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Avant-propos
1
On lira PV(SV) I.1"51 dans la traduction de MOOKERJEE/NAGASAKI (1964;
pour PV[SV] I.1"10, voir aussi GILLON/HAYES [1991]), et s!initiera à la doc-
trine de l!apoha (PV[SV] I.40"185) avec, au choix, la monumentale traduc-
tion commentée des strophes par FRAUWALLNER (1932, 1933), ou l!étude de
ZWILLING (1976). Dès PV(SV) I.52"94 puis I.163"180, on comparera ces
traductions avec celles de VORA/OTA (1979, 1980, 1982) et de OTA (1981).
PV(SV) I.185"197 trouve des parallèles dans PVin II (surtout PV[SV]
I.193cd"196), édités et traduits par STEINKELLNER (1979). PV(SV) I.198"
223 a fait l!objet d!une traduction par YAITA (1985, 1985b, 1987, 1988). La
toujours indispensable étude de VETTER (1964) inclut nombre de traductions
ponctuelles.
2
Ce passage a été presque intégralement traduit en langue japonaise: PV(SV)
I.224"268 par $MAE (1988, 1988b, 1989, 1990, 1990b, 1991), PV(SV)
I.292"340 par WAKAHARA (1988, 1990).
6 Avant-propos
3
Sur ce terme et la doctrine qu"il désigne, voir pp. 115!116.
Avant-propos 7
dans une longue introduction, textuels au sens large dans une série
d!appendices. L!argumentation et l!érudition de Dharmak!rti d!un
côté, les problèmes liés à l!établissement du texte et la matière vo-
lumineuse des commentaires de l!autre, rendaient en effet pratique-
ment impossible de consigner toute l!information dans l!annotation
infrapaginale de la traduction. Par principe, j!ai donc réservé celle-
ci aux explications fournies par les commentateurs indigènes ("#-
kyabuddhi dans PV$, Kar%akagomin dans PVSV$, Manorathanan-
din dans PVV): objections introductives, explications, conclusions
et «formalisations» des arguments. Les notes de la traduction ne
consignent d!informations historiques, littéraires et doctrinales que
celles dont le caractère strictement ponctuel ne nécessitait pas que
je les traitasse en introduction ou en appendice. Pour l!essentiel
donc, cette annotation présente, fortement condensée, l!irrempla-
çable explication indigène du texte de Dharmak!rti.
Dharmak!rti ne prend que rarement la peine de présenter la posi-
tion à partir de laquelle il argumente et polémique; de plus, le phi-
losophe ne juge pas utile d!exposer les points de doctrine qu!il
critique. A l!exégète revient donc d!identifier, de présenter et, le
cas échéant, de reconstruire, les unes et les autres positions doctri-
nales. Plutôt que de reléguer ces matériaux dans des notes de fin
complétant l!annotation infrapaginale, je me suis résolu à les orga-
niser thématiquement dans cinq des six chapitres introductifs. J!ai
cherché, tout en lui préservant un caractère aisément accessible et
repérable, à structurer cette érudition, à lui donner une forme sui-
vie, lisible. Ces chapitres introductifs se découpent donc en para-
graphes, dont chacun tient lieu à la fois d!une section de l!introduc-
tion et d!une note introductive et/ou explicative à tel thème abordé
par Dharmak!rti. A ces subdivisions de l!introduction, je renvoie
dans la traduction comme on renverrait à des notes de fin. On est
donc libre de les lire à la façon d!un texte suivi, ou de s!y référer
au gré des renvois que je propose en cours de traduction. De même
est-on libre de juger trop longue et peu originale cette introduction:
son seul mérite est d!organiser rationnellement des informations
qui, reportées dans des notes de fin par principe décousues, eussent
à mes yeux pâti de disparate. Le nombre des chapitres se conforme
8 Avant-propos
4
Voir ELTSCHINGER 2003.
10 Avant-propos
5
Voir AKIMOTO 1993.
6
Voir TILLEMANS 1993.
Avant-propos 11
J!ai cru bon de faire précéder mes cinq sections introductives d!un
chapitre dans lequel j!ose quelques conjectures d!ordre historique
et idéologique quant aux conditions susceptibles d!avoir présidé à
une telle critique de l!incréation du Veda. Ce chapitre initial appel-
le quelques remarques. Le (pauvre) débat méthodologique interne
aux études bouddhiques indiennes tend à opposer approches «phi-
lologique» et «herméneutique». Outre l!attachement qu!elle témoi-
gnerait à la constitution scrupuleuse des textes, l!approche philolo-
gique acquiescerait à la possibilité d!une interprétation censément
objective de ceux-ci. Cette approche supposerait qu!en ramenant
les textes étudiés à leurs contextes originels de production, il soit
possible d!en dégager une signification contemporaine de leur
composition. Sceptiques quant à ce qu!ils tiennent pour une ambi-
tion à la fois présomptueuse et vaine, les «herméneutes» n!attache-
raient de prix qu!aux conditions dans lesquelles nous recevons et
lisons les textes. Comme s!ils étaient autant de lettres personnelle-
ment adressées, de jeux ou de pièces n!existant que joués, les tex-
tes n!auraient ni existence ni signification par eux-mêmes, indé-
pendamment du lecteur qui les lit. Toute prétention à une objecti-
vité interprétative serait à condamner comme chimérique.
Pour Gregory SCHOPEN en revanche, le problème n!est pas tant de
définir les canons de la méthode à appliquer aux textes, que de cri-
tiquer les présupposés disciplinaires à l!"uvre dans notre constant
«assigning of primacy to literary materials in the study of reli-
gion».7 Dans cette primauté du texte sur les realia archéologiques,
dans l!ancillarité même de l!archéologie par rapport à la philolo-
gie,8 SCHOPEN dénonce des «présupposés protestants9» quant à la
7
SCHOPEN 1997: 13.
8
SCHOPEN 1997: 7: «Textuality overrides actuality. And actuality ! as ex-
pressed by epigraphical and archaeological material ! is denied independent
validity as a witness.»
9
Cf. le titre de l!essai («Archaeology and Protestant Presuppositions in the
Study of Indian Buddhism», = SCHOPEN 1997: 1#22), et SCHOPEN 1997: 13:
«Embedded " in apparently neutral archaeological and historical method
might very well be a decidedly nonneutral and narrowly Protestant assump-
12 Avant-propos
15
Dans l!ésotérisme bouddhique, DAVIDSON voit «the most politically involved
of Buddhist forms and the variety of Buddhism most acculturated to the me-
dieval Indian landscape» (DAVIDSON 2002: 114, voir aussi 2002: 4); pour lui,
«the rise and development of the esoteric form of Buddhism is the result of a
complex matrix of medieval forces» (DAVIDSON 2002: 114), des «sociopoliti-
cal matrices of the Indian environment» (DAVIDSON 2002: 3).
16
Par exemple: «esoteric Buddhism is a direct response to the feudalization of
Indian society in the early medieval period, a response that involves the sa-
cralization of much of the period!s social world» (DAVIDSON 2002: 2); «[t]he
emergence of the esoteric dispensation is both a response and a strategy on
the part of facets within Buddhist communities: it was a response to the diffi-
cult medieval environment and a strategy for religious reaffirmation in the
face of unprecedented challenges to the Buddhist social horizon» (DAVIDSON
2002: 113).
17
Par exemple: «with the Buddhists seeking to transform the political para-
digms into vehicles for sanctification» (DAVIDSON 2002: 5); «challenges to
previous paradigms» (DAVIDSON 2002: 29"30); «extraordinary paradigm
shift in intellectual values» (DAVIDSON 2002: 99); «paradigm of dominance,
hierarchy, and regal power» (DAVIDSON 2002: 123); «relationship to a para-
digm of power, most fundamentally expressed in medieval feudal form»
(ibid.).
18
Par exemple: «the new, ritually oriented Buddhist system» (DAVIDSON 2002:
3); «new form of Buddhist practice» (DAVIDSON 2002: 76); «esoteric turn»
(ibid.); «the new turn to ritual» (DAVIDSON 2002: 163).
19
DAVIDSON 2002: 118.
16 Avant-propos
20
Par exemple: «the explicitly imperial significance of the abhi!eka» (DAVID-
SON 2002: 126).
21
Par exemple: «Ma"#alas are implicitly and explicitly articulations of a politi-
cal horizon in which the central Buddha acts as the R$j$dhir$ja in relation-
ship to the other figures of the ma"#ala. In their origin and evolution, reli-
gious ma"#alas represent a Buddhist attempt to sanctify existing public life
and recreate the meditator as the controlling personage in the disturbing
world of Indic feudal practice» (DAVIDSON 2002: 131); ou encore: «the iden-
tity of ma"#alas as articulations of the Buddhist response to the early medie-
val military and political situation» (DAVIDSON 2002: 133); «[i]ndeed, the
Buddhist ma"#ala is a classic analysis of the system of s$manta feudalism in
early medieval India» (DAVIDSON 2002: 139).
22
Par exemple: «the introduction and employment of self-visualization in the
tantras appear to stem from the consequences of the imperial model: a king
becomes divine when he is coronated and given dominion over a circle of
vassals (s"mantama#$ala)» (DAVIDSON 2002: 129).
23
Par exemple: «the most important factor in the consideration of these myths is
the recognition that they articulate a form of belligerence that is quintessen-
tially early medieval Indian. The narrative use of violence in the context of
Buddhist institutions allowed institutional esoterism to compete with %aivism,
to appeal to the worst instincts of the warlords of the medieval period and yet
to delimit the nature of approved violence» (DAVIDSON 2002: 152).
24
Par exemple: «Esoteric Buddhism ! directly reflects the internalization of
the medieval conceptual and social environment» (DAVIDSON 2002: 115);
«central aspects of esoteric Buddhism came to embody directly and unequi-
vocally the structure, aesthetics, and ideology of medieval Indian feudalism.
In short, esoteric Buddhism is the form of medieval Buddhism that interna-
lized, appropriated, reaffirmed, and rearranged the structures most closely
associated with the systems of power relations, ritual authentication, aesthe-
tics, gift-giving, clan associations, and sense of dominion that defined post-
Gupta Indian polities» (DAVIDSON 2002: 115); «internalization of fundamen-
tally non-Buddhist social models» (DAVIDSON 2002: 98); «esoteric Buddhism
as internalizing the political models of medieval India» (DAVIDSON 2002:
Avant-propos 17
160); noter aussi les expressions de «implicit political model of the Mantra-
y!na» (DAVIDSON 2002: 123), de «politization of Buddhism» (DAVIDSON
2002: 114), de «extension of the medieval milieu» (DAVIDSON 2002: 118), de
«accelerated engagement of monks in the ideology of the feudal universe»
(DAVIDSON 2002: 164), de «political environment providing the basic model
for esoterism» (DAVIDSON 2002: 166).
25
Par exemple: «sacralization of the socio-political environment, as it was seen
on the ground in seventh- to eighth-century India» (DAVIDSON 2002: 114).
26
Là où la chose me paraissait possible, j!ai cherché à incorporer les résultats
de DAVIDSON 2002 aux notes de ce chapitre introductif.
18 Avant-propos
27
Voir BRONKHORST 2002: 798"802.
28
GRAHAM 1987: 134a.
29
OBERHAMMER 1974a: 17"18.
Avant-propos 19
30
On doit à Bhart!hari (5e siècle, MBhD IV.7,16sq) l"une des plus anciennes
définitions de !gama: p!ramparye"a avacchinna upade#a !gama$ | #rutila-
k%a"a$ sm&tilak%a"a# ca |. «"gama ist [autoritative] Belehrung, die durch das
Vermitteltsein in einer Tradition bestimmt ist. Diese besteht einerseits in der
gehörten, andererseits in der erinnerten [Belehrung].» Traduction dans
OBERHAMMER/PRETS/PRANDSTETTER 1991: 117a. Pour différentes désigna-
tions concurrentes de l"Écriture en Inde ancienne, voir n. 30, pp. 76!77.
31
Je me permets, ici comme ailleurs dans mon introduction, d"utiliser «auto-
rité» en lieu et place de «validité épistémique», qui traduit le mot sanskrit
pr!m!"ya. Pr!m!"ya désigne la qualité d"être un pram!"a, une source/un
moyen de connaissance valide. En milieu logico-épistémologique bouddhi-
que, est connaissance valide (1) une connaissance fiable (avisa'v!din), la
fiabilité ayant pour critère, selon Dharmottara (740!800?), la capacité que
possède la connaissance incriminée de nous faire atteindre/obtenir (pr!pa"a-
#akti) l"objet (de la praxis humaine, prav&ttivi%aya) qu"elle indique (voir
KRASSER 1995: 247!249); (2) une connaissance révélant un objet jusque-là
inconnu (ajñ!t!rthaprak!#a[ka]). Comme l"a récemment montré KRASSER
(2001: 186!195), le premier critère a les faveurs du bouddhiste, alors que le
second est directement inspiré et adapté de la M#m"$s" (l"autorité du Boud-
dha se pouvant prouver soit à l"aune du premier critère, soit, face au M#m"$-
saka, à l"aune du second). Pour Dharmak#rti, le Bouddha est devenu (sembla-
ble à) une connaissance valide (pram!"abh(ta) en ce qu"il (i.e. sa parole) fait
atteindre/obtenir aux humains ordinaires le summum bonum (ni$#reyasa) au-
quel ils aspirent, et que sa prédication des Vérités Saintes révèle quelque
chose qui leur était inconnu (et inconnaissable), le Chemin dont il a fait lui-
même l"expérience (svad&%)a, PV II.145!146ab).
32
L"étymologie latine renvoie bien évidemment à l"écrit physique. Scriptura(e)
traduit régulièrement graphê, équivalent grec de l"hébreu ketav, et note l"é-
crit: lettre, inscription, décret ou texte sacré rédigé. L"emploi qui nous inté-
resse remonte à l"usage que firent de ces termes les auteurs païens, chrétiens
20 Avant-propos
1
Voir OBERMILLER 1999: 152"155 et CHATTOPADHYAYA 1997: 228"240.
2
Selon l!expression de l!historien Peter BROWN (1985: 27), pour qui «la ten-
sion sans relâche entre science et imagination est le ressort principal du mé-
tier d!historien» (1985: 26). Dans ses recherches sur le culte des saints et des
reliques dans le monde méditerranéen tardo-antique, l!historien britannique
valorise le recours à l!«imagination» (1985: 13, 21, 26"27), à la «faculté de
curiosité imaginative» (1985: 12). Appelé à «saisir le sens» (1985: 26; «com-
26 Introduction
11
Les trop rapides informations qui suivent sont principalement tirées de
NARAIN 1983: 34"44, GOKHALE 1983: 129"147 et TRIPATHI 1985: 236"267.
12
Par exemple: Samudragupta se dit ,!stratattv!rthabhart', fait don d!un villa-
ge à un brahmane; Kum"ragupta I donne un terrain à un brahmane s!ma-
vedin, autorise la vente de terrains à des familles brahmaniques afin qu!elles
y puissent pratiquer l!agnihotra et les pañcamah!yajña; Skandagupta offre
un terrain au brahmane Devavi*&u qui se vante de son assiduité aux hymnes
accompagnant l!agnihotra. Sous Kum"ragupta I et Skandagupta, on installe
des images de P"r+va et de cinq T!rtha#kara. Outre la légende qui lui prête
d!avoir confié l!éducation de son fils à Vasubandhu, Samudragupta aurait
autorisé, à la demande du roi singhalais Meghavar&a, la construction d!un
vih!ra destiné à héberger les pèlerins +r!la'kais à Gay". Le bouddhiste .mra-
k"rdava occupe de hautes fonctions militaires sous Candragupta II, et fait un
don en espèces à l!!ryasa)gha du monastère de K"kan"dabo/a; sous le règne
30 Introduction
noré l"état domestique (sur ce point, voir MSm- VI.37 et VI.89). Sans sur-
prise, le ViPur (III.18.35"36) taxe de «nagna» les contrevenants à cette règle
(voir CHOUDHARY 1957: 242n. 7; sur l!épithète de «nagna», voir aussi n.
suivante).
16
Sur ces désignations, leur évolution et la question de la distinction entre
«hérésies orthodoxes» et «hérésies hétérodoxes», voir DONIGER O!FLAHERTY
1971: 272"282 et 1983: 109"115. La désignation de «nagna» (qui vise habi-
tuellement les jainistes), s!entend ici de tous ceux qui ont rejeté l!habit/armu-
re du Veda, tray#sa+vara"a ou svadharmakavaca (voir ViPur III.17.5"6 et
III.18.34"35; voir aussi DANDEKAR 1997: 146"148).
17
Sur les groupes visés par ces termes, voir DONIGER O!FLAHERTY 1971: 272"
276 et 1983: 114.
18
Voir SUTTON 2000: 32"33.
32 Introduction
19
Selon MSm- II.11: yo !vamanyate te m*le hetu,!str!,ray!d dvija( | ! bahi$-
k!ryo n!stiko vedanindaka( ||.
20
Resp. MSm- IV.163, VIII.22, VIII.309; voir aussi MSm- III.150, 154 et 161.
Notons que la NSm- (I.158 et IV.180) prohibe aux hérétiques le témoignage
en justice.
21
Voir resp. YSm- I.271"272, JOSHI 1987: 311 et SENGUPTA 1985: 102.
22
Voir JOSHI 1987: 311.
23
Resp. MSm- IV.61, IV.30 et YSm- I.130.
24
ViPur III.18.36d: pañcamo nopapadyate. Le Nagna fauteur de pêché (p!pa-
k't) se définit également, dans ViPur III.18.37, comme un homme qui,
quittant la vie domestique (g!rhaspatya), ne devient ni ermite forestier (v!-
naprastha), ni renonçant itinérant (parivr!j).
25
Négligence et abandon des actes rituels obligatoires, des cérémonies aux
dieux, aux mânes, aux '$i et aux bh*ta (selon ViPur III.18.38"42).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 33
(s*ryo nir#k$ya(); le contact avec lui nécessite une ablution tout ha-
billé (sp'$.e sn!na+ sacailasya). Le ViPur proscrit encore la con-
versation (sambh!$a"a, !l!pa), la civilité (anupra,n!), le contact
corporel (spar,ana), la cohabitation ou la commensalité, au risque
d!expiations majeures voire d!un séjour en enfer.26 Il conclut27:
«Ne fût-ce que par la parole, qu!on n!honore ni les hérétiques, ni
les impies, ni les imposteurs, ni les hypocrites, ni les sophistes, ni
les faux dévots. Quant au contact avec eux, même de loin, qu!on
[l!]évite, ainsi qu!avec les grands pécheurs, les hérétiques, les dé-
pravés: qu!on y renonce donc! Tels sont les Nagna que [je] t!ai ex-
pliqués [dans le récit de M"y"moha], dont la vue ruine les rites fu-
néraires, dont la conversation détruit [tout] le mérite d!un jour.»
C!est donc sur le modèle des relations de «castes» que l!orthodoxie
brahmanique construit l!identité socio-religieuse des groupes répu-
tés «extérieurs au Veda» (vedab!hya).28
L!hostilité au bouddhisme cristallise dans un deuxième motif, ré-
current dans les Pur"&a: le «mythe» de la vulnérabilisation des dé-
mons (asura, dait[e]ya, d!nava) suite à leur endoctrinement par
l!hérésie. Pour résumer à l!extrême et aplanir les nombreuses va-
riantes du mythe,29 disons que les dieux, vaincus ou intimidés par
26
Voir ViPur III.18.43"50 et 95"96.
27
ViPur III.18.100"102: p!$a"-ino vikarmasth!n vai-!lavratik!ñ cha.h!n |
haituk!n bakav'tt#+, ca v!)m!tre"!pi n!rcayet || d*ratas tais tu samparkas
tyajya, c!py atip!pibhi( | p!$a"-ibhir dur!c!rais tasm!t t!n parivrajayet ||
ete nagn!s tav!khy!t! d'$.!( ,r!ddhopagh!tak!( | ye$!+ sambh!$a"!t
pu+s!+ dinapu"ya+ prana,yati ||. ViPur III.18.100 = MSm- IV.30. Sur la
conduite des chats (vai-!la) et des hérons (baka), voir MSm- IV.195"196;
sur le récit de M"y"moha, qui fixe l!étiologie du Nagna dans le ViPur, voir
infra. Pour d!autres références à ce type de prescriptions, voir CHOUDHARY
1957: 244nn. 1"3.
28
L!attitude a ses contreparties bouddhiques: voir ELTSCHINGER 2000: 20"23.
29
Les principaux passages ont été résumés et analysés par DANDEKAR
(1997) et DONIGER O!FLAHERTY (1971: 306"315); voir aussi CHOUDHARY
1957: 240"243, KHER 1979: 211 et KLOSTERMAIER 1989: 55. DONIGER
O!FLAHERTY (1983: 116) dit le mythe du Bouddha comme avat!ra de Vi*&u
un «Gupta myth».
34 Introduction
30
Selon la version du )Pur (II.2.4.10"11), dont: m!y!maya+ ,!stra+ tat $o-a-
,asahasrakam | ,rautasm!rtaviruddha+ ca var"!,ramavivarjitam || apa-
bhra+,amaya+ ,!stra+ karmav!damaya+ tath! | racaya iti!
31
Par exemple (informations glânées dans les sources secondaires mentionnées
n. 29, p. 33): Sur un plan philosophique, le moha,!stra proclame l!éternité du
monde, l!absence de créateur et de création, la négation de l!autre monde,
l!inutilité de la compassion, le «relativisme» jainiste, l!idéalisme (vijñ!na-
v!da, < le monde est vijñ!namaya) et la doctrine de la vacuité (,*nyav!da, <
le monde est an!dh!ra) bouddhiques, la corruption universelle par les pas-
sions et la nescience. Sa doctrine cardinale est la non-violence (ahi+s!, seul
moyen de gagner le ciel et la délivrance, svarga et mok$a), qu!il appuie sur
une doctrine jainisante de la pan-animation, et qui le conduit à refuser les
rites védiques sanglants. Ce Traité ravale les dieux )iva, Vi*&u, Ga&e+a et
S$rya au rang de l!homme, proclame l!inutilité et l!abandon de la p*j!, prête
aux dieux une permanente ébriété. Quant aux brahmanes, ils ne méritent que
mépris, eux qui s!adonnent à la débauche, à l!alimentation carnée, et dont la
cupidité maintient les sacrifices et les rites funéraires. Ce moha,!stra a reçu
la sanction des Écritures bouddhiques, ne contredit pas le Veda (lequel, tom-
bé du ciel, irrationnel et source de tourments, doit céder le pas à la perception
et à la raison); il promeut encore la nudité, le renoncement au monde, les
mortifications (dont l!arrachage des cheveux), le contrôle des sens; enfin, il
refuse toute légitimité aux «castes», sur la base de l!argument «monogénéti-
que» (sur cet argument, voir ELTSCHINGER 2000: 52"55).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 35
32
ViPur III.18.15"25 et 30: puna, ca rakt!mbaradh') m!y!moho jitendriya( |
any!n !h!sur!n gatv! m'dvalpamadhur!k$aram || svarg!rtha+ yadi vo
v!ñch! nirv!"!rtham ath!sur!( | tad ala+ pa,ugh!t!didu$.adharmair nibo-
dhata || vijñ!namayam evaitad a,e$am avagacchata | budhyadhva+ me vaca(
samyagbudhair* evam ihoditam || jagad etad an!dh!ra+ bhr!ntijñ!n!-
rthatatparam | r!g!didu$.am atyartha+ bhr!myate bhavasa)ka.e || m!y!-
moha( sa daitey!n dharmam aty!jayan nijam | n!n!prak!ravacana+ [c]a
te$!+ yuktiyojitam || tath! tath! tray#dharma+ tatyajus te yath! yath! | te !py
anye$!+ tathaivocur anyair anye tathodit!( || maitreya tatyajur dharma+
vedasm'tyudita+ param | any!n apy anyap!$a"-aprak!rair bahubhir dvija ||
daitey!n moh!y!m !sa m!y!moho !timohak't | svalpenaiva hi k!lena m!y!-
mohena te !sur!( || mohit!s tatyajus sarv!+ tray#m!rg!,rit!+ kath!m | kecid
vinind!+ ved!n!+ dev!n!m apare dvija || yajñakarmakal!pasya tath!nye ca
dvijanman!m | naitad yuktisaha+ v!kya+ hi+s! dharm!ya ce$yate || hav#+$y
analadagdh!ni phal!yety arbhakoditam | $ na hy !ptav!d! nabhaso nipa-
tanti mah!sur!( || yuktimad vacana+ gr!hya+ may!nyai, ca bhavadvi-
dhai( ||. Sur la doctrine idéaliste, voir aussi PPur S'$.i 13.361; sur la doctrine
m!dhyamika et bhr!ntijñ!n!rthatatpara, voir ibid., k. 362. Dans )Pur
II.5.5.35, le M"y"puru*a revendique que ses enseignements dérivent des
bauddh!gama, ceux-là mêmes que les habitants de Tripura admettent
consécutivement à sa prédication (II.5.6.28). *A lire comme un jeu de mots
sur samyaksambuddha?
36 Introduction
k't!( |.
34
Voir DONIGER O!FLAHERTY 1971: 309.
35
Adapté de ViPur VI.1.44"46 (cité CHOUDHARY 1957: 235n. 1): yad! yad! hi
maitreya h!nir dharmasya lak$yate | tad! tad! kaler v'ddhir anumey! vica-
k$a"ai( || yad! yad! hi p!$a"-av'ddhir maitreya lak$yate | tad! tad! kaler
v'ddhir anumey! mah!tmabhi( || yad! yad! sat!+ h!nir vedam!rg!nus!-
ri"!m | tad! tad! kaler v'ddhir anumey! vicak$a"ai( ||. Autres références
dans CHOUDHARY, ibid. Le texte cité par CHOUDHARY porte, pour les deux
premiers ,loka, tad! tad! hi, métriquement incorrect.
36
Voir DONIGER O!FLAHERTY 1983: 117"127.
38 Introduction
38
Kum"rila aurait incité Sudhanvan de Ujjayin! à persécuter le bouddhisme
(voir Gopin"th KAVIRAJ, dans JHA 1998: I.vi-vii). Dans le )V, Kum"rila cri-
tique en détail les doctrines philosophiques bouddhiques. Or quoique la cri-
tique y soit extrêmement acérée, elle ne déborde que rarement le cadre de
l!argumentation philosophique, et n!exprime guère d!aversion pour l!ordre
bouddhique ou ses pratiques. Parce qu!il s!y adresse à un public partielle-
ment différent, Kum"rila déverse tout son fiel dans le TV, que seul j!interro-
ge ci-après.
39
TV sous M!S$ I.iii.7/II.123,24"25: smaryante ca pur!"e$u dharmaviplutihe-
tava( | kalau ,!ky!dayas te$!+ ko v!kya+ ,rotum arhati ||.
40
TV sous M!S$ I.iii.4/II.112,17"24: yad v! y!ny et!ni tray#vidbhir na parig'-
h#t!ni ! lokopasa)grahal!bhap*j!khy!tiprayojanapar!"i tray#vipar#t!sam-
baddhad'$.a,obh!dipratyak$!num!nopam!n!rth!pattipr!yayuktim*lopani-
baddh!ni s!)khyayogap!ñcar!trap!,upata,!kyagranthaparig'h#tadharm!-
dharmanibandhan!ni vi$acikits!va,#kara"occ!.anonm!dan!disamarthakati-
payamantrau$adhik!d!citkasiddhinidar,anabalena ahi+s!satyavacanadama-
d!naday!di,rutism'tisa+v!distok!rthagandhav!sitaj#vik!pr!y!rth!ntaropa-
de,#ni ! te$!m eva etacchrutivirodhahetudar,an!bhy!m anapek$a"#yatva+
pratip!dyate |.
40 Introduction
41
Voir TV sous M!S$ I.iii.11/II.164,9.
42
Voir TV sous M!S$ I.iii.12/II.162,24 et II.166,7. Voir aussi TV sous M!S$
I.iii.27/II.218,3"4, 223,24"25 et 240,17.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 41
43
TV sous M!S$ I.iii.4/II.113,1"10: yadi ! an!dare"ai$!+ na kalpyet!pram!-
"at! | a,akyaiveti matv! !nye bhaveyu( samad'$.aya( || ,obhasaukaryahet*-
ktikalik!lava,ena v! | yajñoktapa,uhi+s!dity!gabhr!ntim av!pnuyu( || br!h-
ma"ak$atriyapra"#tatv!vi,e$e"a v! m!nav!divad eva ,rutim*latvam !,ritya
sacetaso !pi ,rutivihitai( saha vikalpam eva pratipadyeran | tena yady api la-
bhyeta sm'ti( k!cid virodhin# | manv!dyukt! tath!py asminn etad* evopayu-
jyate || tray#m!rgasya siddhasya ye hy atyantavirodhina( | anir!k'tya t!n
sarv!n dharma,uddhir na labhyate ||. *La valeur des démonstratifs asminn
etad ne m!est pas claire.
42 Introduction
44
TV sous M!S$ I.iii.4/II.113,22"114,1: ,!ky!divacan!ni ! katipayadamad!-
n!divacanavarja+ sarv!"y eva samastacaturda,avidy!sth!naviruddh!ni tra-
y#m!rgavyutthitaviruddh!cara"ai, ca buddh!dibhi( pra"#t!ni | tray#b!hye-
bhya, caturthavar"aniravasitapr!yebhyo vy!m*-hebhya( samarpit!ni iti na
vedam*latvena sambh!vyante |.
45
Selon par exemple TV sous M!S$ I.iii.7/II.123,18"19: tasm!d y!ny eva
,!str!"i vedam*l!natikram!t | avasthit!ni tair eva jñ!to dharma( phalapra-
da( ||. «Est porteur de résultats le dharma qu!on connaît par les seuls ,!stra
établis pour ne pas déroger à l!enracinement védique.»
46
Adapté de TV sous M!S$ I.iii.7/II.122,2"5: parimit!ny eva hi caturda,a
a$.!da,a v! vidy!sth!n!ni dharmapram!"atvena ,i$.ai( parig'h#t!ni vedopa-
ved!)gop!)g!$.!da,adharmasa+hit!pur!"a,!kh!,ik$!da"-an#tisa+jñak!ni |
na ca te$!+ madhye bauddh!rhat!digranth!( sm't! g'h#t! v! |.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 43
47
Autre description des pratiques bouddhiques, dans TV sous M!S$
I.iii.7/II.121,23"122,1: construire des monastères, des parcs de plaisance, des
ma"-ala, pratiquer le dépassionnement et les transes, faire profession de non-
violence envers les êtres, de véracité, d!autodiscipline, de don et de compas-
sion (vih!r!r!mama"-alakara"avair!gyadhy!n!bhy!s!hi+s!satyavacana-
damad!naday!di). Noter aussi (dans le contexte de !tmatu$.i, le quatrième
dharmam*la/dharmapram!"a reconnu par MSm- II.6), TV sous M!S$
I.iii.7/II.125,18"19 et 21"22: kasyacij j!yate tu$.ir a,ubhe !pi karma"i | ,!-
kyasyeva kuhet*ktivedabr!hma"ad*$a"e || pa,uhi+s!disambandhe yajñe tu-
$yanti hi dvij!( | tebhya eva yajñebhya( ,!ky!( krudhyanti p#-it!( ||. «[Tel]
acte pourtant mauvais suscite la satisfaction [intérieure] d!une [personne]
donnée, comme la critique du Veda et des brahmanes par l!énoncé de piètres
arguments [suscite la satisfaction intérieure] d!un bouddhiste; les deux-fois-
nés éprouvent de la satisfaction [intérieure] à [tel] sacrifice impliquant une
violence à la victime animale, alors que les bouddhistes, blessés, s!offusquent
de ces mêmes sacrifices.»
48
TV sous M!S$ I.iii.4/II.114,26"115,10: eta eva ca te ye$!+ v!)m!tre"!pi
n!rcanam | p!$a"-ino vikarmasth! haituk!, caita eva hi || etad#y! granth!
44 Introduction
n!honorera pas, fût-ce par la seule parole, car ce sont eux [que la
tradition de Manu ou des Pur"&a a décrits comme] des hérétiques,
des impies et des sophistes. Et ce sont leurs #uvres [à eux] que des
[législateurs] tels que Manu ont déclarées devoir être écartées. Ont
été déclarées stériles toutes les Sm-ti extérieures au Veda et celles
qui contiennent des vues fausses, car il est de tradition qu!elles re-
posent sur la ténèbre [de l!ignorance]. Il est donc établi qu!on ne
saurait [en aucun cas] recourir, en tant que source de connaissance
eu égard au dharma, à un [code] aussi extérieur à la Triple [science
védique].»
1.3.3. Le M!m"#saka tire sa (peut-être réelle) gloire d!avoir fondé
en raison l!incréation du Veda, qui sous-tend tout l!édifice apolo-
gétique et hérésiologique de l!école. Les Sm-ti et les Pur"&a ne
sont sources autorisées de connaissance du dharma que parce
qu!ils corroborent une révélation incréée, seule inscrite dans l"or-
dre même des choses. Or ces sources ne se contentent pas de fixer
les normes d!une société brahmanocentrique idéale; elles témoi-
gnent encore une nette et constante hostilité envers l!hérésie en gé-
néral, et le bouddhisme en particulier. Aux revendications de l!or-
thodoxie brahmanique, la M!m"#s" offre donc une fondation dans
la réalité. En d!autres termes, la M!m"#s" délégitime autant qu!il
est possible l!existence même des courants hétérodoxes, et fonde
en raison l!hostilité que leur témoignent les milieux sociaux dont
les aspirations s!expriment dans les Sm-ti et les Pur"&a. Avec la
doctrine de l!incréation, le bouddhiste assiste en quelque sorte à la
naturalisation de la source d!autorité qui l!exclut de l!ordre socio-
religieux.
1.3.4. L!orthodoxie brahmanique a vainement attendu des dynastes
gupta qu!ils rétablissent un ordre socio-religieux débarrassé des
«hérésies» qui le minent. Des inquiétudes millénaristes cristallisent
dans le mythe de l!avènement du M"y"puru*a et de son moha-
,!stra durant le Kaliyuga; le mythe est intimement lié aux attentes
messianiques qui s!expriment dans le motif de l!extirpation finale
de l!hérésie par Kalki(n). Cette orthodoxie développe, à l!endroit
des courants hétérodoxes et du bouddhisme en particulier, une rhé-
torique et des pratiques modelées sur les interdits gouvernant les
rapports de «castes». Cette stratégie défensive de type hygiénique
46 Introduction
est relayée, dans un registre plus léger mais non moins défensif,
par l!émergence de stéréotypes littéraires caricaturant la figure de
l!hérétique. L!époque est encore à l!affirmation, dans les milieux
brahmaniques les plus attachés au rite védique, de la M!m"#s".
L!école élabore une doctrine apologétique sur laquelle elle entend
appuyer l!ordre socio-religieux prescrit par les Sm-ti et les Pur"&a:
relayée par la norme de l!enracinement védique des Sm-ti, la doc-
trine de l!incréation du Veda réduit les apasm'ti et leurs prescrip-
tions «hétéropraxes» à de nocives excroissances. Idéologie domi-
nante du temps, ce complexe de motifs orthodoxes et d!inclination
hérésiologique a pu contribuer à raréfier les soutiens laïcs au bou-
ddhisme, à confiner " si tel n!était pas déjà le cas " la communauté
à ses monastères.49
52
Voir HEITZMANN 1984.
53
Voir THAKUR 1981: 260"329 (= chapitre 7).
54
LIU 1988: carte 2.
55
LIU 1988: 108"112, et 116"119. Sur l!interaction entre sites monastiques
bouddhiques et guildes d!artisans et de commerçants, voir RAY 1986 (pour
l!aire et l!époque S"tav"hana), et aussi DAVIDSON 2002: 77"83. Selon LIU
(1988: 92"102), l!évolution du motif des sept joyaux (saptaratna) trahit une
accommodation bouddhique aux conditions et aux acteurs commerciaux.
56
Selon HEITZMANN (1984: 132), la munificence relative des dons «was a
method for establishing the divisions in a hierarchical elite.» L!association
des sites monastiques bouddhiques aux élites urbaines constituait un «symbo-
lic system expressing differences within an urban hierarchy» (1984: 133).
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 49
57
LIU 1988: 107 et 120"123. Sur la base de la localisation exacte des sites mo-
nastiques bouddhiques par rapport aux villes (périphérie immédiate, collines
environnantes, etc.), HEITZMANN (1984: 132) doute de l!implication directe
de ces sites dans le commerce. DAVIDSON (2002: 77) évoque une «symbiotic
relationship» des institutions monastiques avec les guildes.
58
Pour une critique lucide des enjeux idéologiques de la périodisation de
l!Inde, voir DAVIDSON 2002: 26"28. Noter, p. 28: «The reliance on British
historiography has influenced some historians to invoke the periodization
strategies of Europe in the assignment of categories to Indian history. Ana-
logous to the decline and fall of Rome, effected by the Hunic invasions, the
decline and fall of the Guptas was seen as precipitated by the Ephtalite Huns
between 460 and 530 C.E. According to this model, the ancient world is fol-
lowed by the medieval, which occupies the period until the rise of the modern,
and the medieval is dominated by the political institution of feudalism,
variously interpreted. The similarities between the two appeared to some to
provide India with a status equal to that of Europe, and a teleological vector
toward the modern as well.» DAVIDSON plaide pour un usage conventionnel
(«convenient rubric # and nothing more», 2002: 28) de ces catégories, avec
cette remarque que «a judiciously employed periodization demonstrates a
commitment to envisioning India as a society in which change was the rule.»
50 Introduction
59
Voir THAKUR 1981: 276"289.
60
THAKUR 1981: 318.
61
A corréler peut-être avec le témoignage de Faxian (LEGGE 1991: 43): «In
buying and selling commodities they use cowries.»
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 51
62
Voir la description de l!historiographie récente par CHATTOPADHYAYA
(1994: 130"132 [article de 1974], et 159"160 [article de 1986]). DAVIDSON
2002: 135"139 offre un intéressant aperçu du débat historiographique relatif
à la pertinence, pour l!Inde post-gupta, de la notion de «féodalisme».
63
Sur l!érosion du pouvoir économique et des réseaux des guildes commer-
çantes, dans l!Inde post-gupta, voir DAVIDSON 2002: 79"81. Sur un plan «in-
ternational», le monopole sogdien, les conquêtes musulmanes et l!affirmation
des Tang, privent les marchands indiens de débouchés terrestres. Sur le plan
«national», leur féodalisation progressive les régionalise, sédentarise, vassa-
lise et appauvrit: «Indian merchant guilds began to emulate the political
structure by turning into landed feuda, resolving their prior national trade
network into a system of personal allegiances to local lords ! The guilds re-
presented a reservoir of available assets for those intent on military adven-
turism, and the paucity of minted monies during the era only served to in-
crease the attractiveness of these guilds as temporary resources. The medie-
val decline of both trade and artisan guilds in North India is to some degree
tied to their perception as a consistent source of income for sovereigns,
beyond the royal booty secured from war.» (DAVIDSON 2002: 79) «As a
result, much of the wealth that had previously been in the hands of long-
distance merchants and caravan directors became accrued by those in
positions of political power. This is probably the greatest single economic
difference between the Gupta and the medieval and was one of the causes for
the paucity of coinage and its replacement by trading in kind for small
purchases or by bullion of gold dust for larger ones. Only a few of the long-
distance mercantile guilds (+re&i, go*/hika) managed to sustain a pattern of
success.» (DAVIDSON 2002: 80) Plus bas (ibid.), DAVIDSON évoque encore
une «désinstitutionalisation» de l!activité commerciale, «with some kinds of
trade being handled through government agencies acting in the administra-
tive capacity of guilds.»
64
Voir THAPAR 1990: 145"148.
52 Introduction
conséquence que «the practice of the day was local production for
local consumption».65
1.4.4. Ces mutations sociales, économiques et politiques n!ont pu
manquer d!affecter les conditions d!existence et les assises écono-
miques des institutions bouddhiques. Sur le modèle de pratiques
déjà attestées sous les S"tav"hana (et plus lointainement à )r! La'-
k"), les dynastes gupta (mais aussi maitraka, au Sur"*/ra) soutien-
nent les dénominations religieuses par des dotations en terres et en
villages66 plutôt que par des contributions ponctuelles en espèces,
et n!hésitent pas à patronner l!érection, sinon de complexes mo-
nastiques entiers comme à N"land" et à Valabh!,67 du moins de mo-
numents et d!édicules religieux. Si des communautés bouddhiques
semblent continuer de prospérer sous les Gupta, c!est désormais
surtout sur la base des revenus permanents que leur assurent leurs
biens fonciers, des revenus qui satisfont à leurs besoins matériels et
rituels.68 La pratique des dotations en terre, en même temps qu!elle
accroît la dépendance des sites monastiques par rapport à l!État,69
en favorise l!autonomie par rapport au soutien des élites commer-
çantes et artisanales. Ces dernières, de plus, doivent voir diminuer
leurs ressources avec le reflux du commerce concomitant à la dé-
surbanisation et à l!émergence d!unités locales peu monétarisées
de production et d!échange. Parallèlement aux effets du renouvel-
65
THAKUR 1981: 318.
66
LIU 1988: 129"131; voir aussi le témoignage (couvrant une très longue pério-
de) de Faxian dans LEGGE 1991: 43; selon Yijing, «[t]he lands in its [i.e. N!-
land!"s] possession contain more than 200 villages. They have been bestowed
(upon the monastery) by kings of many generations» (TAKAKUSU 1998: 65).
67
Sur la fondation et la perpétuation de N"land" sous les Gupta (puis les Gupta
magadhéens), voir DUTT 1988: 329"331; sur la fondation de Valabh! par les
Maitraka, voir DUTT 1988: 224"232.
68
Comme dit THAKUR (1981: 316): «As a result of such land-grants these tem-
ples and monasteries developed as various semi-independent pockets enjo-
ying immunities [voir THAKUR 1981: 314"315] on religious grounds.»
69
LIU 1988: 132"133.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 53
70
Les itinéraires commerciaux qu!empruntent les biens de luxe se trans-
forment: la route qui, du Ka+m!r, rejoint T"mralipti par la plaine du Gange,
l!emporte désormais sur la vieille route gandh"ro-bactrienne. Sans grande
surprise, l!aire de rayonnement du bouddhisme passe de l!Inde du nord-
ouest, où villes et routes commerciales déclinent avec lui, aux plaines fertiles
du Gange, plus propres à l!agriculture (LIU 1988: 32"42).
71
A Valabh!, les institutions bouddhiques n!ont d!ailleurs pas le monopole de
l!éducation, puisque les Maitraka patronnent également des centres brahma-
niques et jainistes (DUTT 1988: 230"231). A suivre le témoignage de Yijing
(TAKAKUSU 1998: 177"178), le pouvoir politique n!est peut-être pas tout à
fait sans intérêt dans ces patronages: tous les étudiants que forment ces deux
«universités» n!embrassent pas la carrière régulière, puisque certains alimen-
tent également l!administration étatique.
72
BEAL 1981: I.187.
73
BEAL 1981: I.190.
54 Introduction
84
DUTT 1988: 319"327, avec prudence.
85
BAREAU 1955: 39"41.
86
THAPAR 1990: 142"143. On peut conjecturer qu!avec l!effondrement de
l!empire gupta, la prospérité de certaines institutions se trouva en outre forte-
ment ralentie. Alors que certains pouvoirs ont pu rompre avec le modèle libé-
ral gupta, voire refuser leurs faveurs aux communautés monastiques, d!autres
(que nous connaissons mieux) ont prolongé le modèle et ses libéralités: à
l!Est, les Gupta magadhéens ont continué leur patronage à N"land"; à
l!Ouest, les Maitraka dotent richement la florissante «université» conventu-
elle de Valabh!; l!ancienne capitale des Maukhari, Kany"kubja, mais égale-
ment Ayodhy", Vi+"kh" et V"r"&as!/S"rn"th, comptent on l!a vu parmi les
centres les plus prospères du bouddhisme au témoignage de Xuanzang.
87
Plutôt que de «concentration», DAVIDSON parle de «contraction of Buddhist
institutional range» (DAVIDSON 2002: 83), de réponse bouddhique aux cir-
constances historiques «by contracting into regions of strength» (DAVIDSON
2002: 167). Dans le haut moyen âge indien, l!auteur observe lui aussi un
processus simultané de croissance des institutions («growth of institutions»,
DAVIDSON 2002: 106, «growth in the net size of some of the great mona-
steries», DAVIDSON 2002: 77), et de déclin de leur nombre absolu. Les insti-
tutions bouddhiques tendent alors à refléter les caractéristiques générales de
la période, se féodalisent («gained stature as landed feudal lords», DAVID-
SON 2002: 112; «became feuda for the abbots and the monks», DAVIDSON
2002: 106; «feudal cloisters», ibid.; «began to assume the position of landed
56 Introduction
1 . 5 . I n c i d e n c e s s u r l ! a c t i v i té philosophique bouddhique
Tant que la communauté monastique bouddhique ne se sentit pas
menacée ou précarisée, elle eut tout loisir de se vouer au dévelop-
pement de ses identités disciplinaires et doctrinales sectaires; sé-
parées les unes des autres, les sectes se dotent de systèmes et se li-
vrent à d!âpres querelles, certaines montrant même une certaine
porosité aux idées non bouddhiques. Telle est la période dite «sys-
tématique» du bouddhisme indien et de sa philosophie dogmatique.
Hasard ou non, la fin de la période systématique coïncide avec la
désintégration de l!empire gupta. L!hostilité ambiante et le phéno-
mène de concentration décrits plus haut ont imposé à la commu-
nauté bouddhique de repositionner sinon reformuler son identité.
L!hostilité a exigé de redéployer la polémique vers l!extérieur; la
concentration, d!aplanir des divergences qu!elle rend plus visibles
et problématiques, soit en faisant triompher une interprétation du
Dharma bouddhique, soit en construisant une identité doctrinale
suprasectaire; le confinement monastique et la perte des soutiens
laïcs, de s!enquérir d!une nouvelle «visibilité». Le 6e siècle paraît
marquer une période de transition dans l!histoire des idées boud-
dhiques. En parallèle des querelles d!écoles on enregistre, d!une
part, un déplacement partiel de la polémique vers les doctrines non
bouddhiques; de l!autre, des progrès considérables en logique et en
théorie de la connaissance.
L!orthodoxie brahmanique a trouvé de puissants relais philosophi-
ques. Entre le 5e et le début du 7e siècle, Naiy"yika et M!m"#saka
adressent aux doctrines bouddhiques des critiques systématiques.
Ce faisant, ces deux écoles d!apologétique védique90 situent la po-
lémique sur le terrain même qui avait suscité l!opprobre de l!ortho-
doxie: dialectique, logique, argumentation rationnelle. Les sectes,
1.6. Dharmak!rti
1.6.1. Ce qui nous est parvenu comme PV I formait à l!origine une
#uvre indépendante, peut-être intitulée Hetuprakara"a ou «Traité
des raisons logiques».92 Ce titre eût du reste été fort adéquat puis-
que dans ce traité, Dharmak!rti fait la théorie des trois raisons ou
indices logiques recevables dans un jugement inférentiel: raison
fondée sur l!identité (svabh!vahetu), raison fondée sur la causalité
(k!ryahetu), non-perception (anupalabdhi[hetu]) comme base des
91
Les MHK de Bh"(va)viveka/Bhavya sont très représentatives de cette ten-
dance. Après une introduction doctrinale à la compréhension bouddhique de
la praxis et de la réalité (chap. [I-]III), peut-être initialement indépendante, le
philosophe défend sa version du Madhyamaka contre les )r"vaka (chap. IV)
et les Yog"c"ra (chap. V). Dans la seconde moitié de l!#uvre, il s!attaque
aux écoles non bouddhiques: S"'khya (chap. VI), Vai+e*ika (chap. VII),
«Ved"nta» (chap. VIII), M!m"#s" (chap. IX["X]).
92
Sur la chronologie interne des #uvres de Dharmak!rti, voir FRAUWALLNER
1954; sur ces #uvres et l!état de leurs éditions et de leurs traductions, voir
STEINKELLNER/MUCH 1995: 23"44.
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 59
93
Reprenant à son compte la vieille thèse de Conze, DAVIDSON (2002: 102"
105) tient le programme philosophico-religieux des théoriciens bouddhistes
de la connaissance pour allogène, simple appropriation des «standards deve-
loped in the non-Buddhist epistemological circles» (DAVIDSON 2002: 102).
Fort de cet alignement sur un discours et des valeurs panindiens, Dign"ga
«came to vindicate the scriptures # and their forms of praxis # in light of
commonly held Indian values» (DAVIDSON 2002: 103). En matière «méta-
religieuse», Dign"ga fut par conséquent conduit, selon DAVIDSON (ibid.), à
«reverse a long-standing Buddhist tradition concerning the value of the tea-
ching of a teacher.» Cette tradition d!authentification est celle qui s!exprime
60 Introduction
dans le Adhy!,ayasañcodanas*tra, texte selon lequel ce qui a été «bien dit» "
est doté de signification, conforme à l!enseignement, capable d!éradiquer les
passions et de conduire au nirv!"a " est parole du Bouddha. Moines et Bo-
dhisattva se doivent donc de reposer, non sur la personnalité (pudgala)
énonciatrice, mais sur le contenu énoncé, le Dharma lui-même. Or chez
Dign"ga, poursuit DAVIDSON (ibid.), «the Buddha became the embodiment of
valid reasoning (pram"&abh$ta), an indication that the individual as the sour-
ce of the message was rapidly becoming more important than the message
itself.» Quoique exigeant des nuances (par exemple quant à l!histoire pré-
dign"géenne de «pram!"abh*ta», ou sur les très bouddhiques sampad fon-
dant le pram!"abh*tatva dans la V'tti au ma)gala,loka) et appelant des pré-
cisions (notamment quant aux sources d!inspiration de Dign"ga, ou à l!inter-
prétation des obscurs PS II.5ab et V'tti), le propos me paraît argumentable
dans le cas de Dign"ga. Dans le cas du Dharmak!rti de PV I en revanche, les
remarques de DAVIDSON manquent totalement leur cible. Dans son interpré-
tation de PS II.5ab, Dharmak!rti recourt en effet à l!attitude et à la méthode
de la critique bouddhique d!authenticité; mieux même, il assure celle-ci
d!une fondation épistémologique telle qu!elle lui permet, précisément, de re-
jeter les versions non bouddhiques (naiy!yika et jainistes, surtout) de la per-
sonne crédible (!pta). Reprenant à son compte une critique que Kum"rila
adressait déjà aux doctrines de l!omniscience, Dharmak!rti (P PV II.218"219)
démontre que l!!pta est inconnaissable (imperceptible et ininférable), ren-
dant ainsi inévitable un retour aux textes mêmes. Quant à la critique interne
(c!est-à-dire aux critères qualifiant un ,!stra à pouvoir faire l!objet d!un exa-
men en autorité), elle emprunte ultimement aux catégories de l!Adhy!,aya-
sañcodanas*tra: consistance sémantique (sambaddhatva), adéquation des
moyens aux fins (anugu"op!yatva), finalité sotériologique (puru$!rth!bhi-
dh!yitva). Voir pp. 92"96 et 102"104.
