’envers. Comprenez : entre la
préparation des sacs et un solide petit-
déjeuner au lodge, la barrière était encore…
loin au-dessus de nous. Et même contemplée
d’« en bas », la ligne sombre nous avait offert
un coucher de soleil plus que flamboyant. Par
quoi débute l’itinéraire de Sentinel Peak ? Par
la pesée des sacs. Notre équipe de porteurs,
emmenée par Kaiphus et Maiaha, vérifie que
les charges ne dépassent pas les 10 kg. Une
scène à la népalaise, tout au sud du continent
africain ? Nous avons de la veine : à défaut
de plusieurs jours de trek « là-haut », mais
bien mieux qu’un simple aller-retour à la
journée, nous allons bivouaquer ce soir sur le
plateau. Le parking est en pleine ébullition :

LE PARC DU MALOTI-DRAKENSBERG outre les groupes de marcheurs, une noria

d’hommes et de femmes sont au travail. Leur

Deux pays, un même parc : le Maloi ­ Drakensberg est né de la réunion des parcs
naionaux sud­africains de l’uKhahlamba et du parc naional de Sehlathebe au
Lesotho. Sur 259 000 ha, la protecion commune couvre aussi bien la flore et la
faune (vautours et gypaètes) que les quelque 35 000 peintures Shan ornant les
grotes et abris de la région. Le tout est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Spécificité éminemment
africaine, les équipes de
portage équipées de botes
de caoutchouc sont aussi à
l’aise dans les marécages
d’alitude que dans les
passages les plus
verigineux.

90
 Un chemin « en dur »
version sud­africaine ? Le
senier de Seninel Peak
Trail demeure le point
d’accès le plus facile aux
plateaux surplombant
l’Amphitheatre.
 Au peit main, sur les
grands espaces du plateau
où s’écoulent, paisibles, les
eaux de la Tugela, avant de
se jeter dans le vide, sur une
hauteur totale de 948 mètres.
 DÉCOUVERTE
À̀ 1 500 m d’alitude,
AFRIQUE DU SUD
les fermes du haut village
/ LESOTHO
de Beuil montent la garde
sur les gorges du Cians.

La journée est somptueuse. La météo parfaite.

AVEC QUI
Profiter du dernier virage avant la traversée PARTIR ?
pour aller jeter un œil sur la vallée Ce reportage a été
organisé en partenariat
avec l’agence Allibert
Trekking, qui intègre
dans son programme
« Les Montagnes du
Dragon » (15 jours,
à parir de 3 095 €), un
trek de 5 jours dans ce
secteur du Drakensberg,
de Cathedral Peak au
sommet du Thabana
Ntlenyana. Au total,
Allibert propose neuf
programmes en Afrique
du Sud, six en formule
accompagnée, et cinq
en liberté. Plus d’infos sur
www.allibert­trekking.com

COMMENT
Y ALLER ?
De nombreuses compa­
gnies desservent l’Afrique
du Sud. Noutre voyage a
été réalisé en partenariat
avec Turkish Airlines,
qui propose des vols
vers l’Afrique du Sud
(Johannesburg, Durban)
depuis Paris CDG, Lyon,
Marseille, Toulouse,
Bordeaux et Nice,
avec escale à Istanbul.
www.turkishairlines.com
chantier est… devant nous : la trace pourtant RENCONTRES IMPROMPTUES
« facile » qui remonte en long zig zag sous Dans les pentes, entre les barres rocheuses,
The Witches (les Sorcières…), immanquables une petite colonie de babouins, en pleine
dans les pentes vert pétard est en train d’être séance d’épouillage, ne semble absolument
COMBIEN
équipé de pavés autobloquants. pas préoccupée par notre présence. Sous une ÇA COÛTE ?
Après ? Elle s’engage bien plus discrètement autre barre, dans des chaos de bloc, de petites L’accès dans le parc naio­
nal est payant, en devise
au ras des falaises. Et file à niveau, droit sur silhouettes se faufilent à notre approche. La locale, le rand sud­africain
le point le plus « exciting » de l’itinéraire: « the scène à quelle chose de familier. Des mar- (ZAR) : 100 ZAR = 6,40 €.
ladders », les échelles. La journée est somp- mottes ! Perdu. Des damans. Un drôle de Prix pour une rando à la
journée : 80 ZAR (5 euros),
tueuse. La météo parfaite. Profiter du dernier mammifère « local », de la taille d’un lièvre, un bivouac : 80 ZAR.
virage avant la traversée pour aller jeter un mais reliés, coté taxinomie pure, aux élé- Pour un guide, comptez
œil sur la basse vallée de la Tugela. Le coup phants et aux… dugongs. 650 ZAR / jour (40 euros),
1155 ZAR en cas de
d’œil est un choc. À vingt mètres à peine de Nous sommes enfin aux échelles. Installées bivouac). Pour un porteur :
nos « pâturages » calmes où progresse la trace, sur un bout de falaises, les lourdes armatures 390 ZAR / jour (25 euros).
encadrée de murailles et de lames verticales, de fer noir foncent vers le ciel. Rien d’infai-
la fenêtre sur la vallée est juste… vertigineuse. sable donc : nous sommes juste trente mètres
Mais pas de panique : nous, nous allons sous les horizons calmes des plateaux. Mais
juste… de l’autre côté. nous découvrons au passage, curieux et

