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Autres titres aux éditions Le Dauphin Blanc :
Le cercle de toutes nos relations, 2014
Puissance cristalline, 2014
Le sentier de la beauté, 2015

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n rêve, une vision, une attention peuvent nous montrer que
U des animaux sont proches de nous et qu’ils nous parlent.
Nous regardons voler un aigle ou une pie, nous croisons le regard
d’un cerf, nous observons courir un renard ou passer une libellule
et, tout d’un coup, nous sentons quelque chose d’indescriptible,
comme une sensation forte qui vient de l’intérieur de nous. Ce n’est
donc pas sans raison que Carl G. Jung utilisera le mot anima pour
désigner la représentation archétypale féminine dans l’imaginaire
de l’homme (et animus pour désigner la composante masculine
retrouvée dans l’inconscient de chaque femme).
Nous nous sentons proches de certains animaux. Cette sensation
crée en nous bien-être, sécurité, assurance. Nous captons des
mémoires oubliées et nous les revivons dans l’instant présent. Cela
nous rappelle que le mot animal vient du latin anima, qui signifie
« animé par une âme ».
Ces animaux, nous les appelons parfois « animaux de pouvoir »
parce qu’ils nous en donnent et nous aident à le trouver en nous.
Mais, pouvoir est un mot ambigu, du fait qu’il ne distingue pas le
pouvoir sur soi du pouvoir sur les autres. Aujourd’hui, on préfère
donc utiliser l’expression animaux totémiques.
Souvent, dans une vie antérieure, nous avons vécu des
expériences avec ces animaux. Leur utilité dans notre monde a de
l’importance parce que nous pouvons aller chercher leur aide si
nous en avons besoin. Nos besoins peuvent être reliés à des

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décisions, à des ressources, à des interrogations dans notre vie
courante, dans nos relations. C’est pour cela qu’il est nécessaire de
les honorer, car ce monde invisible nous aide dans le monde visible.
Leur reconnaissance est un acte naturel qui devrait venir
spontanément, directement du cœur.
Ainsi, dans l’Égypte ancienne, les animaux avaient un statut
particulier. Lorsqu’ils étaient maltraités, la balance de Maat1 pesait
l’importance de l’offense et définissait la sanction. Il était même
possible pour les animaux de se plaindre de tout humain. Une
tombe royale précise que le pharaon n’a reçu aucune plainte d’un
bœuf ou d’une oie.
Ma rencontre avec Aigle Bleu fut étrange pour moi. J’ai vu un
homme, parfaitement ancré, arriver avec le pas sûr, le dos droit
entre la terre et le ciel, le visage ouvert. Je ne peux pas oublier son
regard. J’y ai vu la douceur, la droiture, la bienveillance, l’action. Je
l’ai trouvé attachant. Nous avons su de suite que nous aurions bien
des aventures ensemble. J’ai bien reconnu l’ours et d’autres
animaux en lui.
Je comprends aujourd’hui pourquoi il s’exprime à propos des
animaux totems et parle d’eux. Il les porte en lui avec un profond
respect. Dans ses invocations, ses cérémonies, il les appelle et leur
témoigne sa reconnaissance. J’aime beaucoup ce qu’il dit parce que
ses mots sont justes. Il témoigne de la sagesse, de la connaissance
ancestrale, de l’expérience.
Avec tant de pertinence et de profondeur, il nous raconte ses
histoires; nous avons l’impression d’être à ses côtés et de les vivre
instantanément. Plus qu’un exposé, son livre est un enseignement.
Je suis honoré de participer à la création de cet ouvrage. Je
souhaite qu’il ouvre les portes de prises de conscience, non pas
parce que nous avons lu quelques pages de plus dans un livre de
plus, mais parce que c’est une nécessité pour notre vie sur terre.
Je conclurai avec une citation d’Albert Schweitzer, médecin,

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philosophe et Nobel, qui écrivait, en 1931, dans Ma vie et ma pensée :
« L’homme n’est moral que lorsque la vie en soi, celle de la plante et
de l’animal aussi bien que celle des humains, lui est sacrée, et qu’il
s’efforce d’aider dans la mesure du possible toute vie se trouvant en
détresse. »
Hervé Estival, diplômé de la Faculté de médecine de Paris,
diplômé en psychothérapie, expert-consultant judiciaire, ancien
directeur de recherche, chaman de tradition celtique, membre du
Cercle de Sagesse de l’Union des Traditions Ancestrales et du
Collège de Chamanisme Ancestral.

1. Déesse de l’ordre, de la vérité et de la justice.

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C haque personne a des alliés dans chacun des règnes présents
sur la planète : minéral, végétal, animal et humain. Nous
parlons ici de l’« esprit » d’un être vivant, dans le sens que lui
donnait Platon lorsqu’il parlait d’archétype, c’est-à-dire la forme-
pensée lumineuse qui constitue l’essence d’un être.
Pour les Amérindiens, il existe plusieurs dimensions et mondes,
mais en particulier l’Ungawi, le monde de la forme idéale. C’est
dans ce monde que résident l’esprit, l’archétype, la forme-pensée de
toute chose. Toute chose qui existe sur terre existe aussi sous sa
forme parfaite et lumineuse, non matérielle, dans l’Ungawi. C’est en
fait le reflet de cette essence qui est visible sur terre, qui n’est au
total qu’un aspect partiel dans un moment particulier de l’entièreté
de l’esprit de l’être et qui est resplendissante dans toute sa
perfection dans l’Ungawi.
Il y a le renard roux que l’on voit sur terre, mais il y a aussi l’esprit
du renard roux qui préside à la création de tous les renards roux
d’Amérique du Nord et d’ailleurs. Lorsqu’une personne parle avec
les animaux, car il est bien connu que, chez les Premières Nations,
certaines personnes ont le don de parler et d’entendre les animaux,
le renard nous dira ce qui se passe dans sa forêt et dans sa famille.
Si nous parlons à l’esprit du renard roux, il nousdonnera des
enseignements qui sont propres à la vie et aux qualités d’être de
tous les renards.
Les autochtones de tous les continents accordent beaucoup
d’importance au monde de l’esprit qui crée, sous-tend et influence

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toute la nature. Ainsi, lorsque la personne perçoit des affinités avec
une espèce en particulier, celle-ci devient ce que nous appelons un
« totem ». C’est un allié, une présence protectrice et aidante qui
« inspire », « guide » et « conseille » dans la vie de tous les jours,
d’où l’importance des totems des différents règnes dans la vie des
autochtones et de tous ceux qui suivent la voie chamanique.
Les totems du monde animal sont plus importants que ceux des
autres règnes, car ils sont plus proches de nous sur le plan
biologique que les règnes végétal et minéral et plus alignés sur la
volonté du Grand Mystère que le règne humain. Par le libre arbitre
dont jouit l’Homme, il peut s’égarer et prendre des voies qui sont
contraires aux instructions primordiales du Créateur. Par contre, les
animaux restent toujours fidèles aux instructions du Créateur. Ils
font exactement ce qu’Il attend d’eux et ils sont en parfaite
harmonie avec la nature et la réalité de ce monde que les
autochtones nomment la « Terre mère ». Il est donc très bénéfique
de connaître nos animaux totems. Cela enrichit la compréhension
du monde, et ses innombrables interrelations, ainsi que la
compréhension de notre propre psychologie interne ou identité en
tant qu’Homme au sein du monde. J’utilise le mot Homme avec un
H majuscule pour désigner à la fois la Femme et l’Homme, mais
dans ce qu’ils ont de divin.
L’Homme a la particularité d’avoir le libre arbitre qui lui permet
d’être lui aussi un créateur. Il est d’essence divine lorsqu’il accorde
sa volonté de création avec celle du « Grand Mystère », nom que
nous donnons parfois au Grand Esprit ou à Dieu. Le Créateur ne
peut se mesurer ou se comprendre avec le mental, d’où l’aspect de
Mystère. Les hommes qui ne s’accordent pas avec la volonté du
Grand Esprit, comme la majorité du monde civilisé d’aujourd’hui,
sont plutôt aux yeux des autochtones des sous-hommes, et leurs
activités créatrices entraînent destruction et pollution. Les
instructions primordiales ou fondamentales du Grand Mystère sont

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inscrites partout dans le « grand livre de la nature ». Elles sont
parfaitement visibles et apparentes dans le ciel étoilé, le
mouvement des vents et de l’eau et le rayonnement du soleil. Il
appartient à chaque Homme de lire ce livre immense et d’en
comprendre les vérités immuables. Cette connaissance ne peut pas
être consignée dans un livre ou enseignée par un maître. Apprendre
à lire la nature et ses vérités essentielles fait partie du processus qui
fait de nous des Hommes, enfants aimés du Grand Mystère et
cocréateurs, avec Lui, du paradis terrestre, d’où la nécessité
d’apprendre directement de la source en observant dès l’enfance la
nature.
Les Premières Nations ont donc une compréhension intime des
correspondances entre la nature des humains et la nature des
animaux. Les habiletés et les comportements particuliers de ces
derniers sont en résonance avec ce même potentiel en nous. L’une
des spécificités de l’Homme est de contenir en lui toutes les
énergies de l’univers. Bien que nous ne soyons que rarement
conscients de toutes les potentialités que nous avons, elles sont
néanmoins présentes. Elles ne seront évidentes, en vigueur,
opérantes que si nous choisissons de les nourrir. Un exemple facile
à comprendre est la présence en chaque Homme du bien et du mal.
Voici un conte traditionnel qui illustre bien ce dont je parle.
Un soir d’été, un vieil homme de la nation cherokee fume sa
pipe devant le feu de sa hutte lorsque son petit-fils entre
brusquement. Ce dernier est très en colère. Son jeune frère s’est
montré encore injuste envers lui.
Le vieillard attend que le souffle de son petit-fils devienne plus
calme et, lorsqu’il le sent plus en paix, dit : « Il m’arrive de
ressentir de la colère, mais la haine m’épuise et, à bien y penser, ne
blesse pas celui qui s’est mal conduit envers moi. C’est comme
avaler du poison et désirer que mon ennemi en meure. J’ai appris
que la bataille entre deux personnes est toujours une bataille entre

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deux loups à l’intérieur de moi.
» Le premier est bon et ne fait aucun tort. Il vit en harmonie avec
tout ce qui l’entoure. Il est joie, paix, amour, espoir, partage,
sérénité, humilité, bonté, bienveillance, pardon et compassion.
» L’autre loup est plein de colère et de rage. Il est rongé par
l’envie, l’avidité, l’arrogance, le ressentiment et l’orgueil. Il veut
toujours avoir plus que les autres et n’est jamais satisfait de ce que
la vie lui offre. Ces deux loups sont constamment en guerre, l’un
contre l’autre, à l’intérieur de moi. »
Le petit-fils regarde attentivement et longuement son grand-père
dans les yeux et lui demande :
« Lequel des deux loups gagnera, grand-père? »
Le vieux sage répond simplement :
« Celui que je nourris. »
Nous avons l’univers entier en nous, mais certains aspects de cet
univers sont plus en résonance harmonique avec nous. Les
connaître et les nourrir nous apporte plus de force, de stabilité, de
pouvoir, d’équilibre et de potentiel de cocréation. Ainsi,
l’importance de l’animal totem devient apparente.
Tous les animaux totems sont porteurs d’enseignements bien
précis. Si nous prenons le temps de comprendre ces enseignements,
ils nous transmettront le pouvoir de mieux nous situer dans le
monde. Notre animal gardien nous donne des repères, des dons
uniques et des responsabilités qui sont propres à notre réalisation
en tant qu’Homme. L’animal totem intérieur, celui défini comme le
« clan » chez les Amérindiens, est en effet l’être du monde animal
qui nous ressemble le plus. Je ne parle pas ici d’une ressemblance
physique, bien que ce soit parfois le cas, mais plutôt d’une
ressemblance psychologique.
L’une de mes enseignantes affirmait que tant que notre animal
protecteur nous est inconnu, il a le loisir de se jouer de nous. À

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partir du moment où nous découvrons son identité, nous pouvons
entrer dans le jeu et nous amuser avec lui. Nous sommes alors en
mesure de lui présenter des demandes et d’en voir les résultats. En
sachant à qui nous avons affaire, nous acquérons la capacité de
jouir de ses qualités plutôt que de souffrir des tours qu’il nous joue
pour attirer notre attention sur son existence.
La présence temporaire ou permanente d’un animal dans notre
vie ou la signification d’un animal totem peuvent être interprétées
grâce à certains symboles et à une perception juste de notre ressenti.
Il s’agit de savoir lire les signes. Lorsque la vue d’un animal dans la
nature est accompagnée d’une émotion, cela signifie que la nature
nous parle, nous envoie un signe, un message ou un avertissement.
Il peut alors être intéressant de remarquer de quelle direction
l’animal vient et où il va, et de connaître le symbolisme des
directions. Par exemple, si un animal croise votre chemin, s’il se
déplace de gauche à droite, cela pourrait signifier qu’il va vers le
futur; s’il va de droite à gauche, qu’il va vers le passé; s’il se déplace
au-dessus de votre tête vers l’arrière, que les choses sont derrière
vous; s’il va dans la même direction que vous, qu’il vous
accompagne sur votre chemin. Ces indications générales ne sont
pas toujours exactes et dépendent de mille et un facteurs. Par
contre, règle générale, elles peuvent vous donner un début de
compréhension. Les points cardinaux ont aussi un symbolisme qui
est important et qui peut être utilisé pour interpréter les signes.
Le Nord symbolise le monde de l’esprit, l’Ungawi et le grand
bison blanc. C’est du pôle Nord que vient l’énergie de lumière
primordiale qui anime la grille de lumière autour de la Terre, cette
toile éthérique qui enveloppe chaque être, mais aussi la Terre elle-
même. Nous disons que l’être qui produit cette énergie est l’un des
quatre visages de l’oiseau tonnerre : le grand bison blanc. Le Nord
est aussi la direction qui incarne la force, l’endurance, la sagesse de
voir les choses telles qu’elles sont. C’est le monde des esprits où

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demeurent les ancêtres.
L’Est est la direction de la lumière nouvelle, des nouveaux
commencements, de l’illumination, de la sagesse et de la
connaissance; c’est là que le soleil se lève. L’animal relié à l’Est est
l’aigle doré. L’Est reflète la sagesse de l’inspiration.
L’amour, la confiance, la croissance rapide et l’énergie solaire
s’incarnent dans le Sud. L’animal qui est relié à cette énergie est le
coyote. Le Sud enseigne la sagesse de réaliser les œuvres que l’on
entreprend.
L’Ouest est la direction de la transformation, celle de l’automne,
de l’expérience et de la maturité. L’animal associé à l’Ouest est
l’ours. L’Ouest transmet la sagesse de la vision holistique, globale,
celle de voir la grande image tout en voyant les détails.
Il y a en fait différentes manières possibles de regarder les choses,
mais l’essentiel est de savoir lire ce qui se produit en vous, car tout
phénomène qui se produit dans la nature n’est ni signe ni message.
C’est lorsqu’une émotion accompagne un évènement naturel que
vous pouvez reconnaître qu’un signe vous est adressé afin de vous
permettre une meilleure compréhension des choses. La lecture des
signes passe donc par le regard intérieur, le regard sur ce que
l’émotion vient nous dire. Il n’y a donc pas de méthode
d’interprétation absolue. Il peut être utile grâce à l’introspection de
connaître votre propre symbolisme. Ensuite, vous pouvez vous
inspirer des traditions anciennes, par exemple celles des Premières
Nations et celles des mythes et des légendes. Mais, avant tout,
écoutez votre ressenti.

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1. Le Grand Esprit nous parle
Le Créateur, le Grand Esprit ou l’Intelligence primordiale, qui crée
et ordonne l’univers, nous parle. Il est en constante communication
avec nous. Son langage est celui de la création. Il ne parle ni en
français, ni en anglais, ni en innu-aïmun, la langue des Montagnais,
une Première Nation vivant dans le nord-est du Québec. Il nous
parle par le monde qu’il a créé pour nous. Il est aussi en nous. C’est
la partie la plus intime, l’essence de qui nous sommes. C’est la
partie de nous qui peut comprendre les messages inscrits sur les
paysages du monde.
Son langage est le plus limpide et le plus vrai de tous : il est
directement dans la nature puisque tous les éléments naturels
répondent constamment à sa volonté. Dans un monde humain,
nous pouvons aussi lire les signes. Par contre, ils sont moins faciles
à lire et peuvent parfois « tromper ». Mais, ils sont présents et à
notre disposition aussi. Par exemple, en trouvant la sœur d’une
chaussette orpheline la journée de l’accident d’une femme qui
vivait avec moi, j’ai compris qu’elle allait retrouver un aspect d’elle-
même qu’elle allait pouvoir réintégrer grâce à ces vicissitudes. Cela
s’est avéré juste.
2. Comment comprendre les signes ?
Comment pouvons-nous savoir qu’un évènement est un signe? À

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la blague, lorsque des circonstances cocasses se produisent, nous
proclamons souvent et avec beaucoup de sérieux : « C’est un
signe! » Puis, nous pouffons de rire. Effectivement, toutes les
manifestations ne sont pas des signes, sans quoi chaque vol
d’oiseau, chaque fleur et chaque arbre qui bouge nous plongeraient
dans des interrogations incessantes.
Ce qui nous indique qu’un épisode s’adresse directement à nous,
c’est l’émotion. Lorsque la coïncidence nous interpelle, que nous
ressentons en nous quelque chose d’intense, quelque chose qui
bouge, alors nous avons une indication que cela est un signe.
Habituellement, si nous avons la compréhension des signes, la
signification apparaît immédiatement. Le sens est, en fait, contenu
dans l’émotion et non pas dans l’évènement qui se produit.
L’occasion n’est que la piste qui nous mène à la compréhension qui
se fait en nous.

3. Qui peut lire les signes ?


Il est impossible de lire les signes pour les autres. Combien de fois
ai-je reçu des messages de personnes qui ont vécu des contretemps
particuliers, des rêves ou des visions et qui me demandent ce que
cela veut dire? Comment voulez-vous que je le sache? Je n’ai pas
vécu l’émotion qui est venue avec l’évènement. C’est dans cette
émotion que se tient le sens de ce que vous avez vécu. C’est là, dans
l’émotion, que l’interprétation se fait, ainsi que dans la relation avec
le symbole que renferme l’expérience. La chaussette orpheline a un
sens pour moi dans mon expérience de vie qu’elle n’a pas pour
vous. Chaque personne a son propre symbolisme qui vient de sa vie
et de son vécu. Alors, ne vous tournez pas vers l’autre pour le sens
de votre dialogue avec le Grand Esprit. Regardez en vous. C’est là
que la communion se passe.

4. Le Grand Livre de Vie


Il y a aussi un langage plus profond inscrit dans les êtres vivants

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et la nature. Cette écriture se lit comme un livre et ses symboles
sont comme des lettres qui donnent le sens de la vie et de la
création. Chaque famille inscrit dans le monde une page de ce
Grand Livre de Vie en concevant et en réalisant son domaine
familial, ses jardins, son petit paradis familial, qui est son havre de
paix et de bonheur. Cette écriture-là se transmet dans la famille.
Apprendre à lire et à écrire ce livre est la science spirituelle la plus
élevée qui soit. Nous avons été coupés de ce livre par les forces de
l’ombre qui nous ont déracinés et transportés dans des mégalopoles
et des villes remplies de criminalité, de pauvreté et de pollution.
Tranquillement, nous recommençons à écrire ce livre sacré en
créant dans notre esprit le rêve du domaine familial avec l’espoir
d’avoir un jour, nous aussi, nos jardins, animaux et terres de beauté
et de vie. Le seul fait de penser qu’un jour nous puissions réintégrer
le berceau de la création apporte un bonheur aussi vaste que
l’univers qu’il reflète.

5. L’interprétation des rêves


Les rêves nous parlent avec un langage symbolique. En général,
chaque élément du rêve désigne un aspect de nous-mêmes. Nos
rêves trouvent leur origine dans notre inconscient, cette partie de
nous qui est rattachée au Grand Tout et qui semble moins accessible
lorsque nous sommes éveillés. Les voiles du conditionnement
obscurcissent notre compréhension dans la vie diurne. Parfois, dans
la grande détente du sommeil, ces voiles tombent et la vérité nous
est révélée.
La compréhension que les Premières Nations ont des rêves, c’est
qu’il existe plusieurs dimensions dans le rêve ainsi que plusieurs
sortes de rêves. Un terme français identifie l’une de ses
classifications : songe. Le songe dans la tradition des Premières
Nations est un message direct du monde spirituel et il se caractérise
par une grande clarté. Le début, la progression et la fin d’un songe
laissent un souvenir très net, aussi réel, sinon plus que les souvenirs

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de notre vie diurne. Même des années plus tard, nous nous
souvenons du songe comme s’il s’était produit hier. Son message
est important pour nous, mais souvent pour toute la communauté.
C’est pourquoi les songes étaient racontés à un sage dans les
communautés autochtones. Le sage pouvait nous aider à les
interpréter et à évaluer leurs implications pour la communauté.
Avec son aide, nous déterminons s’il est important pour la
communauté et, si oui, de quelle manière il doit se traduire, soit par
des gestes précis, des avertissements, des suggestions, une
cérémonie ou simplement une modification de nos comportements
au quotidien. Le sujet de ce livre n’est pas les rêves. Nous n’irons
donc pas plus loin dans la description des différents types et
dimensions du rêve. Par contre, il est très important de nous
souvenir et de noter les animaux que nous voyons dans les rêves.
Cela peut nous amener à découvrir quels sont nos totems!
Nous avons un symbolisme qui peut se rattacher à ce que Carl G.
Jung appelait l’« inconscient collectif ». Ce symbolisme est aussi
influencé par notre expérience. Aussi, il n’y a pas de meilleur guide
pour interpréter les symboles dans nos rêves que nous-mêmes.
Voici quelques suggestions utiles pour l’interprétation des rêves.
Nous pouvons noter sur une feuille tous les éléments du rêve et
faire ensuite un exercice d’écriture automatique. Nous prenons
notre liste et écrivons la première chose qui nous vient à l’esprit à
côté de chacun des symboles. Avec ce début comme piste, nous
trions les souvenirs et les images qui remontent à la surface de
notre conscience. Avec ces pistes, nous pouvons commencer à
interpréter nos rêves.
Nous pouvons aussi consulter un dictionnaire de symboles. L’une
des propriétés du symbole est d’être plus vaste que notre mental.
Nous n’épuiserons jamais leurs ramifications significatives dans
l’expérience humaine. Par contre, il faut adapter ces informations à
notre expérience. Ce n’est pas parce que des informations se

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retrouvent dans un livre qu’elles s’appliquent nécessairement à
nous.
Dans les familles indiennes, le matin, au lever, était souvent un
moment pour raconter les rêves sans chercher à les interpréter.
Lorsque nous les racontons, ils deviennent beaucoup plus clairs et
nous nous en souvenons davantage. Cependant, nous ne racontons
nos rêves qu’aux membres de notre famille proche. Nous leur
faisons suffisamment confiance pour leur livrer ces éléments
intimes de notre conscience.
Écrire ses rêves est une autre démarche intéressante qui remplit
les mêmes objectifs, c’est-à-dire apporter à la conscience ce qui vient
de l’inconscient, soit apporter au petit Soi de la journée les
messages du Grand Soi qui est lié au Grand Tout dans lequel on
nage ou vole pendant la nuit.
6. Conclusion
Qu’il s’agisse de signes ou de rêves, évitez de laisser autrui les
interpréter à votre place! Vous seul êtes capable de les lire puisque
c’est à vous qu’ils sont adressés. Les forces de l’ombre ont si bien
manipulé l’humanité qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes se
sentent démunies et incapables de lire les messages qui leur sont
adressés. Je vous ai donné ici quelques pistes pour vous aider.
J’ajoute qu’il est important de passer du temps au contact de la
nature. C’est elle qui vous aidera le mieux à reprendre confiance en
vous et en votre capacité à décoder les signes qui vous sont
envoyés.

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ous avons tous notre « médecine » personnelle et des affinités
N particulières avec certains êtres dans les mondes animal,
végétal et minéral. Chacun de nous a son animal gardien, sa plante
gardienne, son minéral gardien. Lorsque nous découvrons quels
sont ces protecteurs, souvent appelés « totems » dans la culture
amérindienne, nous pouvons les représenter sur nos vêtements ou
les porter sur nous (un collier en dents d’ours, par exemple, pour
celui qui a le totem ours). Nous manifestons ainsi leur présence
dans notre sphère d’influence. En conscientisant ainsi leur présence,
ils travaillent avec nous. Il est dit que ces êtres du monde invisible
peuvent nous jouer des tours, nous distraire par des manifestations
dérangeantes ou même nous réveiller en pleine nuit avec des rêves
déplaisants ou effrayants simplement pour attirer notre attention.
Tant que nous n’avons pas découvert leur identité, ils continuent de
vouloir nous révéler leur existence. Il est donc préférable d’établir,
dès le départ, qui, parmi les représentants des espèces minérales,
végétales et animales, sont nos alliés et d’activer leur influence
bénéfique dans nos vies par une représentation appropriée. Ce sera
alors notre médecine.
Ce que nous, Amérindiens, appelons « médecine », gagne à être
compris. Le mot médecine, dans le vocabulaire amérindien, est
utilisé pour désigner quelque chose, quelqu’un ou des circonstances
qui servent de conduit de communication entre le monde visible et

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le monde invisible. Médecine signifie à la fois « image », « mystère »
et « magie ». Ainsi, une pierre peut être médecine si elle canalise
certaines énergies ou si elle représente une forme-pensée spirituelle.
Le chant et la danse sont des médecines lorsqu’ils sont utilisés pour
guérir ou lorsqu’ils sont utilisés dans les cérémonies. La plume
d’aigle est une grande médecine, car elle symbolise la prière qui
s’élève très haut vers le Créateur, et aussi la vérité, l’autorité, la
fierté, la rapidité, la clarté de la vision et le message du Divin.
Les esprits des animaux sont plus basiques, plus près des
instructions du Créateur, plus en harmonie avec la nature et la
réalité du monde physique. Il est donc profitable de connaître nos
animaux totems, car cela peut enrichir notre compréhension du
monde. Les animaux font exactement ce que le Créateur attend
d’eux. Chacun est porteur d’un enseignement bien précis. L’aigle,
par exemple, est le messager du Grand Esprit, vecteur de la
connexion au Divin. Il représente la possibilité d’équilibrer nos vies
entre le monde spirituel et le monde matériel. C’est le visionnaire, le
représentant du Divin, celui qui vit dans les plus hautes montagnes
et qui peut regarder le soleil sans cligner des yeux. Il nous donne le
courage, la rapidité et la vitesse, l’agilité de l’esprit guerrier qui
saisit en un instant ce qui est bon pour le bien du peuple.
Chaque animal est responsable d’un enseignement et chacun a sa
place dans le grand cercle de la vie. Connaître la raison d’être des
animaux et pouvoir les nommer est l’activité première donnée par
le Divin au couple premier dans l’Éden. C’est une activité à laquelle
nous pouvons tous nous associer. Je me souviens d’une fois où j’ai
offert un stage sur les animaux totems. Une étudiante avait
découvert que son animal protecteur était la fourmi et elle en était
désolée. Pourtant, les leçons que nous présente la fourmi sont tout à
fait extraordinaires. Seulement, dans la mentalité occidentale, il y a
cette tendance à croire que les animaux nous sont inférieurs,
particulièrement les insectes. L’étudiante en question ne trouvait

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rien de spectaculaire au fait que son animal gardien soit la fourmi.
Or il n’y a pas une seule créature sur cette terre qui n’ait sa mission
à remplir, un rôle essentiel à jouer. Chacun a été placé ici avec l’idée
d’une tâche bien précise à accomplir. La fourmi, puisque nous
parlons d’elle, est d’une force, d’une patience et d’une persévérance
incroyables. Toutes ses actions s’orientent vers le bien de sa
communauté. Elle est d’une abnégation totale. C’est également une
communicatrice sociale hors pair.
Je me souviens aussi d’une autre dame qui avait reçu comme
totem la reine abeille. Elle non plus n’était pas très emballée par son
totem, mais elle l’accepta. Au cours de la semaine que nous avons
passée ensemble avec les animaux totems, elle apprit à intégrer les
enseignements de l’abeille. Cette dame était une aînée partiellement
handicapée. Elle avait de la difficulté à marcher, et ce, même avec sa
canne. Pourtant, lorsque vint le moment de danser, nous vîmes tous
la reine abeille laisser tomber sa canne et virevolter autour du
cercle, tournant, les deux pieds parfois quittant le sol, tout en
chantant un chant vrombissant comme les ailes d’une abeille. Ce fut
un moment magique. Après, elle se déplaça pesamment et
péniblement comme si elle ne se souvenait de rien!
Si nous sommes en mesure de communiquer très clairement avec
l’esprit des animaux, nous détenons le pouvoir de changer la nature
du monde qui nous entoure. En ayant tout cela à l’esprit, nous
comprenons mieux pourquoi il est très avantageux pour nous de
connaître notre animal gardien. Comme mentionné précédemment,
l’animal totem est l’être du monde animal qui nous ressemble le
plus, surtout le totem du clan ou le totem central. Je ne parle pas ici
d’une ressemblance physique, mais bien psychologique. Mon totem
central est l’ours. Ainsi, je suis du Clan de l’Ours. Je remarquai il y a
quelques années comment je suis comme l’ours. L’hiver, j’ai
tendance à m’isoler, à beaucoup dormir, et je suis reconnaissant si je
peux éviter de participer aux fêtes de famille. Je suis souvent

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solitaire, bourru. Je peux avoir un air revêche qui cache en fait une
grande sensibilité et tendresse pour les êtres. Tous ces traits
appartiennent à l’ours. Tous mes plus grands amis appartiennent
au Clan de l’Ours. Ainsi, l’ours est parfois représenté ou présent
dans la médecine et les symboles qui m’accompagnent. Cela me
permet de mieux me comprendre et de me situer en me donnant
des repères ainsi que des responsabilités et des dons uniques et
propres à ma réalisation en tant qu’Homme. C’est cette perception
de nos liens profonds avec la nature et leur représentation artistique
qui constituent le symbolisme amérindien dont il est question ici.
En réalisant ces symboles sur des objets avec lesquels nous sommes
en contact quotidien, nous favorisons l’activation des talents et des
potentialités de réalisation inhérentes à notre être.