94
Je dois l!expression de «rhétorique de la raison» (rhetoric of reason) à Sara
MCCLINTOCK (2002). Par «rhétorique», l!auteure entend (avec la «Nouvelle
rhétorique» de Perelman/Olbrechts-Tyteca), le «dialectical and practical
reasoning that is used to /gain the adherence of minds$» (2002: 2). MCCLIN-
TOCK cherche à évaluer la façon dont les types d!argumentation ou stratégies
rhétoriques (ad personam, ad hominem, ad humanitatem, avec forte compo-
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 61
99
Stance liminaire du PV: pr!ya( pr!k'tasaktir apratibalaprajño jana( keva-
la+ n!narthy eva subh!$itai( parigato vidve$.y ap#r$y!malai( || ten!ya+ na
paropak!ra iti na, cint!pi ceta, cira+ s*kt!bhy!savivardhitavyasanam ity
atr!nubaddhasp'ham ||. «The majority of people having attachment to ordi-
nary pursuits and lacking in the requisite strength of intellect, not only have
no interest in and fail to appreciate the holy discourses, but being covered
with the dirt of malice, even hate them. I do not therefore entertain the
thought that this work (of mine) will be of benefit to others, but my mind ha-
ving developed an obsession fostered by prolonged study of science and scri-
pture is bent upon this task (I desire to compose).» Traduction MOOKER-
JEE/NAGASAKI 1964: 5. Stance finale du PV (= PV IV.286), librement: ana-
dhyavasit!vag!hanam analpadh#,aktin!py ad'$.aparam!rthas!ram adhik!-
bhiyogair api || mata+ mama jagaty alabdhasad',apratigr!haka+ pray!syati
payonidhe( paya iva svadehe jar!m ||. «D!une profondeur insondable même à
un [être] de grande capacité intellectuelle, d!une quintessence invisible même
aux [êtres] d!assiduité supérieure, ma pensée passera au vieil âge en mon
propre corps comme l!eau à l!océan, elle qui n!aura trouvé en ce monde
Chapitre 1 " Contexte historique et idéologique 65
aucun récepteur assez digne.» On connaît d!autre part la stance fameuse que
lui attribue SRK 50.12: ,ailair bandhayati sma v!narah'tair v!lm#kir ambho-
nidhi+ vy!sa( p!rtha,arais tath!pi na tayor atyuktir udbh!vyate || v!garthau
ca tul!dh't!v iva tath!py asmannibandh!n aya+ loko d*$ayati pras!rita-
mukhas tubhya+ prati$.he nama( ||. «V!lm#ki dammed the sea with rocks/ put
into place by monkeys,/ and Vy!sa filled it with the arrows shot by P!rtha;/
yet neither is suspected of hyperbole./ On the other hand, I weigh both word
and sense/ and yet the public sneers and scorns my work./ Oh Reputation, I
salute thee!» Traduction INGALLS 1965: 444"445; voir aussi STCHERBATSKY
1984: 35"36.
Chapitre 2
La doctrine métareligieuse de Dharmak!rti
1
Voir PVin II.64,9sq/16*,10sq, et STEINKELLNER 1979: 61sq.
2
Dans la présente discussion, Dharmak!rti admet provisoirement trois moyens
de connaissance valide (PV" P267a3/D229a7: lu# gi tshad ma khas bla#s nas
de skad du b$ad do ||): sur ce point, voir pp. 69"70 et n. 40, p. 199.
3
PV I.199: $!str!dhik!r!sambaddh! bahavo !rth! at%ndriy!& | ali#g!$ ca ka-
tha' te(!m abh!vo !nupalabdhita& ||. Voir aussi PVSV 101,23"102,12 (tra-
duction dans YAITA 1985: 215"214) # PVin II.65,2"10/16*,26" "17*,7 (tra-
duction dans STEINKELLNER 1979: 62).
4
Cette fois, l!adversaire postule pour l!Écriture une portée universelle: si elle
couvre tous les objets, le fait qu!elle ne mentionne pas l!un d!eux établit ipso
facto l!inexistence de celui-ci. L!idée selon laquelle l!Écriture couvre toutes
choses intervient dans l!épopée, par exemple (concernant le Veda) dans MBh
1.62.33 (yad ih!sti tad anyatra yan neh!sti na tat kvacit, cité RENOU 1960: 2;
voir aussi MBh 8.49.18: $rutena jñ!yate sarva' tac ca tva' n!vabudhyase,
cité SUTTON 2000: 31). L!idée n!est pas totalement absente côté bouddhique
si l!on se réfère à MSABh 53,18"19 sous MSA XI.1.
5
PV I.339: tasm!n na tanniv"tty!pi bh!v!bh!va& prasidhyati | ten!sanni$-
cayaphal! !nupalabdhir na sidhyati ||.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 69
6
Voir PDhS §256.
7
Pour le S"&khya, voir SK 4ab1; pour Bhart'hari, voir AKLUJKAR 1989 et
HOUBEN 1997.
8
BoBh W37,25!26 = D25,17: pratyak#am anum!nam !pt!gama$ pram!"a$
ni%ritya; MAV III.12b: tray!d yuktiprasiddhakam; MAVBh 97,17 ad loc.:
pram!"atraya$ ni%ritya; MAV( 98,14!16 ad loc.: pram!"atraya$ puna&
pratyak#am anum!nam !gama% ca | tatra pratyak#a$ pañcendriyaja$ m!na-
sa$ ca sukhadu&kh!disa$vedanam | trir'pali(gena anumey!rthajñ!nam
anum!nam | !ptav!g !gama& | !pt!& punar an)tahetuvimukt!& |. Voir aussi
TUCCI 1930: 58!60 et, dans le cadre des règles du débat, WAYMAN 1958:
35a, n. 33 (!pt!gama défini: yat sarvajñabh!#ita$ tato v! %rutv! tatra anu-
dharma$ v! |), YAITA 1989 et YAITA 1999: 442n. 5. MHK V.8a2b: pram!-
"a$ na& sarva$ t!th!gata$ vaca&; PrP 268,1!2: buddh!n!m eva bhagava-
t!$ vacana$ pram!"am ity upavar"ayanti vicak#a"!& sopapattikatvena avi-
sa$v!dakatv!t |. On nuancera ces deux citations m!dhyamika: celle de
Bh"(va)viveka/Bhavya, car celui-ci, dans MHK IX au moins, suit Dign"ga
(voir pp. 97-99); celle de Candrak!rti, car celui-ci dénie toute validité aux
pram!"a.
70 Introduction
9
Deux variantes de PS II.5ab: (1) < RANDLE 1981: 17: #ptav#ky#visa$v#da-
s#m#ny#d anum#nat# |; (2) < PVSV 108,1 et 109,5 = PV I.216ab: #ptav#d#-
visa$v#das#m#ny#d anum#nat# |. Sur l!interprétation de PS II.5ab et PSV,
voir HAYES 1988: 238"239, VAN BIJLERT 1989: 80"82 et TILLEMANS 1990:
I.18"22, 69"71. Pour un aperçu des interprétations de PS II.5ab ainsi qu!une
discussion relative à sa proximité avec le Vai%e#ika, voir LASIC (à paraître).
10
Selon PV II.1c2"2: )#bda n!est un pram#%a que relativement à l!intention du
locuteur (que l!on infère valablement de ses paroles; abhipr#yanivedana):
son pr#m#%ya ne se fonde pas sur la vraie nature de l!objet (n#rthatattvani-
bandhanam). Voir KATSURA 1984: 219, et pp. 140"142.
11
Voir aussi PVSV 109,10"11: tata& )abdaprabhav# api sat* na )#bdavad
abhipr#ya$ nivedayaty eva ity arth#visa$v#d#d anum#nam api |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 71
12
PVSV 108,2!5: na aya& puru"o !n%'ritya %gamapr%m%(yam %situ& samar-
tha) | atyak"aphal%n%& ke"%&cit prav!ttiniv!ttyor mah%nu'a&s%p%[y]a'ra-
va(%t tadbh%ve virodh%dar'an%c ca |.
72 Introduction
13
PVSV 110,3#5: sarva eva !gamam an!gama" v! prav#ttik!mo !nve$ate pre-
k$!p%rvak!r& na vyasanena | api n!ma anu$'heyam ato jñ!tv! prav#tto !rtha-
v!n sy!m iti |.
14
PVSV 173,28#174,2: arthe$u vara" sa"(ayitasya v#tti) | tatra kad!cid avi-
sa"v!dasambhav!t | na tv anyatra d#$'apram!*oparodhasya puru$asya pra-
v#ttir iti |. «Cette [Écriture-]ci», c!est-à-dire l!Écriture ayant passé avec suc-
cès les tests d!évaluation (voir pp. 92#114).
15
PVSV 175,27#176,4: !gama" pram!*a" tad!dar(it!rthapratipattaye !jño
jana) samanve$ate samadhigatay!th!tathy!n!m upade(!napek$a*!t | ajña-
sya ca at&ndriyagu*apuru$avivecane !s!marthy!t | vacan!n!" sam&hit!rtha-
satt!m antare*a api v#tti" pa(yato bhavitavyam eva ad#$'avyabhic!ravaca-
s!m api puru$!*!" v!ci (a+kay! ki" yath!rth! na v! iti | tena na yuktam
anena kasyacid vacanena ki"cin ni(cetum |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 73
16
PV$ ñe P83b3!4/D69a6!7: !di ni thams cad #es pa yin gyi g$an ni ma yin
pa!am | !di phyin ci ma log par brjod pa yin gyi g$an ni ma yin no $es "
Comparer PVSV$ 617,12, et voir pp. 92!96.
17
PV$ ñe P83b7/D69b2 = PVSV$ 617,17: #akyavic!re vastuni, «sur une entité
dont l"examen [par les moyens de connaissance valide] est possible.»
18
C"est-à-dire, selon PV$ ñe P83b8!84a1/D69a3 = PVSV$ 617,19, l"agent
ignorant (ajña% pratipatt!).
19
PV$ ñe P83b8/D69b3: the tshom gyi rgyu ga& yin pa des na.
20
PV IV.101ab: pr!m!"yam !gam!n!' ca pr!g eva viniv!ritam |. «Et [nous
avons déjà] écarté plus haut la validité épistémique des Écritures.» Sur cette
demi-strophe et son contexte, voir TILLEMANS 2000: 138!142. Sur ce qui
suit, voir en premier lieu TILLEMANS 1999.
21
PV I.216ac: !ptav!d!visa'v!das!m!ny!d anum!nat! | buddher agaty!bhi-
hit!.
74 Introduction
22
PVSV 108,5"6: tat sati pravartitavye varam eva! prav"tta iti par#k$ay% pr%-
m%&yam %ha |.
23
PV% P286a2"3/D242b5"6 = PVSV% 390,21"22: na %c%rye&a bh%vika! pr%-
m%&ya! kathayat% %gamasya uktam api tu puru$aprav"ttim apek$ya |.
24
TSP 4,1"6 (TSPt P ye 162a6"b2): y%vat% d"'yante hi kecid apratyak$a-
phal%n%! ke$%!cit prav"ttiniv"ttyor mah%nu'a!s%p%ya'rava&%d an%'ritya
%gamapr%m%&yam %situm a'aknuvanto vacan%t prav"ttam%n%( | na ca et%va-
t% te$%! prek$%vatt%h%ni(, *abhyup%yena eva prav"tte(; na hy %gam%d "te
!tyantaparok$%rthavi$aye prav"tt%v anyo **!bhyup%yo !sti | ava'ya! ca pra-
vartitavya! tv? %gam%t | vy%hat%gamaparigraha! hi kurv%&% aprek$%p)rva-
k%ri&a( syu( | avy%hat%gamasam%'raye&a tu prav"ttau katha! na prek$%-
vanto bhaveyus tasya eva samyagup%yatv%t |. *TSPt: thabs khyad par can
gyis; **TSPt: thabs. «On constate en effet que des [gens] agissent [sur la ba-
se] d!une parole [d!autorité], incapables [qu!ils sont] de vivre sans recourir à
l!autorité scripturaire: en effet, [c!est dans l!Écriture qu!]ils apprennent les
bénéfices et infortunes immenses qu!il y a à consentir ou à éviter certains
[actes] aux résultats imperceptibles. Or ces [gens] ne cessent pas pour autant
d!être rationnels, car c!est [sur la base] d!un (excellenttib) moyen qu!ils agis-
sent. Il n!est en effet [nul] autre moyen que l!Écriture pour agir [par rapport]
à un objet qui est un état de fait radicalement imperceptible. Et [dès lors
qu!]il faut nécessairement agir [sur la base] d!une Écriture, ceux qui feraient
allégeance à une Écriture contredite [par des moyens de connaissance valide]
n!agiraient effectivement pas avec rationalité; en revanche, s!ils agissent en
se fondant sur une Écriture non contredite, en quoi ne seraient-ils pas ration-
nels puisque seule cette [Écriture-]ci est un moyen correct [d!agir]?»
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 75
25
PVSV 168,1!3: agaty! ca idam !gamalak#a"am i#$am | na ato ni%caya& | tan
na pram!"am !gama ity apy uktam |. «Now we accept this defining character
of scripture for lack of any [other] way. There is no certainty from this [scrip-
ture]. Thus it was said that scripture is not a pram"$a.» Traduction TILLE-
MANS 1999: 400.
26
YD 87,1!13 (sous SK 5d), NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7), 96,18!19 et 97,7
(sous NS II.i.68), PrP 75,7 (sous MK I.1) et 268,1!269,3 (sous MK XV.6),
NS"ra 5 (où pr"k. atta = skt. !pta), NA 9, CS s'trasth!na 11,18!19 et 27!29.
Autres dénominations: puru#avi%e#a dans YBh 39,1!2 et YS I.24; parama-
r#i dans YBh 41,2 (sous YS I.25); (#i dans Nir. I.20, PDhS §288, NS I.i.7,
MSA XVIII.31, CS s'trasth!na 11,27!29.
27
Qualités de yath!bh't!rthacikhy!payi#! dans NBh 96,19 (sous NS II.i.68);
de guru dans YS I.26; d"upade#$( dans NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7); de satya-
76 Introduction
37
PVV 365,14: naiy"yik"daya(, alors que PVSV" 396,10 dit simplement
v"din; «objective» gl. saty"rtha, «véridique», dans PVV 365,15; «autorisée»
selon PVV 365,16: puru!"ti#ayapra)&ta$ vacana$ pram")am iti ! ayam
artha( |.
38
PV" P292b5/D247a7 # PVSV" 396,10 disent encore k!&)ado!at"dikatva
(«avoir notamment éliminé les fautes morales [de la série psychique]») et,
PV" P292b6/D247b1 # PVSV" 396,11!12, vair"gya («dépassionnement»);
PVV 365,14: yath"bh't"rthadar#in; PV" P294a4/D248a7!b1 = PVSV"
397,12!13: bodha; PV" P292b6/D247b1 # PVSV" 396,11!12: k%p". Voir
STEINKELLNER 1979: 65!66 + nn. 202!203.
39
Voir SEYFORT RUEGG 1994a, 1994b et 1995, qui renvoient, pour s"k!"tk%ta-
dharman, à NBh 14,4!5 (sous NS I.i.7), 96,18 (sous NS II.i.68) et Nir. I.20;
pour paramas"k!&bh'ta, à LV 319,9; pour pratyak!adharman, à MBh$%ya
I.11 et MBhD ad loc.
40
Sarvajña dans YS I.25 et YBh 39,5 et 40,2 ad loc. (de &'vara); MBh 18.5.32
(de Vy$sa = Muni K(%)a); *M I.9; les sources jainistes utilisent aussi l"ex-
80 Introduction
44
Respectivement: YD 87,9 (sous SK 5d); YBh 40,5 (sous YS I.25); NBh
96,19 (sous NS II.i.68); CS s&trasth!na 11,27; AKBh 411,11 (sous AK
VII.28ab) et AKBh 414,17!415,10 (sous AK VII.33).
45
Pour un examen détaillé de ces questions, voir ELTSCHINGER 2001a. Deux
passages traitent des mantra: PVSV 123,14!124,26 et PVSV 155,17!164,24
(voir respectivement %MAE 1989 et WAKAHARA 1988).
46
PVSV 162,17: ! ity asti parok'!rthadar%# puru'a( |. Pour une traduction de
tout le passage ainsi conclu, voir ELTSCHINGER 2001a: 89, pp. 89!90 pour le
passage parallèle de TS n°3452!3455ab, et pp. 123!124 pour le passage pa-
rallèle de SSK 20!25. La série de phonèmes qui est mantra, c"est-à-dire qui
octroie un résultat, n"est discernée que «par certains hommes dotés d"une ca-
pacité particulière [en matière] de suprasensible» (PV& ñe P42b2!3/D37b4 =
PVSV& 576,8!9: kai%cid eva puru'air at#ndriya%aktibhedayuktai(). «Le M!-
m#$saka doit donc nécessairement admettre [qu"il existe] un homme qui
perçoit des états de fait [ordinairement] imperceptibles, [un homme] qui dis-
tingue la nature propre [qui est celle] d"un mantra [de celle] d"un [énoncé]
qui n"est pas mantra.» (PVSV& 576,28!29: ava%ya$ m#m!$sakena at#ndri-
y!rthadar%# puru'o "bhigantavyo yo mantr!mantrasvabh!va$ vivecayati |;
82 Introduction
56
NB III.71"73, PV I.14 et PVSV 10,21"25, PVSV 124,22"23 et 164,13"24,
ELTSCHINGER 2001a: 103"109. Chez Dharmak!rti, la nature de l!omniscience
paraît affaire de public: non précisée ou de type upayuktasarvajñat# en con-
texte de discussion avec la M!m#"s#, mais susceptible d!une interprétation
en termes de sarvasarvajñat# dans des segments bouddhologiques d!un type
plus dogmatique (par exemple PV II.280, mais aussi, et par implication doc-
trinale, dans PV II.139"144: voir ELTSCHINGER 2005a: 408"434 et ELTSCHI-
NGER 2005b: 162"179).
57
PV II.29"33: pr#m#%ya$ ca parok&#rthajñ#na$ tats#dhanasya ca | abh#v#n
n#sty anu&'h#nam iti kecit pracak&ate || jñ#nav#n m(gyate ka"cit tadukta-
pratipattaye | ajñopade"akara%e vipralambhana"a)kibhi* || tasm#d anu&'he-
yagata$ jñ#nam asya vic#ryat#m | k!'asa)khy#parijñ#na$ tasya na* kvo-
payujyate || heyop#deyatattvasya s#bhyup#yasya vedaka* | ya* pram#%am
as#v i&'o na tu sarvasya vedaka* || d+ra$ pa"yatu v# m# v# tattvam i&'a$ tu
pa"yatu | pram#%a$ d+radar"! ced eta g(dhr#n up#smahe ||. Voir le passage
parallèle de TS n°3136"3140 dans ELTSCHINGER 2001a: 113n. 491; voir
aussi TS n°3529.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 85
58
Fondamental sur le sujet de yogin!& jñ!nam, STEINKELLNER 1978; voir aussi
MCDERMOTT 1991, et ELTSCHINGER (à paraître 3). PV III.281b: bh!van!-
maya, glosé bh!van!hetuka (PVA 326,22!23), bh!van!hetuni#pattika (PVV
203,1!2), bden pa bsgom pa rdzogs pa las skyes pa!i "es pa (sur ces explica-
tions de °maya dérivées de P". 5.4.21, voir aussi AKBh 335,6 [hetau maya-
'vidh!n!t |] et AKVy 525,9!16). PV III.284d: bh!van!balanirmita, «créée à
force de cultivation mentale». Cette connaissance apparaît au terme de la
cultivation (PV III.285c: bh!van!ni#pattau), c"est-à-dire, selon PVV 204,4!
86 Introduction
5, «au terme d!une cultivation pratiquée avec attention sans interruption du-
rant une longue période» (bh!van!y!& s!daranirantarad%rghak!lapravartit!-
y! ni'pattau). Voir PVin I.27,9#10/72,30#74,1 (VETTER 1966: 73#75).
59
PV III.281d: spa'(am ev!vabh!sate; PV III.283b: spa'(!rthapratibh!sit!
(variante spa'(!rth!vabh!sit!); PV III.284c: spa'(!bha; PV III.285d: sphu(a.
PV III.281c: vidh"takalpan!j!la, «affranchie du filtre de la pensée hypo-
stasiante»; PV III.284c: nirvikalpa; PV III.285d: °akalpa°; voir aussi PVP
P246b8#247a1, PVA 326,23 et PVV 203,2#3.
60
PV III.284: a#ubhap$thiv%k$tsn!dy abh"tam api var)yate | spa'(!bha* nirvi-
kalpa* ca bh!van!balanirmitam ||. «Quoique irréelles, [la méditation de]
l!horrible, la [base de] totalité "terre", etc., créées à force de cultivation men-
tale, sont présentées [par nous] comme étant d!apparence distincte et comme
étant non conceptuelles.» PVV 203,22 énumère les éléments n°1, 2 et 9 (vi-
n%la, «cadavre bleuissant», vip"yaka, «cadavre en putréfaction», et asthi-
sa+kal!, «squelette») de la liste nonuple traditionnelle (voir BHSD 80ab et
AKBh 337,14#19). Ces exemples réapparaissent dans PVin I.28,7#8/74,19#
21 (voir VETTER 1966: 105n. 47). Selon Vasubandhu (AKBh 338,1#2; cf.
AKVy 526,11#12), «l!a#ubh! $ est un acte d!attention portant, non sur la
réalité, mais sur une représentation volontaire» (LA VALLEE POUSSIN 1980:
IV.150).
61
PV III.282 = PVin I.29 (voir VETTER 1966: 74#75). Ces personnes voient ces
objets «comme s!ils étaient situés devant elles» (purato !vasthit!n iva, PV
III.282d) du fait de leur cultivation intensive de ceux-ci, «car elles adoptent
un comportement adéquat à la [présence effective de l!objet de leur désir, de
leur chagrin, de leur peur]» (PVV 203,9: yasm!t tadanur"p!* prav$tti* ce-
'(ante, à comparer avec PVP P247a5#6). Sur ce point, voir déjà MSa#gr II.8
et III.6.4, et LAMOTTE 1973: 96#97 et 160; voir aussi TSP 874,18#20 sous
TS n°3338, TSP 896,16#17 sous TS n°3441.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 87
62
PVV 204,3 explique bh!ta par "ryasaty"di; PVP P247b8!248a1, par mi rtag
pa la sogs pa. Voir aussi NB"Dh 11,18 sous NB I.11 (bh!ta% sadbh!to
!rtha% | pram"&ena d$'(a# ca sadbh!ta% | yath" catv"ry "ryasaty"ni |) et
NB"V 47,5 ("phags pa"i bden pa b)i po dag go ||). Selon STEINKELLNER 1978:
128sq, il revient à Jñ!na#r$mitra d"avoir, le premier, développé systéma-
tiquement les aspects épistémologiques de yogipratyak'a. Selon Jñ!na#r$,
cette perception cultivationnelle ne porte pas sur les entités discrètes instanta-
nées, mais sur les propriétés des entités (vastudharma), ici identiques aux
aspects des Vérités (anityat", nair"tmya, etc.): «Diese Wirklichkeitsbegriffe
bezeichnen die Wirklichkeit der Dinge und damit deren wahre Natur (vastu-
tattvam), indem sie sie bestimmen (adhyavas!ya%). Die Betrachtung bezieht
sich auf sie, weil sie die wahre Natur der Dinge deutlich machen will; die
wirklichen Dinge selbst sind dabei nur indirekt im Spiele. Was daher in der
yogischen Erkenntnis klar erscheint, sind diese Beschaffenheiten, aber nicht
die Dinge selbst#» (STEINKELLNER 1978: 132). Sur la question des aspects
des Vérités, voir aussi ELTSCHINGER (à paraître 3, §§4!5).
63
PVP P246b6!7: rnal "byor ba"i #es pa thams cad m*on sum ma yin no || "o na
ci yin )e na | s*ar b#ad rnal "byor #es pa ni | s*ar "phags pa"i bden pa b)i"i
yul can du b#ad pa na | bden pa dpyod pa ga* yin pa de )es bya ba"i don to ||.
PVA 326,22: catur"ryasatyavi'aya+ yogin"+ jñ"na+ pr"g uktam; PVV
203,1: yogin"+ jñ"na+ satyavi'ayam uktam.
64
Explicitement dans PVin I.27,11!12/74,4!5: "ryasatyadar#anavad yath" nir-
&,tam asm"bhi% pram"&av"rttike |. «Ein Beispiel wäre das Sehen der (vier)
edlen Wahrheiten, wie es von uns im Pram"&av"rttikam (II.145ff.) ausgeführt
ist.» Traduction VETTER 1966: 75. Sur ces qualificatifs, voir pp. 89!92.
88 Introduction
65
Vibh. 203n. 1: yogin!m apy !gamavikalp!vyavak"r#am artham!tradar$ana%
pratyak&am |. PVP P246b5#6: rnal !byor ba!i m'on sum ya' lu' gi rnam par
rtog pa da' ma !dres pa don tsam mtho' ba yin no ||. Il s!agit là de PSV sous
PS I.6cd (yogin!% gurunirde$!vyatibhinn!rtham!trad(k): voir HATTORI
1968: 27 et 94#95nn. I.48#49.
66
PV III.285#286: tasm!d bh)tam abh)ta% v! yad yad ev!bhibh!vyate | bh!-
van!parini&pattau tat sphu*!kalpadh"phalam || tatra pram!#a% sa%v!di yat
pr!'nir#"tavastuvat | tadbh!van!ja% pratyak&am i&*a% $e&! upaplav!+ ||. PV
III.285 = PVin I.31 (voir STEINKELLNER 1978: 127 et VETTER 1966: 75);
PVV 204,9 explique pram!#am par upadar$it!rthapr!pakam. Selon PVV
204,13#14, par $e&!+, il faut entendre ayath!rth!+, c!est-à-dire, selon PVP
P248a5 et PVV ibid., a$ubhap(thiv"k(tsn!di.
67
C!est-à-dire comme ce qui a été traité dans le chapitre relatif aux Vérités
(PVP P248a5) ou dans le Pram!#asiddhipariccheda (PVV 204,12#13), c!est-
à-dire les quatre Vérités Saintes ([!rya]satyacatu&*aya, PVV ibid.). Le para-
loka de Prajñ#karagupta (PVA 327,32#33: paralokacatur!ryasaty!di) fait ici
figure d!exception.
68
Sur ce point, voir AK(Bh) VI.5sq (LA VALLEE POUSSIN 1980: IV.142sq) et
AKVy 524,31sq. Pour Dharmak"rti et les théoriciens de la connaissance, voir
PVin I.27,9#12/72,30#74,5 et PVA 327,15#18, ainsi que ELTSCHINGER (à
paraître 2).
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 89
69
PV II forme en son entier un commentaire libre à cette strophe. Sur le
ma'gala%loka de Dign!ga et sa V&tti, voir en premier lieu HATTORI 1968: 23
et 73!75; sur la légende liée à ce vers, voir OBERMILLER 1999: 149!152 et
CHATTOPADHYAYA 1997: 182!184; sur l"interprétation générale de Dharma-
k"rti, voir en premier lieu VETTER 1990: 13!35 et FRANCO 1997: 15!43; sur
la signification historico-religieuse de la séquence ma'gala%loka-PV II, voir
STEINKELLNER 1982; sur la structure générale de PV II, voir INAMI/TILLE-
MANS 1986 et FRANCO 1994; sur l"épithète de pram!"abh#ta, voir JACKSON
1988, STEINKELLNER 1989, SEYFORT RUEGG 1994b et 1995, KRASSER 2001
(montrant de façon convaincante que chez Dharmak"rti, l"épithète pram!"a-
bh#ta doit être comprise comme «qui est devenu [semblable à] un pram!-
"a»); sur la compassion que vise l"épithète de jagaddhitai$in, voir FRANCO
1997 et ELTSCHINGER (à paraître 1); sur les épithètes de %!st& et de sugata,
voir ELTSCHINGER 2005a; l"épithète de sugata (litt. «bien-allé», mais voir
FRANCO 1997: 20n. 9, et contre FRANCO, ELTSCHINGER 2005a: 408!410 et
425!426) reçoit dès la V&tti de Dign!ga une interprétation triple (cf. PV
II.139ab1: heto( prah!"a) trigu"a) sugatatvam), selon que su° vaut comme
excellence (pra%astat!, PV II.139b2d), comme irréversibilité (apunar!v&tti,
PV II.140!141a) ou comme exhaustivité (ni(%e$at!, PV II.141b!142a); dès
la V&tti aussi, c"est dans l"épithète de sugata (chez Dharmak"rti, surtout dans
son acception de ni(%e$at!) que cristallise la supériorité du Bouddha par rap-
port aux autres catégories de saints; sur l"épithète de t!yin et son étymologie,
voir SEYFORT RUEGG 1994a: 415!416n. 45 et FRANCO 1997: 32n. 41.
90 Introduction
70
Sur $srava/$&rava et prah"#$srava, voir PVSV 110,18"1
19.
71
Voir PVP P69b6"7, et AKBh 424,13"425,3 (sous AK VII.47).
72
PVP P64b6"7: ston pa ñid phun sum tshogs pa.
73
Douleur (du'kha) définie par PV II.146cd comme sa(s$ri#a' skandh$', «les
agrégats [d!appropriation] en transmigration». Selon LA VALLEE POUSSIN
(1980: IV.125n. 4b), cette définition est aussi celle de la N$masa)g"ti.
74
PV II.131cd"135, VETTER 1990: 39"43.
75
Sur ce point, voir STEINKELLNER 1978: 127 + n. 23, FRANCO 1989: 84"90,
ELTSCHINGER 2005a: 398"400 et ELTSCHINGER (à paraître 2, n. 88).
76
PV II.136"138ab: bahu&o bahudhop$ya( k$lena bahun$sya ca | gacchanty
abhyasyatas tatra gu#ado!$' prak$&at$m || buddhe& ca p$*av$d dhetor v$sa-
n$ta' prah"yate | par$rthav%tte' kha+g$der vi&e!o !ya( mah$mune' || up$y$-
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 91
78
PV II.282: dayay! "reya !ca%&e jñ!n!d bh#ta' sas!dhanam | tac c!bhiyo-
gav!n vaktu' yatas tasm!t pram!(at! ||. Selon PVV 107,21 (jagaddhitai%i-
tvasya sugatatva"!st$tvat!yitvasahitasya pr!m!(yas!dhanam !ha |), PV
II.282 montre que «le fait de rechercher le bien des êtres, accompagné du fait
d!être bien-allé, enseignant et protecteur, permet de prouver l!autorité [du
Bienheureux]». Devendrabuddhi paraît interpréter s!dhana au sens épistémo-
logique (PVP P140b6"7: de!i phyir !di tshad ma ñid du rigs pa yin pa); Ma-
norathanandin, au sens sotériologique (PVV 107,27"28: sas!dhana' vidya-
m!nop!y!bhy!sam). Selon PVV 108,1, tad = satyacatu%&ayam.
79
L!attitude est claire dans NS II.i.68 (tatpr!m!(yam !ptapr!m!(y!t) et NBh
96,15"16 ad loc.; dans CS s#trasth!na 11,19 (v!kyam asa'"aya' satyam);
dans YD 70,14"15 sous SK 4ab1 (!ptavacana' tu pram!(abh#tadv!rako
"tyantaparok%e "rthe ni"caya)) et 87,12 sous SK 5d (yad vacas tat pram!(am
ity etat siddha' bhavati); dans NS"ra 8 (tasya mukhodgatavacanam # !ga-
ma)).
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 93
80
Malgré PrP 75,6!7 (s%k&%d at'ndriy%rthavid%m %pt%n%( yad vacana( sa
%gama! |) et 268,1!2 (ata eva buddh%n%m eva bhagavat%( vacana( pram%-
#am ity upavar#ayanti vicak&a#%!), MHK V.8ab (atrocyate pram%#a( na!
sarva( t%th%gata( vaca! |).
81
Sur ce texte et ses recensions, voir LAMOTTE 1949; sur les quatre prati"ara-
#a, voir aussi LA VALLEE POUSSIN 1938: 158!160 et 1980: V.246!248; sur
la doctrine des mah%pade"a que ces recours présupposent, voir LAMOTTE
1947, JAINI 1977: 22!32 et DAVIDSON 1990.
82
AKVy 704,21: dharma! pratisara#a( na pudgala! |. DhS LIII/11,13: dhar-
maprati"ara#at% na pudgalaprati"ara#at% |.
83
BoBh W257,4!8/D175,18!21: na sthavire#a abhijñ%tena v% pudgalena ta-
th%gatena v% sa)ghena v% ime dharm% bh%&it% iti pudgalapratisara#o bhava-
ti | sa eva( yuktipratisara#o na pudgalapratisara#as tattv%rth%n na vicalati |
aparapratyaya" ca bhavati dharme&u |. «[Examinés rationnellement]» selon
BoBh W108,18!19/D76,19: yuktipar'k&ite&u dharme&u.
84
Le passage ici discuté trouve un parallèle dans PVin II.66,9!67,5/18*,1!19
(traduction dans STEINKELLNER 1979: 65!66); pour la *'k% de Dharmottara
ad loc., voir AKIMOTO 1993, qui a réuni la plupart des textes logico-épisté-
mologiques traitant de ce problème. Cf. TSP 4,7!8: na ca %gamasya puru&%-
94 Introduction
85
PVSV 110,13!14: vyavah!r!" ca pr!ya"o buddhip#rvam anyath! api kartu$
"akyante | puru%ecch!v&ttitv!t | te%!$ ca citr!bhisandhitv!t |.
86
PV! P294b3!4/D248b4!5 " PVSV! 397,19!20: tath! hi sar!g! api v'ta-
r!gavad !tm!na$ dar"ayanti | v'tar!g!" ca sar!gavat |. Voir aussi PVSV
9,7!9 (MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 39!40).
87
PV! P294b6!7/D248b6!7 = PVSV! 397,23!24: tato yathe%(a$ vyavah!r!)
pravartanta iti na asti gu*ado%aprabhav!*!$ vyavah!r!*!$ vivekani"ca-
ya) |.
88
PVSV 110,15: tad aya$ li+gasa+kar!t katham ani"cinvan pratipadyeta |. La
position ne contredit pas celle que défend la Sant!n!ntarasiddhi: que les
propriétés d"une série psychique particulière soient ininférables n"empêche
pas que l"existence de cette série soit, elle, inférable: voir INAMI 2001: 465!
468.
89
Tel n"est pas l"avis du philosophe jainiste Akala#ka, qui a critiqué la position
de Dharmak$rti sur ce point (voir SHAH 1967: 286, notamment n. 11 pour le
texte de l"A%).
96 Introduction
90
Sur cette preuve, voir BIARDEAU 1964: 117"128, CHEMPARATHY 1983: 40"
52 et VAN BIJLERT 1989: 30"34; pour une comparaison entre Pak"ilasv#min
et Dharmak!rti sur la fonction des mantra dans la preuve, voir ELTSCHINGER
2001a: 101"114.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 97
91
Selon NBh 97,8!9 et 15!16 sous NS II.i.68: d%$&!rthena !ptopade#ena !yur-
vedena ad%$&!rtho vedabh!go !num!tavya' pram!"am iti, !ptapr!m!"yasya
heto' sam!natv!d iti " dra$&%pravakt%s!m!ny!c ca anum!nam | ya eva !pt!
ved!rth!n!( dra$&!ra' pravakt!ra# ca ta eva !yurvedaprabh%t)n!m api ity
!yurvedapr!m!"yavad vedapr!m!"yam anum!tavyam iti |.
92
Pak#ilasv!min déjà critiquait la position réductrice du Vai$e#ika (voir BIAR-
DEAU 1964: 204!211).
93
Il répond ainsi à l"objection d"un M"m!%saka qui oppose quatre arguments à
l"inclusion de !gama/#!bda dans l"inférence. MHK IX.8!9: anum!n!t p%thak
c!sau pram!"atv!t tadanyavat | ek!nek!rthavi$ayapratipattir ath!pi v! || ad%-
$&ali*gasambandhapad!rthamatihetuta' | bhinnagocaradh)janmak!ra"atv!d
ath!pi v! ||. «L"[Écriture est] séparée de l"inférence, car elle est un moyen de
connaissance valide, comme un [moyen de connaissance valide] autre qu"el-
le[, la perception directe notamment]; en outre, [l"Écriture est] une connais-
sance dont l"objet est [à la fois] un état de fait un[, la délivrance par exemple,
comme celui de la perception directe,] et un état de fait multiple[, les diffé-
rents ciels par exemple, comme celui de l"inférence: donc, n"ayant pas le mê-
me objet que l"inférence, elle en est distincte; que l"Écriture soit chose diffé-
rente de l"inférence s"établit sur deux autres arguments:] car elle est la cause
de la connaissance d"une entité[, le ciel par exemple,] dont on ne perçoit pas
la relation à un [quelconque] indice [inférentiel], et aussi car elle est la cause
de ce que naît la notion d"un domaine distinct.» La réponse de Bh!(va)vive-
ka/Bhavya aux arguments (1), (2) et (4), de nature très «formelle», n"a pas à
nous retenir ici (voir respectivement MHK IX.50, 52 et 51, et LINDTNER
1997: 103 pour une traduction).
98 Introduction
94
MHK IX.54: n$num$n$t p!thak *)$bda* parok"amatihetuta* | sambandha-
sm!tyapek"atv$d anum$na% yath$ svata* ||. *)$bda* pour )abda*, sur la base
de MHKt et TJ (sgra las byu' ba), avec LINDTNER 1997: 120. «La connais-
sance verbale n!est pas séparée de l!inférence, parce qu!elle est la cause de ce
que l!on connaît un [état de fait] imperceptible, [et] parce qu!elle repose sur
le souvenir d!une relation [déjà connue], à l!instar de l!inférence elle-même.»
Exemples: réminiscence de la relation feu-fumée (qui permet l!inférence du
feu à partir de la fumée); réminiscence de la relation entre «arbre» et (idée
d!)une chose comportant fleurs, fruits, branches (TJ P327b2"4/D289b5"7).
95
MHK IX.53: ad!"&ali'gasambandhe *par$rth$d anum$nata* | pratipattir ya-
to boddhye tasm$d arth$ntara% na sa* ||. *MHKt et TJ suggèrent d!"&$rth$t
pour par$rth$t.
96
TJ P327a7"8/D289b3"4.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 99
97
Conclusion de TJ P327a8/D289b4!5: des na rjes su dpag pa ñid kyis mtho ris
da! thar pa ya! yod par rtogs par bya ba yin gyi lu! tsam gyis ni ma yin no ||
de ltar na ya! lu! ni rjes su dpag pa!i kho!s su gtogs pa ñid yin no ||. «Par
conséquent, c"est par inférence qu"on peut savoir que le ciel et la délivrance
existent, mais pas par l"Écriture sans plus, et [c"est] ainsi [que] l"on inclut
l"Écriture dans l"inférence.»
98
$V codan" 121: yo "p#ndriy"rthasambandhavi$aye satyav"dit"m | d%$&v" tad-
vacanatvena 'raddheye "rthe "pi kalpayet ||. Selon Sucaritami%ra et P"rthas"-
rathimi%ra, la k. vise un bouddhiste qui ferait l"économie de l"omniscience
($VK& 127,18!19: ki( na) sarvajñagrahe*a | buddh"gamasatyat" hi na)
s"dhy" | s" ca evam api sidhyaty eva |; NR' 62,5!7 introduit à cet effet PV
I.31cd et 33ab, traduits pp. 84!85). Jñ"nam"trak$a*ikatva selon $VK&
127,19!20 (NR' 62,8!9: k$a*ika( sarvasa(sk%tam ity"div"kyam); caitya-
vandan"di selon $VK& 127,21!22 et NR' 62,9!10.
99
Sur le transfert inférentiel d"autorité suggéré par 'ryadeva et Dharmap"la,
voir pp. 110!112.
100 Introduction
une unité d!énonciateur. Dign!ga, lui, n!a rien dit de tel. En jouant
sur deux valeurs possibles du mot s!m!nya (dans PS II.5ab) Dhar-
mak"rti va s!efforcer d!intégrer la problématique propre à Dign!ga
(la parole d!une personne crédible est une inférence puisqu!elle est
semblable à celle-ci en fiabilité) dans le cadre interprétatif esquissé
ci-dessus (où la parole d!une personne crédible est [la cause d!]une
inférence puisqu!elle possède le caractère général de la fiabilité).
2.4.3. Dans le cadre de la légitimation du recours à l!autorité scrip-
turaire, la notion d!une évaluation (par"k#!) des contenus scriptu-
raires apparaît en toute netteté chez Bh!(va)viveka/Bhavya100: «Si
l!Écriture consiste dans un énoncé qui est à même de résister à une
évaluation par l!argumentation rationnelle, il faut d!abord analyser
cela même [qu!est un énoncé capable de résister à une telle évalua-
tion], puis [examiner] ce que propose [cet énoncé].» La logique du
propos est évidente: si l!autorité de l!Écriture en matière transem-
pirique procède d!un transfert inférentiel, il faut que l!autorité ait
été préalablement établie en matière empirique, dans la sphère de
compétence de yukti: tel est le programme métareligieux de Dhar-
mak"rti. La TJ illustre MHK IX.20 à l!aide d!une image fameuse
reflétant l!attitude bouddhique en matière d!autorité101: «[Il en va
de l!Écriture] comme lorsque des profanes, en présence d!une ver-
roterie, pensent qu!il s!agit d!un joyau authentique; cela présente
l!apparence d!un joyau, mais on montre qu!il s!agit de verroterie
puisque cela ne résiste pas à des [tests] tels que la calcination et
100
MHK IX.20: yat par"k#!k#ama$ yukty! vacana$ cet tad !gama% | tad eva
t!van m"m!$sya$ pa&c!t tenodita$ hi yat ||. La notion d!un examen en rai-
son des articles prêchés par le Bouddha est déjà dégagée dans la BoBh (voir
n. 83, p. 93) et chez A#vagho$a (voir n. 102, p. 101); voir aussi, plus problé-
matique, PSV D85b3"4 et P13a1"2 (KRASSER 2004: 132).
101
TJ P315b5"7/D279a7"b1: ji ltar mi mkhas pa !ga! 'ig nor bu !chi( [D: P
mchi(] bu la | ya( dag pa!i rin po che yin no sñam du sems pa la | de ni rin po
che ltar sna( ba yin te [P: D no] | bsreg pa da( bdar ba la sogs pa mi bzod
pa!i phyir | !chi( [D mchi(; P !chi] bu yin no 'es bstan pa b'in 'es bsgrubs na
de ñid ya( lu( yin no 'es sgrub par byed ci( rtog pa ni rigs pa ma yin gyi |
ya( ga( 'ig bsreg pa da( bdar ba bzod pa!i gser bza( po b'in du rnam par
!gyur ba med pa de ni lu( yin no ||.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 101
102
TS n°3588: tap!c ched!c ca nika"!t suvar#am iva pa#$itai% | par&k"ya bhi-
k"avo gr!hya' madvaco na tu gaurav!t ||. La strophe est également citée
NBPS I!2!i (480,14!17), et selon JAYATILLEKE 1980: §663/390!391, dans
le Jñ!nas!rasamuccaya; voir aussi HAYES 1984: 664, et TS n°3344 et TSP
878,16!19 ad loc. A défaut d"une source canonique, citons ici Buddhacarita
XXV.45, tel qu"édité dans HONJO 1993: 484(63): | brdar las gcad las bsregs
pa las | | mkhas pa rnams kyis gser b(in du | | !dul ba mdo las rigs pa las | | de
phyir yo)s su rtog par rigs |.
103
NBPS I!2!i (480,24!481,4): !di ltar don ni rnam pa gsum ste, m)on sum
da), lkog tu gyur pa da), *in tu lkog tu gyur pa!o. de la bka!i don m)on sum
la ni bsregs pas gser b(in du m)on sum gyis brtags pa yin no. don lkog tu
gyur pa la ni bdar ba b(in du rjes su dpag pas brtags pa yin no. de ñid kyi
don *in tu lkog tu gyur pa la ni bcad pas gser b(in du phan tshun mi !gal ba!i
sgo nas brtags pa yin te. Voir aussi HAYES 1984: 664.
102 Introduction
104
PVSV 174,26: ($stradharma. Les commentateurs préfèrent l!expression gu-
!atraya(yukta' ($stram): PV" P287b1"2/D243b6 = PVSV" 392,9, et Vibh.
364n. 1. Voir aussi TS n°3343sq.
105
PVSV 108,9: sambandho v$ky$n$m ek$rthopasa'h$ropak$ra) |. Noter aussi
PV" ñe P79a4/D65b6"7 = PVSV" 612,19"20: paraspara' pad$rth$n$'
(PV" pad$n$') sa&gat$rthat$ sambandha) |. Sur le critère de consistance,
voir HALBFASS 1983: 90"91.
106
A&g$&gibh$va dans PVSV" 391,15 (P PV" P286b7/D243a6"7 porte: gtso bo
da& gtso bo ma yin pa ñid); vidheya, prati#edhya et *upek#a!"ya dans PV"
P286b7"8/D243a7 # PVSV" 391,15"16 (où °lak#a!a me paraît devoir être
lu upek#a!"ya). Exemple: da(ad$*im$div$ky$ni (P PVSV 108,9"10), que PV"
P287a1/D243b1 = PVSV" 391,17"18 complètent: da(a d$*im$ni #a* ap+-
p$) ku!*am aj$jina' palalam iti |. L!exemple se retrouve partout: $Bh
I.56,5"6 (F38,20) sous M!S% I.i.5; NBh 314,6"7 sous NS V.ii.10; VN 43,14
(MUCH 1991: II.81n. 352); dans les ,"k$ sanskrites à l!-va(yakaniryukti (voir
BALBIR 1987: 14). Voir aussi n. suivante.
107
NS V.ii.10: paurv$pary$yog$d apratisambandh$rtham ap$rthakam |, et NBh
314,5"8 ad loc., (partiellement) cités VN 43,11"14 (voir MUCH 1991: II.81
pour la traduction et l!annotation). Ap$rthaka (sous la forme pr&k. avatthaya)
figure déjà au nombre des trente-deux dosa/do#a d!un pseudo-S%tra/texte di-
dactique dans les #uvres exégétiques jainistes (-va(yakaniryukti et Vi(e#$va-
(yakabh$#ya, qui paraissent tributaires de NS): sur ce point, voir BALBIR
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 103
1987: 6, 9 et 14.
108
Selon TSP 877,24!25, le type d"un tel moyen est nair!tmyabh!van!, la culti-
vation de l"insubstantialité. Phalas!dhanop!ya dans PV$ P286b3/D243a4 %
PVSV$ 391,11; puru"e#a s!dhayitu$ %akyam, ibid.; %aky!nu"&h!na dans
TSP 877,24 et PVV 363,18.
109
Référence non identifiée. L"exemple est tiré de PVSV 108,12!13, TSP
877,25!26, DhPr 15,12!15.
110
Svarga et apavarga dans PVV 364,1; nirv!#a selon PV$ P291b7/D246b6 =
PVSV$ 395,17!18; abhyudaya et ni'%reyasa selon PV$ ñe P79a6/D65b7!
66a1 = PVSV$ 612,21!22, et TSP 877,26. D"après TSP 904,4!5 (sous TS
n°3486), abhyudaya' sukha$ mok"o ni'%reyasam.
111
K!kadantapar(k"! dans NB$Dh 1,9!10 et TSP 877,26!27; prek"!vat selon
NB$Dh 1,10.
104 Introduction
112
Je m!autorise sur ces trois critères la fragile hypothèse que voici: en élabo-
rant ce préalable qualificatif, Dharmak!rti peut avoir eu à l!esprit certains des
quatre motifs (k"ra#a) qui, dans l!Adhy"$ayasañcodanas%tra (ASS), font l!é-
loquence (pratibh"na) des Bouddha: 1. arthopasa!hita (na anarthopasa!-
hita); 2. dharmopasa!hita (na a°); 3. kle$aprah"yaka (na kle$avivardhaka);
4. nirv"#agu#"nu$a!sapradar$aka (na sa!s"ragu#a°). A l!exception du
problématique dharmopasa!hita, les deux listes présentent des critères (de
consistance) sémantique (artha), instrumental (nair"tmyabh"van"TSP/kle$a-
prah"#aASS), final/téléologique (nirv"#a). Voir BCAP 314,3"7 sous BCA
IX.43ab, SNELLGROVE 1958, JAINI 1977: 198 et DAVIDSON 1990: 310"311 +
n. 86. Au chapitre des hypothèses, on notera que dans PVSV 102,2"4, Dhar-
mak!rti affirme que seul est traité ($"stra) ce qui présente un moyen permet-
tant de réaliser un but de l!homme: on n!aura sinon affaire qu!à bavardage in-
cohérent (abaddhapral"pa). L!expression rappelle celles de bhinnapral"pit"
et de sambhinnapral"pa, qui définissent dans l!Abhidharma l!un des dix
mauvais chemins de l!acte (aku$alakarmapatha). Selon Vasubandhu (AK
IV.76cd et Bh), est parole inconsidérée toute parole souillée (kli&'a). Parmi
les exemples, les ku$"stra (mauvais traités) chez Vasubandhu (AK IV.77bc),
les t(rtha$"stra (traités [des] hérétiques) chez Vimalamitra (AD!p 164,6). Au
sens large, on dira qu!un traité défectueux sous le rapport des trois critères
est un ku$"stra, type de parole oiseuse; au sens strict, qu!un traité asamba-
ddha est déjà ku$"stra.
113
Ces procédures ayant déjà été décrites par TILLEMANS (1993: 9"15, 1997:
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 105
395!396 et 2000: 78!79), je n"y reviens pas ici. Notons que les éléments
structurant la triple par#k"! se rencontrent dans des #uvres jainistes chrono-
logiquement voisines (?) de Dharmak!rti. Ainsi de "M I.6, qui dit l"!pta
omniscient (< sarvajña, "M I.5) yukti$!str!virodhiv!c, «dont la parole ne
présente pas de contradiction avec l"argumentation rationnelle et le traité [au-
torisé]» (le composé réapparaît dans le Dev!gamastotra du même Samanta-
bhadra: voir JAINI 2000: 349n. 55). Selon "MV 5,18!19, yukti comprend
l"inférence et la perception (adhyak"a); par $!stra, il faut entendre !gama;
par avirodhin, avisa%v!din. NA 9 dit le traité autorisé ad&"'e"'avirodhaka,
«which does not contradict what is accepted and what is experienced» (BAL-
CEROWICZ 2001: I.50; analyses du composé dans NAV [9.2] 382,17!383,4).
Plus proche de Dharmak!rti par la lettre et l"esprit que par le temps, Aka-
la#ka: $rute( pram!)!ntar!b!dhana% p*rv!paravirodha$ ca avisa%v!da(
(cité de Akala+kagranthatraya, p. 14, par SHAH 1967: 36n. 165). Ces motifs
trouvent des antécédents paracanoniques jainistes (voir BALBIR 1987: 9): par-
mi les dosa/do"a d"un S$tra, la contradiction (v!haya) et l"incorrection (aju-
tta/ayukta), la contradiction avec la doctrine propre (samayaviruddha); parmi
ses gu)a, le fait de posséder des raisons (heujutta/hetuyukta). Sur la question
des contradictions internes, voir aussi LAMOTTE 1981: 1074 et 1095 (pas de
contradiction interne au buddhavacana et à la Prajñ!p!ramit!), et SUTTON
2000: 38sq (le MBh reproche à plusieurs reprises au Veda ses contradic-
tions), ainsi que l"intéressant aveu de Kum%rila lui-même dans TV sous
M!S$ I.iii.27/II.225,9!10 (voir aussi TV sous M!S$ I.iii.3/II.83,11!12 [p*-
rvapak"a]).
