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32 INTRODUCTION

les écrivant, avait considérablement développé la doctrine


pneumatologique, qui, jusque là, était restée dans les
limbes. Il avait mis au point, en les noyant un peu, il
est vrai, au milieu de considérations secondaires, les
notions essentielles de divinité, de consubstantialité (ces
deux mots n'apparaissaient pas, nous l'avons déjà dit),
d'opération de l'Esprit Saint ; il avait extrait de l'Écriture
les textes qui les fondaient et fourni de ceux-ci l'exégèse
authentique qui reléguait au bêtisier l'interprétation des
hérétiques. C'était un livre utile, une sorte de catalogue
d'arguments contre les hérétiques, et l'on peut penser
que plus d'un évêque en dehors de Sérapion eut la
possibilité de lire ou de faire transcrire à son usage les
Lettres qui avaient été adressées à l'un des leurs.
Ces circonstances, avec les rapprochements entre les
textes que nous serons amenés à constater, permettent
de penser à juste titre que Didyme a lu les Lettres à
Sérapion avant d'écrire son propre Traité du Saint Esprit.
Or Athanase avait sa manière. Écrivant à un corres
pondant, il adopte un ton familier et didactique à la
fois. Il ne se sent pas tenu à un exposé méthodique. Il
sait pourtant que ses lettres seront lues à un public qui
attend de lui une formule de vérité simple et nette. A ses
yeux, la nouveauté de la question demande des explica
tions. C'est alors qu'Athanase s'étire sur la divinité du
Fils et que le public ne le suit plus. Sérapion le rappelle
donc à la brièveté. Athanase dit bien : « Les frères ont
demandé que je résume encore mon exposé... » (Sérap.
II, 1), mais la suite de la Lettre montre qu'il n'a pas su
le faire ; il se rattrape un peu dans la troisième Lettre,
longue encore mais bien sur le sujet. Didyme n'a pas les
mêmes impératifs : il écrit pour tout le monde et il ne se
sent pas tenu à la brièveté.

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