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N ous avons sept animaux totems : un devant nous, en arrière
de nous, de chaque côté, en haut, en bas et au centre, soit en
nous. En général, le totem qui est à l’intérieur, au centre de l’être,
correspond également au clan. Le clan est une identification avec la
lignée maternelle d’un individu dans les sociétés des Premières
Nations. Le clan fait référence à une structure familiale qui n’existe
plus dans les sociétés occidentales et que parfois même les sociétés
traditionnelles ont oubliée.
Si ce niveau de conscience subsiste encore en Amérique du Nord,
il a bel et bien disparu d’Europe, et ce, depuis fort longtemps. La
culture celtique druidique connaissait pourtant un système clanique
basé sur les arbres. Chaque clan s’identifiait à un arbre sacré. Par
exemple, les druides appartenaient au Clan du Chêne, ce qui
correspond en Amérique au Clan de l’Ours. Ces seules informations
que j’ai pu recevoir sur les clans européens, à savoir qu’ils étaient
basés sur les arbres, m’ont été transmises par l’esprit d’un ancêtre
rencontré en Allemagne. Les chamans celtes que j’ai interrogés se
rappellent également que les druides de la culture celtique sont
issus du chêne. Malheureusement, alors que je m’efforçais de
retrouver des traces de ce système, toute mémoire m’a semblé
endormie dans la conscience européenne. Hormis cette
transmission, je n’ai retrouvé que de vagues souvenirs de ce
fonctionnement, et ce, même auprès des druides qui ont perdu

23
jusqu’à la mémoire des autres clans.
Revenons donc aux Premières Nations. Au cœur des traditions de
la « Grande Île Tortue », qui est le nom que donnaient les Premières
Nations à l’Amérique du Nord, le clan définit notre appartenance
ancestrale à la nature et à la grande famille des animaux. Bien que
les légendes à ce propos soient très variées, certaines d’entre elles
tendent à se rejoindre pour conter qu’à l’origine, les animaux
étaient éternels et ne cessaient de croître. Tout comme leur sagesse
et leur puissance, leurs dimensions augmentèrent tant et si bien que
survint un temps où l’espace en vint à manquer. Ils commencèrent
alors à diminuer en nombre à mesure que leurs dimensions
augmentaient, jusqu’à ce qu’il ne restât plus qu’un seul
représentant de chaque espèce. Voyant cela, ils convinrent que le
temps était venu pour eux d’abandonner leur forme et se
dispersèrent en centaines de milliers de gouttelettes de sang. De
chacune de ces gouttelettes naquirent une espèce animale ainsi que
des êtres humains. Une gouttelette donna naissance à des castors et
à des hommes, l’autre mit au monde des chevreuils et des hommes,
une autre encore enfanta des ours et des hommes, et ainsi de suite.
De là s’ensuit que nous disons des hommes qu’ils font partie du
Clan du Castor, du Chevreuil, de l’Ours, etc., selon l’espèce de
l’animal qui a généreusement présidé à leur création.
Le clan constitue le totem premier et le plus important d’un
individu. Règle générale, nous retrouvons quatre à treize clans dans
chaque nation. Cependant, il est des nations où il s’en trouve
davantage. Les plus communs sont ceux des Oiseaux, du Loup, de
la Tortue, de l’Ours et du Chevreuil. Du fait que tous prennent leur
origine dans le même animal, les membres d’un clan estiment faire
partie d’une même famille biologique. Ainsi peut-on, au sein de la
communauté, désigner toute personne de son clan et du même âge
que soi comme un frère ou une sœur, toute personne plus âgée
comme une mère ou un père et toute personne d’un certain âge

24
comme un grand-père ou une grand-mère. Pour cette raison, les
mariages entre membres d’un même clan sont prohibés. Pareilles
unions seraient considérées comme une forme d’inceste.
Par ailleurs, le clan se transmet dans la plupart des nations par la
mère puisqu’il s’agit, pour la majorité d’entre elles, de sociétés
matriarcales. Ces clans sont disséminés partout à travers
l’Amérique du Nord et au-delà, au sein de nombreuses familles
autochtones. Cela signifie que nous avons des frères, des sœurs, des
pères, des mères, des grands-parents dans toutes les directions.
Ainsi, nous pouvons voyager et rencontrer des inconnus qui, parce
qu’ils sont de notre clan, nous offrent l’hospitalité, le gîte et le
couvert sans la moindre question, respectant l’espace de celui qui
est de passage. De cette façon, si, en arrivant dans un village
inconnu, je frappe à la porte de la maison du Clan de l’Ours, je serai
accueilli comme un membre de la famille. Les règles d’hospitalité
s’en trouvent renforcées. L’appartenance à un clan implique des
relations privilégiées, un soutien réciproque et des responsabilités
particulières. Chaque clan a des responsabilités précises qu’il exerce
pour la nation, et ces responsabilités viennent souvent avec
certaines pratiques, soit des choses à faire pour intégrer la
compréhension de ces responsabilités et certaines choses à éviter.
Voici un exemple, qui est celui de ma nation adoptive, les
Cherokees, pour le Clan de l’Ours. Une des pratiques de ce clan
consiste à prier à la tête des eaux le matin (afin que l’eau, qui a une
mémoire, porte ces bonnes vibrations au reste du monde lorsqu’elle
coule jusqu’à la mer) et un des tabous est de ne jamais chasser ou
manger de l’ours (ce qui serait comme une forme de cannibalisme
pour ceux de ce clan).
La position centrale du totem indique aussi l’animal qui a le plus
de ressemblances psychologiques avec la personne. Le totem situé
du côté droit correspond la plupart du temps au rayon d’action de
l’individu, c’est-à-dire son travail, sa sphère d’influence, ses

25
activités les plus importantes. L’animal qui se trouve du côté
gauche correspond pour beaucoup à l’inspiration, soit aux sources
de ressourcement et de renouvellement des énergies de la personne.
L’animal situé au-dessus correspond à la vision spirituelle de la
personne et aux messages qu’elle reçoit d’en haut, du ciel, du
monde spirituel. L’animal qui est en dessous correspond souvent à
la fondation physique de la personne, autrement dit à ses énergies
prédominantes sur le plan de sa force et de sa manifestation
corporelle. L’animal qui se trouve derrière la personne agit souvent
comme un protecteur, comme les énergies qui ancrent l’énergie de
la personne, lui donnant stabilité et sécurité. Puis, l’animal situé
devant la personne est souvent celui qui indique la direction dans
laquelle la personne doit marcher, son avenir et sa mission d’être.
Bien sûr, ce ne sont là que des indications d’ordre général. Les
totems comportent beaucoup plus que ces quelques précisions, qui
nous aident simplement à mieux déterminer les circonstances dans
lesquelles nous pouvons faire appel à l’un ou à l’autre d’entre eux.
Le totem peut être soit un quadrupède, un oiseau, un animal
aquatique (baleine, dauphin), un animal à sang froid (lézard,
serpent, grenouille), un des insectes nobles et significatifs (c’est
particulier pour les insectes, car ils ne peuvent pas tous être des
totems; ceux que je connais qui peuvent être des animaux totems
sont la fourmi, l’abeille, l’araignée, la libellule, le papillon et la
mante religieuse). Je n’ai jamais vu de crustacés comme animaux
totems. Il y a parfois des poissons, le plus commun étant le saumon
sur lequel nous reviendrons. J’ai également déjà vu chez les
Ojibwés le totem du brochet, étant un genre de requin d’eau douce
qui peut dépasser un mètre de long.
Je sais que les kahunas, « chamans hawaïens », ont parfois le grand
requin blanc comme totem et qu’ils nageront même avec lui dans la
mer. En revanche, les mammifères marins sont très souvent des
totems : le dauphin, la baleine, le phoque et d’autres encore.

26
Lorsque vous avez réalisé qu’un représentant de l’une de ces
espèces est votre totem, vous regardez dans votre ressenti, ou
vision intérieure, donc les yeux fermés, où il se place lorsque vous
l’appelez ou pensez à lui. C’est une manière de déterminer si ce
totem se situe à droite, à gauche, en haut, en bas, en arrière, en
avant ou au centre. Pour ceux qui viennent d’une culture où les
clans existent encore, je parle des Premières Nations dont le
système de clans est basé sur les animaux, habituellement, le clan
est le totem intérieur. Je suis du Clan de l’Ours et mon totem ours
est au centre.
Le totem s’impose le plus souvent à nous. On le voit souvent soit
dans les livres, soit dans la nature, soit dans nos rêves. Si un animal
persiste et apparaît souvent dans notre quotidien, c’est souvent un
signe qu’il essaie de communiquer avec nous. Il faut aussi qu’une
émotion particulière vienne avec son apparition. Par exemple, je
vois souvent des ours dans la nature. Chaque fois, j’ai une bouffée
d’affection, une joie d’amour. J’aime vraiment ces êtres magnifiques
et j’ai toujours envie de me rapprocher d’eux. Une fois, j’avais
rencontré une maman ourse avec ses deux petits. Aucune peur, au
contraire, une joie si douce et le sentiment de vivre un moment
privilégié. Ces sentiments sont typiques d’un totem. Ici, les mots
clés sont vigilance, observation, attention, de manière à remarquer
quels animaux viennent vers nous et nous font signe. Si l’émotion
est toujours au rendez-vous, alors il y a de bonnes chances que cet
animal soit l’un de vos totems.
Une autre manière de le trouver, c’est par le voyage chamanique.
Là, il faut être accompagné, du moins les premières fois, et pour
bien des gens, toujours, puisqu’il n’est pas évident de savoir séparer
le corps de lumière du corps physique pour voyager sur les plans
subtils. Il existe un site dont j’ai participé à la création et où vous
pouvez vivre cette expérience si vous avez une bonne sonorité sur
votre ordinateur2. L’un des outils indispensables pour le voyage

27
chamanique est le tambour, ou encore l’album Tambours de la Terre-
mère, offert sur le même site. À faire jouer pendant le voyage
chamanique. Ici encore, même dynamique : lors du voyage
chamanique, on appelle le totem et on observe l’animal qui vient.
S’il vient régulièrement et qu’il y a toujours une émotion
significative lors de son apparition, alors c’est signe qu’il est
sûrement un animal totem. De toute manière, s’il l’est, vous le
sentirez en vous. L’émotion qui accompagne l’animal totem ne
trompe pas.

2. Voir [www.savoirancestral.com].

28
U n jour, au début de ma formation comme chaman, j’allais sur
un sentier de montagne rejoindre le Clan de l’Ours de la
bande etowah-cherokee qui s’était récemment établie dans les
vertes montagnes du Vermont aux États-Unis. Pendant une grande
partie du trajet, un renard roux chemina dans la forêt à ma droite
un peu en avant de ma position, comme s’il me guidait vers ma
destination. J’ai par la suite souvent vu des renards dans différentes
circonstances importantes de ma vie.
Le renard est un protecteur de la famille et un roi du camouflage.
Effectivement, avec les années, les personnes de ce clan cherokee
sont devenues comme ma famille au point d’être accepté pour
l’adoption dans la famille de la cheftaine du Clan de l’Ours. Je suis
resté présent et actif au sein de ce clan pendant 25 ans. Le renard,
lors de ce premier voyage, était donc un signe prophétique.
Chaque fois que ma famille a un besoin particulier, vit une
situation difficile ou doit composer avec les aléas de
l’administration étatique, que ce soit par le truchement des écoles
ou autres établissements gouvernementaux, je pense à faire appel à
mon totem renard. J’ai alors souvent le mot juste et l’action
adéquate pour répondre aux besoins auxquels nous devons faire
face. Le renard devient comme une inspiration, un souffle de ruse
acrobatique qui me permet de trouver la solution qui nous permet
de survivre dans un monde de bureaucrates indifférents aux

29
regards atrophiés. De même, si je veux observer les animaux dans
la forêt, j’appelle la médecine du renard afin de passer inaperçu. Je
peux ainsi observer en toute quiétude la beauté des animaux dans
leur habitat naturel. Si je fais un voyage chamanique pour aider un
membre de la famille, je voyagerai sur le dos du renard. Si j’ai
besoin de conseils ou si je veux déjouer les plans d’une personne
qui voudrait nuire à un membre de la famille, je consulte l’esprit du
renard. Si je fais une amulette de voyage pour une famille qui
voyage ensemble, j’essayerai d’y incorporer un élément qui
symbolise le renard. Lors de ma séparation d’avec la mère de ma
fille qui voulait s’épanouir dans d’autres sphères d’activités, j’ai
donné une peau de renard à ma fille pour la consoler, car elle ne
souhaitait pas cette séparation. Elle l’a gardée sur son lit pendant
des années.
Il y a mille et une manières d’utiliser la magie d’un totem allié. La
seule limite est celle de votre imagination.
Il arrive parfois qu’un animal, sans être notre totem, nous visite
quelquefois parce qu’il a des informations à nous transmettre. À ne
pas confondre avec l’animal totem, pour la simple raison que
l’animal totem sera toujours disponible pour vous aider, et cet autre
animal, pas. Si vous appelez votre totem, vous obtiendrez toujours
une réponse, une énergie subtile, mais perceptible. Dans le cas d’un
animal qui vient quelquefois pour donner une information précise,
la même constance et la fidélité ne seront pas présentes. Comment
les distinguer? Par l’émotion et la régularité avec lesquelles le totem
se manifeste, contrairement à l’autre dont la manifestation (dans les
rêves ou autres) sera sporadique.
L’animal totem ne change pas, il est stable toute la vie. Il fait
partie de vous en quelque sorte. Il ne change pas de place non plus.
S’il est devant, il reste devant. Quant à des significations possibles
de la direction dans laquelle il se place, nous pouvons, et ce n’est
qu’un exemple, faire comme suit : en avant, l’avenir, en arrière, le

30
passé, en dessous, le présent, au-dessus, l’avenir modifié par le
présent, soit les aspirations. Le totem intérieur, donc au centre, est
le clan. En général, c’est celui qui est le plus important pour nous
ou qui nous ressemble le plus. J’ai bien dit « en général » : chaque
individu peut avoir des symboles différents associés aux directions.
On ne peut pas déterminer les totems par la date de naissance.
C’est autre chose. Mais je n’ai jamais entendu parler d’un système
traditionnel à douze ou treize animaux totems chez les
Amérindiens, sauf chez les Mayas. Il y a un système plus récent,
décrit dans le livre La roue de médecine par Sun Bear, un aîné
spirituel de la nation chippewa qui fut mon mentor pendant
longtemps avant de mourir subitement à 63 ans. Cette astrologie
terrestre est basée non pas sur les astres, mais sur les animaux, les
plantes et les pierres assignés à douze signes placés aux mêmes
dates que l’astrologie traditionnelle. Sun Bear a inventé et écrit un
tel système et je connais au moins un autre auteur qui a fait pareil,
Kenneth Meadows. Ce sont des inventions modernes pour
répondre à un besoin. Ce ne sont pas des systèmes traditionnels qui
auraient fait leurs preuves depuis des millénaires comme ceux des
Mayas.
Bien des Premières Nations sont contentes de ne connaître qu’un
seul de leurs totems, habituellement le clan. En fait, nous sommes
toujours en communication avec ces aspects de notre psyché,
seulement ce n’est que rarement conscient. C’est-à-dire que ces
archétypes habitent notre psyché et notre inconscient collectif, mais
nous ne savons pas utiliser ces forces consciemment. Ce sont des
outils de la conscience ou, si l’on veut, l’esprit de l’Homme. Il faut
avoir des notions élémentaires en chamanisme pour vraiment
comprendre le concept des animaux totems.
Disons simplement que ce sont des correspondances, un
symbolisme intérieur qui permet de mieux comprendre l’être que
nous sommes. Elles émanent des Premières Nations parce que le

31
symbolisme des peuples premiers de la Grande Île Tortue est
principalement basé sur les animaux. Le symbolisme européen, en
comparaison, est beaucoup plus empreint du langage des fleurs.
L’importance du symbolisme n’est plus à faire depuis les travaux
de Carl G. Jung et de Joseph Campbell. Par contre, dans le contexte
chamanique, ces symboles deviennent vivants, actifs, on est en
relation dynamique et active avec ces êtres appelés les « totems ».
Oui, il est possible de percevoir les totems des autres personnes.
Lorsque je donne un soin chamanique, je rentre presque toujours en
communication avec le totem de la personne que je soigne. Non
seulement ce totem augmentera la puissance et l’efficacité du soin,
mais il me donnera des informations très précises sur la personne,
par exemple il me dira d’où vient le problème ou quoi faire pour
désactiver un dysfonctionnement perturbateur dans la vie de cette
personne.
L’une des raisons pour lesquelles les totems sont si importants,
aujourd’hui, c’est qu’ils nous aident à nous reconnecter à la nature
et à notre nature intérieure. Remarquez à quel point les enfants
adorent les animaux. Enfin quelque chose de vrai dans leur vie!
Depuis leur naissance qu’on leur donne des jouets, des objets qui
n’ont aucune réalité, aucune signification réelle qui pourraient les
aider à comprendre la vie. Mais, les animaux, oh là là, enfin quelque
chose de vrai! Et c’est pareil avec nous. Vivre si loin de la nature,
dans un milieu conditionné et programmé, avec le stress et la
pollution de la vie moderne, c’est un vrai soulagement de pouvoir
joindre des aspects de notre vie qui sont naturels et qui font partie
de nous. Lire sur les animaux nous aide aussi à comprendre la
nature. C’est comme une fenêtre sur le monde naturel qui nous fait
si cruellement défaut dans la vie moderne. Alors, l’engouement des
gens pour connaître leurs totems est compréhensible.
Voici un commentaire reçu sur mon blogue [www.aiglebleu.net].
Une personne avait demandé une information sur son rêve

32
d’araignées. Une autre lectrice avait répondu. C’est un bel exemple
de la façon dont on procède pour travailler avec les totems. Ce
commentaire peut illustrer comment faire une recherche pour
comprendre ce qu’un totem veut communiquer. Je cite donc la
question et sa réponse.
Caroline a publié, sur le blogue d’Aigle Bleu, ce qui suit :
« Moi, je rêve souvent à l’araignée. Est-ce mon insecte totem? »
Voici le commentaire d’Isabelle quant à ce questionnement :
« Qu’est-ce qui caractérise l’araignée? Fais une recherche à ce
sujet. Elle a six ou huit yeux, je crois, il y a donc un possible rapport
avec la vision. Elle est plutôt solitaire aussi... Elle a huit pattes, une
dextérité incroyable, la capacité de fabriquer la soie de sa toile dans
son ventre... Que représente-t-elle pour toi? Que peux-tu apprendre
sur toi ou ta vie à partir de ces rêves? Te sentais-tu prise dans ses
toiles ou t’enseignait-elle à tisser la trame de ta vie, le pouvoir de la
création ou comment nous sommes tous reliés, car ce que nous
faisons à une partie de la toile, nous le faisons à toute la toile... Va
voir aussi la symbolique du capteur de rêves et celle du mandala; la
toile et le mandala sont nécessairement reliés... Jung disait que le
mandala représente le Soi... Allez, bonne recherche! »
J’ai donné à plusieurs reprises des ateliers sur les animaux totems.
C’était en général des ateliers d’une semaine, assez intense, avec de
nombreuses cérémonies et pratiques. La dernière cérémonie où
chaque personne intègre devant le groupe son totem principal est
extrêmement émouvante. J’ai mentionné entres autres ce qui était
arrivé avec la reine abeille. Une autre fois, je me souviens d’un
groupe où il y avait plusieurs loups. Lors de la dernière cérémonie,
quand le premier loup avait fait sa danse et avait hurlé, tous les
autres loups avaient spontanément répondu… Tous en avaient eu
des frissons tellement c’était impressionnant.
Dans la description des animaux totems, il y a parfois des
particularités entre la manière dont un totem se manifeste dans la

33
vie d’une femme ou d’un homme. Ce sera alors mentionné. Si ce
n’est pas spécifié, c’est que les attributs sont les mêmes chez les
femmes et les hommes. Nous pouvons faire appel à la médecine
d’un totem, même s’il n’est pas l’un des nôtres. L’efficacité de
l’apport de l’esprit animal ne sera pas aussi puissante que s’il était
notre totem, mais il peut beaucoup nous aider. C’est pourquoi je
mentionne parfois les avantages que nous avons à faire appel à la
médecine de l’un des animaux décrits. Comment y faire appel?
Simplement en vous reliant à eux par la pensée. Si vous avez une
formation chamanique, il y a alors d’autres manières de faire, mais
vous y rattacher par la pensée est déjà fort utile.
Ouvrons une parenthèse ici pour faire la différence entre un
animal domestique et un familier. Nous connaissons tous les chiens
et les chats de compagnie et autres animaux domestiques. Ils ont
tous et toutes leur petit caractère et peuvent rendre de grands
services à l’Homme de bien des manières. Le familier va plus loin. Il
fait la démonstration d’une intelligence hors du commun et semble
s’accorder avec son maître, qui n’a alors même plus besoin de lui
demander de faire ceci et cela; il le fera souvent de lui-même. C’est
un animal magique qui ne vient que dans la vie de ceux qui sont
chaman ou sorcier (selon la wicca qui finalement ressemble assez au
chamanisme). Souvent, les familiers savent communiquer ce qu’ils
pensent à leur maître. Nous connaissons tous l’image du chat noir
de la sorcière des contes et légendes. Il en est de même de la
chouette d’Athéna et du cheval-médecine du guerrier des plaines
tel que présentés dans le film d’animation Spirit. Il est rare de
recevoir le don d’un familier. La plupart du temps, cela n’arrive
qu’une fois dans la vie d’un chaman. J’ai eu un chien familier. Je
pouvais le laisser, sans être attaché, sur le coin d’une rue en plein
centre-ville en lui disant de rester là. Je revenais parfois plusieurs
heures plus tard pour le retrouver au même endroit; il se déplaçait
uniquement pour éviter ceux qui auraient voulu le flatter. Il
comprenait ce que disaient les gens autour de lui et souvent allait là

34
où nous voulions qu’il aille avant même que nous ayons eu le
temps de le lui demander. Il savait quand commençait une
cérémonie et se tenait à l’écart, pour ensuite venir quêter les
caresses au moment même où la cérémonie était terminée, avant
que nous ayons eu le temps de bouger. Il hurlait lorsque les esprits
arrivaient dans les rituels et chantait lorsqu’on le lui demandait. Il
protégeait la femme qui vivait avec moi à ce moment-là contre tous
ceux qui voulaient l’accoster, mais l’ignorait complètement
lorsqu’elle lui demandait les choses simples qu’il faisait pour moi.
Je n’ai jamais eu à lui montrer à s’asseoir ou à se coucher. La
première fois que je lui ai dit : « Assis », il s’est assis. « Couché », il
s’est couché. Il montrait les dents à ceux qui nous voulaient du mal
avant même que ceux-ci aient ouvert la bouche. Je pourrais
continuer avec bien d’autres anecdotes, mais je pense que vous
saisissez bien maintenant la différence entre animal domestique et
animal familier. Je connais très peu de gens qui ont eu un familier.
Je sais qu’il est possible de joindre des esprits des animaux pour
faire la demande d’un familier, mais cette technique s’est perdue
dans la destruction causée par les politiques de génocide des
gouvernements américains et canadiens envers les Premières
Nations. Ainsi, je sais que ce phénomène se produit parfois
spontanément chez certains chamans, mais je ne connais pas la
manière de le créer délibérément. Je le mentionne ici parce que
certains animaux se prêtent mieux que d’autres à devenir des
familiers et, lorsque c’est le cas, ce sera mentionné.
Alors, voilà pour les considérations d’ordre général. Passons
maintenant aux particularités de tous les totems. Ils se trouvent
dans l’ordre où ils sont venus lors de l’écriture.

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36
P lusieurs enseignements viennent du castor, une créature très
orientée sur la famille, mais aussi un écologiste et un bâtisseur.
Les castors construisent des habitations très intriquées, avec
plusieurs entrées et sorties, très confortables. Très souvent,
plusieurs générations, jusqu’à trois ou quatre, y habitent ensemble.
Ils modifient l’écologie du lieu où ils habitent en édifiant des
barrages le long des cours d’eau où ils construisent leurs maisons, à
l’intérieur même de ces barrages. Le petit lac qui se forme en amont
de ce barrage crée un nouvel écosystème.
Le castor est un animal très important aux yeux des autochtones.
Pour les Amérindiens du Nord, il constituait la principale source
d’alimentation, et ce, grâce à la facilité de le trouver et de le piéger,
particulièrement en hiver. Les Premières Nations qui vivent de la
chasse laissent toujours un couple en santé dans chaque barrage de
manière à ce qu’il en subsiste toujours pour les générations futures,
ce qui assure la pérennité de cette petite communauté animale. Le
castor est un animal assez gros, beaucoup plus gros qu’un chat, et il
est par conséquent riche en viande et en graisse. Sa queue,
notamment, est presque exclusivement faite de graisse. C’est une
réserve alimentaire pour le castor et un aliment de choix pour les
peuples du Nord qui affectionnent le gras à cause du froid.
Ainsi, le Clan du Castor dans les Premières Nations avait pour
responsabilité de veiller au respect de l’écologie. Si une personne
remarquait un problème quelconque en relation avec une pratique
ou une activité susceptible de nuire à la santé de l’écologie, elle
rapportait cela à un membre du Clan du Castor. C’était la
responsabilité du Clan du Castor de vérifier la nature du problème
et, s’il y avait problème, de le rapporter au conseil de la
communauté. Les Castors étaient également chargés d’organiser les
cérémonies annuelles et cycliques en raison de leurs talents
d’organisateur et de leur capacité à travailler de concert pour

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préparer de tels évènements.
Les Castors sont des gens très forts et persévérants, comme
l’animal du même nom. Ils peuvent se montrer d’excellents
bâtisseurs. Si quelqu’un a un édifice à bâtir, il fait généralement
appel au Clan du Castor pour l’aider.
Ainsi, une personne qui a le castor pour animal totem donne en
général beaucoup d’importance à la famille. C’est aussi une
personne douée pour la construction et elle possède une capacité à
améliorer la santé écologique des lieux partout où elle s’installe.
Faites appel à la médecine du castor pour favoriser le travail
d’équipe, les travaux agricoles, le travail de construction, les
travaux en milieux humides et l’harmonie de la famille.

