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à la pression (tiré de
Modernist Cuisine at
Home, The Cooking Lab,
LLC, 2012).
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GASTRONOMIE MOLÉCULAIRE
La science passe
derrière
les fourneaux
La cuisine, c’est de la chimie ! Oui, mais pas seule-
COURTESY OF THE COOKING LAB, LLC ©THE COOKING LAB, LLC
Christophe Lavelle
BIOPHYSICIEN ET ÉPIGÉNÉTICIEN,
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, PARIS
Spécialiste de l’alimentation, il est chercheur au CNRS. Il a cosigné et
codirigé plusieurs ouvrages, dont Molécules. La science dans l’assiette
(Les Ateliers d’Argol, 2021) et Je mange donc je suis (Éd. MNHN, 2019).
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GASTRONOMIE MOLÉCULAIRE
culturel immatériel de l’humanité comme crire un peu, nous nous focaliserons sur les
potimarron, chantilly (ou
« un repas festif dont les convives pratiquent, aspects purement matériels de la gastronomie,
« émulsion mousseuse »)
d’huile d’olive, piment pour cette occasion, l’art du “bien manger” et du c’est-à-dire précisément ce qui fait l’objet de la
d’Espelette. “bien boire”. [Il] met l’accent sur le fait d’être bien gastronomie dite « moléculaire », mot introduit
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pour la première fois en 1992 lors d’un colloque laisseront rien au hasard (4) . » Car tel est bien l’en-
réunissant cuisiniers et scientifiques à Erice, en jeu de la gastronomie moléculaire : comprendre
Italie. Nous proposons de le définir en paraphra- la cuisine… pour mieux la maîtriser !
sant de manière éhontée Brillat-Savarin, comme
« la connaissance raisonnée à l’échelle molécu-
1PHYSIQUE DE
laire de tout ce qui a rapport à l’homme, en tant
qu’il se nourrit ». Ainsi, la gastronomie molécu-
laire apparaît tout naturellement comme une LA MATIÈRE...
sous-discipline de la gastronomie, tout comme
la biologie moléculaire est une sous-discipline de
COMESTIBLE
la biologie ! Cette jeune discipline a même depuis La cuisine fait appel à une transformation des
peu son handbook (manuel) qui, en 900 pages, ingrédients, qui sont autant d’échantillons
dresse un état de l’art (seulement partiel, tant le de matière (animale, végétale, fongique…,
champ est vaste) dans le domaine (3) . voire minérale, comme le sel) que nous offre
Et la cuisine dans tout ça ? C’est l’« action de la nature. Si, à l’école, nous avons tous appris
Huile
préparer le repas », nous dit l’Académie fran- les fameux trois états de la matière (solide,
çaise (mot venant du bas latin cocina, dérivé liquide, gazeux, éventuellement étendus à cinq
Évaporation
de coquere, qui signifie cuire), définition qui se états avec le plasma et le condensat de Bose-
Convection
rapproche de celle de Brillat-Savarin mention- Einstein, pour les plus physiciens d’entre nous),
née précédemment. Nous retiendrons donc force est de constater que ces descripteurs sont
que là où la gastronomie est avant tout un dis- d’une utilisation très limitée en cuisine : les
cours, une connaissance (une science, au sens produits bruts (viande, poisson, légume…),
original du terme emprunté du latin scientia, la tout comme transformés (mousses, gâteaux, Mayonnaise réussie
connaissance), la cuisine constitue une activité crèmes…), ne rentrent en effet dans aucune
technique et artistique… à laquelle l’adjonc- de ces catégories : ce sont des systèmes com-
Rayonnement/Conduction
tion de l’épithète « moléculaire » ne peut que plexes, enchevêtrements de parties solides,
laisser perplexe. L’expression trouve en fait son liquides ou gazeuses, dont la description fait
origine dans un glissement sémantique, qui a appel au formalisme des systèmes dispersés Mayonnaise ratée
conduit notamment certains journalistes à qua- (mousses, gels, émulsions, suspensions).
