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Littérature haïtienne

De la rehabilitation de la race noir par la république D'Haïti


Hannibal price

La littérature haïtienne et la vie politique ont toujours été


fortement imbriquées, à tous les stades de l'histoire d'Haïti. Les
intellectuels haïtiens se sont tournés, successivement ou
simultanément vers la France, l'Angleterre, l'Amérique, l'Océanie, et
puisent aux sources des traditions africaines et amérindiennes.
Dans le même temps, l'histoire d'Haïti a toujours été un matériau
riche d'inspiration pour la création littéraire, avec ses héros, ses
soulèvements et ses rites.

La population, de 1 000 000 vers 1800 et 3 000 000 en 1950, est


estimée à 11 806 523 en 2023[1].

Documentation coloniale
Les populations amérindiennes n'ont pas légué de documentation
écrite. Et Bartolomé de las Casas, dans sa Brevísima relación de la
destrucción de las Indias (1552) (et dans Historia de Indias (1527-
1547) nous a suffisamment renseigné sur l'extinction des
Amérindiens au point de donner lieu à une certaine légende noire
espagnole.

Les Archives nationales d'Haïti assurent la conservation des


documents historiques recueillis par l'administration centrale
haïtienne comprenant des pièces datant de la Révolution haïtienne
de 1791-1804 et des documents de l'époque coloniale[2]. La
domination espagnole (1492-1697) est principalement
documentée dans les archives espagnoles (administratives,
militaires, ou religieuses). La domination française (1625-1809)[3]
est principalement documentée dans les archives françaises,
administratives, militaires ou religieuses -liste des gouverneurs
français de Saint-Domingue. Il en est de même pour l'Île de la
Tortue (colonie française) (1629-1804), principalement peuplée de
boucaniers, corsaires, flibustiers et pirates. Anglais et Hollandais
disposent également de documentation, et sans doute pas de
littérature non plus.

Pourtant des écrivains s'imposent. Parmi les premiers écrivains


d'Haïti, issus de cette période de la colonisation, figurent ainsi
deux des principaux leaders de la révolution haïtienne, Toussaint
Louverture et Jean-Jacques Dessalines, qui adressent plusieurs
textes à des revues américaines, anglaises et allemandes. En tant
qu'acteurs majeurs de cette révolution, ils ne sont pas, dans leurs
écrits, de simples mémorialistes mais des témoins de premier
ordre. Hommes d'action mais aussi hommes d'dées, ils se
projettent dans l'avenir, surtout Toussaint Louverture, et
conceptualisent la suite de la décolonisation[4]. La philosophe
américaine et historienne des idées Susan Buck-Morss , qui
(en)

analyse leurs textes dans son ouvrage Hegel, Haiti, and Universal
History publié en 2009, s'interroge sur les rapports d'influence
intellectuels possibles entre leurs idées et la dialectique du maître
et de l'esclave introduite par Hegel dans la Phénoménologie de
l'Esprit[4],[5]. Une dizaine d'années auparavant, un autre historien
américain, David Brion Davis (en) avait déjà soulevé la même
remarque concernant les idées mises en exergue par Toussaint
Louverture[6].

xix
e siècle
Catégories connexes : Écrivain haïtien et Écrivain de la Caraïbe.

Au xviiie siècle, les colons font parfois éditer en France des


œuvres descriptives ou politiques, comme Moreau de Saint-Méry
(1750-1819). C'est véritablement à l'indépendance que naît la
littérature haïtienne. Elle peut se diviser en plusieurs périodes.

Période des pionniers ou pseudo-classique : 1804-1836

En 1804, Pierre Fligneau (17..-1840)[7] fait jouer sa pièce L'Haïtien


expatrié. Mais les classes dirigeantes et les élites intellectuelles,
au sein de l'État haïtien émergent, restent très imprégnées de la
culture française. Sur le fond, la littérature de cette époque prône
le patriotisme et retrace les hauts faits de la convulsive accession
à l'indépendance. Sur la forme, elle épouse, au fil du xixe siècle, les
courants littéraires successifs qui viennent de France :
classicisme, romantisme, Parnasse, symbolisme (jusqu'au
surréalisme le siècle suivant).

Par contre, les écrivains se servent de leur plume pour faire des
appels à l’unité pour défendre la patrie contre une éventuelle
attaque des Français[8].