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39
L a Taupe est un animal quasiment aveugle. Elle a un nez très
long, ce qui lui permet de sentir les choses pour s’orienter. Elle
vit sous terre, d’où son symbolisme d’unité avec la terre et la
« capacité à ressentir », une qualité qui a toujours été essentielle aux
yeux des Premières Nations. L’un de mes mentors, Sun Bear, de la
nation chippewa, me racontait que lorsqu’il était jeune, il
s’entraînait au « ressenti » avec son frère. Afin d’aiguiser leur
capacité de perception, ils employaient une méthode on ne peut
plus exigeante. À tour de rôle, l’un tenait une bûche à bout de bras
au-dessus de sa tête, tandis que l’autre la visait avec une carabine
de calibre 22, les yeux bandés. Ils arrivaient à toucher la bûche
simplement en ressentant où elle se trouvait. Dans la mesure où son
frère se trouvait dessous, il n’y avait aucun droit à l’erreur. Ils
incarnaient concrètement l’essence du « ressen-tir ».
Comme nous pouvons le comprendre à l’aide de cet exemple, le
ressenti est un mode de perception très précis que la plupart des
gens n’utilisent pas comme ils le pourraient. Surtout dans ce monde
moderne et cartésien, la plupart misent davantage sur la logique et
une démarche intellectuelle qui est, bien des fois, tout aussi
aveugle. La plupart des autochtones traditionnels, surtout ceux qui
ont acquis de l’âge et de la sagesse, ne tiennent presque jamais
compte des paroles d’un Homme lors d’une première rencontre,
mais davantage de ce qu’ils ressentent. Le langage du cœur n’a pas
besoin de mots.
La taupe incarne la médecine du ressenti. Elle ne voit presque
rien, mais elle se débrouille très bien, elle trouve la nourriture dont
elle a besoin. Elle se niche sous terre, là où c’est vraiment chaud et
confortable, et se porte tout à fait bien, malgré sa cécité.
Le message principal de la taupe, lorsqu’il apparaît comme signe,
c’est qu’il existe d’autres modes de perception que ceux que nous
utilisons communément. Ceux qui ont la médecine de la taupe

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connaissent très souvent les plantes médicinales et savent
communiquer avec les odeurs et les saveurs. Ils font de bons
parfumeurs, de merveilleux cuisiniers et d’excellents amoureux.
Lorsque la solution à un problème semble éluder nos esprits
inquisiteurs, appelons la médecine de la taupe, fermons les yeux et
regardons avec la vision du cœur.

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42
L ’ours est l’une des créatures les plus fortes du règne animal, et
les autochtones du nord-est du Canada considèrent qu’il est
très proche du Grand Esprit. L’ours brun ou l’ours noir est l’animal
relié à la direction de l’Ouest. Certaines de nos légendes disent que
le Créateur a créé des Créateurs qui ont créé d’autres Créateurs.
Ceux-ci ont à leur tour créé encore d’autres Créateurs, qui ont créé
tout ce qui existe sur terre. Mais l’ours vient directement du Grand
Esprit, tout comme l’Homme. Il est vrai que si vous suspendez la
carcasse d’un ours, sans sa fourrure, il ressemble beaucoup à un
être humain. L’ours est semblable à l’homme également par son
régime alimentaire très varié : racines, feuilles, larves, miel, viande.
Tout ce que mangent les humains fait partie de son régime.
C’est un animal très doux malgré sa force exceptionnelle. Il a la
capacité de plonger profondément en lui-même lorsqu’il hiberne, et
c’est vraiment le symbole de notre propre capacité à nous isoler en
nous-mêmes, pour apprendre de l’intérieur, et à trouver cette
connexion au Grand Esprit et au monde spirituel à partir de notre
centre. C’est une leçon que l’ours nous enseigne chaque hiver :
lorsque les circonstances extérieures ne sont pas idéales, nous
pouvons entrer en nous-mêmes, et nous y trouverons toujours ce
dont nous avons besoin pour traverser et dépasser les épreuves et
les difficultés.
L’ours est celui qui nous enseigne les médecines de la guérison.
Dans la plupart des légendes qui racontent comment la
connaissance des plantes médicinales est venue au peuple, l’ours
est celui qui a transmis cette science. En suivant l’ours, qui sait
exactement quelles plantes il doit manger s’il a un problème de
santé, les sages ont appris à connaître les spécificités curatives des
herbes médicinales.
Ainsi, l’ours est l’un des animaux les plus importants dans notre
culture. Il y a toujours un Clan de l’Ours dans toutes les nations

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amérindiennes. De ce clan nous viennent parfois les chefs, mais
surtout les chamans, les enseignants, les guérisseurs, les gardiens
des cérémonies et des traditions. Les personnes qui appartiennent
au Clan de l’Ours sont souvent solitaires. Elles puisent dans leurs
introspections les sagesses qui leur permettent d’endosser de telles
fonctions. Grâce à leur compréhension profonde de la médecine et à
leur capacité de préserver les sagesses du peuple, elles sont
appelées à servir leur clan par de nombreuses pratiques qui
soulignent et rappellent cette responsabilité.
Les gens du Clan de l’Ours ont souvent un air revêche et bourru
qui camoufle en fait une grande sensibilité. Malgré leur extérieur
rébarbatif, ils sont très aimants et très protecteurs, et gare à ceux qui
voudraient vous nuire lorsque vous êtes sous leur protection. Rien
n’égale la force des ours, bien qu’ils sachent être aussi doux que la
soie. Ainsi, leur amitié est à cultiver, mais ce n’est pas dans leur
caractère de faire les premiers pas. Alors, n’hésitez pas à leur
apporter du miel!
Faites appel à la médecine de l’ours pour faire de grands
changements, comme une réorientation de carrière, et pour
favoriser la guérison. Ayez également recours à cette médecine
lorsque des influences négatives menacent votre bien-être ou votre
sécurité et lorsque vous affrontez de profondes interrogations
spirituelles.

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lusieurs symbolismes sont associés au renard; c’est un animal
P très particulier, car c’est vraiment un survivant. Il possède des
griffes rétractiles, un peu comme les chats, et peut escalader un
arbre, tout comme les chats – même s’il a plutôt l’apparence d’un
chien. Il est seulement un peu plus élancé et efflanqué, avec une
queue très touffue.
Il parvient à survivre dans des régions très inhospitalières,
habitées par de nombreux humains, grâce à son habileté à se
camoufler. Le renard nous montre comment intégrer tous les types
d’existence, de situation, de circonstance, comment nous mélanger
pour ne faire qu’un avec les circonstances ou avec l’environnement
où nous nous trouvons, comment agir et nous vêtir de façon
appropriée afin d’être identiques aux autres et de passer inaperçus :
c’est l’habileté propre aux personnes qui possèdent une forte
énergie liée au renard. La rapidité, la ruse, la sûreté du pied
(l’équilibre) et l’adaptabilité font du renard un survivant.
Le renard est également très attaché à la famille. C’est un talisman
commun aux familles qui voyagent. Il a en général des portées de
petits très nombreuses, jusqu’à cinq ou six petits, et c’est un
protecteur de la famille. Comme tous les animaux, il peut aussi
avoir l’énergie opposée comme signe, selon les circonstances où il
vous apparaît, le lieu d’où il vient et comment il se présente à vous,
mais en général il est toujours très bénéfique dans sa relation
symbolique à la famille.
La médecine du renard nous enseigne comment passer inaperçus,
comment être parmi les autres, mais sans imposer notre présence. Il
favorise une bonne communication claire et aimante et sait se
déplacer avec grâce et fluidité. Ainsi, celui qui a la médecine du
renard sait se tirer de mille et une situations difficiles et sait même
détourner le prédateur et le danger de ceux qu’il aime en les
menant sur de fausses pistes. Il est rusé, mais il se joue des autres

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seulement pour favoriser la protection de ceux qu’il aime.
Faites appel à la médecine du renard pour passer inaperçu et pour
régler les conflits et problèmes familiaux. Ayez également recours à
cette médecine pour trouver du travail, des plantes comestibles ou
tout ce qui est nécessaire à votre famille. Si vous partez en voyage
avec votre famille, il est favorable de coller une photo ou image de
renard dans vos valises ou dans la voiture.

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I l y a un symbolisme tellement vaste associé à l’aigle dans la
culture amérindienne qu’il est impossible ni souhaitable d’en
faire une synthèse complète, mais j’en dirai quelques mots.
L’aigle est associé au courage, au leadership, à la vérité, à
l’honnêteté et à la communication avec le Grand Esprit. On dit qu’il
est l’un des êtres les plus proches du Grand Esprit, car il peut
regarder le soleil sans cligner des yeux et qu’il vit très haut dans le
ciel, au sommet des falaises et des arbres les plus hauts. Nous
disons donc de l’aigle qu’il est le messager du Grand Esprit. Ainsi,
chaque fois qu’un aigle est aperçu, c’est très significatif pour les
Premières Nations. Cela signifie que le Grand Esprit nous rend
visite, qu’il nous communique un message. Il apparaît très souvent
lors de nos cérémonies, et c’est le signe que nous avons accompli ce
qui est juste. L’aigle, c’est aussi un signe que nous sommes sur le
bon sentier ou encore qu’il faut trouver ou faire quelque chose à ce
moment-là qui est en relation avec le Grand Esprit.
La relation au Grand Esprit est ce qui donne cet esprit de vérité à
l’aigle. C’est pour cela que, bien souvent, les Premières Nations qui
doivent parler avec vérité et dire des choses importantes tiennent
une plume d’aigle dans leurs mains. Cela symbolise que leur parole
est vraie. Il n’est pas possible de mentir au Grand Esprit, car Il est
directement dans notre cœur. Ainsi, en tenant une plume d’aigle,
nous sommes obligés de dire la vérité, sinon la médecine de l’aigle
risque de se retourner contre nous.
Les personnes qui transmettent la vérité ou qui doivent parler
avec sincérité, comme dans les cercles de médecine et de guérison,
feront passer une plume d’aigle autour du cercle pour désigner la
personne qui parle. Cette plume sera parfois attachée au bâton de
parole, symbolisant le fait qu’il faut parler avec cœur et vérité.
L’aigle est aussi très rapide et c’est un chasseur très habile. Il voit

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très loin et très distinctement. Il peut être très haut dans le ciel et
voir avec précision une petite souris sur le sol, très loin en dessous
de lui. La médecine de l’aigle est donc celle de la clairvoyance :
l’aigle représente le don de vision. Sa vue perçante et sa capacité à
regarder le soleil indiquent la capacité à voir la vérité et l’intention
de vivre « la vie juste ». En ce sens, nous disons : Walk your talk
(« Tenez vos promesses »), et nos actions doivent être en accord
avec notre philosophie. Nous disons aussi : « Suivons le sentier
rouge », c’est-à-dire soyons en harmonie avec les instructions
originelles du Grand Esprit. L’aigle est associé à l’Est et parfois au
Nord.
Sa grande habileté en tant que chasseur est ce qui permet
d’associer l’aigle au leadership : les leaders, et notamment les chefs de
guerre, devaient être d’excellents chasseurs et prouver ainsi à leur
peuple leur capacité à bien le guider, assurant la nourriture, la
défense et la sécurité de la nation; ils devaient prouver leur valeur
par des actes de mérite et de bravoure et ils recevaient alors une
plume d’aigle.
Lorsqu’une plume d’aigle était offerte à quelqu’un, ce n’était
jamais une mince affaire. Il fallait la mériter par des gestes
courageux et valeureux hors du commun.
Voici une histoire qui montre à quel point la plume d’aigle était
importante et soulignait seulement des gestes de très grande valeur.
Regardons comment le peuple innu du nord récoltait les plumes
d’aigle.
Lorsqu’un jeune homme voulait prouver sa valeur, son courage,
son endurance, sa patience et sa vivacité, il capturait un lapin ou
une perdrix qu’il attachait à une corde, puis il creusait un trou
dans lequel il se cachait. Il le recouvrait ensuite pour se
dissimuler, près du nid d’un aigle. Chaque fois que l’aigle passait,
le jeune homme tirait sur la corde pour faire bouger la proie et
attirer l’attention de l’aigle. Avec beaucoup de patience, car l’aigle

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avait plutôt l’habitude de voler au loin avant de commencer à
chasser. Lorsque l’aigle apercevait enfin la proie et fonçait dessus,
le jeune homme devait alors sortir très rapidement de sa cachette
pour attraper l’aigle par ses serres. Tout en essayant de maintenir
l’aigle au sol sans le blesser, il devait tirer deux plumes : une à
chaque extrémité de sa queue. La perte de ces deux plumes n’avait
aucune conséquence sur sa capacité à voler. Si le jeune homme
courageux réussissait cet exploit, ce qui n’était pas évident, il
récoltait la fierté d’avoir conquis deux plumes pour sa
communauté. Bien entendu, l’aigle ne se laissait pas faire. Il
mordait le jeune homme et se défendait avec ses griffes acérées, et
le jeune homme revenait souvent avec plusieurs blessures. Il
rapportait ces plumes au village et les offrait aux anciens, qui
étaient très heureux et le remerciaient chaleureusement, puisque
cet exploit n’était pas encore assez extraordinaire pour mériter
une plume d’aigle. Il avait prouvé sa valeur, certes, et en récoltait
l’estime et l’admiration de sa communauté. Les anciens gardaient
les plumes pour des circonstances appropriées lorsqu’une
personne montrerait un courage et une valeur exceptionnels en
protégeant et en aidant son peuple par des actes de bravoure et
d’abnégation hors du commun.
Cette histoire montre à quel point le fait de recevoir une plume
d’aigle était important et symbolique puisque l’exploit de les
récolter, en soi, assez spectaculaire, n’était pas considéré comme
suffisant pour mériter une plume.
Les personnes qui ont le totem de l’aigle sont assez difficiles
d’approche, car leurs pensées se tiennent dans de hautes sphères, et
elles ont souvent dédain des conversations futiles qu’entretiennent
la plupart des gens. Ainsi, ces personnes sont assez souvent
solitaires et les autres leur attribuent à tort une attitude hautaine
qui dissimule en fait leurs idéaux élevés en toute chose. Ceux qui
ont la médecine de l’aigle parleront peu. Par contre, faites bien

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attention lorsqu’ils prennent le temps de s’exprimer. Leurs paroles
sont justes, même si elles semblent invraisemblables ou difficiles à
comprendre.
Faites appel à l’esprit de l’aigle pour voir plus loin, faire preuve
de discernement, voir la véracité des faits ou des situations qui vous
posent problème, obtenir du courage, vous dépasser et franchir les
limites de ce que vous croyez pouvoir accomplir. Ayez également
recours à l’esprit de l’aigle lorsque l’univers vous demande de
marcher devant, seul et exposé aux regards de vos ennemis pour
défendre la terre et le peuple contre les agissements des forces de
l’ombre. Vous aurez alors le Grand Esprit avec vous et rien ne peut
ternir sa lumière.

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orsqu’on parle du serpent, il est bon de comprendre que
L différents peuples ont des manières différentes de considérer
les animaux. Par exemple, la culture judéo-chrétienne porte un
regard très négatif sur le serpent. Pourtant, dans la culture
amérindienne, le serpent incarne une médecine puissante. C’est une
créature très ancienne et elle symbolise l’énergie primordiale de vie.
Le serpent se déplace toujours en spirale, il n’a ni bras ni jambes, il
avance toujours dans la même direction. On pourrait donc dire que
son esprit est « mono-orienté » et qu’il symbolise la capacité à se
concentrer sur une chose et à se diriger vers ce but sans se laisser
distraire. Le serpent est également associé au Sud.
Il représente l’énergie primordiale, sexuelle, le commencement de
toutes choses. L’Homme possède cette énergie primordiale,
profondément ancrée, logée à la base de la colonne vertébrale et il
incarne l’énergie qui, éveillée par certaines techniques de
méditation, peut irradier les autres centres subtils de lumière et de
chaleur, décuplant les capacités et la force; il représente aussi cette
capacité à permettre à cette énergie de circuler à travers le corps, ce
qui favorise la guérison. Les personnes qui possèdent l’énergie du
serpent ont beaucoup d’énergie de guérison si elles apprennent à la
canaliser, car elles ont accès à cette force primordiale qui est à la
base de toute vie.
Le serpent représente également la ligne droite et le cercle, le
chiffre zéro et le un, il est donc bien au commencement de toutes
choses. Voir un serpent est presque toujours un signe bénéfique qui
indique qu’une nouvelle énergie se manifestera dans notre vie et
que le pouvoir de nous renouveler nous est accessible. Le serpent se
renouvelle, perdant son ancienne peau pour une peau tout à fait
neuve, ce qui indique la capacité de transformer, de transmuter
l’ancien en nouveau.

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Ainsi, l’énergie et le symbolisme du serpent sont très positifs dans
notre culture, contrairement aux autres cultures qui le voient
comme une personnification du mal. En réalité, il n’y a pas
d’animaux qui personnifient le mal dans la culture amérindienne, et
rien dans la nature elle-même n’est associé au mal, car tout a été
créé par le Grand Esprit pour le bien des Hommes sur cette planète.
Par conséquent, tout est bénéfique. Ce qui peut être maléfique, c’est
ce que les humains choisissent de faire et de créer, et il existe aussi
quelques monstres maléfiques qui ont été créés par le Grand Esprit,
mais ils ont pour finalité de tester les humains, d’éprouver le
guerrier, de mesurer notre force et de tester notre capacité à aller
au-delà des obstacles et de nous-mêmes; ainsi, même si ces êtres
peuvent sembler être des créatures du mal, elles sont toujours
porteuses de grandes possibilités d’évolution et d’apprentissage.
Étant un signe primordial, le serpent comme signe peut être
interprété d’innombrables manières selon le contexte où il apparaît.
En général, j’ai remarqué que les conditionnements de la société
technocratique judéo-chrétienne ont influencé la psyché des
peuples occidentaux dans un sens assez précis vis-à-vis du serpent
et que son apparition dans les rêves a presque toujours une
connotation sexuelle.
Faites appel à la médecine du serpent pour transformer une
situation ou la transmuter, par exemple en prenant l’énergie donnée
à des dépendances pour la canaliser dans des activités créatrices.
Ayez également recours à cette médecine pour stimuler l’énergie
vitale dans tout contexte, où elle serait en déficience, pour guérir et
pour soigner. Puis, faites appel au serpent pour comprendre
l’origine ou la source d’une pensée ou d’une philosophie qui vous
interpelle.

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L a tortue pour les Premières Nations est le symbole de la Terre
mère. Nous vivons d’ailleurs sur un continent dont le nom
originel dans les langues amérindiennes, comme je l’ai mentionné
plus tôt, est « Grande Île Tortue ». Si l’on regarde une carte, on
observe la tête au pôle Nord, les pattes avant sont l’Alaska et le
Québec, les pattes arrière sont la Floride et la Californie et la queue,
le Mexique.
La tortue renvoie au fait d’être branché, d’être en lien avec
l’énergie de la grande Terre mère, l’Éternelle mère sur laquelle
notre vie évolue. Au Québec, on utilise un anglicisme pour désigner
ça : être groundé, c’est-à-dire « avoir les pieds bien ancrés dans le
sol ». Les deux demeures de la tortue sont l’eau et la terre, les deux
éléments qui tendent toujours vers le bas. La tortue nous enseigne
l’enracinement afin de faire prospérer nos idées. Il faut être bien
enraciné là où l’on est pour faire fructifier le pôle créateur. Elle nous
enseigne aussi comment suivre le courant, comment couler avec le
flot de la vie, sans violence et sans pleurnicheries, évitant ainsi les
obstacles que ces attitudes font surgir.
Les gens qui ont la médecine de la tortue nous enseignent, par
leur façon de vivre, à prendre le temps de bien faire les choses et à
comprendre qu’il ne sert à rien de courir. Cela évoque la fable du
lièvre et de la tortue, où les deux animaux font la course, et où le
lièvre, avançant beaucoup plus vite que la tortue, pense avoir le
temps de se reposer et s’endort un moment en chemin, alors que la
tortue avance avec régularité et ainsi arrive la première.
La tortue évoque la pondération, la nécessité de bien réfléchir
avant d’agir et la protection naturelle que l’on a : pour se protéger,
la tortue rentre ses pattes et sa tête dans sa carapace, ce qui est un
mode de défense éminemment pacifique qui nous enseigne
l’importance de bien définir nos frontières. C’est un travail très

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important pour tous les êtres de définir dans quels cadres ils
veulent vivre, ce qu’ils acceptent et ce qu’ils n’acceptent pas, et de
choisir les personnes avec qui ils acceptent d’être en relation.
La tortue enseigne aussi la liberté que l’on doit donner à nos
enfants. En effet, elle pond ses œufs et les laisse là, ce qui enseigne
deux choses. D’une part, nous devons considérer nos enfants
comme des êtres, à part entière, qui ont la sagesse en eux. Nous
devons écouter, regarder avec discernement, bien sûr, mais s’ils ne
font pas leurs expériences sur le moment, ils les feront plus tard,
quand ce sera bien plus dangereux; ainsi, ils apprennent plus vite et
sont reconnaissants que nous ayons eu suffisamment de respect
pour eux pour leur permettre de faire leurs propres expériences.
D’autre part, ça évoque aussi l’idée de laisser les choses mûrir,
comme les œufs laissés dans le sable afin que le soleil les réchauffe
pour qu’ils éclosent. De même, il faut que l’idée vienne à maturité
afin que, lorsqu’elle s’exprime, nous puissions obtenir l’effet que
l’on escomptait.
C’est là le symbolisme de base de la tortue qui est l’un des clans
les plus importants des Premières Nations. Le Clan de la Tortue est
l’un des meilleurs gestionnaires de la Terre, dans le sens maternel
du terme, des personnes d’une grande paix.
Faites appel à la médecine de la tortue lorsque vous vous sentez
envahi, lorsque les autres empiètent constamment sur votre
« bulle ». Elle vous aidera à mieux définir vos limites et à les faire
respecter de manière pacifique. Ayez également recours à cette
médecine lorsque vous vous sentez déraciné, perdu, sans repères.
Elle vous aidera à vous sentir bien partout et tout le temps. Prenez
le temps de marcher nu-pieds dehors, c’est la meilleure façon de
vous grounder. Sachez que la Terre mère vous aime et qu’il n’y a pas
de plus belle appartenance que celle que nous avons à la Terre
nourricière. Arrêtez de courir et prenez votre temps : vous verrez
que vous accomplirez plus en moins de temps.

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L e cougar, puma ou lion de montagne, c’est la médecine du
leadership, celle de celui qui enseigne par l’exemple.
C’est une médecine difficile parce qu’elle met celui qu’elle
concerne dans une position où il peut être la cible de l’insatisfaction
des autres, parce qu’il est celui qui montre la voie, et les autres, avec
leurs insécurités, en feront parfois la cible de leurs critiques.
Le cougar est solitaire, et ce n’est pas pour rien : il doit se suffire à
lui-même pour pouvoir porter les autres. Pour ouvrir la voie en
toute confiance sans le soutien des autres, il doit pouvoir puiser la
puissance et la force en lui. Seulement s’il peut faire cela, il pourra
bien guider les autres. Il le fait en incarnant la direction que les
autres doivent suivre. Il n’est pas celui qui dit ce que les autres
doivent faire, mais celui qui a tellement de force, de conviction, de
stabilité en lui-même qu’il est capable d’inspirer les autres par son
exemple. L’inconvénient est qu’il s’agit d’une personne dont on
n’accepte pas qu’elle ait des faiblesses; sinon elle est alors toujours
critiquée. C’est donc une place difficile, mais importante.
La personne qui travaille avec cette médecine doit rester dans un
esprit de paix. Si elle entre en « confrontation » parce qu’elle a du
pouvoir, la réponse sera soit d’utiliser la peur qu’elle inspire par
son pouvoir, soit d’utiliser davantage de pouvoir, deux solutions
qui n’apportent rien de bon. Maintenir une position de paix est
donc fondamental.
La personne qui travaille avec la médecine du cougar doit
éliminer la panique de son vocabulaire. Il n’y a pas de place pour la
panique lorsque les autres dépendent du cougar pour inspirer
l’action juste. Il n’y a pas de place non plus pour la timidité ou
l’incertitude. Le cougar incarne la confiance en soi, la stabilité,
l’équilibre et la grâce : on observe beaucoup de souplesse et
énormément de force lorsqu’on voit un lion de montagne se

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déplacer.
Faites appel à la médecine du cougar pour trouver en vous la
force de continuer malgré les avis contraires de ceux qui voudraient
vous voir rester comme ils vous connaissent. Nous sommes tous et
toutes des créatures d’habitudes, alors nous aimons rarement que
nos proches et nos amis nous annoncent de grands changements
dans leur vie. Si nous savons cela nous pouvons mieux comprendre
les oppositions auxquelles nous faisons face lorsqu’il est temps
pour nous de marcher dans de nouvelles voies et de sortir des
sentiers battus. C’est alors que la médecine du cougar peut nous
aider à trouver en nous la confiance et la force de continuer.

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L e loup est celui qui nous enseigne la bonne entente et
l’harmonie communautaire. En même temps, il symbolise
l’enseignant dans la tradition amérindienne, celui qui est gardien
des traditions pour la communauté. Les loups sont très organisés :
la meute a une organisation communautaire extrêmement stricte. Ils
travaillent toujours ensemble. Chacun a sa place et la garde. Leur
sens communautaire est très développé. Les plus anciens
enseignent aux plus jeunes quelle est leur place et comment ils
doivent se comporter au sein de la meute.
La médecine du loup permet de puiser dans les fondements de
l’être, dans les dimensions profondes de l’être que les Occidentaux
appellent l’« inconscient » et que nous appelons la « médecine de la
lune ». À la pleine lune, les loups hurleront à la lune : c’est un appel
à ses enseignements.
Ceux qui ont cette énergie sont attentifs aux messages de leurs
rêves et de leurs intuitions. Ils partagent les intuitions qu’ils ont
pour trouver de nouveaux sentiers, de nouvelles méthodes et de
nouveaux terrains de chasse. Ils formaient le clan des guerriers dans
les Premières Nations parce que leur esprit de meute et
d’organisation de groupe pour la chasse favorisait la protection de
la communauté contre les prédateurs humains. Leurs cinq sens,
comme ceux du loup, sont très développés. La perception
holistique, soit percevoir le monde par les cinq sens simultanément,
donne lieu à un sixième sens, assez souvent appelé « intuition » ou
« perception extra-sensorielle », qui est un mode de connaissance
très précis pour ceux qui ont cette aptitude.
Ils ont aussi beaucoup d’énergie psychique, par cette connexion
avec la lune, qui symbolise l’énergie des couches profondes de
l’être.
Faites appel à la médecine du loup lorsque vous êtes bloqué dans

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la vie. En effet, le loup est celui qui ouvre aux enseignements de la
lune, soit ces parties très vastes et souvent inutilisées de l’être. Or
lorsqu’on est bloqué, c’est qu’on a besoin de cette impulsion qui
vient de plus loin, des profondeurs de l’être. Faire appel à la
médecine du loup nous fait donc progresser dans notre évolution et
nous permet de mieux comprendre nos instructions originelles. La
médecine du loup favorisera aussi le travail d’équipe et
l’organisation des relations entre les membres d’un groupe ou
d’une organisation. Lorsque des conflits et des mésententes minent
le fonctionnement d’une entreprise ou d’une association, il est bon
d’étudier la place et la contribution de chacun et de remettre à leur
place ceux qui « contribuent » peu mais parlent beaucoup. C’est la
médecine du loup et la manière de faire de tous les conseils des
Premières Nations. Ceux qui contribuent beaucoup et qui ont
beaucoup de responsabilités ont naturellement une voix plus forte
et plus importante au sein du groupe. C’est une loi naturelle. Ayez
également recours à cette médecine pour la bonne transmission de
la sagesse et du savoir. Celui qui a acquis l’expérience de vie, la
connaissance des traditions et du savoir-faire du peuple se doit
d’être respecté et écouté. Ce n’est pas la manière de faire des
sociétés occidentales qui relèguent les vieux dans des mouroirs
anonymes, mais c’est bien la conduite de toutes les nations
autochtones de par le monde. Puis, faites appel à la médecine du
loup pour réinstaurer la place juste de ceux qui peuvent inspirer les
générations montantes et leur « enseigner ».

