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Tollet Daniel. Francis Kaplan, Marx antisémite ?. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 39 N°4, Octobre-
décembre 1992. pp. 693-694;
https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1992_num_39_4_1655_t1_0693_0000_3
1. Parmi ceux qui nient l'antisémitisme de Marx, il faut citer R. Mandrou, H. Arendt, L. Netter,
I. Deutscher ; par contre le philosophe J. Gabel, Réflexions sur l'avenir des Juifs, Paris, 1987, 202 p.,
considère que Marx est antisémite.
2. K. Marx, La question juive, critique du texte de Bruno Bauer, Francfort, 1844. Édité à Paris,
en 1975, par R. Mandrou, 185 p.
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Engels, comme le montre l'un de ses textes de 1880 n'a pas été influencé par les
tendances antisémites de Marx : « En Prusse, écrit-il, les propagateurs de l'antisémitisme
sont les Junkers qui ont un revenu de 100 000 mark et en dépensent 20 000 et tombent par
conséquent sous la coupe des usuriers. Or en Prusse et en Autriche, fait écho aux
le chœur des petits bourgeois que tue la concurrence du grand capital . . . Ceci se
produit là où le grand capital est encore trop faible pour s'emparer de toute la
C'est seulement là où le grand capital est principalement juif qu'il y a de
». Plus tard, A. Bebel affirmera que la vraie cause de la misère prolétarienne est
la classe capitaliste considérée comme un tout ; surtout on attribue à Bebel la phrase selon
laquelle l'« antisémitisme est le socialisme des imbéciles».
Seuls, les socialistes Franz Mehring et Richard Calwer furent antisémites mais il faut
souligner que l'antisémitisme de ces personnages et de Marx lui-même relève de leur
caractère et non de la doctrine. Car Marx a aussi été personnellement la victime de
lorsque, par exemple, Ruge l'a attaqué en tant que tel, après 1844 : «Je sais que
les Rothschild, tout réactionnaires qu'ils sont apprécient beaucoup les mérites du
Marx et qu'à son tour, le communiste Marx se sent invinciblement entraîné vers le
génie financier des Rothschild». D'autre part, la culture de Marx n'était pas une culture
juive et le peuple juif dont l'apport semblait se limiter à la Bible, apparaissait à ses yeux
comme étant sans culture. Marx était nourri de la lecture de Kant qui voyait en les Juifs
«une nation trompeuse». Il était nourri de Goethe qui écrivait : «nous ne tolérons aucun
Juif parmi nous car comment pouvons nous leur accorder une part de la culture
dont ils nient l'origine et les coutumes ». Il était nourri de Fichte pour qui « les Juifs
formaient un véritable État dans l'État fondé sur la haine du genre humain» et de
L. Feuerbach qui pensait que «le principe fondamental du Judaïsme était l'égoïsme».
Francis Kaplan en vient donc à penser que si Marx avait pu décharger sa haine de
l'antisémitisme sur la société ambiante, il aurait été en mesure d'assumer sa propre
judéité. Son activité révolutionnaire cachait donc une agressivité refoulée et ce ne fut pas
un hasard si c'est par le texte sur la question juive que Marx inaugura cette activité.
Psychologiquement, l'antisémitisme d'un Juif était une attaque contre soi et Marx pour
s'en cacher l'absurdité cachait qu'il était Juif.
Daniel Tollet.
Georges Bervin, Québec au xixe siècle. L'activité économique des grands marchands,
Québec, Septentrion, 1991, 294 p.
Étudiant l'activité de la grande bourgeoisie marchande de Québec au xixe siècle, le
titre de l'ouvrage de Georges Bervin paraît aller au-delà de la réalité retenue dans le temps
puisque la période étudiée ne s'inscrit que dans les premières décennies du xixe siècle,
entre les dates de 1800 et 1830, et être en même temps trop réducteur, car à côté de
l'activité économique proprement dite de ses marchands, Georges Bervin sait présenter,
en une trentaine de pages d'une introduction fort substantielle, le cadre matériel et familial
de leur vie.
L'ouvrage s'ordonne, de manière claire, en quatre parties. Dans la première, en une
quarantaine de pages, l'auteur définit la grande bourgeoisie commerciale de Québec et en
présente les caractères. Dans la seconde, la plus ample puisqu'elle couvre deux chapitres
pour un total de quatre-vingt pages, il analyse le marché des capitaux de sa ville, en
présentant, d'une part, les structures traditionnelles, et d'autre part, les mutations
marquées par la création de la banque de Québec. L'étude des structures
montre comment les bases de financement du négoce demeurent, pour
familiales et peuvent appeler au regroupement des marchands de dimension fort
variable. Les mutations sont illustrées par la fondation d'une organisation bancaire appelée
à un développement important, sur le modèle britannique. Les troisième et quatrième
parties sont originales par les thèmes choisis : l'une est consacrée sur près de quarante-
cinq pages à l'étude du négoce face aux marchés publics qu'il peut obtenir ; marchands et
administration militaire s'entendent pour négocier des conditions d'affaires fort juteuses