On peut retenir de cette période

Louis Boisrond Tonnerre (1776-1806) qui a rédigé l'Acte de


l'indépendance,
Antoine Dupré (1782-1816)[9],
Juste Chanlatte (1766-1828)[9],
Jean-Louis Vastey, dit Pompée-Valentin, baron de Vastey (1781-
1820),
François-Romain Lhérisson (1798-1859)
et Jules Solime Milscent (1778-1842), qui fonde en 1817 la
revue L'Abeille haïtienne, avec pour devise :

« L’épée et les talents doivent n’avoir qu’un but :


Que chacun à l’État apporte son tribut. »

Parmi les œuvres de cette époque, citons Juste Chanlatte, dans


Nheri, anagramme d’Henri, célébrant la victoire des Haïtiens sur
les troupes de Leclerc (Berrou et Pompilus, p. 32), ou encore les
revendications du baron Pompée Valentin Vastey, dans son livre,
Le Système colonial dévoilé (Cap Henry, 1814). Ce même Vasley
écrivait dans une lettre : « Il n'est point inutile que je prévienne mes
lecteurs que je n'ai jamais fait une étude particulière de la langue
française »[10]. Un des problèmes pour permettre à la littérature
haïtienne de s'affirmer davantage est la faible scolarisation de ce
territoire à la fin du xviiie siècle et au début du xixe siècle[10]. C'est
la littérature d'une minorité[10].

Un poème d'Antoine Dupré, l’Hymne à la liberté, illustre l'expression


nationaliste de cette époque :

[…] Haïti, mère Chérie,


Reçois mes derniers adieux
Que l’amour de la patrie
Enflamme tous nos neveux.
Si quelque jour sur tes rives
Reparaissent nos tyrans
Que leurs hordes fugitives
Servent d’engrais à nos champs.
(Pompilus, t.1, p12)

En cette période d'intense effervescence littéraire, des journaux


comme Le Républicain puis L'Union ouvrent leurs pages aux
premiers romantiques. L'Observateur, créé en 1819, publie de la
poésie galante. C'est en effet la poésie qui va donner ses lettres
de noblesse à la littérature haïtienne au cours du xixe siècle.

École de 1836 ou cénacle Haïtien ou début du romantisme


Haïtien : 1836-1860

À partir de 1836 se forme le groupe du Cénacle, avec les poètes


romantiques où se distinguaient les Frères Nau dont Ignace Nau
(1808-1845), les frères Ardouin dont Coriolan Ardouin (1812-
1835), et Beauvais Lespinasse. Ils avaient leur propre périodique
qui fut d’abord La République, qui plus tard devint L’Union. Plus
tard Oswald Durand[9] (1840-1906), Massillon Coicou (1867-1908)
se réclameront de cette mouvance. C’est une époque importante
dans la quête du moi intérieur haïtien. Ce dernier s’ouvrait sur de
vifs débats sur la nature même de l’authenticité haïtienne[11]. Si
certains comme Georges Sylvain pensent que la littérature
haïtienne est : «une branche détachée du vieux tronc gaulois»,
Ignace Nau, comme Oswald Durand font entendre des appels à
l’authenticité : « soyons nous-mêmes », sans mimétisme envers la
littérature française[11]. Le sentiment patriotique est d'ailleurs un
thème très prisé, même s'il est exprimé de façon plus personnelle
par les romanciers et les dramaturges. L'appel de Nau provoque
une série d’évènements d’ordre socio-littéraire tant au pays qu’au
niveau international. Beaucoup des intellectuels haïtiens se posent
et s'imposent comme chercheurs et défenseurs de la patrie.
La production théâtrale est également riche et importante. Tous
les genres sont représentés : drame en prose, tragédie, comédie.
Les œuvres reflètent l'actualité et l'évolution des mœurs.

Parmi les premiers romanciers haïtiens reconnus, figure Émeric


Bergeaud (1818-1858) (Stella, 1857, publié en 1959)[12],[13].