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L ’écureuil est vraiment un animal très charmant et extrêmement
vivant, d’une rapidité affolante : il peut en courant faire quatre
fois le tour du tronc d’un arbre en une seconde.
L’écureuil est aussi très chicanier et très protecteur de son
environnement. Lorsque quelque chose ne va pas dans
l’environnement, il prévient tout le monde autour de lui.
Il est parfois appelé l’« économiste du monde animal ». En effet, il
a pour habitude d’accumuler et de dissimuler de la nourriture –
fruits, noix, noisettes, glands – en quantité bien supérieure à ce qu’il
peut consommer lui-même. Or tout ce qu’il ne mange pas et ne
retrouve pas dans les mois d’hiver germera, poussera et produira
ainsi davantage de fruits, de noix, de glands pour sa nourriture et
celle de sa descendance. Les générations futures profitent de ses
économies par l’intérêt de ses investissements.
Les personnes qui ont la médecine de l’écureuil sont d’excellents
économistes qui savent faire de bons investissements et des
placements qui rapportent. Ils savent gérer avec sagesse leur
économie ainsi que celle de leur famille. Ces personnes ont
tendance à accumuler beaucoup de choses et elles savent par
conséquent toujours avoir le nécessaire par rapport à n’importe
quelle situation. Mais le défaut de cette qualité est qu’elles tendent à
trop accumuler. De cette manière, leur environnement devient
parfois excessivement encombré. Elles doivent donc apprendre à se
délester, à revendre, à remettre en circulation les biens qu’elles ont
reçus.
Ces personnes sont aussi souvent très nerveuses et rapides, ce qui
peut s’avérer agaçant pour leur entourage.
Le fait de voir un écureuil est fréquent. C’est l’un des animaux
que l’on voit le plus souvent. En effet, grâce à leurs talents, les
écureuils se multiplient partout et savent se sauver de la plupart

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des prédateurs très facilement.
Faites appel à la médecine de l’écureuil pour faire de bons
investissements, pour prendre l’habitude de « mettre de côté » en
vue de jours plus difficiles. Apprenez de l’écureuil à bien surveiller
votre territoire, à le défendre avec une voix stridente et pleine
d’énergie et au besoin à avertir l’entourage lorsque vous voyez des
dangers ou des problèmes. Vous serez ainsi très apprécié et vivrez
en sécurité.

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e hibou est souvent associé au « côté obscur » puisque c’est un
L oiseau nocturne et un oiseau de proie. Par sa particularité de
voler sans bruit et par le fait qu’il se déplace de nuit, ses proies ne
sont conscientes de sa présence que lorsqu’il est trop tard. Il mange
beaucoup de souris, de gerboises et de petits animaux de la forêt. Il
a une vision perçante et sa tête peut tourner sur presque 360 degrés;
c’est là une capacité fascinante. Il est très impressionnant de voir un
hibou tourner la tête pour regarder derrière lui sans que son corps
bouge.
Parmi les Premières Nations, très peu utiliseront les plumes de
hibou, hormis ceux qui ont la médecine de cet animal. Et même
ceux-ci font des cérémonies pendant plusieurs jours afin d’annuler
l’énergie obscure associée à ces plumes. Je connais cependant
certaines personnes de la nation mohawk qui semblent n’avoir
aucune difficulté à travailler avec les plumes de hibou.
Les qualités positives du hibou : c’est celui qui, dans le silence de
la méditation, sait accéder à toute l’information et à la connaissance
de l’univers. Dans la mythologie grecque, la déesse de la sagesse,
Athéna, est souvent représentée avec une chouette sur l’épaule qui
lui chuchote à l’oreille l’information dont elle a besoin. L’aspect
obscur est aussi présent ici, puisque Athéna est également la déesse
de la guerre.
Le hibou est associé à la sagesse et à la connaissance. La personne
qui en a la médecine fréquente les lieux sombres pour pratiquer la
méditation et ainsi accéder aux connaissances cachées. Celui qui
possède la médecine du hibou travaille souvent avec la mort, dans
l’accompagnement des mourants et les soins palliatifs. Une
personne qui possède la médecine du hibou a aussi la capacité de
guérir à distance. C’est une médecine très utile que peu de gens
pratiquent. Le côté équivoque de cette pratique existe aussi. Le
hibou est couramment associé à la sorcellerie, à la magie noire, soit

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aux mauvaises énergies envoyées à d’autres personnes.
Il est très intéressant d’avoir une personne hibou dans un groupe
ou une association, car elle voit tout, ne se laisse pas décevoir et sait
distinguer ce qui n’est pas net ou honnête.
Lorsque l’on voit un hibou et que l’on perçoit que c’est un signe, il
est bon de revenir à l’observation de notre situation de vie et
d’utiliser notre intuition. En effet, il peut y avoir un danger à
maintenir la situation dans laquelle on se trouve. Cela peut être un
signe que nous allons mourir aux aspects de nos vies dont nous
n’avons plus besoin, telles une dépendance ou une relation toxique.
Dans certaines nations, il était dit que lorsque nous entendions le
hibou chanter notre nom, c’était le message que nous allions mourir
dans la semaine.
Ne faites appel à la médecine du hibou que si c’est votre totem.
C’est une énergie qui n’est pas facile à manipuler à moins de bien
maîtriser les énergies. Il m’est arrivé de rencontrer plusieurs
personnes avec le totem hibou : elles étaient toujours engagées dans
les soins reliés aux mourants, à la mort. Si c’est votre totem, soyez
attentif aux messages de vos rêves, n’hésitez pas à faire de longues
retraites dans la solitude et entourez-vous de lumière. Vos dons
sont précieux, mais peuvent être comme une épée à double
tranchant.

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L e chien porte la médecine de la loyauté et de la fidélité. Il est
souvent considéré comme le meilleur ami de l’homme, non
sans raison, car son attachement et sa fidélité dépassent de loin ceux
de tous les autres animaux. Il a généralement un seul maître et lui
reste toujours fidèle. Il est toujours rempli d’amour pour lui; même
lorsque celui-ci est cruel. Sauf dans les cas vraiment extrêmes, le
chien reste néanmoins toujours fidèle et amoureux de son maître.
Ce qu’il ne tolère pas, en revanche, c’est l’abandon. À moins de
retrouver immédiatement une autre famille à qui donner son
affection, il en sera très affecté. Il existe dans certaines régions
reculées, près des grandes villes, des chiens abandonnés qui ont
formé de petites meutes qui peuvent être vraiment très méchantes.
Elles peuvent même attaquer les êtres humains. Ces chiens sont
devenus méchants parce qu’ils n’ont pas toléré d’être abandonnés.
Le chien parle de la beauté d’être fidèle et de servir. Les personnes
qui ont cette médecine sont souvent des philanthropes, des gens qui
travaillent dans la solidarité, des infirmières, des soldats, des gens
qui ont pour mission de protéger et d’aider les autres, à l’instar des
chiens-guides.
Le chien, comme celui qui en a la médecine, est très territorial. Il
est un gardien, et dans bien des univers et dimensions subtiles, il
sert de gardien et de protecteur des lieux secrets qui ont besoin de
protection.
Si vous avez un ami qui a la médecine du chien, il protégera
toujours vos intérêts, vous avertira s’il survient un problème et il
sera envers vous d’une loyauté à toute épreuve. Les individus
chiens font les meilleurs amis.
Posséder la médecine du chien signifie être une personne d’une
grande dévotion, qui a une profonde compréhension des autres, qui
cultive la tolérance et le service.

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La médecine du chien demande aussi d’être très attentif à la
compagnie que l’on tient : on a parfois besoin de faire appel à sa
médecine afin de mieux choisir ses compagnons, ses amis, les gens
avec lesquels on veut travailler. Nous pouvons faire appel à la
médecine du chien pour augmenter notre discernement dans le
choix de nos amis. Par définition, une fois que c’est un ami, un vrai,
il l’est pour la vie. Alors, il faut bien choisir ses amis.
Le chien est apparenté au loup, mais il est davantage lié à la
famille et aux amis, alors que le loup est plutôt lié à la meute, donc
à la communauté et à la nation.
Bien sûr, loyauté et fidélité nous ramènent toujours à la
compassion et à l’amour, qui sont la racine et l’essence de ces
qualités d’être.
Faites appel à la médecine du chien pour augmenter ces
sentiments qui sont toujours à cultiver en toutes circonstances.

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L a baleine est un animal très important pour la planète. D’après
les anciennes traditions, elle a été placée sur la terre au début
de sa création afin qu’elle soit le gardien de ses archives; c’est un
peu celle qui garde l’historique de l’évolution planétaire et des
énergies présentes au cours des différents âges du globe. Elle est en
quelque sorte comme une librairie qui nage.
Cela est très important en ces temps où les humains polluent et
abîment notre belle planète. Depuis une cinquantaine d’années, les
baleines ont commencé à venir s’échouer sur les rivages de
différents pays du monde. C’est un comportement nouveau que les
humains n’avaient jamais vu. Il s’agit en fait d’un message : les
baleines acceptent de donner leur vie dans l’espoir que les hommes
comprendront que leurs actions finiront par détruire cette belle
planète. Dès lors, quelle utilité y aurait-il à garder les archives de
cet être merveilleux qu’est la Terre mère? Ce message n’a pas été
entendu. De plus, une chasse à la baleine s’est développée, pour
différents usages économiques, qui a créé un véritable état de
déséquilibre dans la population des baleines au sein du monde.
Les baleines gardent les archives et les mémoires de la terre de
deux façons : premièrement dans leur ADN, dans leur masse
cellulaire très importante, et deuxièmement dans leurs chants, qui
sont très élaborés et qui comportent beaucoup d’informations. Ces
chants sont très longs et couvrent beaucoup de fréquences. Les
baleines sont clairaudientes, passablement télépathes, très
développées psychiquement et elles entendent les basses et les
hautes fréquences sonores.
Ceux qui ont la médecine de la baleine peuvent avoir accès à
l’intelligence universelle pour y puiser les informations dont ils ont
besoin. Ils ont souvent la capacité d’utiliser les sons et la musique
pour la guérison, particulièrement sur les plans émotionnel et

75
physique. Le tambour est leur instrument de prédilection, car ce
sont souvent des gens qui ont de fortes aptitudes chamaniques. Le
tambour, nous en avons déjà parlé, permet de garder le lien avec la
terre et de créer un ancrage sécuritaire pour celui qui voyage sur les
plans subtils.
La baleine enseigne également la capacité à écouter. En effet, pour
avoir accès à l’information universelle, pour entendre des messages
très profonds, il faut souvent une bonne mesure de silence et
d’écoute. La baleine peut nous aider, avec sa médecine, à parvenir à
cette réceptivité essentielle.
Faites appel à la médecine de la baleine pour entendre les
messages du monde et pour apprendre à les transmettre par le
chant et la musique. Défendez la baleine, si vous le pouvez, car il ne
faut pas perdre ses informations qui sont précieuses non seulement
pour la planète mais pour la galaxie. L’expérience paradis-Terre
mère est importante pour toute la galaxie et, même si nous
réussissons ce qui est la mission de l’Homme, pour d’autres
galaxies également. C’est l’une des raisons pour lesquelles les
baleines sont venues d’une planète dans la région du roi des étoiles
de cette galaxie, Sirius, pour garder les archives de notre planète.

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L e mot clé pour la médecine du phoque est joueur. Le phoque
fait partie de ces animaux qui vivent sur terre, mais qui sont
beaucoup plus à l’aise dans l’eau. Il est un mammifère marin plutôt
balourd et peu mobile sur la terre, mais dans l’eau il est très
gracieux, rapide et excellent pêcheur.
Le phoque est un animal grégaire qui aime les autres, il est très
joueur et très intelligent. Il est bien partout où il y a de l’océan et du
poisson. Il sait emmagasiner l’énergie du soleil. Il sait aussi
s’entourer de graisse, ce qui lui permet de se trouver bien sous tous
les climats et même de dormir sur la glace lorsqu’il lui en prend
l’envie.
C’est un excellent communicateur. Grâce à cette médecine, ceux
qui ont ce totem sont d’excellents animateurs, à l’aise dans tous les
environnements. Ils ont la capacité d’amuser et de rendre les gens
joyeux tout en ayant une profondeur provenant d’une grande
expérience des diverses couches de l’être. Ils sont capables de
ramener à la conscience les trésors de l’inconscient et de le traduire
d’une manière accessible aux autres. C’est une médecine rare et
précieuse qui fait que les gens du phoque sont souvent les
interprètes et les conteurs des régions invisibles de nos psychés.
Les gens du phoque sont souvent des voyageurs. Ils préfèrent être
en mouvement plutôt que devoir rester longtemps au même
endroit, mais lorsqu’ils ont trouvé un endroit qu’ils aiment, ils
peuvent y demeurer au repos pendant très longtemps.
Ce sont des gens qui savent toujours trouver ce dont ils ont besoin
et savent aussi le partager avec les autres. Ils font de très bons amis.
Ils sont d’excellents atouts dans toute organisation, et le rôle
d’artiste leur convient particulièrement.

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L ’image la plus pure de la médecine du chevreuil est la biche,
parce que le chevreuil incarne l’énergie de la douceur; la
douceur émane de la compassion; la vraie compassion est
silencieuse. De tous les herbivores, le chevreuil est l’un de ceux qui
parlent le moins. Il émet néanmoins certains sons, mais ceux-ci sont
relativement discrets.
Dans l’un des meilleurs livres qui existent concernant la médecine
des animaux, Les Cartes Médecine (écrit par Jamie Sams et David
Carson et offert en français par les éditions Octave), on trouve une
belle histoire qui parle de la biche.
Un jour, la biche voulut savoir quelle était sa mission dans la vie.
Elle sentit l’appel du Grand Esprit, le besoin de communier avec
sa source divine. Alors, comme le font toutes les Premières
Nations, elle partit pour la montagne de la Vision afin
d’entreprendre sa quête. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sur le
sentier de la montagne s’était placé un démon qui voulait garder
pour lui seul la magie et la puissance du Grand Esprit et empêcher
pour cela que d’autres y aient accès.
Ainsi prenait-il, chaque fois que quelqu’un approchait, des
aspects terrifiants afin que celui qui monte prenne peur et
redescende. Alors, lorsque la biche se retrouva sur le sentier qui
menait au sommet de la montagne, à proximité du démon, ce
dernier revêtit un aspect épouvantable. Mais, à la grande surprise
du démon, plutôt que d’être effrayée, la biche ressentit une grande
compassion pour cet être qui, afin de se sentir aimé du Créateur,
devait adopter des formes horrifiantes et éprouver des émotions
négatives de jalousie. Le démon fut étonné de ne pas pouvoir faire
peur à la biche. Il endossa des formes encore plus horribles et
effrayantes, ce qui ne fit qu’augmenter l’amour dans le regard de
la biche. La grande compassion de la biche fit jaillir de son cœur

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un rayon d’amour qui toucha le cœur minuscule du démon. La
force de sa compassion était telle que le démon fut intimidé,
devint aussi petit qu’un caillou et s’enfuit. La biche continua alors
de gravir la montagne pour rencontrer le Grand Esprit.
La médecine du chevreuil consiste à faire fondre le cœur de ceux
qui sont dans la haine et la violence avec de l’amour et de la
compassion. Il nous enseigne comment notre douceur peut toucher
les autres d’une manière beaucoup plus puissante que la violence et
les paroles dures. On sait que cette douceur peut guérir toutes les
blessures et nous reconnecter à la montagne sacrée où l’on retrouve
la communion et la communication avec le Grand Esprit.
L’amour triomphe de tout, et la douceur est souvent plus forte
que la violence pour entraîner chez ceux qui en sont affligés une
transformation salutaire.
Faites appel à la médecine du chevreuil lorsque vous avez besoin
de douceur et de sérénité. Si vous avez dans votre entourage des
gens difficiles, aigris et négatifs, il est souvent inutile de parler, ils
n’entendent rien. Par contre, la douceur du regard et du toucher et
les gestes de soins remplis d’amour peuvent faire beaucoup. Soyez
aussi doux que la biche et tous les chemins s’ouvriront devant vous.

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L e tatou nous parle de protection, mais d’une protection qui
établit les frontières de l’espace que nous préservons autour de
nous.
Le tatou n’est vraiment pas un être agressif, mais il a une carapace
très dure. Lorsqu’il se roule en boule, il est presque impossible pour
un prédateur de l’atteindre.
Ce que la médecine du tatou nous enseigne est de savoir établir
avec clarté les limites de notre espace : à l’intérieur de quelles
circonstances nous trouvons-nous à notre aise et qu’est-ce qui
constitue pour nous un manque d’intimité? Il s’agit de savoir
définir clairement notre propre « bulle ».
Bien souvent, les gens n’ont pas vraiment compris la nature
véritablement extraordinaire du potentiel de créativité qui est
propre à l’être humain. Ils peuvent alors être victimes de différentes
circonstances et de diverses personnes, dans leur vie quotidienne,
dans leur travail, au sein de leur famille, parce qu’ils n’ont pas su
poser avec précision les limites à l’intérieur desquelles ils veulent
vivre. Or il est important d’établir cela, ce qui est permis à leur
entourage intime et professionnel et ce qui ne l’est pas. Il faut
prendre le temps de visualiser tout ce que l’on souhaite dans
l’environnement et ce que l’on ne souhaite pas.
Ce sont là les anciennes techniques du bouclier de paix. Le
bouclier de paix était une peau entière de bison sur laquelle était
versée une sorte de colle tirée des sabots du bison et qui était
lentement chauffée au-dessus d’un feu. La peau sans brûler
rétrécissait jusqu’à n’être qu’un dixième de sa taille d’origine, mais
plus dure que le bois et même assez dure pour arrêter les flèches et
les lances de l’ennemi. Sur la surface extérieure de la peau, le
guerrier dessinait sa médecine : ses animaux totems, ses protecteurs
« élémentaux3 », les symboles qui désignaient son nom qui était

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autrefois toujours un nom sacré venant des visions reçues lors des
quêtes spirituelles de l’Homme. Ce bouclier était alors suspendu à
un grand trépied près de l’entrée de son tipi (ce mot dérive du
dakota thipi qui signifie « habitation »). Le guerrier affichait
ouvertement ses couleurs, il proclamait à tous et à toutes : « Voici
qui je suis. » Il établissait ainsi un espace au sein duquel il était
protégé par sa médecine.
Établir clairement qui nous sommes, même si cela est juste un
travail personnel et intérieur, clarifie notre espace vital et permet de
déterminer avec précision les frontières de notre espace de confort.
Il est utile de faire en sorte que rien ne nous atteigne, donc d’établir
la bulle à l’intérieur de laquelle nous désirons vivre, de mettre en
place une frontière qui empêche d’y entrer tout ce qui vient de
l’extérieur et dont nous ne voulons pas.
Voici une manière simple de pratiquer cela : sur une feuille de
papier carrée, il faut tracer un premier cercle, puis un second,
concentrique, à l’intérieur du premier, qui symbolise notre espace
intime. Dans le cercle interne, il s’agit d’inscrire les choses avec
lesquelles on est prêt à vivre en permanence : amour, paix, joie,
intimité, bien-aimé, etc. Sur l’espace compris entre les deux cercles
sont consignées les choses que l’on veut fréquenter
occasionnellement : les amis, le travail, différentes circonstances de
vie que l’on aime connaître régulièrement, mais pas tout le temps.
Dans la partie extérieure des deux cercles est placé tout ce dont on
ne veut pas, tout ce que l’on ne souhaite jamais dans la vie : la
haine, l’agressivité, la jalousie, le genre de personnes qui nous
indisposent, les situations que l’on n’aime pas vivre, etc.
La feuille est ensuite posée au mur de la chambre, et chaque fois
que nous la regardons, cela nous remémore tout ce que l’on veut
dans notre « bulle ». Or, la pensée étant créatrice, les frontières
naturelles de notre vie seront ainsi établies.
Faites appel à la médecine du tatou pour préserver les frontières

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de votre bien-être et le respect de votre intimité. Sachez que si vous
avez confiance en vous, en votre « médecine », vous aurez le respect
de votre espace vital par ceux que vous côtoyez au quotidien.

3. Esprits de la nature.

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L a loutre est la médecine de l’énergie féminine. Bien sûr, cette
médecine s’applique autant aux hommes qu’aux femmes,
puisque nous avons tous un côté féminin et un côté masculin à
l’intérieur de nous.
Dans la vie de la loutre, il est aisé d’observer la médecine qu’elle
porte. La loutre prend très bien soin de ses petits, elle jouera
souvent pendant des heures avec eux en faisant toutes sortes
d’acrobaties et de jeux assez spectaculaires; elle est très souple. Bien
qu’elle vive sur la terre, sa maison se trouve toujours très près de
l’eau, eau et terre étant les éléments féminins.
La loutre est l’incarnation de la féminité : longue, svelte, elle en est
presque coquette. Elle est très curieuse et ne reste jamais immobile
très longtemps. Contrairement à d’autres animaux, elle ne cherche
jamais querelle, sauf si on l’attaque, mais elle aime beaucoup
l’aventure et tient pour acquis que les autres animaux sont amicaux,
jusqu’à preuve du contraire. Elle se tient loin de l’homme, par
contre, et est très discrète. Peu de gens ont eu l’honneur de
l’observer dans son habitat naturel, qui est d’ailleurs en régression
ainsi que la loutre qui est dans bien des pays une espèce menacée
de disparition.
La médecine de la loutre nous enseigne comment accueillir l’autre
et comment présenter une attitude remplie de souplesse et de
beauté qui permet à l’autre d’entrer dans notre bulle en confiance.
La personne loutre sait « partager » avec les autres et a beaucoup
de liberté dans ses relations. Elle va, par exemple, éprouver
beaucoup de joie en voyant les accomplissements des autres. Elle
sait comment partager l’abondance de la vie et elle sait avoir
confiance. Il y avait une coutume dans certaines Premières Nations,
avant l’acculturation par les Occidentaux, où la sœur d’une femme,
qui venait de perdre son mari, pouvait parfois lui prêter le sien, et

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ce, afin qu’elle ne devienne pas sèche et aigrie par la solitude.
C’était pour un temps, le temps que cela prendrait à la veuve pour
se trouver un homme. La jalousie et le maniérisme sont étrangers
au caractère de la loutre, et c’est pour cela que cette médecine est
appréciée de même que ceux qui la possèdent. L’énergie féminine
sans le contrôle ni la jalousie est une belle expérience. La joie
d’aimer les enfants des autres et leurs succès autant que les siens est
un trait de celui qui a la médecine de la loutre.
Toutes ces qualités sont en général assez proches de la médecine
de la femme, et c’est pourquoi, parmi les Premières Nations, les
femmes chamanes qui travaillaient avec d’autres femmes gardaient
souvent leurs objets de médecine dans un sac en peau de loutre.
La loutre sait couler avec la vie, c’est-à-dire s’adapter aux
circonstances, se mouvoir avec le flot, être souple, et elle nous
enseigne comment s’adapter à toutes les circonstances de la vie.
C’est une médecine qui est particulièrement bénéfique pour ceux
qui se prennent trop au sérieux, qui ne savent pas recevoir, qui
n’acceptent pas les compliments ou qui ne savent pas apprécier les
autres à leur juste valeur. Ceux-là devraient faire appel à la
médecine de la loutre. Ayez aussi recours à cette médecine pour
mieux accepter et intégrer les mystères féminins, particulièrement
les rythmes lunaires du corps de la femme. Si vous êtes un homme,
faites appel à la médecine de la loutre assez souvent pour adoucir
votre caractère, mieux vivre vos émotions et accepter de les
exprimer plus librement. Tous et toutes pourraient profiter de la
liberté joyeuse de la loutre pour s’amuser et trouver la joie dans les
moments de partage simples avec la famille et les amis.

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L e blaireau porte la médecine de l’agressivité juste. Il est très
important de comprendre aujourd’hui la médecine de cet
animal.
Un blaireau peut être assez vicieux. Quand il attaque, c’est de
manière très puissante. Son cousin de la toundra, le carcajou, est
tellement féroce qu’il s’est mérité le nom de Kwi’kwa’ju, l’« esprit
maléfique », par les Micmacs du Canada. Il se met facilement en
colère et est capable de répondre à tous les dangers très
rapidement. Il a un puissant sens de survie et de conservation. Ses
pattes sont puissantes et ses griffes sont grosses et acérées. Même
les ours noirs le craignent et personne n’empiète sur son territoire.
Sa volonté de lutter pour son espace et sa famille est sa médecine.
Son agressivité, dans certaines circonstances, est une bonne
médecine.
Le blaireau obtient souvent ce qu’il veut, car sa réputation le
précède, de sorte que l’on ne se met pas en travers de son chemin. Il
est réputé pour être prêt à tout afin d’arriver à ses fins. Ainsi, il est
bon de cultiver un aspect de cette volonté pour ne pas « se faire
manger la laine sur le dos » ou « se faire piler sur les pieds ». Il est
bon d’être bien enraciné en soi, de savoir quand et comment réagir
avec agressivité lorsque c’est nécessaire.
Le blaireau connaît les plantes racines, car elles pendent du toit de
sa tanière. Ainsi, bien des femmes puissantes ont le totem du
blaireau et sont persistantes et agressives dans leur volonté de faire
tout ce qu’il faut pour opérer une guérison. Heureux ceux qui
peuvent faire appel à de telles personnes lorsque le besoin s’en fait
sentir.
Il est très rare que l’agressivité devienne nécessaire, mais lorsque
cela advient, bien des gens ne savent pas l’utiliser. En effet, c’est un
aspect du comportement qui a été déformé par la société, par les

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conditionnements et programmations du monde civilisé. C’est une
capacité qui se trouve complètement éteinte chez de nombreuses
personnes ou encore exacerbée ou exagérée chez d’autres. Or si
nous mordons chaque personne autour de nous, les autres nous
fuient. Mais si nous ne savons pas nous affirmer pour notre
territoire et notre espace vital, les autres pourront profiter de notre
léthargie. Il est donc important de savoir doser l’agressivité. Il est
important de savoir dire ce que l’on ressent, d’être prêt à faire ce
qui est requis pour obtenir ce que l’on veut. Parfois, les gens sont
tellement timorés qu’ils n’osent pas entreprendre les gestes
nécessaires pour obtenir ce qu’ils souhaitent, alors ils restent dans
un monde fade et insipide qui manque du piment de la vie.
La médecine du blaireau caractérise souvent une mentalité de
patron, de chef d’entreprise. Or si elle est équilibrée et non en excès,
si elle est utilisée quand il est temps et de manière juste, une telle
mentalité permettra au dirigeant qui la possède de garder sa
compagnie à flot et en état de fonctionner.
Le blaireau nous enseigne également comment utiliser la colère de
façon constructive. Les grands maîtres, au cours de leur vie,
connaissent un moment où la colère est nécessaire et l’expriment,
tel Jésus chassant les marchands hors du Temple.
La médecine du blaireau, c’est aussi savoir exprimer la colère et la
frustration de manière non destructive. Il est la plupart du temps
très malsain d’exprimer la colère au quotidien dans son milieu de
travail ou dans sa famille. Par contre, si on éprouve ce sentiment et
que l’on ne trouve pas de manière constructive de l’exprimer, elle
peut se retourner contre soi. Il est bien de trouver comment
l’exprimer correctement, sans quoi la colère peut revenir sur soi
pervertie. De fait, le foie peut souvent souffrir d’un excès de colère
non exprimé ou mal exprimé. Les gens qui ont de la colère dans la
voix et qui parlent trop fort, bien souvent, n’ont pas su s’exprimer
lorsque c’était nécessaire; la colère contenue a ainsi touché leur foie,

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un déséquilibre s’est produit et un état pathologique
comportemental et souvent physiologique s’est développé.
Il faut ainsi savoir parler lorsque c’est le moment et de manière
appropriée. La connaissance du cercle, décrite en détail dans Le
cercle de toutes nos relations, publié chez le même éditeur, peut être
très importante ici, car elle donne un cadre favorable à l’expression
de toutes les émotions, sans nuire ou diriger ces émotions contre
une personne en particulier.
La justesse dans l’expression de l’agressivité, voilà la médecine du
blaireau. Faites appel à elle lorsque vous avez de la difficulté à
exprimer de l’agressivité et à vous affirmer quand il le faut et de
manière constructive. Ayez également recours à cette médecine
pour travailler des problèmes de santé très importants qui
menacent votre vie ou celle de vos proches. Faites appel à elle pour
mieux comprendre l’importance des légumes-racines et des racines
utilisées comme médecines.