114
Selon Dharmottara, ce type d"inférence est indiqué dans le cas d"un objet
scripturaire (!gamasya artha(, NB&Dh 82,2), i.e. de quelque chose de supra-
sensible que perception et inférence ne couvrent pas (artho !t#ndriya( pratya-
k"!num!n!bhy!m avi"ay#k&ta(, NB&Dh 82,2!3), tel un universel (s!m!ny!di);
selon PVSV& 393,15!17, l"inférence porte sur un objet scripturaire radicale-
106 Introduction
En quoi consiste donc cette inférence reposant sur (ou: fondée sur,
°!"rita°, °!"raya°) l!Écriture? !"kyabuddhi commente115: «Après
qu[!on a dûment constaté,] par les deux moyens de connaissance
valide procédant en vertu de [quelque chose de] réel[, que] l!Écri-
ture [en cours d!évaluation est] correcte (*vi"uddha), ayant [donc
ainsi] déterminé [que cette Écriture] a la propriété d!un traité ac-
cepté comme moyen de connaissance valide?, [on se livre à] une in-
férence reposant sur l!Écriture lorsque l!on introduit une discussion
(*cint!) [sur un objet scripturaire radicalement imperceptiblePVSV#]
afin d!inférer des contradictions entre [propositions scripturaires]
successives.» Le propos de !"kyabuddhi s!interprète au mieux à
partir de PV IV.48"51 et 106"108.116 Selon Dharmak$rti,117 «si les
deux [types d!]objets sont corrects [au sens où on l!a défini, alors]
c!est là le moment [d!adhérer à un traité] pour qui désire adhérer à
un traité». En effet,118 «on est justifié à adhérer à un traité quand on
passe à la troisième catégorie [d!états de fait, i.e. aux états de fait
radicalement imperceptibles]», car119 «faute d!accepter une Écritu-
re [comme moyen de connaissance valide] dans le cas des [états de
fait radicalement] imperceptibles, il ne [pourrait être] introduit [au-
cune] discussion [les concernant]». Mais, chose importante,120
125
D!n!dicetan!, hi"s!dicetan!; cf. PVP P347a4"6, PVA 527,18, PVV 449,26
et 450,6"10; Devendrabuddhi conclut: de ltar na bstan bcos gzu# bar bya ba
yin [no] ||.
126
Sn!n!di appartient à la catégorie de vues fausses que l!Abhidharma nomme
$%lavratapar!mar$a, «la vue qui consiste à considérer comme cause ce qui
n!est pas cause, comme chemin ce qui n!est pas chemin» (AKBh 282,8"9:
ahetau hetud&'(ir am!rge m!rgad&'(i) $%lavratapar!mar$a) |. Traduction LA
VALLEE POUSSIN 1980: IV.18; voir aussi III.135n. 2, 189n. 3, IV.76nn. 3"5).
Notons que sn!ne dharmecch! compte au nombre des cinq indices de sottise
(li#g!ni j!*ye) que définit PV I.340. Aux références de LA VALLEE POUSSIN
1980: III.135n. 2, ajoutons: Kalpan!ma+*itik! (HUBER 1908: 439), MHK
IX.120"123; voir aussi UI 1962: 74 et BHATTACHARYA 1980: 119.
127
En fait, !ha veda) selon PV! ñe P78b5"6/D65a3 = PVSV! 612,10.
128
R!ga, mais aussi l!hostilité (dve'a) et l!hébétude (moha), selon PV! P289a6"
7/D245a2 = PVSV! 393,18"19. M,la, PV IV.107c, PVP P346b6"7, PVV
450,4; prabhava, PVV 411,2; nid!na, PVV 450,5. Proposition alternative:
«Le démérite a pour nature (r,pa) la concupiscence et l!acte corporel et vocal
(k!yav!kkarman) qui s!y origine.» R,pa (P PVSV 109,1"2) glosé svabh!va
PV! P289a6"7/D245a3 = PVSV! 393,18"19. K!yav!kkarman selon PV!
P289a6"7/D285a3 = PVSV! 393,18"19.
129
(1) [T%rtha-]sn!na, PVSV 109,3, PV IV.107d, PVP P346b7/8, PVSV
174,23, PV! P289a7"8/D245a3 = PVSV! 393,20, PV! ñe P78b5/D65b4 =
PVSV! 612,9, PVV 411,1; mais aussi: agnihotra, mêmes références hormis
PV IV et PVP; japa, PVP P346b8, japahom!di, Vibh. 450n. 1; upav!sa PV!
P289b1/D245a4 = PVSV! 393,21"22. (2) Prah!+a, PVSV 109,2, PV!
P289a7/D245a3 = PVSV! 393,19, qui glosent apagama; mais aussi: $odha-
nas!marthya, PVSV 174,23; n!$ana, PV IV.107d; virodhin, PVV 450,6;
apanayati, PV! P289b1/D245a4 = PVSV! 393,22; k'aya, PV!
P289a8/D245a4 = PVSV! 393,20; vi$uddhi, PV! ñe P78b8/D65b3 =
PVSV! 612,13. (3) Adharma, PV IV.107, PVP P346b7, PVV 450,4, PV!
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 109
135
PVSV 109,3!4: s& iya' (akyaparicched&(e$avi$ayavi(uddhir avisa'v&da) |.
Voir aussi PV IV.50 (TILLEMANS 2000: 80).
136
PVSV 109,7!9: &ptav&dasya avisa'v&das&m&ny&d ad"$*avyabhic&rasya
pratyak$&num&n&gamye !py arthe pratipattes tad&(rayatv&t tadanyapratipa-
ttivad avisa'v&do !num%yate |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 111
137
Traduit sur la version chinoise du commentaire de Dharmap$la (T1571,
216c22!23/TILLEMANS 1986: 46n. 21/TILLEMANS 1990: I.91 et II.132). Le
sanskrit serait (TILLEMANS 1986: 46n. 21): buddhokte%u parok%e%u j#yate
yasya sa&!aya' | ihaiva pratyayas tena kartavya' !"nyat#& prati ||.
138
PV I.217: heyop#deyatattvasya sop#yasya prasiddhita' | pradh#n#rth#visa&-
v#d#d anum#na& paratra v# ||.
139
PV% P291b1!2/D246b2!3 & PVSV% 394,28!30: tadadhigamena nirv#$a-
pr#pte' |. PVV 365,10: satyacatu%(ay#dhigamasya nirv#$ahetutvena.
140
PVSV 109,16!19: tasya asya puru%#rthopayogino !bhiyog#rhasya avisa&v#-
d#d vi%ay#ntare !pi tath#tvopagamo na vipralambh#y[a] anuparodh#n ni%-
prayojanavitath#bhidh#navaiphaly#c ca vaktu' |. Noter l"utilisation de cette
stratégie chez !$ntarak"ita, TS n°3528: svarg#pavargam#trasya visp)%(am
upade!ata' | pradh#n#rthaparijñ#n#t sarvajña iti gamyate ||.
112 Introduction
pas induit l!homme en erreur sur l!objet principal que sont les Vé-
rités Saintes,] le locuteur n!a pas d!intérêt [propre] à s!exprimer
sans raison de façon erronée [sur ce troisième point radicalement
imperceptible].» Que le Bouddha n!aurait nul intérêt à nous trom-
per ressortit à sa qualité de t!yin, de «protecteur [des êtres]» (voir
pp. 91"92); surtout, c!est à sa compassion qu!il doit son autorité141:
«Par compassion [pour les êtres, le Bienheureux leur] enseigne le
Bien: compatissant, aspirant à éliminer entièrement la douleur
d!autrui, [le Bienheureux] n!enseigne pas de façon erronée; avec
pleine conscience, celui-ci n!enseigne que le Bien aux [êtres] qui y
aspirent, non ce qui n!est pas le Bien. [En effet,] même compatis-
sante, [une personne ignorante] ne pourrait enseigner la vérité puis-
qu!elle ne [la] connaît pas: ainsi est-ce grâce à [sa] connaissance
que [le Bienheureux] enseigne la vérité; mais [à l!inverse,] même
si elle connaissait [la vérité], une [personne] sans compassion
pourrait aussi bien enseigner de façon erronée, et c!est ainsi que la
compassion [elle-]même est le moyen de [réaliser] l!autorité.»
2.4.7. Dans l!usage de Dharmak!rti, la première stratégie de trans-
fert inférentiel paraît avoir vocation «hérésiologique»; la seconde,
vocation apologétique. Il est bien connu que c!est selon la seconde
que, dans PV II.147cd-279, Dharmak!rti établit la fiabilité des qua-
tre Vérités Saintes, une démarche annoncée dans PVSV 109,16142:
«à l!exemple [de la justesse] des quatre Vérités Saintes [lorsqu!on
l!examine] selon la méthode (n"ti, gl. vic!ra) qu!on exposera [plus
bas].» L!explication des commentateurs ne laisse subsister aucun
doute quant à l!identité du passage visé par Dharmak!rti.
141
PVP P140b3"6 sous PV II.282ab: brtse bas legs pa ston par mdzad | brtse ba
da# ldan pa g$an gyi sdug bs#al yo#s su spo# ba don du gñer ba don log par
ston par mi mdzad | de mkhyen b$in du skal pa da# ldan pa de don du gñer ba
dag la legs pa ñid ston par mdzad kyi | legs pa ma yin pa ni ma yin no || brtse
ba da# ldan pa ya# mi %es pa!i phyir ya# dag pa!i don ston par mi nus pa de
ltar na | ye %es las bden pa ston mdzad kyi brtse ba med pa ni %es na ya# rnam
pa g$an ya# ston par !gyur ba de ltar na | brtse ba ya# tshad ma ñid kyi thabs
yin no ||.
142
PVSV 109,16: yath! cat&r'!m !ryasaty!n!( vak)yam!'an"ty! |.
Chapitre 2 ! La doctrine métareligieuse 113
143
Comparer TS(P) n°2775.
144
Voir aussi PVin II.72,9!10/23*,6!8, et STEINKELLNER 1979: 77!78 + n. 252.
145
PVSV 174,14!28: apracyut"nutpannap(rv"parar(pa) pum"n kart" krame&a
karma&"# karmaphal"n"# ca bhokt" samav"yik"ra&"dhi%*h"nabh"v"din"
ity "ha veda) | tac ca ayuktam ity "veditapr"yam | nityatva# ca ke%"#cid
bh"v"n"m ak%a&ikasya vastudharm"tikram"d ayuktam | apratyak%"&y eva hi
s"m"ny"d!ni pratyak%"&i | janmasthitiniv$tt!' ca vi%am") pad"rth"n"m | an"-
dheyavi'e%asya pr"g akartu) par"pek%ay" janakatvam | ni%patter ak"ryar(-
pasya "'rayava'ena sth"nam | k"ra&"c ca vin"'a ity"dikam | anyad api pra-
tyak%"num"n"bhy"# prasiddhaviparyayam* "gam"'raye&a ca anum"nena
b"dhitam agnihotr"de) p"pa'odhanas"marthy"dikam | tasya eva#v"dino ve-
dasya sarvatra '"stra'ar!re pram"&avirodham apratisam"dh"ya sambandh"-
nugu&op"yapuru%"rth"bhidh"n"ni ca '"stradharm"n apradar'ya atyantapra-
siddhavi%ayasaty"bhidh"nam"tre&a prajñ"prakar%aduravagahagahane !pi
niratyayat"# s"dhayituk"mo bandhak!m api pr"galbhyena vijayate |. *Prasi-
ddha° avec PVSV$ 612,7 et 8, contre prasiddhi° dans PVSV 174,22.
114 Introduction
nence erronée puisque ce qui n!est pas instantané déroge aux pro-
priétés d!une entité; [le Veda soutient que] des [entités] strictement
imperceptibles telles que l!universel[, le mouvement ou la qualité,]
sont perceptibles; [le Veda prête] aux entités [réelles] des naissan-
ce, durée et cessation incongrues, [en affirmant respectivement
qu!]une [entité] !insupplémentable!, d!abord non agente, [se fait
ensuite] génératrice en dépendance d!une autre; [qu!]une [entité]
n!ayant, de par [sa] production [par ses propres causes], pas la na-
ture d!un effet, se maintient [dans l!existence] en vertu de [quel-
que] point d!appui; [que] la destruction [des entités réelles procè-
de] d!une cause [de destruction; le Veda enseigne] encore [mainte]
autre [chose] dont la perception et l!inférence [ordinaire] établis-
sent le contraire, et [enfin prêche] notamment la capacité de [prati-
ques] telles que l!oblation au feu [ou les ablutions] à éliminer les
péchés[, ce] qu!invalide une inférence fondée sur l!Écriture. Le
[M"m#$saka] ne lève pas la contradiction avec les moyens de con-
naissance valide dans tout le corps du traité, ni ne présente les pro-
priétés d!un traité [que sont] les expressions d!une consistance [in-
terne], d!un moyen approprié et d!un but de l!homme; [puis,] par la
simple formulation de la vérité [du Veda] sur un objet trivial, il
entend démontrer que le Veda qui s!exprime ainsi [qu!on l!a mon-
tré] est infaillible également [lorsqu!il porte] sur [quelque chose
d!]impénétrable inaccessible [même] à une intelligence acérée: [ce
M"m#$saka] l!emporte en témérité même sur la courtisane [de
l!histoire]!»
Dharmak"rti jugeait à l!évidence que la parole du Bouddha pas-
serait avec succès les trois par!k"# articulant cette première straté-
gie. Mais ici comme ailleurs, rien ne nous oblige à lui en donner
crédit"
Chapitre 3
Sur l!incréation et les versions réalistes de la relation entre
p a r o l e e t s i gn i f i c a t i o n
1
Chez Bhart%hari, la révélation védique, «image» (anuk!ra) de la parole prin-
cipielle, est une et permanente, sous forme extérieure de &!stra, et sous forme
intérieure d!!gama. On notera simplement ici VP I.172: an!dim avyava-
cchinn!' &rutim !hur akart%k!m | &i"$air nibadhyam!n! tu na vyavacchidyate
sm%ti( ||. «On dit que la révélation est sans commencement, sans interruption
et sans auteur; tandis que la tradition est fondée sur les clercs et elle ne con-
116 Introduction
YBh ([a,] b[, c]);2 de façon surprenante mais indiscutable chez cer-
tains Vaibh!"ika (a-b).3
Dans et sous PV I.224!268, Dharmak#rti critique l"apauru!eyat"
sous sa forme complète et aboutie: l"apauru!eyat" en général com-
me critère de l"autorité scripturaire (dans et sous PV I.224!230),
l"incréation et la permanence de la relation (dans et sous PV I.231!
238), l"éternité du Veda (dans et sous PV I.239!246; infra, chapitre
4), la permanence de la parole (dans et sous PV I.247!268; infra,
chapitres 5 et 6).
(les kk. 141sq visent l"omniscience jainiste), D"SA 1980: 193!195, et KHER
1992: 452!454. (3) Contre la théorie du transfert inférentiel d"autorité, voir
!V codan" 121!125 (pour la k. 121, voir p. 99). Selon !V codan" 122!125,
une théorie «vérificationniste» de l"autorité scripturaire conduit à cette consé-
quence que l"Écriture ne peut rien nous apprendre: redevable de sa fiabilité à
sa seule vérifiabilité, l"Écriture ne nous enseignera jamais valablement que ce
que nous pouvons connaître par nous-mêmes. Au mieux donc, l"Écriture sera
vraie dans l"ordre de ce que les pram"#a ordinaires nous donnent, mais sans
valeur de vérité là où s"arrêtent nos lumières naturelles. Or étant donné que
nous ne recourons à l"Écriture qu"en vue de connaître le suprasensible ! l"in-
vérifiable, hic et nunc du moins !, l"Écriture sera parfaitement vaine. Cette
critique repose, bien entendu, sur la doctrine du svata!pr"m"#ya. (4) Contre
la révélation par Dieu ou les &'i, voir !V sambandh"k'epaparih"ra 42cdsq
(D"SA 1980: 196!197), !V v"kya 365!368 et !V vedanityat" (voir chapitre
4, et D"SA 1980: 197!198).
5
!V codan" 47ab. Sur la doctrine du svata!pr"m"#ya, voir BIARDEAU 1964:
69!76, D"SA 1980: 57!77 et 180!191, BHATT 1989: 72!77 et TABER 1992.
6
Voir TS n°2852cd!2855 (D"SA 1980: 185), et !V codan" 81.
7
!Bh sous M"S# I.i.2/I.17,3 (F16,26!18,1; BIARDEAU 1964: 78); voir aussi
!V codan" 86!87.
8
!V codan" 80: tasm"d d&(ha% yad utpanna% n"pi sa%v"dam &cchati | jñ"-
n"ntare#a vijñ"na% tat pram"#a% prat)yat"m ||. «Therefore that cognition
that is stable (d$%ha-), actually arisen (utpanna-) and is not contradicted by
118 Introduction
14
Voir $V codan" 63!65 (D"SA 1980: 188).
15
Voir $V codan" 60cd (D"SA 1980: 187), et $V codan" 52cd.
16
Voir $Bh sous M!S% I.i.5/I.50,2!3 (F34,9!11; BIARDEAU 1964: 83).
17
Pratyayitapuru!a chez $abara ($Bh sous M!S% I.i.2/I.17,5!7 [F18,3!6];
BIARDEAU 1964: 78), glosé yath"d$!%"rthav"din par Kum"rila dans $V co-
dan" 102, et satya dans $V codan" 106. Noter néanmoins $Bh sous M!S%
I.i.2/I.18,6!7 (F18,12!13): api ca pauru!ey"d vacan"d evam aya& puru!o
veda iti bhavati pratyayo na evam ayam artha iti |. «De plus, à partir d"une
parole humaine, on n"a pas l"idée que l"objet est tel (qu"on le dit), mais bien
que tel homme a telle idée (de cet objet).» Traduction BIARDEAU 1964: 81.
Cette conception est réaffirmée dans TV sous M!S% I.iii.24/II.187,6!7 (JHA
1998: I.266). Parmi les nombreux passages témoignant du pessimisme de
Kum"rila quant à la prétention des paroles humaines à la vérité, voir TV sous
M!S% I.iii.14/II.170,20!23 (JHA 1998: I.242), et $V codan" 144 (= TS
n°2793).
18
D"après $Bh sous M!S% I.i.2/I.18,2!3 (F18,8): j"tyandh"n"m iva vacana&
r#pavi'e!e!u |. Voir BIARDEAU 1964: 78!79.
19
$Bh sous M!S% I.i.2/I.17,3!5 (F16,26!18,2; BIARDEAU 1964: 78).
120 Introduction
20
Par exemple, $V codan! 68: voir APPENDICE B (PVSV% 404,25"405,13). $V
codan! 97ab: vedasy!pauru#eyatve siddh! tv eva% pram!"at! |. «Mais si le
Veda est incréé, [son] autorité [s!en trouve] ainsi [ipso facto] établie.»
21
$V codan! 184"185: codan!janit! buddhi& pram!"a% do#avarjitai& | k!-
ra"air janyam!natv!l li'g!ptoktyak#abuddhivat || tath!n!pt!pra"(toktijanya-
tv!d b!dhavarjan!t | de$ak!l!dibhed!dau c!ptoktipratyayo yath! ||. Voir aus-
si D!SA 1980: 192.
22
$Bh sous M!S& I.i.2/I.17,7 (F18,5"6; BIARDEAU 1964: 78).
23
$Bh sous M!S& I.i.2/I.20,2"3 (F20,1"2; BIARDEAU 1964: 79).
24
$Bh sous M!S& I.i.2/I.15,1 (F16,11"12): tay! yo lak#yate so !rtha& puru#a%
ni&$reyasena sa%yunakti iti. $Bh sous M!S& I.i.2/I.20,3 (F20,3): codan!-
lak#a"o !rtha& $reyaskara& |. Pour mémoire, M!S& I.i.2: codan!lak#a"o !rtho
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 121
dharma& ||.
25
Voir "Bh sous M#S$ I.i.2/I.20,4!5 (F20,4!5), et "V codan# 190.
26
"V codan# 191a: 'reyo hi puru!apr"ti&. "Bh sous M#S$ IV.iii.15/V.72,6!7:
pr"tir hi svarga& |. Sur le ciel, voir BIARDEAU 1964: 88!90.
27
Voir "V codan# 191bd. Voir aussi "Bh sous M#S$ I.i.2/I.20,5!21,1 (F20,4!
6), "V codan# 192, et TV sous M#S$ I.iii.24/II.187,23 (p(rvapak!a, JHA
1998: I.267).
28
Voir "V codan# 1 et 212. TV sous M#S$ I.iii.10/II.152,7 parle du «moyen de
connaissance valide du Dharma qu"on appelle %Veda#» (dharmapram#)a$
ved#khyam).
29
D"après "Bh sous M#S$ I.i.2/I.14,1 (F16,9): codan# iti kriy#y#& pravartaka$
vacanam #hu& |. Voir "V codan# 3cd, et "V codan# 211!212. Voir aussi
"Bh sous M#S$ I.i.2/I.15,2!3 (F16,12!14; BIARDEAU 1964: 77) et "V coda-
n# 7cd.
30
Voir "V codan# 210. NR& 82,5: pravartaka$ nivartaka$ ca v#kya$ co-
dan# | na kevala$ pravartakam eva |.
122 Introduction
31
Voir "V codan" 213#215.
32
"V codan" 242ac: vihitaprati#iddhatve muktv"nyan na ca k"ra&am | dharm"-
dharm"vabodhasya. Voir HALBFASS 1990: 325#331.
33
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.28,3#4 (F24,3#5; BIARDEAU 1964: 156, D!SA 1980:
93).
34
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.28,3 (F24,3).
35
"Bh sous M#S$ I.i.5/I.50,7 (F34,15).
36
Voir la discussion de "Bh sous M#S$ I.i.5/I.52,1#7 (F36,6#14). Sur l!hypo-
thèse d!un sa$%le#alak#a&a' sambandha', voir aussi "V sambandh"k#epa 6#
9c.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 123
37
Cette permanence est cependant au moins impliquée: apprise par imitation du
v!ddhavyavah#ra (voir infra), sans commencement par définition, la relation
est au moins an#dinitya; corrélant un $abda et une #k!ti permanents, la rela-
tion ne saurait que l"être à son tour.
38
!Bh sous M$S( I.i.5/I.62,6!63,1 (F42,13!15).
39
!Bh sous M$S( I.i.5/I.63,1!66,2 (F42,16!44,12), traduit par BIARDEAU
(1964: 157!159) et résumé par D"SA (1980: 95!96).
40
!Bh sous M$S( I.i.5/I.67,9!68,2 (F46,9!12), traduit par BIARDEAU (1964:
160) et résumé par D"SA (1980: 96).
124 Introduction
46
Sur ce point, voir pp. 182!189.
47
Voir $V s"p 136cd!137ab (APPENDICE B [PVSV' 409,19!20]); $V &abda-
nityat" 6 (D"SA 1980: 114); $V spho#a 1, et surtout TV sous M!S" I.iii.12/
II.163,24!164,3 (JHA 1998: I.234).
48
$V s" 11ab.
126 Introduction
49
"V s!p 28a: voir APPENDICE B (PVSV# 411,12"13); voir aussi "V s! 9a et
"V s!p 11.
50
Voir aussi "V "abdanityat! 315 et 316, où Kum!rila parle (pour "abda) de
arth!bhidh!nas!marthya et arthaprat#tis!marthya; dans "V s! 33, il parle de
abhidh!"akti. Dans "V pratyak'a 227, il évoque (pour artha) une gr!hya-
"akti. Kar$akagomin expose cette position dans PVSV# 411,11"17 (voir n.
138, pp. 246"247).
51
"V pratyak'a 224.
52
Voir TV sous M%S& I.iii.26/II.213,18"21 (D!SA 1980: 150n. 27).
53
Voir "V s! 12cd"15, repris dans "V s!p 11. Il est difficile d!imaginer que
Kum!rila n!ait pas lu MBhD I.24,24"25,2 et/ou VP II.404"405 (voir
HOUBEN 1995: 235"236 + n. 366), VP III.iii.4"5 (voir HOUBEN 1995: 170"
174). Le modèle de relation impliqué est du type d!une dépendance (para-
tantra).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 127
54
Voir le p#rvapak$a de "V s!p 12ab: svato naiv!sti %aktatva& v!cyav!caka-
yor mitha' |.
55
Au conventionaliste qui, pour établir l"impermanence de la relation, cher-
cherait à appliquer à tout mot le modèle des noms propres, Kum!rila répond
en distinguant capacité (%akti) et application (niyoga). Un nom propre tel que
«Devadatta» a une dénotation ordinaire permanente, et une application mo-
mentanée à un mortel. Dans le cas de mots tels que «gau'», capacité et appli-
cation sont identiques ("V s!p 121!122ab). Voir aussi "V s! 43cd (idée de
capacité latente aux noms propres, avyakt! %akti'), et "V pratyak$a 224.
56
Voir aussi "V s!p 32 (APPENDICE B [PVSV# 410,21!22]). La position paraît
redondante à un adversaire (Dharmak$rti n"en jugera pas autrement): la capa-
cité expressive est inutile puisque le vyavah!ra suffit seul à expliquer notre
connaissance de la signification ("V s! 33). Kum!rila répond que la capacité
expressive est cause (k!ra(a) de notre connaissance de la signification, mais
qu"elle dépend pour ce faire d"une connaissance préalable de la relation
(sambandha[vi]jñ!na, s! 35cd et 41ab; sambandhagraha(a, s! 33): cette der-
nière connaissance sert d"auxiliaire (a)ga, s! 41ab) ou de coopérant (anugr!-
haka, s! 36) à la capacité. Or «que ce qui est réputé le plus apte à réaliser
quelque [résultat] dépende [pour ce faire] d"un coopérant, ne compromet pas
[pour autant sa] capacité propre [à réaliser ce résultat].» ("V s! 36: yat s!-
dhakatamatvena kasyacit ki&cid ucyate | tasy!nugr!hak!pek$! na sva%aktivi-
gh!tin* ||.) Notre faculté visuelle dépend de la lumière pour percevoir les cou-
leurs, mais cent luminaires ne feront jamais voir un aveugle (s! 40)! Sur l"ac-
quisition de l"expressivité, de la relation et de la signification par le langage
ordinaire (loka) et la pratique des plus anciens, voir encore TV sous M$S%
I.iii.10/II.152,19 (JHA 1998: I.221), 153,8 (ibid.) et 19!20 (JHA 1998: I.222);
TV sous M$S% I.iii.24/II.182,18 (p#rvapak$a, JHA 1998: I.259); TV sous
M$S% I.iii.27/II.217,6!7 (JHA 1998: I.307).
128 Introduction
57
Par exemple sous la forme: «Tel objet doit être compris par telle parole», ou:
«Tel est le signifié de telle parole», ou encore: «Tel est le signifiant de tel
objet». Voir !V s! 21cd"22ab.
58
Voir !V s! 22cd"24cd. L!extraction (< ni#k%#$a) du sens de chaque mot (d!a-
bord entremêlé " sa&k'r(a " aux différents éléments de la phrase) procède
par recoupement inductif (en fait: anvayavyatirek!bhy!m). La position est
peut-être à rapprocher de VP II.168 (voir BIARDEAU 1964: 431).
59
!V s!p 140"141 (cité PVSV" 409,26"29): "abdav%ddh!bhidhey!)" ca pra-
tyak#e(!tra pa"yati | "rotu" ca pratipannatvam anum!nena ce#$ay! || anya-
th!nupapatty! ca budhyec chakti) dvay!"rit!m | arth!patty!nubudhyante
sambandha) tripram!(akam ||. Commentaires utiles dans TSP 709,7"14 et
PVSV" 409,21"25; sur la présomption, voir !V s!p 29ab (cité PVSV"
410,19"20 [APPENDICE B] et TS n°2263ab), TV sous M#S$ I.iii.26/II.213,22
(D!SA 1980: 150n. 27, et TSP 624,14"15 sous TS n°2262), TV sous M#S$
I.iii.26/II.214,5"6 (JHA 1998: I.303) et TV sous M#S$ I.iii.27/II.219,8 (JHA
1998: I.310). Voir aussi TS n°2649"2651.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 129
60
D"après MBh!%ya I.6,16: siddhe (abd!rthasambandhe. Sur ce point et sur la
position de Patañjali en matière de relation et de langage, voir les études
détaillées de BIARDEAU (1964: 35!43) et de HOUBEN (1995: 36!40).
61
MBh!%ya I.6,17!19.
62
MBh!%ya I.6,21!22.
63
Sur ce point, voir HOUBEN 1995: 37n. 61. BIARDEAU (1964: 40) parle même
de «l"indifférenciation fondamentale du terme nitya» dans le vocabulaire de
Patañjali; selon elle, des écoles aussi divergentes que le Ny!ya et la M&m!'-
s! ont pu s"autoriser de Patañjali: les Naiy!yika en posant la perpétuité des
conventions; la M&m!'s! en revendiquant l"éternité de la parole et de sa
relation (voir BIARDEAU 1964: 42!43).
64
VP III.iii.37: sati pratyayahetutva) sambandha upapadyate | (abdasy!rthe
yatas tatra sambandho !st%ti gamyate ||. Voir HOUBEN 1995: 250!253 et
BIARDEAU 1964: 425!426.
130 Introduction
65
VP I.23: nity"% $abd"rthasambandh"s tatr"mn"t" mahar#ibhi% | s!tr"&"'
s"nutantr"&"' bh"#y"&"' ca pra&et(bhi% ||. Traduction BIARDEAU 1964b:
53 (voir aussi HOUBEN 1995: 31).
66
Voir HOUBEN 1995: 64"66.
67
Sur l!édifice métaphysique et linguistique où Bhart!hari inscrit ses réflexions
sur la relation, voir HOUBEN 1995, BIARDEAU 1964: 251"442 (particuliè-
rement 420"439) et 1969: 135"141, BHATE 1994. Le débat classique portant
sur la relation entre mot et objet individuels, ces réflexions paraissent d!ail-
leurs empreintes d!un caractère assez provisoire: d!un côté, Bhart!hari tient la
phrase pour la véritable unité de signification; de l!autre, sa métaphysique
pose une réalité ultimement une et indifférenciée. Cela étant, le registre où se
meuvent la praxis et le langage ordinaires est un monde (t)issu de différen-
ciations et surimpositions d!ordre conceptuel (voir VP III.iii.82 [HOUBEN
1995: 310"311] et 87"88 [HOUBEN 1995: 315"324]): si elle ne vise aucune
entité ontologiquement consistante, cette théorie de la relation n!en paraît pas
moins pratiquement et scientifiquement appropriée. Je présuppose ici que la
MBhD et le VP sont #uvres de Bhart!hari, et laisse ouverte la question de
l!auteur de la VPV.
68
VP III.iii.38: nitye !nitye !pi v"cye !rthe puru#e&a katha' cana | sambandho
!k(tasambandhai% $abdai% kartu' na $akyate ||. Traduction BIARDEAU 1964:
426. Voir aussi VPV 59,1"4 (BIARDEAU 1964b: 59), où le V!ttik"ra décrit la
relation comme autpattika et svabh"vasiddha.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 131
69
VPV 81,4!5 prête cette strophe au Sa!graha: sambandhasya na kart#sti
%abd#n#$ lokavedayo& | %abdair eva hi %abd#n#$ sambandha& sy#t k'ta&
katham ||. «Il n"y a personne qui soit l"auteur de la relation des mots profanes
ou védiques avec leur sens, car cette relation des mots (avec leur sens) de-
vrait se faire précisément à l"aide de mots: comment cela se ferait-il?» Tra-
duction BIARDEAU 1964b: 71.
70
VP I.28 (et voir les discussions de HOUBEN [1995: 65] et BIARDEAU [1964b:
73]).
71
VP III.iii.29/31cd: indriy#(#$ svavi)aye)v an#dir yogyat# yath# | an#dir
arthai& %abd#n#$ sambandho yogyat# tath# ! samay#d yogyat#sa$vin m#-
t#putr#diyogavat ||. Traduction BIARDEAU 1964: 422 et 430; voir aussi
HOUBEN 1995: 233!247.
72
MBhD I.18,13!14 (HOUBEN 1995: 163) et VPV 60,1!2 (BIARDEAU 1964b:
59).
73
Voir HOUBEN 1995: 159!160 pour l"avis de Pu%yar"ja (Hel"r"ja tenait ce
modèle pour celui qui avait la faveur du «propre cercle» de Bhart!hari, sva-
nik#yasiddha: voir HOUBEN 1995: 234). Dans PVSV 150,5!6, Dharmak#rti
attribue aux Jaimin#ya une %abda%aktir yogyat#khy#; Jñ"na&r#bhadra cite VP
132 Introduction
l"exemple est frappant: «La relation du père au fils est révélée par une con-
vention: %Un tel est le père d"un tel$, %Un tel est le fils d"un tel$» (YBh 43,2-
3: pit!putrayo& sambandha& sa'ketena dyotyate | ayam asya pit! | ayam asya
putra iti |).
77
Sur ces différents points, voir JAINI 1977: 88!98, COX 1995: 159!171/377!
408 et JAINI 2001d.
78
AKBh 81,18!21 (LA VALLEE POUSSIN 1980: I.242). Cf. le passage d"A%%ha-
s!lin(, relatif aux opap!tikan!ma, discuté dans JAINI 2001d: 296!297, notam-
ment: tesu uppannesu tesa$ n!ma$ uppannam eva hoti (JAINI 2001d: n. 34).
79
AD!p 109,8!9: kriyay! ca tadastitva$ nirdh!ryate ! sv!rthapraty!yana$
kriy! | sva$ svam artha$ praty!yayaty apauru"eyatv!n n!m!rthasamban-
dhasya.
134 Introduction
80
Voir JAINI 2001d: 211!213 pour les dénégations sur le spho"a, et AD!p
111,7!13 pour l"affirmation d"impermanence. Voir aussi n. 15, p. 164.
81
Voir AD!p 113,10!19.
82
Noter AD!p 113,18: tadavabodhan#c ca bhagav#n sarvajña ity abhidh$yate |.
«Et c"est parce qu"il [les] connaît [en premier] que le Bienheureux [Bouddha]
est réputé 'omniscient#.»
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 135
83
Dans PS(V) V.2 (voir FRAUWALLNER 1932: 276 et HAYES 1988: 255!259):
les particuliers sont en trop grand nombre pour être nommés individuel-
lement. Bien avant Dign"ga, la BoBh avait développé un remarquable argu-
mentaire (W43,24!45,12/D30,1!26 [BRONKHORST 1999: 104!107]); voir
aussi MSa#gr II.16,19 et 24 (LAMOTTE 1973: 108!112 et 118!119).
84
Surtout dans PV I.92 et PVSV 45,20!21, 24!29 (voir FRAUWALLNER 1932:
274!278, VETTER 1964: 59sq et VAN BIJLERT 1989: 131!138); dans PVin
I.17,3!7/56,10!15 (voir VETTER 1966: 57). La convention est fixée en vue de
la praxis (vyavah"r"rtham), et doit donc porter sur un objet qui ne disparaisse
pas entre le moment où elle est fixée et le moment de la praxis (condamnant
par là le particulier instantané); en outre, la convention ne peut être fixée
qu"après que le particulier a généré une connaissance sensorielle, c"est-à-dire
à un moment où le particulier a déjà péri (voir aussi TSP 277,9!12 sous TS
n°872). Notons que $ubhagupta a fait la synthèse des arguments de Dign"ga
et de Dharmak!rti dans AVK 22!23 (P209b4!5/D198a2!3).
85
Sur ces passages, voir YAITA 1985.
86
NB I.5 % PVin I.7,7/40,8: abhil"pasa%sargayogyapratibh"saprat&ti' kalpa-
n" ||.
136 Introduction
87
NB%Dh sous NB III.51/59,8"9: yad vikalpajñ"nagr"hya$ tac chabd"k"ra-
sa$sargayogyam | yac chabd"k"rasa$sargayogya$ tat s"%ketikena !abdena
vaktu$ !akyam |. Voir TILLEMANS 2000: 128n. 447.
88
PV IV.111b2#d: ani&edhin"m ! yogya$ vi!va$ svabh"vata' ||. Voir TILLE-
MANS 2000: 163"164; voir aussi PVSV 118,6. Apr"tik#lya dans PVSV
112,20"21; apratik#lat" dans PVA 530,28.
89
PVSV 172,6: na hi !abdasya ka!cid artha' svabh"vaniyata' sarvatra yogya-
tv"t |.
90
PV I.327a: vivak&" niyame hetu' (voir aussi PV IV.109ac [TILLEMANS 2000:
162"163]). L!adoption de vivak&" comme référent est l!une des innovations
majeures de Dharmak!rti en théorie du langage. Avant Dharmak!rti, les prin-
cipales valorisations de vivak&" relèvent, en grammaire, de la psychologie
des k"raka et de l!application des vibhakti; en phonétique, de la psychophy-
siologie de la phonation (voir VAN NOOTEN 1983 et RADICCHI 1994; ajouter
&V spho(a 80 et !abda 41). Chez Kum#rila, vivak&" apparaît en théorie de la
logique et de l!argumentation (&V nir"lambana 147 et anum"na 110"112), et
dans la psychologie de la rhétorique, du style et de la syntaxe (&V codan"
163"164; pour l!Ala%k"ra et le N"(ya!"stra, voir RADICCHI 1994). Par prin-
cipe cependant, l"arbitraire du locuteur ne s"étend jamais à la signification
(voir surtout &V !abdanityat" 288 et 293cd). NBh sous NS II.i.56/90,1 et 2
(yath"k"mam) admet une sorte d!arbitraire linguistique «national» (voir
BIARDEAU 1964: 208), d!ailleurs bien connu de Dharmak!rti et de Kum#rila.
Dans le bouddhisme enfin, on notera l!intéressante BoBh W44,23/D30,18
(chandata') et, dans le contexte de la critique de l!apauru&eyat", MHK IX.30
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 137
95
Noter les expressions suivantes: v$stava (PVSV" 419,27, 422,19, PVV
373,2), vastubh!ta (PVSV" 420,21, 421,25, 427,23, 428,15), bh$vika
(PVSV" 429,11).
96
Dans son Prajñ$p$ramit$pi)*$rthasa+graha (k. 48), Dign$ga avait nié toute
relation réelle entre parole et signification: k%trima& n$ma v$cy$" ca dhar-
m$s te kalpit$ yata' | "abd$rthayor na sambandhas tena sv$bh$viko mata' ||.
«Since the name is artificial, and the principles to be expressed are concep-
tualized, no real relation is accepted between word and thing-meant.» Tra-
duction HOUBEN 1995: 55. Chez Dharmak!rti, la négation de la réalité des
relations sera l!affaire de la SP(V) (voir n. 146, pp. 248"249).
97
Voir n. 189, pp. 261"262.
98
D!après PVSV" 422,14"15: antastath$bh!tavyavah$rav$san$parip$k$t.
Voir PVSV" 420,20 (n. 178, p. 259).
99
D!après PVSV" 420,18"19: an$dik$l,navyavah$r$bhy$sa'.
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 139
100
D"après PVSV 116,1: vyavah!rabh!van!.
101
D"après PVSV 116,19!20: puru"abh!van!pratibh!s# ! sambandha$.
102
D"après PVSV! 422,14!15: tadbh!ve kasyacid bh!vadar%an!t.
103
PVSV 115,21!116,2: anvayavyatireki&o bh!vasya bh!v!bh!vau samban-
dha$ | arthair ata$ sa %abd!n!' sa'sk!rya$ puru"air dhiy! || t!v eva bh!v!-
bh!v!v !%ritya asa's(")!v api sa's(")!v iva puru"asya vyavah!rabh!van!-
ta$ pratibh!ta iti pauru"eyo bh!v!n!' sa'%le"a$ |. Cf. PVSV 116,18!22.
140 Introduction
104
Adapté de PVSV 105,26"27: vaktu! "rotu" ca tadvikalpabh#jo yath#prati-
bh#sivastupratip#danasam$h#prayog#t | tad#k#ravikalpajanan#c ca |. Voir
YAITA 1985: 1"2, AVK 20 (ELTSCHINGER 1999: 50n. 19) et TS n°2632"
2635.
105
PVSV 113,25"114,3: arthavi"e%asam$h#prerit# v#g ata idam iti vidu%a! sva-
nid#nabh#sinam artha& s'cayati iti buddhir'pav#gvijñaptyor janyajanaka-
bh#va! sambandha! | tata! "abd#t pratipattir avin#bh#v#t | tad#khy#na&
samaya! | tata! praty#yakasambandhasiddhe! sambandh#khy#n#t | na tu sa
eva sambandha! |. Sur la notion, abhidharmique, de v#gvijñapti, voir COX
1995: 160"163; sur cet avin#bh#va de type causal, voir encore PVSV
118,14"17 et PVSV 120,2"6, ainsi que PVin II.70,2"5/21*,1"7 (STEINKELL-
NER 1979: 72"73) et "PK 7"8 (ELTSCHINGER 1999: 50n. 19).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 141
106
Cette position rapproche Dharmak"rti du second modèle de relation accep-
table pour Bhart&hari, que Pu%yar$ja et Hel$r$ja attribuent nommément aux
bouddhistes: voir VP III.iii.32!33 (HOUBEN 1995: 246!247), VP I.25 et II.32
(HOUBEN 1995: 163!164n. 275), MBhD I.18,13!15 (HOUBEN 1995: 163) et
VPV 60,2!61,5 (BIARDEAU 1964b: 59). Si Hel$r$ja attribue ce modèle cau-
saliste aux bouddhistes, Pu%yar$ja l"associe en particulier aux Vijñ$nav$din
(VP' 4,22!23 [HOUBEN 1995: 159!160]). Que la connaissance verbale (#"b-
da) se réduise à une inférence rapproche, malgré des différences, Dharmak"r-
ti (mais bien sûr aussi Dign$ga [PS V.1] et Bh$[va]viveka/Bhavya) du Vai#e-
(ika: voir VS IX.ii.3, le p$rvapak%a de NBh sous NS II.i.59/86,9sq (BIAR-
DEAU 1964: 127!128), et la critique de Kum$rila dans )V s" 16!21ab et #a-
bda 14sq.
107
PV II.1c2!2: #"bde !py abhipr"yanivedan"t || vakt&vy"p"ravi%ayo yo !rtho
buddhau prak"#ate | pr"m"'ya! tatra #abdasya n"rthatattvanibandhanam ||.
Traduction KATSURA 1984: 219. Sur le thème de #"bda chez Dharmak"rti,
voir SHAH 1967: 287!299 et VAN BIJLERT 1989: 130!138. Voir aussi TS
n°1515!1525, où )$ntarak(ita explicite le trair$pya de l"inférence de viva-
k%".
142 Introduction
tual] knowledge. [But its truth (pr!m!"ya) is] not based upon reali-
ty (tattva) of the object.»
3.5.4. Comme on voit, cette doctrine nie tout rapport autre que
strictement conventionnel entre parole et signification; que les
hommes puissent inférer la signification à partir des paroles émises
résulte de l!accord général qui lie les membres de la communauté
linguistique. La doctrine présente une conséquence majeure: par
définition, un énoncé incréé n!est pas le produit d!une intention; or
à défaut d!une intention originatrice, cet énoncé est par principe
dénué de signification: privé d!objet, et sans valeur de vérité.108
Autre chose encore. Comme toutes les écoles professant la possibi-
lité d!une autorité humaine en matière de suprasensible, Dharma-
k#rti pose que les qualités morales (gu!a) du locuteur forment la
condition de la véracité de ses paroles. Or en évacuant l!homme du
Veda, la M#m!$s! prive ce dernier des qualités qui seules sont
susceptibles d!en rendre les énoncés vrais.109 Si donc le Veda est
108
Voir PV I.225 et PVSV 112,16"19.
109
Comparer le long p"rvapak#a de %V codan$ 21"32 et 38"46. L!adversaire
admet que «l!autorité dépend de l!homme» (k. 29a: pr$m$!yam ! nar$pe-
k#am), que «toutes les injonctions ont une autorité qui repose sur l!homme»
(k. 28a2b: puru#$dh%napr$m$!y$& sarvacodan$& |). Pour lui, «on ne voit pas
qu!une parole soit vraie sur quelque chose sans [que soit intervenu] un [mo-
yen de connaissance valide] tel que la perception[, qu!il soit] propre [au lo-
cuteur] ou [celui] d!autrui[, et] de même en doit-il aller aussi des injonctions»
(k. 24: n$tm%y$d anyad%y$d v$ pratyak#$der vin$ kvacit | vacasa& satyat$
d'#($ tath$ sy$c codan$sv api ||). Donc «puisque l!on débarrasse [le Veda] de
l!autorité d!un locuteur, [sa] non-autorité est fort aisée [à montrer]» (k. 21cd:
sutar$m apram$!atva) vakt'pr$m$!yavarjan$t |). Ou encore: «Une injonc-
tion ayant un objet en relation avec le ciel ou le sacrifice est fausse # car
elle n!a pas été composée par une personne crédible, comme les énoncés
d!enfants ou de [personnes] ivres» (kk. 26ab et 27a2b: svargay$g$disamban-
dhavi#ay$ codan$ m'#$ ! $pten$pra!%tatv$d b$lonmatt$div$kyavat |). Con-
clusion: «Et donc puisque [selon vous] il n!y a pas d!homme [au principe de
l!injonction], ou que s!il y en a un, il est impossible qu!il soit pur, l!autorité
ne se peut pas de l!injonction, car [cette autorité serait] sans fondement» (k.
46: tata* ca puru#$bh$v$t sati v$ *uddhyasambhav$t | nirm"latv$t pram$!a-
tva) codan$y$) na yujyate ||).
Chapitre 3 ! Contre les versions réalistes de la relation 143
incréé, soit il est sans valeur de vérité, soit il est faux. Comme on le
voit, l"incréation ou autoposition prive le Veda de signification et
de vérité, mais n"en exclut pas la fausseté. Censée garantir au Veda
une fiabilité inconditionnée, l"apauru!eyat" se révèle contre-pro-
ductive.
L"apauru!eyat" n"est pas seulement contre-productive; elle est en-
core parfaitement inutile. Même à concéder aux paroles védiques
une relation originaire et incréée à l"invisible, l"homme ne peut
connaître cette relation imperceptible, car la M!m"#s" le prive de
tout accès au suprasensible. Les paroles védiques n"auront donc
pour lui de signification que s"il la leur impute par convention.110
Or cette imputation étant d"origine humaine, elle réintroduit le ris-
que de fausseté qu"était censée évacuer l"apauru!eyat". Les consé-
quences en sont dévastatrices pour la M!m"#s": dans les rites, elle
trouve le viatique vers le ciel; d"un Veda incréé, elle espère à la
fois l"injonction à et la description vraie des rites. Mais si l"homme
en est réduit à surimposer une signification à des paroles védiques
sinon muettes, rien ne permet d"affirmer qu"il ne leur fait pas dire
le contraire de ce qu"elles disent en réalité.111 Dans cette hypothèse,
le y"jñika se fourvoie peut-être à exécuter des rites qui ne lui assu-
reront aucun bénéfice et, au pire, lui vaudront des conséquences es-
chatologiques funestes. Rien ne permet d"exclure que l"injonction:
«Que celui qui désire le ciel offre l"oblation au feu» (agnihotra#
juhuy"t svargak"ma$), ne signifie en vérité: «Que celui qui désire
le ciel mange de la viande de chien» (kh"dec chvam"#sam, PV
I.318).
110
Voir par exemple PVSV 112,19!27.
111
Voir surtout PV I.226 et PVSV 113,4!7, PV I.228cd!229ab et PVSV 114,10!
22.
Chapitre 4
Sur l!éternité du Veda
1
MHK IX.4a et 26. Voir KAWASAKI 1992: 408 et 414, ELTSCHINGER 1997:
1096"1098 et LINDTNER 1997: 96 et 99.
146 Introduction
2
PVSV) 437,29 et 438,10"11; PV) P325b8 rGyal dpog las: rGyal dpog pas
D272a5; P326a1 rGyal dpog pa: rGyal dpog D272a6; Vibh. 374n. 3. PVV
374,20 dit kenacin m"m!#sakapravare$a, qui peut s!entendre soit: «par quel-
que M!m"#saka éminent», soit: «par quelque aîné des M!m"#saka».
3
$Bh sous M!S& I.i.25/I.119,3: yac ca ete padasa%gh!t!& puru'ak(t! d()yanta
iti | parih(ta# tad asmara$!dibhi& |. NM IV.1 illustre bien la position de
l!adversaire.
4
NR* 668,4"5: sambandhasya hi k(takatva# kartur asmara$!dibhi& parih(-
ta# na ved!n!m.
5
$V v!kya 365ab: sambandh!kara$any!y!d vaktavy! v!kyanityat! |. Voir
aussi TS n°2339ab.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda 147
Voilà qui nous ramène à !Bh sous M"S# I.i.5. Le passage qui nous
intéresse s"ouvre sur l"objection que voici6: «Mais nous avons déjà
montré auparavant que cette relation est fabriquée; c"est pourquoi,
à notre avis, la relation des mots (!abda) avec leurs objets a été fa-
briquée par un homme qui a ensuite composé les Veda pour s"en
servir.» Dans !Bh I.63,1!4 (F42,16!19), le V$ttik%ra répond qu"il
n"y a pas de «corrélateur» (sambanddh"), car la perception (et avec
elle tout autre moyen «ordinaire» de connaissance valide) n"en
établit pas l"existence. A cela, l"adversaire (naiy#yika?) objecte que
cette personne7 «n"est pas l"objet de [notre] perception, car elle a
existé voici très longtemps». C"est alors que le V$ttik%ra répond
qu"en ce cas, on devrait nécessairement en avoir conservé le sou-
venir, car les hommes ne cessent pas de faire usage du langage. Le
passage mérite d"être cité tout au long8: «Soit, mais les gens ne se
servant que de la relation n"ont que faire du souvenir de son créa-
6
!Bh sous M"S# I.i.5/I.62,4!63,1 (F42,12!15): sa tu k"taka iti p$rvam upap#-
ditam | tasm#n many#mahe ken#pi puru%e&a !abd#n#m arthai' saha samban-
dha( k"tv# sa(vyavahartu( ved#' pra&)t# iti |. Traduction BIARDEAU 1964:
157.
7
!Bh sous M"S# I.i.5/I.63,4!5 (F42,20): cirav"ttatv#t pratyak%asya avi%aya'.
8
!Bh sous M"S# I.i.5/I.64,2!66,2 (F42,23!44,12): sy#d etat | sambandha-
m#travyavah#ri&o ni%prayojana( kart"smara&am an#driyam#&# vismareyur
iti | tan na | yadi hi puru%a' k"tv# sambandha( vyavah#rayed vyavah#rak#le
!va!ya( smartavyo bhavati | sampratipattau hi kart"vyavahartror artha' si-
dhyati na vipratipattau | na hi v"ddhi!abdena ap#&iner vyavaharata' #daica'
prat)yeran p#&inik"tim ananumanyam#nasya v# " tena kart"vyavahart#rau
sampratipadyete | tena vede vyavaharadbhir ava!ya( smara&)ya' samban-
dhasya kart# sy#d vyavah#rasya ca " tasm#t k#ra&#d avagacch#mo na k"-
tv# sambandha( vyavah#r#rtha( kenacid ved#' pra&)t# iti |. Traduction
BIARDEAU 1964: 158!159. NM 583,2!7 reprend à son compte les p$rva-
pak%a auxquels répond le V$ttik%ra. Outre sa perspective «athéologique», !V
s#p 123cd!134ab ne bouleverse pas l"argumentaire; on notera cependant !V
s#p 130cd!131ab: d"%*e bhavatu m# v# bh$t kart"sampratipannat# | vaidiko
vyavah#ras tu na kart"smara&#d "te ||. «En matière empirique, il pourrait ou
non se faire qu"on se soit mis d"accord avec un [hypothétique] créateur de la
relation; mais la pratique védique[, elle, ne serait] pas [possible] sans souve-
nir du créateur[, car les paroles védiques portent sur des états de fait transem-
piriques].» Sur ce dernier point, voir TS(P) n°2339!2340.