Oswald Durand

Massillon Coicou
Louis-Joseph Janvier

Joseph Anténor Firmin

Mouvement patriotique ou épanouissement du


romantisme Haïtien : 1860-1898

Vers les années 1885, trois intellectuels haïtiens revendiquent


violemment et de façon scientifique le droit et la personnalité
nègre en corrigeant ou défendant par leurs écrits les diffamations
pseudo-scientifiques et insultantes vociférées à l’égard d’Haïti. Ce
sont : Louis-Joseph Janvier dans Haïti aux Haïtiens (1884) et
L’Égalité des races humaines (1884), Joseph Anténor Firmin avec
principalement De l’Égalité des races humaines (1885) et Hannibal
Price avec De la Réhabilitation de la Race Noire par la République
d’Haïti (1889)[14].
Avec l’arrivée de ces défenseurs, le mouvement littéraire haïtien
prend un élan non mesurable. Les plumes des hommes de lettres
sont utilisée comme arme pour défendre la nation. Alors que les
pseudo-classiques défendaient la nation avec des complaintes
émotionnelle et des appels à l’unité, ces théoriciens de cette fin du
XIXe siècle, de leur part, se défendent de manière scientifique et
bien fondée.

Louis-Joseph Janvier dans Haïti aux Haïtiens (1884) et L’Égalité


des races (1884) formule des répliques à certaines diffamations
contre la République Noire. D'ailleurs, Haïti aux Haïtiens est une
réplique contre l’annexion du Môle Saint-Nicolas par les États-
Unis. L’Égalité des races est une réponse à Ernest Renan qui a
écrit :« les hommes ne sont pas égaux, les races ne sont pas
égales ». Par ses arguments, Janvier montre que les Noirs ont des
aptitudes pour tout : lettres, arts, sciences, dont lui-même il est un
exemple vivant[15]. En 1883, dans La République d’Haïti et ses
visiteurs, l'auteur répond contre une série d’articles dans lesquels
est présenté un tableau critique et négatif de la société haïtienne
sous la plume du journaliste d’origine antillaise Victor Cochinat.

Anténor Firmin, dans De l’égalité des races humaines s'est


revendiqué contre les inexactitudes proférées par le comte Arthur
de Gobineau dans sa thèse, L’inégalité des races humaines (1853).
xx
e siècle
La revue littéraire Jeune Haïti (1895-1898), fondée par Seymour
Pradel (1875-1943) et Justin Lhérisson (1873-1907), publie de
nouveaux auteurs dans ses quelques numéros.

Génération de la Ronde : 1898-1915

Le siècle s'ouvre avec la création de la revue La Ronde par Pétion


Gérome en 1895. La référence reste la France pour les poètes de
cette école intimiste et délicate

Etzer Vilaire (1872-1951), né 7 avril 1872[16] poète, auteur de Les


dix hommes noirs («considéré comme le cri de conscience
d'une génération»[17])
Fernand Hibbert (1873-1928). romancier
Georges Sylvain (1866-1925)
Ida Faubert (1882-1969).
Dantès Louis Bellegarde (1877-1966), essayiste
Justin Lhérisson (1873-1907), poète, journaliste et lodyanseur,
compose La Dessalinienne (1903).
Charles Moravia (1875-1938), poète et dramaturge, édite
également deux revues, La Plume (1914-1915), puisLe Temps
(1922-1938).
Edmond Laforest (1876-1915), poète, conteur et journaliste,
dirige aussi "Haïti littéraire et scientifique" et "La Patrie".

Etzer Vilaire

Georges Sylvain

Dantès Louis Bellegarde


Ida Faubert

Jean Price Mars

École Indigéniste ou mouvement Indigéniste : 1915-1945

L'occupation américaine (1915-1934), est un électrochoc. La


«génération de la gifle» crée successivement des revues littéraires
militantes: La Revue de la ligue de la jeunesse haïtienne (1916), La
Nouvelle Ronde (1925), et surtout La Revue indigène (1927).
L'inspiration est combattante dans un pays en proie à une
instabilité politique chronique et exprime le mal de vivre d'une
génération aspirant à une vie meilleure. Le mouvement indigéniste,
par la voix de son initiateur et théoricien, Jean Price Mars[9], invite
les écrivains « à cesser d'être pasticheurs pour devenir des
créateurs » (Ainsi parla l'Oncle, 1928), en clair à puiser aux racines
africaines de l'homme d'Haïti. La résistance trouve alors son
expression dans la culture orale issue de l'esclavage, les contes,
traditions et légendes.