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L a chauve-souris symbolise l’initiation chamanique. Le mot
chaman (parfois evenk) venant du toungouze, une langue de
Sibérie orientale, veut dire « celui qui est né deux fois ». En effet, la
plupart des initiations chamaniques réactivent l’idée de mourir et
de renaître, et la plupart des traditions spirituelles incluent cette
légende, ce mythe, le plus connu étant celui du Christ mort et
ressuscité.
Dans les traditions chamaniques de la Grande Île Tortue, le
chaman doit subir son initiation pendant plusieurs nuits rituelles :
enterré vivant dans une tombe plusieurs jours et nuits ou laissé seul
dans la nature sauvage pendant plusieurs nuits sans manger, ni
dormir, ni boire, toute référence à la vie quotidienne abandonnée. Il
s’agit d’abandonner l’ancien pour renaître au nouveau, de faire le
contraire de ce que les autres font pour appréhender une autre
réalité, de même que la chauve-souris qui dort la tête en bas.
Renaître nous amène à nous transformer profondément. Cela
nous apprend à faire face à la peur, cela implique de regarder
profondément en nous pour trouver le courage et trouver ce qui
constitue notre être réel, quelque chose d’inaltérable, d’immortel,
qui a tous les pouvoirs et qui constitue la somme des énergies et des
mémoires évoluant d’une vie à l’autre, sans fin. Cela est donné à
condition de savoir mourir aux aspects de nous qui sont limitatifs,
conditionnés, programmés, enfermés dans la peur et dans les idées
préconçues comme le racisme, les préjugés et les mensonges dont
sont faites la plupart des conventions sociales. Pour parvenir à la
réalité de notre moi immortel, nous devons abandonner tout cela.
Certaines traditions appellent cela la « mort de l’ego », cette partie
de nous qui est constituée de notre personnalité, l’être conditionné
qui est souvent prisonnier de ses souvenirs et expériences négatives
de vie.

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La mort chamanique pour renaître au véritable pouvoir du soi,
voilà ce que symbolise la chauve-souris. Les personnes qui ont cette
médecine sont assez rares, car elles doivent sans cesse se remettre
en question, ce qui n’est pas chose confortable ou aisée. La plupart
du temps, les gens ont peur des chauves-souris : elles volent
toujours de nuit, elles ne sont pas des oiseaux... Si l’on pense à la
symbolique que la chauve-souris a revêtue dans l’imagerie
populaire, vampire, buveuse de sang, elle est somme toute assez
péjorative. Ce n’est pas du tout le cas chez les Premières Nations. Je
suis personnellement très heureux quand je les vois. Elles peuvent
dans une seule nuit manger des centaines de mouches piqueuses
tels les moustiques. Bien des fermiers construiront des abris-nids
pour elles pour cette raison; et leur guano est un très bon engrais.
Les études scientifiques modernes ont montré que non seulement
ces animaux n’avaient pas les inconvénients qu’on leur a prêtés
pendant des siècles, mais qu’au contraire, ils sont d’une grande
utilité dans l’écosystème.
Les chauves-souris se dirigent grâce à leur radar et sont
impressionnantes de précision. C’est pourquoi elles ont de si
grandes oreilles. En émettant des sons spéciaux et en écoutant le
rebondissement de ces sons sur les objets les entourant, elles
arrivent à se diriger avec précision dans le noir. C’est pourquoi elles
peuvent vivre de nuit et s’abriter dans des cavernes où il n’y a
aucune lumière. Les voir voler en attrapant les mouches les unes
après les autres à une vitesse phénoménale dans la nuit est un
spectacle d’acrobatie aérienne unique. Ainsi, la médecine de la
chauve-souris, à l’instar des grands chamans, enseigne l’utilisation
du sixième sens, la capacité à trouver les informations et les
ressources avec la vision intérieure, la magie des rituels et
l’intuition.
Nous pouvons faire appel à la médecine de la chauve-souris
lorsqu’il faut abandonner l’ancien pour renaître au nouveau,

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abandonner ce qui est programmé pour parvenir à la lumière pure
de l’être que nous sommes, à l’être divin qui sommeille en nous. En
donnant moins de pouvoir à l’ego ou à la personnalité, nous
parvenons au meilleur de ce que nous pouvons être, pour notre
mieux-être, celui de nos familles et du monde dans lequel nous
vivons. Nous pouvons aussi faire appel à la chauve-souris pour
transcender nos difficultés. La médecine de la chauve-souris peut
nous aider à voir les côtés bénéfiques et positifs des épreuves et
tragédies que nous vivons. Faites aussi appel à la chauve-souris
pour trouver ce qui est caché dans le noir, dans l’obscurité de votre
inconscient et des limbes du temps.

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L e mot clé de la médecine de la grenouille est purification. Le
chant de la grenouille est réputé pour attirer la pluie. La
médecine de la grenouille est celle de l’eau, elle nous enseigne par
exemple à honorer nos larmes, qui sont le bain de l’âme. On dit que
tous les rites et initiations effectués avec l’eau appartiennent à la
grenouille.
Nous sommes un peu comme le têtard, deuxième stade dans la
vie de la grenouille, lorsque nous sommes un embryon dans
l’utérus maternel. C’est là que nous ressentons ce que c’est qu’être
dans un monde fluide.
Quand la grenouille chante, elle appelle les oiseaux tonnerres
pour qu’ils viennent nettoyer et énergiser la terre grâce aux éclairs
et à la pluie.
Lorsque nous rencontrons la grenouille ou qu’elle nous est donnée
comme signe, il est temps pour nous de nous purifier, de nous
renouveler et de régénérer notre âme.
Lorsque nous sommes fatigués, inquiets, frustrés, que nous nous
sentons nerveux, vides, à plat, affaiblis, c’est le moment d’appeler la
médecine de la grenouille, de prendre un bon bain chaud et
relaxant, d’éteindre le téléphone et de prier afin que les vertus
purificatrices de l’eau puissent nous apporter le pardon et le
renouveau. La médecine de la grenouille éliminera les distractions
et remplacera la boue par l’énergie limpide de l’être dans sa
perfection.
Ceux qui ont la médecine de la grenouille sont souvent des gens
dont le travail consiste à purifier les environnements : maisons,
commerces et autres lieux affectés par des énergies discordantes ou
maléfiques.
La grenouille est toujours la bienvenue dans nos jardins. Elle
apporte une énergie qui équilibre l’élément eau dans les plantes, et

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bien des insectes dont le surnombre serait indésirable seront
mangés par la grenouille. Elle est aussi un bon baromètre de
l’écologie des lieux. En observant l’absence ou la présence de
beaucoup de grenouilles, nous pouvons voir si le lieu est malsain
ou rempli de vitalité.
Comme toutes les créatures que le Grand Esprit a créées, la
grenouille répond à ses désirs et nous indique une médecine
particulière et très importante dans nos vies, celle de la purification.

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L e faucon est un messager. Les Premières Nations ont toujours
été habiles pour reconnaître les signes que leur donne la
nature. Cette capacité correspond à la médecine du faucon qui est le
messager des esprits de la nature.
Le faucon a l’œil alerte, il voit avec beaucoup de clarté, loin, et il
est très rapide, encore plus rapide que l’aigle. Il nous enseigne à être
vigilants, observateurs, et à remarquer non seulement ce qui se
passe dans notre environnement, mais ce que nous ressentons
lorsque ces évènements se produisent. Lire les signes veut dire
interpréter l’émotion qui vient avec le signe. L’intelligence du cœur
est le meilleur instrument pour interpréter les messages que nous
donne la nature.
Celui qui sait lire les signes de la nature éveille la magie dans sa
vie. Le Créateur nous donne continuellement des pistes, des
indices, que ce soit pour nous tirer d’une situation difficile et
stressante ou reconnaître ceux et celles avec qui il faut travailler,
vivre et ceux et celles qu’il faut aimer. Le Grand Esprit nous parle
toujours à travers sa Création. C’est pourquoi il faut toujours avoir
l’œil alerte, être attentifs et voir avec clarté non seulement ce qui se
passe à l’extérieur de nous, mais aussi ce qui se passe
simultanément à l’intérieur de nous. Les pensées passent très vite.
Nous devons être vigilants, observateurs et très rapides pour les
saisir au vol et remarquer l’effet qu’elles ont sur nos émotions.
Lorsque nous nous sentons abattus, terrassés, c’est le moment
d’appeler la médecine du faucon. Apprenons à voler avec agilité,
très haut, au-dessus des pensées pesantes du quotidien. Regardons
les correspondances magnifiques qui existent dans la synchronicité
toujours renouvelée de la magie de la nature et des messages du
Grand Esprit.
Le cri aigu et vibrant du faucon nous réveille et nous invite à être

101
plus conscients de chaque instant.
Ceux qui ont la médecine du faucon ont une grande
responsabilité, puisqu’ils voient l’ensemble des situations que
vivent les proches, la communauté et même la nation. Le faucon
n’est pas comme la souris qui doit coller son nez sur les choses pour
les sentir avec ses moustaches afin de les comprendre. Il voit les
paysages de très haut, il voit l’ensemble et, s’il est en équilibre, se
souvient de tout. Sa vie est donc remplie de compréhension et de
sagesse. Il doit ainsi apprendre à partager avec les autres afin de les
aider à voir plus grand et plus loin. Cela est parfois un défi pour le
faucon qui par nature est souvent un être solitaire. Mais il faut faire
l’effort de transmettre les signes et les messages que l’on reçoit, car
un don qui ne sert pas, un talent qui n’est pas utilisé, peut stagner
et devenir putréfaction et moisissure. Pour celui qui porte la
médecine du faucon, les rappels et les signes sont clairs et limpides.
Lorsque le moment de partager est venu, il le sait. C’est sa
médecine, la magie du faucon. Le défi pour la personne faucon,
c’est de voler au-dessus de ses émotions négatives, car c’est la seule
influence qui peut teinter d’illusions sa capacité à voir avec clarté
les signes du Créateur. Nous ne pouvons éliminer les émotions
négatives, elles font partie de la vie. Par contre, il est possible de les
comprendre et de ne pas réagir à leur apparition. Elles sont comme
l’eau qui coule et le vent qui souffle, elles se transforment sans
cesse. Ainsi, si nous les laissons tranquilles, sans leur accorder
d’importance, sans réagir, elles redeviendront ce qu’elles sont en
vérité, les sentiments fondateurs : amour, joie et paix.
Faites appel à la médecine du faucon pour voir avec clarté les
messages du monde avec la limpidité d’un esprit en paix avec lui-
même. Volez très haut avec des pensées élevées et idéales et vous
manifesterez sur terre des bienfaits qui rejailliront sur les sept
générations à venir. Regardez attentivement et dans le calme la
création, la nature, et lisez-y les messages constants et éclairés du

102
Grand Esprit.

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L e papillon nous apporte la compréhension des cycles et des
rythmes de la transformation et de la manifestation. Il participe
de manière très proche aux éléments de l’air, représente les vents de
l’esprit, le changement, la métamorphose, la pensée du Créateur et
la pensée créatrice de l’Homme. Il est aussi le symbole du corps
mental et intellectuel de l’être humain.
Il permet de comprendre dans quelle dynamique nous nous
trouvons dans la manifestation de nos idées et de nos projets. Dans
la vie du papillon, il y a l’œuf, ensuite la chenille, puis la chrysalide
et enfin le papillon. Ainsi en est-il de tout ce que l’on manifeste
dans le monde physique : d’abord nous vient l’idée de ce que l’on
veut manifester (l’œuf), puis il s’agit de trouver les outils pour le
réaliser (la chenille qui mange plusieurs fois son poids dans une
journée), de rassembler ces outils et de les raffiner, de les mettre au
point dans le calme et la solitude (le cocon de la chrysalide), enfin
de le réaliser et de le manifester (le papillon).
Une personne qui comprend ces étapes peut mieux conduire la
réalisation de ses projets. En effet, rares sont ceux qui savent
reconnaître dans une chenille le papillon qui viendra, mais le
pouvoir de sa métamorphose est grand et magnifique.
Celui qui a la médecine du papillon accepte de changer, de
bouger, de ramper avant de voler et sait prendre le temps de vivre
pleinement les étapes de la manifestation, comme prendre le temps
de bien sécher ses ailes en sortant du cocon avant de prendre le
vent.
L’image du cocon est bien indicative de la solitude, de la retraite,
de l’isolement dont nous avons besoin pour rendre le projet ou
l’idée que nous avons à manifester. La vision, le travail acharné, la
retraite et la manifestation sont les étapes nécessaires à la
cocréation. La personne papillon comprend cela et prend le temps

105
de vivre ces étapes pleinement, et elle nous surprend toujours par
ce qu’elle peut accomplir. En réalité, rien n’est impossible, mais
rares sont ceux qui ont la persistance et le courage de travailler
pendant des années et parfois des vies pour réaliser l’impossible.
Le papillon, c’est aussi l’image de la beauté. La fragilité de sa
beauté et pourtant sa persistance et sa résilience sont légendaires.
C’est pourquoi l’apparition des premiers papillons au printemps a
tellement d’impact sur nos consciences. Nous accueillons avec
ferveur leurs beautés retrouvées, car elles contiennent la semence
de nos propres cocréations.
Faites appel à la médecine du papillon pour réussir tous les
projets importants que vous entreprenez. Premièrement, prenez
bien le temps d’évaluer la pertinence du projet : « Est-il profitable
pour toutes nos relations? Quel sera son impact sur les sept
générations à venir? Est-ce que ma conscience reste pure si
j’entreprends ce projet? » Ensuite, rassemblez tous vos outils et vos
ressources et là, travaillez bien fort et bien longtemps, sans trop de
discrimination, le temps de faire le tri dans ce que vous accumulez
comme outils ressources. Ne comptez ni le temps ni les efforts.
Vient ensuite le temps du repos et de la retraite. Calmement et
lentement, alors, prenez le temps d’éliminer ce qui ne cadre pas
complètement avec votre vision, tout ce qui ne s’intègre pas aussi
bien que prévu dans l’œuvre finale. N’ayez pas peur d’attendre, de
vous reposer et de rêver au meilleur résultat. Nos projets se
réalisent toujours, mais sont presque toujours différents de notre
idée de départ. Il faut prendre le temps que s’effectue cette
métamorphose.
Partagez votre création avec le monde et récoltez ses bienfaits;
vous l’avez mérité!

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e porc-épic est un être très paisible, il ne bouge que lentement.
L S’il est attaqué, il ne fait que se rouler en boule. Il va lentement,
mais il est aussi très joyeux et serein.
Il est associé, dans la symbolique des Premières Nations, au cœur,
à l’enfance, à l’innocence, à la capacité de jouer et de prendre plaisir
aux petites choses de la vie. Il nous apprend le sentier, parfois
tortueux, qui mène au cœur et à la confiance, à la confiance en nos
propres capacités et à la confiance en ceux qui nous veulent du
bien. C’est donc un animal du Sud.
Vous remarquerez comment deux enfants se font spontanément
confiance et à quel point, lorsque survient un accident, l’un d’entre
eux pourra pleurer sa peine puis rapidement rendre sa confiance à
l’autre enfant en se réconciliant dans le jeu, même lorsque celui-ci
est la source de l’accident, tel un coup qu’il aura porté. La
confiance, l’innocence et l’amour favorisent l’harmonie, le bien-être,
le pardon, les meilleures relations et la santé émotionnelle.
On raconte une histoire sur cette capacité du porc-épic à
« conseiller » de manière simple et chaleureuse, extraite de
l’ouvrage Les Cartes Médecine de Jamie Sams :

Il était une fois un porc-épic qui jouait avec un arbre creux,


s’endormait dans son trou, le faisait rouler, s’amusait dedans à
cache-cache. Lorsque passa par là un vieil ours grognon, le porc-
épic lui proposa de jouer avec lui. « Je suis trop vieux pour jouer,
rétorqua l’ours, je cherche du miel. Tu es sur mon chemin, va-
t’en. »
« Mais, repartit le porc-épic, on n’est jamais trop vieux pour
jouer! Si tu as oublié ce que c’est d’être un ourson, tu seras
toujours impatient et bête, et les autres s’écarteront toujours de
toi! »
À ces mots l’ours réfléchit, songeant que, étant toujours grognon,

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il était toujours seul.
Il commença à se souvenir des jeux qu’il inventait alors qu’il
était un ourson, puis il dit au porc-épic : « Tu m’as donné une
bonne médecine. J’étais pris dans mes pensées, j’avais peur des
autres et de ce qu’ils pensaient de moi, et je me détournais de leur
affection. » Ainsi se mirent-ils à jouer ensemble avec l’arbre creux,
et ils y prirent bien du plaisir.

La médecine du porc-épic nous enjoint de ne pas nous prendre


trop au sérieux et d’apprécier les choses simples de la vie.
Le porc-épic est éminemment pacifique, mais qui s’y frotte s’y
pique! Sa protection est passive. Ainsi, il ne perd jamais son calme
et peut rester pacifique même devant le prédateur affamé. Cela
nous enseigne une vérité fondamentale : qui a confiance en soi sait
qu’il n’a pas besoin de défendre avec violence ses droits, mais il
doit simplement affirmer dans sa manière d’être ce qu’il est. La
seule affirmation d’être est souvent largement suffisante pour
repousser tous ceux qui nous voudraient du mal. En fait, la
confiance en soi rayonne et crée une bulle de protection
électromagnétique que tous et toutes peuvent ressentir, même si ce
n’est qu’inconsciemment. Ainsi, les intimidateurs et les
manipulateurs ne s’en prennent pas à ceux qui « rayonnent » la
confiance, car ils savent que leurs paroles agressives seront comme
de l’eau sur le dos du canard. Ils savent qu’en fait, ils risquent de
gros problèmes, car celui qui a l’estime de soi ne laissera pas une
atteinte à son intégrité être possible sans mettre en place l’épine et
le piquant policier, légal, judiciaire ou autre pour défendre ses
droits.
Ainsi, faites appel à la médecine du porc-épic pour retrouver la
joie tranquille du plaisir dans les petites choses du quotidien. Ayez
également recours à cette médecine pour retrouver la confiance
dans ce que vous êtes : fils ou fille du Grand Esprit. Inspirez-vous
du porc-épic pour rester toujours calme et vous protéger dans tous

109
les domaines de votre vie.

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L e mot clé de la médecine de la fourmi est patience. La fourmi
peut parcourir des distances considérables afin d’apporter un
peu de nourriture à sa fourmilière. Elle a un pouvoir de travail
ahurissant. Elle ne s’arrête jamais dans ses tâches et elle a une force
incroyable : elle peut porter plusieurs fois son propre poids.
Elle combine le pouvoir de plusieurs animaux : elle est une
bâtisseuse comme le castor, elle a l’agressivité du blaireau,
l’endurance de l’élan, elle sait regarder les détails comme la souris
et donner comme la dinde sauvage.
Cela parce que les fourmis travaillent dans un esprit de groupe,
une communauté où chacune a sa place, où chacune sait ce qu’elle a
à faire. Tous les individus sont au service de l’ensemble, ainsi le
don de soi fait partie de la médecine de la fourmi. Mais la plus
grande de toutes ses médecines est la patience.
Les gens qui ont cette médecine sont très actifs, ils ont un esprit
très communautaire et savent prévoir et planifier comme l’écureuil.
Ils sont contents de faire un peu à la fois tous les jours. Dans la
société d’aujourd’hui et avec cette tendance selon laquelle tout le
monde veut toujours tout, tout de suite, c’est une grande qualité.
Un autre élément de sa médecine, qui est très utile aujourd’hui,
est la capacité d’aller lentement et délibérément et de connaître ce
qui lui appartient. La fourmi a une connaissance de ce qui est dans
son univers et une confiance en cette abondance qui est très
importante. Grâce à cette confiance, elle agit toujours avec une
grande conviction, ce qui lui donne une puissance de travail
exceptionnelle.
Ceux qui possèdent cette médecine savent avoir confiance et faire
preuve de patience dans toutes les situations de vie. Lorsque l’on a
besoin de ces qualités-ci, il est bon de faire appel à la médecine de la
fourmi.

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La confiance en l’abondance de l’univers est parfois oubliée dans
un contexte social et civilisé où conditionnements et
programmations ont été axés sur le sentiment de pénurie afin
d’enlever aux gens la confiance que la nature et l’univers nous
fournissent déjà tout ce qui nous est nécessaire. Ainsi, très
nombreux sont ceux qui sont devenus assujettis à un système plutôt
que souverains dans la nature.
La fourmi peut nous ramener vers notre condition de dieux et de
déesses de la nature, nous ramener à la confiance dans l’abondance
de la nature et du merveilleux univers qui nous donne tout ce dont
nous avons besoin.
Faites appel à la médecine de la fourmi pour trouver votre place et
la garder. Il est important de connaître nos forces et nos faiblesses.
Nos forces sont toujours là où nous avons nos passions, ce dans
quoi nous prenons joie, le travail qui n’est pas un travail parce que
nous l’aimons. Une fois que nous avons trouvé cela, il faut y aller
patiemment, mais sans relâche et trouver par la résonance de nos
convictions les gens avec qui nous pourrons réussir notre œuvre de
vie. Si vous travaillez comme la fourmi, vous aurez une force
inébranlable et pourrez déplacer les montagnes si cela peut servir
votre communauté.

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e cheval est un symbole de pouvoir et de liberté dans les
L communautés amérindiennes.
Les jeunes guerriers et les jeunes braves des plaines avaient
coutume d’essayer de voler des chevaux aux tribus voisines afin de
prouver qu’ils étaient de bons partis pour la femme qu’ils voulaient
épouser, démontrant ainsi qu’ils avaient du courage et du pouvoir.
En particulier chez les grandes tribus de chasseurs des plaines du
centre de l’Amérique, dont la vie était centrée sur le bison, le cheval
était un atout extraordinaire pour se déplacer et pour chasser.
Avant la découverte du cheval domestiqué, les Premières Nations
des plaines étaient très proches de la terre; leurs déplacements
étaient alourdis par leurs possessions, et donc très lents. Dès lors
qu’ils montèrent sur le dos des chevaux, ils furent libres comme le
vent. Cette découverte fut aussi importante pour eux que celle du
feu. Le cheval a eu un tel impact sur toutes les nations du monde
que la société actuellement mesure toujours la puissance des
véhicules moteurs en chevaux-vapeur. C’est un souvenir de cette
époque où le cheval était un partenaire honoré et de grande valeur
parmi les hommes.
Voici une histoire sur l’homme-médecine Dream Walker qui nous
parle du pouvoir du cheval.
Dream Walker était en chemin sur les plaines pour aller rendre
visite à la nation Arapaho. Il portait avec lui sa pipe. Il avait dans
sa tresse une plume qui pointait vers la terre, le désignant comme
un homme de paix.
Du haut d’une colline, il vit une harde de mustangs sauvages qui
venait à lui. Un étalon noir s’approcha et il lui demanda ce qu’il
cherchait. Le cheval lui dit : « Je suis le vide d’où les réponses
arrivent. Grimpe sur mon dos et apprends à entrer dans le vide,
dans la noirceur totale qui donne naissance à la forme. » Dream

115
Walker le remercia et lui dit qu’il viendrait lui rendre visite dans
le temps du rêve lorsqu’il aurait besoin de cette médecine.
Puis s’approcha un étalon doré venant de l’Est où réside
l’illumination. « Tu pourras venir me voir pour trouver les
enseignements qui permettront d’illuminer ta sagesse et ta
connaissance des autres », lui dit-il. Dream Walker « remercia » et
répondit qu’il utiliserait ces dons durant son voyage.
S’en vint alors l’étalon ocre venant du Sud. Se cabrant
joyeusement et fougueusement, il lui parla des joies d’équilibrer le
travail et la médecine pesante avec le jeu. « Tu pourras retenir
davantage l’attention des autres si tu utilises l’humour », lui
expliqua-t-il. Dream Walker le remercia, disant qu’il emploierait
cette médecine au cours de son voyage.
Dream Walker se rapprochait de sa destination, la nation
Arapaho.
Alors vint à lui l’étalon blanc du Nord. Dream Walker monta sur
son dos. Il était le porte-parole des autres chevaux et représentait
la sagesse. Il était l’incarnation d’un bouclier de médecine
équilibrée : « Aucun abus de pouvoir ne mène à la sagesse. Tu as
fait ce voyage pour guérir un frère dans le besoin, pour partager la
pipe sacrée et communier avec la Terre mère. Tu as maintenant la
connaissance du Grand Esprit. Je te porte sur mon dos. La sagesse
n’est pas accordée aisément, mais elle l’est à ceux qui sont prêts à
la porter de manière utile. » Dream Walker fut guéri par les
chevaux sauvages, et il savait que son but en rendant visite aux
Arapahos était de partager cette sagesse avec eux.
Cette histoire nous rappelle qu’il faut équilibrer notre médecine.
Elle enseigne l’importance d’intégrer tous les aspects de notre
sentier sur terre. Il y a de nombreuses dimensions dans notre
existence, représentées dans cette petite histoire par les corps
physique (Sud), émotionnel (Ouest), mental (Est) et spirituel
(Nord). Chaque direction et les points cardinaux, aussi appelés les

116
« grands-pères des quatre vents », représentent des aspects de notre
sagesse innée. Notre potentiel tient aux quatre dimensions de notre
manifestation : le physique, l’émotionnel, le mental et le spirituel.
Ces aspects de notre être doivent être en équilibre pour que notre
pouvoir puisse être juste et vrai, puissant et bénéfique. Par exemple,
trop de spirituel et pas suffisamment de physique conduit aux
illusions et à l’orgueil. La compassion, l’ouverture aux
enseignements, l’attitude aimante, la vie équilibrée, le fait de rester
centré et le partage de nos dons et de nos capacités avec la
communauté sont les portes du véritable pouvoir.
Cette histoire nous illustre bien l’importance du pouvoir dans
notre vie personnelle. Le pouvoir ne sait pas grandir en nous de
manière équilibrée si ne viennent pas conjointement l’humilité et le
sens des responsabilités. Avec chaque pouvoir vient une
responsabilité. C’est pourquoi la recherche de pouvoir spirituel
dans les Premières Nations est toujours tempérée par une réflexion
profonde et une mise à l’épreuve par les aînés avant d’être autorisée
et célébrée.
Il est bon et il est bien d’acquérir du pouvoir, mais il est nécessaire
de comprendre qu’il doit être utilisé avec sagesse, discernement et
compassion, pour le bien de tous et de toutes, sans quoi les pièges
du pouvoir nous conduiront dans une spirale descendante qui
mène à la ruine et à la solitude.
De tous les animaux, le cheval tient une place toute spéciale dans
l’histoire de l’Homme. Il est constamment célébré dans toutes les
nations pour sa beauté, sa force, sa noblesse, sa douceur et sa
volonté d’aider. Il a été domestiqué et il est pourtant un symbole de
liberté. C’est pourquoi bien des anciens ont trouvé tellement triste
la journée où l’automobile a supplanté le cheval comme mode de
locomotion. Pour eux, il s’agissait d’une grande perte pour
l’homme. Dans un pays scandinave, une ville a choisi de revenir au
cheval pour collecter les ordures recyclables. En quelques mois, sa

117
collecte a doublé. Tous les citoyens voulaient sortir porter leurs
matières récupérables pour pouvoir dire bonjour au grand cheval
de trait qui tirait la benne. Les dépenses de cette municipalité ont
diminué, car l’entretien du cheval coûte beaucoup moins cher que
le camion et ne produit pas de pollution. Le cheval se répare tout
seul au contraire du camion. Tout ce dont il a besoin, ce sont de
bons soins; de plus, il produit de l’engrais pour les jardins. Il est
beaucoup moins dangereux qu’un véhicule, car il s’arrêterait
automatiquement si un enfant se mettait dans son chemin. Je
m’arrête là, vous voyez aisément tous les avantages qu’il y a entre
la vie et la machine.
Un homme riche, qui travaillait beaucoup et vite, rencontre son
frère qui conduisait sa carriole tirée par son fidèle cheval de trait. Il
s’arrête et l’interroge : « Regarde ma belle voiture, j’arrive beaucoup
plus vite à destination avec elle. Pourquoi tu t’entêtes à utiliser un
transport si archaïque? » Son frère répondit : « Ton moteur fait un
bruit infernal qui empêche une pensée juste. Il sent mauvais et ses
vapeurs sont toxiques et elles empoisonnent l’air. Ta voiture est
dangereuse et produit du stress, puisqu’il te faut constamment
surveiller la route pour ne pas blesser les autres, et encore par
mégarde, tu tues parfois de petits animaux qui traversent le
chemin. Il te faut des routes asphaltées et dures qui sont comme
une plaie sur la Terre mère. Parfois, il se brise et tu dois dépenser de
l’argent et du temps pour le faire réparer. Il te coûte très cher, ce qui
t’oblige à travailler de longues heures pour le payer. Ta voiture
ainsi raccourcit la durée de ta vie… Mon cheval, c’est un ami. Lors
de mes trajets, je peux lui raconter mes problèmes et il m’écoute.
J’arrive à destination avec davantage de sagesse qu’à mon départ.
Mon cheval se répare tout seul et il sait se reproduire, donc il dure
beaucoup plus longtemps et me coûte beaucoup moins cher que ta
voiture. Ses déjections me servent d’engrais. Son pas lent et régulier
me relaxe et me permet d’apprécier mon environnement. Et il sait
où il va. Si je suis fatigué, je peux m’endormir sur ma carriole.