148 Introduction
teur, si bien qu!ils n!y font aucune attention et qu!ils l!ont oublié. "
Impossible; s!il y avait un homme qui eût commencé à se servir de
la relation après l!avoir fabriquée, on devrait nécessairement se
souvenir de lui au moment où l!on en fait usage. L!objet n!est
établi (à partir du mot) en effet que s!il y a accord entre le créateur
et l!usager (de la relation), et non s!il y a désaccord: par le terme
(technique) v!ddhi, on ne connaîtrait pas (son objet) "daic si celui
qui fait usage de cette relation n!était pas P!"ini ou quelqu!un qui
accepte ce qu!a fait P!"ini # C!est pourquoi le créateur et l!usager
devraient être d!accord (si la relation entre les mots et leurs objets
était fabriquée). C!est pourquoi ceux qui pratiquent le Veda de-
vraient nécessairement se souvenir du créateur de la relation et de
l!usage # Pour cette raison, nous n!admettons pas qu!il y ait eu
quelqu!un pour fabriquer la relation en vue de l!usage et pour com-
poser les Veda.» Le V#ttik!ra tient donc que, puisqu!on ne se rap-
pelle pas l!auteur des relations, personne n!a composé le Veda.
Voilà qui revient à dire qu!on ne se rappelle pas l!auteur du Veda.
9
'V v"kya 365cd"366: sa#gh"tatvasya vaktavyam $d!%a& pratis"dhanam ||
vedasy"dhyayana& sarva& gurvadhyayanap'rvakam | ved"dhyayanav"cya-
tv"d adhun"dhyayana& yath" ||. 'V v"kya 365cd"366 = TS n°2341cd"2342;
'V v"kya 366 apparaît également dans PVSV( 440,29"30, 443,25"26, Vibh.
375n. 6 [APPENDICE B], et dans NM 574,13"14. Voir PV I.240 et n. 289, p.
287.
10
'Bh sous M%S& I.i.29/I.122,2: uktam asm"bhi( %abdap'rvatvam adhyet)-
*"m |.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda 149
11
MHK IX.4c et 19. Voir KAWASAKI 1992: 408 et 412, ELTSCHINGER 1997:
1096!1097 et 1099!1100, LINDTNER 1997: 96 et 98. Bh!(va)viveka/Bhavya
dit: samprad!y!nupacched!t, formulation qui rappelle le samprad!y!bhy!s!-
viccheda de NBh 98,3!5 (et NV 260,3!9) sous NS II.i.68.
12
TV sous M"S$ I.iii.1/II.73,5!7 (p"rvapak#a): puru#![n]tarastham upalabhya
smaranti | tair api sm$tam upalabhya anye !pi smaranto !nyebhyas tath! eva
samarpayanti ity an!dit! |. Noter aussi TV sous M"S$ I.iii.24/II.199,13:
%i#y!c!ryasambandho hi mah!n vedarak#!hetu&. «La cause par excellence de
la préservation du Veda, c"est la relation [immémorialement répétée] entre le
disciple et le maître.» Il s"agit là aussi d"un p"rvapak#a, dans lequel l"adver-
saire dénie à la grammaire le prayojana de préserver le Veda. On notera
enfin cette définition de l"!c!rya, que TV sous M"S$ I.iii.13/II.170,15!17
emprunte à MSm% II.140: !c!rya%abdasya artho manv!dibhir eva' vy!khy!-
ta& | upan(ya tu ya& %i#ya' vedam adhy!payed dvija& | s!)ga' ca saraha-
sya' ca tam !c!rya' pracak#ate ||. «Des [législateurs] tels que Manu ont dé-
crit ainsi le but de la parole du maître: &On appelle #maître" le deux-fois-né
qui, [l"]ayant initié, fait réciter à un disciple le Veda avec ses [disciplines]
auxiliaires et ses exégèses ésotériques$.»
150 Introduction
13
Voir pp. 187#189 (not. !V &abdanityat" 287cd#290ab).
14
Voir par exemple le texte de B# (?) cité PVSV# 443,27#444,9 (APPENDICE
B) et TS n°2344#2345.
15
!V v"kya 367#368: bh"rate !pi bhaved eva' kart$sm$ty" tu b"dhyate | vede
!pi tatsm$tir y" tu s"rthav"danibandhan" || p"ramparye%a kart"ra' n"dhye-
t"ra( smaranti hi | te!"m anevam"tmatv"d bhr"nti( seti ca vak!yate ||. !V
v"kya 367 = TS n°2343.
16
Sur la notion d!arthav"da dans ce contexte, voir D!SA 1980: 106#107. Noter
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda 151
non l"expérience directe qu"on aurait faite de cet auteur], car les ré-
citateurs [successifs du Veda] n"ont pas traditionnellement préser-
vé le souvenir (p!ramparye"a ! smaranti) d"un [tel] auteur.17 Et
nous dirons [plus bas] que, puisque les [arthav!da] n"ont pas une
nature telle (anevam!tmatva) [qu"ils fassent autorité sur leur objet
propre],18 le [souvenir que l"on fonderait sur eux] est une erreur
(bhr!nti).»
Une fois achevé son commentaire au V!ky!dhikara"a, Kum!rila
calque à nouveau son exposé sur M"S# et $Bh. M"S# I.i.27 et 28
formulent deux objections au déni d"un auteur du Veda19: «Some
people say that the Vedas are similarly composed (sa%nikar&a) be-
cause they are named after persons [I.i.27]. Also, because we find
ephemeral things (mentionned in the Veda) [I.i.28].» Seule la pre-
mière de ces objections retiendra notre attention. Selon elle, les
20
#Bh sous M&S' I.i.30/I.122,5"123,5: yad ukta& kart!lak%a'# sam#khy#
k#$hak#dyeti | tad ucyate | na iyam arth#patti( | akart!bhir api hy en#m #ca-
k%)ran | prakar%e'a vacanam ananyas#dh#ra'a& ka$h#dibhir anu%$hita& sy#t
tath# api hi sam#khy#t#ro bhavanti | smaryate ca vai"amp#yana( sarva"#-
kh#dhy#y) ka$ha( punar im#& keval#& "#kh#m adhy#pay#& babh*va iti | sa
bahu"#kh#dhy#yin#& sa&nidh#v eka"#kh#dhy#yy any#[&] "#kh#m anadh)-
y#nas tasy#& prak!%$atv#d as#dh#ra'am upapadyate vi"e%a'am ||. Traduction
BIARDEAU 1964: 80"81.
21
Dans #V vedanityat# 3"12, Kum!rila précise cette position, et répond à #Bh
sous M&S' I.i.27/I.120,12"121,5.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda 153
22
TV sous M(S! I.iii.11/II.157,7!8, 13!14, 24!25: naite"$% pauru"eyatva%
bhavi"yati hi vedavat | m$#ak$disam$khy$ hi proktatv$t k$&hak$divat || na t$-
vad an!"i' ka#cit smaryate kalpas(trak!t | kart!tva% yad !")*$% tu tat sarva%
mantrak!tsamam || $r"eyavacana% nityapary$yatvena yamyate | $r"eyatva-
prasiddhi# ca kalpas(tre"v avasthit$ ||. Dans TV sous M(S! I.iii.11/II.157,16,
l"adversaire considère que dans la M(m")s", mantrak!cchabda' prayoktari
prayukta', «le mot %auteur de mantra [védique]$ est utilisé au sens de %utili-
sateur [de mantra védique]$.»
23
Sur l"éternité (pratique) du Kalpa, voir TV sous M(S! I.iii.13/II.169,10!15;
sur celle de la grammaire, voir TV sous M(S! I.iii.27/II.216,18!24 et
II.228,20!22. Le constat est extensible aux Sm&ti portant sur tous les a+ga.
24
TV sous M(S! I.iii.11/II.161,23!24: yenaiv$k!takatva% hi vedasya pratip$-
dyate | ny$yena tena #$ky$digranthasy$pi bhavi"yati ||.
154 Introduction
25
TV sous M!S' I.iii.11/II.162,4%11: akart!katay% n%pi kart!do"e'a du"yati |
vedavad buddhav%ky%dikart!smara'avarjan%t || buddhav%kyasam%khy%pi
pravakt!tvanibandhan% | tadd!"#atvanimitt% v% k%#hak%&girasavat || y%vad
evodita) ki)cid vedapr%m%'yasiddhaye | tat sarva) buddhav%ky%n%m ati-
de$ena yamyate || tena prayoga$%stratva) yath% vedasya sammatam | tathaiva
buddha$%str%der vaktu) m(m%)sako !rhati ||. Sur A%giras, voir TV sous
M!S' I.iii.11/II.157,15%17.
26
Voir TV sous M!S' I.iii.12/II.162,20%166,26 (JHA 1998: I.233%237). Sur les
caractéristiques formelles du Veda, voir TS n°2787%2789 et NM 580,17%
582,6.
Chapitre 4 ! Sur l"éternité du Veda 155
27
TV sous M!S" I.iii.12/II.167,5!8 et 11!15: yena ny"yena ved"n"& s"dhit"
"n"dit" pur" | d!'hakart!sm!tes tasya kalpas(tre)u b"dhanam || yath" eva hi
kalpas(tragranth"n itar"#gasm!tinibandhan"ni ca adhyetradhy"payit"ra*
smaranti tath" "%val"yanabaudh"yan"pastambak"ty"yanaprabh!t+n grantha-
k"ratvena # na ca e)"& sam"khy"m"trabal"d eva kart!tvam ucyate | yena
"khy" pravacan"d ity uttaram ucyate | puru)aparamparay" eva hi sm!te)u
kart!)u sam"khy" abhyuccayahetutvena jñ"yate | yath" ca ka,h"dicara-air
an"dibhi* procyam"n"n"m an"diveda%"kh"n"m an"disam"khy"sambhavo na
eva& nity"vasthitam"%ak"digotracara-apravacananimittasam"khyopapatti* |
ma%akabaudh"yan"pastamb"di%abd" hy "dimadekadravyopade%ina*.
156 Introduction
1
Ce chapitre forme une version très abrégée et remaniée de ELTSCHINGER
2001b. Je n!ai pas jugé utile de reproduire ici celles des sections de cet article
qui présentaient l!argumentaire de Dharmak!rti: cet exposé aurait fait double
emploi avec la traduction. Je me réfère néanmoins régulièrement à cet article
dans ma traduction. La critique dharmak!rtienne du spho$a n!a sinon guère
attiré l!attention: voir IHARA 1961, %MAE 1990 et KIMURA 1991: 150.
2
Selon PVSV& 509,27"28 sous PVSV 141,10, la discussion du spho$a s!ouvre
sur PV I.247cd, à quoi introduit PVSV 126,24"25; mais selon PV& P386b2"
3/D317a2"3 sous PVSV 141,10, cette discussion s!ouvre en fait sur PVSV
127,16"17, qui introduit PV I.248. Je crois que la discussion du spho$a ne dé-
bute qu!avec PVSV 128,21; toutefois, ainsi d!ailleurs que Ma'(ana Mi)ra,
*"ntarak+ita et Kar'akagomin l!ont estimé, PVSV 127,1"129,21 est dans son
entier susceptible d!affecter le Spho,av"din.
158 Introduction
Structuration 1: Structuration 2:
x.1. var%a vs v!kya x.1. var%a vs v!kya
x.1.1. var%a x.1.1. var%a
x.1.2. v!kya x.1.2. v!kya comme spho#a
x.1.2.1. v!kya comme spho#a y. Critique générale de Kum"rila
x.1.2.2. v!kya comme !nup&rv$ y.1. v!kya comme !nup&rv$
# #
Pour la seule raison que le passage ici traduit s"achève sur PVSV
141,14, j"ai privilégié le premier modèle: Dharmak#rti, après avoir
critiqué l"hypothèse selon laquelle la preuve de l"incréation porte-
rait sur les phonèmes, ordonnerait deux sous-hypothèses à l"hypo-
thèse générale selon laquelle la preuve de l"incréation porterait sur
l"énoncé doté de signification: (1) l"énoncé comme spho#a (pour
dire bref), et (2) l"énoncé comme ordre de succession de phonè-
mes. Que cette interprétation soit ici plus harmonieuse ne doit ce-
pendant pas occulter le fait qu"elle reflète moins fidèlement l"éco-
nomie générale de PV I.
160 Introduction
3
Communications électroniques, resp. du 29 novembre 2000 et du 23 octobre
2002.
4
VP II.17"18: vi*e$a*abd"# ke$"&cit s"m"nyapratir(pak"# | *abd"ntar"bhi-
sambandh"d vyajyante pratipatt%$u || te$"& tu k%tsno v"ky"rtha# pratibheda&
sam"pyate | vyaktopavyañjan" siddhir arthasya pratipatt%$u ||. Selon Pu#ya-
r'ja, vyakta° = ud'rita° (VP$ 11,22); upavyañjana = abhivyañjak"# pada-
vi*e$"# (VP$ 11,23). Voir les explications de IYER (1977: 8"9).
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 161
5
Sur les huit conceptions de VP II.1!2 (citées NR$ 608,2!5), voir SEYFORT
RUEGG 1959: 82!86, KUNJUNNI RAJA 1962, BROUGH 1972: 416, IYER 1977:
1!2, IYER 1980!1981: 18!25.
6
VP% 1,10!13 sous VP II.1!2.
7
On s"est notamment demandé si les «anciens M&m#'saka» (jaranm(m!#-
saka, v"ddham(m!#saka), c"est-à-dire sinon Jaimini lui-même (M&S( I.i.25),
du moins certains des prédécesseurs du V!ttik#ra et de )abara, n"avaient pas
professé un proto-anvit!bhidh!nav!da (voir KUNJUNNI RAJA 1963: 199).
IYER (1980!1981) voit de la M&m#'s# dans les cinq définitions de type sa-
kha&'apak%a (pour une critique, voir HOUBEN 1994: 156!157n. 5).
8
VPV2 200,20!21 sous VP II.18: te%!m evam upag"h(tasarvavi)e%a ekasminn
arthe bahu)abd!n abhyupagacchat!m avikala* k"tsno v!ky!rtha* pratipa-
da# prativar&a# v! sam!pyate |. «Pour les [théoriciens] admettant ainsi que
les multiples paroles [composant la phrase] ont une seule signification qui
comprend toutes [les paroles] individuelles, la signification complète [et] en-
tière de la phrase est achevée avec chaque mot ou avec chaque phonème.»
9
VP% 11,20!21: yady ekasm!d eva pad!t sakalav!ky!rthaprat(tis tarhi itara-
padavaiyarthyam iti.
10
VP% 11,26!12,3 sous VP II.18: yady ekena padena sakalav!ky!rthasya !
162 Introduction
12
Dont la substance sinon la lettre se retrouve dans SSV 99,7!101,12. Sur les
rapports entre SS et PV, voir GNOLI 1960: xix-xx. Dans sa traduction, #MAE
a également rappelé l"influence de Dharmak$rti sur Ma%&ana; voir #MAE
1990, spécialement n. 7, p. 57.
13
Quoique ce passage relève, d"un point de vue systématique, de la critique des
versions réalistes de la relation, PVSV 119,18!29 se rattache aussi à la cri-
tique d"un énoncé transphonétique et indivis (cf. PVSV' 434,20: samprati
vaiy"kara#"n"$ var#"divyatirikta$ pad"di nir"kartum "ha).
14
Si celui-ci ne fait nulle mention du concept de spho!a, il professe néanmoins
quelque chose comme une doctrine du padaspho!a, et presque rien de ce que
Dharmak$rti attribue aux Spho(av"din n"y fait défaut. Selon le YBh en effet,
le mot est dénué de phonèmes (avar#a, 208,14); ces derniers n"entretiennent
aucun rapport avec le mot (var#"% ! padam asa$sp&'ya, 208,7), mais, tels
qu"on les exprime, prononce et entend (var#air eva abhidh(yam"nair ucc"-
ryam"#ai% 'r)yam"#ai' ca, 208,14!15), le manifestent. Ici aussi, le mot est
un (eka, 208,13), indivis (abh"ga, 208,13) et dénué de toute succession
(akrama, 208,14). «Cognitionnel» (bauddha, 208,14), le mot est accessible
164 Introduction
29
PVV 379,17: anavayavam eka% var&ebhyo vyatirikta% spho"ar#pa% v!kyam,
«énoncé sans parties, un, séparé des phonèmes et ayant nature de spho"a»;
PVV 379,22: abhinnasya anavayavasya spho"ar#pasya v!kyasya, «d"un
énoncé indivis et sans parties ayant nature de spho"a». Hormis les citations et
le commentaire à PVSV 141,8 et 10, Kar"akagomin utilise lui aussi à deux
reprises le terme de spho"a. (1) PVSV# 464,24!25: spho"ar#p!vibh!gena
var&!n!% n!dar#p!&!% graha&!d var&avibh!gavat, «[apparaît comme] doté
d"une partition en phonèmes du fait qu"on appréhende les phonèmes ayant
nature de sons bruts sans les distinguer de la nature de spho"a» (sur le com-
posé spho"ar#p!vibh!gena, voir VP I.83a); (2) PVSV# 471,16: j!tispho"as tu
j!tyabh!v!d eva nirasta', «le j!tispho"a est [ici] écarté du fait même qu"il
n"existe pas de genre».
30
BROUGH 1972b: 406. CARDONA (1976: 302!303) montre toutefois que ce
pensant, BROUGH était influencé par les Grammairiens tardifs (N$ge%a, p.
ex.: sphu"aty artho !sm!d iti spho"a' | v!caka iti y!vat |, cité CARDONA 1976:
368!369n. 540): pour Bhart&hari, le spho"a «is not uniquely a meaning-bea-
ring unit» (var&aspho"a se disant d"une unité phonétique et non sémantique).
La littérature consacrée au spho"a est océanique. Citons simplement ici
BROUGH 1972b; KUNJUNNI RAJA 1963: 97!145 (fortement influencé par le
précédent); BIARDEAU 1964: 359!400.
31
Par exemple: var&ar#p!sa%spar$in (PPVSV 128,27!28; 129,11; PVSV#
471,14 [cf. PV# P356b7/D295a4!5]; PV# P355b8/ D294b2); var&ebhyo
PVSV 127,14; 127,16; PVSV# 461,17 [cf. PV# P349a7/D
!rth!ntara (P
manquant]; 467,18 [cf. PV# P355a4/D294a1]); var&ebhyo !nyat (P
PVSV
129,20!21; PVSV# 471,15; 486,26 [cf. PV# P369b3/D304b3!4]); var&e-
bhyo bhinna (PPVSV 127,1; PVSV# 468,13; PV# P350a8/ D290a1!2;
P350b4/D290a4); var&avyatirikta (P
PVSV# 470,11!12; 470,14!15; 462,26
168 Introduction
37
PVV 379,17!18.
38
Caractères propres aux résonances: vyañjaka (P
PVSV! 483,23; 486,10 [cf.
PV! P368b3/D303b7]; PV! P368b4!8/D304a1!2); &abdavyañjaka (P PVV
381,15); var!avyañjaka (P
PVSV! 483,23 [cf. PV! P366b8/D302b3]); k'a!ika
PV! P366b7!8/D302b3; P369a6/ D304a7; PVSV! 483,26 [cf. PV!
(P
P367a2/D302b5]; 486,19 [cf. PV! P369a6/D304a7]); av"caka (P PVSV
134,14; PVSV! 481,20 [cf. PV! P364b5/D301a2]; 482,9; 485,13 [cf. PV!
P368a6/D303b4]; PV! P365a6!7/D301b1); cha da( bcas pa (P PV!
P366b7/D302b3); kramavadbh"ga (P PVSV 134,6); s(a phyi can (P PV!
P366b8/D302b3); kramavat (PPVSV 134,15; voir aussi 134,17); kramotp"din,
kramabh"vin (PPVSV 134,16; PV! P368b4/ D304a1).
39
MBhD II.25,14: adhvanika) spho%a); MBhD I.3,13!14, VP I.73ab, VPV
157,6!7 (sous VP I.95): anyad; VP I.73, VPV 157,7: vyatirikta, vyatireka.
Ces références n"ont là encore aucune ambition d"exhaustivité.
40
VPV 106,7/107,1 (sous VP I.49), 160,3 (sous VP I.97), VP II.1: eka; VPV
151,4 (sous VP I.87), 156,3 (sous VP I.93), 157,7 (sous VP I.95): nirbh"ga;
VPV 153,1 (sous VP I.88): avibh"ga; VPV 151,4 (sous VP I.87) abhedya;
VP II.1: anavayava.
41
MBhD I.3,13, VP I.49: akrama; VP I.76: abhinnak"la; VPV 151,4 (sous VP
I.87): ap#rv"para (cf. VP I.49b: na p#rvo na para& ca sa)).
42
VP I.49: n"dasya kramajanyatv"t; MBhD I.3,18!19: ye tu kramajanm"no
!yugapatk"l"), vyaktayo dhvany"tm"nas te; VP I.97ab: avik"rasya &abdasya
nimittair vik*to dhvani) |.
170 Introduction
43
MBhD I.17,9"10: sa tu n"d"bhivya%gya&; VP I.48cd: kara'ebhyo viv(ttena
dhvanin" so !nug(hyate ||; VPV 104,4 (sous VP I.47), 152,7 (sous VP I.88),
160,5 (sous VP I.97): vyañjakadhvani.
44
MBhD I.17,9"10: padaniyato dhvani& | yath" cak$ur"dayo niyat" abhivyañ-
jak" abhivya%gye$u r#p"di$u.
45
VP I.94: yath"nup#rv)niyamo vik"re k$)rab)jayo& | tathaiva pratipatt*'"+ ni-
yato buddhi$u krama& ||.
46
Par exemple MBhD I.17,12: eva+ ,abd" api n"dabhedena bhidyante; VP
I.49 et VPV 106,7"107,3 (sous VP I.49); VPV 152,7"153,1 (sous VP I.88).
47
PVSV 129,4"6: na eva v"kye var'"& santi | tad ekam eva ,abdar#pa+ vyañ-
jak"nukramava,"d anukramavad var'avibh"g"c ca pratibh"ti iti cet |.
48
VP I.94, 49 et 104: voir APPENDICE B (P
PVSV& 467,21"22 et 467,27"468,4).
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 171
49
PVSV 134,1!6: yad ukta# na dhvanayo bhedena v"cakebhya& siddh" iti
katha# na siddh"& | vacan"d arthapratipatte& | na hi dhvanibh"g"d alp'yaso
!rthaprat'ti& | na ca so "nya# sameti | tad iya# samastapadav"kyar$pas"dhy"
arthaprat'tir asamastabh"ge(u dhvani(u na sambhavati iti siddham akrama-
sattva# )abdar$pam | kramavadbh"ga) ca dhvanir iti |.
50
MBh"$ya I.356, 1!13.
51
VPV 148,6!149,2: krame%a tu var%atur'yagraha%e sati samud"y"bh"v"d
avi(ayatvam anty"y" buddhe& pr"pnoti iti sa#hit"s$trabh"(yavivara%e bahu-
dh" vic"ritam |. Voir la traduction de BIARDEAU (1964b: 125).
172 Introduction
52
VP II.28"29: pad!ni v!kye t!ny eva var"!s te ca pade yadi | var"e%u
var"abh!g!n!& bheda' sy!t param!"uvat || bh!g!n!m anupa(le%!n na var"o
na pada& bhavet | te%!m avyapade(yatv!t kim anyad vyapadi(yat!m ||. Voir la
traduction de BIARDEAU (1964b: 114"115n. 1).
53
VPV 136,3"6 (sous VP I.73): na hi kramajanmabhir uccaritapradhva&sibhir
ayugapatk!lai' s!vayavair var"ai' (abd!ntar!rambha' sambhavati iti var-
"am!tram eva padam | te%!m api s!vayavatv!t kramaprav)tt!vayav!n!m !
vyavah!ravicched!t tur#yatur#yaka& kim apy avyapade(ya& r$pa& vyava-
h!r!t#tam asti iti na var"apade vidyete |. Voir la traduction de BIARDEAU
(1964b: 115).
54
YBh 208,7"8: var"! ekasamay!sambhavitv!t paraniranugrah!tm!nas* te
padam asa&sp)(ya anupasth!pya !virbh$t!s tirobh$t!( ca iti pratyekam apa-
dasvar$p! ucyante |. *Noter la variante: paraspar!nugrah!tm!nas.
55
Voir COX 1995: 394.
56
AD%p 110,7"13: [i]ta( ca kramayaugapadyapraty!yan!sambhav!t | katham?
balvajavat | iha hi bah$ni balvajadravy!"i pratyekam asamarth!ni sambh$ya
rajjv!tman! avasthit!ni d!rv!dy!kar%a"akriy!s!marthyopet!ni bhavanti | na
ca eva& v!ky!tm!na' (abd!' ! kramalabdhajanm!na' pratyekam artha-
praty!yan!samarth!', na api sambh$ya praty!yayanti, sambh$ya anavasth!-
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 173
57
Sur la question des phonèmes, voir en premier lieu "MAE 1999, dont je ne
partage pas toutes les vues. Voir aussi l!Upanibandhana sous MSa#gr VII.7a,
traduit dans LAMOTTE 1973: 237#238.
58
PV I.298d: !abdo hi !rotragocara% ||, et PVSV 158,26: !rotragraha$alak"a-
$a% !abda% | tadatikrame !tiprasa&g#t |.
59
Dharmak!rti ne se prive toutefois pas d!évoquer les sons bruts en termes de
«phonèmes»: cette option terminologique vaut pour la discussion du spho'a
(parallèlement à celles de var$abh#ga, dhvani et dhvanibh#ga), mais appelle
d!importantes réserves (d!ailleurs dûment formulées par Dharmak!rti lui-
même) en contexte de discussion avec la M!m$%s$. Quoiqu!il faille remettre
à une autre occasion le problème des phonèmes chez Dharmak!rti, les faits
suivants, tous extraits des commentaires, ne seront pas inutiles ici. (1) L!ef-
fort phonatoire toujours distinct rend les phonèmes distincts à chaque énon-
cé: l!unicité (ekatva, etc.) que leur prête la M!m$%s$ est donc infondée (voir
PV& P349b5#6/D290b6 = PVSV& 461,29#30: puru"aprayatnabhedena var-
$#n#( prativ#kya( bhinn#n#m eva utpatte% |). (2) Les phonèmes bruts sont
dénués de signification (nirarthaka, PV I.238a) par eux-mêmes; ce n!est que
dûment conceptualisés sous forme d!universaux que, organisés en ordres de
PVSV& 462,20#23: nanu
succession particuliers, ils deviennent expressifs (P
<1
var$# nirarthak#1> ity ukta( katha( <2te"#m eva bhed#d arthaprat)ter bhe-
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 175
63
Resp. PV! P323b2"3/D270a6: tshig da# #ag la gcig tu sgro !dogs par byed
do ||; PVSV! 435, 3"4: pad!dir$patay! adhyavasyati.
64
Not. PVSV! 436,27: var%!nubhavottarak!lam; PV! P324b5"6/D271a6:
ñams su myo# ba da# dran pa go rim b&in du skyes nas phyis !byu# ba can;
noter aussi PVSV! 435,10: var%akrama'rava%!t.
65
Resp. PVSV! 435,9: ekapad!dhy!ropik! buddhi(; PV! P324b6/D271a6:
gcig tu &en pa!i blo; PV! P324b5/D271a5"6: tshig da# #ag tha dad pa med
par sna# ba!i blo; PV! P324b8/D271b1: tshig da# #ag gi rnam pa can gyi
rnam par rtog pa!i blo.
66
Resp. PV! P324b3"4/D271a4"5: tshig da# #ag gcig go &es gcig ñid du sgro
!dogs pa!i rnam par rtog pa; PVSV! 435,10"11: ek!k!rasya vikalpasya;
PVSV! 435,5: ekapad!dyavabh!s) vikalpa(.
67
Voir PVSV 159,12"17: manovikalpasya tadvi*ayatvam asiddham | na hi sva-
lak*a%e vikalp!n!" v+ttir iti nivedayi*y!ma( | te hi yath!svam !ntar!d vikal-
pav!san!prabodh!d anapek*itab!hy!rthopanidhayo bhavanti | b!hy!p!y!n!-
game "pi bh!v!t | na hi yo yasya sattopadh!na" na apek*ate sa tasya hetu( |
ahetu' ca katha" vi*aya( |. «Qu!un concept mental ait la [parole] pour objet
est inétabli, car nous ferons savoir [dans le troisième chapitre] que les con-
cepts ne se réfèrent pas au point-instant particulier: en effet, les [concepts] ne
dépendent pas de la présence [effective] d!un objet extra[mental, mais] pro-
cèdent de [la cause que constitue] pour chacun d!eux l!actualisation interne
d!une latence conceptuelle (vikalpav!san!), parce qu!ils interviennent (bh!-
va) même lorsque [l!objet] extra[mental] a disparu ou reste à venir. Mais (hi)
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 177
(x) n"est pas la cause de (y) si [pour exister] (y) ne dépend pas de l"existence
actuelle (sattopadh"na) de (x). Or ce [(x)] qui n"est pas la cause [de (y)],
comment [pourrait-il en être] l"objet?»
68
Voir PVSV" 435,5!14: nanu var%"n"# bhinn"n"m eva anubhav"t katham
ekapad"dyavabh"s& vikalpa utpadyate | utpadyate ca | tasm"d var%e!v ekapa-
d"dyanubhavena bh"vyam iti | na e!a do!a' | pratip"dako hi sa$ketak"le
var%akramam ekapad"dir(patay" pratipannam eva para# praty ekam ida#
pad"di iti sa$ketayati | tad" ca parasya api tatra var%akrame ekapad"dhy"-
ropik" buddhir utpadyate | tasya ca ekapad"dyadhy"ropitaik"k"r"nubhav"-
hitasa#sk"rasya pu#so vyavah"rak"le !pi var%akrama)rava%"d ekam ida#
pada# v"kya# v" ity ek"k"rasya vikalpasya utpattir bhavati | eva# p(rva-
p(rva)rot*%"# p(rvap(rvavakt+bhyo var%akrame!v ekatv"rope%a prat&tir
bhavati ity an"ditva# pad"divyavah"rasya | ata eva ucyate | an"disabh"-
gav"sano vikalpapratibh"savibhrama' pada# v"kya# ca ek"vabh"si mithy"
eva iti | mithy"tva# ca bhinn"n"# var%"n"m ekapad"dir(patay" smara%a-
jñ"ne pratibh"san"t |. «[Objection:] Mais comment un concept où se présente
un mot un, etc., se produi[rai]t-il [selon vous] à partir de phonèmes [pourtant]
strictement distincts? [On constate] cependant [que ce concept] se produit. Il
se pourrait donc que sur les [seuls] phonèmes on fasse l"expérience directe
d"un mot un, etc. [Réponse:] Voilà qui n"affecte pas [notre position], car au
moment où, pour autrui, il fixe une convention, c"est à une série phonétique
qu"il considère sous la forme d"un mot un, etc., qu"un enseignant attache la
convention [en disant:] #Ce mot, etc., est un#; la connaissance qui surimpose
un mot un, etc., sur cette série phonétique-ci, se produit ensuite également
chez l"autre [personne]. Et [en tant que] l"expérience de l"image un[itair]e su-
rimposée [qui est celle] de [ce] mot un, etc., a imprimé [chez elle] une dispo-
sition [à cet effet] (ekapad"dyadhy"ropitaik"k"r"nubhav"hitasa#sk"ra), le
concept à l"image un[itair]e selon lequel ce mot ou phrase est un se pro-
dui[ra] chez cette personne lorsqu"elle entend[ra] ()rava%"t) [cette] série
phonétique lors d"un échange linguistique (vyavah"ra) [ultérieur]. Ainsi est-
ce parce que les générations successives de locuteurs imputent une unité à
des séries phonétiques (p(rvap(rvavakt+bhyo var%akrame!v ekatv"rope%a)
178 Introduction
[données], que les générations successives d!auditeurs ont notion [de mots et
de phrases uns, et c!est] en ce sens (iti) [que] la pratique (vyavah"ra) des
mots, etc., est dénuée de commencement [dans le temps]. Voilà pourquoi
[Dharmak!rti] affirme qu!un mot ou phrase de représentation un[itair]e n!est
qu!une erreur, [lui qui consiste dans la] représentation trompeuse d!un con-
cept aux latences homogènes sans commencement. Et [son] caractère erroné
[vient] de cela que les phonèmes distincts se présentent à la connaissance
mnésique sous forme d!un mot un, etc.»
69
Voir PV" P324b3"8/D271a4"b1: blo la sna$ ba!i dba$ gis gcig ñid da$ du
ma ñid du rnam par !jog par !gyur te | blo la tshig la sogs pa sna$ ba gcig gis
$o bo can ñid yin pas tshig da$ $ag gcig go %es gcig ñid du sgro !dogs pa!i
rnam par rtog pa skye ba!i phyir ro || re %ig yi ge rnams kyi bkod pa!i sgo nas
ñams su myo$ ba!i blo skye %i$ | de la gcig tu sna$ ba yod pa ma yin la dran
pa ya$ ji ltar ñams su myo$ ba b%in skye bar !gyur %i$ de ya$ gcig par !dzin
pa ma yin no %es b&ad pa ma yin nam | de la ga$ la tshig da$ $ag tha dad pa
med par sna$ ba!i blo g%an ci %ig yod ce na | de la kha %ig ni ñams su myo$ ba
da$ dran pa go rim b%in du skyes nas phyis !byu$ ba can gcig tu %en pa!i blo
skye ba!i dba$ du mdzad nas de skad du b&ad par !dod do || dper na g%an dag
sgra yis bsgos pa!ii sa bon can | tha ma!ii sgra da$ bcas par ni | yo$s smin skye
ba can gyi ni | blo la mi$ dag $es par byed ces bya ba lta bu!o || de lta bur
gyur pa!i blo!i dba$ gis kya$ phyi rol la tshig da$ $ag gi gcig pa ñid khas
bla$s par rigs pa ma yin te | gcig tu sgro !dogs pa!i blo de ni !khrul pa ñid kyi
phyir ro ||. «En vertu de ce qui se présente à la connaissance, on peut poser [à
la fois] l!unité et la multiplicité [des mots et des phrases]. Parce que, étant
donné qu!à la connaissance, le mot, etc., a la nature d!une représentation
un[itair]e, un concept surimposant l!unité se produit, [on dit] que le mot et la
phrase sont uns. [Objection:] D!abord, une connaissance expérientielle naît
sur la base d!une série de phonèmes, mais celle-ci manque de représentation
un[itair]e; puis, le souvenir naît à son tour selon l!expérience directe, mais ne
[l!]appréhende pas non plus comme un: [cela,] ne l!avez-vous pas [expressé-
ment] affirmé? [Mais] dans ce cas, quelle est donc [cette] nouvelle connais-
sance où le mot et la phrase se présentent comme indivis? [Réponse:] Sur ce
point certains, [tels les Grammairiens,] mettent [cela] en avant qu!une con-
naissance ultérieure adhérant à [leur] unité naît après qu!expérience directe et
souvenir sont nés de façon successive, et acceptent de s!exprimer en ces
Chapitre 5 ! Critique d"un énoncé indépendant des phonèmes 179
termes, [en disant] par exemple: $Quand l"idée, dont le germe a été produit
par les résonances, arrive à maturité avec le dernier son, la parole est déter-
minée.# Mais il est injustifié d"admettre, sur la base d"une telle connaissance,
que le mot ou la phrase sont uns à l"extérieur [de notre représentation], car la
connaissance qui [en] surimpose l"unité est erronée.» Citation: VP
I.86 (traduction BIARDEAU 1964: 127). Voir aussi PVSV% 436,22!27: tath!
hi pade v!kye ca ucc!rita ekam ida# pada# v!kya# v! iti lokasya matir
bhavati | tena yad ucyate | $aighry!d alp!ntaratv!c ca go$abde s! bhaved
api | devadatt!di$abde%u sphu&o bheda" prat'yata iti | tad ap!stam | var(!nu-
bhavottarak!lam ekapad!dhy!ropik!y! buddher utpatte" |. «C"est ainsi que
lorsque un mot ou une phrase est prononcé, les gens ordinaires (loka) ont
l"idée que le mot ou la phrase [en question] est un. Ce qu"a dit [Kum"rila] est
donc rejeté[, à savoir:] $Cette [connaissance des paroles en tant qu"unes] est
à la rigueur possible dans le [cas] du mot $go", tant en raison de la rapidité
[avec laquelle on le prononce] qu"en raison de l"intervalle [très] court [qui
sépare les deux phonèmes]; mais dans [le cas d"]un mot tel que $devadatta",
on note une très nette différence.# [Cela est rejeté,] car au moment qui suit
l"expérience directe des phonèmes, il naît une connaissance qui [leur] surim-
pose un mot [ou une phrase] un.» Citation: &V spho&a 121, avec variantes:
alp!ctaratv!c ca; devadatt!di$abde tu; voir APPENDICE B.
Chapitre 6
Contre le phonocentrisme de Kum!rila
1
Voir en général APPENDICE E.
182 Introduction
2
#Bh sous M$S) I.i.5/54,7"9 (F38,3"5): atha gaur ity atra ka" #abda" | gak&-
rauk&ravisarjan(y& iti bhagav&n upavar)a" | #rotragraha%e hy arthe loke #a-
bda#abda" prasiddha" | te ca #rotragraha%&" |. Traduction BIARDEAU 1964:
178.
3
#V spho!a 9ac: paraspar&napek)&# ca #rotrabuddhy& svar'pata" | var%& ev&-
vagamyante.
4
Sur ces différents points, voir D!SA 1980: 117"118, et aussi APPENDICE B
PVSV* 488,11"12 et 489,18"19, citant des strophes tirées peut-être de la
(P
B*). Sur la question difficile des rapports entre #abda et var%a dans la doc-
trine de Kum!rila, voir D!SA 1980: 118"122.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 183
5
Variations: (1) de débit (druta, madhya, vilambita, $V spho!a 22 et 31, ex-
pliquées comme de pures déterminations extrinsèques ! parop"dhi); (2) de
durée (en mores, m"tr": hrasva, d#rgha, pluta, $V spho!a 45!55); (3) de ton
et d"accentuation (ud"tta, anud"tta, svarita, $V spho!a 56 et 61); (4) propres
aux consonnes (vyañjana, expliquées comme les «colorations» ! anur"ga !
diverses qu"amènent dans le mot, et non à l"état isolé ! kevala !, les voyelles
environnantes, $V spho!a 30). Mentionnons encore ($V spho!a 57!58ab),
recouvrant ou non les précédentes, des différences de «douceur» (m$dutva),
d"«intensité» (t#vratva), de «vitesse» (%#ghratva). NR% 370,31 résume: drut"-
dihrasv"dyud"tt"dibheda° (voir aussi TSP 598,24). PVSV& 498,26!29 et
499,14!17 citent $V spho!a 22!23 et 50!51, indirectement ou directement
liés à ce problème (voir APPENDICE B). Dans tout ce passage (P PVSV&
498,20!499,19), Kar'akagomin critique la position de Kum!rila en la ma-
tière.
6
Dans $V spho!a 25!26, Kum!rila explicite ce qui le sépare de son adversai-
re: tvay"pi vyañjakavyaktibhed"d bhedo !bhyupeyate | mam"pi vyañjakair n"-
dair bhedabuddhir bhavi&yati || tena yat pr"rthyate j"tes tad var'"d eva la-
bhyate | vyaktilabhya( ca n"debhya iti gatv"didh#r v$th" ||. «Tu admets que la
différence procède de la différence [propre] aux individus révélateurs; pour
moi, la connaissance d"une différence tiendra aux sons bruts révélateurs.
Donc ce qu"on obtient [de ton côté] par le genre, on l"obtient [chez moi] du
seul phonème, et ce que permet d"obtenir l"individu, [je l"obtiens] des sons
bruts: donc l"idée d"un [genre de phonèmes] tel que gatva est superflue.»
Voir BIARDEAU 1964: 49!50 et ELTSCHINGER 2001b: 253!254n. 43.
184 Introduction
l"espace entier, mais] dure tant que [dure cette] impulsion. Et [il est
tout aussi bien] assuré qu"en raison de sa course, des conjonctions
et séparations se produisent entre ses propres particules et l"air
stagnant [alentour]. Ayant atteint l"éther [sis à l"intérieur] de l"o-
reille, il impartit à l"ouïe une [certaine] capacité; et puisqu"on [ne]
connaît la parole [que] si ces [conjonctions et disjonctionsTSP] exis-
tent, on admet une disposition invisible [de l"ouïe].» Le processus
mobilise plusieurs facteurs, parmi lesquels les sons bruts (dhvani,
n!da), particules d"air diversement disposées (sa"sk#ta) par l"ap-
pareil phonatoire et poussées par leur élan dans l"air environnant,
et la disposition (sa"sk!ra, sa"sk#ti) de l"éther auditif que produi-
sent ces sons bruts. Les sons émis, inscrits dans l"espace et le
temps, confèrent à l"organe auditif la convenance (yogyat!) ou ca-
pacité ($akti), ainsi spatio-temporellement limitée, de percevoir la
parole.9 Les sons bruts, instruments instantanés,10 sont les causes
de la révélation de la parole ($abd!bhivyaktihetu, "V $abdanityat!
45); leur échoit toute la relativité de notre expérience de la parole:
séquentialité, limitation spatio-temporelle, partition, intensité, vo-
lume, durée, débit.11 Quant à la disposition, suprasensible (at%ndri-
ya) et postulée par présomption (anyath!nupapatti, "V $abdanitya-
t! 126), elle est elle aussi la cause de ce que nous percevons la
parole ($abdagraha&ak!ra&a, "V $abdanityat! 130): l"ouïe qui n"a
9
"V spho'a 59 les dit «causes de la production des dispositions» (sa"sk!rot-
p!danahetava().
10
"V $abdanityat! 41: k)a&ika" s!dhana" c!sya buddhir anuvartate | megh!-
ndhak!ra$!rvary!" vidyujjanitad#)'ivat ||. «Et [notre] connaissance de la pa-
role aussi obéit à un instrument instantané, à la façon dont la vision naît [su-
bitement] par le fait d"un éclair au c#ur d"une nuit assombrie par les
nuages.»
11
Noter, parmi des centaines d"autres références possibles, "V $abdanityat!
221ab: eva" d%rgh!daya( sarve dhvanidharm! iti sthitam |. «Ainsi est-il ac-
quis que les [variations de] longueur, etc., sont les propriétés des [seuls] sons
bruts[, non des phonèmes].» Noter aussi "V spho'a 23: tenaikatvena var&a-
sya buddhir ekopaj!yate | vi$e)abuddhisadbh!vo bhaved vyañjakabhedata( ||.
«Donc en tant que le phonème est un, la connaissance [qui en] naît [est stric-
tement] une; que réellement l"on saisisse une différence doit donc provenir
du [seul] révélateur.»
186 Introduction
12
"V &abdanityat# 172#175 (174ab excepté): vyañjakadhvanyadh%natv#t tad-
de&e tu sa g"hyate | na ca dhvan%n#! s#marthya! vy#ptu! vyoma niranta-
ram || ten#vicchinnar$pe'a n#sau sarvatra g"hyate | dhvan%n#! bhinnade&a-
tva! &rutis tatr#nurudhyate ! te(#! c#lpakade&atv#c chabdasy#vibhut# ma-
ti) || gatimadvegavattv#bhy#! te c#y#nti yato yata) | &rot# tatas tata) &abdam
#y#ntam iva manyate ||. Voir aussi "Bh sous M#S$ I.i.13/95,5#8: abhigh#tena
hi prerit# v#yav#) stimit#ni v#yvantar#'i pratib#dham#n#) sarvatodikk#n
sa!yogavibh#g#n utp#dayanti | y#vadvegam abhiprati(*hante ! anuparate(v
eva te(u &abda upalabhyate na uparate(u |. «Stimulées par l!impact, les parti-
cules d!air (v#yava)) produisent des conjonctions et disjonctions omnidirec-
tionnelles en heurtant d!autres particules d!air stagnantes, et se prolongent
tant que [dure leur] impulsion " On ne perçoit la parole que tant que ces
[conjonctions et disjonctions] n!ont pas cessé, [mais on ne la perçoit] pas une
fois qu!elles ont cessé.» Selon "V &abdanityat# 121ab, c!est là la position des
&rotriya (= at#rkika, TSP 604,8).
13
Sur ce point, voir D!SA 1980: 135#138, dont, p. 136: «[T]he padam cow is
made up of similar dhvani-s used in the same sequence manifesting the same
syllables in order to reveal the same meaning.» Sur le abhihit#nvayav#da de
Kum!rila, voir D!SA 1980: 166sq et KUNJUNNI RAJA 1963: 203#213; profes-
sions de foi dans "V &abdanityat# 109 et v#kya 110#111, 228#229.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 187
14
#V spho#a 68cd: te$!m [= var%!n!m] asti hi s!marthyam arthapraty!yana&
prati |; #V spho#a 70ab: te$!& tu gu%abh't!n!m arthapraty!yana& prati |.
Sur les conditions de ekakart(tva, any'n!dhikatva et kramavi"e$atva, voir #V
spho#a 70cd et NR$ 373,26!27.
15
#V "abdanityat! 278!283: nanv !nup'rvyanityatv!d anityo v!cako bhavet |
pada& v!cakam i$#a& hi kram!dh)n! ca tanmati* || var%!* sarvagatatv!d vo
na svata* kramav(ttaya* | anityadhvanik!ryatv!t kramasy!to vin!"it! || puru-
$!dh)nat! c!sya tadvivak$!va"!d bhavet | var%!n!& nityat! tena ni$phal! pa-
ram!%uvat || yath! saty a%unityatve gha#e tadracan!tmake | na nityataiva&
var%e$u nitye$u padan!"it! || na ca kram!d vin! var%! vijñ!t!* pratip!da-
k!* | kramasyaiva padatva& vas tasm!d eva& prasajyate || pada& var%!tirik-
ta& tu ye$!& sy!t kramavarjitam | te$!m ev!rthavaty e$! "abdanityatvakal-
pan! ||. «[Objection:] Puisque l"ordre de succession est impermanent, le si-
gnifiant doit être impermanent [lui aussi]. Le signifiant, en effet, on admet
que c"est le mot; or [notre] connaissance du [mot] repose sur la série. Les
phonèmes, puisqu"ils sont selon vous omniprésents [et permanents], ne sub-
sistent pas en série par eux-mêmes. Puisqu"elle est l"effet de sons bruts im-
permanents, la série est donc périssable; et la [série] ne saurait que reposer
sur l"homme puisqu"[elle procède] de sa [seule] intention (vivak$!). Par con-
séquent, la permanence des phonèmes est stérile, comme [l"est celle] des ato-
mes. De même qu"une cruche, qui consiste [pourtant] dans un [certain] arran-
gement d"[atomes], n"est [nullement] permanente malgré que les atomes
[eux-mêmes] soient permanents, de même le mot périt-il [même] s"[il se
compose de] phonèmes permanents. De plus, les phonèmes ne communi-
quent pas [de signification dès lors] qu"on [les] connaît indépendamment (vi-
n!) d"une série [donnée]: ainsi s"ensuit-il donc que pour vous [M%m!&saka],
la série seule est le mot. Mais [chez ceux] pour qui il existerait, franc de [tou-
te] série, un mot séparé des phonèmes, chez ceux-là seuls [donc], postuler la
permanence de la parole est utile.» #V "abdanityat! 279cd!280ab est cité
PVSV' 490,12!13 (voir APPENDICE B), et défendu par Kar(akagomin dans
PVSV' 490,10!17.
188 Introduction
16
"V $abdanityat# 285ab: dvaye saty api ten#tra vijñeyo !rthasya v#caka% |.
«[Ce n!est que] si toutes deux existent [que la série,] alors connaissable par
[le biais de] cette [autre entité dont elle dépend], exprime la signification.»
17
"V $abdanityat# 286cd"287ab: dharmam#tram asau te&#' na vastvantaram
i&yate || ittha' prat(yam#n#% syur var"#s ten#vabodhak#% |. Le passage est
cité PVSV# 487,21"22 (voir APPENDICE B).
18
"V $abdanityat# 287cd"290ab: na ca kramasya k#ryatva' p!rvasiddhapari-
grah#t || vakt# na hi krama' ka$cit sv#tantrye"a prapadyate | yathaiv#sya
parair uktis tathaivaina' vivak&ati || paro !py evam ata$ c#sya sambandhavad
<
an#dit#PVSVT> | tenaiva' vyavah#r#t sy#d akau)asthye !pi nityat# || yatnata%
prati&edhy# na% puru&#"#' svatantrat# |. Comparer "V spho)a 71; le passage
est partiellement cité PVSV# 487,21"26 et 490,19"22 (voir APPENDICE B),
et dûment critiqué par Kar$akagomin dans PVSV# 490,18"29.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 189
19
PVSV 137,14"15: svapratipattidv"re&a anyapratipattihetur loke vyañjaka'
siddha' | d%p"divat | sa cet pr"k siddha' sy"t |. Voir aussi PV I.262ac1: sva-
jñ"nen"nyadh%hetu' siddhe !rthe vyañjako mata' | yath" d%pa'. «A l!exemple
de la lampe[, qui nous fait connaître une cruche déjà fabriquée par un potier],
on tient pour un révélateur [l!objet qui,] par la connaissance [que l!on a] de
lui, est la cause de [notre] connaissance d!un autre dès lors que [cet autre]
objet [avait déjà été] établi [par un agent].»
20
PVSV 137,17"18: ye punar asiddhopalambhan"' k"rak" eva kul"l"divad
gha$"dau |. PVSV! 494,28 porte asiddhopalambhak"', forme que j!adopte
par commodité dans mon exposé.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 191
21
PVSV 137,15!17: sam!naj!t&yop!d!nak"a#asiddhe' | na tasya eva ati$aya-
sya jñ!naheto' | tasya tats!magr&pratyayatv!t |.
22
PV I.234!235a: jñ!notp!danahet(n!) sambandh!t sahak!ri#!m | tadutp!da-
nayogyatvenotpattir vyaktir i"yate || gha*!di"v api yuktijñai'. Par «réunion»,
il ne faut entendre que la comprésence des causes en un lieu donné (samban-
dha glosé yogyade$!vasth!na dans PV$ P316b1/D264b4 = PVSV$ 423,6 =
Vibh. 372n. 1). Voir aussi PVSV 117,6!7: sahak!ri#a' sak!$!d up!d!n!pe-
k"!j jñ!najananayogyak"a#!ntarotpattir eva gha*!d&n!m abhivyakti' |. «La
manifestation d"[entités] telles que les cruches n"est [autre] que la produc-
192 Introduction
25
PVSV 73,7"11: tasm!d ye vi"ay!% s!k"!d upayogena vijñ!na& janayantas
tatra param apek"ante te "va#ya& tata !tm!na& pratilabhante | na ca ayam
!tmapratilambha% s!m!nyasya nityasya kuta#cit sambhavati | tasm!n na tat
kenacid vya'gyam |.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 195
26
Voir resp. PVSV 117,15!16, PV I.252cd + PVSV 131,16!21, PVSV 136,13!