RÉUSSIR SA
lifier ainsi la cuisine novatrice qui a émergé en Prenons un exemple : pour faire une mayon-
même temps que la gastronomie moléculaire naise, on met un peu de vinaigre (éventuel-
MAYONNAISE
et où des chefs, parfois inspirés par les scienti- lement de moutarde) dans un jaune d’œuf, Le secret est d’ajouter
fiques, se sont mis à utiliser des techniques de on assaisonne (sel, poivre, herbes…) puis on doucement l’huile au
mélange de jaune
« laboratoire » (thermoplongeurs pour cuire au incorpore de l’huile versée en mince filet tout d’œuf et de vinaigre,
degré près, azote liquide pour congeler instan- en touillant vigoureusement. Si tout va bien, le tout en remuant
tanément, bouteille sous pression de protoxyde milieu s’épaissit (ce qui est contre-intuitif, car vigoureusement.
On minimise ainsi
d’azote pour foisonner, etc.). Si le mot est resté on est en train de verser du liquide dedans !)
la taille des
pour nommer toute cuisine qui semble très car l’émulsion « prend »… ou pas, si on s’y est gouttelettes d’huile.
« expérimentale », il est en concurrence avec mal pris, la mayonnaise restant alors désespé- Ce fractionnement
d’autres néologismes tels que cuisine d’avant- rément liquide (et tranchée, le gras et l’eau refu- diminue leur vitesse
de migration et évite
garde, constructivisme culinaire, cuisine moder- sant de se mélanger). Quelle différence entre les que la mayonnaise rate.
niste ou encore cuisine techno-émotionnelle ! deux systèmes ? Aucune différence chimique
Mais laissons ce débat aux linguistes pour nous (les ingrédients n’ont pas changé) mais une
INFOGRAPHIES : BRUNO BOURGEOIS
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Départ eau froide ou
eau chaude ? Pour les
légumes verts (haricots,
petits pois, brocolis...),
on préférera une cuisson
courte pour garder le
croquant et la couleur.
Donc on les jettera dans
un grand volume d’eau
bouillante. Pour les
tubercules ou racines
(pommes de terre,
topinambours...), on
visera une cuisson lente dans l’huile, largement majoritaire, conférant ce fractionnement diminue la vitesse de migra-
qui sera plus uniforme à l’ensemble une structure liquide qui se rap- tion. Mais il faut en même temps lutter contre
et évitera notamment proche en fait… de la vinaigrette ! la coalescence (phénomène d’agrégation et de
que l’extérieur parte en Si ce « ratage » a inspiré de nombreuses explica- fusion des gouttes d’huile entre elles) : pour cela,
purée avant que
l’intérieur ne soit cuit ! tions hasardeuses (« c’est à cause de la tempéra- il faut modifier la tension de surface entre l’huile
ture du jaune d’œuf », « c’est parce qu’il ne fal- et l’eau à l’aide des tensioactifs, autrement dit des
lait pas s’arrêter de tourner », « c’est parce que le molécules amphiphiles (avec un côté hydro-
bol n’était pas adapté », etc.), la physique nous phile et un côté hydrophobe). Ça tombe bien, le
permet d’identifier plus sûrement le seul para- jaune d’œuf est non seulement riche en phos-
mètre essentiel du processus : il faut bien frac- pholipides, mais également en protéines, que la
tionner la phase huileuse, et donc ajouter dou- composition en acides aminés hydrophiles pour
cement l’huile tout en remuant vigoureusement. certains et hydrophobes pour d’autres rend natu-
Pourquoi ? L’huile étant moins dense que l’eau rellement amphiphiles ! Si la mayonnaise est un
dans laquelle elle est dispersée, la poussée d’Ar- système digne d’intérêt pour le physicien, il en
chimède l’entraîne vers le haut (phénomène de est de même de la plupart des systèmes disper-
« crémage ») : la prise en compte des forces de sés qui remplissent les ouvrages culinaires. La
friction lors de la remontée des gouttes d’huile meringue, par exemple, qui commence par un
nous amène à la loi de Stokes, bien connue foisonnement de blanc d’œuf, respecte à peu
PBUATHONG / ISTOCK / GETTY IMAGES PLUS
des physiciens, qui nous donne une vitesse de près les mêmes principes que la mayonnaise :
migration où le seul paramètre sur lequel on peut après tout, au lieu de disperser des gouttes d’huile
jouer est le rayon r des gouttelettes (la vitesse de dans l’eau, on tente d’y disperser des bulles d’air.