118
Lorsque je me réveille, je suis rendu à destination! Ainsi, le cheval
prolonge mes jours, me donne de la joie, favorise la beauté et la
santé de mon environnement et celle de ma famille et de ma
communauté! »
Le vrai pouvoir est dans la vie. Les illusions du progrès
technologique empoisonnent la structure même de notre ADN qui
devient de plus en plus atrophié. Le cheval nous donne un aperçu
des richesses perdues au profit de machines aveugles et sourdes qui
conduisent l’homme à la dépendance, à la maladie et à la mort.
La mission, la raison d’être de l’Homme, c’est de créer sur terre de
merveilleux jardins remplis de beauté et de paix, des familles
heureuses et en santé.
Faites appel à la médecine du cheval pour retrouver votre pouvoir
et la liberté d’être cocréateur du paradis sur terre!

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a belette est un petit carnassier incroyablement actif et
L énergique. Pour survivre, il lui faut manger un tiers de son
poids plusieurs fois par jour.
Elle est un prédateur impitoyable, et sa taille mince et allongée lui
permet de s’introduire dans les terriers de souris et d’autres
rongeurs.
Son nom, « petite belle », symbolise bien la beauté féminine de ses
formes.
La belette sait se faufiler partout à grande vitesse, sans être
aperçue, tandis que sa cousine, l’hermine, change de couleur l’hiver
pour devenir blanche. Elle sait ainsi passer inaperçue sur la neige.
Ceux qui ont la médecine de l’hermine et de la belette sont les
meilleurs espions qui soient. Ils sont très observateurs et rien ne
leur échappe. Ils apprendront ce que vous leur cachez, retrouveront
le trésor ou vous videront les poches et seront repartis avant que
vous n’ayez eu vent de leur présence.
Certains grades de juges en France et en Suisse, et la royauté
européenne, ont toujours porté la fourrure de l’hermine. C’était là le
signe qu’ils savaient se renseigner et apprendre ce qui se passait au
loin, même sans y être personnellement présents. C’était le symbole
de leurs services de renseignements efficaces et discrets.
C’est l’hermine qui est venue annoncer aux peuples des Premières
Nations d’Amérique du Nord l’arrivée du peuple blanc et celle des
bateaux.
Elle leur a dit : « Ces frères étrangers vous diront que la manière
dont vous vivez est mauvaise et vous rempliront de confusion avec
leurs écorces qui parlent. Ils ont volé le tonnerre du ciel, l’ont
enfermé dans leurs armes et s’en serviront pour vous tuer. Ils n’ont
aucun respect pour nos frères et sœurs, les bêtes et les oiseaux, et ils
les tueront également. Ils sont trop nombreux pour pouvoir les

121
compter et vous prendront tout ce que vous possédez, sauf votre
esprit. La grande ombre obscure de l’oiseau vorace de la mort
s’étendra sur les nations. »
Ceux qui ont la médecine de l’hermine et de la belette sont de fins
observateurs : ils vous donneront toujours davantage
d’informations sur les situations et les circonstances que vous avez
vécues que ce dont vous vous êtes aperçu.
Ils sont très utiles dans toute organisation et doivent toujours
conserver une place discrète au service des dirigeants de ladite
organisation. Ceux qui ont la médecine de la belette sauront
toujours se tirer d’affaire, car ils sont plus rapides et plus perceptifs
que la moyenne des gens. En revanche, ils ne doivent jamais se
mettre en évidence et ne sont pas taillés pour la célébrité ou le
leadership.
C’est une médecine très utile. Elle saura protéger ceux qui la
possèdent.
Faites appel à la médecine de la belette lorsque vous soupçonnez
des gens dans votre environnement de n’être pas tout à fait nets.
Ayez également recours à cette médecine pour passer inaperçu
dans les endroits sombres et dangereux ou pour obtenir rapidement
ce dont vous avez besoin lorsque l’environnement semble vouloir
vous en priver. Puis, servez-vous de sa vitesse et de sa ruse afin
d’obtenir les renseignements nécessaires à la santé et la sécurité de
votre famille et de vos proches.

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a corneille est la gardienne de la loi divine. Elle est celle qui
L peut modifier les lois de la création, parce qu’elle les connaît
bien.
Elle est le patron des shapeshifters4, ceux qui peuvent modifier leur
forme physique. C’est une médecine extrêmement rare qui permet à
celui qui la possède de prendre une forme autre que la sienne. Il
peut devenir la mouche sur le mur qui écoute tout ce qui se dit dans
le camp d’à côté, le lynx qui se faufile dans la nuit pour changer de
territoire, l’aigle qui vole très haut dans le ciel et voit tout le pays et
ceux qui s’y déplacent, l’élan qui avance rapidement et longtemps
pour fuir toute forme de danger... Extrêmement rares sont ceux qui
ont cette capacité de changer de forme.
Les gens qui ont la médecine de la corneille sont nos maîtres de
l’illusion, puisqu’ils ont trouvé les portes vers le surnaturel. Ils ont
obtenu cette connaissance en interrogeant les lois de la création. Dès
lors qu’ils les connaissent bien, ils comprennent comment ils
peuvent les modifier pour qu’elles répondent à leurs désirs et à
leurs besoins. Il faut comprendre ici que la loi divine, la loi sacrée,
n’est pas la loi des hommes. Il faut faire la distinction pour
comprendre la réalité du monde dans lequel nous vivons.
Ainsi, la corneille est la gardienne des livres et des textes sacrés.
Elle est aussi la protectrice des archives akashiques, ou ogallah
(terme indien), appelées le « temple de la compréhension » par le
peuple cherokee. En ce lieu situé dans les mondes subtils sont
écrites les histoires des nombreuses vies de tous les hommes et
femmes qui ont existé et qui viendront. La corneille est aussi la
protectrice des loges noires, ces loges de femmes où sont enseignés
les mystères féminins. La loi qui affirme que toutes choses sont nées
d’une femme est représentative de la corneille.
L’apparition de la corneille est toujours signe d’un changement.

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On dit d’elle qu’elle voit les trois temps : passé, présent et futur.
La corneille regarde chaque chose avec un œil et ensuite avec
l’autre. Une personne qui a la médecine de la corneille aura souvent
un strabisme : ses yeux ne regardent pas dans la même direction.
Dans les cultures autochtones, souvent, les personnes qui
louchaient étaient celles à qui l’on confiait le devoir et le privilège
de regarder l’avenir.
Il est très important, pour les personnes qui ont la médecine de la
corneille, de toujours être justes dans ce qu’elles disent et ce qu’elles
font, de connaître leur vérité et de toujours l’exprimer.
Ceux qui ont la médecine de la corneille et qui ne respectent pas
cette loi se retrouveront facilement dans des situations dangereuses
et extrêmes. Ce sont des rebelles, ceux qui ignorent la vérité, qui se
permettent de tricher, qui disent que les promesses sont faites pour
être brisées... Les seuls perdants dans ce genre de situations sont les
tricheurs eux-mêmes. Mais, il est relativement facile pour les gens
de la corneille de modifier leur réalité et de revenir à la vérité et à la
voie juste et étroite.
Il n’est pas recommandé de faire appel à la médecine de la
corneille, à moins que cet oiseau ne soit votre totem. Sa médecine
est trop puissante à gérer pour celui ou celle qui n’a qu’une
compréhension sommaire des lois universelles. Il est trop facile de
faire des erreurs dans ce domaine et les retours sont alors à la
mesure des lois immuables de l’univers. N’oubliez pas que la
corneille vous surveille toujours, avec un œil et ensuite avec l’autre!
Seuls les sages qui ont purifié leur âme et leur esprit dans l’eau pure
de la compréhension peuvent sans danger faire appel à la médecine
de la corneille.

4. Traduction libre de l’auteur : changeformes.

125
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a libellule est celle qui enseigne l’art de voir au travers des
L illusions. En anglais, la libellule est appelée dragonfly, ou
« mouche-dragon ». Or la libellule comporte les médecines des
dragons et des changeformes.
Si on l’observe attentivement, on a l’impression que ses ailes sont
faites d’écailles transparentes qui reflètent toutes les couleurs de
l’arc-en-ciel, mais suivant des tons très rares. On rapproche ces
écailles de celles du dragon qui, comme elle, savait travailler avec
les élémentaux, ces petits esprits de la nature, ceux des plantes, de
l’air, de l’eau, de la terre et du feu.
En effet, la libellule porte la médecine des éléments. La larve vit
dans l’eau, elle éclot sur terre, elle vole dans les airs et dans
l’« iridescence » des membranes de ses ailes, nous voyons toutes les
couleurs du feu et de l’arc-en-ciel. Ceux qui maîtrisent le travail
avec les éléments ont parfois une relation spéciale avec la libellule.
De tous les insectes, c’est elle qui vole avec le plus de dextérité et
de vélocité. C’est un prédateur hors pair. Nous sommes toujours
enchantés de les voir dans notre environnement, car, en plus de
leur beauté, elles mangent tous les insectes piqueurs : maringouins,
mouches noires, brûlots, etc.
Elle nous enseigne à voir au-delà des apparences. Elle nous
enseigne à voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’elles
nous apparaissent à travers nos filtres, nos préjugés, nos
conditionnements et les limitations imposées par notre ignorance.
Apprendre à voir clair, au-delà des illusions et des apparences,
nous libère de ces forces, de ces énergies qui pompent notre propre
énergie, qui font baisser le moral et la vitalité. Lorsque l’on entre
dans le monde chatoyant des esprits de la nature, ces beautés que
l’on retrouve près de l’eau, des arbres, des endroits venteux et des
feux sacrés, on se rapproche de l’essence de ce qu’est l’Homme.

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Ceux qui sont attirés par la libellule ou de qui elle est le totem sont
bien souvent des personnes hautes en couleur, dotées d’une grande
énergie et de la capacité de réaliser des choses surprenantes qui
parfois paraissent surnaturelles, mais qui, en réalité, ne font que
répondre à des lois tout à fait naturelles et au pouvoir cocréateur de
l’Homme. Elles savent nous raconter des faits ordinaires pour qu’ils
reflètent les mystères de la vie. Ainsi, des évènements quotidiens et
habituels deviennent soudainement intéressants et magiques. Ceux
qui ont le totem de la libellule font de merveilleux conteurs. Ce sont
aussi des gens qui savent parfois communier avec les éléments.
Cette science d’autrefois est presque éteinte aujourd’hui. Pourtant,
avec le réchauffement climatique et le chaos météorologique qui se
manifestent partout sur terre en ces jours de fin de cycle, nous
aurions bien besoin de ceux qui savent apaiser les éléments!
Ils étaient rares, mais merveilleux, ces jours où les dragons étaient
encore avec nous. Seuls les plus grands sages, ceux qui avaient
maîtrisé tous leurs désirs et leurs énergies, savaient guider ces êtres
fabuleux. Il y a à peu près un siècle maintenant que les derniers ont
été aperçus en Amérique, presque complètement endormis au fond
des cavernes dans des montagnes oubliées. Ils sont maintenant
partis dans d’autres dimensions, car tel est leur pouvoir, et ne
reviendront que lorsque d’autres sages puissants et accordés avec
les éléments pourront à nouveau les apprivoiser et les guider.
Nous disons de la libellule qu’elle est la protectrice des gardiens et
gardiennes de paix. C’est un fait que les rassemblements d’aînés qui
prônent la paix et la sagesse pour guérir les maux du monde
reçoivent souvent la visite de nuées de libellules qui se tiennent
pendant plusieurs minutes en dansant sur place dans les airs. Je les
ai souvent vues dans les aires de rencontre extérieures de ces
assemblées de sages.
Faites appel à la libellule pour mieux comprendre le petit peuple,
le monde des lutins et des elfes, des gnomes et des sylphes, des

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ondines et des salamandres, ces petits êtres qui soignent les plantes
et les éléments du monde naturel. Ayez également recours à cette
médecine pour voir avec clarté la magie du quotidien, mais sans
tomber dans les illusions de ce que nous voudrions voir plutôt que
la réalité de ce qui est. Puis, faites appel à elle pour protéger ceux
qui défendent nos droits et nos libertés dans la résistance pacifique
aux forces de l’ombre qui voudraient nous asservir et aspirer nos
forces vives dans les noirceurs d’un système technocratique.

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a mouffette est un animal d’Amérique du Nord qui enseigne la
L médecine du respect et de la prestance d’être que confère la
confiance en soi.
La mouffette est capable de projeter de son orifice anal un double
jet d’un liquide très malodorant avec une précision extraordinaire à
plus de quatre mètres. Elle n’a que peu d’ennemis naturels hormis
le grand duc. En effet, la réputation de la mouffette la précède. Tous
les animaux, ainsi que les êtres humains, lui donneront largement la
place et ne voudront jamais la déranger. Elle ne menace pas votre
vie, mais vos sens! Lorsqu’elle est attaquée ou menacée, la
mouffette arrose ses prédateurs d’une sécrétion à l’odeur très
puissante et terrifiante. Ainsi, elle n’est presque jamais dérangée.
Grâce à cette confiance qu’elle tient de son odeur qui indique
immédiatement à son entourage de quel bois elle se chauffe, la
mouffette est nonchalante et joueuse. Il n’y a qu’à voir avec quelle
assurance elle se dandine pour traverser une route pour
comprendre que c’est un être qui n’a peur de personne. Pourtant,
elle est douce et facile à apprivoiser.
J’ai rencontré une fois une petite mouffette une nuit de prière
intense. J’étais assis avec la pipe sacrée sur mon lit, dans une
chambre de motel avec la porte-fenêtre grande ouverte sur les
champs de la campagne près de Gentilly, au Québec, un soir de
grande lune. Elle était venue, toute jeune, se coucher sous le lit,
attirée par les vibrations de ma prière. Je l’ai entrevue du coin de
l’œil, disparaître sous le lit tellement furtivement que je n’étais pas
certain de l’avoir aperçue. Après la cérémonie, j’ai soulevé les
couvertures et je l’ai regardée couchée exactement sous l’endroit où
je m’étais assis sur le lit. Elle me regardait sans peur, couchée bien
confortablement, le menton au sol, avec l’air de dire : « Chouette
prière! » J’aurais volontiers accepté sa présence, mais je me voyais

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mal me lever à moitié endormi la nuit et lui faire peur. Mais,
surtout un départ rapide le lendemain matin et un employé de
ménage qui viendrait sûrement assez tôt la déranger avec des
énergies beaucoup moins paisibles. Aïe! Je ne pouvais me permettre
de la laisser là. Je cognais le sol avec la main à côté d’elle, sans
qu’elle réagisse, sinon pour me regarder avec un air interrogateur.
Faire tomber la valise près d’elle lui a fait lever la queue
légèrement. Pas une bonne solution. Ce n’est qu’avec beaucoup de
fumée de sauge dirigée avec ma plume d’aigle sur elle qu’elle a
enfin consenti à quitter les lieux. Sur le pas de la porte-fenêtre, elle
s’est retournée vers moi et j’ai distinctement entendu une voix dans
ma tête me dire : « J’aurais bien aimé rester! »
La médecine de la mouffette nous enseigne l’importance
d’assumer nos convictions en nous respectant nous-mêmes. Si nous
accomplissons ce que nous disons, si nous sommes fidèles à la
parole donnée, nous créons une position de force, de respect et de
confiance et nous aurons alors une réputation honorable. Une
personne qui a l’habitude de toujours réaliser ce qu’elle annonce
dégage une aura de confiance qui éloigne tout manipulateur.
La mouffette nous apprend à être complètement et totalement qui
nous sommes. Lorsque nous sommes bien dans notre peau,
confiants en nos capacités, nous attirons naturellement les
personnes qui pensent comme nous et avec qui nous sommes en
harmonie. De même, nous repousserons naturellement tous ceux
qui ne sont pas en harmonie avec nous.
Lorsque l’énergie de la personne mouffette est déséquilibrée, elle
donne souvent de mauvais signaux, particulièrement sur le plan
sexuel. C’est l’un des pouvoirs de la personne mouffette de savoir
attirer la personne du sexe opposé par sa prestance et, littéralement,
son odeur. Cela est bénéfique lorsqu’elle est en équilibre, car la
personne mouffette sait quand et comment dégager ses effluves
d’attirance et ne le fera que lorsqu’elle voudra trouver la bien-aimée

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ou le bien-aimé ou encore nourrir la relation dans laquelle elle se
trouve. Par contre, en période de déséquilibre, cette capacité peut
attirer les mauvais partenaires et ces personnes ont parfois tendance
à la dépendance affective et sexuelle.
Par ailleurs, la mouffette est un animal nocturne. Ainsi, les
personnes qui ont sa médecine sont à l’aise dans un travail de nuit.
Faites appel à la médecine de la mouffette pour cultiver la
confiance en vous et la parole juste, pour apprendre à parler de
votre vérité avec clarté. Respectez vos engagements, et si cela
s’avère impossible, avertissez immédiatement les personnes
concernées de la situation. Prenez soin de votre apparence, non pas
pour la maquiller, mais pour qu’elle reflète qui vous êtes vraiment.
Ne changez pas votre apparence selon les circonstances, ou le
moins possible. Il est judicieux que les autres sachent qui vous êtes
et qu’ils puissent comprendre que vous serez toujours fidèle à vous-
même.

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L es mots clés de la médecine de la perdrix sont spirale de vie. La
perdrix qui danse en spirale est une image qui se retrouve
partout dans l’iconographie des Premières Nations d’Amérique du
Nord. Elle était autrefois l’un des animaux les plus prolifiques
d’Amérique du Nord.
Toute énergie dans l’univers, la tornade aussi bien que la création
d’une galaxie, se meut en spirale. Au sein de la spiritualité des
peuples premiers, la spirale a toujours été une porte pour obtenir
des visions ainsi qu’une connexion au Divin. Les Amérindiens,
lorsqu’ils entreprenaient une quête de vision, se dessinaient
souvent des spirales sur le corps afin de favoriser leur connexion au
Grand Esprit et l’obtention de visions.
Nous avons des danses de méditation qui utilisent la spirale pour
ouvrir les méridiens d’énergie du corps, ce qui favorise une
meilleure santé et une plus grande clarté d’esprit. Parmi bien des
Premières Nations, on retrouve des danses honorant la perdrix, et
elles sont toujours effectuées en spirale.
La médecine de la perdrix permet d’accéder à une compréhension
plus holistique de notre sentier de vie. L’utilisation de la spirale en
danse et en méditation ouvre les chemins de l’intuition et de la
santé. En effet, il est plus aisé d’accéder à une grande clarté d’esprit
et d’intuition en étant dans le mouvement plutôt que dans
l’immobilité. C’est ce qu’enseigne la médecine de la perdrix.
Par ailleurs, la femme perdrix est maîtresse du subterfuge. Afin de
protéger ses petits contre l’approche d’un prédateur, la perdrix
cache les poussins et elle mime une aile cassée en s’éloignant,
clopin-clopant, à une allure qui invite le prédateur à la prendre en
chasse. Elle maintient cette allure, juste assez lente, pour préserver
l’intérêt du prédateur. Puis, aussitôt qu’elle est assez loin de ses
petits, elle s’envole dans la direction opposée, laissant le prédateur

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sur sa faim inassouvie. Ainsi, les femmes qui ont la médecine de la
perdrix savent jouer la comédie nécessaire à l’obtention des
meilleures conditions de vie pour leurs enfants, ce qui est un atout
certain dans le système auquel nous faisons face aujourd’hui.
Quant à l’homme perdrix, il affiche une grande prestance. Il aura
beaucoup de succès dans tous les arts de la scène. Il sait maintenir
une belle clarté du mental, ce qui le rend efficace dans tous les
milieux de travail où la réflexion et la création sont de mise.
Nous devrions tous apprendre à danser en spirale et à honorer la
perdrix, qui est aussi un grand signe d’abondance. L’abondance est
une loi de l’univers, une loi que l’Homme civilisé oublie trop
souvent dans sa peur de manquer de tout et de rien. Ceux qui
jardinent et cultivent les fermes et les jardins remarquent que la
nature nous donne très souvent beaucoup plus que nos besoins.
Reposons-nous donc sur la médecine de la perdrix, dansons les
joies de l’abondance et honorons la spirale de vie.

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es mots clés de la médecine de la souris sont confiance,
L innocence, amour et attention au détail. La souris est associée au
Sud. Elle symbolise la confiance et l’innocence qui donnent
l’énergie de la foi, cette foi qui peut déplacer des montagnes. Ce
sont aussi la confiance et l’innocence propres à l’enfance. Ceux qui
ont la médecine de la souris gardent un esprit jeune lorsqu’ils
envisagent ce qui les entoure. Ils font attention aux détails pour
mieux comprendre. La petite souris, lorsqu’elle est intriguée par
une graine ou un objet qu’elle a trouvé, l’apporte dans sa tanière
pour l’examiner plus tard afin de mieux le comprendre. On dit
parfois des gens qui ont le totem de la souris qu’ils font de
l’entassement, de l’accumulation jusqu’à l’encombrement, mais ce
n’est pas le cas. La souris range tout dans un ordre qui lui permet
de retrouver rapidement ce qu’elle cherche. Elle ramasse non pas
pour accumuler, mais bien pour mieux comprendre plus tard.
Ainsi, la souris est celle qui préside à l’éducation, puisqu’un des
attributs de l’éducation consiste en la classification du savoir.
Aussi, la personne qui a la médecine de la souris est très
organisée. Elle peut être très utile au sein de n’importe quel groupe,
mais parfois certains trouveront ses talents frustrants. En effet, elle
remarquera le moindre détail qui n’aura pas sa cohérence dans un
projet et y reviendra sans cesse jusqu’à sa satisfaction.
Les personnes qui ont la médecine de la souris ont très peu d’ego
et, dès lors que nous sommes habitués à leur minutie qui est parfois
agaçante, elles sont assez agréables à vivre.
Les souris sont très utiles à l’écologie : elles aèrent le sol en faisant
des trous partout. Elles sont la nourriture principale d’un grand
nombre de prédateurs, du fait de leur reproduction très prolifique.
L’homme souris est une personne capable d’un niveau de
concentration extraordinaire. Il excellera dans tout travail qui

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s’attache aux détails : recherche scientifique, comptabilité,
organisation de projets complexes, gestion d’informations...
La femme souris est une maîtresse de maison hors pair, toujours
active. Rien ne lui échappe dans son environnement, ce qui lui
permet de créer des milieux de vie extrêmement bénéfiques.
Le principal défaut des personnes qui ont la médecine de la souris
est de ne pas voir la grande image. Elles ne savent pas prendre du
recul et parfois se laissent attraper par l’aigle parce qu’elles sont
trop attentives aux petites graines sur le sol. Par contre, leur amour
et leur confiance permettent une abondance sans fin qui garantit
pour toujours la pérennité de leur famille.
Faites appel à la médecine de la souris pour cultiver l’amour pour
vos proches et la compassion du prochain. Ayez également recours
à cette médecine pour reprendre confiance dans la vie et pour
augmenter votre minutie dans le travail et votre efficacité dans
l’organisation domestique et professionnelle.

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L e mot clé de la médecine du corbeau est magie. Il ne faut pas
confondre ici le corbeau et la corneille, bien qu’ils soient
souvent confondus dans la mythologie occidentale et même dans
l’approche scientifique. Le corbeau est très grand et gros, c’est le
plus volumineux de son espèce.
Le corbeau est noir. Il symbolise l’obscurité du vide qui est la
demeure de tout ce qui n’est pas encore manifesté dans la forme. Ce
vide, c’est le Grand Mystère, qui a toujours existé et dont émerge la
pensée du Grand Esprit manifestant la création et tout ce qu’elle
contient.
Le corbeau est le messager du vide, le messager du Grand
Mystère. Son apparition signale souvent une modification de la
conscience. À travers son apport, nous pouvons voir davantage de
magie dans la vie et recevoir les messages qui nous éclairent sur la
raison d’être des choses.
Dans la culture des Premières Nations, la couleur noire signifie
bien des choses, mais elle ne représente pas quelque chose de
maléfique ou de mauvais. Le noir, avec l’iridescence bleue du
corbeau, parle de l’adaptabilité de la forme qui mène à l’éveil et à
l’illumination.
Le corbeau est le gardien de la magie cérémoniale et de la
guérison à distance. Il permet de saisir du vide la perfection de la
forme qui n’est pas encore manifestée pour dissiper tout mal-être et
maladie. Il est le messager des énergies de la guérison et des
énergies de la guérison à distance. C’est l’animal totem que nous
choisirons pour porter les énergies de nos cérémonies et de nos
soins au loin vers ceux qui en ont besoin.
N’essayez pas de comprendre les messages du corbeau, ils sont
au-delà de la compréhension du mental et de l’intellect. Ils parlent
de la magie du monde et de la manifestation de la création venant

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du vide. Cette magie est la porte qui mène vers la lumière et qui
nous permet de modifier notre conscience ainsi que les
circonstances de la vie qui nous entourent.
Par son énergie, le corbeau possède des capacités d’intelligence et
de longue vie qui le distinguent de tous les autres animaux. Son
langage est très varié également, et il sait même imiter les sons
humains. Il peut devenir un familier d’une rare puissance pour
chamans, sorciers et sorcières qui voudraient l’apprivoiser.
Si vous voulez appeler les ancêtres, demandez au corbeau de
relayer votre message. Faites appel à la médecine du corbeau pour
reconnaître dans les évènements ordinaires de la vie la puissance de
la création qui sous-tend toute chose et qui permet d’utiliser le mot
et le geste pour modifier et transformer les circonstances de vie qui
nous entourent. Soyez expressif dans la folie chamanique qui danse
la frénésie de la création, et transformez le monde autour de vous.
Soyez magicien pour obtenir de la vie tout ce qu’elle peut vous
donner!

