La pintura de Castas, peintures de castes de la Nouvelle Espagne du XVIIIe

siècle. Série de 14 portraits de la Nouvelle Espagne par Miguel Cabrera, 1763.

Les peintures de castes ou pinturas de castas en espagnol, sont un type de

peintures développées en Amérique Latine (particulièrement au Mexique) au XVIIIe
siècle, qui représentent les différents mélanges raciaux et les croisements ethniques
principalement entre les indigènes, les espagnols et les africains qui ont caractérisé la
base de la société de la Nouvelle Espagne tout au long de la période coloniale.
Cependant, ces mélanges qui ont donné lieu à un système social hiérarchisé,
continuent à stigmatiser l'identité de la société mexicaine contemporaine.

Un peu dans le style des peintures européennes représentant la sainte famille, la

pintura de castas dans un sens général montre trois personnages. Une famille
normalement constituée par un père et une mère, chacun d'origine différente,
accompagné de leur enfant issu de cette union. Chaque famille représentée est habillée
en tenue de l’époque et figure dans une scène de la vie quotidienne. Certains sont à la
maison, d'autres au marché, et d'autres encore dans leurs ateliers de travail. Ils mènent
des activités sois-disant correspondant à leur classe sociale et ils s'habillent en fonction
de ce que leur statut leur permettent. Par ailleurs, les œuvres affichent une petite
légende qui décrit l’origine du père et de la mère ainsi que la “caste” de l’enfant qui
résultait de cette union.

Il semblerait que ces peintures étaient d'un côté commandées pour donner une
vision plus claire en Europe du XVIIIe siècle de la vie dans les colonies aux Amériques.
Elles servaient comme une espèce de fenêtre qui permettait de voir de plus près
l'exotisme des produits, des paysages et surtout de la vie dans ces pays lointains, ainsi
que la vie des familles ordinaires, leurs travails, leurs activités, leurs vêtements et leurs
comportements. De ce fait, pour ceux qui étaient curieux, ce genre de peintures leur
permettait de se transporter et de voir que tout était à la fois identique mais différent
dans le fameux « Nouveau Monde ». Cependant, ce type de peintures serviront non
seulement de référence pour ce qui était inconnu en Europe, mais sera également le
témoin de l'histoire et de la naissance d'une société coloniale multiculturelle.
 D'autre part, les peintures ont également servi un autre objectif. Celle de classer
et de différencier les mélanges raciaux qui avaient lieu dans la société de la Nouvelle
Espagne afin de créer un système qui délimiterait les droits entre les colonisateurs et
les colonisés.

Par ailleurs, à cette époque, l'Europe s'ouvre au mouvement des Lumières.

Lequel, dans sur le plan scientifique, tente de comprendre et de classifier la nature,
l'évolution et les origines de l'homme.
Par conséquent, la pintura de castas va aussi connaître un discours classificatoire qui
suivait la mode dans l'esprit des Lumières car la plupart des commandes de ces
portraits étaient faites par des hommes riches et des aristocrates, tant en Espagne
qu'en Nouvelle-Espagne, qui se convertissent à la mode de ce mouvement de pensée.
Du fait que, dans les peintures de castes est mis en accent l'importance des différences
entre les peuples et son influence dans la société et son développement.
Ceci, ajouté à une obsession pour la pureté racial et du sang en Espagne depuis des
années, fera par conséquent un grand écho dans les territoires des Amériques encore
sous la domination directe de l’Espagne.

De sorte que cela permettra d’élaborer un système où les élites européennes

blanches, en tant que pinacles de la société, pour contrôler socialement et
politiquement cette nouvelle société. En classant, depuis la naissance des individus,
tout autre type de mestizaje dans des strates inférieures qui permettait de supprimer
systématiquement leurs droits. Notamment les castes d’origine indigènes et des
esclaves afin d'éviter toute forme de soulèvement contre la couronne espagnole.
En inventant ce type de hiérarchies, les Espagnols ont réussi à garder la main sur le
gouvernement de la colonie, malgré leur désavantage numérique. En ce sens, l'impact
pratique réel du système des castes et de ses mécanismes de représentation est
devenu apparent. C'est alors à ce moment-là, que la production de peintures de castes
est devenue très populaire et a été plutôt utilisée comme carte de la société coloniale.