migration varie comme le carré de ce rayon :
v = 2gr2(eau – huile)/9, où g est l’accélération de LES LOIS SUBTILES DE LA CUISSON
la pesanteur, eau ou huile la masse volumique
de l’eau et de l’huile et la viscosité de cisaille- La physique nous plonge aussi dans les trans-
ment de l’eau). Ainsi, en fouettant vigoureuse- ferts thermiques et les finesses des cuissons, qui
ment, on minimise la taille des gouttelettes et sont au cœur du métier de cuisinier, comme
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l’étymologie du mot nous le rappelle. En effet, contact (avec de la Cellophane, par exemple) et/
la température a une influence majeure sur ou chimiquement, en ajoutant à la préparation
les réactions chimiques, les changements de un peu de jus de citron, riche en acide ascor-
phase et les processus biologiques : réactions bique qui est un puissant antioxydant.
enzymatiques, coloration (par brunissement Vous aimez les endives et ne comprenez pas
non enzymatique), coagulation des protéines, que vos enfants les repoussent ? La génétique
gélatinisation de l’amidon, liquéfaction/cris- nous apprend qu’il ne faut pas les blâmer d’of-
tallisation de la matière grasse, vaporisation de fice, car nous ne sommes pas égaux devant
H O
l’eau… tous ces phénomènes sont très dépen- l’amertume, chacun exprimant plus ou moins
C
dants du chaud et du froid soufflés par le cuisi- les 25 récepteurs qui permettent à nos papilles
nier ! Or les transferts de chaleur peuvent se faire de la détecter.
de trois manières : par conduction thermique Vos confitures ont du mal à prendre ? En effet,
– processus de transport de l’énergie interne Acide ascorbique les pectines des fruits, extraites dans le jus lors
lié à l’agitation moléculaire –, par convection de la cuisson, sont chargées négativement (du
thermique – les mouvements classiques d’agi- fait de leurs groupes carboxyles ionisés) et ont
tation dans une casserole en ébullition – et par
Huile donc tendance à se repousser. Pour lutter contre
radiation, principalement dans l’infrarouge. En ce phénomène et favoriser leur association, gage
modélisant le système culinaire étudié à l’aide d’une bonne prise de la confiture (ou de la gelée
de ces processus, on peut ensuite effectuer des de fruits), il suffit d’ajouter des protons (H+) et
calculs afin de modéliser la cuisson d’un rôti, donc de l’acidité, d’où l’ajout de jus de citron
mais aussi la prise d’une glace, le temps de cuis- N dans la plupart des recettes.
son des pâtes, etc. (lire l’encadré p. 86). Vous vous demandez si ajouter des haricots
rouges crus à une salade pour un peu de cro-
Mayonnaise réussie
quant serait une bonne idée ? La toxicologie vous
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GASTRONOMIE MOLÉCULAIRE
H O
C
principe « brûlant » du piment, n’étant que très (baie de diverses espèces de poivriers, de la
peu hydrosoluble, boire de grands verres d’eau famille des pipéracées) mais est tirée de l’écorce
(ou de bière, ce qui est à 95 % pareil, sans comp- du fruit d’arbustes du genre Zanthoxylum, de la
ter le brûlant de l’éthanol des 5 % restants) ne famille des rutacées…Acide
à laquelle appartiennent
ascorbique
servira à rien. Une meilleure option est de boire notamment les agrumes, dont le pamplemous-
du lait, dont les lipides et les protéines (casé- sier ! Or cette écorce contient divers composés
ines) sont autant de supports capables de se
Huile (alpha sanshool, alpha hydroxy sanshool) dont
lier à la capsaïcine et de l’évacuer vers l’esto- le pouvoir anesthésiant est utilisé depuis long-
Évaporation mac, qui ne s’en portera que mieux, puisque temps par la médecine traditionnelle chinoise.