93
DÉCOUVERTE
AFRIQUE DU SUD
/ LESOTHO

Pendant leur adolescence, les bergers Basothos

QUEL NIVEAU ?
Les seniers sont faciles
et évidents sur l’iinéraire
classique. Les échelles ne
posent pas de problème.
Seule l’opion « gully »
(goulote) à la montée ou
à la descente de Beacon
Butress nécessite un
(bon) pied montagnard.
QUEL
ÉQUIPEMENT ?
Munissez­vous d’un bon
équipement de marche /
trek, notamment pour
être en mesure d’affronter
le froid et l’humidité
(brumes) si vous optez
pour une nuit sur le
plateau, à 3000 m.
d’laitude.
Des bergers Basothos
(à gauche) aux équipes sud­
africaines locales (à droite),
la découverte des plateaux
du Drakensberg est aussi
une excellente opportunité
de rencontres.
arpentent les solitudes des plateaux avant
de revenir dans les villages pour se marier
amusés de nos hésitations, les véritables maî-
tres des lieux : les bergers Basothos. Bonnet
de laine et couverture bariolées. Bottes en
caoutchouc et longs bâtons. La rencontre avec
les « habitants » des bordures est plutôt
joyeuse. Ces jeunes arpentent pendant leur
adolescence les solitudes des plateaux, avant
de revenir dans les villages pour se marier.
Leur présence dans ces terres dénudées est
juste bluffante. Les premiers hameaux sont
à plusieurs jours de marche. Et ici, il n’y a rien
que le ciel. Leurs chèvres. Et de petites cabanes
isolées dans le paysage.
CHÂTEAU D’EAU DE L’AFRIQUE
Leurs étonnantes silhouettes accompagnent
nos premiers pas sur le plateau. Transfiguration
majeure : sur l’escarpement, à quelque trois
mille mètres d’altitude, rien ne semble plus
vraiment arrêter le regard. Les montagnes
sont devenues des collines. Sur la gauche,
l’épaulement de Sentinel n’est plus qu’une
grosse bosse. À main droite, le Mont aux
Sources (3 282 m), débonnaire lui aussi, est
effectivement la source de notre nouveau fil
d’Ariane : les eaux de la Tugela.
Les grandes dalles claires. Le lit de l’eau qui
s’enfonce progressivement vers la lèvre des
falaises : les chute de la petite Tugela sont
parmi les plus hautes du monde. Un Salto
Angel africain ? La chute, en plusieurs res-
sauts, a été mesurée précisément à 948 m. Le
Mont-aux-Sources est un château d’eau de
l’Afrique : outre les eaux de ce fleuve, qui se
jette dans l’océan Indien, il alimente aussi
(avec la Caledon et l’Elands) le fleuve Orange,
qui lui, fonce droit vers l’Atlantique… Le
vallon descend en douceur vers le rebord du
plateau. Chèvres et bergers. Dalles et vasques.
Nous sommes en hiver : le fil de l’eau est
minuscule. La pente très légère fonce vers
plein est désormais. Vers l’emplacement de
notre bivouac, lui aussi… au bord du monde.
Il est 13 heures. Le campement est posé à

94
 Des collines verdoyantes
du KwaZulu­Natal émergent
UN PEU DE NEIGE, UN PEU DE DIAMANT soudain les sommets
tabulaires du Drakesnberg.

Durant l’hiver (austral), il n’est pas impossible qu’il neige sur les plateaux et les
falaises du Drakensberg. Et que la couche ienne quelques jours : au Lesotho, à 20 km
à vol d’oiseau d’Amphitheatre, dans le secteur des monts Malui, la staion Afri­Ski
accueille même quelque 4 000 skieurs par an. Non loin de là, en 2006, le Lesotho
Promise, un diamant de 603 carats (120 g) a été extrait de la mine de Letseng.

OÙ DORMIR ?
Au pied de l’Amphitheatre,
quelques encablures du vide immense. Nous pement rallonge sérieusement le timing : plusieurs campings, lodges
et hôtels sont regroupés
sommes tous allés jeter un coup d’œil pré- chaque avancée, chaque « irrégularité » du autour de Phuthadjihaba,
cautionneux à la chute. Les nuages remon- plateau est un nouveau point de vue vertigi- dans un rayon d’une
tent du vide, de la plaine. Quelques gypaètes neux. 18 heures La nébulosité change. Le ton- vingtaine de kilomètres .
Le plus praique pour
cerclent au loin, dans les ascendances. Profiter nerre gronde sur le Lesotho. Pas d’orage Seninel, : Witsieshoek
des lieux ? Les fortifications d’East Butress, à violent ce soir. Mais au bivouac, nous parle- Mountain Lodge, situé
une poignée de kilomètres à peine, dessinent rons longtemps des météos parfois assez directement au départ de
la piste pour le parking de
l’étape de l’après-midi. Une balade simple et incroyables des Montagnes du Dragon. En
Seninel. Plus d’infos sur
belle, hors piste et libre. La plaine. Les zones hiver, la neige, parfois, ourle les hauteurs du www.witsieshoek.co.za
humides. Les troupeaux. Une légère remontée. Drakensberg…
Des « sommets » qui précédent le mont
Amery, le point de vue sur Sentinel et le Mont-
aux-Sources est juste… fabuleuse. Au retour,
la tentation de suivre le fil même de l’escar-