1945-1990

Jacques Roumain

Marie Vieux-Chauvet
Jacques Stephen Alexis

René Depestre

Dans le même temps, le réalisme social investit la littérature, qui


devient un terrain d'engagement et de défense du peuple, avec
Jacques Roumain (1907-1944) (Gouverneurs de la rosée, 1944) ou
René Depestre (1926-). Le roman met alors en scène les couleurs
sombres de la vie des paysans. Jacques Stephen Alexis (1922-
1961), René Depestre et Gérald Bloncourt (1926-2018) fondent en
1945 la revue La Ruche[18].

« La littérature haïtienne est « au bouche à bouche avec l'histoire »


(René Depestre) »

En 1946, André Breton est chargé par le directeur des Affaires


culturelles à Paris d'établir des relations avec les intellectuels
haïtiens. Il rencontre en Haïti le poète Pierre Mabille, fondateur de
l'Institut français.

En pleine grève insurrectionnelle menée par les étudiants contre le


gouvernement Lescot, ses discours trouvent un écho auprès des
insurgés, emmenés en particulier par René Depestre. Toutefois
l'influence surréaliste reste mineure, quoique réelle, sur la
littérature haïtienne. Elle est par exemple ouvertement revendiquée
par Clément Magloire-Saint-Aude (1912-1971), collaborateur des
Griots.

Beaucoup plus fécond est le courant du réalisme merveilleux de


René Depestre ou Jacques Stephen Alexis dans les années 1950.
Le site web « Haïti chérie » définit le réalisme merveilleux,
expression inventée par le Cubain Alejo Carpentier, comme
« l'alliance baroque du mythe et du concret, goût des images
violentes et d'une écriture virtuose, tropicale ». Les contes sont
également un aspect important de la littérature haïtienne et
l'écrivaine Mimi Barthélémy (1939-2013) est une des conteuses
populaires du xxe siècle.

François Duvalier, dit « Papa Doc », arrive au pouvoir à Haïti en


1957. Son régime devient vite dictatorial, et s'appuie sur une milice
appelée les Tontons Macoutes, qui terrorise la population. Un
groupe de poètes et de romanciers haïtiens, nommé initialement
Haïti Littéraire, composé notamment de Réginald Crosley, Denis
Villard, Anthony Phelps, René Philoctète, Roland Morisseau et
Serge Legagneur se constitue. D'autres auteurs en font également
partie comme Davertige ou Jean-Richard Laforest[19]. La
romancière Marie Vieux-Chauvet s'en rapproche. Elle leur propose
de se réunir chez elle, à Port-au-Prince et leur suggère de se
renommer en : Les Araignées du soir[20],[21]. « Ils espéraient tisser
une toile protectrice autour d’eux-mêmes et se garder ainsi à
l’écart des prédateurs »[22]. François Duvalier meurt en 1971 mais
son fils Jean-Claude Duvalier lui succède et prolonge ce régime
dictatorial jusqu'en 1986. Marie Vieux-Chauver dénonce le
contexte social et politique durant le duvaliérisme dans son roman
Amour, Colère et Folie, mais doit quitter Haïti en 1968. Elle meurt à
New York quelques années plus tard[23].

La littérature haïtienne contemporaine fait bien partie de la


mouvance culturelle latino-américaine. Dans la jeune génération,
l'écrivain Louis-Philippe Dalembert (1962-), entre autres, est
l'auteur d'une thèse de doctorat en littérature comparée sur La
représentation de l'Autre dans l'œuvre romanesque d'Alejo
Carpentier.
De 1960 à 2000

Quelques auteurs en Haïti

Frankétienne (1936 -), Jean-Claude Fignolé (1941 -), Christophe


Philippe Charles (1951-), Yanick Lahens (1953 - ), Evelyne Trouillot
(1954 -), Lyonel Trouillot (1956 -), Gary Victor (1958 -), Kettly Mars
(1958- ), Jacques Roche (1961-2005), Jean-Euphèle Milcé (1969
-), Emmelie Prophète (1971-), Pierre-Paul Ancion (1977 -), Inéma
Jeudi (1981 - ), Iléus Papillon (1984 - ), Jonel Juste (1980 -),
Handgod Abraham (1986 - ), Elbeau Carlynx (1994- ), Raynaldo
Pierre-Louis (1990-), ...

