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Décembre 2022
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en euros
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Décembre 2022
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en dollars
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La question du cobalt est plus épineuse encore. Ses prix ont triplé en deux ans,
notamment en raison des projections de croissance du véhicule électrique. Les
craintes sont aussi géopolitiques et sociétales. Plus des deux-tiers du cobalt extrait à
travers le monde proviennent de la République démocratique du Congo, une
production effectuée dans des conditions extrêmement difficiles, parfois par des
enfants. Une situation dénoncée par des ONG qui mettent en évidence les défauts
de surveillance de leur supply chain par les principaux fabricants de batteries. La
récente révision du code minier congolais, qui rehausse les royalties sur la
production de métaux stratégiques, a aussi participé à l’emballement mondial autour
de ce métal critique dont les réserves sont très inégalement réparties. Sur les 100
000?tonnes extraites en 2017, la Chine en aurait consommé 80 % selon l’Institut
d’études géologiques des États-Unis (USGS). La demande croissant plus vite que
l’offre a entraîné une course à la sécurisation des approvisionnements par les
industriels [lire l’encadré ci-contre].
Les autres technologies concurrentes n’ont, pour l’immense majorité, pas fait leurs
preuves au niveau industriel. Des innovations laissent toutefois espérer une
diversification des matières impliquées, telle cette batterie low-cost du MIT à base de
matériaux courants (du soufre, de l’air, de l’eau et du sel) qui permettrait de diviser
par cinq le coût "batterie" du kilowattheure (qui ne représente lui-même qu’un tiers
du coût total du stockage, développement, construction et gestion de l’énergie
compris). Ou ces tests récents pour remplacer la coûteuse cathode lithium-cobalt
par du graphène couvert de nanofilaments de vanadium dans une batterie zinc-ion.
Les travaux se multiplient aussi sur les matières organiques qui pourraient substituer
ou booster les métaux critiques des batteries actuelles. Les algues, rouges ou
vertes, font l’objet de recherches pour leur capacité à synthétiser des
nanomatériaux, comme le carbone poreux pour remplacer le graphite. Plus crédible
pour le stockage de masse, la batterie lithium-air n’en finit pas de jouer avec les
nerfs des chercheurs qui travaillent dessus. Mais Toyota et le MIT croient encore à
ses promesses. L’air, lui, ne devrait pas venir à manquer.
La substitution du cobalt dans les batteries n’étant pas pour demain, les industriels veulent
massivement sécuriser leurs approvisionnements. Le chinois GEM fait la course en tête après la
négociation d’un contrat de trois ans auprès du premier producteur mondial, Glencore. « Si le
cobalt tombe aux mains des chinois, vous ne verrez pas de véhicules électriques produits en
Europe », fanfaronnait le DG du groupe minier Ivan?Glasenberg, peu après avoir vendu au
chinois un tiers de sa production. Une bonne manière de placer rapidement les deux autres tiers.
Volkswagen a connu un premier échec après avoir proposé une garantie d’achat sur dix ans
sans s’engager sur le prix. Lot de consolation, du cobalt de Glencore finira dans ses batteries,
son fournisseur Catl s’approvisionnant chez GEM. La téléphonie s’inquiète aussi. Tandis que
Samsung SDI relançait le recyclage de téléphones usagés, la filiale négoce Samsung C & T
négociait un accord pluriannuel d’achat auprès de Somika en République démocratique du
Congo. Apple avait lancé des discussions similaires dès février. À ce rythme, il ne restera pas
grand-chose pour le stockage sur les réseaux électriques.