Convection
cette molécule a prouvé ses capacités anti-
bactériennes, notamment contre Helicobac-
3 ENSEIGNER N
ter pylori, bactérie responsable de nombreux
ulcères et cancers de l’estomac.
À propos de sensations fortes, vous avez croqué
Mayonnaise réussie
LA SCIENCE
(par mégarde ou par curiosité) dans un clou de
girofle qui traînait dans votre vin chaud, et vous
SUR LE TERRAIN
Rayonnement/Conduction êtes surpris par l’effet anesthésiant ? Les bou- Si, comme nous venons de le voir, science et
Capsaïcine
tons de fleur du giroflier Syzygium aromaticum cuisine font bon ménage, c’est seulement
QUELLE
sont en effet riches en eugénol,
Mayonnaiseaux propriétés
ratée récemment que le rapprochement des deux
DURÉE DE
analgésiques qui font son succès en application domaines s’est opéré dans les cursus pédago-
CUISSON ? dentaire (bains de bouche) ou comme traite- giques, et ce jusqu’au sein des universités. C’est
Au bout de combien de ment de douleurs musculaires (crèmes). L’eugé- ainsi que nous avons créé en 2004, à l’université
temps 95 % de l’amidon Eugénol
nol n’est pas le seul anesthésiant que l’on trouve Pierre-et-Marie-Curie (aujourd’hui Sorbonne
contenu dans les pâtes
sera-t-il gélatinisé ? Pour dans les aliments. Ainsi, si vous avez déjà cro- Université), avec Hervé This et Anne Woisard,
le savoir, il faut prendre qué dans un grain de poivre de Sichuan, vous ce qui était à l’époque le premier module de
en compte différents avez pu expérimenter la sensation unique de gastronomie moléculaire dans l’enseignement
mécanismes :
fourmillement des lèvres et de la langue, combi- supérieur. Depuis, les initiatives se sont multi-
rayonnement et
conduction, convection née à un surprenant arôme de pamplemousse. pliées un peu partout dans le monde, jusque
et évaporation. De fait, cette épice n’a rien à voir avec le poivre dans les universités les plus prestigieuses (5). Si
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la cuisine intéresse légitimement les scienti- la gastronomie moléculaire, qui étudie les phé-
fiques, qui y voient un corpus de phénomènes nomènes qui surviennent lors de la transforma-
fascinants à explorer et sur lesquels exercer leur tion et de la consommation des mets, peut nous
savoir (inter)disciplinaire, il en va de même aider à mieux cuisiner… voire à innover ! Car si
dans l’autre sens, avec l’intérêt grandissant l’art questionne la science, la science peut ins-
que manifestent les cuisiniers envers la com- pirer l’art, le chimiste se faisant alors alchimiste.
préhension des techniques qu’ils mettent en
œuvre au quotidien. C’est ainsi que la science EN ATTENDANT LA CULTURE CELLULAIRE
prend de plus en plus de place dans les ensei-
gnements hôteliers, jusqu’à la formation des Mais n’oublions pas que l’alimentation est aussi
professeurs de cuisine eux-mêmes (dont j’as- affaire de culture, et que si la technologie, sou-
sure depuis dix ans au sein de l’Institut natio- tenue par la physique et la chimie, nous pro-
nal supérieur du professorat et de l’éducation pose des solutions pour une alimentation plus
la « mise à jour » scientifique). La tendance est saine, plus durable et plus goûteuse, le mangeur
particulièrement manifeste dans la dernière n’adhérera que si cette cuisine lui « parle », ou,
réforme du baccalauréat technologique cui- pour reprendre les mots de l’anthropologue
sine (rebaptisé « sciences et technologies culi- Claude Lévi-Strauss, si elle est « bonne à pen-
naires »), où l’on demande notamment aux ser ». C’est ce qu’avait négligé le chimiste Mar-
élèves de savoir « identifier les principaux phé- cellin Berthelot qui, dans son discours au ban-
nomènes physico-chimiques générés par l’acte quet de la Chambre syndicale des produits
culinaire », petite révolution dans une filière où chimiques en 1894, prédisait pour l’an 2000
le référentiel se résumait avant tout à une liste « des aliments [fabriqués] de toutes pièces avec
de techniques (peler, brider, griller, rôtir, lier…). le carbone emprunté à l’acide carbonique, avec
(1) J ean Anthelme Brillat-
Quelle(s) science(s) transmettre pour former l’hydrogène pris à l’eau, avec l’azote et l’oxygène Savarin, La Physiologie
des cuisiniers complets, sans pour autant en tirés de l’atmosphère » dans un monde où « cha- du goût, Flammarion, 2009
faire des scientifiques aguerris (ce qui n’est ni cun emportera pour se nourrir sa petite tablette (éd. originale 1825).
