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Datation des os par racémisation d'acides aminés

A partir d'une publication de Bada et Protsch de l'Université de Californie, 1973 : Proc. Nat. Acad. Sci.
USA- Vol 70, N°5, p1331-1133 (?), May 1973.

La datation est un enjeu important en paléontologie et en archéologie. La datation au carbone 14 permet


de dater des échantillons vieux d'environ 40 000 ans au maximum. L'étude de la racémisation d'acides
aminés, comme l'acide aspartique, présents dans un os par exemple, permet de remonter jusqu'à 110 000
ans.
En effet, dans un os vivant, l'acide aspartique est majoritairement présent sous la forme "L", de
configuration S. Après la mort, le stéréoisomère "L" se transforme en "D", de configuration R jusqu'à
l'obtention d'un mélange racémique.
O O

O O
OH OH

OH NH2 OH NH2

Acide-L-aspartique Acide-D-aspartique
Les réactions de racémisation obéissent à une cinétique du premier ordre (sens direct et sens indirect) et
l'évaluation du rapport des quantités D/L permet de calculer l'âge de l'échantillon.

Mode opératoire simplifié :


Après nettoyage de l'os, hydrolyse à reflux pendant 24 heures dans l'acide chlorhydrique à 6 mol.L-1 et
élimination des sels minéraux, la solution est passée sur résine échangeuse d'anions. Le mélange d'acides
aminés est séparé en 3 fractions : la première contenant plusieurs acides aminés, la deuxième contenant
l'acide glutamique et la troisième contenant les acides aspartiques.
On prépare ensuite des dipeptides par réaction de la L-leucine sur le mélange d'acides aspartiques D et L.
les dipeptides sont ensuite séparés par une chromatographie classique.
O O COOH

COOH
OH N
H
NH2 NH2

L-leucine dipeptide leucine-acide aspartique

On donne l'allure des chromatogrammes obtenus


Chromatogramme type Os actuel Os de 17550 ans Os à dater
Remarque : l'os de 17550 ans a été daté au carbone 14.

Question : Expliquer la méthode utilisée et déterminer l'âge de l'os à dater.


Datation des os par racémisation d'acides aminés (corrigé)
Les grandeurs D et L représentent les quantités respectives en isomère D et en isomère L, elles peuvent
aussi représenter les fractions molaires en énantiomères D et L dans l'acide aspartique.
La transformation s'écrit L = D avec la même constante de vitesse k dans les deux sens. En effet, on
nous indique qu'il y a racémisation jusqu'à un mélange racémique, si le système a le temps d'y parvenir,
donc Deq = 0,5 K° = 1 k1 = k-1 = k.
De plus, si les constantes de vitesse devaient être différentes, on ne disposerait pas d'un nombre suffisant
d'informations pour répondre car on ne connaitrait pas la valeur de Deq.
On a dD/dt = k.(1 – D) – k.D qui s'intègre sous la forme D = Deq + A.exp(-2k.t). Pour t = 0 (à la mort de
l'animal ou de l'humain), D = Di, on a donc finalement D = Deq + (Di – Deq)×exp(-2kt).
On obtient donc la relation (I) : Ln{(D – Deq)/(Di – Deq)} = -2k.t.
Les chromatogrammes donnent un rapport D/L = r, avec D + L = 1, on en déduit D = r/(1 + r).
On connaît déjà Deq = 0,5, on calcule alors Di = 0,065 (mort de l'animal), D1 = 0,242 pour t1 = 17550 ans
et D2 = 0,419 pour l'échantillon d'âge t2 que l'on cherche à déterminer.
On utilise la relation (I) pour les dates t1 et t2 et on fait le rapport membre-à-membre.
On calcule t2 = 56516 ans et on conclut t2 = 5,6.104 ans.
Remarques :
L'isomérisation est peut-être rendue possible par le fait que l'acide aspartique est énolisable.
Les deux isomères D et L sont deux énantiomères. Il faut un environnement achiral pour avoir k1 = k-1 et
Deq = 0,5.
La L-leucine permet d'obtenir deux diastéréoisomères à partir des deux énantiomères. Ces
diastéréoisomères présentent des références frontales différentes et sortent à des instants différents (Les
auteurs ont effectué des chromatographies sur colonne).
Pour s'affranchir (partiellement ?) des fluctuations de température, les auteurs expliquent qu'ils ont utilisé
une méthode par étalonnage, en étudiant un os plus jeune et d'un site proche, cet os ayant été daté au
carbone 14 (c'est l'échantillon de 17550 ans).

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