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L e coyote, souvent appelé « chien sacré » par les peuples des
Premières Nations d’Amérique, est le rusé, le finasseur et le
farceur.
C’est celui qui joue des tours qui souvent se retournent contre lui-
même. Il existe des milliers d’histoires dans la mythologie
amérindienne qui parlent du coyote et de ses pouvoirs magiques
qui se retournent souvent contre lui. Personne n’est plus étonné du
résultat de ses tours que le coyote lui-même, et malgré toutes les
bosses et les égratignures de ses milliers d’aventures, il survit
toujours pour connaître un autre jour de folie sacrée.
C’est le coyote qui a défini l’art de l’autosabotage à la perfection. Il
est parfois tellement sérieux et pris dans ses illusions qu’il ne voit
pas ce qui est évident devant lui. Il se fait écraser par un camion et
ne le croit pas : « C’était vraiment un camion?! » Il se lève pour aller
voir et se fait écraser de nouveau!
Ainsi, la médecine du coyote, c’est l’humour des âges. La
médecine du rire est très importante dans les communautés
autochtones en Amérique. La capacité de savoir rire de soi-même
permet une évolution rapide. Le rire est cette capacité de déloger
dans le plexus solaire d’anciens traumatismes afin de les
transformer. Il permet de dénouer, de décristalliser les anciens
schémas de comportement qui ont été construits sur les
traumatismes du passé et les erreurs de perception.
Les peuples des Premières Nations enseignent souvent par la
taquinerie. Lorsqu’une personne a un comportement inadéquat,
plutôt que d’utiliser la punition qui éveille dans l’être une révolte
instinctive, ils la taquinent. Ainsi, la personne apprend-elle à rire
d’elle-même, même si parfois elle rit jaune, plutôt que de se
refermer sur elle-même, ce qui se produit souvent lorsqu’on adresse
des reproches à une personne qui manifeste des comportements

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dérangeants. Cela n’est pas propice à la transformation. Dans la
taquinerie et le rire, il n’y a pas d’attaque directe contre une
personne qui reste alors plus souvent ouverte. S’il y a
compréhension, la transformation s’opère d’elle-même. Cette
méthode d’enseignement ne fonctionne pas aussi bien dans les
sociétés occidentales parce que le système enseigne l’humiliation
pour conditionner les comportements. C’est une méthode abjecte
qui a fait souffrir des milliers d’enfants dans les écoles et dans les
familles. Ainsi, le rire est souvent perçu comme une attaque contre
la personne. Alors elle se ferme et réagit même négativement, ce qui
n’est pas le cas dans les communautés autochtones où le respect et
la liberté de l’individu sont sacrés. Il est très important de connaître
cette nuance puisque le rire est un puissant moteur de
transformation et d’évolution. Lorsque des comportements
affectaient de nombreuses personnes dans la communauté, un outil
souvent utilisé pour modifier ces comportements était la saynète
comique. Quelques personnes préparaient un petit sketch
humoristique qui illustrait le comportement et les désagréments
causés par ce même comportement. Lors d’une rencontre
communautaire, lorsque tous et toutes étaient présents, ces
personnes faisaient leur petit théâtre où tous et toutes
reconnaissaient les personnes concernées. Voir des comportements
dérangeants, et donc illogiques hors contexte, est hilarant. Ce sont
des moments très drôles où tout le monde s’amuse aux dépens de la
personne concernée. Puisqu’il n’y avait pas d’attaque directe contre
elle, mais l’inconfort d’être l’objet des rires de tous, la personne
changeait beaucoup plus facilement et rapidement ses
comportements. Cette méthode est beaucoup plus humaine et
efficace que le système récompense-punition des Occidentaux.
C’est un peu la magie aussi des histoires du coyote. Par ses
histoires, le peuple illustrait de manière très drôle les folies dans
lesquelles nous nous complaisons, ces comportements neurotiques
et égoïstes que nous avons tous connus. Un rire allège l’ambiance et

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permet d’apprendre rapidement. C’est la médecine du coyote.
Nous sommes peu de choses dans ce monde. Savoir rire de nous-
mêmes nous remet à notre juste place. Ainsi, nous pouvons
travailler avec la joie et l’humour sauvage pour augmenter notre
vitalité et notre capacité d’apprentissage.
Ceux qui ont la médecine du coyote sont parfois appelés les
« contraires ». Rares sont les femmes qui ont cette médecine, et avec
raison : c’est l’une des médecines les plus difficiles et elles ont autre
chose à faire! Pour celles qui portent les générations futures, ce n’est
pas la meilleure médecine. Le contraire doit faire rire les autres, et il
le fait souvent en faisant tout à l’opposé des autres. Il chevauche le
cheval, le visage vers la queue, sans regarder où il va; il se couvre
d’épais vêtements en été et de chemises légères en hiver; il se lève
quand les autres s’assoient et s’assoit lorsqu’ils se lèvent! Plusieurs
nations avaient de ces clowns sacrés qui étaient appelés heyokas
chez les Sioux. C’était sans conteste les plus puissants chamans et
les plus surprenants! Si vous voulez lire la biographie d’un tel
homme, il y a ce merveilleux volume aux éditions Présence Image
& Son, De mémoire indienne – En quête d’une vision, de Lame Deer et
Richard Erdoes. Voici une anecdote tirée de ce livre pour illustrer la
puissance de ces chamans.
Lame Deer était clown de rodéo, celui qui détourne la colère du
taureau ou du bronco après que le cavalier est tombé au sol. Très
dangereux comme travail. Lame Deer était particulièrement
spectaculaire et prenait littéralement le taureau par les cornes en
faisant rire la foule avec ses acrobaties clownesques. Très souvent,
il se faisait casser les os. Il se vantait en fait que tous les os de son
corps avaient été brisés au moins une fois. Il avait toujours son tipi
de médecine près de l’enclos du rodéo. Après s’être cassé un os, il
se retirait dans son tipi pour en ressortir, une heure après,
complètement guéri!
Telle est la puissance de la médecine du coyote.

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Faites appel à la médecine du coyote pour comprendre les
messages burlesques que la vie vous envoie. Chaque fois qu’il vous
arrive des mésaventures dans la vie, ayez recours à cette médecine
et vous apprendrez quelque chose sur vous-même! Tout évènement
dont vous saurez rire et que vous pourrez utiliser pour faire de
l’humour sera plus facile à transformer de manière positive. Sachez
utiliser l’humour pour pimenter la vie de la famille et de la
communauté! Mais, faites bien attention de ne pas verser dans
l’humiliation, ce qui est contraire aux lois qui gouvernent le
développement de l’Homme.

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oici un autre animal qui est associé au Sud. Certaines nations
V l’appellent même l’« aigle du Sud ».
Il représente la médecine la plus spirituelle et la plus importante
qui soit pour les peuples autochtones d’Amérique du Nord : celle
du don.
Le dindon est un oiseau qui vole très peu et qui est assez dodu.
C’est l’un des plus gros oiseaux d’Amérique pouvant atteindre
parfois quatorze kilos (trente livres). C’était un mets de choix pour
les grandes occasions, et on l’associait à la générosité par la facilité
de sa récolte, son grand nombre et l’abondance de sa chair. De là est
venue la coutume de faire cuire une dinde lors des célébrations de
Thanksgiving aux États-Unis. C’était à l’origine une tradition des
Premières Nations pour célébrer et honorer l’abondance de la
nature.
Les Premières Nations d’Amérique du Nord ont une médecine
spéciale qui s’appelle la « cérémonie du don ». Un membre d’une
tribu peut avec joie donner tout ce qu’il ou elle possède pour aider
son peuple. Ceux qui savent montrer une telle abnégation et un tel
esprit du partage sont parmi les plus respectés des communautés.
Ainsi, le dindon sauvage, c’est la médecine des saints et des
mystiques aux innombrables vertus. Ils ont transcendé
l’attachement à l’ego et agissent dans l’intérêt des autres. Ils savent
que toute vie est sacrée et que le Grand Esprit réside en toute chose.
Nourrir le peuple, donner aux autres, c’est le message de toutes
les spiritualités véritables. Apprendre à donner et à partager sans
attachement aux biens matériels ou à l’ego est l’une des plus
grandes médecines qui soient, et c’est pourquoi nous disons parfois
que le dindon sauvage est l’aigle du Sud.
Heureux ceux qui ont ce totem, car en nourrissant les autres et en
donnant aux autres, c’est eux-mêmes qu’ils nourrissent et c’est à

149
eux-mêmes qu’ils donnent. En effet, rien n’est séparé, tout est lié, et
en donnant, on ouvre la porte pour recevoir. Vous remarquerez que
les gens les plus égoïstes sont souvent les plus malheureux, et ceux
qui travaillent pour aider sincèrement les autres ont souvent le
sourire aux lèvres malgré la misère et l’indigence des gens autour
d’eux.
L’homme qui a la médecine du dindon sauvage est assez
spectaculaire dans son comportement et même dans son apparence.
Il ne passe pas inaperçu et sa grande générosité s’accompagne
d’une prestance qui en fait un philanthrope de grand talent. Il
excelle dans les œuvres de charité, particulièrement dans les
collectes de fonds et les activités publiques de promotion d’une
cause. Sa prestance ne vient pas de l’orgueil, mais simplement de
ses qualités altruistes qui se manifestent visiblement autour de lui
dans sa manière d’être et de s’habiller. C’est un merveilleux père de
famille.
La femme dindon sauvage est beaucoup plus discrète, mais son
activité est d’autant plus efficace et empreinte de compassion. Elle
excelle dans les soins, comme thérapeute, infirmière ou médecin, et
peut fonder une famille nombreuse qu’elle saura gérer à la
perfection, sans jamais se fatiguer ou s’énerver.
Faites appel à la médecine du dindon sauvage pour connaître les
joies et la satisfaction d’aider les autres ou pour vous libérer de
l’attachement aux biens matériels et reconnaître les vraies valeurs :
la sagesse, les amis et la famille. Ayez également recours à cette
médecine pour apprendre à rendre grâce, car l’expression de la
gratitude par le don, les offrandes et les prières produit dans l’être
qui l’exprime une grande joie qui est souvent garante d’une bonne
santé!

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es mots clés de la médecine du lièvre sont maîtriser sa peur.
L Tout chez le lièvre indique la volonté d’échapper à son
prédateur. De tous les animaux de sa taille, il est celui qui court le
plus vite. Il peut se déplacer à une vitesse de 60 km/h, atteindre des
pointes de 80 km/h et faire des bonds de plus de 2 mètres à la
verticale, ce qui est très impressionnant pour un animal de sa taille.
Il a des oreilles plus grandes que sa tête, ce qui lui permet
d’entendre avec clarté tout ce qui se passe dans son environnement.
De plus, il use de camouflage, son pelage étant de la même couleur
que les sous-bois où il habite l’été, et devient blanc comme la neige
pendant l’hiver.
Pour comprendre la médecine du lièvre, il faut comprendre la
peur. Dans l’enseignement des Premières Nations d’Amérique du
Nord, nous disons qu’il y a deux peurs réelles : la peur de tomber et
la peur d’un bruit soudain. Toutes les autres peurs sont des
créations de notre imagination et si nous leur donnons de
l’importance, si nous abritons en nous des peurs, elles finiront par
susciter leur objet. Celui qui a peur des voleurs recevra leur visite et
celui qui a peur du feu passera au feu.
Ainsi, il n’y a pas de meilleure tactique que d’affronter sa peur,
car la peur est lâche. Tant que nous la fuyons, elle nous suit comme
notre ombre, mais à la minute où nous l’affrontons, elle disparaît
comme l’illusion qu’elle est.
Ainsi, le lièvre, qui est rempli de peur, sera souvent paralysé à la
vue d’un prédateur et ne saura pas utiliser ses talents naturels pour
y échapper. C’est lorsqu’il est dans l’action, c’est-à-dire lorsqu’il ne
réagit pas négativement à la peur, qu’il réussit à échapper à son
prédateur.
Il n’y a rien de plus doux que la fourrure d’un lièvre. Les
couvertures les plus prisées par les Premières Nations avant le

152
contact des Européens étaient des couvertures de fourrures de
lièvre tressées. Une seule couverture pouvait comporter des
centaines de peaux de lièvre. Elles étaient légères, très douces et très
chaudes. Ainsi, ceux qui ont la médecine du lièvre aiment-ils le
confort dans leur vie et ont-ils habituellement peur de tout ce qui
pourrait menacer leur bien-être.
S’ils apprennent à affronter leur peur, ils vivront longtemps dans
le confort qu’ils aiment. Mais s’ils donnent de l’importance à leur
peur, ils finiront entre ses dents. Ainsi est la médecine du lièvre.
Faites appel à la médecine du lièvre pour vous aider à faire face à
vos peurs ou pour aiguiser et affiner vos talents naturels plutôt
qu’être paralysé par la peur. Le lièvre vous enseigne comment être
attentif à chaque pensée afin de débusquer les peurs et les pensées
de fuite et de refoulement et de mieux les mettre en lumière, ce qui
dissipe toutes vos craintes. Puis, lorsque vous aurez bien mis en
lumière ce qui pourrait vous nuire, reposez-vous dans le confort de
votre tanière en toute confiance et sécurité!

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L es mots clés de la médecine du héron sont purification et
connaissance de soi. La plupart des oiseaux d’eau sont associés à
la purification, car l’eau est l’élément purificateur par excellence.
Le héron, tout particulièrement, du fait de sa grandeur et de sa
capacité à rester debout sur une patte des heures durant, évoque la
connaissance de soi. Il est comme en méditation et il a souvent le
pied dans l’eau. Ainsi participe-t-il de trois éléments en même
temps : la terre, l’eau et l’air.
La capacité de nous connaître nous-mêmes provient toujours de
ces moments que nous consacrons à nous regarder nous-mêmes et à
examiner nos pensées, nos émotions de même que ce qu’elles
produisent et provoquent dans notre environnement. Nous
négligeons souvent, dans notre compréhension de la vie, ce
principe fondamental : nous créons nous-mêmes notre vie et les
évènements qui la constituent. Il est bien plus sage de nous donner
périodiquement un temps d’immobilité et de réflexion, afin
d’examiner et de définir les pensées et les émotions qui s’agitent en
nous, que de nous lancer tête baissée dans toutes les circonstances
de la vie, laissant celles-ci provoquer les causalités plutôt que de
déterminer nous-mêmes la substance, le tissu de notre vie telle que
nous voulons la vivre.
Pour se nourrir, le héron avale un poisson directement, tout
entier. Son système digestif est très souple. C’est là l’autre capacité
provenant de la médecine du héron : ceux qui ont cette médecine
savent accepter tout ce qui leur arrive et en tirer des enseignements.
Les personnes possédant la médecine du héron sont très
précieuses au sein des organisations parce qu’elles savent réfléchir,
planifier et prévoir, ce qui, dans toute organisation, est très
important. Elles sont très attentives. Rien ne leur échappe.
Ces personnes savent donc travailler en équipe tout en restant

155
elles-mêmes. Elles trouvent facilement de quoi se nourrir et n’ont
pas peur de la solitude, même si elles se trouvent bien également au
sein d’un groupe.
Les plumes du héron bleu peuvent être utilisées pour les
cérémonies de guérison et de purification.

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157
a médecine du lynx est celle des secrets et du silence. Ces félins
L des forêts boréales de l’hémisphère nord savent se déplacer
sans faire de bruit. Grâce à leurs pattes larges, ils peuvent marcher
sur la neige sans trop s’y enfoncer. Leurs favoris et les touffes de
poils à l’extrémité de leurs oreilles leur donnent leur aspect
caractéristique. Ces poils additionnels agissent à la manière
d’antennes et améliorent leur perception de ce qui les entoure.
Le lynx est incroyablement discret. Rares sont les amateurs de la
forêt qui peuvent se vanter de l’avoir aperçu.
Ceux qui ont la médecine du lynx font d’excellents confidents.
Jamais ils ne dévoileront vos secrets. Il est d’ailleurs difficile de leur
cacher quoi que ce soit : ils devineront à votre insu ce que vous
tentez de leur cacher et vous n’en saurez jamais rien.
Les gens qui ont ce totem sont souvent clairvoyants, mais avares
de commentaires sur ce qu’ils savent. De nombreux peuples
honorant leurs médiums et clairvoyants connaissent ce qui est
parfois appelé la « loi du lynx ». Selon cette tradition, si vous
souhaitez connaître leurs secrets et recevoir les révélations que
peuvent transmettre les bénis du totem du lynx, vous devez au
préalable partager avec eux des éléments de votre abondance. En
effet, ils attendent d’être payés pour partager ce qu’ils savent, cela
fait partie de leur médecine.
Le totem du lynx peut vous enseigner les vertus de la discrétion et
du silence.
Il est très important de ne pas parler des secrets de votre vie
intérieure. Car la vision d’un autre à qui on dévoile sans scrupules
les évènements importants de notre vie spirituelle peut salir et
polluer notre propre perception. Nous sommes un peu comme des
vases communicants et la vision biaisée de ce que vous racontez à
l’autre peut influencer votre propre perception et ainsi diminuer le

158
caractère sacré de vos expériences spirituelles. Habituellement, on
ne raconte les épisodes spirituels de notre vie qu’à nos aînés ou à
ceux qui ont pour responsabilité de nous guider sur le sentier de
l’esprit. Le bavardage est une pratique détestable qui nuit à la
qualité de notre environnement mental et spirituel.
Par ailleurs, il est très utile de compter un adepte de la médecine
du lynx au sein d’une entreprise commerciale. Celui qui sait laisser
parler les autres avant de s’exprimer en sait toujours plus que
l’autre et conserve ainsi un avantage certain dans toute négociation
d’affaires ou transaction commerciale.
La médecine du lynx consiste à connaître les secrets, mais celui-ci
n’en est pas le gardien. Il est celui qui connaît, qui sait trouver, mais
qui reste toujours discret et silencieux, arborant le sourire
énigmatique du sphinx.
Faites appel à la médecine du lynx pour débusquer les secrets qui
vous concernent et qui vous ont été cachés ou pour cultiver la vertu
du silence et de la discrétion. Il y a beaucoup d’avantages à savoir
tenir sa langue et à garder ce que l’on sait pour soi. Demandez au
lynx de vous aider à garder les confidences et les secrets et ainsi
vous serez riche, mais personne n’en sera au courant et ainsi
personne ne tentera de vous voler vos richesses!

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L e wapiti nous parle d’endurance. Ce totem nous enseigne
comment doser nos efforts afin de pouvoir fournir une énergie
constante sans nous épuiser. C’est une médecine particulièrement
importante en ces temps où il y a beaucoup de stress. C’est un
facteur dont nous devons tous tenir compte. En effet, de récentes
études démontrent que nous avons aujourd’hui mille cinq cents fois
plus de stress que nos ancêtres de l’époque préindustrielle. C’est
pourquoi nous sommes presque tous en carence de vitamines D et
B12. Les aveugles partisans de la modernité ont ensuite le culot de
nous dire que nous vivons à une époque de grands progrès! C’est,
en fait, tout le contraire.
Une histoire souvent partagée au sujet du wapiti raconte
comment il échappe à des chasseurs extrêmement féroces comme le
cougar.
Sur le pied d’une montagne couverte de forêt, le wapiti, sentant
la présence d’un cougar, partit en courant vers le sommet de la
montagne. Il prit dès le départ une allure régulière et constante. Le
cougar, se voyant découvert, partit à sa poursuite à toute allure. Il
était beaucoup plus rapide que le wapiti et la distance entre eux
diminua rapidement. Voyant la distance diminuer, le cougar
poussa encore un sprint déchaîné. Mais il s’épuisait facilement en
s’efforçant de faire ses pointes de vitesse pour rattraper le wapiti.
Ainsi, le cougar avait déjà abandonné sa poursuite depuis
longtemps lorsque le wapiti atteignit le sommet de la montagne,
avec encore de l’énergie en réserve, à peine essoufflé.
Le wapiti est également un animal qui s’exprime beaucoup par de
nombreux sons différents. Il affectionne particulièrement la
compagnie de ses semblables. C’est d’ailleurs l’un des seuls
animaux qui apprécient la compagnie de ses congénères de même
sexe, hormis pendant la saison des amours où les autres mâles

161
deviendront des adversaires qu’il combat pour s’octroyer le droit
de procréer. Un mâle tient alors un harem, parfois jusqu’à vingt
femelles. C’est pourquoi la médecine de séduction de la flûte
amérindienne est associée, dans plusieurs des Premières Nations, à
la médecine du wapiti.
Les gens qui ont la médecine du wapiti sont ainsi des êtres d’une
grande énergie qui parviennent toujours à destination. Même s’ils
n’arrivent pas les premiers, ils y arrivent en ayant encore de
l’énergie en réserve. Ils savent doser leurs efforts et cultiver leur
endurance. Ils savent se ressourcer auprès des autres et ils sont des
amis fidèles sur lesquels on peut compter. Ils savent s’exprimer et
trouvent beaucoup de joie et de pouvoir dans leur capacité de bien
exprimer ce qu’ils vivent et ce qu’ils veulent. Ce sont des êtres
grégaires qui ont besoin de travailler avec d’autres, ou dans le
public, et qui auront du succès dans presque tout ce qu’ils
entreprendront, car ils savent travailler avec énergie et régularité.
L’homme wapiti défendra avec beaucoup d’âpreté et d’énergie sa
compagne et sa famille. C’est un excellent père de famille, toujours
ouvert et attentionné envers les siens. Par contre, sa grande énergie
fait qu’il est également porté vers d’autres femmes et très à l’aise
dans des relations multiples. Il est fidèle à sa manière, car malgré
son inclination à de multiples relations, il n’abandonnera jamais sa
famille et pourvoira toujours aux besoins des siens. C’est souvent
un chef, un leader et un patron.
La femme wapiti attend de son homme qu’il la séduise avec
volubilité et la conquière avec énergie. Elle lui sera alors toute
dévouée, à son aise dans sa relation avec un tel homme. Elle prend
plaisir aux tâches de la maison puisqu’elle ne se fatigue jamais,
sachant puiser dans ses relations et ses temps de réflexion l’énergie
nécessaire pour toujours être heureuse. Elle est une mère
particulièrement dévouée à ses enfants, surtout lorsqu’ils sont très
jeunes. Elle peut aussi prendre un rôle de leader dans son milieu de

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travail, surtout s’il y a prédominance de femmes dans son
environnement. Elle sera alors une patronne éclairée et facile à
aimer, qui n’impose pas son autorité, mais qui se fait plutôt obéir
par l’envie que nous aurons de lui faire plaisir et de l’émuler.
Faites appel à la médecine du wapiti pour cultiver l’endurance et
savoir doser votre énergie au travail ou pour séduire la femme de
vos rêves! Puis, ayez recours à sa médecine pour vous soutenir lors
de périodes exceptionnellement exigeantes au travail et dans la
famille.

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L e mot clé qui caractérise le lézard est rêveur. Le lézard est un
contemplatif. Dès lors qu’il a bien mangé, il est capable de
rester des heures durant à rêver d’avenirs possibles.
Il est aussi celui qui sait mettre l’ombre en lumière. Tout rêveur
sait que l’ombre qu’il évite le jour se révèle à lui la nuit. Aussi, la
médecine du lézard permet-elle de mieux distinguer ce que nous
avons ignoré, refoulé ou évité, mais qui pourtant nous suit comme
notre ombre. Cela nous donne alors la possibilité de le mettre en
lumière et, en l’éclairant de la sorte, de désamorcer les éventuels
problèmes pouvant être créés par nos tendances inconscientes
négatives. En outre, celui qui possède la médecine du lézard peut
parfois voir cette ombre chez les autres, ce qui le rend
particulièrement utile au sein de toute communauté, entreprise ou
association.
Le rêveur sait créer les circonstances de sa vie. Pour cela, il est
important de parvenir à une certaine lucidité du rêve, à savoir la
capacité d’être conscient pendant le rêve, la capacité de l’influencer
ou de le programmer. Les Amérindiens ont toujours accordé une
grande importance aux rêves et aux rêveurs, au contraire des
Occidentaux qui disent à leurs enfants : « Ce n’est qu’un rêve. »
Ceux qui démontrent un talent certain pour la maîtrise des rêves
reçoivent une formation poussée qui leur permet de réaliser des
choses tout à fait extraordinaires dans le monde onirique.
Nous avons tous et toutes le pouvoir de la cocréation. En effet, le
monde qui vient est créé par nos rêves, qu’ils soient ceux du jour ou
de la nuit. De là provient le conseil de tous les anciens, qui consiste
à faire attention à nos rêves et à leur accorder de l’importance.
Mieux encore, faire un travail afin de nous en souvenir plus
clairement et de savoir les interpréter peut donner des outils
précieux dans notre développement.

165
Ainsi, celui qui possède la médecine du lézard sait manier les
évènements et même les gens de son entourage sans même se lever
de son lit. Les hommes et les femmes qui ont cette médecine
peuvent parfois paraître paresseux et inactifs, mais ce n’est qu’une
apparence; car dans l’ombre de leurs rêveries se joue parfois le
destin des nations.
Faites appel à la médecine du lézard pour apprendre à devenir
lucide, même la nuit, à dynamiser vos rêves et à les manifester.
Ayez également recours à cette médecine pour cocréer les
circonstances profitables que vous souhaitez dans votre vie.

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L ’orignal, aussi appelé « élan d’Amérique », est le plus grand de
tous les cervidés. Ses bois sont larges et en partie plats juste
avant l’extrémité. De longues pattes et un long cou lui permettent
de brouter même sous l’eau et de bien nager. Sans s’enfoncer, il
peut marcher sur des sols mous comme la vase, la neige et les
tourbières à sphaignes.
Le son de l’orignal mâle en rut est très impressionnant. C’est
pourquoi les mots clés de la médecine de l’orignal sont estime de soi.
Par ce son, il proclame la fierté de sa masculinité, son désir de
partager sa semence avec l’orignal femelle et il fait la démonstration
de son sens de la confiance et de l’estime de soi. Il est prêt à dire au
monde son désir et à proclamer sa force. C’est le seul moment où
l’orignal peut être agressif, lui qui est en général très doux, solitaire
et parfois curieux lorsqu’il est dans des environnements calmes.
Il y a beaucoup de joie dans la capacité que nous avons
d’exprimer nos forces et la satisfaction que nous éprouvons devant
un travail bien fait. Ce partage spontané de notre joie est une
marque de confiance en nous qui vient des profondeurs de l’être.
Les gens qui ont la médecine de l’orignal savent donc exprimer
leurs talents, leurs capacités et, par cette expression, promouvoir la
création continue toujours revivifiée de nouvelles idées et
inventions.
La médecine de l’orignal consiste donc à avoir confiance en nous,
à ne pas craindre de marcher sur notre sentier, même s’il est
différent de celui des autres, à exprimer avec fierté nos
accomplissements ainsi qu’à savoir encourager les autres. Les
personnes âgées ont souvent la médecine de l’orignal. Elles sont
prêtes, ayant marché longtemps sur leur sentier terrestre, à
encourager les jeunes à marcher avec confiance sur le leur.
Il n’y a rien de péjoratif ou de mauvais à être fiers de ce que nous

168
avons accompli. Il est très important de faire la différence entre
l’orgueil de l’ego et la fierté de l’être accompli. Les deux choses sont
très différentes. L’orgueil place le moi au sommet et ignore les
accomplissements des autres et se fait souvent ainsi des illusions
sur ses propres capacités. La fierté reconnaît avec justesse ce qui a
été accompli et sait reconnaître les mêmes accomplissements chez
les autres.
Il ne faut pas avoir peur de nous exprimer, car de l’expression de
notre fierté et de notre joie vient l’énergie permettant de créer
toujours davantage de bonnes choses pour nos communautés. Il
s’agit aussi de connaître la loi du silence : savoir quand marcher
avec les pas feutrés de la biche et quand charger avec la force du
bison.
Savoir reconnaître ses forces et ses faiblesses permet à l’être sage
d’encourager le bon dans la nouvelle génération et d’être tolérant
envers les erreurs de ceux qui apprennent. Il y a une sagesse dans
l’erreur, car c’est souvent par nos erreurs que nous apprenons le
plus. Celui qui a la médecine de l’orignal sait le reconnaître et
n’entre pas dans le jugement lorsqu’il accompagne ceux qui
apprennent.
Avoir de l’estime pour nous-mêmes donne une grande force et
nous permet de marcher paisiblement sur notre chemin de vie, sans
crainte, sans peur, en affirmant nos forces et nos désirs afin de les
obtenir rapidement dans la joie et le calme.
Faites appel à la médecine de l’orignal pour cultiver cette force
essentielle et tranquille de la confiance et de l’estime personnelle.