réaliste, ni le but recherché) ? Brillat-Savarin azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit (2) Descriptif complet
nous avait mis sur la voie : de la biologie, pour morceau de fécule ou de sucre, son petit flacon sur le site de l’Unesco
www.tinyurl.com/Unesco-
comprendre la nature et la composition des d’épices aromatiques, accommodés à son goût
repas-gastronomique
ingrédients ; de la physico-chimie, pour com- personnel ». Force est de constater que l’on en
(3) R óisín Burke, Alan Kelly,
prendre leurs transformations sous l’effet d’un est loin, et que l’humain d’aujourd’hui se nour- Christophe Lavelle, Hervé This
traitement mécanique (couper, broyer, mixer, rit peu ou prou de la même manière que ses vo Kientza (dir.), Handbook
fouetter…), thermique (griller, bouillir, rôtir) ou ancêtres du Néolithique, à savoir de végétaux of Molecular Gastronomy.
chimique (macérer, mariner…) ; de la physio- cultivés et d’animaux élevés, transformés de Scientific Foundations,
Educational Practices and
logie, pour comprendre non seulement le goût, manière plus ou moins heureuse par la cuisine.
Culinary Applications,
mais aussi l’impact de l’alimentation sur notre Là où Berthelot avait sans doute vu plus juste, CRC Press, 2021.
santé ; et, bien sûr, de l’écologie, pour donner c’est quand il ajoutait : « tout cela fabriqué éco- (4) A uguste Escoffier, Le
conscience au cuisinier de l’impact de son acti- nomiquement et en quantités inépuisables par Guide culinaire, Flammarion,
vité sur l’environnement. nos usines. […] L’homme gagnera en douceur et 1993 (éd. originale 1903).
Le défi pédagogique est de rendre, d’une part, la en moralité, parce qu’il cessera de vivre par le car- (5) Voir notamment ce qui se
science gourmande aux yeux de nos apprentis nage et la destruction des créatures vivantes. » Car fait à Harvard (https://
sciencecooking.seas.harvard.
scientifiques, et d’autre part accessible à ceux s’il est bien un sujet qui fait aujourd’hui pleuvoir edu), Stanford (www.tinyurl.
de nos apprentis cuisiniers ! les investissements et couler de l’encre, c’est la com/Stanford-cuisine) ou
Alors que l’alimentation est une nécessité (phy- culture cellulaire, qui permet de (re)produire en encore UCLA (www.
siologique) et la cuisine un acte technique à la laboratoire des tissus animaux (poisson, viande, scienceandfood.org).
composante artistique plus ou moins pronon- et même foie gras) qui, avec la démocratisation (6) Christophe Lavelle,
cée, la gastronomie est une connaissance, une du processus, devraient bientôt se retrouver « Associations mets-vins:
accords… et désaccords »,
culture sur laquelle se construit un discours, dans nos assiettes. Et avec ça, me direz-vous, in Jean-Robert Pitte (dir.),
qui peut être hédoniste mais aussi scientifique « qu’est-ce qu’on boit ? » Un peu ce que vous Les Accords mets-vins, CNRS
(l’un n’empêchant pas l’autre). C’est ainsi que voulez, car la science n’a pas réponse à tout (6) ! J Éditions, p. 221-230, 2017.
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