95
ILS PARTENT
ILS RENTRENT

Une marche pour un rêve

Aurélien Sename a 27 ans. Passionné de randonnées et de trekking en totale autonomie, il Les aiguilles de
marche seul, depuis 2010, sur les chemins de grande randonnée (GR) français : côte basque, Port Coton, sur la côte
sud-ouest de Belle-Île.
Cévennes, Auvergne… C’est par le biais de sa page Facebook « Aurélien le Petit Randonneur » © Pat on stock ­ Fotolia
qu’il a pris conscience de l’intérêt de partager bien plus que ses aventures : « J’ai découvert
l’association Petits Princes, dont la mission principale est d’offrir des rêves » explique Aurélien.
« Mes voyages sont en quelque sorte la réalisation des miens ; c’est pour cela que mes deux pro-
chaines randonnées seront pour l’association avec une récolte de dons auprès des particuliers et des
entreprises ». Après avoir soumis au vote de ses fans différents parcours, lesquels ont sélec-
tionné le tour de Belle-Île (GR340) et le tour des Aiguilles rouges (Haute-Savoie), il a entre-
pris une collecte (www.alvarum.com/aureliensename) « pour que les enfants soutenus par
l’association puissent bénéficier d’un petit rayon de soleil dans leurs épreuves quotidiennes ». Une
très belle initiative qui débutera fin août, pour s’achever à la mi-septembre.

96

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Visite des sites archéologiques de
Mrauk U, Pagan et des régions
hors seniers batus de Hpa an,
Mawlamyine, côte Andaman.
Visite d’écoles, de centres de santé.
● EN THAILANDE :
­ Trek en pays Karen : 3 à 7 j. à
la découverte d’une Thaïlande
méconnue dans la forêt primaire
du parc de Tung Yaï classé au patri­
moine mondial par l’Unesco. Nuits
chez l’habitant dans villages
de l’ethnie karen.
­ Parc Naional de Khao Sok, dans
le Sud. Randos et kayak sur le lac
Chiew larn. Logement en bunga­
low flotant dans site sauvage.
Contact : Daniel Gerbault
www.apsaraventure.com
NÉPAL
La Trace du Yak
Trek éthique au Népal. Avec
Romain Nosbonne accompagna­
teur en montagne spécialiste des
Himalayas découvrez le Langtang
autrement. L'équipe Népalaise
100% Langtangpa (rarissime) nous
ouvre les portes et le cœur de ce
peuple atachant. Nous marchons
en famille et nous sentons plus
invités que touristes, plus amis
que clients. Des paysages fantas­
iques, une ambiance chaleureuse,
des rencontres émouvantes,
une expérience inoubliable.
Découvrez aussi, le Zanskar,
le Dolpo ou la vallée de Tsum
avec la Trace du Yak.
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Tél. 06 76 17 85 88
AMÉRIQUE DU SUD
PÉROU - BOLIVIE - PATAGONIE
Yunka Trek
Nous sommes le premier groupe­
ment de guides de trek francophones
du Pérou, spécialistes des 7 cordil­
lères péruviennes et de 3 500 km
de routes incas. Empruntez des
iinéraires originaux: cités perdues
de Vilcabamba, haute route de
Vilcanota, caravane de lamas Sibayo­
Santo Tomas. Escaladez les sommets
mythiques de la cordillère Blanche
et Vilcanota (Ausangate). Marchez
8 à 20 jours au cœur des Andes cen­
trales avec les meilleurs spécialistes
français de la grande routa inca.
Séjours découverte avec randonnées
au Pérou, en Bolivie et en Patagonie.
www.yunka­trek.com
Facebook : Yunka Trek
Contact : info@yunka­trek.com
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EUROPE
NORVÈGE
69 Nord (Mer et Montagne)
● Été : trek voile ou kayak à voile,
jords sauvages et soleil de minuit.
● Automne : orques, baleines
& aurores boréales.
● Hiver/printemps: ski de rando et
rando raquetes, Alpes de Lyngen.
Nos séjours d’été vous proposent
de découvrir la côte sauvage de
Tromsø. Elle offre un choix extrê­
mement varié de randos, bivouacs
et escales à travers un immense
réseau de jords et d’îles accessibles
seulement par la mer et protégé du
large. Il y en a pour tous les goûts.
Un vrai paradis pour les amoureux
de grands espaces. C’est le domaine
des loutres, des aigles, des macareux.
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FRANCE
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dans les Alpes, aussi….
● Sélecion soignée en
France, Italie, Suisse…
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Romain Nosbonne.

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L’Adrar à dos de chameau
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