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L e mot clé de la médecine de l’alligator est intégration. Lorsque
l’alligator saisit sa proie, il la roule dans l’eau. De cette façon, il
désoriente la bête et l’empêche de se ressaisir ou d’attaquer à
nouveau. Dès que toute résistance est dissipée, il enfouit sa proie au
fond de l’eau et attend que la viande devienne tendre et bien
faisandée avant de la dévorer.
Cette médecine nous enseigne l’intégration, la capacité de bien
saisir et de profiter de toutes les expériences de vie, les désagréables
aussi bien que les agréables. Tout réside dans l’attitude avec
laquelle nous abordons ces occurrences. De même que, dans les arts
martiaux, on nous apprend à rouler au sol pour ne pas nous blesser
lors d’une chute. Si nous savons plier et rouler au gré des
expériences difficiles, nous saurons mieux les intégrer afin de
profiter des enseignements qu’elles nous apportent.
Tout est source d’enseignement. Rien n’est hasard ou coïncidence.
Toutes nos circonstances de vie, nous les avons programmées pour
apprendre d’elles. Si nous nous plaignons et nous lamentons,
refusant ainsi les expériences difficiles ou désagréables, nous
n’apprendrons pas les leçons qu’elles comportent et nous devrons
donc recommencer, revivant, encore et encore, les moments
difficiles de la vie. Mieux vaut tout accepter et, de cette manière,
apprendre à intégrer toutes les circonstances de vie ainsi que les
sagesses qu’elles nous enseignent. Il faut aussi être ouvert à
apprendre de tous ceux et celles qui sont sur notre chemin. Cela est
souligné par le fait que l’alligator n’hésite pas à manger d’autres
alligators si l’occasion se présente, et que la force de ses mâchoires
est la plus puissante jamais mesurée de toutes les espèces vivantes.
Ainsi, il n’a aucune hésitation, prend ce qui se présente à lui et le
fait avec force.
La médecine de l’alligator nous enseigne aussi la patience, celle

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d’attendre le moment juste pour agir. Dans la vie, il est sage
d’attendre le bon moment, de savoir être immobile suffisamment
longtemps pour permettre à la proie de venir tout près de l’eau afin
de boire avant de la saisir. Il vaut mieux attendre que la viande soit
bien tendre et facilement digestible avant de la manger. Trop
souvent, notre hâte, notre précipitation et notre énervement nous
font perdre des occasions précieuses, saccager le travail et échapper
la vaisselle. Elles nous font remettre l’ouvrage avant qu’il ne soit
complètement corrigé. Nous faisons alors des erreurs, perdons la
confiance de nos collaborateurs et ne profitons pas pleinement de
tout ce que la vie nous offre. L’alligator souligne la vertu de la
patience en sachant rester très longtemps sous l’eau, parfois jusqu’à
plusieurs heures, en détournant sa circulation sanguine
uniquement vers ses poumons et son cerveau.
Ainsi est-il bon de nous inspirer de la médecine de l’alligator, ce
qui nous permettra de devenir bien gras et très vieux, remplis de la
sagesse de vie! Faites appel à sa médecine pour apprendre
l’intégration et la patience et ainsi profiter pleinement de tout ce
que la vie vous offre!

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L es mots clés de la médecine du sanglier sont vainqueur de soi. Le
sanglier porte la médecine du guerrier. Il est très fort, rapide, et
il possède de puissantes défenses acérées. Il ne craint personne, ni
homme ni bête. En général, s’il est en colère, il inspire la peur chez
tous ceux qui doivent l’affronter.
En temps normal, il se tient tranquille dans les fourrés les plus
denses pendant le jour et adore, la nuit, aller sur les sentiers plus
fréquentés et les lieux dégagés pour déterrer les racines pleines de
sève et de vitalité.
La symbolique du guerrier est très importante au sein de la
culture amérindienne, et elle est très différente de la symbolique du
soldat propre au monde occidental. En effet, le soldat reçoit des
ordres pour vaincre des ennemis extérieurs. Le guerrier, quant à lui,
doit se vaincre lui-même. La maîtrise de leurs propres faiblesses
intérieures est le propre des plus grands guerriers.
Les attributs du guerrier sont donc l’honneur, le courage, la vérité,
la capacité à se tenir droit, et la fidélité à lui-même et à la mère
patrie (Autrefois, cela correspondait au pays. Malheureusement,
aujourd’hui, les gouvernements qui dirigent le peuple ne sont que
des pantins entre les mains des banquiers et des grandes
multinationales. Ainsi, les mots mère patrie évoquent plutôt, ici, les
terres de nos ancêtres. Elle fait pousser les fruits et les légumes qui
font vivre la famille et la communauté.) Le guerrier a toujours la
langue droite et la tête haute.
Le sanglier nous enseigne à ne jamais avoir peur d’affronter tant
nos faiblesses que ceux qui voudraient attenter à notre honneur et à
notre sens de la vérité.
La prédilection du sanglier pour les racines comestibles nous
enseigne que les plus grandes forces viennent toujours de
l’intérieur; que les énergies les plus puissantes, nous les trouverons

174
en nous.
Le sanglier nous enseigne à ne jamais laisser nos faiblesses
s’exprimer sans les affronter, les travailler, les mettre en pièce et les
remplacer par notre fierté, notre courage et notre grandeur. Il nous
enseigne à toujours viser l’idéal et à entretenir les plus hautes
pensées. Le guerrier se doit de toujours exprimer la vérité et de
montrer l’exemple, peu importe les circonstances. Le sanglier mâle
vit seul, hormis pendant les premières années de sa vie. C’est
souvent le lot de ceux qui vivent sans compromis vis-à-vis de la
vérité en ces temps où les masses sont programmées et
conditionnées par les illusions de la civilisation technocratique qui
érige le mensonge, la désinformation et les demi-vérités en maîtres.
Les médias, les tendances sociales et les systèmes d’éducation
détournent les masses de la vérité et de l’idéal de vie pour favoriser
la facilité et l’indulgence dans les plaisirs qui diminuent la santé et
l’intégrité des perceptions.
Il n’y a pas de clan du sanglier dans les Premières Nations, étant
donné que cette espèce n’est pas native d’ici, mais bien d’Eurasie.
Ayant été introduit et ensuite apprécié pour ses qualités de
guerrier, il a par la suite été retrouvé comme totem dans certaines
communautés métisses. Sa médecine est importante aujourd’hui.
Faites appel à la médecine du sanglier pour déterrer les racines de
vos faiblesses et en nourrir votre volonté d’être tout ce que vous
pouvez rêver d’être!

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L es mots clés de la médecine du saumon sont connexion à la
source. Le saumon naît en eau douce, à la source des rivières où
elle est pleine d’eau pure, et se rend ensuite jusqu’à l’océan rempli
d’eau salée. Mais, lorsqu’il atteint sa maturité et que vient le temps
de perpétuer la race, il revient toujours à la source de sa naissance, à
la même source de rivière où il vit le jour. Ainsi termine-t-il sa vie
en donnant la vie à la source. Ainsi en est-il de nous qui venons du
monde du Grand Esprit pour ensuite nager dans les eaux salées du
monde puis, toujours, nous retournons à la source, au monde de la
forme idéale auprès du Grand Esprit.
Le périple incroyable du saumon intrigue les biologistes depuis
longtemps; comment fait-il pour retrouver la rivière de sa naissance
après avoir nagé pendant plus de deux ans dans l’océan? C’est le
rappel que nous avons un mode de connaissance instinctuel, un
pouvoir qui parfois a été amoindri par notre attachement au mental
et à la connaissance intellectuelle et scientifique, mais qui, lorsque
développé et utilisé comme tout bon muscle, peut nous donner des
résultats qui sont au-delà du raisonnement et tiennent du miracle
comme le pouvoir migrateur des oiseaux et la cartographie interne
du saumon.
Nous portons tous en nous la connaissance innée du bien et du
mal. Rien ni personne ne peut nous détourner de cette
connaissance. Personne ne peut non plus nous détourner de nos
convictions puisque, tôt ou tard, nous reviendrons toujours à la
source et devrons rendre des comptes. Si nous avons été fidèles à
nos instructions originelles, celles que nous portons dans les
chambres secrètes du cœur, nous serons reçus dans la lumière de la
béatitude du monde idéal. Mais si nous n’avons pas écouté cette
connaissance que nous portons en nous, nous aurons une période
de grande souffrance entre les mondes. Nous pourrions même nous
perdre, ne pas retrouver notre chemin vers la lumière. Alors, notre

177
âme pourrait se désintégrer dans les abysses sidéraux pour ne
jamais revenir à la si belle et sainte Terre mère après son séjour de
ressourcement auprès du Père céleste.
Ainsi, la médecine du saumon nous enseigne à toujours revenir à
la source, et que cette source est toujours présente à l’intérieur de
nous. Dans notre cœur, nous retrouverons le sens de notre vie,
notre raison d’être, qui ne peut jamais être modifiée par les
circonstances extérieures, les opinions de nos proches ou les
programmations-conditionnements du système.
Nous devons donc toujours être fidèles à nous-mêmes et à notre
compréhension innée de ce qui est vrai et bien. C’est l’enseignement
du saumon. Il nous permet de retrouver ce lien en nous qui nous
rattache au Divin, cette petite voix qu’il faut écouter dans le silence
pour retrouver le sens des valeurs et notre raison de vivre.
Dans la communauté, ceux qui ont la médecine du saumon sont là
pour garder le cap de la famille, de la communauté et de la nation
sur les vraies valeurs, sur la loi divine qui est souvent fort éloignée
des lois du système.
Le saumon nous apprend aussi à toujours terminer ce que nous
avons commencé. Trop souvent, nous nous laissons décourager par
les difficultés et les efforts incessants qu’il faut fournir pour
accomplir les grandes œuvres. Pourtant, les récompenses sont
toujours à la mesure de nos efforts. Ne pas terminer ce que nous
avons commencé est une grande perte, non seulement pour nous,
mais pour toutes les générations à venir.
Faites appel à la médecine du saumon pour renouveler en vous
les instructions originelles, votre mission de vie, le but de votre
existence. Vous pensez peut-être ne pas la connaître, mais c’est une
illusion; vous la portez en vous depuis votre naissance. Seulement,
le système ne veut pas d’êtres libres, mais il veut des automates
formatés pour travailler toute leur vie dans les rouages de cette
immense machine qui leur suce vitalité et liberté. Ainsi, les écoles,

178
les gouvernements, les médias et les familles n’ont jamais enseigné
cette vérité première : il faut regarder en nous et non pas à
l’extérieur de nous pour trouver la vérité et le chemin qui mène à
l’accomplissement et à la réalisation de nos rêves. Mais il n’est
jamais trop tard! Faites appel à la médecine du saumon pour
retrouver votre chemin et ne ménagez pas les efforts. Même s’il faut
sauter les rapides pendant des jours entiers, la récompense au bout
de la rivière est ineffable et dépassera vos plus grands espoirs!

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LA BERNACHE (OUTARDE) ET
L’OIE BLANCHE (OIE DES NEIGES)

V oici deux espèces différentes qui ont sensiblement la même


signification dans le système totémique des Premières
Nations. Nous les regarderons donc ensemble en précisant plus loin
les petites différences qui les démarquent. La médecine des oies
sauvages, nous le verrons, est très importante – je dirais même
capitale – aujourd’hui, en ces temps de transition pour l’humain et
la terre.
Le mot clé pour les oies sauvages est communion. Les oies sont les
championnes de la communication, du partage et de l’entraide.
Parmi les nations du nord du Québec, elles sont très importantes et
ont un symbolisme très actif, au point où les Cris, la plus
importante nation du Nord canadien, se définissent comme le
peuple de l’oie. Il n’est rien de plus rassembleur et propice à
l’entraide que des conditions difficiles de vie. En effet, le Nord
canadien présente l’un des environnements les plus hostiles qui
soient. C’est pourquoi la population y est raréfiée, et ceux qui y
vivent sont très proches les uns des autres. Les Premières Nations
du Nord canadien ont cultivé au plus haut point les notions de
partage et d’entraide. Ces qualités se sont un peu émoussées au
contact du Blanc qui érige en dogme la propriété privée
individualiste. Mais, elles demeurent néanmoins des modèles de
solidarité. La compréhension du besoin affectif des humains, du
besoin d’amour et de partage y est plus grande que parmi d’autres
nations autochtones. D’où la cohérence du nom « peuple de l’oie ».
N’est pas étrangère à cela non plus l’abondance de la chasse à l’oie
à l’automne et au cours du printemps en particulier, où il est plus
difficile de se déplacer dans le Grand Nord. Cette sauvagine qui
vient à eux s’avère particulièrement importante pour la subsistance

181
et le peuple en est reconnaissant.
Dans leur migration, les oies voyagent en grands voiliers. Nous
les voyons traverser le ciel, à l’automne et au printemps, en voiliers
qui ont la forme d’un V. En effet, à tour de rôle, une oie prendra la
tête du voilier pour fendre l’air et les autres profiteront de l’effet
d’entraînement de la turbulence de cette percée en formant, de
chaque côté de l’oie de tête, deux grandes files qui forment donc un
V. Lorsque l’oie de tête devient fatiguée, elle cède sa place pour
aller se reposer en arrière de la formation. Les oies peuvent ainsi
franchir des distances importantes sans escale. Leurs appels
lorsqu’elles passent dans le ciel sont particulièrement émouvants.
De fait, les oies se parlent sans arrêt en volant et leur cri si
caractéristique est très expressif.
Les oies forment un couple pour la vie. Une fois ensemble, le
même couple nichera et se reproduira chaque saison. Si, en cours de
migration, l’un des partenaires doit quitter la formation pour se
poser, son compagnon ou sa compagne laissera aussi le voilier pour
rester à ses côtés.
Le symbolisme de ce totem est alors facile à comprendre. La
médecine de l’oie nous enseigne le partage et l’entraide. Elle nous
propose de communiquer davantage et de vivre ensemble dans une
collaboration communautaire. Ces vertus ont été constamment
érodées par les sociétés technocratiques et démocratiques qui
cultivent les ségrégations, les compétitions, les oppositions
d’opinions et de partis politiques, etc. Par suite, nous avons des
cités tentaculaires où sont entassés des millions d’individus, mais
où de nombreuses personnes souffrent de solitude, d’abandon, et
où se côtoient sans communiquer très riches et très pauvres.
C’est un état de fait qui est désastreux et regrettable. En effet,
l’Homme est comme l’oie. Il a besoin de la compagnie de ses
semblables pour se sentir bien. Le rêve que nous portons tous et
toutes est de trouver l’âme sœur, la personne qui nous

182
accompagnera et nous aimera pour toute la vie. Ainsi, la médecine
de l’oie est très importante aujourd’hui et nous sommes interpellés
par sa communion avec ses semblables. Nous devons de toute
urgence retrouver la notion et l’application de la communauté
véritable, du partage de ressources naturelles dans un équilibre
avec la nature et nos proches. Notre survie en tant qu’humanité sur
terre dépend aujourd’hui de nos volonté et capacité à retrouver ces
valeurs universelles.
Faites appel à la médecine de l’oie sauvage pour dynamiser la
communication et l’entraide avec vos proches et vos collègues de
travail ou pour approfondir le dévouement et la fidélité envers
l’être aimé. Puis, ayez recours à cette médecine pour reconstruire
les communautés et les écovillages qui sont l’avenir de notre
humanité.
L’oie blanche, aussi appelée « oie des neiges », est légèrement plus
petite que la bernache, aussi appelée « outarde ». Elle va plus loin
vers le nord pour nicher dans l’Arctique, et plus loin vers le sud,
parfois jusqu’au Mexique; sa migration est donc d’une distance
beaucoup plus importante que celle de la bernache. Elle est encore
plus grégaire que celle-ci et ses colonies peuvent parfois comporter
jusqu’à cent nids à l’hectare. Par ailleurs, ces deux oies ont
sensiblement le même symbolisme totémique. Mais pour la
personne qui a le totem de l’oie sauvage, l’espèce importe. Elle
différenciera l’outarde de l’oie blanche lorsqu’elle entreprendra une
représentation symbolique de son totem sur ses vêtements et ses
objets de médecine.

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184
L e dernier animal du présent livre a été très long à venir, ce qui
permet, en conclusion, de vous montrer un peu la manière
dont je travaille avec les totems.
Je ne connais pas le jaguar. Il est du Mexique et appartient aux
cultures de là-bas. Je n’en ai donc jamais vu, au contraire du lynx et
du cougar. La personne qui m’a aidé pour prendre en dictée
plusieurs des animaux de ce titre me demandait de le rajouter, car il
est de ses totems. Mais rien ne venait. J’ai regardé sur Wikipédia,
dans le livre déjà cité, Les Cartes Médecine, mais rien ne me parlait.
J’ai donc remis le manuscrit à la correction la semaine passée, sans
le jaguar. Cette semaine, pendant une méditation chamanique, le
voilà qui se pointe, vient feuler et me montrer sa belle tête et son
corps puissant et trapu. Je lui demande de raconter son totem…
Très clairement sont venus les mots honneur et intégrité ainsi que
l’explication de pourquoi certains guerriers aztèques se réclamaient
du totem du jaguar. En effet, le jaguar est le plus gros félin des
Amériques et ses mâchoires sont tellement fortes qu’elles peuvent
briser la carapace d’une tortue. En fait, ses mâchoires sont plus
puissantes que celles du lion et du tigre qui sont plus gros que lui. Il
est le troisième en grandeur parmi les félins.
Du coup, j’ai compris ce qu’en disait Jamie Sams dans Les Cartes
Médecine. Mais, je ne connais pas suffisamment les cultures proches
de l’Amérique centrale pour valider l’influence purificatrice des
déviations humaines que le jaguar dévore dans le monde onirique,
attribuée à cet animal. Ce qui est clair, pour moi, c’est seulement ce
que le jaguar m’a communiqué.
Avec tout pouvoir vient une responsabilité. C’est pourquoi je mets
toujours en garde ceux qui veulent s’engager sur le chemin
chamanique : « Si tu veux marcher sur ce chemin, sois prêt à servir,
à être toujours disponible pour mettre les talents que tu vas

185
développer au service de ta famille et de ta communauté, sans quoi
tu souffriras, car celui ou celle qui a reçu doit donner. » Un pouvoir
non utilisé se retourne contre celui qui l’a. Un pouvoir stagnant
pourrit et infecte la personne qui le possède. Effectivement, la
connaissance est une épée à double tranchant. Elle apporte du
pouvoir mais aussi une responsabilité. Un pouvoir mal utilisé
décuple le karma négatif qui se retourne alors contre la personne,
multiplié exponentiellement par l’étendue de son pouvoir.
La force du jaguar, c’est l’intégrité du guerrier qui sait qu’il doit
être impeccable dans son don de soi à la communauté. La puissance
doit être domptée et mise au service des autres, sans quoi elle peut
corrompre ceux qui la possèdent. Ainsi, le guerrier doit cultiver une
grande intégrité à la mesure de sa force et de sa puissance.
Les gens du jaguar ne font pas de compromis à leurs principes,
sans quoi ils souffrent. Ces personnes sont des irréductibles, fidèles
à leurs philosophies de vie au point d’être parfois dures et
inflexibles aux yeux des autres. C’est pourquoi elles sont souvent
solitaires et doivent marcher sur des sentiers qui exigent le
maximum de leur potentiel. Elles ne savent pas trop travailler en
équipe autrement que dans des buts très précis et auxquels elles
adhèrent complètement, et encore elles travailleront dans des
cadres qu’elles définissent elles-mêmes et qui seront toujours
bénéfiques. De ce fait, elles sont souvent assez seules, même dans
un projet de groupe ou d’équipe. Ce sont des gens d’une grande
force, peu importe le domaine dans lequel ils œuvrent. Ils savent
mettre leur puissance de travail au service de la communauté et de
l’humanité. Ce sont des personnes qui savent transformer les pires
circonstances de vie en tremplin d’évolution tellement leurs
ressources intérieures sont puissantes.
Faites appel à la médecine du jaguar pour cultiver l’intégrité,
l’impeccabilité et la grandeur d’âme. Que sa médecine vous
permette de marcher toujours la tête haute, avec l’honneur d’une

186
personne qui sait donner le maximum de ses capacités pour aider
l’humanité souffrante. Puis, que le jaguar vous inspire à toujours
exprimer et à lutter pour la vérité, car ultimement il n’y a que notre
parole vraie qui restera lorsque tout le reste aura disparu.

187
A igle Bleu est né en Saskatchewan. Il vit maintenant près de la
ville de Québec.
Pendant 25 ans, il a reçu une formation complète de l’enseignante
spirituelle de la nation cherokee, Dhyani Ywahoo. Il a également
étudié auprès de Sun Bear, de la nation chippewa, et d’Ohshinnàh
Fastwolf, de la nation apache. Il a aussi reçu des enseignements de
Tlakaelel, de la nation aztèque, de Slow Turtle, de la nation
wampanoag, de William Commanda, de la nation algonquine, de
N’tsukw, de la nation innue, et de Tall Warrior, de la nation
mohawk.
Il a fondé, en 1987, l’association Pédagogies Autochtones pour
enseigner les principes spirituels et thérapeutiques des nations
autochtones. Depuis, il a enseigné dans plusieurs villes du Québec
de même qu’en France, en Allemagne, en Belgique, en Autriche, au
Portugal, en Suisse et aux États-Unis.
En 1997, Dhyani Ywahoo, cheftaine du Green Mountain
(Uniyunwiwa), a adopté Aigle Bleu dans sa famille et dans le Clan
de l’Ours de cette nation.
En 1999, Aigle Bleu fonde la société Invocation d’Aigle Bleu afin
de fabriquer et de distribuer les produits d’aromathérapie qu’il a
créés. Ces fragrances, utilisées par des chamans dans le monde
entier, sont fabriquées dans la réserve indienne de Wendake, au
Québec, et exportés vers les cinq continents.
En 2000, Aigle Bleu a reçu du centre de formation du
gouvernement de la Nation indienne d’Amérique du Nord, en
collaboration avec son enseignante principale Dhyani Ywahoo, un
diplôme le reconnaissant comme « guérisseur spirituel ».
En janvier 2001, Aigle Bleu a commencé un ministère de conseiller

188
spirituel auprès des détenus autochtones dans un établissement
fédéral à sécurité maximale, où il agit comme aîné et thérapeute
spirituel.
En 2002, il a été élu représentant du Cercle des aînés pour la paix.
Il s’agit d’un conseil régional consultatif pour représenter les aînés
amérindiens travaillant en milieu carcéral auprès du Service
correctionnel du Canada.
Toujours en 2002, il a fondé le Sanctuaire du feu sacré, une
organisation spirituelle dont la mission était la création
d’écovillages.
En 2003, Aigle Bleu a réussi son examen pour obtenir le titre
d’aljadohvsgi. Il signifie « celui qui entend les cris de ceux qui
pleurent dans la nuit ». L’examen consiste à produire de la lumière
avec son corps dans un lieu sombre afin que tous puissent voir.
Environ cent vingt personnes, dont une vingtaine d’aînés, ont été
témoins de cette cérémonie.
Aigle Bleu a aussi enregistré plusieurs disques de musique
amérindienne. En 1997, il enregistre Healing Harmonies, disque de
musique traditionnelle et thérapeutique en collaboration avec
Dhyani Ywahoo (maintenant épuisé). Toujours en 1997, il compose
et enregistre Medecine Music et Words of Light, 2 disques de
45 minutes accompagnés d’un court livret de 40 pages pour la
compagnie de production Polymedia, en Allemagne. Depuis, il a
produit plusieurs albums offerts dans de nombreux pays : Spirit
Songs, Tambours de la Terre-mère, Mystères, Les Chants du Cygne,
Chants dans la tradition amérindienne, Sons du Ciel, Sérénité, Aigle Bleu
sur la guitare.
Avec la société Debowska Productions basée en France, il a
produit un court métrage, de quarante minutes, pour les enfants,
Film Magique – À la recherche de la sagesse amérindienne, et quatre
entrevues de cinquante minutes chacune, Prophétie amérindienne,
Sagesse amérindienne, Écologie et conscience, Musique et guérison.

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Aigle Bleu a bien évidemment écrit plusieurs ouvrages sur la
spiritualité et les traditions amérindiennes :
En 1985, il rédige L’héritage spirituel des Amérindiens, publié aux
Éditions de Mortagne et plusieurs fois réédité.
En 1992, Le cristal en thérapie dans la tradition amérindienne est
publié chez Guy Saint-Jean. Ce volume est traduit en anglais
(The American Indian Secrets of Crystal Healing, W. Foulsham & Co
Ltd, 1996, 2000) et en allemand (Ganzheitliche Edelsteintherapie,
Bauer, Fribourg, 1999). Il a ensuite été révisé et augmenté en
2006 sous le titre Le cristal et la santé publié par les éditions
Invocation, puis en 2014, augmenté et renommé Puissance
cristalline – Guérir avec les pierres dans la tradition amérindienne et
publié par Le Dauphin Blanc.
En 1999 paraît Le sentier de la beauté – Cérémonies et rituels
amérindiens. La cinquième édition a été publiée en 2015 par Le
Dauphin Blanc.
En 2003, Aigle Bleu produit une plaquette, Sons et fragrances pour
la Santé – Aromathérapie et musicothérapie amérindiennes, publiée
ensuite par les éditions Invocation sous le titre de Fragrances
sacrées et musiques mystiques.
En 2014, Le Dauphin Blanc publie la première édition du Cercle
de toutes nos relations.
En 2014, il coécrit, avec Pierre Rabhi, le père Holtoff, Lama
Mingyour et Lama Lhundroup, Ce que nous dit la nature – Regards
croisés sur l’évolution des origines à nos jours, publié aux éditions
du Relié.
En tant que membre du Cercle de Sagesse et du Collège de
Chamanisme Ancestral, Aigle Bleu est coauteur du livre à succès
Plumes de chamans, édité par Véga (Guy Trédaniel) en 2014, et du
Manifeste du Cercle de sagesse chamanique, qui sont offerts en
plusieurs langues.

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Table des Matières
Les Animaux Totems 2
Préface 5
Introduction 8
L'interprétation des signes et des rêves 14
Qu'est-ce que l'Animal Totem? 19
Comment trouver l'Animal Totem? 23
Comment travailler avec les Totems 29
Le castor 36
La taupe 39
L'ours 42
Le renard 45
L'aigle 48
Le serpent 53
La tortue 56
Le cougar 59
Le loup 62
L'écureuil 65
Le hibou 68
Le chien 71
La baleine 74
Le phoque 77
Le chevreuil 79
Le tatou 82
La loutre 86
Le blaireau 89
La chauve-souris 93
La grenouille 97

192
Le faucon 100
Le papillon 104
Le porc-épic 107
La fourmi 111
Le cheval 114
La belette 120
La corneille 123
La libellule 126
La mouffette 130
La perdrix 134
La souris 137
Le corbeau 140
Le coyote 143
Le dindon sauvage 148
Le lièvre 151
Le héron 154
Le lynx 157
Le wapiti 160
Le lézard 164
L'orignal 167
L'alligator 170
Le sanglier 173
Le saumon 176
L'oie sauvage 180
Le jaguar 184
Biographie d'Aigle Bleu 188

193

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