15.
27
Intervient régulièrement l"hypothèse selon laquelle la convenance ou capaci-
té à générer produite par le révélateur est chose différente (arth"ntara, para-
bh)ta) de l"entité elle-même: l"adversaire espère ainsi en préserver l"incondi-
tionabilité. L"hypothèse ne résiste pas à l"analyse: si la convenance à générer
la connaissance était chose différente de l"entité, on ne percevrait que cette
convenance, et jamais l"entité elle-même (voir PVSV 72,25!26 et PVSV
117,9!11).
28
La problématique de l""vara#a avait elle aussi été (très sommairement) trai-
tée dès les NS (II.ii.18!21). L"objection soulevée par Gautama (reprise sans
grand développement par Pak#ilasv!min et Uddyotakara) est qu"on ne perçoit
pas (anupalabdhi) d"obstruction. Tout le débat de NS II.ii.19!21 porte sur la
question de savoir si de cette non-perception on peut tirer l"inexistence de
l"obstruction (ce qu"admet le Naiy!yika [NBh 110,17!111,1: yad upalabhya-
te tad asti, yan na upalabhyate tan na asti ity anupalambh"tmakam asad iti
vyavasthitam |], et que refuse bien sûr le M"m!$saka).
29
Voir PVSV 130,24!131,10.
196 Introduction
30
Voir PV" P358b6"7/D296b3"4 = PVSV" 473,17.
31
Voir PVSV 130,17"24.
32
Sur ce point, voir STEINKELLNER 1967b: 131 (n. 52).
33
Dharmak!rti ne se satisfait pas de cette réfutation positive. Dans PVSV
138,30"141,7, il concède provisoirement la révélabilité de la parole (P PVSV
138,30"139,2), et invite son adversaire à choisir entre trois concepts alterna-
tifs (vikalpa) d!une révélation par les organes phonatoires: celle-ci pourrait
consister (1) dans l!obtention par la parole d!une propriété supplémentaire
(ati!ayavatt", ati!ayotpatti); (2) dans la levée d!une obstruction ("vara#avi-
gama) à la perception de la parole; (3) dans la simple connaissance (vijñ"na,
buddhi) de la parole. Ces trois hypothèses sont respectivement traitées dans
PVSV 139,2"3, PVSV 139,4"140,24 (où 139,23"140,24 constitue un excur-
sus consacré à M!S# I.i.18 et 20: voir pp. 197"203) et PVSV 140,25"141,7.
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 197
34
Sur cet argument chez #abara, voir D"SA 1980: 81 et surtout BIARDEAU
1964: 187!191; importants matériaux et remarques dans MIMAKI 1976: 13!
24. #V (abdanityat" 372ab: pram")a# pratyabhijñ"na# d'&hendriyatayo-
cyate |. «On appelle la reconnaissance instrument-critère en tant qu"elle [naît]
de l"organe ferme.» Traduction MIMAKI 1976: 217n. 41. L"idée rejoint celle
de #Bh sous M"S% I.i.20/105,7: na na* kara)adaurbalyam |. Pour Kum!rila,
l"objet de la reconnaissance entendue comme pratyak%apram")a est l"univer-
sel (s"m"nya, #V (abdanityat" 414), en dehors bien sûr de la parole, dont il
n"y a ni genre ni universel.
35
#Bh sous M"S% I.i.20/105,5!6: a%+ak'tvo go(abda uccarita iti vadanti na
a%+au go(abd" iti ! anena vacanena avagamyate pratyabhij"nanti iti |. Tra-
duction BIARDEAU 1964: 187. #V (abdanityat" 370cd: pratyabhijñ"nam ete-
na prayoge)opalak%itam ||. «Cet emploi [de k'tvasuc-] indique la reconnais-
sance.» PVSV' 504,29!505,6 renvoie d"ailleurs à M"S% I.i.20 et #Bh 105,5!
6: voir n. 624, p. 377, et APPENDICE B.
36
Adapté de #Bh sous M"S% I.i.20/106,1!2: atha matam anyatve sati s"d'(yena
vy"m$&h"* sa iti vak%yanti |. Voir la critique de Uddyotakara dans NV sous
NS II.ii.32/288,9!289,10, qui insiste essentiellement sur l"inconclusivité de
la reconnaissance (cf. NV 288,11: tatpratyak%avi%ayatvam anyatve "pi ity
anek"nta* |). Pour l"essentiel des critiques bouddhiques, voir MIMAKI 1976:
13!24.
198 Introduction
37
!Bh sous M#S$ I.i.20/106,3: vidite ca sphu"e !nyatve vy!moha iti gamyate |.
«Et l!on conclut à l!erreur lorsque l!altérité est connue en toute clarté.» !V
#abdanityat! 373"374ab: nitya$ sad%#a eveti yatra r&'h! matir bhavet | sa iti
pratyabhijñ!na$ bhr!ntis tatr!vakalpate || iha nitya$ sa eveti vijñ!na$ j!ya-
te r&'ham |. «Là où l!on aurait la ferme notion d!une constante similitude*, il
est juste qu!une reconnaissance à l!identique (sa iti) [n!]est [qu!]impression
trompeuse; [mais] ici[, dans le cas de la parole], une ferme connaissance de
constante identité [nous] vient.» *Tel est le cas fameux des cheveux et des
ongles.
38
!Bh sous M#S$ I.i.20/106,5"6: na e(a do(a) | na hi te pratyak(e | atha pra-
tyak(e nitya eva |. Ce passage est longuement commenté par Kum"rila (dans
!V #abdanityat! 375"415); l!adversaire juge la réponse de !abara incohéren-
te (asambaddha): non seulement les cruches devraient être permanentes (k.
377ab, anaik!ntikat!), mais l!espace (!k!#a) devrait être impermanent (k.
377cd, viruddhat!)!
39
!V #abdanityat! 379; NR% 585,14"15: pratyak(anibandhan! eva pratyabhi-
jñ!, ata) pratyak(atvani(edhena pratyabhijñ! eva ni(idhyata iti |. «La recon-
naissance a pour cause la perception; donc en niant la perceptibilité, on nie
[de fait] la reconnaissance.»
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 199
40
Selon #Bh sous M"S$ I.i.20/106,10!12: na hy anupalambham"tre#a na asti
ity avagamya na$&a ity eva kalpayanti | apram"#at"y"% vidit"y"% na asti ity
avagacch"ma' | na hi pram"#e pratyak$e saty apram"#at" sy"t |. Voir la tra-
duction de BIARDEAU (1964: 191).
41
#Bh sous M"S$ I.i.20/106,9!10: m"tari j"y"y"% pitari v" n"!!!vasyu' |. Tra-
duction BIARDEAU 1964: 191. Voir aussi #Bh sous M"S$ I.i.20/107,2!3: ta-
th" g(h"n nirgat"' sarvag(hajanam apa!yanta' puna' pravi!ya upalabha-
m"n" api na pr"k prave!"d vina$&a ity avagacchanti |. Librement: «De même,
n"apercevant aucun habitant une fois sortis de la maison et percevant [les ha-
bitants] après y être entrés à nouveau, ne concluons-nous pas à la destruction
[des résidents] avant [notre ré]entrée.» Pour une critique de vin"!it", voir #V
!abdanityat" 424!441.
42
#Bh sous M"S$ I.i.20/107,7!8: sa iti pratyak$a' pratyaya' sad(!a ity "nu-
m"nika' | na ca pratyak$aviruddham anum"nam udeti |. Voir #V !abdani-
tyat" 422!423.
43
#V !abdanityat" 389 et 391: n"sm"bhi' pratyabhijñ"na% nityas"dhanam
i$yate | anityav"dinas tv e$" pratyak$e#a viruddhat" || tad ucyate vin"!itvam
anum"n"t prat)yate | !abde pratyak$agamye ca tena b"dho bal)yas" ||. «Nous
ne considérons pas la reconnaissance comme ce qui prouve la permanence,
mais [insistons sur le fait que] le partisan de la théorie de la non-permanence
[des choses] se contredit avec la perception [qu"est la reconnaissance] #
Nous [M"m!%saka] répondons ainsi[:] pour le son perceptible par la percep-
tion, on reconnaît la momentanéité (vin"!itva) par l"inférence. Mais [cette in-
férence] est annulée par la [perception], plus puissante qu"elle.» Traduction
200 Introduction
46
Notamment de la critique adressée par Uddyotakara, sous NS II.ii.29!32, à la
répétabilité de la parole (critique reprise point par point dans #V "abdanitya-
t! 229!234 [p&rvapak#a, que NR$ 558,7 attribue aux Naiy!yika], et contrée
dans #V "abdanityat! 235!315). Dans NV 287,12!15, Uddyotakara reproche
successivement à l"argument «abhy!s!t» (NS II.ii.29, qui groupe la matière
de M"S% I.i.18 et 20) les carences formelles suivantes: non-établissement
(asiddhat!, et #V "abdanityat! 229), inconclusivité (anaik!ntikat!, et voir
#V "abdanityat! 230), caractère contradictoire (viruddhat!, et voir #V "a-
bdanityat! 231). Dans #V "abdanityat! 235!236, Kum!rila argue de ce que
M"S% I.i.18 n"entend pas formuler une inférence, mais un raisonnement pré-
somptif (arth!patti). Dans #V "abdanityat! 309!311, Kum!rila affirme que
le S%trak!ra et le V&ttik!ra (?, gl. bh!#yak!ra dans NR$ 573,3!4) ne formu-
lent ici qu"un fait (artha), qui servira de fondement à une inférence qu"ils
n"explicitent pas, et que Kum!rila formule comme suit (k. 311a2d): sthira'
"abdo dh&magotv!dij!tivat | sambandh!nubhav!pek#as!m!ny!rth!vabodha-
n!t ||. «La parole est constante, à l"exemple de genres tels que l"[être-]fumée
ou la bovinité, car en dépendance de [notre] expérience d"une relation, elle
[nous] fait connaître un objet [qui est] un universel.» Dharmak"rti ne présup-
pose aucun de ces développements.
47
PVSV 140,1!2: k#a$abha%gino hi sarvabh!v! vin!"asya ak!ra$atv!d ity
ukta( vak#yate ca |. La réfutation couvre PV I.266!267a, et PVSV 140,1!24.
48
Sur la preuve de Vasubandhu, voir LA VALLEE POUSSIN 1980: III.4!6, MI-
MAKI 1976: 234!235n. 113 et STEINKELLNER 1968: 363!364; sur la transi-
tion du vin!"itv!num!na au sattv!num!na chez Dharmak"rti, voir STEIN-
KELLNER 1968 (et, en résumé, MIMAKI 1976: 31!35); sur l"évolution de la
preuve de l"instantanéité après Dharmak"rti, voir FRAUWALLNER 1935 (Dhar-
mottara) et MIMAKI 1976 (#!ntarak'ita, Ratnak"rti). PV I contient deux for-
mulations convergentes du vin!"itv!num!na, PVSV 98,4!100,24 ( ! PVin
202 Introduction
54
Voir PVSV" 567,10!11: kramotpannai' ca var!ai) svavi#ay"!i kramabh"-
v$ny eva 'rotravijñ"n"ni s"k#"j janyante |. Voir aussi PVSV" 567,22!24.
55
#MAE (1999: 297!299) présente un tableau résumant utilement la situation
décrite jusqu"ici. Noter encore PV I.302!303: yo yadvar!asamutth"najñ"na-
j"j jñ"nato dhvani) | j"yate tadup"dhi) sa 'ruty" samavas$yate || tajjñ"naja-
nitajñ"na) sa 'rut"v apa(u'ruti) | apek#ya tatsm%ti* pa'c"d "dhatte sm%tim
"tmani ||. «Le son brut [$a#] naît d"une connaissance née [elle-même] de la
connaissance [qui est] la cause du [son brut] $s#[, toutes deux connaissances
appartenant au continuum du locuteur; et comme $s# l"a été avant lui,] $a#
est appréhendé comme ayant $s# pour déterminant (up"dhi) par une connais-
sance auditive ('ruti) [qui appartient au continuum de l"auditeur]. Lui dont la
connaissance [de soi est co]générée par la connaissance de $s# [en qualité de
coopérant], ce [son] $a#, si la connaissance auditive [en] est [assez] lente
(apa(u'ruti) lorsqu"on [l"]entend, génère ("dhatte) ensuite [indirectement] un
souvenir de lui-même en dépendance du souvenir de $s#.» PVSV 160,19!
161,3: cittasamutth"n" hi v"gvijñaptir var!apadav"ky"bhidh"n" | tatra sak"-
rasamutth"panacetas" samanantarapratyayena ak"rotth"panacittam utth"-
pyate | tath" reph"k"ravisarjan$yotth"pan"ni p&rvap&rvapratyay"ni | tad ime
!ny"nyahetavo var!") svak"r"nup&rv$janm"na) | 'rutik"le !pi yad" manda-
c"ri!a) p&rvavar!ajñ"nasahak"ripratyay"pek#") svajñ"na* janayanti | tad"
p&rvavar!asmara!"pek#" eva sm%tim upal$yante |. «En effet, la notification
vocale que cause une pensée (citta) porte [ordinairement] le nom de $phonè-
206 Introduction
58
PV% ñe P38a6/D33b7 & PVSV% 571,5!6: etena taddhetucet"!sy apek#ya
var$"n"! k"ryatvam uktam |.
59
PV% ñe P38a6!7/D33b7!34a1 & PVSV% 571,7: tadgr"hicet"!sy apek#ya
k"ra$atvam "ha |.
60
PV% ñe P38a8/D34a2 & PVSV% 571,9: puru#asa!sk"rabhedabhinna% puru-
#aprayatnabhedabhinna%.
61
PV I.305: anyad eva tato r&pa! tad var$"n"! pada! padam | kart'sa!sk"-
rato bhinna! sahita! k"ryabhedak't ||. Voir aussi PVSV 161,9!11: tasm"n
na khalv eka eva pade#u var$"n"! svabh"va% kart'cittasa!sk"rabhedena
bhed"t | sa ca parasparasahita% k"ryabhedahetu% |. «Donc dans des mots
[tels que "sara%! et "rasa%!,] la nature propre [qui est celle] des phonèmes
n"est assurément pas une, car elle diffère selon le conditionnement de la pen-
sée [qui en est] l"agent. Et cette [nature propre différente à chaque mot est] la
cause d"un effet spécifique [lorsqu"elle se trouve] en association mutuelle
(parasparasahita) [avec d"autres, parce qu"elle fait alors l"objet d"un concept
unitaire].»
62
Selon PVSV% 571,29!30: tad iti s"d'(y"d ekatvena adhyavasitam api r&pa!
var$"n"m.
63
Noter l"importante PVSV% 572,13!16: yadi param"rthato var$akrama% sy"t
tad" as"v ekapad"dir&patay" kalpito "rthasya pratip"daka% sy"t | yata( ca
ekena vikalpena vi#ay)k't"% krami$o var$"% pratip"dak" ata eva ekavikalp"-
208 Introduction
k!ro vikalpo vitarka% | idam eva iti ni#cay!k!ro vic!ra% |. «Vitarka, c"est un
concept d"aspect délibératif, du type: $Est-ce ceci ou cela?#; vic!ra, [un con-
cept] d"aspect décisif, du type: $C"est cela#.»
66
Noter l"explication de PV% ñe P39b2!3/D35a2!3 & PVSV% 573,14!16: na hi
himavatsth!ne vindhyo bhavatu malayasth!ne vindhy!dir ity eva& p'rvam
a(kuro bhavatu pa#c!d b)j!t tajjanakam iti puru*ecchay! #akyate vipary!sa%
kartum | var$!s tu #akyante yatheccha& vipary!situm |.
210 Introduction
67
PVSV 161,23"162,11: sati indhane d!hav"tter asaty abh!v!d ad"#$endhano
!pi dahano na anindhanas tasya de%ak!laniyam!yog!t | niyame ca tasya eva
indhanatv!d dahanop!d!nalak#a&atv!d indhanasya | tath! ayam api var-
&!nukrama' puru#avikalpa( yadi na apek#eta nir!lambana' svaya( prak!-
%eta | yatne !pi na %akyeta | atatprabhav!t | kvacic chaktau sarvas tath! sy!t |
vi%e#!bh!v!t | tadbh!vabh!vino !tadvi%i#$asya ca atatk"tau sarvatra k!ryak!-
ra&abh!va% ca nir!k"ta' sy!t | anvayavyatirekalak#a&atv!t tasya | lak#a&!-
ntara( v! vaktavyam | sarve !pi gha$!dayo bh!v!' k"trim! ak"trim!['] pra-
sajanti | tatra apy eva( vikalpan!y!' sambhav!t | vi%e#!bh!v!c ca | t!n api hi
parakriy!dar%anap)rvakam eva anya' karoty aviditakart!ra% ca kecid iti
sarve#!( ke#!(cid v! !kriy!bhinive%o !stu | tasm!t sarv! eva iya( var&!nu-
p)rv* prasiddhak!ryak!ra&abh!vavastudharm!natikram!t puru#ak"t! |.
68
Explication, PV" ñe P40a5/D35b3 = PVSV" 573,28: sarvatra sarvad! bh!-
va' sy!t |. Un tel feu serait !kasmika («spontané», «fortuit»).
69
Explication, PV" ñe P40a7"8/D35b5: me"i ñe bar len pa ma gtogs par %i+ la
mtshan ñid g,an yod pa ma yin no ||. «[En effet,] il n!est d!autre définition du
combustible que d!être la cause matérielle du feu.»
70
Noter PV" ñe P40b1/D35b6: gal te skyes bus ma byas pa yin na ,es bya ba"i
don to ||. «Le sens [visé est]: si [cette série de phonèmes] était incréée.» S et
PVSV" 574,10 portent puru#aprayatnam, contre PVSVt ce P522b7 et PV"
ñe P40a8/D35b6, qui portent skyes bu"i rnam par rtog pa.
71
Explication, PV" ñe P40b3"4/D36a1: bdag ñid kya+ gsal ba ma yin ,i+ skyes
bu"i "bad rtsol yod du zin kya+ skyed par mi nus pa ma yin pa de"i phyir skyes
Chapitre 6 ! Contre le phonocentrisme de Kum!rila 211
bus ma byas pa ma yin no !es bya bar dgo"s so ||. «Or elle ne se manifeste
pas d"elle-même, et elle n"est pas sans pouvoir se produire lorsque l"effort
[articulatoire] de l"homme existe; donc elle n"est pas incréée: [telle est] l"in-
tention [de Dharmak"rti].»
72
Explication, PV# ñe P40b5!6/D36a3 = PVSV# 574,15!16: vi#$dyapanaya-
n$dilak#a%asya vi&e#asya laukike#v api d'#(e) |. «La différence qu"on défini-
rait notamment comme l"élimination du venin, etc.[, et qu"on réputerait pro-
pre aux séries védiques], on [la] constate également dans les [séries phonéti-
ques] ordinaires.» Sur ce point, voir PVSV 123,14sq.
73
Explication, PV# ñe P41a3!4/D36a7!b1 = PVSV# 574,24!25: yadvirah$d
vaidik$n$* puru#aprayatnena saha k$ryak$ra%abh$vo na sy$t | na ca anyal
lak#a%a* k$ryak$ra%abh$vasya asti |. «Grâce à l"absence duquel* il pourrait
n"y avoir pas de rapport de causalité entre [séries] védiques et effort [hu-
main]. Or il n"y a pas d"autre définition du rapport de causalité.» *«Duquel»,
c"est-à-dire de celui qu"on définit comme coprésence et co-absence.
74
C"est-à-dire: impermanentes aussi bien que permanentes (PV# ñe P41a5!
6/D36b2).
212 Introduction
75
C!est-à-dire: si certaines séries sont révélées plutôt que produites, de même
pourra-t-il en aller de certaines cruches (PV! ñe P41a7/D36b3 = PVSV!
574,28"29).
76
Selon deux arguments m"m!#saka en faveur de l!an!dit!: ved!dhyayana#
sarvam#, et kartur asmara$!t (voir resp. PV I.240sq et PV I.239, et chapitre
4). Puisque tous les potiers ont appris d!autrui la fabrication des cruches, tou-
tes les cruches seront incréées; puisqu!il existe des cruches dont on ne se rap-
pelle pas les fabricants (asmaryam!$akart%ka), certaines cruches seront in-
créées. Sur ces différents points, voir les longues explication de PV! ñe
P41b1"42a1/D36b5"37a4 et PVSV! 575,9"19 (lacunaire).
Deuxième partie
PVSV 107,14
[Objection:] Lorsque vous affirmez que l!inexistence d!u-
ne entité n!est pas établie quand bien même les trois moyens de
connaissance valide n!opéreraient pas, [nous concédons bien vo-
lontiers que] "si les [deux] moyens de connaissance valide autres
[que l!Écriture, c!est-à-dire la perception et l!inférence,] n!opèrent
pas#, on ne peut nier [des entités hors d!atteinte par le temps, l!es-
pace ou la nature propre], car ces deux [moyens de connaissance
valide] ne portent pas sur tous les objets (vi!aya) ".# En revanche, il
n!est rien que ne couvre l!Écriture; comment [se fait-il dès lors
que] la non-opération de l![Écriture] ne [nous] fasse pas connaître
[l!inexistence de telles entités]? [Réponse:] Sur ce point, [nous a-
vons déjà] dit que tous les objets ne sont pas évoqués dans les Écri-
tures, car [beaucoup] ne satisfont pas au contexte [d!une discussion
des finalités humaines].1 2De plus,
puisque les paroles n!entretiennent pas de relation nécessaire
avec les entités [réelles particulières], on n!établit [aucun] ob-
j e t [ e x t r a m e n t a l ] g r â c e à e l l e s : le s [par o l es n!] i ndiq u ent e n ef-
fet [que] l!intention du locuteur.3 [PV I.213]
1
Cette discussion initiale présuppose PVSV 101,19$102,12: voir pp. 67$69 et
n. 3, p. 68.
2
Selon PV! P284a4$5/D242a3$4, PVSV! 389,23$24 et Vibh. 363n. 4, Dhar-
mak"rti a provisoirement admis jusque-là l!autorité (pr"m"#ya) de l!Écriture
en matière d!objets extramentaux (b"hya). Dans ce qui suit, il lui refuse toute
autorité en matière extramentale.
3
Selon PV! P285a6/D242a4, les paroles sont un moyen de connaissance vali-
de par rapport aux intentions (vivak!", PV!/PVV) de leurs locuteurs, et non
par rapport aux entités réelles. Explication, PVV 363,9: tadanvayavyatirek"-
nuvidh"yitv"t |. «Parce que [les paroles] obéissent à la présence et à l!absence
de cette [intention du locuteur].» Sur ce point, voir infra, PVSV 113,25$
114,3, PVSV 118,14$17, et pp. 140$142.
218 Traduction
PVSV 107,22 4
Les paroles en effet ne se réfèrent pas aux entités [réelles
particulières] (yath!bh!va" vartante), de sorte que (yata#) grâce à
elles on s!assurerait de la nature [même] des objets: les [paroles]
tirent en effet leur existence de l!intention du locuteur;5 [et comme
elles sont] en relation nécessaire avec celle-ci, il n!y a donc que
l![intention du locuteur] qu!elles puissent faire connaître. 6Or tou-
tes les intentions humaines ne sont pas objectives,7 et une entité8
n![en] fait pas connaître une autre si sa nature propre ne lui est pas
liée. PVSV 108,1 [Objection:] Mais9 comment [expliquer alors] que
4
Développement sur vivak$! et l!inférence de la signification dans PVSV!
389,27"30 et Vibh. 363n. 3. Dans ce qui suit, on comprendra «entité» (bh!-
va) au sens de particulier (extramental) (PV! b!hyasvalak$a%a; PVSV! sva-
lak$a%a).
5
Comparer STEINKELLNER 1979: 65 et YAITA 1987: 6. Ma traduction s!inspire
de PVSV! 390,8: vivak$ay! v&ttir ye$!" te tathokt!# |. Noter aussi PV!
P285b1/D242a6: de la rag lus pas skye ba can 'es bya ba!i don to ||. PVSVt et
PV! rendent: brjod par !dod pa la rag lus pas !jug pa can dag (voir YAITA
1987: n. 38), alors que le passage parallèle de PVin (II.66,5"6/17*,30"31)
porte: brjod par !dod pas !jug pa!i phyir.
6
Selon les objections introductives (PV! P285b2"3/D242a7 et PVSV! 390,9"
10), il subsiste une relation (sambandha, PV!) entre paroles et entités, ou une
non-déviation des paroles par rapport aux objets (arth!vyabhic!ra, PVSV!),
car même si les paroles se réfèrent aux intentions, celles-ci n!apparaissent
pas sans le particulier extramentalPVT ou extralinguistique ([b!hya]svalak$a-
%am antare%a).
7
Selon PV! P285b4/D242b1 et PVSV! 390,11"12, sont objectives les inten-
tions des personnes qui, ayant détruit les fautes morales (k$(%ado$a), font
preuve de compassion (k&p!lu). Selon PVV 363,10"11, des intentions «inob-
jectives» pourraient procéder de l!ignorance ou de l!intention de tromper (vi-
sa"v!d!bhipr!y!d ajñ!n!d v!). Voir pp. 75"81.
8
Selon PV! P285b6/D242b2, une entité consistant en parole ()abd!tman);
selon PVSV! 390,13, un particulier de parole ()abdasvalak$a%a). «Une au-
tre», c!est-à-dire une entité (vastu). La proposition répond à qui voudrait que
la parole fasse connaître sans pour autant être liée (apratibaddha) à ce qu!elle
fait connaître. Voir ELTSCHINGER 2003: 138"140, 153"154.
9
Selon PV! P285b5"6/D242b3 = PVSV! 390,15: «Mais si la parole n!a pas
d!autorité concernant une entité extramentale#» Selon PV! P286a2/D242b5
Traduction 219
[votre maître Dign!ga] ait dit de l!Écriture qu!elle est une inféren-
ce [en matière d!objets extramentaux, lorsqu!il a déclaré]: «P Puis-
que la parole d!une personne crédible est semblable en fiabilité,
elle est une inférence»10? [Réponse:] 11La personne [désireuse d!a-
gir] ne peut vivre sans recourir à l!autorité d!une Écriture, parce
qu!elle [y] apprend les grands bénéfices et les [grandes] "infortu-
nes# [qu!elle retirera] de [ses] renoncement et consentement à cer-
tains [actes] dont les résultats [lui demeurent] invisibles,12 13et par-
14
Explication, PV" P286b1/D243a2$3 = PVSV" 391,9: evam !gama" par#-
k$ya, «ainsi[, c!est-à-dire] après avoir [dûment] évalué l!Écriture [sur la base
de laquelle on compte agir].»
15
Sur PVSV 108,6$16, voir pp. 102$104.
16
Explication grammaticale du composé sambaddh!nugu%op!yam dans PV"
P286b3$4/D243a4 = PVSV" 391,11$12; explication alternative due à «d!au-
tres» dans PV" P286b4$5/D243a5.
17
PV" P287a1/D243b1 = PVSV" 391,17$18: voir n. 106, p. 102.
18
Librement pour: «des traités dont les résultats ont un moyen inapproprié.»
Dans TSP 877,24$25, le moyen adapté consiste dans la cultivation mentale
de l!insubstantialité (nair!tmyabh!van!, voir pp. 508$510), dont la mise en
pratique (anu$&h!na) est possible.
19
Selon PVV 364,1, par «finalité humaine» il faut entendre le ciel (svarga) ou
la délivrance (apavarga); selon PV" ñe P79a6/D65b7$66a1 = PVSV"
612,21$22 et TSP 877,26, élévation (abhyudaya) et summum bonum (ni'(re-
Traduction 221
yasa). Voir n. 110, p. 103. Sur les exemples qui suivent, voir DhPr 15,11"15.
20
Question traitée en objection ($e na) par PVSVt et PV" P287b3/D243b7. Sur
PVSV 108,16"109,11, voir pp. 104"110.
21
C!est-à-dire, selon PV" P287b6/D244a2, PVSV" 392,15"16 et PVV 364,7"
8, l!inférence ordinaire procédant par la force de [quelque chose de] réel
(vastubalaprav%tta ou °bh"vin) et l!inférence fondée sur l!Écriture ("gam"-
#rita ou "gam"#raya), que PVSV 109,1 nomme "gam"pek&"num"na.
22
PV" P287b4/D243b7 = PVSV" 392,13"14 commentent: tadarthayo' pra-
tyak&"num"navi&ayayo', suggérant que tad°, plutôt que d!avoir même réfé-
rence que asya (comparer TILLEMANS 1990: I.24 et 1993: 10), renvoie à pra-
tyak&e(a anum"nena dvividhena api. Comme l!ont fait YAITA (1987: 7) et
DUNNE (2004: 362), on peut lire aussi tadarthayo' comme une apposition à
d%&)"d%&)"rthayo'.
222 Traduction
23
Selon PV% P287b6"7/D244a3 = PVSV% 392,18, les cinq skandha épuisent
les objets que Dharmak&rti tient pour perceptibles dans son propre système
(svasiddh!nta): n"l!di ! corporéité (r#pa, et r#pa comme «visible», premier
des vi$aya); sukhadu%khe ! sensation (vedan!; PV% P288a1"2/D244a4:
ñams su myo& ba gsal ba ñid kyi phyir bde ba da& sdug bs&al gzu& gi !dir
bta& sñoms kya& blta bar bya!o ||); nimittopalak$a'a ! identification per-
ceptive (sa(jñ!, scolastiquement définie comme la préhension des caractè-
res, nimittodgraha'a); r!g!di ! dispositions formatrices (sa(sk!ra); buddhi
! connaissances (vijñ!na). Selon PV% P288a4"6/D244a6 = PVSV%
392,23"24, les objets tenus pour perceptibles dans le présent traité le sont
effectivement, car n"la est perceptible par la connaissance visuelle (cak$ur-
vijñ!na), et sukh!di par la connaissance autoréflexive (svasa(vedana).
24
Introduction, PV% P288a8"b1/D244b1: g)an dag gis m&on sum ñid du bstan
pa ga& dag yin pa de dag ni sa&s rgyas pa!i grub pa!i mtha! [la] m&on sum
dag ma yin te | rnam par dpyad par gyur pa* de dag kya& m&on sum ñid ma
yin pa kho na!o ||. *P pa: D pa!i.
25
PVSV% 392,29 dit s!&khyadar*ana là où PV% P288b3/D244b2"3 dit s!&-
khyamata (gra&s can gyi !dod pa). Même remarque pour vai*e$ik!didar*a-
na/vai*e$ik!dimata. (1) Sur les S!"khya. PV% P288b1/D244b1 (cf. PVSV%
392,27"28) explique sukh!di comme sukha, du%kha et moha (= sattva, rajas
et tamas: cf. YD 64,19sq et BRONKHORST 1994: 311n.7; STK sous SK 11 et
YAITA 1987: 15n. 61). Le motif pourrait provenir de la 'TV (cf. PS% 37b4ms
P71a8sq/D63b1sq dans STEINKELLNER 1999: 670"671), de terminologie qua-
si-identique. Selon PV% P288b2"3/D244b2, seules des joies et des peines in-
térieures sont éprouvées comme sukha et du%kha, mais il n!est aucune nature
(r#pa) de sukh!di dont on perçoive qu!elle constitue *abd!di. Selon PVSV%
393,27"28, la perception ne nous montre pas que ces trois constituants aient
nature propre (°svabh!va) de *abd!di. Voir aussi Vibh. 364n.3 et TSP 878,4"
5. (2) Sur les Vai#e$ika. Pour des définitions de dravya, karman et s!m!nya,
voir PV% P288b4/D244b3, PVSV% 392,30"393,9 et Vibh. 364n. 3. Aucune
trace de sa(yoga dans les commentaires (sa(yoga figure dans le passage
Traduction 223
30
Explication, PV" P289b4"5/D245a6: gnod pa med pa!i mtshan ñid can gyi
rnam par dag pa, «correction définie comme non-annulation.» Cf. PVSV"
393,25.
31
PVSV" 393,25"26: yath" #akyaparicchede "rthe "ptav"dasya avisa$v"das
tath" atyantaparok!e "py "ptav"datv"d eva |. «La parole d!une personne cré-
dible est fiable quant à un objet dont la détermination est possible [par la per-
ception directe et par l!inférencePVT]; de même [l!]est-elle aussi quant à un
[objet] radicalement imperceptible, simplement parce que c!est la parole
d!une personne crédible.» Comparer YAITA 1987: 8, TILLEMANS 1990: I.25
et 1993: 11, DUNNE 2004: 364.
32
Impossibilité de connaître, et partant, d!agir (prav%ttyasambhava) relative-
ment à eux; or s!il faut agir, autant agir après avoir évalué l!Écriture (cf. PV"
P289b8"290a1/D245b2 # PVSV" 393,29"394,8, citant PVSV 108,5; cf.
aussi Vibh. 365n. 2). Explication générale, PVV 365,1"4: atyantaparok!e!v
arthe!u d"nahi$s"cetan"di!v arth"nartha#rava&"d "gamapr"m"&yam an"-
#ritya sth"tum as"marthy"d etadbh"ve virodh"bh"v"c ca saty"$ prav%ttau
varam eva$ prav%ttir ity agaty" anum"nat" ukt" | na tu vastuto vacan"n"m
arthe!u n"ntar'yakatv"bh"v"t |.
33
Selon PV" P290a1"2/D245b2"3 et PVSV" 394,9"10.
34
Explication, PV" P290a2"3/D245b3"4 # PVSV" 394,10: asya ity asm"bhi(
samba[ddh"]nugu&op"yam ity"din" vic"ritasya | ata eva "ha | evambh)tasya
iti sambandh"digu&ayuktasya ity artha( |.
Traduction 225
35
C!est-à-dire, selon PV! P290a6"7/D245b5"6 et PVSV! 394,15"16, sur un
objet (directement) perceptible ou (ordinairement) inférable. Long dévelop-
pement de "#kyabuddhi, PV! P290a7"291a2/D245b6"246a5.
36
Noter PVSV! 394,14"15: !ptav!d!"rayatva# ca !c!ryap!ramparyopade"!t
siddham |. «Et le fait qu!elle se fonde sur la parole d!une autorité s!établit
grâce à l!enseignement d!une tradition [ininterrompue] de maîtres.»
37
Explication, PV! P291a2/D246a5: "in tu lkog tu gyur pa!i don la ji skad du
b"ad pa!i don la mi slu ba de bas na |. Cf. PVSV! 394,16.
38
Explication, PV! P291a5/D246a7 = PVSV! 394, 21: prav$ttik!masya pu#so
"bhipr!yava"!t |. «Du point de vue de l!intention de la personne désirant
agir.» Puis, PVSV! 394,21"23: vastutas tv ananum!na# "abd!n!m arthai%
saha sambandh!bh!v!t | asya eva arthasya khy!pan!rtho "pi"abda% |.
39
Selon PV! P291a6"8/D246a7"b2 $ PVSV! 394,24"27 et Vibh. 365n.4, la
«réalité» (tattva) consiste dans la nature véritable (avipar&ta# r'pam), donc
dans la Vérité y relative (respectivement du%kha° et nirodhasatya). Le mal à
écarter est la douleur (sarva# du%kham); le bien à réaliser, c!est le nirv!(a,
élimination de toutes les passions (sarvakle"aprah!(a# nirv!(am). Les mo-
yens d!y parvenir consistent dans la Vérité d!origine (samudayasatya) et la
Vérité du chemin (m!rgasatya).
40
C!est-à-dire: assurés (prasiddhi = ni"caya, PV! P291a8"b1/D246b2 =
226 Traduction
PVSV! 394,27$28; PVV 365,9). Selon PVV 365,9, par une inférence pro-
cédant de quelque chose de réel.
41
PV! P291b1$2/D246b2$3 " PVSV! 394,28$30: les quatre Vérités Saintes
(satyacatu#$aya) forment l!objet principal car en les maîtrisant/comprenant,
on obtient le nirv!"a (tadadhigamena nirv!"apr!pte%; PVV 365,10: satyaca-
tu#$ay!dhigamasya nirv!"ahetutvena).
42
Selon PV! P291b5/D246b5 = PVSV! 395,15$16, dans le deuxième chapitre
(pram!"asiddhipariccheda), où Dharmak#rti procède à l!examen (n&ti gl. vi-
c!ra) des Vérités par inférence.
43
Noter PV! P291b6/D246b5$6 = PVSV! 395,16$17: tasya asya iti bhagava-
t! p'rvanirdi#$asya adhun! vibhaktatv!d asya satyacatu#$ayalak#a"asya |.
44
C!est-à-dire: sur un objet (d!importance) secondaire (gtso bo ma yin pa pa!i
don la), d!après PV! P292a1$2/D246b7$247a1.
45
Deux interprétations possibles de anuparodh!t. (1) Une interprétation «an-
thropologique», au sens de laquelle accepter la fiabilité de l!Écriture relative-
ment aux états de fait radicalement imperceptibles n!expose à aucun dom-
mage (ou risque) quant à l!objet principal de la démarche sotériologique (voir
PV! P292a2$3/D247a1). (2) Une interprétation «épistémologique», au sens
de laquelle cette acceptation n!est pas susceptible d!annulation par les pra-
m!"a empiriques (voir PVSV! 395,21: pram!"ena ab!dhan!t, DUNNE 2004:
366).
Traduction 227
46
Introductions. (1) PV! P292a5"8/D247a25: gal te skyes bu gtso bo!i don la
slu bar mi* byed pa yin la | g!an la phan pas !jug pa dba" po las !das pa!i
don mtho" ba can yin na | gdon mi za bar !ga! !ig la g!an mi slu bar !gyur ba
yin pa de!i dba" po las !das pa!i don mtho" ba ñid ni "es par nus pa ma yin
no || de bas na rigs pas bgrod par bya ba!i skyes bu!i don la mi slu ba yin gyi
mi "es pa ñid kyis na #in tu lkog tu gyur pa la slu bar ya" !gyur ro !e na | #es
par mi nus pa can gyi don !di ñid ni bden te | !on kya" skyes bu!i !jug pa la
ltos nas de ltar rnam par g!ag pa yin no || de ñid bstan pa!i phyir de da" !es
bya ba la sogs pa smos la |. *P mi: D om. mi. (2) PVSV! 395,23: kad$cit
tatra ajñ$n$d api [vi]tath$bhidh$na% sy$d iti cet.
47
Selon PV! P292a8"b1/D247a5 = PVSV! 395,23"24, dans PV I.216 et dans
PV I.217.
48
Selon PV! P292b1"2/D247a5"6 " PVSV! 395,25: anum$nak$ra&atv$d
anum$na[tvaPVT]m iti dra'(avyam.
49
C!est-à-dire, selon PV! P292b2"3/D247a6 = PVSV! 395,26"27, mieux vaut
agir sur la base d!une telle Écriture que sur la base d!une Écriture induisant
déjà en erreur sur les objets accessibles aux moyens de connaissance valide
(na tu pram$&agamya eva arthe visa%v$dak$d [$gam$t] |).
50
PV! P292b3/D247a6 = PVSV! 395,28 glosent anap$ya par nirdo'a.
51
Dans PV I.213.
52
Sur PVSV 109,23"110,15, voir pp. 75"81 et 92"96.
53
C!est-à-dire comme vraie ou véridique (PVV 365,15: yath$rtha% saty$-
rtham).
228 Traduction
54
Sur ces propriétés supplémentaires (ati"aya, vi"e#a, etc.), voir pp. 78$81 et n.
38, p. 79.
55
Selon PVV 365,16: puru#!ti"ayapra$%ta& vacana& pram!$am iti ! ayam
artha'.
56
Ce passage est parallèle à PVin II.66,9$67,1/18*,1$11 (voir STEINKELLNER
1973: 56$57, et 1979: 65$66).
57
Explication, PV! P293a3$4/D247b4: "jug pa[r "dod pa] can te lu( gi don la
nan tan du byed par "dod pa.
58
Anu#)heya gl. s!k#!tkartavyam artham (PV! P293a5/D247b5 = PVSV!
396,19).
59
PV! P293a6/D247b6 = PVSV! 396,20$21 glosent dar"ana par ni"caya, et
avisa&v!da par pratyak#!num!n!bhy!m avadh!nam (tib. gnod pa med pa).
60
Explication, PV! P293a8/D247b7 = PVSV! 396,23: evam ity ekade"!visa&-
v!dadar"anena anyatra pravartanam |. «Ainsi, c!est-à-dire d!agir [par rap-
Traduction 229
71
Selon PV! P295b2/D249a6 " PVSV! 398,11"12, l!annulateur (b!dhaka)
des fautes morales est nair!tmyajñ!na; selon Vibh. 366n.1, nair!tmya en est
l!antidote (pratipak"a). Sur ce point, voir pp. 508"510 et n. 32, p. 509.
72
Sur abhy!sa et s!tm#bh!va, voir n. 38, pp. 510"511. La série psychique
essencifiée par l!antidote est dite s!tm#bh$tado"apratipak"a (PV! P295b1/
D249a6 = PVSV! 398,11). Explication générale, PVV 366,7"8: [na] nirdo-
"apuru"!pal!pa% kriyate ki&tu tadavadh!ra'op!yo na asti ity ucyate | icch!-
dh#nasya vy!h!rasya anyath! api kartu& (akyatv!t | na tatas tath!rthani(-
caya% |.
73
Ou, selon PV! P296a1/D249b3 = PVSV! 398,19, comme le contact du froid
et du chaud par exemple ((#to"'aspar(!di). Selon qu!elle diminue ou aug-
mente, la flamme prouve l!intensité relative de sa subjugation par l!eau, son
contrecarrant (voir PV! P296a1"3/D249b3"4 = PVSV! 398, 20"21, et TSP
870,19"27 sous TS n°3338).
74
Selon l!adversaire de PV! P296a3"4/D249b4"5 et PVSV! 398,22"23, les
fautes morales sont liées à un objet extramental (b!hy!rthapratibaddha), pré-
sent en permanence (nitya& sa&nihitam, PVSV!; jamais détruit, PV!): com-
ment donc leur destruction (uccheda) pourrait-elle intervenir?
75
Les fautes morales obéissent à la présence et à l!absence (anvayavyatirek!nu-
232 Traduction
81
Dharmak#rti dit yatnavattve !pi buddhe! tatpak"ap#tata! en concédant que
cet effort puisse intervenir (voir PV$ P298a3/D251a2 = PVSV$ 399,27),
mais en fait, selon PV$ P298a2"3/D251a2, PVSV$ 399,26 et PVV 276,13"
14, pareil effort ne survient pas pour qui pratique le chemin (lam goms par
gyur pa can la) ou pour celui que le chemin essencifie (s#tm$bh%tam#r-
gasya). Explication, PV$ P298a4"5/D251a3 = PVSV$ 399,28"400,7: do"o-
tp#dane yatna& nivartya gu'apak"ap#tena do"apratipak"a eva yatn#dh#n#d
iti y#vat |. Noter que pak"ap#ta est glosé bahum#na (PVSV$ 399,28 et Vibh.
366n. 4), et expliqué abhirucitavi"ayatvena pak"ap#tata!: la traduction «in-
clination» rend les sens de «partialité» et d!«affection». Explication générale,
PVV 366,16"17: voir n. 60, p. 517.
82
Intéressante explication de gh('# dans PVP P61b7/D54b1 sous PV I.131ab:
mi gtsa) ba la smod pa"i mtshan ñid can mi gtsa) ba, qu!on peut, grâce à
Vibh. 57n. 1 (a*ucivi[ju]gup[s]#), aisément restituer en: *a*ucivijugups#la-
k"a'# gh('#, «la répulsion se définit comme le dégoût [qu!on éprouve] pour
l!impur». Que Dharmak#rti vise ici la répulsion que continue un temps d!é-
prouver, pour la condition de K"p"lika, le brahmane lettré (*rotriya) après
qu!il est devenu K"p"lika, ressort très clairement des différents commentaires
(PV$ P298a7/D251a4"5 = PVSV$ 400,10"11 [ya! *rotriya! san k#p#liko
bhavati tasya *rotriy#vasth#y#& y# gh('# s#]), mais aussi des exemples men-
tionnés par Devendrabuddhi et %"kyabuddhi sous PV II.119, dans PVP
P58b1"5/D51b5"7 et PV$ ñe P142a2/D116a4 (voir ELTSCHINGER [à paraître
1, n. 40]).
83
Selon PVSV$ 400,12 et 13, la nature propre à acquérir et valoriser serait
alors celle de concupiscence, etc., alors que la nature à écarter et dévaloriser
234 Traduction
rieure (b!hyanimitta).
88
Explication, PV! P299a6$7/D251b7: phyin ci log gi rnam par sgro btags nas
!jug pa!i ñes pa dag ni ya" dag pa!i don !dzin pa gñen po!i phyogs gnod pa
can yo"s su gzu" ba!i phyir skye bar mi !gyur ro #es bya ba!i tha tshig go ||.
«Le sens [visé est le suivant:] Les fautes [morales] qui entrent en jeu après
qu!on a surimposé un aspect erroné ne peuvent pas se produire, en raison de
la saisie du contrecarrant annulateur qui appréhende un objet réel.»
89
C!est-à-dire, selon PV! P299a7$8/D252a1 = PVSV! 401,11: cela ne peut
que se produire.
90
Explication, PV! P299a8$299b1/D252a1$2 " PVSV! 401,12$14: déjà pour
la personne qu!essencifient les fautes morales, les moyens de connaissance
valide conduisent au Chemin contrecarrant (pratipak$am!rga) puisqu!ils ap-
préhendent des aspects réels (bh%t!k!ra) tels que l!impermanence (voir
ELTSCHINGER [à paraître 2, §§2$3]); qui plus est pour la personne qu!essen-
cifie le discernement (PVSV! vipa&yan!s!tmani sthitasya, PV!P *vipa&yan!-
m!rge sthitasya, PV!D *vipa&yan!bhy!se sthitasya): voir pp. 514$516 et n.
55, p. 516.
91
Explication, PVSV! 401,14$15: !tm!tm'y!dhy!ropite "rthe prav(tte) |.
«Puisqu!elles portent sur (ou: procèdent relativement à) un objet surimposé
comme soi et comme sien.»
92
Répondant à la question kasya, le génitif par'k$!vato vi&e$e*a adu$+!tmana)
peut aussi être gouverné par buddhe) (cf. PVSVt) ou par yatn!dh!n!t: ma
traduction «locative» ne tranche pas.
236 Traduction
PVSV 111,10 93
[Objection:] Mais quelle est l!origine de ces fautes [mo-
rales, origine] dont la pratique répétée de l!antidote [les] élimine?
[Réponse:]
La naissance de toutes les sortes de fautes [morales] procède
d e l a v u e p e r s o n n a l i s t e ; 9 4 [ o r ] c e l l e - c i [ n ! e s t autre que] la nes-
cience; 95sur ce [à quoi l!on adhère en tant que soi et en tant
que sien,96 naît] l!attachement au [soi et au sien, et] de celui-ci
n a i s s e n t l e s [ p a s s i o n s d ! ] h o s t i l i t é [ à l ! e n dr o i t d e c e q u i l e u r f a i t
d u t o r t ] , e t c . 9 7 [ P V I . 2 2 2]
PVSV 111,15
Pour la [personne] qui, sans [rien] prendre,98 voit [sous le
double aspect du] non-moi [et du] non-mien, il n!est en effet d!at-
tachement à l!endroit de rien; et pour la [personne] détachée, il
n!est d!hostilité à l!endroit de rien, car on n!a d![hostilité] ni pour
93
Sur ce qui suit, voir pp. 503"508.
94
Selon PV! P300a1/D252a6"7 = PVSV! 401,24 et PVV 366,23, l!adversaire
suspecte maintenant une contradiction (vy!gh!ta, virodha) avec l!Écriture
prêchée par le Bienheureux, selon laquelle les passions ont pour cause la nes-
cience (avidy!hetuka).
95
Selon PV! P300a2/D252a7 = PVSV! 401,25"26, ce qui suit montre la façon
dont procèdent les passions à partir de la vue personnaliste. Voir aussi PVV
367,3.
96
Selon PV! P300a3/D252b1 = PVSV! 401,26"27 (tatra !tm!tm"yatvena
abhinivi#$e !rthe); mais PVV 367,1"2 glose tatra par satk!yadar%ane sati, «la
vue personnaliste étant [posée].»
97
Explication, PVV 367,3"4: ato nair!tmyadar%ana& m!rgo yukta' satk!ya-
d(#$ipratipak#atv!t |. «Il est donc correct que le Chemin consiste dans la per-
ception de l!insubstantialité, puisqu!il s!agit [là] de l!antidote à la vue per-
sonnaliste.»
98
Explication, PV! P300a5"6/D252b2"3 " PVSV! 401,30"402,8: !tm!tm"ya-
tvena tadanugr!hakatvena parikalpya grahas tena vin! |. «Sans la prise [de
quelque chose] après l!avoir conceptualisé en tant que soi et sien et en tant
que favorable au [soi et au sien].» Parigraha est glosé abhi#va)ga dans PVP
P110b5, PVV 87,16, abhi#va)ga expliquant r!ga dans PVSV 9,5"6. Noter
aussi TSP 870,13"14 sous TS n°3338: n!pi mama ity ag(h*ata !tmasukho-
tp!dan!nuk+latvena ag(h"te vastuny !tm!tm"yatvena abhi#va)ga' samudbha-
vati |.
Traduction 237
ce qui ne fait nul tort au soi et au sien, ni pour ce qui entrave le tort
[fait à la prise comme soi et comme sien].99 Par conséquent, née de
la pratique [immémorialement] répétée d!une [vue] de même type
[et de son imprégnation latente], la vue du soi donne lieu à la cro-
yance au sien, toutes deux à l!attachement au [soi et au sien], et cet
[attachement] aux [passions d!]hostilité, etc.: toutes les fautes [mo-
rales] naissent donc de la vue personnaliste, et c!est elle qu!on ap-
pelle «ignorance» [dans notre système doctrinal].
Voilà pourquoi [un S!tra] déclare que l!hébétude est la cause
[principale] des fautes [morales, alors qu!il est dit] ailleurs
[que] la vue personnalis te [est la c au s e p r i n c i p al e d e s f a u t e s
morales]; 100[on dit que c!en est la cause principale] car on éli-
mine [les fautes morales] s i l ! o n é l i m i n e l a [ v u e p e r s o n n a l i s -
te101]. [PV I.223]
PVSV 111,23
[Les Bouddha Bienheureux] ont dit de l!hébétude qu!elle
est la cause des fautes [morales] car les fautes [morales] ne se pro-
duisent pas chez qui n!est pas hébété; mais ailleurs, [ils ont dit que
99
Selon PV" P300a8"b2/D252b4"5 = PVSV" 402,10"13, le premier cas se ré-
fère à ce qui demeure indifférent (ud!s"napak#e); le second, à ce qui est favo-
rable (mitrapak#e). Explication, PV" P300b2"3/D252b5"6 # PVSV"
402,13"14: ki$tv !tm!tm"yasnehavi#ayabh%tavirodhena ya& sthita& pratik%-
lavart" tatra eva dve#a& | tasm!n na !tm!tm"yasneham antare'a dve#a iti |.