Les peintures de castes reflètent les innombrables mélanges qui se produisaient,

ainsi que les préjudices sociaux de l'époque par le biais d’une vision stéréotypée
résultat de trois siècles de mélanges, de la coexistence sociale, de l'adaptation et de la
préservation du pouvoir après l'arrivée des conquistadors. Les tableaux avec ces
nomenclatures très spécifiques, répondaient aussi à la nécessité de montrer le
caractère multiracial qui constituait la diversité culturelle de la société de la
Nouvelle-Espagne. Ils serviraient donc, comme une espèce de cadre classificatoire et
politique pour le gouvernement vice-royal.
 Cependant, la société coloniale va développer une espèce de quête de pureté de
sang et sa qualification imposée par les classes dirigeantes, ce sera une quête qui
aspire toujours à se blanchir, que ce soit physiquement ou en adoptant des coutumes
“blanches”, afin de pouvoir réussir à une « bonne » intégration dans la « civilisation ».
C'est là peut-être l'origine de l'expression « mejorar la raza » (améliorer la race), qui
résonne malheureusement encore aujourd'hui au Mexique. Cette expression est
maintenant utilisée généralement sur un ton de plaisanterie, mais elle possède un
passé historique considérable et constitue sans aucun doute l'une des plus importantes
cicatrices de l'identité mexicaine.

Néanmoins, la manière dont cette production artistique coloniale du XVIIIe siècle

a fortement influencé et impacté l'évolution et le sentiment de l'identité mexicaine est
tellement importante. Pourtant, on n’en parle pas beaucoup lorsqu'on passe en revue
l'histoire de l'art mexicain.
En revanche, de nombreux tableaux de castes ont été produits, certains sont restés au
Mexique et beaucoup d'autres ont été envoyés en Europe et font désormais partie des
collections privées. Ces peintures se trouvent généralement dans des séries de 14 à 16
peintures représentant les différentes castes et un grand nombre d'entre elles ne sont
pas signées.

Mes recherches portent sur l'une des rares séries de pinturas de castas qui est
signée par l'auteur. Il s’agit d’une série de 14 portraits du peintre Miguel Cabrera,
reconnu comme le meilleur artiste de la Nouvelle-Espagne, le plus grand représentant
de la peinture baroque de la vice-royauté et le fondateur de l'Académie de peinture de
Mexico en 1753.
Mon objectif est de présenter et d'examiner en détail chacun des portraits de la série.
En principe, je présenterai la peinture de caste comme une fenêtre vers le nouveau
monde en Europe. La nouveauté des produits et la dynamique de la vie quotidienne
dans la Nouvelle Espagne. Puis en expliquant qui a commandé ces peintures et dans
quel but ? La recherche nous amènera à d’autres exemples de pinturas de castas pour
voir comment ces peintures ont-elles été vues en Europe. Ainsi pouvoir expliquer le
passage de « vitrine du nouveau monde » à « carte de la société coloniale ».
Comment le gouvernement colonial a utilisé l'expression artistique des las pinturas de
castas à des fins politiques. Les aspects et le développement du système des castes
dans les Amériques, plus spécifiquement le système des castes tel que représenté
dans la série de Miguel Cabrera. Et finalement, réfléchir sur la problématique sur
comment ces représentations artistiques ont formé et continuent à former une partie
considérable de la mémoire culturelle et de l'identité mexicaine, même aujourd'hui, à
trois siècles qu'elles eurent cessé d'être produites.
Bibliographie / Références

- L'Ordre du discours / Michel Foucault (1971)

- L' Œuvre d’art et ses intentions / Alessandro Pignocchi (2012)
- Le Détail: Pour une histoire rapprochée de la peinture. / Daniel Arasse 2009
- Museo de América | Ministerio de Cultura
- Museo Nacional del Virreinato

