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Gachie-Pineda Maryse. Penser et écrire le Mexique selon Carlos Fuentes : du roman à l'essai. In: América : Cahiers du
CRICCAL, n°22, 1999. Écrire le Mexique. pp. 91-112;
doi : https://doi.org/10.3406/ameri.1999.1412
https://www.persee.fr/doc/ameri_0982-9237_1999_num_22_1_1412
1. Cité par Claude Fell, « Carlos Fuentes » in Histoire de la littérature hispano-américaine de 1940 à
nos jours, sous la direction de Claude Cymerman et Claude Fell, Paris, Nathan, 1997, p. 80.
2. Ibid., p. 75.
3. Gonzalez Casanova Pablo, La Democracia en Mexico, Mexico, Era, 1965.
4. Carlos Fuentes, Tiempo mexicano, Mexico, Cuadernos de Joaquin Mortiz, 1971, p. 7, traduit par
moi.
5. Carlos Fuentes, Un temps nouveau pour le Mexique, Paris, Gallimard, 1998, publié d'abord en
espagnol, Nuevo tiempo mexicano en 1994 ; réécrit en fonction de la « terrible » année 1994, en 1997.
Traduction française à partir de la version anglaise, A new time for Mexico, à la demande de l'auteur.
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1. En réalité, 1906...
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1. Carlos Fuentes, La Region mâs transparente, Madrid, Edition de Georgina Garcia Gutierrez, ed.
Câtedra, 1998, p. 307.
2. Ibid.
3. Ibid., p. 480-483.
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l.Ibid., p. 154.
2. Ibid., p. 429. En réalité 3 millions...
3. Cf. dans le premier récit de Agua Quemada, El Dia de las madrés ou le quatrième, El Hijo de
Andrés Aparicio.
4. Monde qui sera exhumé au moment de la construction du métro inauguré en 1968 (dégagement des
fondations du Templo mayor).
5. Cf. entretien avec C. Dumas, loc. cit., p. 154. Le thème de la pollution apparaîtra à la fin des
années 60. En 1964, l'air était encore transparent, les volcans visibles à toute heure. À la saison des
pluies, le ciel redevenait intensément bleu après l'averse... Quiconque a vécu à Mexico en ces années
en garde la nostalgie... Il convient donc de ne pas faire un contresens sur le titre.
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présenté sous des aspects négatifs, n'est pas épargné par cette critique
acerbe et sans nuances.
Mais la réalité nationale ainsi représentée, cette re-création du
Mexique par l'écriture est fortement idéologisée. C'est en cela que
l'imaginaire du roman est phagocyté par l'essai, et se rapproche
dangereusement de celui-ci.
2 — Fiction et idéologie
On peut considérer que l'idéologie apparaît à trois niveaux : une
idéologie énoncée (l'intertextualité avec El Laberinto de la soledad) ; une
idéologie qui se dégage : les temps mexicains ; une idéologie à décrypter :
le projet de développement pour le pays.
1. Ibid., p. 470.
2. Entretien avec C. Dumas, op. cit., p. 158.
3. El Perfil del hombre y la cultura en Mexico passa inaperçu lors de sa parution en 1934 ; la seconde
édition, 1938, fut un succès auprès des intellectuels. La thèse défendue est celle du complexe
d'infériorité du Mexicain qui entraîne une imitation extralogique de l'Europe.
4. Entretien avec C. Dumas, op. cit., p. 159 ; également dans Tiempo mexicano, p. 58-59 ; la citation,
qui suit dans l'entretien, même page.
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Pola résistera, mais Norma, après avoir tenté en vain de le faire, sera la
victime, sacrifiée dans l'incendie de sa résidence des Lomas.
C'est là l'une des clefs d'interprétation de La Region mâs
transparente qu'il précise, développe pour Claude Dumas en 1971, en
soulignant le lien entre ce thème et la technique littéraire employée.
Éthique et esthétique se recoupent : Joyce, Faulkner et Dos Passos, furent
pour lui des clefs mais ils
l'ont affirmé dans une conviction essentielle pour comprendre la technique de La
Region mâs transparente, celle que ce pays où nous sommes est un pays où le temps
est disloqué, où les espaces et les temps sont simultanés, ou le temps n'est pas
linéaire mais circulaire ou spirale [...]. L'impression que je voulais donner
personnellement de ma ville, de ma culture, de ma civilisation, c'est l'impression d'une
simultanéité, d'une coexistence de temps, d'espaces, parce qu'au Mexique, jamais
les temps ne s'accomplissent. Apparemment, chaque temps historique, comme dit
Octavio Paz dans El Laberinto de la soledad, chaque projet historique annule
immédiatement celui qui le précède1.
Dette sans cesse reconnue et assumée...
— L'idéologie à décrypter
La Révolution
Dans Tiempo mexicano, la « Radiographie d'une décade 1953-
1963 »3, offre un tableau social très critique, qui semble la traduction, en
termes sociologiques corrosifs, de celui présenté dans la fiction de 1958.
Les acteurs et leurs comportements sont les mêmes : « ceux d'en haut »,
une bourgeoisie qui a utilisé à son seul profit les « conquêtes de la
Révolution » en oubliant de remplir sa « mission » historique —
investissement, développement national ; une classe moyenne enfermée
1. Jorge Castaneda, L'Utopie désarmée, Paris, Grasset, 1996, (Ire édition, New York, 1993),
p. 171.
2. L'expression devient habituelle chez les intellectuels après la publication qui connut un très grand
succès au Mexique d'Adolfo Gilly : La Revolution interrumpida, Mexico, Ediciones El Caballito, 1971
(il s'agissait d'une analyse trotskyste reprenant la théorie de la « Révolution permanente »).
3. Tiempo mexicano, p. 56-92.
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l.Ibid., p. 147.
2. Ibid., p. 144.
3. Un temps nouveau pour le Mexique, chapitres 2 (« Dans le temps mexicain ») et 5 (« Le Mexique
agraire, la mort de Rubén Jaramillo ») ; deux chapitres sont consacrés au « Mexique révolutionnaire »
(4) et au « Système politique mexicain » (6).
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1. Ibid., p. 61-62. Des historiens aussi différents que Jean Meyer ou Arnaldo Cordova se sont
interrogés sur la collaboration précoce du mouvement ouvrier avec l'État (les « Bataillons rouges » en
1915, contre les paysans en armes représentant la « réaction »).
2. Ibid., p. 102.
3. Ibid., p. 109.
4. Ibid., p. 176 à 184 : « Dialogue entre un guérillero et un romancier ».
5. Ibid., p. 182.
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1. En raison de la pollution à partir de la fin des années 60, comme il a été indiqué plus haut. En 1970,
l'agglomération de Mexico dépasse les 8,5 millions d'habitants. Entre 1960 et 1970, la population
augmenta de plus de 64 %. Désormais gigantisme et pollution iront de pair.
2. Tiempo mexicano, p. 41.
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l.Idem.
2. Ibid., p. 42.
3. Un Temps nouveau pour le Mexique, p. 303.
4. Ibid., 296.
5. Ibid., 284.
6. Ibid., 289.
7. Ibid., 302.
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l.Idem.
2. Ibid., p. 304.
3. Ibid., p. 303, souligné par moi.
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