«Mais on n!a d!hostilité que pour ce qui [nous] résiste en s!opposant à ce qui
est l!objet de [notre] attachement au soi et au sien. Par conséquent, il n!est
pas d!hostilité sans attachement au soi et au sien.» Noter aussi TSP 870,14"
16 sous TS n°3338: dve#o !pi na hi kvacid asaktasya !tm!tm"yapratik%la-
tvena ag(h"te vastuni pr!durbh!vam !s!dayati | !tm"y!nuparodhini tadupa-
rodhapratigh!tini ca tasya asambhav!t |.
100
Introduction, PVV 367,10"11: nanv anye !pi indriyavi#ay!yoni)omanask!r!-
dayo do#ahetava&, tat kim avidy!satk!yad(#*y eva abhihita ity !ha |. «[Objec-
tion:] D!autres [facteurs] encore sont causes des fautes [morales, tels] les ob-
jets des facultés sensorielles ou l!acte d!attention incorrect; pourquoi donc
seules la nescience et la vue personnalistes sont-elles déclarées [telles]?»
101
Selon PV" P301a1"2/D253a3 = PVSV" 402,25"26. Mais PVV 367,13 ex-
plique: tasya mohasya satk!yad(#*ilak#a'asya prah!'e, «en éliminant l!hébé-
tude définie comme la vue personnaliste».
238 Traduction
leur cause est] la vue personnaliste. Voilà102 qui [pourtant ne] sau-
rait valoir [que] si l!exposé [porte] sur la [cause] principale,103 car
il serait contradictoire [d!affirmer] que des fautes [morales] nais-
sant d!un [complexe causal] multiple104 se produisent à partir d!une
[cause] unique[, hébétude et vue personnaliste].105 Et si [toutes]
deux étaient [choses différentes l!une de l!autre mais néanmoins
chacune cause] principale [des fautes morales, les] exposer [tantôt]
l!une et [tantôt] l!autre [en différents passages serait pour le moins]
inélégant [de la part du locuteur]! [Mais si elles ne diffèrent pas
selon la nature propre,] exposer un seul [et même objet tour à tour]
de deux façons [différentes, par les expressions d!«hébétude» et de
«vue personnaliste»,] n!est pas contradictoire [de sa principialité].
Or en tant qu!elle est le substrat des [fautes morales,106 la vue per-
sonnaliste] est principielle, car on élimine les fautes [morales] si
l!on élimine la [vue personnaliste]. Il est donc possible d!éliminer
les fautes [morales,] qui naissent [on l!a vu] de la vue personnalis-
te, grâce à une pratique répétée de la perception de l!insubstantiali-
té, l!antidote de cette [vue personnaliste]. [Bien] difficile à recon-
naître est toutefois l![instructeur] ayant détruit les fautes [morales,
102
C!est-à-dire, selon PV! P301a3/D253a4 = PVSV! 402,28, le fait que l!hébé-
tude et la vue personnaliste soient la cause des fautes morales (tac ca etat k!-
ra"atva# mohasya satk!yad$%&e' ca).
103
Explication, PV! P301a4/D253a4 = PVSV! 403,8: na hetum!tranirde'e |.
«Mais pas si l!exposé porte sur la cause en général.»
104
Complexe (kal!pa) multiple comprenant, selon PV! P301a4/D253a4"5 =
PVSV! 403,8"9, les facultés sensorielles (indriya), leur objet (vi%aya) et
l!acte d!attention incorrect (ayoni'omanask!ra).
105
Explication, PV! P301a5"6/D353a5"6 = PVSV! 403,10"11: tasm!d anya-
k!ra"asambhave !pi pr!dh!nya# g$h(tv! mohasatk!yad$%&yo) k!ra"atvam
uktam iti gamyate |. «On comprend donc que bien qu!il existe d!autres causes
[aux fautes morales], il ait été dit, par référence au [seul] caractère principal,
qu!hébétude et vue personnaliste sont la cause [des fautes morales].»
106
PV! P301b1"2/D253b1 = PVSV! 403,17"18: tac ca anantaram eva prati-
p!ditam | pratip!dayi%yate ca dvit(ye paricchede |. Voir les références grou-
pées pp. 506"508.
Traduction 239
107
Explication, PV! P301b4/D253b3 = PVSV! 403,23: pratipadyeta | tena
upadi#$am artham anuti#$het |.
108
Introduction, PVV 367,17: vedapr!m!%ya& nir!cik'r#an paramatam utth!-
payati |. «Désireux de réfuter l!autorité du Veda, [Dharmak"rti] présente la
pensée de [son] adversaire.» Qu!il s!agit là de M"m#$saka est explicité par
PV! P302a2/D253b7 = PVSV! 404,5 (kecin m'm!&sak!(); PVV 367,22 dit:
kecij jaimin'y!(. Ici s!ouvre la critique de l!incréation (apauru#eyat!) comme
critère de l!autorité scripturaire: sur la position générale de la M"m#$s# ici
visée, ainsi que sur la structure générale de la critique de l!apauru#eyat!, voir
pp. 116$128. Dans PVSV! 404,7$405,19, K donne un exposé lumineux de
la position générale de Kum#rila en matière de vedapr!m!%ya et de svata(-
pr!m!%ya (sur les citations de %V criblant ce développement, voir APPENDI-
CE B); voir aussi Vibh. 367n. 1, inspiré de K.
109
Dans %V codan! 133$136, Kum#rila démontre qu!il est impossible à l!hom-
me ordinaire de reconnaître une personne omnisciente: voir n. 84, pp. 93$94.
110
Sur les fautes morales (do#a), voir pp. 117$119. Selon les explications gram-
maticales de PV! P301b7$302a2/D253b5$6 & PVSV! 403,28$404,4, deux
interprétations de do#!%!& puru#!)ray!t sont recevables. Dans la première,
le génitif do#!%!m a valeur de kart* (agent), puru#a° de karman (objet), et la
phrase s!entend: do#ai( puru#a[sya] parig*h'tatv!t, «car les fautes [morales]
se saisissent de l!homme» (donc: «les fautes [morales] se fondent sur l!hom-
me»); dans la seconde, do#!%!m a valeur de karman, et puru#a° de kart*:
do#!%!& puru#e%a parigrah!t, «car l!homme se saisit des fautes [morales]»
(donc: «l!homme se fonde sur les fautes [morales]»).
240 Traduction
111
Selon PV$ P302a5/D254a1$2 et PVSV$ 405,24$25, la cause consiste en
l!homme et les fautes morales, causes de fausseté, qui se fondent sur lui (de
la brten pa!i ñes pa log pa ñid kyi rgyu rnams, PV$), tandis que l!effet con-
siste en la fausseté (mithy!tva, PV$/PVSV$).
112
PV$ P302a6$7/D254a2$3 = PVSV$ 405,26$27, Vibh. 368n. 1: paramukhe-
na "!strak!ra eva !ha |. «C!est l!auteur du traité[, Dharmak!rti lui-même,]
qui parle par la bouche d!autrui.» Selon PVV 368,5, les bouddhis-
tes (saugat!#).
113
Explications, PV$ P302a7$8/D254a3$4 = PVSV$ 405,27$29: apauru$eye$u
v!kye$u puru$aniv%tty! satyatvak!ra&asya gu&asya niv%tte# k!ryasya api sa-
tyatvasya niv%ttir iti. «Puisque en niant l!homme dans les énoncés [védiques]
incréés, on nie [ipso facto] la qualité [morale] qui est la [seule] cause de la
vérité [d!un énoncé], on nie également l!effet[, c!est-à-dire] la vérité.» Vibh.
368n. 3 avance d!un pas, et anticipe la position de Dharmak!rti dans PVSV
112,16$19. Par «qualité [morale]», il faut entendre ici les propriétés suscepti-
bles de caractériser la série psychique de la personne crédible; Kum"rila nie
que ces qualités morales puissent être les causes de la véracité des énoncés:
voir pp. 117$119.
114
PVSV$ 405,30$407,14 présente un développement autonome où K répond
point par point aux positions m'm!(saka qu!il a présentées dans PVSV$
404,7$405,19. Dans cinq arguments successifs, K montre que ces positions
n!épargnent au Veda aucun des trois types d!apr!m!&ya reconnus par la M!-
m"#s" (n. 9, p. 118): ni anutpattilak$a&am apr!m!&yam (405,30$406,6), ni
sa("ayalak$a&am apr!m!&yam (406,7$17 et 407,9$14), ni mithy!tvalak$a-
&am apr!m!&yam (406,18$29 et 406,30$407,9).
Traduction 241
115
PV! P302b2/D254a5 = PVSV! 407,16: !di"abd!t prajñ!"raddh!di |. «Avec
"telle que#, [il faut encore entendre] la sapience, la foi, etc.»
116
Cette position, ainsi que son utilisation polémique, trouve d!amples antécé-
dents dans #V codan! 21$46: voir n. 109, pp. 142$143.
117
Explication, PVSV! 407,18$19: iti puru#aniv$ttau taddharmayo% saty!rtha-
tvamithy!rthatvayor niv$tt!v !narthakya& vede sy!t |. «Aussi, dès lors que
nier l!homme revient à nier les deux propriétés de véracité et de fausseté, le
Veda sera-t-il dénué de signification.» Voir aussi TS n°1500$1503.
118
Introduction, PV! P302b6$7/D254b1 = PVSV! 407,22$23: sy!n matam | na
puru#!pek#ay! "abd!n!m arthavatt! ki&tu svabh!vata eva iti. «Admettons
qu!on pense: ce n!est pas en dépendance de l!homme que les paroles sont do-
tées de signification, mais par leur nature propre.» Sur les théories du langa-
ge impliquées dans PVSV 112,19$23, voir pp. 122$134 et pp. 134$140.
119
Les clins d!"il (ak#inikoca) servent déjà d!exemple dans l!objection conven-
tionnaliste de #V s!p 12; Kum$rila y répond sur l!exemple des signes de la
main (hastasa&jñ!) dans #V s!p 139cd$140ab; voir aussi #V "abdapari-
ccheda 20 et TV sous M%S& I.iii.24/II.186,3sq.
120
Explication, PV! P303a2/D255b7 ' PVSV! 407,27$28: apr!tik'lya& ! ya-
th!sa(keta& prav$ttir eva, «l!irrestriction [consiste en cela que] la référence
[fonctionne] selon la [seule] convention [arbitrairement fixée]».
242 Traduction
121
Voir aussi PVSV 115,5#12.
122
Introduction, PV! P303a6#7/D256a3 " PVSV! 408,9#10: atha m" bh#d
anarthakatvam iti puru!asa$sk"r"pek!ay" arthavattva$ te!"m i!yate | tad"
pauru!eyat" eva sy"t |. «Si maintenant, de peur qu!elles soient dénuées de si-
gnification, on admet que c!est en dépendance d!un conditionnement humain
que les (paroles védiquesPVT) sont dotées de signification, elles ne sauraient
[alors] qu!être de création humaine.»
123
PV! P303b1#2/D256a4#5: gal te ma skyes pa ya% skyes bus legs par byas pa
las !khrul par dogs na [ma] skyes pa ñid kyi skyes bus ma byas pa ñid ni don
med pa yin | !di ltar skyes bus legs par byas pa ñid las sgra rnams ni skyes pa
da% ma skyes pa dag gis log pa da% bden pa!i don can du mi !gyur ro ||. «Si,
quand bien même elles n!auraient pas été produites [par l!homme], on doit
redouter une tromperie [sur l!objet] en raison de [leur] conditionnement par
l!homme, une incréation de [type] non-production [par l!homme devient]
inutile, car en raison [même] de [leur] conditionnement par l!homme, les pa-
roles ne seraient plus fausses ou vraies selon [respectivement] qu!elles ont
été produites ou non [par l!homme].»
124
PV! P303b5/D256a7#b1: ci ste !khrul pa yod par ma gyur cig sñam pas
skyes bus legs par byas pa mi !dod pa de!i tshe | bya rog gi skad la sogs pa
da% !dra bar don med pa can du !gyur ro ||. «Mais si l!on n!admet pas [un tel]
conditionnement humain de peur qu!il y ait tromperie, il y aura alors absence
[totale] de signification, à l!exemple du croassement des corbeaux, etc.»
Traduction 243
P304b1"2/D254b7.
133
Explication, PVV 368,19"20: na cec chabd!rthayo" s!#ketiko v!cyav!caka-
t!sambandha" ki$ tu sv!bh!vika" | tad! ag%h&tasa#keto !pi 'rut!c chabd!d
artha$ pratipadyeta iti |. «Si la relation signifié-signifiant entre parole et si-
gnification n!était pas conventionnelle, mais ressortissait à la nature propre
[des corrélats], alors même celui qui ignore la convention connaîtrait la signi-
fication par la parole qu!il entend.»
134
PV! P304b5/D255a3 (sans rnam pa g(an du) " PVSV! 410,12"13 expli-
quent: vitathajñ!nahetavo na kriyante |. «Ne [les] rendent pas causes d!une
connaissance erronée.» L!idée est que les hommes ne peuvent les détourner
de leur signification «naturelle» (PV! P304b5/D255a2"3: ra# b(in du gnas
pa"i don las), de leur nature propre, qui consiste à informer objectivement
(PVSV! 410,12: yath!rthaprak!'akatv!t svabh!v!t).
135
Cet argument apparaît déjà dans #V s! 33 (voir n. 56, p. 127). PV! P304b8"
305a2/D255a5 puis 256a2"3 " PVSV! 410,16"17: prad&p!divat | (rig byed
pa"i sgra las # don rtogs pa"i phyir skyes bu) apek)ate ca sa#ketam | tasm!n
na 'abd!n!m arthena saha apauru)eya" sambandho r!jacihn!divat |. «A l!e-
xemple de la lampe [qui révèle naturellement un objet]. Or PVTafin de com-
prendre une signification à partir des paroles védiques, l!hommePVT dépend
d!une convention. Donc la relation des paroles avec leur signification n!est
pas incréée, à l!exemple des insignes royaux notamment.» Sur les insignes
royaux, voir PVSV 173,4 (type même de l!objet d!une connaissance conven-
tionnelle).
136
Introduction, PV! P305a1"2/D256a3: "dod par ni "gyur na sgra da# don dag
gi "brel pa ni skyes bus ma byas pa ñid kho na yin te | de ya# rtogs pa la brten
pa ma yin pa de"i phyir skyes bus brda la ltos pa yin no (e na |. «Soit la
position que voici: la relation entre parole et signification est strictement in-
246 Traduction
137
Si la manifestation de la [relation est le fait] de la conven-
tion, il est redondant (asamartha) de postuler une [relation] au-
tre [que cette convention]. [P V I.227cd]
PVSV 113,14
[Selon vous] la relation, bien qu!elle existe [réellement],
n!est pas la cause de [notre] compréhension [tant qu!elle n!est] pas
manifestée; une convention, cependant, la manifeste. Mais cette
[relation], qui remplit [donc] son office une fois [la compréhension
déjà] établie [par la convention], pourquoi [la] promeut-on sans
raison? Générer [notre] compréhension de la signification, [en fait]
la seule fonction (vy!p!ra) de la relation, n!est-il pas assuré (k"ta)
par la seule convention? [Objection:] Une convention n![en] est
pas capable [si on la passe] sur une [parole] qui ne convient pas [en
elle-même à communiquer la signification]; "la relation# consiste
donc en [cette] convenance [de la parole].138 [Réponse:] Mais pour-
[alors]: Mais dès lors que la relation est une capacité de la parole, ne résulte-
t-il pas que la relation n!est autre que le corrélat?» Comparer PV! P305b3$
4/D256b2.
139
On pourrait aussi comprendre: «pourquoi devoir poser [maintenant] une rela-
tion [entre parole et convenance] de sorte que [cette convenance soit celle] de
la parole?» Explication, PV! P305b8$306a1/D256b5 = PVSV! 411,22:
anyath! "abdasya iya# yogyat! iti na sidhyet |. «Sinon il ne serait pas établi
que cette convenance [est celle] de la parole.» Voir aussi PVSV 131,21$22,
de nature à faire préférer l!interprétation alternative.
140
Explication, PV! P306a2/D256b6 " PVSV! 411,24: "abdajanyatv!c chab-
dasya yogyat! ity ucyata iti bh!va$ |. «L!intention [de Dharmak#rti est la sui-
vante:] Puisqu!elle est générée par la parole, on dit que la convenance [est
celle] de la parole.»
141
Pour préserver la permanence de la convenance, l!adversaire pourrait suppo-
ser que l!aide apportée (k%ta) par la parole est indépendante (vyatirikta) de la
convenance elle-même. On le sommera alors de préciser quelle relation sub-
siste entre cette aide indépendante et la convenance. Si l!adversaire postule
alors une nouvelle (anya) aide (nécessairement indépendante) à l!aide elle-
même, il s!exposera à une régression à l!infini (anavasth!), avec cette consé-
quence que, l!aide de la parole à la convenance n!étant pas établie, nulle rela-
tion ne sera jamais établie entre la parole et la convenance (PV! P306a3$
6/D256b7$257a2 " PVSV! 411,25$29).
142
Introduction, PV! P306a6$7/D257a2 = PVSV! 411,29$412,9: ki# ca vyati-
248 Traduction
voir n. 36, p. 122); mais tandis que les Naiy!yika, comme Dharmak"rti,
n!admettent qu!une convention entre v#cya et v#caka, Kum!rila (inspiré de
Bhart#hari) envisage la relation entre signifié et signifiant comme une dépen-
dance, un rapport d!auxiliarité (upak#ryopak#rit#, voir n. 53, p. 126). Con-
trairement à ce qu!il fera dans SP 1$3 (voir FRAUWALLNER 1934), Dharma-
k"rti ne distingue pas (encore?) ici entre p#ratantrya et par#pek"#. Cepen-
dant, $ et K s!efforcent de faire entrer le présent passage dans le cadre de la
SP, où Dharmak"rti critiquera trois modèles réalistes de relation, p#ratantrya
(SP 1), r$pa!le"a (SP 2), par#pek"# (SP 3): sur ce point, voir PV% P306b5$
307a1/D257a5$b2 & PVSV% 412,16$21. Noter aussi PV% P307a1/D257b1$
2: de ya% %Brel pa brtag pa las rgyas par b!ad zin pa!i phyir !dir ma spros
so ||. «Puisque [Dharmak"rti] l!a déjà expliqué en détail dans la SP, il ne s!y
étend pas ici.»
147
Selon l!adversaire de PV% P307a1$3/D257b2 & PVSV% 412,22$23, trois
problèmes se posent à défaut de relation: (1) comment s!effectue la compré-
hension (prat&ti)? (2) comment inclure la connaissance verbale (!#bda' jñ#-
nam) dans l!inférence? (3) quel est le but (prayojana) d!une convention? Sur
ce qui suit, voir pp. 138$140.
148
C!est-à-dire, selon PV% P307a7$8/D257b5: la parole ne se produit pas si
l!objet existant dans la pensée n!existe pas (blo la yod pa!i don med na sgra
ni mi !byu% ba yin). Par là, selon PV% P307a8/D257b5$6 = PVSV% 413,3$4,
Dharmak"rti donne sa solution aux deux premiers problèmes soulevés par
l!adversaire (voir n. précédente). PVSV% 412,31$413,2 voit également là une
réponse à la position de Kum!rila dans le !abdapariccheda du $V (voir AP-
PENDICE B). Selon PV% P307b1/D257b6$7 et PVSV% 413,5, la phrase sui-
vante résout le troisième problème soulevé par l!adversaire.
149
Explication, PV% P307b2$3/D257b7$258a1: ji skad du b!ad pa!i sgra da%
don dag gi !brel pa ni ldog par mi byed de | med na mi !byu% ba!i mtshan ñid
can gyi !brel pa khas bla%s pa!i phyir ro || !on kya% ga% (ig don dam pa!i
250 Traduction
!brel pa don g!an !dod pa de bkag pa yin no ||. «On ne nie pas une relation
entre parole et signification expliquée en ces termes, puisqu!on accepte une
relation définie comme une corrélation régulière. On réfute en revanche qui-
conque accepte[rait] une relation réelle hypostasiée.» Voir aussi TS n°2622"
2623.
150
Développement conclusif, PVSV! 413,9"414,12. (1) K considère que la po-
sition de Dharmak"rti écarte celle de Kum#rila dans $V s"p 13 (voir APPEN-
DICE B [PVSV! 413,10"11]); (2) K répond à deux objections contre la posi-
tion de Dharmak"rti: (2a: PVSV! 413,12"17) doit-on en conclure que la rela-
tion entre fumée et feu est conventionnelle? (2b: PVSV! 413,18"414,12)
comment inférer un signifié dès lors que ce qui naît de l!intention n!est que
phonèmes dénués de toute signification (K cite et critique $V s"p 14 et
21cd"23; voir APPENDICE B [PVSV! 413,27"414,10])?
151
Explication, PV! P308a3"5/D258a6"7 % PVSV! 414,19"21: yady ek"rtha-
niyamena samayak"ro "bhivyakti# karoti | tad" abhimata eva arthe karoti na
Traduction 251
i n c o m p a t i b l e [ a v e c c e q u e l ! o n escompte] est p o s s i b l e [ , s e l o n
la convention qu!on aura arbitr airement retenue afin d!ordon-
ner la parole à une et une se ule signification]. [PV I.228cd]
PVSV 114,10
Si maintenant, pensant éviter [ainsi] une incompatibilité
avec ce que l!on constate [empiriquement, notre adversaire admet
que] toutes [les paroles] sont expressives de toute [signification],
de même [lui faut-il nécessairement admettre que] tout [objet] ne
permet pas de réaliser tout [résultat] puisqu![il est de règle qu!]un
rapport de causalité [n!admet] pas de confusion.152 Cela posé (ta-
tra), d!où vient-il que, là où l!on escompte un objet [tel que le
ciel], dont le moyen de réalisation est [une entité bien] déterminée
(pratiniyata) [telle que l!agnihotra], l!auteur de la convention ne
révèle, d!une parole [pourtant] commune aux moyens de réalisa-
tion [respectifs] de tous les [effets] réalisables,153 que [l!objet] dési-
rable [en tant que c!est lui seul qui permet de réaliser un effet dé-
terminé tel que le ciel]?154 Non ordonnée [par elle-même à aucun
tv anyasmin eva viruddha iti na asti niyamas tata!! «Si celui qui fixe la
convention manifeste [la signification] en ordonnant [la parole] à une seule
signification, il n!y a [aucune] nécessité (niyama) à ce qu!il [la] fixe sur la
seule signification escomptée et non sur une autre, incompatible [avec ce que
l!on escompte]; donc"»
152
Au contraire du rapport signifié-signifiant, arbitraire et conventionnel, le rap-
port de causalité est fixe (pratiniyata): à telle cause correspond tel effet; les
causes ne sont pas arbitrairement et conventionnellement substituables les
unes aux autres. Voir aussi TS n°2659#2660, et TSP 711,11#15.
153
Traduction fondée sur PVSV! 415,9#10. PVSVt et PV! P308b3#4/D258b4
comprennent °s"dhyas"dhana° comme un dvandva: «parole commune à tous
les [effets] réalisables et moyens de réalisation.»
154
Il existe une entité telle que cette entité (1) permet de réaliser le ciel et (2) est
le référent du mot «agnihotra» (ou: «agni#$oma»). Or en niant toute percep-
tion du suprasensible (< buddhim"ndya), la M"m#$s# prive l!auteur de la
convention des moyens gnoséologiques d!identifier cette entité. D!où un
doute (sandeha, sa%&aya): lorsque l!auteur de la convention fixe, pour «agni-
hotra», une convention telle que «agnihotra» se réfère à un type donné
d!oblation biquotidienne au feu (l!agnihotra), qu!est-ce qui garantit que ce
rituel est bien ce qui permet de réaliser le ciel, et non quelque chose d!incom-
patible avec la réalisation du ciel (svargas"dhanaviruddh"rtha)? Le mot
252 Traduction
158
Explication, PV! P310a1/D259b5"6 = PVSV! 416,13: t!m api kalpayitv!
vyabhic!r!"a#k!y! aniv$tte% |. «Car même après l!avoir postulée, la crainte
d!une déviation n!est pas écartée.»
159
C!est-à-dire: soit un svabh!vahetu fondé sur un t!d!tmyalak&a'a% samban-
dha%, soit un k!ryahetu fondé sur un tadutpattilak&a'a% sambandha%. Dhar-
mak"rti rejette la première hypothèse dans PVSV 114,25"27 (selon PVV
370,1, l!hypothèse ne tient pas puisque ces natures sont réellement distinc-
tes); la seconde, dans PVSV 114,27"28 (selon PVV 370,1"2 et PV!
P310b6"7/D260a7"261b1, la parole se produit par la seule intention du locu-
teur, sans objet extérieur). Cette seconde hypothèse se divise en deux sous-
hypothèses: la signification consiste soit dans un contenu intentionnel, soit
dans un objet extramental. Dans les deux sous-hypothèses, le M"m#$saka
s!expose à l!impermanence de la parole. L!argumentaire développé dans et
sous PV I.229cd servira de fondement aux critiques postérieures de la con-
naissance verbale ("!bda) comme pram!'a autonome, chez %#ntarak&ita, Ji-
t#ri, Ratnak"rti et Mok&#karagupta: voir ELTSCHINGER 2003: 142"149.
160
Selon PV! P310a4"6/D259b7"260a1, deux conséquences inacceptables
(prasa#ga): si artha était la nature de "abda, "abda cesserait d!être "abda
("abdasvabh!vat!h!ni°); si "abda était la nature de artha, artha cesserait
d!être artha (gha(!disvabh!vat!h!ni°). Comparer PVSV! 416,17"18.
161
Explication, PV! P310a6"7/D260a2 = PVSV! 416,19"20: iti vy!v$ttibheda-
sam!"raye'a s!dhyas!dhanabhede !pi |. «C!est-à-dire malgré la différence
entre [propriété] à prouver et [propriété] probatrice, qui repose sur une [sim-
254 Traduction
166
Selon PV! P311a6$7/D260b5$6, PVSV! 417,19$20 et PVV 370,9$10, les
éléphants, après s!être baignés pour se laver de leur boue (pa!ka), s!asper-
gent à nouveau de boue. Afin d!écarter toute fausseté des énoncés védiques,
la M"m#$s# évacue l!homme, qu!elle tient pour cause de tromperie. Mais se-
lon Dharmak"rti, la signification $ vérité et fausseté $ est fonction de l!hom-
me qui passe les conventions arbitrairement. Se priver de l!homme revient
dès lors à se priver de signification. Pour autoriser une signification vraie au
Veda, le M"m#$saka doit s!accommoder de conventions et d!arbitraire hu-
mains, et partant, accepter le risque concomitant de fausseté.
167
PV! P311b6$7/D261a3$4: yul la sogs pa g"an du gyur pa bsam pa ji lta ba
b"in du ston pa ni mtho! ste | yul g"an la sogs pa la don g"an pa can gyi sgra
de ñid ni | yul [g"an] la sogs pa don g"an du ston pa dmigs pa!i phyir ro || de
bas na skyes bu rnams la !brel pa rag las pa med pa ma yin no ||. «Or on
constate que [la parole] notifie, avec un changement de lieu notamment, [une
signification différente] selon la [seule] intention [des hommes] (d#$%a& ca
de&'dipar'v#tty' yath'bhipr'ya( pratip'danamPVSVT 417,28$29). On observe en
effet que tels lieux et [époque] donnés (de&'ntar'di) présentent en telle signi-
fication donnée (arth'ntara) la parole même qui possède telle autre significa-
tion (arth'ntara) en tels autres lieux et [époques] (de&'ntar'di). La relation
n!est donc pas sans dépendre des hommes (tasm'n [na] puru$e$v an'yatta)
sambandha)PVSVT 417,29).» Sur ce point, voir PVin II.69,13$70,1/20*,31$21*,1,
ELTSCHINGER 1999: 53$55 et ELTSCHINGER 2003: 159$160 (avec n. 67). Le
thème apparaît également dans et sous NS II.1.56, dans et sous M"S% I.iii.10
256 Traduction
180
Selon PV! P314b3$4/D263a5$6 " PVSV! 421,8$10 et PVV 371,8$9, l!alté-
ration consisterait pour elles à passer d!une condition dénuée de relation avec
un objet donné, à une condition dotée de relation avec lui. Ce changement
(not. anyath!tva, PVV) leur vaudrait de perdre leur permanence (nityat!h!ni-
prasa"ga, PVV).
181
Selon les principes stipulant (1) qu!être un point d!appui (!#rayatva) consiste
à apporter une aide ou propriété supplémentaire (upak!rakatva); (2) que ce
qui a déjà été établi dans l!existence ne nécessite plus aucune aide (anupak!-
ryatva). Noter que selon PVSV! 421,19, la proposition justifie tadbh!v!yo-
ga.
182
De sorte que la présence de coopérants lui confère à un certain moment la ca-
pacité de générer la relation (PVSV! 421,23$24); afin donc d!éviter une pro-
Traduction 261
c!est-à-dire parce qu!il constate que quelque chose existe si telle [autre cho-
se] existe, ou par la maturation de l!imprégnation interne d!une pratique con-
ventionnelle de même type.» La deuxième possibilité est celle de PV!
P315b5/D264a3, toutefois sans équivalent de °vyavah!ra°.
190
C!est-à-dire, selon PV! P315b6/D264a4 = PVSV! 422,16, être munies d!u-
ne relation conceptuellement construite par les hommes (puru"opakalpita-
sambandhavat), et ce en vertu de leur habitude des pratiques conventionnel-
les (vyavah!r!bhy!s!t).
191
Selon PV! P315b7$8/D264a5 et PVSV! 422,18$19, Dharmak"rti cherchait à
montrer ici qu!une relation imaginée (buddhiparikalpita), au contraire de la
relation réelle (v!stava) postulée par l!adversaire, n!est pas incompatible (na
virudhyate) avec les entités permanentes que postule ce même adversaire.
192
Selon PV! P316a5/D264b1 = PVSV! 422,24$25, Dharmak"rti utilise cette
formule pour montrer que ce qui suit est de pure acceptation mondaine (pra-
siddhim!tra), rumeur sans fondement (nirvastuka).
Traduction 263
193
PV! P316a7/D264b2 = PVSV! 422,27 glosent k!tasya («produit») par si-
ddhasvabh"vasya, «d!une nature propre [déjà] établie [dans l!existence]».
Produite ou (déjà) établie, car permanente, elle précède l!hypothétique inter-
vention de son point d!appui supposé: cette entité est alors en quelque sorte
«déjà là».
194
Ou: «donc [on parle à bon droit de] prise d!appui», selon le second sens de
"#raya. PV! P316a8$b1/D264b3 glose en effet: d$os po la (b)rten, moins
ambigu que PVSV! 422,30, pad"rtha "#raya%, qu!on peut comprendre com-
me: «l!entité [est] point d!appui», ou comme: «s!appuie sur l!entité». Au fi-
nal, le sens est le même. Introduction de PVV 371,21$22: atha nityasya api
j"tisambandh"der "#raye&a abhivyaktilak'a&a upak"ra% kriyate | na ca abhi-
vyaktihetu% k"raka% | d(p"divad gha)"de% |. «Mais si le point d!appui apporte
une aide définie comme une manifestation à une [entité] telle que le genre ou
la relation[, et ce] malgré que [cette entité soit] permanente, et [si l!on suppo-
se que] la cause de la manifestation n!est pas un agent, comme une [chose]
telle qu!une lampe [n!est pas l!agent] de la cruche [qu!elle manifeste].» Sur
PVSV 117,1$16, voir pp. 189$196.
195
C!est-à-dire, selon PV! P316b1$2/D264b4 = PVSV! 423,8 = Vibh. 372n. 1,
grâce à leur situation dans un lieu adéquat (yogyade#"vasth"na).
196
C!est-à-dire, selon PV! P316b3/D264b5 " PVSV! 423,10$11, ne se produi-
sant pas comme convenant à produire une connaissance d!elles-mêmes. Il
faut comprendre: «ne pouvant se différencier sous l!action d!un révélateur»,
étant donné qu!elles sont permanentes. Les deux valeurs de vi#e'a («différen-
ce» et «propriété supplémentaire») %uvrent de concert: devenir différent en
tant qu!on obtient une propriété supplémentaire qualifiant à une fonction à
264 Traduction
202
Explications. (1) PV! P317a6"7/D265a5 = PVSV! 423,26: svavi!ayajñ"n"-
janan"n"# gha$"d%n"m, «des [choses] telles que des cruches qui ne génèrent
pas de connaissance d!elles-mêmes.» (2) PV! P317a7/D265a6 = PVSV!
423,26"27: i!yate ca gha$"d%n"# graha&am |. «Or on admet appréhender des
[choses] telles que les cruches.»
203
Explication, PV! P317b2/D265a7"b1 " PVSV! 424,11"12: vyatiriktasya hi
s"marthyasya kara&e na gha$"d%n"# ka'cid upak"ra( |. «Car si [les lampes]
produisent une capacité qui est indépendante [des cruches], elles n!aident au-
cunement les cruches, etc.»
204
C!est-à-dire, selon PV! P317a4/D265b2 = PVSV! 424,14, font leur une
nature (svar)pa) convenant à générer cette connaissance.
205
Explication, PV! P317b6/D265b3 = PVSV! 424,16"17: ava'ya# tadvi!a-
ya# jñ"na# bhavaty ato jñ"nava'ena |. «Une connaissance qui les a pour ob-
jets advient nécessairement; donc, du point de vue de la connaissance.»
206
PV! P317b8/D265b4"5: gdon mi za bar 'es pas gzu* bar bya ba ga* yin pa
de bskyed par bya ba yin du zin kya* gsal bya +es brjod do ||. «Ce que la con-
naissance appréhende nécessairement, on le dit #révélable# malgré qu!il s!a-
gisse [en réalité] d!un produit.» Comparer PVSV! 424,19. PV! P317b8"
318a1/D265b5 " PVSV! 424,19"20: yat tu na evambh)ta# tat k"ryam eva
ity ucyata ity eva# prasiddhyartha# vya*gy"( khy"pyanta ity artha( |. «Mais
ce qui n!est pas tel, on le dit simplement un #effet#; ainsi donc [est-ce] au
sens de ce qui est communément admis [qu!]on [les] dit #révélables#. Tel est
le sens [visé].»
266 Traduction
207
Selon PVSV! 424,24 et Vibh. 372n. 2, Dharmak"rti s!en prend maintenant
(jusqu!à PVSV 118,14 selon PVSV! 427,25"27) à la doctrine du tripram!-
"akasambandha développée par Kum#rila dans $V s!p 140"141 (voir pp.
127"128). Selon Kum#rila, la relation de capacité s!apprend perceptivement
dans l!interaction avec les adultes; inférentiellement en apprenant l!expres-
sivité (v!cakat!, abhidh!yakat!, etc.) des paroles; présomptivement en expli-
quant par cette relation une communication sinon inexplicable. Dans PVSV
117,17"118,14, Dharmak"rti va critiquer la perceptibilité (P
PVSV 117,17"25),
PVSV 117,26"118,13) et (selon le seul Kar%akagomin, voir n.
l!inférabilité (P
PVSV 118,14) d!une relation réelle (v!stava,
227, p. 271) la présumabilité (P
vastubh#ta).
208
PV! P318a5/D266a1 & PVSV! 424,26: pad!rthatray!lambanatvena sy!d
buddhicitrit! |. «Il devrait y avoir variété de [notre] connaissance en tant
qu!elle aurait trois entités pour supports objectifs.» PVV 372,14"15: tritaya$
d%&yeta | na ca 'k(yate |. «On percevrait trois [choses]. Or on ne [les] voit
pas.» Par «variété de la connaissance», il faut entendre que ces trois entités
devraient y apparaître ensemble comme objets.
209
PVSV 75,21"23 selon PV! P318a7"8/D266a3 = PVSV! 424,29"425,7: sva-
bh!vo hi svabh!v!n na tattvam anyatva$ v! la)ghayati | r#pasya atadbh#-
tasya anyatv!vyatikram!t | idam eva khalu r#pasya anyatva$ yan na tad.
«Das Wesen (svabh#va') überspringt nämlich in bezug auf ein (anderes)
Wesen nicht das Dies- oder Anders-sein ! Denn eine Form (r(pam), die
nicht dieses ist, kann nicht umhin, ein Anderes zu sein. Denn darin besteht ja
das Anderssein einer Form, daß sie nicht das(selbe) ist.» Traduction VETTER
1964: 107.
Traduction 267
210
C!est-à-dire, selon PV! P318a8$b1/D266a4$5 = PVSV! 425,10, comment
pourrait-elle être une nature séparée d!autre chose qu!elle (tadanyaviveki r!-
pam)? Il faut analyser tadanyavivekin comme: séparée du corrélat qui est au-
tre que cette relation (PVSV! 425,9: tasm"t sambandh"d anya# sambandh$
tato vivek[i]n["]).
211
Par rapport à un objet perceptible (pratyak%"d arth"t), selon PVSV! 425,10$
11.
212
PV! P318b4/D266a6$7 " PVSV! 425,13$14: yad yato bhedena na upala-
bhyate tat tato na anyat | yad yad d&'ya( san na upalabhyate [tat] tan na asti
iti y"vat |. «Tel est le sens: le x qui n!est pas perçu comme distinct de y n!est
pas autre que y; rien de ce qui n!est pas perçu malgré qu!il soit [censément]
perceptible, n!existe.»
213
C!est-à-dire, selon PV! P318b4$5/D266a7 " PVSV! 425,15$16: yad yato
!rth"ntaram abhyupagata( d&'ya( ca tasya tasm"d aviveke saty adar'ane ca
yadi viveka# satt" ca kalpyate |. «Si, alors [même] que le x qu!on admet [être]
chose différente de y et [être] imperceptible, n!est ni séparé de y ni perçu, on
conclut à [sa] séparation et à [son] inexistence.»
214
PV! P318b6$7/D266b1$2 " PVSV! 425,17$18: tath" hi d&'y"vivek"dar-
'ane !sy" vyavasth"y" nimitte | te ca avivek"bh"vayor na s"dhanam i%)e tad"
tadvyavasth" ucchidyate |. «C!est ainsi que la non-séparation et la non-per-
ception d!un perceptible sont les causes de cette détermination; or on ne les
accepte pas comme la preuve de la non-séparation et de l!inexistence; dès
lors cette détermination tombe.»
215
Bien qu!elle n!apparaisse pas comme séparée des visibles (r!pa), une faculté
telle que la vue n!en est pas moins indépendante (vyatirikta) des visibles
268 Traduction
sible], car étant donné que ce qui [reste] inétabli [sous sa forme
propre] ne notifie [rien], il s!ensuivrait qu!à partir de cette [relation
suprasensible], on ne connaîtrait pas [la signification].216 Si [l!on
admettait maintenant que, comme une faculté sensorielle, la rela-
tion] notifie [la signification] par [sa] seule présence, même des
[gens] non instruits [de la relation entre parole et signification] au-
raient [connaissance de ce que telle parole exprime telle significa-
tion].
PVSV 117,26
[De plus,] la connaissance [de la relation comme séparée
ne provient] pas d!une inférence, car on ne dispose pas d!un indice
[inférentiel susceptible d!en faire la preuve]217 "étant donné qu!il
n!est pas établi d!exemple#218: puisque [la relation] n!est pas moins
226
«Médiateté», ou «séquence». Explication, PV! P320b3$4/D267b7 " PVSV!
427,21$22: samprad!yas tata" #abdasya li$gatva% tasm!t sambandhaprat&tis
tato !rthasya praty!yanam iti kim anay! paramparay! |. «[D!abord,] un en-
seignement; grâce à lui, #indicialité% de la parole; grâce à cela, connaissance
de la relation; [et] grâce à elle, notification de la signification: à quoi bon
cette médiateté?» PV! sans équivalent de sambandhaprat&ti".
227
PV! P320b5/D268a1 " PVSV! 427,23$24: yena sambandho !para" kalpya-
te |. «De sorte qu!il [vous faille] postuler une autre relation.» PVSV!
427,25$27 lit ici une critique de la thèse selon laquelle la relation de capacité
serait connaissable par présomption (arth!patti); la critique de la doctrine
kum$rilienne du tripram!'aka" sambandha" (initiée avec PV I.236ab) serait
dès lors achevée: ata eva arthaprat&tyanyath!nupapatty! #aktisambandhakal-
pan! nirast! | #aktim antare'a sa$ketabal!d eva arthaprat&tisambhav!t | tena
sambandhas tripram!'aka iti yad ucyate tad ap!stam |. «[La démarche con-
sistant à] postuler par inconsistance, autrement, de [notre] compréhension de
la signification, une relation de capacité, est donc rejetée, car [notre] compré-
hension de la signification peut procéder de la seule convention, sans capaci-
té. Se trouve donc écarté ce qu!a dit [Kum$rila dans %V s!p 141, i.e.] que la
relation requiert trois moyens de connaissance valide (tripram!'aka) [pour
être connue].» Voir n. 207, p. 266; pp. 127$128; APPENDICE B (PVSV!
409,26$29).
228
Explications. (1) PV! P320b6/D268a1$2 = PVSV! 428,11: vivak(it!rthavi-
paryaye'a prayujyam!no na d)(*a" |. «Qu!on ne constate pas être utilisée de
façon contraire à la signification désirée.» (2) PV! P320b6$7/D268a2 =
PVSV! 428,11$12: etena anvayavyatirek!v uktau |. «Par là sont évoquées les
coprésence et co-absence [de l!intention et de la parole].» Sur le caractère in-
272 Traduction
238
Explication, PV! P322a7#8/D269a6 = PVSV! 430,10#11: na hi samban-
dh!bhimatasya anyasya ca pad!rth!ntare"a sambaddhatve ka#cid vi#e$o
!sti |. «Car si [les deux corrélats] sont liés par une entité distincte, il n!y a au-
cune différence entre ce qu!on tient pour la relation et autre [chose].» On
comparera l!argumentaire de SPV 269,15#20 contre le r%pa#le$alak$a"a&
sambandha&.
239
PV I.238a (et PVSV 119,13#17) vise la M"m#$s# (PV! P322a8/D269a6: re
'ig dpyod pa la); PV I.238b[d] (et PVSV 119,17#29) vise en priorité les
Grammairiens (Vibh. 374n1: vaiy!kara"!n!( var"!divyatirikta( pad!di ni-
rasyate |; voir aussi n. 248, p. 277). Sur la position m)m!(saka, voir pp. 182#
189; sur les positions spho*av!din, voir pp. 163#174. Dans PVV 373,6#
374,16, Manorathanandin présente un intéressant résumé de ces différentes
problématiques.
240
Par souci de clarté, j!ai lu vacan!+ga (glosé uktinimitta PVSV! 430,18) sur
le modèle du v!cakatv!+gatva de PVSV! 430,23.
241
Explication, PVSV! 430,19#21: pratyekam arth!pratip!dakatv!t | s!hity!-
bh!v!t | n!n!prayokt,prayuktebhya# ca arthapratipattyadar#an!d av!cak!& |.
«Ils sont inexpressifs, parce qu!ils ne notifient pas la signification pris cha-
cun individuellement, parce qu!il n!est pas d!association [possible pour eux],
et parce qu!on ne constate pas qu!on connaisse la signification à partir de
[phonèmes] articulés par plusieurs phonateurs.» K déploie ici contre le var-
"av!din l!argumentaire type du spho*av!din (sur les deux premiers argu-
276 Traduction
fiant [ne repose] pas sur eux!, car si elle reposait sur ces [phonèmes
inexpressifs], il s"ensuivrait qu"elle perdrait sa nature propre [de
cause de l"expressivité].242 [Objection:] [Ce sont] #les phonèmes
eux-mêmes243! [qui, utilisés] avec un ordre de succession particu-
lier, sont expressifs.244 [Réponse:] Non, car étant donné que l"ordre
de succession n"est pas chose différente [des phonèmes eux-mê-
mes], il ne [les] différencie pas;245 [et] puisqu"un [ordre de succes-
sion] consistant (°r!pa) dans les [phonèmes eux-mêmes] ne diffère
pas même en un ordre de succession différent, [notre] connaissance
[de la signification] devrait être la même [dans les séries phonéti-
ques «sara"» et «rasa"»].246 #Plus bas, nous réfuterons! aussi [l"hy-
247
Dharmak!rti rejette cette hypothèse dans PVSV 134,26$135,6 et PVSV
141,7$11. Sa critique de l!hypothèse précédente (kramasya var!ebhyo !nar-
th"ntaratvam) forme le gros de sa polémique contre le var!av"da de Kum"ri-
la, dans PVSV 135,7$141,7 (voir chapitre 6). PVSV# 431,21$434,15 insère
ici un long développement critiquant systématiquement $V spho#a 108$113
et 115$116, consacrées à différents modèles d!appréhension mentale et mné-
sique du mot sur la base du dernier phonème; PVSV# 434,16$19 cite VP
I.73 contre les M!m"%saka (sur ces différentes citations, voir APPENDICE B).
248
Introduction, PVSV# 434,20: samprati vaiy"kara!"n"$ var!"divyatirikta$
pad"di nir"kartum "ha |. «[Dharmak!rti] dit [ce qui suit] contre les Grammai-
riens, pour réfuter un mot, etc., séparé des phonèmes, etc.»
249
Explication, PV# P323a5$7/D270a2$3 = PVSV# 434,23$25: vyatireke bhe-
dena upalambha% sy"d d&'yasya | ad&'yatve !py av"cakatvam ag&h(tasya jñ"-
pakatv"yog"t | avyatireke !pi var!avad eva av"cakatvaprasa)ga% |. «S!il [en]
est séparé, on devrait [le] percevoir comme distinct[, lui qui est] perceptible.
Même s!il n!est pas perceptible, il est inexpressif, car ce qu!on n!appréhende
pas ne saurait [rien] notifier. Et s!il [en] est séparé aussi, il s!ensuivra qu!il
est aussi inexpressif que les phonèmes.»
250
PV# P323a7/D270a3 explique tasm"t et opère ainsi la transition: ga) gi
phyir de ltar yi ge rnams las tshig la sogs pa tha dad pa da) tha mi dad pa
"gal ba de bas na | tshig la sogs pa d)os por gyur pa ma yin no ||. «Puisqu!il
en est ainsi[, c!est-à-dire puisque] le mot, etc., [qu!il soit] séparé ou non des
phonèmes, est incompatible [avec l!expressivité], le mot, etc., n!est donc pas
réel.» La démarche est récurrente: une entité réelle peut être a ou ~a; si elle
n!est ni a ni ~a, elle est irréelle.
251
(1) Selon PV# P323b2$3/D270a5$6 et PVSV# 435,3$4, une connaissance
278 Traduction
être ni un ni multiple.252 En effet [le mot] n!est pas un, car [un mot
un] ne saurait être appréhendé de façon successive par une con-
naissance qui est multiple [en tant qu!elle appréhende une série de
phonèmes].253 Mais une seule [connaissance] ne peut l!appréhender
[non plus], parce que [c!est] par une série de phonèmes [qu!on
254
Deux introductions: selon PV! P323b7$8/D270b2$3, si plusieurs connais-
sances ont passé à l!achèvement d!un seul phonème (ekavar!ani"pattik#le),
combien plus après plusieurs! Selon l!adversaire de PVSV! 435,21, un mot
d!un seul phonème (ekavar!ar$pa) sera appréhendé par une seule connais-
sance.
255
Dans PVSV! 435,22$28, K critique l!indivisibilité du phonème professée
dans "V spho%a 10$11ab: voir APPENDICE B (PVSV! 435,25$27), et pp.
182$189.
256
Selon PV! P323b8$324a1/D270b3$4 et PVSV! 436,5$6, l!adversaire iden-
tifie maintenant la durée de l!instant à celle de l!appréhension du mot (pad#-
digraha!a, "), ou à celle de l!achèvement d!un phonème (var!ani"patti, K):
ainsi une connaissance unique appréhendera-t-elle un mot (d!une seule syl-
labe, K).
257
Sur cette doctrine sautr#ntika d!inspiration jainiste (qui reparaît dans PV
III.496ab: voir VETTER 1964: 17), voir VON ROSPATT 1995: 102$103, LA
VALLEE POUSSIN 1931$1932n. 5 et 1980: III.177$178n. 6. PV! P324a2/
D270b4 # PVSV! 436,6$7: y#vat# k#lena eka& param#!u& param#!vanta-
ram atikr#mati t#vatk#latv#t k"a!asya |. «Car un instant dure autant de temps
qu!il en faut à un seul atome pour passer un intervalle atomique/un autre ato-
me.» Le sens de param#!vantara n!est pas clair (LA VALLEE POUSSIN 1931$
1932: 5: «On doute si a!vantara signifie $un autre atome&; plutôt $l!inter-
valle, l!étendue d!un atome&.») Quoi qu!il en soit, franchir un intervalle ato-
mique ou franchir (l!espace occupé par) un autre atome me paraissent con-
ceptuellement équivalents. Ce qui seul compte ici, c!est l!insécabilité/indivi-
sibilité de l!instant.
258
Explication et transition, PVSV! 436,12$13: tasm#n na ekavar!ar$pa'
padam ekabuddhigr#hyam | na apy anek#tmakam ekapada' sm(tigr#hyam |.
«Donc [même] un mot ayant la nature d!un seul phonème n!est pas appré-
hendable par une seule connaissance, pas plus [d!ailleurs] qu!un mot unique
280 Traduction
271
Introduction, PV& P326a6#7/D272b3 = PVSV& 438,19#20 (Vibh. 375n. 3):
ki$ punas tasya eva$vadata% prajñ#skhalitam | yasm#d ida$ s#dhanam asi-
ddham anaik#ntika$ ca |. «Mais pourquoi y a-t-il déchéance intellectuelle de
qui s!exprime ainsi? Parce que cet argument est à la fois inétabli et inconclu-
sif.» Dans PVSV 120,15#121,1, Dharmak'rti critique la raison «kartur asma-
ra&#t» comme inétablie (parallèle avec MHK IX.26cd dans ELTSCHINGER
1997: 1097#1098; avec (V v#kya 367cd#368, pp. 150#152); dans PVSV
121,2#6, Dharmak'rti en critiquera l!inconclusivité.
272
Sur les !"i dans le contexte du bouddhisme, voir ELTSCHINGER 2000: 44#46.
Il est possible que le motif de Hira%yagarbha (vidh#t!, PVV 375,4) comme
auteur des Veda remonte à la '(k# (perdue) de Pra$astap#da à la Ka)and(
(voir ELTSCHINGER 1997: 1099n. 17, et BRONKHORST 1996). Voir aussi pp.
150#156.
273
Explication, PV& P326b2/D272b5 = PVSV& 438,24#25: tata% siddhahetu%.
«Donc la raison logique [)parce qu!on ne s!en rappelle pas l!auteur$] est [bel
et bien] établie.» Ici, deux erreurs majeures selon la M'm#*s#: d!abord, les
!"i sont les explicateurs (pravakt!) et non les auteurs des recensions (*#kh#)
qui portent leurs noms (M'S+ I.i.30 et dépendances); ensuite, les revendica-
tions théistes dérivent d!arthav#da erronés ((V v#kya 367d#368): voir en gé-
néral pp. 150#152.
274
Selon PV& P326b5/D272b7 = PVSV& 439,7, en disant: «Vous mentez, vous
n![en] êtes pas l!auteur!» (mithy#v#do yu"m#ka$ na y+ya$ pra&et#ra iti).
Mêmes argument et exemple dans NM 573,14#15, 580,9#10 et 580,15.