- La vie quotidienne en Nouvelle-Espagne

- Educación, Familia y vida cotidiana en México Virreinal / Pilar Gonzalbo
Aizpuru (2013)
- La corte de los virreyes, Historia de la vida cotidiana en México, Tomo II, La
Ciudad Barroca / Iván Escamilla González (2005)
- El imperio visible. Expediciones botánicas y cultural visual en la ilustración
hispánica. / Daniela Bleichmar (2016)
- La indumentaria de las castas
- Estudios de historia Novohispana – Número 52
- La vida cotidiana en el virreinato de la Nueva España según Vicente Riva
Palacio en México / Campos Moreno, David. (2020)

- Société coloniale du XVIIIe siècle

- Diario del viaje que hicimos a México: fray Francisco de Ajofrín y fray Fermín
de Olite / Francisco de Ajofrín (1936)
- La sociedad novohispana: estereotipos y realidades / Alberro Solange y
Gonzalbo Pilar (2013)
- El imperio visible. Expediciones botánicas y cultural visual en la ilustración
hispánica. / Daniela Bleichmar (2016)
- Tornaviaje. Arte iberoamericano en España. Catálogo exposición / Museo del
Prado (2021)
- Palacio Nacional - Los borbones
- UNAM IIH - Podcasts MP3 2016
- Les fondements de la pureté du sang en Espagne
- El peso de la sangre: limpios, mestizos y nobles en el mundo hispánico /
Nikolaus Böttcher, Bernd Hausberger (2011)

- Définition des castes

- Españoles, indios y negros. (Mestizaje)

- Muchos negros, mulatos y otros colores. Culture visuelle et savoirs coloniaux
au XVIIIe siècle / Jean-Paul Zúñiga (2013)

- Le système des castes en Amérique

- Las Castas Mexicanas: Un género pictórico americano. / María Concepción
García Saiz (1989)

- La peinture en Nouvelle-Espagne au XVIIIe siècle

- Daniel Arasse et la peinture hollandaise du xviie siècle / Jan Blanc (2006)

- La peinture de castes dans le Mexique vice-royal (caractéristiques)

- Imagining identity in New Spain: Race lineage and Colonial in Portraiture
Casta paintings / Magali M. Carrera (2003)
- Casta Painting – Images of Race in Eighteenth–Century Mexico. / Ilona Katzew
(2005)
- Artes de México, La Pintura de Castas. Número 8 / Teresa Castelló (1990)
- Les tableaux du métissage au Mexique. / Raphaël Blanchard (1908)
- Pintores criollos, pintura de castas y colonialismo interno: los discursos raciales
de las agencias criollas en la Nueva España del periodo virreinal tardío / Laura Catelli
(2012)
- Galería de Castas Mexicanas - 3 Museos

- Miguel Cabrera (peintre)

- Pintura del México Virreinal — Google Arts & Culture

- Série de peintures de castes de Miguel Cabrera

- L'Amérique dans l'imaginaire européen au XVIIIe siècle
- Tornaviaje. Arte iberoamericano en España. Catálogo exposición / Museo del
Prado (2021)
- D'autres séries de Peintures de castes
- Museo de América / Visita a la colección de los cuadros de castas 1
- Museo de América / Visita a la colección de los cuadros de castas 2
- Five Casta paintings by José Guiol / A new discovery
- De Nouvelle-Espagne à Mexique
- De la nueva España a México: Nacimiento de una geopolítica / Alain Musset -
Carmen Val Julián (1998)

- Identité mexicaine (Mestizaje)

- El peso de la sangre: limpios, mestizos y nobles en el mundo hispánico /
Nikolaus Böttcher, Bernd Hausberger (2011)
- Investigating Identity,Ambivalence, Hybridity:ABhabhaian Reading of J. M.
Coetzee’s Foe and Disgrace
- DEL MESTIZO AL MESTIZAJE: ARQUEOLOGÍA DE UN CONCEPTO
- Presencia afrodescendiente en América / Museo de América | Ministerio de
Cultura
- Museo de America - Presencia afrodescendiente en América
- Mestizaje: el color de la piel - 3 Museos

- Le Mexique, une société métisse (recherche de l’identité)

- México sin Mestizaje UNAM IIH - Podcasts MP3 2016
- Le racisme au Mexique
- México, un país que ejerce el racismo y cree que no es racista | UNAM Global