Diaspora

« J'ai quitté là-bas, mais je ne suis pas encore d'ici (Dany


Laferrière) »
Louis-Philippe Dalembert

Dany Laferrière

Rodney Saint-Éloi

Le régime des Duvalier (1957-1986) a vu l'exode de nombreux


intellectuels haïtiens. Ceux qu'on appelle les écrivains de la
diaspora s'engagent dans une littérature militante, qui évoque Haïti
sous l'angle des souvenirs, des souffrances, de la culpabilité d'être
loin de leur terre. Comme Jean Métellus (1937-2014), dans Louis
Vortex (1992, réédition 2005), ils mettent souvent en scène le
quotidien des haïtiens exilés dans leur pays d'accueil. Mais le
déracinement a des conséquences importantes : épuisement des
sujets nationaux ou au contraire folklorisme, parfois de
commande (en particulier autour du vaudou).

Parmi les auteurs de cette période aux États-Unis ou au Canada :


Marie Vieux-Chauvet (1916 - 1973) suite à son exil et à son
installation à New York, Anthony Phelps (1928 -), Maximilien
Laroche (1937-2017) Émile Ollivier (1940 - 2002), Jean-Robert
Léonidas (1946 -), Dany Laferrière (1953 -), Marie-Célie Agnant
(1953, -), Rodney Saint-Éloi (1963), Stanley Péan (1966 -), Edwidge
Danticat (1969 -), André Fouad (1972 - ), Guy Régis Jr (1974-), Fred
Edson Lafortune (1982 -), Thélyson Orélien (1988-)...

En France : René Depestre (1926 -), Jean Métellus (1937 - 2014),


Jean-Claude Charles (1949 - 2008), ...

xxie siècle
Le recul manque un peu pour évoquer la littérature haïtienne au
xxie siècle. Peuvent être déjà cités, cependant, Louis-Philippe
Dalembert avec notamment le roman L'Autre Face de la mer publié
dès 1998[24], le roman Avant que les ombres s'effacent publié en
2017[25], le roman Mur Méditerranée publié en 2019, le roman
Milwaukee Blue publié en 2021 et inspiré du meurtre de George
Floyd par un policier en 2020 à Minneapolis[26], ou encore, la
romancière en langue anglaise Edwidge Danticat avec des œuvres
telles que Adieu mon frère[27], Lyonel Trouillot, Jean D'Amérique,
James Noël ou Makenzy Orcel dont le roman L'Ombre animale,
sorti en 2016, a été plusieurs fois primé, remportant par exemple
dont le prix Louis-Guilloux[28] et le prix Littérature-monde[29]

Spécialistes de la littérature haïtienne


Parmi les spécialistes de la littérature haïtienne on peut citer Léon-
François Hoffmann (1932-2018), Maximilien Laroche (1937-2017),
et Yanick Lahens (1953 - ).

Léon-François Hoffmann

Histoire littéraire de la francophonie : Littérature d'Haïti (1995)


[lire en ligne (http://classiques.uqac.ca/contemporains/hoffma
nn_leon_francois/litterature_dHaiti/litterature_dHaiti.htm
l) [archive]]
Le roman haïtien : Idéologie et structure (1982) [lire en ligne (htt
p://classiques.uqac.ca/contemporains/hoffmann_leon_francoi
s/roman_haitien/roman_haitien.html) [archive]]
Le nègre romantique : Personnage littéraire et obsession
collective (1973) [lire en ligne (http://classiques.uqac.ca/conte
mporains/hoffmann_leon_francois/negre_romantique_livre/neg
re_romantique_livre.html) [archive]]
Maximilien Laroche

Littérature haïtienne comparée (2007) [lire en ligne (http://classi


ques.uqac.ca/contemporains/laroche_maximilien/litterature_ha
itienne_comparee/litterature.html) [archive]]
Mythologie haïtienne (2002) [lire en ligne (http://classiques.uqa
c.ca/contemporains/laroche_maximilien/mythologie_haitienne/
mythologie.html) [archive]]
Sémiologie des apparences (1994) [lire en ligne (http://classique
s.uqac.ca/contemporains/laroche_maximilien/semiologie_app
arences/semiologie.html) [archive]]
Dialectique de l'américanisation (1993) [lire en ligne (http://classi
ques.uqac.ca/contemporains/laroche_maximilien/dialectique_a
mericanisation/dialectique.html) [archive]]
La double scène de la représentation : Oraliture et littérature dans
la Caraïbe (1991) [lire en ligne (http://classiques.uqac.ca/conte
mporains/laroche_maximilien/double_scene_representation/do
uble_scene.html) [archive]]
La littérature haïtienne : Identité • langue • réalité (1981) [lire en
ligne (http://classiques.uqac.ca/contemporains/laroche_maxim
ilien/litterature_haitienne/litterature_haitienne.html) [archive]]
Le miracle et la métamorphose : Essai sur les littératures du
Québec et d'Haïti (1970) [lire en ligne (http://classiques.uqac.ca/
contemporains/laroche_maximilien/miracle_et_metamorphose/
miracle_et_metamorphose.html) [archive]]
Thèmes chantés poétiques par les auteurs du mouvement
patriotique (?).