284 Traduction
275
Telle est la position de Kum"rila: on ne peut arguer de l!incréation sur le mo-
dèle de M!S$ I.i.30 (i.e. en expliquant "khy" par pravakt#tva et non par
kart#tva) que là où la tradition autorisée n!a pas conservé le ferme souvenir
d!un auteur (d#$hakart#sm#ti, kart#sm#tid"r$hya). Partout ailleurs (compren-
dre: en tout autre cas que le Veda), cet argumentaire est illégitime. Voir pp.
152"156.
276
Puisque kartur asmara%am est le critère d!acceptation comme incréé et qu!il
vaut également du Kum"rasambhava (PV% P326b7/D273a1"2 & PVSV%
439,9"10), ce dernier doit être accepté comme incréé. On ne peut donc annu-
ler par ce qui est accepté la proposition affirmant que le Kum"rasambhava
est incréé.
277
Explication, PV% P327a3"4/D273a4"5 = PVSV% 439,16"18: tath" hi veda-
sya apauru&eyatv"bhyupagame kartur asmara%a' pram"%am uktam | tatra ca
anantaram ukto do&a ity apram"%ik" iyam i&(i) |. «C!est ainsi que [l!avocat
du Veda] a proposé le non-souvenir d!un auteur comme moyen de connais-
sance valide pour admettre l!incréation du Veda; or nous venons de dénoncer
la faute affectant ce [critère]; aussi cette acceptation était-elle [auparavant]
sans moyen de connaissance valide.»
278
Explication, PV% P327a7"8/D273a7 & PVSV% 439,22"23: yo hy ayuktigr"h*
sa sarvatra tath" eva pravartat"m | kim iti kvacit pram"%"vat"ra%ena "tm"-
na' du)khayati iti samud"y"rtha) |. «Le sens général est: car celui qui adhè-
Traduction 285
[le Veda comme incréé que l!avocat du Veda] n!est pas annulé par
ce qui est accepté [lorsqu!il refuse un auteur au Veda], de même
[en ira-t-il] pour une [personne] autre que le [M!m"#saka lors-
qu!elle refuse un auteur au Kum!rasambhava]: donc [nous n!en-
courons] pas le reproche [d!une annulation par ce qui est accepté
lorsque nous refusons un auteur au Kum!rasambhava]. Et sans
constater ni que de tels arguments [en faveur] de l!incréation279 dif-
fèrent pour des énoncés [considérés comme créés ou comme in-
créés], ni que les propriétés [qui sont celles] d!effets280 [diffèrent
selon que les énoncés sont ordinaires ou védiques], le [M!m"#sa-
ka] accepte [néanmoins] dans un cas[, celui de la parole védique,]
une différence [qu!il définit comme une incréation, mais pas dans
l!autre]: ainsi sa démarche est-elle strictement sans fondement.281
PVSV 121,2 282
On constate de plus [qu!il est des paroles, telles «va"e
va"e vai#rava$a»,] qui [d!une part] ont vu s!interrompre l!ensei-
gnement [relatif] à [leur] composition, et [qui d!autre part ont été]
produites.283 [Objection:] Ceux qui s![y] efforcent voient [que] ces
re sans raison se doit de procéder ainsi en tout point; pourquoi donc se tortu-
rer soi-même avec l!introduction, sur un certain point, d!un moyen de con-
naissance valide?»
279
C!est ainsi que le non-souvenir d!un auteur vaut, au même titre que des énon-
cés védiques, de nombreux énoncés créés dont les auteurs appartiennent à
des époques depuis longtemps révolues (cirak!l!t%takart&ka, PV$ P327b4"
5/D273b3"4 % PVSV$ 439,30"440,7). & et K prêtent donc à Dharmak!rti un
argumentaire voisin de celui du Naiy"yika de &Bh sous M!S' I.i.5/I.63,4"5
(F42,20): voir pp. 145"148 et n. 7, p. 147.
280
A savoir des propriétés telles qu!obéir à des concomitances positive et néga-
tive avec l!homme (puru'!nvayavyatirek!nuvidh!yitv!daya(, PV$ P327b6"
7/D273b4"5 = PVSV$ 440,8"9).
281
Explication, PV$ P328a1"2/D273b6"7 % PVSV$ 440,10"11: na ki)cid
abhyupagame s!dhanam asti iti. «Étant donné qu!il n!est aucun argument à
[son] acceptation.»
282
Selon PV$ P328a2"3/D273b7 % PVSV$ 440,12, Dharmak!rti ouvre ici sa
critique de l!inconclusivité (anaik!ntikatva) de l!argument «kartur asmara-
PVSV 121,2"6).
$!t» (P
283
Selon PV$ P328a4"5/D274a2 % PVSV$ 440,14"15, l!expression vicchinna-
286 Traduction
PVSV! 443,23 et PVSV! 443,25"444,9 (qui cite trois kk. de Kum"rila: voir
APPENDICE B). Dharmak#rti s!en prendra aussi, dans PVSV 122,24"123,3, au
hetu «puru"atv!t» (voir APPENDICE B, mêmes références). Les critères diffé-
renciateurs discutés dans PVSV 123,8"14 (vedatva) et 123,14"124,26 (man-
tratva) tombent, d!un point de vue logique, sous la même critique générale.
304
PV I.243 fait l!objet d!une explication alternative dans PVSV! 444,13"16, et
pour partie (k!ryas!m!nyadar#an!t), dans PV! P331b5"6/D276b4"6.
305
Explications. (1) PVSV! 444,17: ad$"%ahetutv!t, «car on n![en] voit pas la
cause.» (2) PV! P331b7/D276b6: bskyed pa!i bye brag ma mtho& ba can,
«dont on ne voit pas la naissance spécifique.» J!allège ci-après la traduction
«feu d!un voyageur» en: «feu de camp». L!argument discuté parodie évidem-
ment celui de $V v!kya 366.
306
Explication, PVSV! 444,22"23: jv!l!p'rvakapathik!gnisth!ne "pi, «même
là où le feu de camp [fut effectivement] précédé d!une [autre] flamme»
(comparer PV! P332a4"5/D276a3: da ltar ba!i !gron pos bta& ba!i me!i gnas
su m&on par !dod pa la ya&). Dans PVSV 122,17, Dharmak#rti cite cette ob-
jection; là, les commentateurs s!accordent à expliquer anyatra api par jv!l!-
rahite "pi prade#e, «même en un endroit dénué de flamme» (PV! P333b2/
D278b3 = PVSV! 446,12"13). Si Hira%yagarbha avait récité le Veda après
l!avoir composé lui-même, d!autres personnes aujourd!hui encore pourraient
réciter le Veda après l!avoir composé elles-mêmes.
292 Traduction
bien [en être] autrement de [la nature que vous prêtez au feu, celle
de ne] s!originer [qu!]à une [autre] flamme; ainsi, puisque [ces]
deux propriétés [non incompatibles] sont possibles d!une seule [et
même] chose[, le feu en général,] il ne peut se faire que le feu de
camp, ou autre chose [comme la récitation védique], soient ordon-
nés à une seule [parmi ces propriétés]: on suspecte donc la spécio-
sité de cet (tatra) [argument].307 On dit [en effet] que même l!oc-
currence de deux propriétés mutuellement exclusives n!est pas in-
compatible s!agissant de l!universel d!une entité, mais [qu!elle
l!est] d!un particulier de condition spécifique, car il est contradic-
toire qu!une essence indivise soit [à la fois] telle et non telle. Or
[s!agissant] du feu de camp [en général], les naissances dues à la
flamme et à autre chose ne sont pas [l!une à l!autre] dans un rap-
port d!annulation réciproque, car ce [feu] n!est pas impossible sans
s!originer à une [autre] flamme. D!un feu de camp tel [qu!on l!a vu
naître d!une autre flamme], on peut [légitimement] dire qu!il s!ori-
gine à une [autre] flamme[, mais] pas de tout [feu indifféremment],
parce qu!on ne peut y308 dénier la différence [qu!y fait la friction du
307
Explication, PV! P332b2"5/D277a7"b2: !don par byed pa la sogs pa skyes
bus ma byas pa ñid du sgrub par byed pa!i gtan tshigs ni !khrul pa yin te |
!gal ba med pa!i phyir ro || rig byed !don par byed pa ya! yin la | rig byed
!don par byed pa!i s!on du so! ba can ya! ma yin no "es bya ba ga! yin pa
!di la !gal ba ci "ig yod de | dper na da ltar ba dag bdag ñid rtsom par [ mi]
byed la tsha!s pa la sogs pa ya! byed pas gcig la so sor !es pa yod pa ma yin
pa lta bu da! dper na me !ga! "ig me s!on du so! ba can yin la | !ga! "ig
gtsub #i! gtsubs pa s!on du so! ba can yin pas na gcig la so sor !es pa [yod
pa ma yin pa] lta bu!o ||. «Une raison [logique] telle que la récitation [du
Veda, censée] prouver l!incréation, est spécieuse, faute d!une [quelconque]
incompatibilité [entre les deux propriétés]. Quelle incompatibilité y a-t-il [en
effet] à être à la fois récitation du Veda et non précédé d!une [autre] récita-
tion du Veda? [Aucune.] Par exemple, il n!y a pas de limitation à une seule
[propriété dans le cas de la récitation védique] puisque les gens d!aujourd!hui
[ne] composent [pas le Veda] alors qu!une [divinité] telle que Brahm"[, elle,
l!a] fait; par exemple, [il n!y a pas de] limitation à une seule [propriété dans
le cas du feu] puisqu!un certain feu est précédé d!un [autre] feu alors qu!un
certain [autre] feu est[, lui,] précédé de la friction du bois d!allumage.» Com-
parer PVSV! 445,9"11.
308
Explication, PV! P333a7/D278a1 = PVSV! 446,9: tatra hetubhedabhinne
Traduction 293
ble dès lors que les hommes [erronément tenus pour avoir composé
le Veda, Brahm! notamment,] étaient tout à fait incapables [de le
faire] eux aussi, à l!exemple des hommes d!aujourd!hui [qui s!en
révèlent incapables]? [Réponse:] Étant donné que dans ce [raison-
nement] non plus, nulle constatation [n!est faite] d!une [quelcon-
que] incompatibilité entre la capacité [de composer le Veda] et [la
propriété d!être] un homme,316 [ce] raisonnement de non-percep-
tion où se trouve affirmé [quelque chose qui n!est] pas incompati-
ble, n!est pas concluant317: [nous avons] en effet [déjà] dit que s!a-
gissant d![entités] suprasensibles [telles que Brahm!], on ne [peut]
connaître d!incompatibilité.318 Et ce [raisonnement-ci] ne diffère
pas du raisonnement précédent [sous le rapport de son caractère in-
(puru!"ti#aya) telle que ses capacités cognitives (#akti, not. pratibh") aient
pu la rendre capable de composer (kriy") le Veda. Sur ce point, voir pp. 148"
150, et ELTSCHINGER 2001a: 105.
316
Explication, PV" P334b6/D279b2 = PVSV" 447,14"15: tata# ca brahm"di-
!u puru!atva$ hetutvena uktam aviruddhatv"n na vedakara%a#aktim apana-
yati |. «Et donc dans le cas de Brahm!, etc., [la propriété d!]être homme invo-
quée en tant que raison [logique] n!exclut pas [le moins du monde] la capaci-
té de composer le Veda, car [les deux propriétés] ne sont pas incompatibles.»
317
Sur ce point, voir PVSV 5,9"21 (# PVin II.60,3"61,2/12*,32"13*,17), et no-
tamment PVSV 5,11"12: aviruddhasya vidhau sahabh"vavirodh"bh"v"d
aprati!edha& |. «[Bejaht man] etwas Nichtwidersprüchliches, liegt keine Ver-
neinung vor, weil der Widerspruch beim miteinander Vorkommen [des Ver-
neinten und Bejahten] fehlt.» Traduction STEINKELLNER 1979: 53. L!adver-
saire voudrait nier #akti en affirmant puru!atva; or il n!y a pas de négation en
posant/affirmant ce qui n!est pas incompatible. Deux possibilités d!analyse
du possessif aviruddhavidhi, selon PV" P334b7"8/D279a3"4: comme vya-
dhikara%abahuvr'hi (g(i tha dad pa!i !bru ma) po); comme sam"n"dhikara-
%abahuvr'hi (g(i mthun pa!i !bru ma) po). Voir KALE 1988: §§246sq.
318
C!est-à-dire, selon PV" P335a2"4/D279a5"6 et PVSV" 447,18"20, aucun
des deux types d!incompatibilité: ni contrariété (sah"navasth"na, car on
ignore si Brahm! et capacité sont contraires puisqu!ils sont suprasensibles),
ni contradiction proprement dite (parasparaparih"rasthiti, car on ne peut y
reconnaître de contradiction entre capacité et non-capacité, ou entre homme
et non-homme). Sur ces deux types d!incompatibilité, voir STEINKELLNER
1991: 316n. 32.
296 Traduction
Selon PVSV! 448,13$14, cette personne doit montrer «que telle (!d"#a) est
la nature propre des [paroles ordinaires] qui ont pour cause les organes pho-
natoires, etc., autre (any$d"#a) la nature propre des [paroles védiques] qui ne
les ont pas pour cause» (t$lv$dik$ra%$n$m !d"#a& svabh$vo !tatk$ra%$n$m
any$d"#a& svabh$va iti).
324
Il est difficile de déterminer le sens de ce tad$tm$. PV! P335b7/D279b6 pa-
raît gloser de da' mtshu's pa"i ra' b(in can (*tatsam$nasvabh$va&), peut-
être de"i rgyu can gyi ra' b(in (*tatk$ra%asvabh$va&?). On comprendrait
alors: «sera d!une nature semblable à celle [qui naît de cette cause]», ou «au-
ra pour nature d!avoir ceci pour cause» (t$lv$divy$p$ra?). Explication, PV!
P335b7$8/D279b6$7: sgra thams cad skyes bus byas par "gyur ba"am "ga"
(ig kya' ma yin no (es bya ba"i don to ||. «Le sens [visé par Dharmak"rti est le
suivant]: Toute parole serait de création humaine, ou aucune[, pas même la
parole ordinaire, ne le serait].» Voir PVSV! 448,16 (sarva& #abda& pauru)e-
ya& sy$n na v$ ka#cil laukiko !pi).
325
Selon PVSV! 448,17$18 (atra jagati), mais noter PV! P335b8$336a1/
D279b7$280a1: "gro ba "di la"am sgra"i sbyor ba "di la, «dans cet univers,
ou dans l!usage des paroles (*#abdaprayoge v$).»
326
Diversité de nature qui permettrait de poser (vyavaSTH*) les premiers com-
me de création humaine, les seconds comme incréés (PV! P336a1/D280a1).
Voir n. 294, pp. 288$289.
327
Explication, PV! P336a5$6/D380a3$4 # PVSV! 448,24$25: pauru)eyatu-
lyadharmakasya vedasya apauru)eyatva+ vadan vyabhic$ryata iti y$vat |.
«Le sens [visé est le suivant:] Spécieux [l!argumentaire de] qui professe l!in-
création d!un Veda qui possède [pourtant] les mêmes propriétés que les [é-
noncés] ordinaires.» En lieu et place de vyabhic$ryate, PV! porte brdzun du
smra ba can du "gyur ro.
298 Traduction
da]. [Réponse:] Certes elle existe,328 [et] pas seulement entre eux,
mais aussi entre [tel] Pur!"a des #i"$ika329 et [tel] autre [Pur!"a
composé par une autorité supposée]. Or révélant [aux fins de la
328
Selon PV% P336b1!2/D280a6!7 & PVSV% 448,28, une telle différence exis-
te mais ne prouve pas que les énoncés ordinaires et védiques sont respective-
ment créés et incréés, car"
329
L#identité de ces !i"!ika (tib. kha bya) est mystérieuse. (1) Les deux occur-
rences de !i"!ika chez Dharmak'rti (P PVSV 123,10 et HB 6*,24) sont glosées
par nagn#c#rya; mais là où les v. tib. de Vin'tadeva et de Arca(a rendent (lit-
téralement) gcer bu ba!i slob dpon (suggérant à STEINKELLNER 1967: 109n.
II.41 que les !i"!ika sont des [Digambara-]Jaina), celles de PV% (P336b3/
D280a7!b1) rendent lo rgyus mkhan, «versé dans l#/les histoire(s)» (MMW
525b et SCHMIDT 1991: 225c rendent nagn#c#rya par «barde», ce qui me pa-
raît établir que lo rgyus mkhan rend nagn#c#rya). (2) Rien n#assure à mes
yeux que ces !i"!ika soient des (Digambara-)Jaina. Les !i"!ika du Pratijñ#-
yaugandhar#ya"a ressemblent fort à des ascètes )ivaïtes (corps frottés de
cendre, bâton, marque sectaire [tri]pu"!ra[ka]); ceux de B$hatkath#%loka-
sa&graha XVIII.202sq sont explicitement dits des P!)upata; ceux de P#da-
t#!itaka 4c semblent des experts dans l#art de la «pleasantry» (vinarmaka-
l#vidagdha); ceux de B$hatkath#%lokasa&graha XVII.96(!97) s#apparentent
plutôt à des colporteurs (de rumeurs); sur ces différentes références, voir
SCHOKKER 1966: 143!144 (et aussi WARDER 1977: §§1166 et 1445). De ces
sources ressort une représentation ambivalente: aspect terrifique et «rogue»
d#un côté, ridicule et plaisantin de l#autre (cette ambivalence préside égale-
ment à la représentation du K!p!lika dans le théâtre sanskrit: voir LORENZEN
1991: 48!62 et passim). (3) Le groupe visé par «!i"!ika» doit présenter un
minimum d#homogénéité socio-religieuse: toute catégorie sociale ne compo-
se pas de Pur!"a, toute n#a pas de svaya' vyavah#r#rtha' svaprakriy# (voir
n. suivante); en même temps, ce groupe paraît plutôt insignifiant, «vilain»,
sans notoriété, presque anonyme (sinon collectivement par «!i"!ika»); en
atteste peut-être l#explication de *!kyabuddhi (ibid.), qui au !i"!ikai( k$ta'
pur#"am (= PVSV%, ibid.) oppose un *#pt#bhimatena k$tam [itara' pur#-
"am]. (4) Mon imagination me suggère la représentation suivante des !i"!i-
ka: des religieux mendiants (les «Bettler» de STEINKELLNER 1967: 41), «gue-
nilleux» (LACOTE sur !i"!ika/!i"!in, dans SCHOKKER 1966: 143) méprisa-
bles qui sont (sinon présentent l#aspect) des ascètes )ivaïtes (SCHOKKER
1966: 144 se risque à l#hypothèse de [Lakul')a] P!)upata [du pays L!(a]), et
dont (une part de) la subsistance pourrait provenir d#une activité de «storytel-
lers» (s#il ne s#agit pas là pour eux d#un simple penchant).
Traduction 299
330
Le contexte immédiat (les Pur!"a), les v. tib. (lo rgyus) et MVy 1445/
LXVI.15 (où prakriy! = lo rgyus figure dans la rubrique des catégories tex-
tuelles/genres littéraires), me suggèrent de comprendre prakriy! au sens de
«récit d!origine», «histoire» (voir aussi PVA 328,4; cf. l!emploi BHS de pra-
k"ti au sens de «histoire», «événement»). Skt. prakriy! note uniformément un
processus dérivatif/évolutif, engagé à partir d!un élément/principe initial, et
supposé expliquer un fait, état ou événement (souvent actuel). D!où l!emploi
grammatical (prakriy! note les opérations par lesquelles le grammairien déri-
ve, à partir de bases [prak"ti] et suffixes [pratyaya] notamment, les différents
mots [voir p. ex. TV sous M#S$ I.iii.24/II.206,19, TV sous M#S$
I.iii.27/II.216,19 et II.226,19]); l!emploi métaphysique/cosmologique (%
processionnisme, dans VP I.1 et TV sous M#S$ I.iii.2/II.81,11#12); peut-être,
un emploi «scientifique»/heuristique (VP II.233, où entendu selon son con-
texte proche, prakriy! note les opérations/dérivations grammaticales expo-
sées dans les #!stra grammaticaux, et entendu plus largement [avec VPV2,
voir HOUBEN 1997: 325#326, et RAMSEIER 1994: 1364#1365], paraît viser
les procédures logico-argumentatives par lesquelles les différents #!stra déri-
vent leurs conclusions).
331
(A) Dans cette objection, le M#m!&saka semble poursuivre trois objectifs
concomitants: (1) présenter une différence de nature propre entre énoncés vé-
diques et ordinaires (i.e. l!efficacité magique de la parole védique; voir TS
n°2787#2789); (2) montrer que l!incapacité à faire des mantra efficaces im-
plique l!incapacité de composer le Veda; (3) donc établir la vy!pti entre les
propriétés ved!dhyayanatva et ved!dhyayan!ntarap$rvakatva (voir supra,
PVSV 122,24#25, et n. 315, pp. 294#295). Dans PVSV 123,14#124,26,
Dharmak#rti donne un premier aperçu de sa position sur les mantra (qu!il dé-
300 Traduction
qui leur sont propres] font aujourd!hui même des mantra [capables
d!éliminer le poison]; parce qu!on voit des mantrakalpa qui ne sont
pas védiques[, mais] bouddhiques[, jainistes, g!ru"a ou m!he#va-
ra] notamment,335 et que ceux-ci sont de facture humaine.336 PVSV
123,24 337
Si [l!on postule que ces mantrakalpa non védiques sont] eux
aussi incréés, comment dès lors [tout énoncé] incréé [pourra-t-il
être] véridique? C!est ainsi que dans deux mantrakalpa, [l!un] bou-
ddhique et [le second] autre [que bouddhique], des [pratiques] tel-
les que violence [aux êtres], accouplement ou contemplation du soi
sont présentées [tantôt] comme des causes d!infélicité et [tantôt] de
mes qui possèdent des qualités telles que la véracité ne sont pas même seuls à
faire des mantra. La science des !abara en matière de mantra à vocation toxi-
cologique réapparaît dans le commentaire de Hel"r"ja sous VP III.iii.35 (voir
HOUBEN 1995: 250 et 372). Selon AKVy 326,4"5, les !abara habitent les
monts Vindhya.
335
Le composé mantrakalp!n!m est analysé mantr!$!% mantrakalp!n!% ca/
s&ags da& s&ags kyi rtog pa dag (PV# P337b1/D281a3 $ PVSV# 449,25).
Par mantra, il faut entendre des «syllabes de science magique» (vidy!k'ar!$i
mantr!(, PVSV# 449,25"26; comparer PV# P337b1"2/D281a3). Par kalpa,
il faut entendre des #uvres enseignant les règles permettant la réussite des
mantra (tats!dhanavidh!nopade#! mantrakalp!(, PVSV# 449,26 = PV#
P337b2/D281a3"4). Sur ces définitions et attributions, voir ELTSCHINGER
2001a: 27"34 et 45"62, à quoi on ajoutera, pour des définitions alternatives
du kalpa, K!vyam)m!%s! II.6 (GONDA 1977: 467n. 8) et TV sous M%S&
I.iii.11/155,8"18 (JHA 1998: I.224), et pour l!attribution de mantra (plus ou
moins) efficaces à diverses dénominations confessionnelles, TV sous M%S&
I.iii.4/II.112,17"2: Kum"rila trouve des mantra dans des #uvres (grantha)
s!&khya, yoga, p!ñcar!tra, p!#upata et #!kya (i.e. bouddhistes). Dans ce qui
suit, il est pratiquement impossible de déterminer si mantrakalpa vaut du
composé (i.e. s&ags da& rtog pa) ou de son seul second membre (i.e. s&ags
kyi rtog pa), malgré que PVSVt rende toujours mantrakalpa par s&ags da&
rtog pa.
336
Explication, PV# P337b3/D281a4 = PVSV# 449,28: tasm!n na laukikebhyo
vaidik!n!% svabh!vabheda( |. «La nature des [énoncés/mantra] védiques ne
diffère donc pas de celle des [énoncés/mantra] ordinaires.»
337
PVSV# 449,29 (tatra ity!di para() ouvre ici une objection qui ne se clôt ja-
mais; PV# P338a1/D281b1 referme sur PVSV 123,25 (sy!t |) une objection
qui ne s!est jamais ouverte. Je ne tiens pas PVSV 123,21"25 (tatra ! sy!t |)
pour une objection.
302 Traduction
338
Selon l!introduction de PV! P338a1"2/D281b1"2 " PVSV! 450,14"15,
l!adversaire pourrait prêter aux mots du mantrakalpa bouddhique une signifi-
cation autre, non communément établie: ne se disant pas de la même chose,
les deux mantrakalpa bouddhique et védique ne seraient plus mutuellement
contradictoires.
339
Selon MSm# VIII.109, on recourt à l!ordalie ("apatha; divya dans NSm#)
dans les affaires sans pièces ni témoins (as!k#ika); selon NSm# I.253, l!or-
dalie sert à établir la vérité dans le cas d!une affaire douteuse (sandigdha),
permet de discerner le vrai du faux (saty!n$tavi"uddhaye) par intervention
surnaturelle. Sept types d!ordalie chez N$rada (cinq chez Y$jñavalkya II.95,
MSm# VIII.113"115 ambiguë): par la balance (tul!/dha%a), par le feu (agni),
par l!eau (udaka), par le poison (vi#a), par la libation sacrée/absorption d!eau
consacrée (ko"a[p!na]), par le riz (ta&'ula) et par les pièces d!or brûlantes
(taptam!#aka): sur le ko"ap!nadivya, voir SHASTRI 2002: 143"144 et KANE
1973: 373"374. C!est là une manière de montrer, selon PV! P337a7"
8/D281b5"6 et PVSV! 450,22, qu!on ne dispose d!aucune argumentation ra-
tionnelle (yukti) pour établir que les mantra védiques sont des mantra tandis
que les mantra bouddhiques n!en sont pas.
340
Introduction, PV! P338a8/D281b6 " PVSV! 450, 22"23: d$#%aviruddha( ca
etad bauddh!dayo na mantr! iti | tath! hi! «Que les [mantra] bouddhiques,
etc., ne soient pas des mantra, contredit en outre ce que l!on constate [empiri-
Traduction 303
produisent [eux] aussi des [effets] tels que l!action [magique] con-
tre le poison: [aussi leur] dénie-t-on à eux aussi [la qualité] de
n!être pas des mantra.341 342[De plus, quoique] non syllabiques, les
gestes rituels [de la main], les diagrammes concentriques et les
concentrations psychiques343 produisent [eux] aussi des actions
[magiques telles que l!élimination d!un poison]. Or il est faux que
ces [gestes rituels, diagrammes concentriques et concentrations
psychiques] soient incréés [et] permanents. 344[Et] s!il [leur] est
possible de produire ces [gestes, diagrammes et concentrations],
qu!est-ce qui interdit à des hommes [exceptionnels] la composition
de syllabes [qu!est un mantra]? Il n!est donc rien que ces [hom-
345
Explication, PV! P339a3"4/D282a6"7 " PVSV! 451,12: yena puru!e"a
ak#tam ati$ayam upalabhya laukikebhyo vaidik%n%& svabh%vabheda' kalpye-
ta |. «De sorte qu!ayant perçu* une propriété supplémentaire qui n!est pas le
fait de l!homme, on puisse postuler que les [paroles] védiques ont une nature
propre différente [de celle] des [paroles] ordinaires.» *PV! porte ñe bar
bstan pas, peut-être *upalak!ya.
346
Exemple, PV! P339a8"b2/D282b2"4 = PVSV! 451,18"21: ya im%& var"a-
padaracan%m abhyasyati tadvidhi& ca anuti!(hati tasya aha& yath%pratijñ%-
tam artha& samp%dayi!y%mi iti |. «A qui répète cette composition de phonè-
mes et de mots et met en pratique son injonction [d!utilisation], j!octroierai le
résultat tel que promis». L!homme doté du pouvoir de neutraliser un poison
fait serment, ou promet, d!accorder ce résultat à toute personne qui récitera
son mantra en respectant les prescriptions liées à la prononciation et au rituel
fixées par lui. Pour d!autres exemples et des explications sur les notions de
promesse (pratijñ%) et de serment (samaya), voir ELTSCHINGER 2001a: 22"
27. Explication, PV! P339b1"2/D282b3"4 = PVSV! 451,20"21: tato !nya-
th%v%dy api prabh%vayukto mantrakalpau kury%d eva ity avirodha' |. «Donc
même s!il parle faussement, un homme doté d!un pouvoir peut produire des
mantrakalpa: pas de contradiction donc.»
347
Destinée particulière obtenue grâce à l!accumulation d!actions méritoires
(pu"ya), selon PV! P339b3/D282b4 et PVSV! 451,22"23, et succès d!un
mantra favorisé (sa)g#h*ta) par une divinité, selon PVSV! 451,23.
348
L!expression mantrak%rin recoupe celle, védique, de mantrak#t: voir #V
IX.114.2ab et, pour les Br%hma"a, LEVI 1966: 145n. 3 et 148n. 4; voir aussi
la discussion de TV sous M$S% I.iii.11/II.157,14sq, et pour la valeur de ce
terme chez Dharmak$rti, ELTSCHINGER 2001a: 117"120.
Traduction 305
faire;349 [mais] pour peu que [les hommes] soient dotés de tels [mo-
yens,] véracité et austérités notamment, ils [en] font! De plus, [dire
qu!]étant donné qu!un homme [doué de l!intelligence y nécessaire]
fait des poèmes, tout homme[, même dénué de l!intelligence y né-
cessaire,] doit être auteur de poèmes, ou [que] si [l!un n!en] fait
pas, aucun [autre n!en peut faire], comme celui [qui en est incapa-
ble], voilà une rhétorique350 [réellement] inouïe [de spéciosité]!
[Objection:] Il est vrai que les [hommes] dénués du moyen de faire
des mantra ne font pas de mantra; mais puisque [tous] les hommes
ont des propriétés semblables, nous ne constatons pas que quicon-
que [en] soit doté. [Réponse:] A cela, [nous avons déjà] répondu
que ce qu!on nomme un «mantra» n!est rien d!autre que la parole
et le serment d![hommes] possédant des [moyens tels que] véraci-
té, etc.351 Or [ces moyens de faire des mantra,] on les rencontre par-
fois chez les hommes.352 De plus, [affirmer] que tous les hommes
en sont dénués [ne comporte qu!]indétermination puisque l!exis-
tence353 [de ces moyens] n!est pas incompatible [avec le fait d!être
homme]; et la non-perception n!est pas une raison [logique por-
teuse] de certitude [s!agissant] d![états de fait] dont la nature pro-
pre [nous demeure] invisible. 354De plus, [des moyens tels que] la
349
Par «moyens de faire des mantra» (mantrakriy!s!dhana), il faut entendre
(PV! P340a5"6/D283a4"5 = PVSV! 452,19) les quatre facteurs énumérés
jusqu!ici: véracité (satya), austérités (tapas), destinée particulière (gativi"e#a)
et succès particulier [d!un mantra] (siddhivi"e#a). S!y ajouteront, dans PVSV
124,18"19, quatre nouveaux facteurs: sm$ti, mati, prativedha, "akti. Sur ces
facteurs et leurs définitions, voir ELTSCHINGER 2001a: 18"21 et 74"81, et n.
355, p. 306.
350
Le caractère dépréciatif de l!expression v!coyukti se confirme dans TV sous
M"S# I.iii.12/II.163,9.
351
Voir supra, PVSV 123,15"17 et 124,6"7, et n. 346, p. 304.
352
Malgré PVSVt et PV! P340a6/D283a5, qui paraissent comprendre kvacit pu-
ru#e#u comme ke#ucit puru#e#u, «chez certains hommes» (skyes bu !ga! %ig
la mtho& &o ||).
353
Malgré la glose yod ci& srid pa de PV! P340a8/D283a6.
354
Selon l!objection introductive de PV! P340b2"3/D283b1 = PVSV! 452,27"
28, ne pas percevoir ces facteurs en soi-même (!tmani), c!est-à-dire dans sa
306 Traduction
366
Explication, PV! P343a1$2/D285a6$7 " PVSV! 454,28$29: vipak$aviro-
dh!bh!vena vipak$!d avy!vartan!t |. «Puisque [cette spécification] ne permet
pas d!exclure [la raison logique] des contre-instances du fait qu!elle n!est pas
contradictoire de [ces] contre-instances.»
367
C!est-à-dire: faute qu!un moyen de connaissance valide permette d!exclure la
raison logique des contre-instances, i.e. d!exclure qu!une récitation du Veda
(notamment celle de Brahm#/Hira$yagarbha) ne soit pas précédée d!une au-
tre récitation du Veda.
368
Selon une interprétation commune à K et à %. PVSV! 455,15$17 présente
cependant une interprétation alternative de d%$&e vi'e$e tannimittatay! tatty!-
gena, qui inviterait à traduire: «Ayant vu une différence[, définie comme une
récitation après composition personnelle,] en tant que critère de la [capacité
de composition], il est spécieux d!invoquer, au mépris de cette [différence],
l!universel [&être-récitation-du-Veda%].»
369
Selon PV! P343b1$2/D286a5 = PVSV! 455,19$20, l!idée est qu!après avoir
constaté à tel feu une fumée d!un blanc jaunâtre particulier (p!"#uvi'e$a), on
se servirait de toute substance blanc jaunâtre, du blanc jaunâtre en général,
pour établir l!existence du feu: parce qu!il y aurait du blanc jaunâtre, il y au-
rait du feu.
310 Traduction
adversaire] dans [sa] preuve de [ce que l!homme est pétri de fautes
morales] telles que concupiscence [ou hostilité].370
PVSV 125,9
Soit sinon (v!) la récitation [du Veda] la preuve de l!anté-
riorité d!une [autre] récitation:
d e t o u t e f a ç o n , [ c e n ! e s t q u e ] l!éternité [du Veda qu!]on établi-
rait de la sorte, non un fondement [qui ne serait] pas humain;
[mais] si [l!on tirait] l!incréation de la [seule éternité, telle]
autre [pratique ordinaire] serait [el le] a ussi dénué e de [t out]
fondement humain371 [puisque perpétuée sans commencement
jusqu!à nous]. [PV I.244]
PVSV 125,13
Qu!il ait conçu lui-même ou [appris] d!autrui [ce qu!il ré-
cite], c!est en effet l!homme seul qui récite: les paroles des [hom-
mes], quand les organes phonatoires [de ceux-ci] n!opèrent pas, ne
résonent pas d!elles-mêmes, de sorte qu!elles seraient incréées.372
370
Selon PV! P343b4"5/D285b5 " PVSV! 455,24"25, ayant observé que telle
parole (vacanavi"e#a) s!origine à une faute morale telle que la concupiscen-
ce, il est spécieux d!invoquer, au mépris de ce simple cas particulier, l!uni-
versel «être-locuteur» (vakt$tvas!m!nya) pour prouver l!universalité de la
concupiscence (et donc refuser les qualités mentales d!omniscience ou de dé-
passionnement). Dans PVSV 8,19"23 (MOOKERJEE/NAGASAKI 1964: 38"
39), PVSV 164,13"24 et NB III.71"73 (ELTSCHINGER 2001a: 105"109),
Dharmak#rti dénonce ces indices comme «résiduants» ("e#avat, de même que
l!inférence à laquelle ils donnent lieu): bien qu!on ne constate pas d!occur-
rence de l!indice (vakt$tva, puru#atva, etc.) dans les contre-instances (v%ta-
r!ga°, sarvajñapuru#a, etc.), on ne peut exclure qu!il s!y trouve (ou: on peut
douter s!il ne s!y trouve pas, sandigdhavipak#avy!v$ttika), parce que la pro-
priété caractérisant les contre-instances est suprasensible, que ces propriétés
ne sont pas incompatibles.
371
Apuru#!"raya est un substantif (glosé puru#!"raya&!bh!va' PVV 377,8, et
apauru#eyatvam PV! P343b7/D286a6 = PVSV! 455,27) qui s!interprète
comme un karmadh!raya («fondement qui n!est pas l!homme») ou comme
un tatpuru#a («non-fondement sur l!homme»), malgré tib. skyes min rten
can; anar!"raya est un adjectif (glosé apauru#eya PV! P343b8/D286a2 =
PVSV! 455,27 et PVV 377,13) bahuvr%hi (tib. mi min rten can), soit «dont le
fondement n!est pas l!homme», soit «sans fondement humain.» Voir aussi n.
110, p. 239.
372
Littéralement: «les paroles des [hommes] dont les organes phonatoires n!opè-
Traduction 311
p u i s q u e l e s p r a t i q u e s d e [ g e n s ] t e l s q u e l e s B ar b a r e s [ o u ] le s
professions de nihilisme sont [elles] aussi sans commence-
ment, [elles devraient] être telles[, c!est-à-dire incréées; sans
commencement, ces pratiques et professions le sont] de par la
continuité due aux dispositio ns antérieures. [PV I.245 ]
PVSV 125,23
Certaines pratiques des Barbares telles que le [re]mariage
de la mère [veuve à son fils], des [pratiques] telles que la Fête de
l!Amour,376 et les paroles de nihilisme niant des [choses] telles que
l!ap!rva et l!autre monde,377 sont [elles] aussi sans commence-
ment. En effet, [les gens d!aujourd!hui] ne s!y adonnent (pravarta-
376
Selon PV! P345a4"5/D286b7 et PVSV! 456,28, madanotsav"daya# illustre
le °"di° de PV I.245a.
377
(1) Sur les pratiques des Barbares. Selon Vibh. 377n. 6, le remariage avec le
fils (putre$a) intervient à la mort de l!époux légitime (m%te bhartari), c!est-à-
dire du père (m%te pitari, PV! P345a3/D286b6"7 = PVSV! 456,26); selon
PV! P344b6"7/D286b3"4 = PVSV! 456,20"21, mariage des mères aux des-
cendants directs de leurs propres familles (svakulakram"gata). Les mleccha
dont il est ici question pourraient recouper les P"ras#ka de PVSV 170,20"
21 (DrPr 15,16"18; sur ce point, voir HALBFASS 1990: 513nn. 78"79, KANE
1973: 859n. 1665, KAWASAKI 1975, LAMOTTE 1981: 797n. 1, LINDTNER
1988, TS n°2797). Le mot «"di» comprend des usages tels que la mise à
mort des vieillards dans le but de les libérer du sa&s"ra (PV!
P345a4/D286b7 = PVSV! 456, 27"28; voir aussi PVV 377,17 et Vibh. 377n.
6; sur les sa&s"ramocaka, voir HALBFASS 1983: 10"15, LAMOTTE 1981:
797n. 1, MHK IX.35 [LINDTNER 1997: 100]). (2) Sur la Fête de l!Amour
(exemple probable d!une pratique des $rya, selon PV! P344b7"8/D286b4 %
PVSV! 456,22, ce que confirme TV sous M#S& I.iii.7/II.126,22"23 [vasanto-
tsava]). PV! P345a5"6/D287a1 et PVSV! 456,28"29 expliquent que «la
Fête de l!Amour [se déroule?] à la fête (parvan) de Madanatrayoda'(» (sur le
madanotsava, voir RENOU/FILLIOZAT 1985: I.§1212e et AUBOYER 1994: 145).
Le mot «"di» comprend encore des usages tels que les festivités liées à la
naissance d!un fils (putrajanmotsava, PV! P345a6/D287a1 = PVSV!
456,29). (3) Sur les professions de nihilisme. Par ap!rva, il faut entendre
dharm"dharma (mérite et démérite) selon PV! P345a7"8/D287a2 = PVSV!
457,8"9. A la liste, PVV 377,18 ajoute la négation du fruit de l!acte (karma-
phala); ces propos sont tenus par des Matérialistes (lauk"yatika/lok"yati-
kaVibh.; !jig rten rgya) !phen pa), selon PV! P345a6"7/D287a1 = PVSV!
456,29"457,8 et Vibh. 377n. 7.
Traduction 313
yanti) pas sans que d!autres [gens nés avant eux] ne leur aient im-
primé des dispositions [à cet effet],378 379car même ceux qui de leur
propre intelligence forment une convention [poétique nouvelle], ne
procèdent que par synthèse de [différents] concepts d!un objet tel
qu![ils l!ont] appris [d!autres personnes avant eux].380 [De ce poè-
me,] on dit [cependant] qu!il n!a pas été précédé d!un autre, car
étant donné que tel [motif] provient de tel [maître, et tel autre de tel
autre], il n!y a pas un seul maître par pièce littéraire. [Si même une
"uvre originale est ultimement précédée d!autres "uvres,] com-
bien plus est-ce à la [seule] imitation [d!autrui] (yath!dar"anam)
que l!on consent [ou rejette] les pratiques ordinaires où l!on agit
[moralement] bien ou mal! [Objection:] Mais [étant donné qu!elles
étaient] strictement invisibles aux [êtres] de la période cosmique
initiale, n!admet-on pas que [ces] pratiques [ont été] introduites ul-
térieurement?381 [Réponse:] Non, car [ces pratiques] se seront actu-
378
Selon PV! P345b3/D287a4 = PVSV! 457,14, sans que leurs esprits n!en
aient été instruits (avyutpanna°, avyutp!ditabuddhi). Ceux qui les y ont édu-
qués y avaient été éduqués par d!autres, et ainsi de suite sans commencement
dans le temps (PV! P345b3#4/D287a4#5 " PVSV! 457,15). Sur ce point et
sur ce qui suit, voir TS n°2797 et TSP 741,9#12.
379
Introduction, PV! P345b4#5/D287a5 = PVSV! 457,16#17: ye !py ap#rva$
k!vy!dika$ kurvanti | te%!m apy anyak&tena eva sa$sk!re'a prav&ttes tatk&to
!pi vyavah!ro !n!dir iti kathayann !ha |. «[Dharmak#rti] dit [ce qui suit] afin
de montrer que, puisque même ceux qui font un poème, etc., nouveau, procè-
dent grâce à la disposition produite [en eux] par d!autres, la convention qu!ils
produisent est elle aussi sans commencement.»
380
Explication, PV! P345b7#8/D287a7 " PVSV! 457,20#21: svapratibh!racito
!pi grantho vastuta( parap#rvaka eva |. «[Donc] même une "uvre composée
par l!intelligence propre [de son auteur] est en réalité précédée d!autres ["u-
vres].»
381
Dans cette objection, l!adversaire suspecte la spéciosité (vyabhic!ra) de l!ar-
gument précédent. Selon cet adversaire, le fait que ces êtres aient été les pre-
miers interdit qu!ils aient pu percevoir (upaLABH) ces pratiques au contact
des générations précédentes (p#rvebhya(, PV! P346a7#8/D287b5 = PVSV!
458,9#10). L!adversaire pourrait, sur ce point, s!autoriser de l!Aggañña Sutta
et de ses nombreuses dépendances (sur quoi voir ELTSCHINGER 2000: 14#20
et 73#78).
314 Traduction
382
La phrase n!est pas claire. (1) PV! P346b1/D287b6 = PVSV! 458,11 rap-
portent sans ambiguïté te!"m api aux "dikalpikapuru!a; cela étant, te!"m api
pourrait aussi bien (sinon plus naturellement) renvoyer aux vyavah"r"#:
d!abord, cette lecture s!harmoniserait mieux à mes yeux avec prabodh"t =
prav$tte#; ensuite, il est notable que K a inversé l!ordre du composé en ex-
pliquant: " "hitasa%sk"r"&"m, et que PV! P346b1/D287b6 porte: " bag
chags su bsgos pa, «imprimé(e)s à titre de dispositions [latentes]». J!ai suivi
les commentateurs; mais à lire te!"m api avec vyavah"r"#, on traduirait:
«Non, car ces [pratiques] aussi, imprimées [qu!elles étaient chez eux] à titre
de dispositions [latentes dues à] d!autres [pratiques du même type], s![y] se-
ront actualisées au gré des conditions.» (2) La portée exacte de anya° est dif-
ficile à déterminer. PVSVt rend legs par byas pa g'an gyis bsgos pas, alors
que PV! P346a8#b1/D287b5#6 " PVSV! 458,11#12 expliquent, sans lever
l!équivoque: p(rvajanmaprasare!u p(rvad$!)avyavah"re&a "hitasa%sk"r"-
&"m(/bag chags su bsgos pas).
383
Selon PV! P346b4#5/D288a1, «et non parce qu!elle permet de préserver
l!ordre des classes sociales» (rigs kyi chos bsru* ba!i phyir ni ma yin na). Sur
ce point, voir ELTSCHINGER 2000: 93#95.
384
Conclusion et transition, PV! P346b5#6/D288a1#2 " PVSV! 458,17#18: iti
na apauru!eyatvam avitathatvasya s"dhaka% vyabhic"r"d iti, «donc de par
[sa] spéciosité, l!incréation ne prouve pas la vérité; donc"»
Traduction 315
397
Plusieurs interprétations possibles de bhede !pi ca pratyabhijñ!n!vi"e#!t tata
ekatv!siddhiprasa$g!t" J!ai suivi celle de PVSV$ 460,11#14. PV$
P348a8#b4/D289a4#7 suggérerait la traduction suivante: «car il s!ensuivrait
que, puisque la reconnaissance ne diffère pas [entre eux] malgré qu![on ad-
mette que phonèmes ordinaires et védiques] diffèrent, l!unicité [des phonè-
mes védiques à chaque prononciation] ne serait pas établie par elle.» Selon
PV$ P348b1/D289a3#4, la reconnaissance ne diffère pas, car toutes nos con-
naissances des phonèmes «a», que ceux-ci soient réputés védiques ou ordi-
naires, présentent le même aspect (ek!k!ra). Selon PVSV$ 460,13, la recon-
naissance ne diffère pas selon qu!il s!agit de phonèmes réputés védiques ou
de phonèmes réputés ordinaires: une reconnaissance qui n!assure pas l!identi-
té entre phonèmes ordinaires et védiques ne saurait assurer l!identité des pho-
nèmes védiques entre eux. Malgré cela, % et K s!accordent sur cela que l!ar-
gument vise un adversaire qui admettrait que phonèmes ordinaires et védi-
ques diffèrent (PV$ P348a8/D289a4, PVSV$ 460,10#11); % et K s!accordent
également sur la finalité de l!argument: la reconnaissance étant spécieuse
(ekatvavyabhic!rin, PVSV$ 460,13#14; "khrul pa, PV$ P348b3/D289a6), on
ne pourrait établir l!identité des phonèmes védiques à chaque prononciation,
et partant, les phonèmes védiques seraient aussi multiples et instantanés que
les phonèmes produits/ordinaires (PV$ P348b2#4/D289a6#7, PVSV$
460,13#14).
398
Selon l!objection introductive de PVSV$ 460,16#17, pratyabhijñ!na est mo-
yen de connaissance valide quant aux seuls phonèmes védiques (car il est le
critère de leur unicité, ekatvanimittatv!t), mais en nul autre cas (car il est er-
roné par la [faute d!une simple] ressemblance, s!d%"yena bhr!ntatv!t). Selon
l!objection introductive de PV$ P348b7#8/D289b1#2, il y a bel et bien une
différence entre phonèmes ordinaires et védiques, mais celle-ci est occultée
(bsgribs pa = !v%ta?) par une reconnaissance erronée qui surimpose un as-
pect un (ek!k!ra) survenu subséquemment (phyis "byu$ ba = p%#&habh!vin) à
la perception. Sur le caractère possiblement fallacieux de la reconnaissance
dans la M!m"#s", voir aussi n. 37, p. 198.
399
Conséquence inacceptable, car pratyabhijñ!na compte au nombre des argu-
ments m'm!(saka contre la permanence (voir MIMAKI 1976: 13#24, et pp.
Traduction 319
197"199). Bien qu!on appréhende comme distinctes toutes les phases d!une
cruche, c!est à une reconnaissance erronée et surimposante qu!on devrait la
notion de l!unité de la cruche (PV$ P349a1"2/D289b2"3). Le M!m"#saka
prouverait ipso facto l!instantanéité des cruches.
400
Ici débute la critique de l!hypothèse selon laquelle la preuve de l!incréation
PVSV 126,24"134,25, et plus large-
porte sur l!énoncé doté de signification (P
ment 126,24"141,14: voir p. 159 et n. 395, pp. 317). Dans PVSV 127,1"16,
Dharmak!rti commence par montrer qu!il n!existe pas d!énoncé séparé des
phonèmes.
401
Selon PV$ P350a8/D290a1"2, parce qu!on ne perçoit pas que l!énoncé soit
distinct des phonèmes; selon PVSV$ 460,27"28, parce qu!on ne perçoit pas
(cet énoncé qui devrait être) perceptible (d"#ya).
402
C!est-à-dire, selon PV$ P350b3/D290a3 % PVSV$ 460,30"461,5, l!apparen-
ce non phonétique d!un mot ou d!une phrase (anyam avar$!tmaka% [PV$
°rnam pa can] padav!kyapratibh!sam).
320 Traduction
403
Chacun des protagonistes reconnaît que rejeter l!existence revient à rejeter
l!altérité (astitve ni!iddhe !nyattvam api ni!iddham eva): nul besoin donc d!a-
jouter anyad iti. Mais selon PVSV! 461,9"10, Dharmak"rti entend montrer
que l!existence absolue (atyantasattva) sert de fondement (up"d"na) aux
deux déterminations d!existence et d!altérité. Selon PV! P350b6"8/D290a5"
6, Dharmak"rti demande: de quoi ce dont l!existence est difficile à montrer
peut-il être différent?
404
Selon PV! P351a1/D290a6"7 # PVSV! 461,10"11, là où un seul aspect ap-
paraît, tel autre aspect particulier réputé perceptible (d#$ya/upalabdhilak!a-
%apr"pta) n!existe pas s!il n!apparaît pas. Voir aussi PVSV 75,23 (VETTER
1964: 107), IHARA 1961: 152 et $MAE 1990: 57.
405
Après avoir, dans PVSV 127,1"6, critiqué la perceptibilité d!un énoncé indé-
pendant, Dharmak"rti s!attaque, dans PVSV 127,6"12, à une preuve qui pro-
céderait par inférence (voir TS n°2706). Cette critique s!ouvre sur un argu-
mentaire typiquement spho&av"din: la compréhension ne provient pas des
phonèmes, puisque chaque phonème est dénué de signification, et que l!asso-
ciation (s"mastya) des phonèmes constitutifs n!est pas réalisée au moment du
phonème singulier (ekavar%ak"le) (PV! P351a3"4/D290b1"2 # PVSV!
461,13"16). Sur ce type d!argumentaire, voir PVSV 134,1"6 et aussi pp.
170"174.
406
Si l!on ne comprenait pas la signification à partir d!un simple groupe de pho-
nèmes ayant fait l!objet d!une convention (sa'ketita), alors un tel mot existe-
rait peut-être; or tel n!est pas le cas (PVSV! 461,18"20; comparer PV!
P349a8/D290b3). PVSV! 461,21"22 cite ici %V spho&a 95: voir APPENDICE
B.
407
Selon PV! P349b2"4/D290b4"5 # PVSV! 461,24"27, si la compréhension
Traduction 321
[Réponse:] Non, car il n!est pas établi que ces [phonèmes] ne diffè-
rent pas [dans d!autres énoncés].408 [Objection:] Que [les phonè-
mes] ne diffèrent pas [à chaque énoncé] s!établit sur [l!indice de] la
reconnaissance. [Réponse:] Non, parce que la [reconnaissance] est
spécieuse,409 et qu!elle est dénuée d!exemple.410 411[Et] quand bien
423
Deux interprétations de k!lak"epa: (1) PVSV! 464,25$26, où k!lak"epa con-
cerne v!ky!rthaprat#ti; (2) PV! P352b5$6/D292a5, où k!lak"epa concerne
avayava (cf. PVSV! 465,9$10, qui attribue cette alternative à «anye»). Donc,
deux interprétations de tasya ni"kal!tmana$ k"a%ena pratipatter ekajñ!no-
tpattau ni$&e"!vagam!t: là où K glose par v!ky!rtha (PVSV! 464,26$28), "
glose par avayava (PV! P352b6$7/D292a5$6 reflété dans PVSV! 465,10$
12). Sur la durée de l!instant et l!instantanéité des connaissances, voir PVSV
119,21$26.