Yanick Lahens

Elle-même écrivaine, lauréate de l'édition 2014 du prix Femina pour


son roman Bain de lune publié en 2014, elle est titulaire de la
chaire « Mondes Francophones » au Collège de France et a
prononcé sa leçon inaugurale intitulée Littérature haïtienne.
Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter (publié par Fayard) le
21 mars 2019.

Question de la langue
Article détaillé : Créole haïtien.

Deux hypothèses existent sur la naissance du créole, langue dont


l'histoire est intimement liée à la colonisation [Selon qui ?] : l'une
avance que le créole serait né de la nécessité pour différentes
communautés de communiquer entre elles : le créole haïtien est
né au xviie siècle dans l'Île de la Tortue, où cohabitaient alors
esclaves africains, flibustiers, corsaires et colons européens.
L'autre énonce qu'il est né dans les comptoirs portugais de la côte
atlantique de l'Afrique au xve siècle et qu'il aurait ensuite été
« exporté » via le commerce négrier.

En tout état de cause on recense plus de deux-cents langues


créoles ou apparentées. Qu'elle soit de base anglaise, portugaise,
espagnole, néerlandaise ou française, comme en Haïti, c'est la
langue de la mémoire collective, qui véhicule une symbolique de la
résistance. On la retrouve dans les contes, les chants, la poésie
(Saint-John Perse, Aimé Césaire, Derek Walcott…), les romans
(Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant…).

Malgré l'indépendance, le français est demeuré langue officielle en


Haïti. Langue de grand prestige culturel, ceux qui la maîtrisent au
xixe siècle, font partie de l'élite. Le créole n'entre véritablement
dans le champ littéraire que dans la deuxième moitié du
xxe siècle. Les indigénistes dans les années 1930, et le
mouvement de la négritude (incarné en Haïti par Jean Price Mars)
ont certes mis en avant les origines africaines de l'antillais, lui
redonnant ainsi une identité perdue dans la déportation et l'après
colonisation. Mais, pour eux, « le créole était considéré comme
une langue impure, celle de l'esclavage, celle que les maîtres
avaient inventée pour se faire obéir »[30].

Le mouvement de la créolité, qui leur succède, réhabilite le créole,


qui n'est plus alors seulement la langue de l'esclavage, « mais
celle qu'on a fabriquée ensemble pour survivre » (id.). Dans la
littérature haïtienne s'opère alors un glissement, du français vers
le créole, ou plutôt un dialogue, un aller-retour entre les deux
langues. Car comme l'affirme Régis Antoine dans La Littérature
franco-antillaise, si « le français seul n'aurait jamais pu nous
régaler… », cette dualité est pour chaque écrivain « un obstacle et
une chance ».

Le créole est très présent dans la poésie et le théâtre.


Frankétienne par exemple n'écrit ses pièces qu'en créole. Langue
orale, le créole s'illustre particulièrement bien dans ces deux
genres qui donnent « de la voix ». Car, si beaucoup d'Haïtiens
parlent et comprennent le créole, tous ne savent pas le lire.

Dans le roman, les deux langues cohabitent parfois, créant une


écriture originale et nouvelle, propice à l'imaginaire développé
dans le courant du réalisme merveilleux par exemple.

Le choix de la langue d'écriture est un enjeu important de la


création littéraire contemporaine, en particulier pour les écrivains
résidant en Haïti. Enjeu toujours militant, parfois théorisé, qui se
heurte à un taux d'analphabétisme élevé. Georges Castera écrit en
français et en créole, il résume assez bien la question de la
langue[31] :

« L'écrivain bilingue que je suis, prend


continuellement conscience (avec quelques autres)
que l'écrit créole est toujours un écrit en
construction, dans une langue écrite à construire.
[…] Il est à déplorer que la plupart des linguistes
haïtiens ne s'intéressent pas au créole littéraire […]

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