424
Explication, PV! P352b7$8/D292a6$7 = PVSV! 465,13: anyath! iti yady
ekajñ!nak"a%ena sarvasya graha%a' na sy!t. «Sinon, c!est-à-dire si l!on
n!appréhendait pas toute [la signification de l!énoncé] en un seul instant de
connaissance.»
425
Selon PVV 379,14, «[toute] division temporelle à l!audition des parties»
(avayava&rava%asya k!labheda$). PVV 379,15: d(&y[a]t[e] ca, «or on [la]
constate [empiriquement].»
326 Traduction
426
Explication, PVSV! 465,20$21: krame!a ca "rava!a# d$%&am |. «Or on con-
state que l!audition [procède] de façon successive.» On voudrait comprendre
ek'vayavapratipattik'la eva comme ek'vayavapratipattik'lena eva, «dans le
temps [nécessaire] à la connaissance d!une seule partie.»
427
Faut-il entendre le génitif p$thag arthavat'm dans un sens absolu, ainsi que
le pourrait suggérer PVSV! 465,21: avayav'n'# p$thak p$thag arthavat'#
sat'm? PVSVt et PV! P353a4/D292b2 ne permettent pas de trancher. PV!
P353a5/D292b3 = PVSV! 465,22: etac ca anantaram eva uktam |. «Mais
cela, nous venons de le dire [dans PV I.249 et PVSV 128,3$8].»
428
PVSVt et PV! P353a7/D292b4 rendent le possessif ad$%&as'marthy'n'm
par mtho( ba!i nus pa med pa can dag gi, «sans capacité perceptible». Je l!ai
lu comme un *ma mtho( ba!i nus pa can dag gi, «de capacité imperceptible».
Quant à p$thak, j!ai préféré l!associer à arthe%u (avec PVSVt et PV!: don tha
dad pa dag la, et don tha dad pa dag la )es bya ba brjod par bya ba so so dag
la) qu!à ad$%&as'marthy'n'm [avayav'n'#].
429
Conséquence, PV! P353a8/D292b4 = PVSV! 465,26$27: p$thag apy avaya-
v'n'm arthaprat*tijananas'marthyam asti, «chacune des parties a la capacité
de générer la notion de la signification.»
430
Par «nature» il faut entendre, selon PV! P353b1/D292b5 = PVSV! 465,28$
29, «la nature consistant à communiquer la signification» (arthapratip'dana-
svabh'va). Malgré tib. mi srid pa, j!ai rendu asambhava comme un med pa;
on peut cependant aussi bien comprendre: «est également impossible à [leur]
association.»
431
Selon l!objection introductive de PV! P353b1$2/D292b5$6 et PVSV!
Traduction 327
m a i s s i [ l ! o n a d m e t u n é n o n c é ] u n [ , l à ] e n c o r e , puisqu!il es t
impossible de saisir l! indivis d e façon successive, [P V I.250cd]
PVSV 128,24
[nulle] division temporelle ne se justifie. En effet, connaî-
tre l!un de façon successive n!est pas justifié, puisque appréhendé
et non [encore] appréhendé ne s![y] distinguent pas.435 Or on con-
state [que notre] connaissance d!un énoncé [procède] de façon suc-
cessive[, et ce pour deux raisons:] parce que le temps [requis pour]
articuler, entendre et mémoriser tout énoncé, [n!arrive à] complé-
tion [qu!]en une série de clins d!"il [dont chacun compte] de mul-
tiples instants;436 et que, puisque la connaissance [d!un énoncé pas-
se nécessairement] par une série de phonèmes, [nulle] entité verba-
le n!apparaît [à notre connaissance auditive, qui soit] sans rapport
avec la nature phonétique [et] apparaisse dans une seule [phase de]
connaissance. [En outre, notre] compréhension d!un énoncé est sé-
rielle [et non simultanée], car la différence entre les énoncés est le
fait de l!ordre de succession [où apparaissent les phonèmes, et ce]
même si ces [derniers] ne diffèrent pas [d!un énoncé à l!autre]. PVSV
129,1
Si [l!énoncé] ne dépendait pas de l!aide [que lui apporte] l!or-
dre de succession des phonèmes, on comprendrait n!importe quel
énoncé avec ces [phonèmes,] quelle que soit même la façon dont
on [les] utilise,437 voire #même$ sans phonèmes [du tout, et ce pour
trois raisons:] parce que ces [phonèmes] sériels ne sauraient [ap-
porter d!]aide à un [énoncé] sans succession,438 439qu!on ne peut ar-
435
Selon PV! P354a1%2/D293 = PVSV! 466,22%23, de l!un il n!est pas de na-
ture autre que l!appréhendée, pas de nature que l!on pourrait appréhender à la
suite de la première, de façon successive. Sur cet argument, voir déjà PVSV
119,21%22 et n. 253, p. 278.
436
Sur le modèle de communication verbale élaboré par Dharmak"rti, voir pp.
204%212; sur la durée de l!instant et son rapport au thème de l!énonciation,
voir PVSV 119,21%26.
437
N!importe quel énoncé, c!est-à-dire par exemple raso !sti (il y a une saveur)
lorsqu!on prononce «saro !sti» («il y a un étang», PV! P354b4/D293b3 =
PVSV! 467,11). De n!importe quelle façon, c!est-à-dire dans quelque ordre
de succession que ce soit (tatkramair anyakramair api, PV! P354b3%
4/D293b3 = PVSV! 467,10). Voir nn. 246, p. 276, et 407, pp. 320%321.
438
Des entités sérielles ne pouvant apporter d!aide que sérielle, l!énoncé à aider
Traduction 329
[déjà446] été objecté [plus haut sur l!argument suivant:] parce que
[deux natures] révélée et non [encore] révélée sont contradictoires
[d!un énoncé un].447 448Et si [l!on admettait] un énoncé sans phonè-
mes ni parties,449 [jamais quelqu!un] à qui l!on fait entendre [une
série de phonèmes] partiellement ne saisirait un énoncé partiel,
puisque [un énoncé] un ne comporte pas de fragments;450 ou [bien]
personne n!entendrait [l!énoncé] en entier [puisqu!on n!entendrait
que les parties mais jamais l!énoncé lui-même].451
446
Référence: PVSV 128,24"25 selon PV! P355a6/D294a3.
447
Explication, PV! P355a8/D294a4 et PVSV! 468,8"9: na hy avadh!tar"p#d
(PV! vyaktasvabh#v#d) anyad anavadh!ta$ (PV! [a]vyakta$) r"p#ntaram
ekasya asti yena tat pa%c#d vyajyeta |. «En effet, l!un ne possède pas, autre
que [sa] nature déterminée, d!autre nature non [encore] déterminée, de sorte
que celle-ci pourrait être révélée ultérieurement.» PVSV! 468,9"11: tena
yad ucyate | prathamena var&ena abhivyaktasya anavadh#ra&#d avadh#ra-
&#rtham anye'#$ var&#n#$ vy#p#ra iti tad ap#stam | prathamena eva var&e-
na avadh#ra&ar"p#y# vyakter ni'p#ditatv#t |. «Par là, on écarte ce qu!a dit
[Bhart"hari?:] #Puisque ce qu!a manifesté le premier phonème n!est pas [en-
core] déterminé, d!autres phonèmes opèrent en vue de la détermination.# [On
l!écarte,] car c!est avec le premier phonème [déjà] qu!aura été produite une
révélation ayant nature de détermination.» Sur cette citation, voir APPENDICE
B. Voir aussi TS n°2716"2717, et TSP 723,20"724,3.
448
En guise d!introduction, PVSV! 468,15 cite VP I.83cd: APPENDICE B.
449
Deux interprétations de avar&abh#ge v#kye: (1) PVSVt et PV! P355b1/
D294a4"5, que j!ai suivis ici (yi ge da( cha med pa can); (2) PVSV!
468,16"17: «un énoncé sans parties [consistant en] phonèmes» (avidyam#n#
var&ar"p# bh#g# yasmin v#kye).
450
Explication, PVSV! 468,19"20: bhavati ca loke katipayavar&a%rava&e p"-
rvav#kyabh#ga%rava&aprat)ti* |. «Or dans le monde, c!est bien le cas qu!on
entend et comprend les parties initiales (p"rva) d!un énoncé lorsqu!on [n!en]
entend [que les] quelques [premiers] phonèmes.» Comparer l!explication de
PV! P355b3"5/D294a6"7.
451
(1) Trois interprétations possibles de PVSV 129,9"10 (sakala%rutir na v# ka-
syacit), que j!ai traduit selon l!interprétation de PV! P355b5"7/D294a7"b1.
(2) L!interprétation de PVSV! 468,20"25 suggérerait la traduction suivante:
« $ [si l!on n!entendait que quelques phonèmes,] soit on entendrait [l!énon-
cé] en entier [puisqu!il est un], soit [on n!en entendrait] rien[, pas même la
partie initiale, puisqu!il est indépendant des phonèmes].» Selon PVSV!
Traduction 331
PVSV 129,10 452
Il est également faux [de postuler] que, munie des dis-
positions [imprimées] par tous les phonèmes [antécédents], la der-
nière connaissance453 [permet] la détermination d!un énoncé [indi-
vis], parce que personne ne connaîtra jamais [ainsi] cet [énoncé in-
divis] sans rapport avec la nature phonétique, 454et qu!on ne connaît
pas les phonèmes de façon non successive: d!où [vient alors que
l!entité] qu!on nomme «énoncé» puisse être appréhendée de façon
non successive par une seule connaissance?455 456Et après [notre]
connaissance du dernier phonème, nous n!observons pas d!autre
entité verbale dénuée de fragments, pas plus que le locuteur lui-
même ne rend manifeste [une telle entité verbale].457 Mais l!esprit
égaré par le désir de ce qu!il aimerait[, songeant] combien il lui
plairait qu!il en soit comme [il dit, ce locuteur] rêve458 qu!une paro-
le aux parties complètes apparaît dans la dernière connaissance!
459
En effet, même [lorsqu!ils appartiennent] à un mot ou à une
455
Avec un akramam adjectival (PVSVt et PV! P356a3"4/D294b4): «d!où
[vient alors que l!entité] sans succession qu!on nomme "énoncé# puisse être
appréhendée par une seule connaissance?»
456
Selon les objections introductives de PV! P356a4/D294b4"5 et PVSV!
470,11"12, après la connaissance du dernier phonème (antyavar!apratipatter
"rdhvam) intervient, grâce à une connaissance mentale (m#nasena jñ#nena,
PVSV! seule), la détermination de l!énoncé indivis (niravayava, PVSV!)/
entier (ma lus pa, PV!).
457
Explication, PVSV! 470,13"15: tath# hi tad (S tad#) api v#kyam avadh#ra-
yan var!#nukramam eva b#hyar"patay# avadh#rayati | na tu var!avyatiri-
kta$ nirvibh#ga$ v#kyam avadh#rayati |. «C!est ainsi que [ce locuteur, cher-
chant] même [à] déterminer cet énoncé, ne détermine[ra] qu!une série pho-
nétique comme nature extra[mentale], mais pas un énoncé indivis indépen-
dant des phonèmes.»
458
PVSV! 470,17"22 propose une explication grammaticale de la forme sva-
pn#yate. Selon PV! P356a8/D294b7 = PVSV! 470,17"18: asvapann api
svapne vyavasthitam iva #tm#nam #carati |.
459
Selon PV! P356a8"b1/D294b7"295a1: gal te ñams su myo% ba!i &es pas
tshig da% %ag gi rim med par !dzin par !gyur ba ni ma yin gyi | !on kya% dran
pa!i &es pas tshig da% %ag rim med pa gzu% ba yin no 'e na |. «[Objection:]
Une connaissance expérientielle directe (anubhavajñ#na) ne peut [certes] ap-
préhender sans succession le mot et la phrase, mais une connaissance mnési-
que (smara!ajñ#na)[, elle,] appréhende un mot et une phrase sans succes-
sion.» Ce modèle d!accès à la signification n!est plus celui des Spho#av$din,
mais celui de «var!av#din» (M%m$&s$ et Ny$ya): refusant la détermination
finale d!une entité transphonétique, ceux-ci recourent à une connaissance
mentale d!ordre mnésique pour rendre compte de la simultanéité où semblent
apparaître les phonèmes au terme de leur articulation (voir 'V spho(a 113).
Traduction 333
Dans !V spho!a, Kum"rila distingue deux modèles: l!un sans sa"sk#ra (kk.
95"98), l!autre avec sa"sk#ra (kk. 99"121, ce modèle emportant la préféren-
ce de Kum"rila). Directement perçus, les phonèmes impriment des disposi-
tions génératrices du souvenir et (seul élément non empirique concédé par
Kum"rila) de la connaissance de l!objet (kk. 102"103). Ces dispositions con-
courent à produire une connaissance (samastavar$avijñ#na) mentale (m#na-
sa) d!ordre mnésique, une connaissance synthétique (samuccayajñ#na) por-
tant sur l!ensemble des phonèmes antérieurement perçus (kk. 108"110). Dans
cette connaissance mnésique, les phonèmes apparaissent simultanément (yu-
gapatsmara$a, kk. 115"116). Pour le Ny"ya, voir NV sous NS II.57/298,11"
12, et NVT# ad loc. (plus explicite!); voir aussi TB 6,4"5 (Ny"ya) et 7,1"2
(M$m"%s"), et KUNJUNNI RAJA 1963: 110"111. Il est frappant d!observer
que !"ntarak&ita et Kamala'$la adopteront cette position (dans une version
s#k#rav#din, voir l!importante TSP 726,7"10) dans TS n°2720sq: ici (voir
TSP 725,1"3), la position de Dharmak$rti forme le p%rvapak&a! Dans PVSV
129,17"21, Dharmak$rti ne prête pas erronément au tenant du spho!a un mo-
dèle qui ne lui appartient pas, mais cherche à montrer que ce modèle ne peut
constituer pour lui une échappatoire. Comme dans PVSV 119,26"28, Dhar-
mak$rti va plaider la similitude (sérialité) des deux types de connaissance
(voir PV# P356b3/D295a2 = PVSV# 470,25"26,).
460
Selon PV# P356b5/D295a3"4 = PVSV# 470,29"471, 12, seule la représen-
tation (pratibh#sa) d!une succession phonétique particulière permet de diffé-
rencier les mots et les phrases les uns des autres.
461
Référence: PVSV 129,11"12 (jusqu!au premier apratipatte' pour K, au se-
cond pour !), selon PV# P356b7/D295a4"5 et PVSV# 471,14"15.
462
Dans PVSV 129,22"130,1, Dharmak$rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé
impermanent: la critique pourrait viser les Vaibh"&ika, selon la suggestion de
334 Traduction
tial adverbial (rtag par [ni] dmigs par !gyur ro, PV! P357a7/D295b3; nityam
upalabhyeta, PVSV 130,4) ou adjectival; hors composition, par euphonie
(upalabdhir nity!, PVV 380,4$5).
469
Capacité consistant à générer la connaissance (jñ!najanana) selon PV!
P357b2/D295b4$5 = PVSV! 472,10. Peut-être pourrait-on aussi compren-
dre, contre PVSVt: «si rien ne la privait de [sa] capacité».
470
Référence: PVSV 117,9$10 selon PV! P357b4$5/D295b6 = PVSV! 472,13.
471
Selon les objections introductives de PV! P357b5/D295b6 et PVSV!
472,14, une obstruction (!vara"a, déterminée spatio-temporellement) per-
mettrait d!expliquer pourquoi la parole n!est pas perçue en permanence. Sur
le thème de l!obstruction, voir pp. 195$196; sur la nature de l!obstruction ici
visée, voir nn. 473, p. 336, et 611, p. 374.
472
Explication, PV! P357b6$7/D295b7 " PVSV! 472,15$16: tatsiddhau pra-
m!"!bh!v!t |. «Faute d!un moyen de connaissance valide pour l!établir.»
473
Par «obstruction» (!vara"a), on entend «ce qui interdit la (production
d!unePV!) connaissance» (jñ!na[utpatti]vibandhaka, PV! P358a2/D296a2,
PVSV! 472,19); par «autre», on entend «ce qui entrave de quelque autre fa-
çon» (prak!re"a antare"a upagh!takam, PV! P358a2/D296a2 = PVSV!
336 Traduction
472,20).
474
En s!inspirant de GNOLI 1960: 193, mentionnons PVSV sous PV I.106cd et
144$145.
475
L!adversaire cherche désormais à montrer que certains objets font obstruc-
tion à d!autres sans pour autant exercer d!action sur eux (PV! P358a3/
D296a3 " PVSV! 472,21). De même quelque chose pourra-t-il obstruer la
parole permanente sans y occasionner de propriété supplémentaire (PV!
P358a4$5/D296a4 " PVSV! 472,23$24). Selon PV! P358a4/D296a3 =
PVSV! 472,22$23, par: «suppression d!une propriété supplémentaire», il
faut entendre: «suppression d!une capacité particulière» (s!marthy!ti"aya).
476
Selon PV! P358a6$7/D296a5 = PVSV! 472,26, Dharmak#rti précise main-
tenant en quoi (katham) on dit que des choses telles que les murs forment une
obstruction à des choses telles que les cruches.
Traduction 337
477
C!est-à-dire: à défaut de la convenance d!un lieu où rien ne s!interpose (PV!
P358b6/D296b3 = PVSV! 473,15$16).
478
C!est-à-dire: puisque les entités instantanées (k!a"ika) ne préservent (anuv#-
tti) pas en tout temps la même nature intrinsèque (ekasvar$pa, PV! P358b7$
8/D296b3$4 = PVSV! 473,17).
479
Selon PV! P358b8/D296b4 = PVSV! 473,18, il s!agit là de la phase précé-
dente de chacune des causes composant le complexe causal: faculté senso-
rielle, etc.
480
Explication, PV! P359a3$5/D296b6$7: nus pa ga% yin pa de ni nus pa ñid
yin la nus pa med pa ga% yin pa de ni g&an ñid yin te | ra% b&in gcig la gnas
pa ni nus pa da% nus pa ma yin par rigs pa ma yin no &es bya ba!i don to || de
bas na !di ltar skad cig ma rnams la ji skad du b'ad pa!i rnam pas phul du
byu% bar byed pa ma yin na ya% sgrib par byed par rigs pa yin gyi | sgra rtag
pa la ni ma yin no ||. «Ce qui est capable [ne saurait être] que capable, et ce
qui n!est pas capable [ne saurait être] qu!autre[, c!est-à-dire incapable]. Il est
incorrect que ce qui subsiste dans une nature propre une (ekasvabh(ve sthi-
tasya) soit à la fois capable et incapable: tel est le sens [visé par Dharma-
k"rti]. Ainsi donc peut-on [parler d!]obstruction dans le cas d![entités] instan-
tanées malgré que, de la façon qu!on a exposée, elles ne différencient (ati'a-
yam akurvad apiPVSV!) [pas l!essence de ce qu!elles obstruent], mais [on ne le
peut] pas dans le cas d!une parole permanente.» Comparer PVSV! 473,23$
24.
338 Traduction
PVSV 130,24 481
Ou bien, l!entraide mutuelle des entités instantanées
existe quand même [mais nous demeure indiscernable], car la ca-
pacité des causes et conditions est inconcevable à qui n!est pas
omniscient.482 Peut-être se pourrait-il donc que l!obstruction qui se
situerait entre la faculté sensorielle et l!objet les différencie [tous
deux, et ce] en [les affectant de] différents degrés d!inhabilité à
produire une connaissance,483 484car on constate que l!audition d!un
[objet] tel qu!un son est [plus ou moins] confuse ou distincte selon
[le type de] l!obstruction [qui s!interpose, de la flanelle, de l!étoffe
481
Dans ce qui suit, Dharmak!rti envisage la possibilité que la qualité d!obstruc-
tion passe quand même par l!apport d!une propriété supplémentaire (ati!a-
yakara"ena, PV" P359a5"6/D296b7"297a1, PVSV" 473,25). Selon PV"
P359a6"7/D297a1"2 et PVSV" 473,26, il est acquis (viv#d#bh#v#t) que les
causes coopérantes apportent une propriété supplémentaire à des entités in-
stantanées; le débat porte ici seulement sur celle qu!occasionneraient des ob-
structions telles que les murs à des entités instantanées telles que les cruches.
482
Sur ce motif d!obédience sautr#ntika, voir KRITZER 2002: 64, 71"73, et 82n.
34. Selon PVSV" 473,28"30, on ne peut concevoir comment une obstruction
distante (d$rade!avartin) de la cruche apporterait à celle-ci une propriété
supplémentaire (upak#raka); mais malgré qu!on ne puisse concevoir non plus
comment un aimant (ayask#nta) distant du fer attire (sam#kar%a"a) ce der-
nier, le magnétisme est une donnée d!expérience. Selon PV" P359a7"
b1/D297a2"3, un état de fait que les gens de perception limitée (arv#gdar!in)
ne discerneraient (ñe bar rtogs pa) pas n!en serait pas pour autant inexistant.
Sur l!inconcevabilité du magnétisme, voir ELTSCHINGER 2001a: 83"86.
483
Dans PVSV" 474,10"18, K répond à l!objection suivante: un objet n!est ob-
strué (i.e. rendu incapable de générer la connaissance) qu!à partir de la
phase qui suit l!intervention de l!obstruction (c!est-à-dire à la deuxième pha-
se), car la propriété supplémentaire ne peut pas survenir simultanément à
l!obstruction qui la génère. Selon K, l!expérience nous montre que l!objet est
rendu incapable dès l!intervention de l!obstruction (#d#v api, prathame k%a-
"e), et c!est aussi ce phénomène inexplicable que viserait Dharmak!rti en
disant: acintyatv#d dhetupratyayas#marthyasya asarvavid# (P PVSV 130,25).
484
Selon PV" P359b3"4/D297a5, l!apport (upak#ra) de l!obstruction se peut
même autoriser d!un indice inférentiel (li&ga); selon PVSV" 474,19"20, la
capacité de l!obstruction à dispenser l!inhabilité à l!objet et à la faculté (#va-
ra"asya vaigu"y#dh#ne s#marthyam) est inférable (anugantavya) par anvaya
et vyatireka.
Traduction 339
485
Ici, «audition» vaut par synecdoque (upalak#a$a) pour toute expérience sen-
sorielle directe (anubhava, PV! P359b5/D297a6), vision notamment (dar%a-
n!di, PVSV! 474,22); «son» vaut en conséquence également pour des objets
tels qu!odeurs ou tangibles (gandhaspar%a, PVSV! 474,21). Là où PVSV!
474,20"21 explique !vara$abhedena par karpa&apa&aku'y!divyavadh!na-
bhedena, PV! P359b4"5/D297a5"6 explique: ma( po da( ñu( (u!i mtshan
ñid can gyis so (*mahadalpalak#a$ena?). Il est notable que "#kyabuddhi
(PV! P359b8"360a1/D297b1"2) signale une interprétation alternative (*anye
tu " vy!cak#ate) de !vara$abhedena: «selon la présence ou l!absence d!une
obstruction.»
486
C!est-à-dire si l!obstruction ne confère pas de propriété supplémentaire (vi%e-
#a), selon PV! P360a1/D297b2 = PVSV! 474,22"23.
487
Le locatif kvacid api, que les commentateurs n!expliquent pas, se pourrait
aussi entendre: «[présence] en quelque lieu», comme paraît le faire PVSVt. Je
fonde mon interprétation sur PVSV 131,25"26.
488
Sur cette métaphore, voir "Bh sous M$S% I.i.5/I.58,6"7, TV sous M$S%
I.iv.23"28/II.314,16"22, et KUNJUNNI RAJA 1963: 245"249.
489
Explication, PV! P360a8/D297b6"7 & PVSV! 475,13: tasm!d yady !vara-
$ena na vi%e#o !dh)yate tad!", «donc si l!obstruction ne confère pas de pro-
priété supplémentaire, alors# »
340 Traduction
490
Par coopérant, il faut entendre le(s) facteur(s) de manifestation de la parole
permanente, soit surtout les sons bruts (dhvani) reconnus (par Bhart!hari et
Kum"rila) être les porteurs des déterminations spatio-temporelles, quantita-
tives et qualitatives, ainsi que la physiologie de la phonation qui donne lieu à
ces sons bruts: sur ce point, voir pp. 167"170 et n. 5, p. 183. Voir aussi infra
PVSV 131,23"25, PV# P361a7/D298b3 et nn. 493"494, pp. 341"342.
491
Parce que ce coopérant lui apporte une propriété supplémentaire (ati!aya,
PV# P360b8"361a1/D298a6), ou parce qu!elle dépend alors de quelque cho-
se qui lui apporte une aide (upak"raka, PVSV# 475,29). La parole changeant
ainsi de nature propre, sa permanence s!en trouvera perdue. Voir aussi PVV
380,15"16, de même substance, pp. 189"196, et l!intéressante VPV 161,3"10
sous VP I.98.
Traduction 341
492
Explication, PV! P361a8"b1/D298b4"5 = PVSV! 476,24"26: !di"abd!d
yadi sambandhasiddhyartha# sahak!rik$ta upak!re "abdak$ta upak!ra% kal-
pyate tad! tatra apy aparas tatra apy apara ity anavasth!do&!dayo !py
ukt!% |. «Avec le mot "telles que!, [il faut entendre qu!]ont également [déjà]
été dénoncées des fautes telles que la régression à l!infini: [car] si, afin d!éta-
blir [cette] relation, on postule une aide apportée par la parole à l!aide ap-
portée [à la parole] par le coopérant, alors [il faudra] à cette [aide] également
une autre [aide, et] à cette [aide] encore une autre [aide, etc., jusqu!à l!infi-
ni].» Le passage visé semble PVSV 113,20"22.
493
La parole ne peut produire une connaissance d!elle-même que si elle reçoit
du coopérant une propriété supplémentaire; or cette aide/propriété supplé-
mentaire étant chose différente de la parole, la production d!une connaissan-
ce est impossible à la parole (voir aussi PV! P361b2/D298b5 = PVSV!
476,27).
494
Selon PV! P361b3/D298b6 = PVSV! 476,29, Dharmak#rti énonce ces trois
premiers facteurs par référence à la doctrine acceptée par l!adversaire (para-
prasiddhy!). Ces facteurs rappellent, manas excepté, les facteurs impliqués
dans la conception m'm!#saka de la perception, que critique Dign$ga dans
PS(V sous) I.6.2cd (voir HATTORI 1968: 64 et 162"163n. 6.4). Voir aussi %V
"abdanityat! 48ab, 73cd"74ab, 77cd"78ab.
342 Traduction
aussi, [la faculté sensorielle] dépend du degré dans lequel [la paro-
le] est présente en un lieu convenant [à son appréhension], à
l!exemple de [choses] telles qu!un aimant.499 Autrement, il n!y au-
rait [aucune] différence entre auditions distincte et indistincte [se-
lon la présence relative de la parole en un lieu convenable],500 et si
la condition de [leur] perception501 était présente, on percevrait [ces
paroles] à l!identique en tout lieu[, proche ou lointain]. Par consé-
quent, [les paroles] ne sont pas non omniprésentes.502
503
[Mais] si [elles] sont omniprésentes, tous [les hommes504] de-
v r a i e n t [ l e s ] p e r c e v o i r [ t o u t e s ] simu ltanément. [PV I.253 cd]
499
Explications. (1) PV! P362a4"5/D299a4"5 = PVSV! 477,13"14: yath!
ayask!ntasya apr!pt!kar"atve !pi na ayogyade#!vasthitaloh!kar"a$a% tad-
vat |. «Comme l!aimant qui, bien qu!il attire [le fer] sans contact direct, n!at-
tire pas le fer situé dans un lieu qui ne convient pas [à cette attraction].» Sur
l!exemple de l!aimant dans ce même contexte, voir déjà AKBh 32,4"5 sous
AK I.43cd1 et TS n°2519"2521. (2) Selon PV! P362a5"6/D299a5 et PVSV!
477,14"15, par «etc.», il faut comprendre le cas du (venin de) serpent (!#&vi-
"a/sbrul gdug pa) entravant (upagh!taka) une lampe (d&pa) située à proximi-
té, mais pas une lampe distante: faut-il comprendre que ce serpent peut cra-
cher son venin et éteindre une lampe dans un certain rayon seulement?
500
Selon PV! P362a8"b1/D299a6"7, il s!agit là d!un upalak"a$a pour: il n!y
aurait nulle différence entre audition et non-audition. PVSV! 477,17 en con-
clut: bhavati ca | tasm!d yogyade#!pek"atvam |. «Or [cette différence] existe;
donc [la faculté] dépend de ce que le lieu convient [à l!appréhension de l!ob-
jet].»
501
Selon PV! P362b1/D299a7, l!opération des points d!articulation et des orga-
nes phonatoires (sth!nakara$avy!p!r!di); selon PVSV! 477,19, l!opération
du palais, etc. (t!lv!divy!p!ra).
502
Dans un développement (PVSV! 477,20"478,16), K répond aux critiques
adressées dans "V #abdanityat! 119"120 à l!apr!pyak!ritva bouddhique;
pour les besoins de son argumentaire, K adapte PV III.408ab et cite PV
III.235: voir APPENDICE B (resp. PVSV! 477,23"26, 478,9 et 478,15"16).
503
Dans PVSV 132,5"134,25, Dharmak#rti s!attaque à l!hypothèse d!un énoncé
omniprésent (vy!pin). PVSV! 478,17"26 cite quatre kk. de Kum$rila en gui-
se d!introduction, et conclut: tasm!d vy!pina' #abd! iti |. «Par conséquent,
les paroles sont omniprésentes.» Voir APPENDICE B (PVSV! 478,18"25).
Sur la position générale de Kum$rila sur l!omniprésence et la permanence de
#abda, voir pp. 182"189; la doctrine de l!omniprésence est malaisée à docu-
344 Traduction
PVSV 132,6
Étant donné en effet qu!aucune parole ne manque nulle
part, toutes [les paroles] devraient être perçues simultanément, et
par les [hommes] situés en tous lieux: parce que [les hommes] dis-
posent de facultés sensorielles convenant [à leur perception]; parce
que l!objet [qu!est la parole] est [toujours et partout] présent; et
parce qu![une parole permanente ne pouvant recevoir de propriété
supplémentaire ne connaît] pas d!entrave.
Et si [pour éviter cette faute on admet qu!il n!y a de] percep-
tion [que] de [ce qui a été préalablement] disposé505 [à cet effet,
nous répondons:] qu!est-ce qui peut disposer une [parole] im-
muable [car perman ente]? [P V I.254ab]
PVSV 132,10
Soit ce [qui suit]: Quoiqu!elle existe [toujours et partout],
toute parole n!est pas perçue par tout [homme], car seule une [fa-
culté auditive] disposée perçoit une [parole] disposée. [Réponse:]
menter dans les sources spho!av"din: noter VPV 162,6"163,3 sous VP I.99,
et !V #abdanityat" 78cd"80ab.
504
Selon l!interprétation de PV" P362b2"3/D299b1 = PVSV" 478,27 (sarve-
$"% pu%s"m). PVV 380,22 comprend néanmoins: sarve$"% #abd"n"m.
PVSV 132,6"7 peut justifier les deux interprétations.
505
Selon PV" P362b7"8/D299b4 = PVSV" 479,13"14 et Vibh. 380n. 3, le gé-
nitif sa%sk&tasya vaut ici de #abda et de indriya, car karma'i kartari v"
$a$!h(. Donc: «perception, par une faculté disposée (legs par byas pa), d!une
parole disposée (!dus byas pa).» Selon PVSV" 479,13"14 et Vibh. 380n. 3,
la parole est disposée par le souffle (abdominal) percuté par l!effort articula-
toire (prayatn"bhihatav"yu); selon PVV 380,24, la parole est disposée par la
manifestation (abhivyakti), laquelle inclut tout le processus initié par l!effort
articulatoire, et ponctué par la disposition de la faculté auditive (i.e. son
acquisition d!une capacité perceptive); selon Kum#rila, c!est un seul et uni-
que processus qui dispose la parole et la faculté auditive: sur ces différents
points, voir pp. 184"186. Bhart$hari (MBhD I.17,15"17, VP I.80 et VPV
145,2"7 ad loc.) et Kum#rila (!V #abdanityat" 51cd, puis 65cd"87ab) s!ac-
cordent à distinguer trois possibilités de sa%sk"ra: de l!objet, de la faculté
auditive, des deux. Selon TS n°2719 et TSP 724,19"20, il faut sur ce point
adresser une seule et même critique au Spho%av#din et au Var&av#din. C!est
là je crois ce que fait Dharmak'rti dans PVSV 132,9"134,1 (où PVSV
132,11"12 vise l!hypothèse d!un sa%sk"ra de l!objet, et où PVSV 132,13"
134,1 vise l!hypothèse d!un sa%sk"ra de la faculté sensorielle auditive).
Traduction 345
506
Deux interprétations de tatra: (1) PV! P363a4/D299b6: de ltar !dod pa de la,
«au cas où l!on admet [qu!il en est] ainsi». (2) PVSV! 479,19: tatra tayor
madhye, «dans ce cas[, c!est-à-dire] parmi ces deux». Dans PVSV 132,11$
12, Dharmak"rti critique l!hypothèse d!une disposition de la parole.
507
Dans PVSV 132,13$134,1, Dharmak"rti critique l!hypothèse d!une disposi-
tion de la faculté sensorielle. Selon PV! P363a5$6/D299b7 # PVSV!
479,20$21, et PVV 381,4$5, la faculté étant impermanente au contraire de la
parole, elle peut se voir conférer une propriété supplémentaire. K cite à cet
effet $V !abdanityat" 121cd et 124ab (voir APPENDICE B [PVSV! 479,22$
23] et pp. 184$186), puis expose fidèlement la pensée de Kum%rila (PVSV!
479,24$25): !abdar#papratipattyanyath"nupapatty" ca indriyasya !akti$ kal-
pyate | !aktir#pa! ca sa%sk"ra i&yata iti |. «Par inconsistance, autrement, de
[notre] connaissance de la nature verbale, on postule une [certaine] capacité
de la faculté [auditive], et accepte que la disposition a la nature de [cette] ca-
pacité.»
508
Une critique analogue apparaît déjà dans $V !abdanityat" 60cd$61ab.
509
Selon PVSV! 479,30$480,8 et Vibh. 381n. 1, on a postulé jusque-là, par im-
possibilité d!expliquer autrement notre connaissance de la parole, une dispo-
sition de la faculté sensorielle auditive; par impossibilité d!expliquer autre-
ment notre connaissance d!une parole particulière, on va postuler maintenant
une disposition particulière de la faculté pour chacune. Dans son introduc-
346 Traduction
des paroles: la faculté est disposée selon que la parole est présente (*yath!-
sa"nihita#abda?); or la parole étant toujours et partout présente, cette faculté
les entendrait toutes simultanément. Dans PVSV! 480,20"26, K discute et
réfute l!hypothèse (posée aneka#abda#rava$!nyath!nupapatty!) d!une dispo-
sition multiple (aneka): si elle est identique à la faculté, elle ne peut être mul-
tiple puisque la faculté est une; si elle en diffère, il ne sera pas établi de re-
lation (sambandha) du type: «Telle est la disposition de telle faculté».
514
Selon PV! P364a3/D300b2 et PVSV! 480,26"27, l!adversaire soutient
maintenant que l!audition des sons composant le vacarme a lieu de façon
successive (krame$a), et non pas simultanée (yugapad).
515
Selon PVSV! 480,27"28: t!ni ! #rava$ajñ!n!ni laghuv%tt&ni | tato laghu-
v%tte' k!ra$!t. PV! P364a3/D300b2"3, en revanche, commente: sgra"i "jug
pa myur ba yin pa de bas na "jug pa myur ba"i rgyu"i phyir. On comprendrait
donc: «due au débit [extrêmement] rapide [des sons successifs]». Thème ana-
logue dans TS n°2533.
516
I.e. si entendre [des sons successifs] simultanément est une impression trom-
peuse due à un débit rapide (d!après PV! P364a4/D300b3: gal te de ltar "jug
pa myur ba las cig car thos par "khrul pa de"i tshe |).
517
Deux autres exemples chez "#kyabuddhi: l!audition simultanée étant une im-
pression trompeuse due à un débit rapide, (1) on ne connaîtrait plus comme
«longues» (d&rgha), etc., les parties (vocalliques?) longues et protractées
(*atid&rgha $ pluta?); (2) on ne comprendrait pas séquentiellement des mots
(pada) et phrases (v!kya) prononcés très rapidement (PV! P364a6"
8/D300b4"5, avec cette conséquence implicite qu!on ne pourrait plus diffé-
rencier entre eux les mots et les phrases).
518
Référence: PV III.493cd et suivantes selon PVSV! 481,13"14. Selon PV!
P364a8/D300b5"6, dans la section de PV III traitant de l!occurrence simulta-
née des connaissances (PV III.485"503ab?). Selon la conclusion de PV!
P364a8"b1/D300b6, entendre simultanément divers sons dans un vacarme
n!est donc pas une impression trompeuse due au débit rapide: c!est bien une
348 Traduction
a!g"kriyate na tu pram#$abal#t |. «Si l!on s!y range par la foi plutôt qu!en
vertu d!un moyen de connaissance valide.»
524
Une expression immotivée (anibandhana) telle que celle de PV I.256c, à sa-
voir: «Il existe une nature [verbale] indépendante des résonances [brutes]»
(*dhvanibhyo bhinna% &abdar'pam asti iti, voir PV! P365a4/D301a6 et
comparer PVSV! 481,30$482,6).
525
Explication, PV! P365a4$5/D301a6$7: sgra tsam gyi khyad par ñid yi ge a
la sogs pa!i !o bo!i go rim gyi khyad par gyis gnas pa, «la seule résonance
particulière située (sthitaPVSV!) dans une série particulière sous forme de sons
tels que "a% (ak#r#dir'pe$aPVSV!).»
526
Introductions, PV! P365a6$7/D301a8$b1, PVSV! 482,9 et PVV 381,20$21,
de même teneur: si, dans le vacarme, on n!entend que des résonances inex-
pressives, et non des paroles expressives, alors&
527
Explication, PV! P365b1$3/D301b2$3: gal te rjod par byed pa las sgra tsam
g(an yin par !gyur na | de ya! de!i tshe thos par !gyur ro || gcig brjod pa na
sgra tsam ñid yod pa ma yin no (es brjod par mi nus te | ma! po dag smra ba
la ya! de med par thal bar !gyur ba!i phyir ro || de bas na ji ltar gcig smra
bar byed pa na sgra tha dad pa med par thos pa de ltar ma! po dag la yin no
de bas na rjod par byed pa!i sgra las sgra tsam g(an ma yin no ||. «Si la réso-
nance était autre que la [parole] expressive, alors on l!entendrait également.
350 Traduction
528
Or (hi) s!agissant d!un objet [directement] perceptible, l!ensei-
gnement d!autrui ne pèse pas plus [que la perception].529 Donc
n!entendant que simple parole [expressive] lorsque les autres pho-
nateurs ont cessé [d!articuler et qu!un seul continue de le faire],
l![auditeur] sait que les conditions530 [présidant] à la perception de
cette [parole] ne peuvent donner lieu à autre [chose] que la [parole
qu!il entend], car si elles [en] étaient capables[, elles lui donne-
raient lieu, et] l!on percevrait la [résonance] qu!elles auraient pro-
duite. 531Mais [ces] conditions, dont c!est la nature propre de [géné-
[Et] l!on ne peut affirmer que lorsqu!une seule [personne] articule, c!est la
résonance qui n!existe pas, car il s!ensuivrait que la [résonance] n!existerait
pas non plus lorsque plusieurs [personnes] articulent. Par conséquent, de mê-
me qu!on entend que la parole n!est pas distincte lorsqu!une seule [personne]
articule, de même en va-t-il [également] de plusieurs [personnes qui articu-
lent]. Donc la résonance n!est pas autre que la parole expressive.»
528
Introduction, PV! P365b3/D301b3"4: gal te gcig smra bar byed pa na ya!
rjod par byed pa las tha dad par sgra tsam !es par gzu! ba ñid yin no "e na |.
«[Objection:] Même quand une seule personne articule, on détermine (*ava-
dh#ra$a?) bien la résonance comme distincte de la [parole] expressive.»
L!adversaire paraît vouloir inférer une différence entre dhvani et v#caka dans
le vacarme à partir de la différence censément perçue lorsqu!un seul pho-
nateur articule.
529
Explication, PVSV! 482,14"15: yena svaya% vivekena a&'$vann api tvadva-
canam#tr#d dhvane( &rava$a% vyatiriktasya pratipadyate |. «De sorte que,
sans pourtant [l!]entendre soi-même comme distincte, on apprenne de ta seu-
le parole que l!on entend une résonance indépendante [de la parole expressi-
ve].» PV! P365b4"5/D301b4"5, sinon presque identique, ajoute: de ltar ma!
po dag la ya!, «[et] de même également de multiples [phonateurs]».
530
Selon PV! P365b6/D301b5"6 et PVSV! 482,17, les conditions relevant du
phonateur, telles que la bonne qualité des organes phonatoires (kara$a-
s#[d]gu$ya? PVSV! °s#!gulya, PV! byed pa yon tan).
531
Introductions. PV! P365b8"366a2/D301b7"302a1: ji ltar smra ba po gcig gi
sgra!i dmigs pa!i rkyen dag gis sgra tsam tha dad pa sgrub pa la nus pa med
pa de ltar ma! po dag la ya! !o || de bas na sgra smra ba po dag gi rjod par
byed pa dag las ca co!i sgra tsam tha dad pa yod pa ma yin pa de ñid bstan
par bya ba!i phyir. «De même que les conditions de perception de la parole
[qui sont propres] à un seul locuteur sont incapables de donner lieu à une
résonance indépendante, de même [en va-t-il] également de [celles de] mul-
tiples [locuteurs]; donc il n!y a pas dans le vacarme de résonance indépen-
Traduction 351
mêmes!; quelle est donc leur aversion pour les paroles [expressi-
ves]?
PVSV 134,1 533
[Objection:] Lorsque [vous autres bouddhistes] affirmez
que des résonances ne sont pas établies comme [étant] distinctes
des [phonèmes, mots et phrases] expressifs, en quoi [donc] ne sont-
elles pas établies, puisqu"on [ne] connaît la signification [qu"]à
partir d"une expression? En effet, #on ne comprend pas la significa-
tion! à partir d"une infime partie de résonance [révélatrice d"un
phonème],534 et cette [infime partie, puisqu"elle est instantanée,]
n"en rencontre [jamais] d"autre [née ultérieurement]. Devant son
existence (s!dhya) à un [facteur expressif] où les natures de mot ou
de phrase sont complètes, [notre] compréhension de la signification
ne tient (sambhavati) donc pas aux résonances, dont les parties
sont incomplètes;535 sont donc536 établies une nature verbale dont
l"existence est dénuée de succession, et [séparée d"elle,] une réso-
nance dont les parties sont dotées de succession. [Réponse:] Tel
533
Dans PVSV 134,1$25, Dharmak!rti parachève sa polémique contre le spho"a.
Dans PVSV 134,1$6, l"adversaire spho"av!din prend prétexte de PVSV
132,29$134,1 pour réaffirmer sa position, et défendre l"hétérogénéité entre
facteur linguistique expressif (v!caka, i.e. spho"a) et matériau phonique brut
(dhvani). Sur les sources de l"argumentaire déployé dans PVSV 134,1$6,
voir pp. 167$172, et ELTSCHINGER 2001b: 273$276; sur cet argumentaire,
voir aussi n. 405, p. 320.
534
Explication, PV" P366b8$367a1/D302b4 # PVSV" 483,24: var#o !py ekas
t!vat pr!ye#a anarthaka$ | pr!g eva vyañjako "lp%y!n dhvanibh!ga$ |. «Un
seul phonème est en règle générale déjà dénué de signification; qui plus est
l"infime partie de résonance qui [le] révèle!» Dans cet argumentaire spho"a-
v!din type, la résonance est séquentielle, car dotée de parties et instantanée
(PV" P366b6$7/D302b3).
535
Explication, PV" P367a4$5/D302b6: sgra tsam gyi cha skye &i' "byu' ba
skad cig ma gñis pa la gnas pa med pa!i phyir |. «Puisque aucune des parties
de résonance nées successivement ne subsiste au moment suivant» (ou, selon
PVSV" 483,28$29, lorsque la partie suivante se produit).
536
Interprétations de iti: a) valeur causale selon PVSVt et PV" P367a5/D302b7;
b) valeur de «ainsi» selon PVSV" 483,29$30, qui explique: evam arthaprati-
pattyanyath!nupapatty! |. «Ainsi, par inconsistance, autrement, de [notre]
connaissance de la signification.»
Traduction 353
n!est pas le cas, car [nous avons déjà] rejeté plus haut537 une [paro-
le] sans succession [censément] indépendante des [phonèmes] do-
tés de succession. [Il y a] en outre une conséquence absurde [à pen-
ser] ainsi [que vous le faites]538: [c!est ainsi que,] puisque les par-
ties antérieure et postérieure d!un acte539 n!entrent pas en con-
nexion [l!une avec l!autre], et qu![on ne tire] pas connaissance [de
sa signification à partir] d!une seule partie [de cet acte], il faudrait
"également# admettre, tout comme [on postule] une parole [expres-
sive indépendante des résonances, qu!]une "entité-acte complète#
(samastar!pa), indépendante des [parties de l!acte], cause [notre]
connaissance de la signification des signes de la main, etc.540 [Sur
537
Référence: PVSV 127,3$5sq selon PV! P367b1/D303a2$3 = PVSV! 484,8$
9. Que la parole dont il est ici question soit sans succession me paraît suggé-
rer plutôt un renvoi à PVSV 128,21sq; on peut mentionner aussi PVSV
119,18$29.
538
Explication, PV! P367b2/D303a3 " PVSV! 484,11: yadi ca asamastabh"-
ge#u dhvani#v arthaprat$ter asambhav"d akramasattva% &abdar!pa% kalpya-
te |. «Et si, puisque [notre] compréhension de la signification ne tient pas à
des résonances aux parties incomplètes, on postule [comme vous le faites]
une nature verbale dont l!existence est dénuée de succession.»
539
Selon PV! P367b3$5/D303a4$5 " PVSV! 484,12$15, par «acte», il faut par
exemple entendre un geste de la main notifiant, selon la convention fixée,
une signification telle que départ ou arrivée (gaman"gaman"di), ou (selon
PV! P367b5$6/D303a5$6 et PVSV! 484,16$17) un hochement de tête (&i-
ra'kamp") marquant la (dés)approbation.
540
Explication, PV! P367b8/D303a7: de ltar na ji ltar las kyi cha dag las bzlog
pa!i las kyi bdag ñid med pa de ltar sgra tsam gyi cha dag la ya( sgra!i bdag
ñid tha dad pa yod pa ma yin no ||. «Ainsi, de même qu!il n!est pas d!entité-
acte indépendante des parties de l!acte, de même n!y a-t-il pas non plus, dans
le cas des parties de résonance, d!entité verbale [qui soit] distincte [de ces
parties].» Comparer PVSV! 484,28$29. Dans PVSV! 484,19$29, K cite et
critique SSV 104,11$12 (sous SS 33, voir APPENDICE B [PVSV! 484,19$
21]), où Ma#$ana critique la conséquence absurde dénoncée par Dharmak%rti
dans PVSV 134,7$11. Ce que Dharmak%rti traite en conséquence absurde (et
que Ma#$ana Mi&ra accepte sur la base d!un argument d!autorité) n!est autre
que la position développée dans VPV 54,3$55,3 sous VP I.23 (voir BIAR-
DEAU 1964b: 53$57 pour une traduction, et ELTSCHINGER 2001b: 276$278
pour une discussion); sur l!irréalité de utk#epa)as"m"nya, voir PV III.6
354 Traduction
ment] que révélé, alors, bien que les [parties] révélatrices soient détruites, on
devrait percevoir [ce qu!elles ont révélé] en permanence puisque ce qu!elles
ont révélé n!est pas détruit en même temps [qu!elles].»
545
Explication, PV! P369a3"4/D304a6 " PVSV! 486,16"17: yath! dhvanibh!-
g!s tvanmatena p"rv!pare#a apratisandh!n!d artha$ na prak!%ayeyus tad-
vat |. «Comme les parties de résonance ne peuvent, selon votre position, ré-
véler la signification puisqu!elles n!entrent pas en connexion l!une avec
l!autre.»
546
Explication, PV! P369a2"3/D304a5 " PVSV! 486,15: artha$ sv!bhidheya-
prak!%analak&a#am, «résultat consistant dans la révélation de son propre si-
gnifié.»
547
Explication, PV! P369a6"7/D304a7"b1 " PVSV! 486,19"21: yath! hi k&a-
#ik! dhvanibh!g! uttarottarabh!g!vasth!y!m asattv!d asamastopalambhan!
na samarth!s tath! eva akramo !pi %abd!tm! sann apy asv'k(tasamastopa-
lambhano na samartha eva iti |. «Les parties de résonance instantanées, qu!on
ne perçoit pas au complet puisqu!elles n!existent pas en condition de parties
successives, n![en] sont pas capables; de même l!entité verbale non succes-
sive, bien qu!elle existe, n![en] est-elle pas non plus capable, elle qui ne fait
pas sienne une perception complète.» On notera que pour le Spho#av$din, les
résonances brutes périssent sitôt nées (VPV 136,3"6 sous VP I.73 et YBh
208,7"8), et sont réputées asat par Bhart%hari (VP I.87, mais voir BIARDEAU
1964a: 376"378).
548
Explication, PV! P369a8/D304b2: yod pa tsam ga) gis rtogs par "gyur,
«seule présence en vertu de laquelle on connaîtrait [cette entité verbale].» La
comprésence de la totalité des perceptions n!étant jamais réalisée, l!entité
verbale n!est pas perçue; l!adversaire soutient donc que la seule présence de
cette entité suffit à engendrer l!effet qu!est la compréhension de la significa-
tion.
Traduction 357
549
Telle est la conclusion (PV$ P369b4/D304b4 = PVSV$ 486,27) de la discus-
sion entamée avec PVSV 126,16, où v!kya = var"avyatirikta# pad!di. Con-
clusion toute provisoire pourtant, car Dharmak!rti n!en a pas fini avec la cri-
tique d!un énoncé incréé: après le rejet d!un énoncé transphonétique, il en-
treprend ci-après (PPVSV 134,26"141,14) de réfuter le var"av!da de la M!-
m"#s", selon quoi v!kya = var"!nup$rv% (sur cette section, voir chapitre 6).
Dans PVSV 134,26"141,7, Dharmak!rti examine l!hypothèse générale selon
laquelle l!ordre de succession n!est pas chose différente des phonèmes; dans
PVSV 134,26"136,9, il traite d!abord de la sous-hypothèse selon laquelle
l!ordre de succession serait celui des phonèmes comme entités ou natures
(var"asvar$pa).
550
Selon PVSV$ 487,11.
551
Or on ne le perçoit pas: il s!agit là de non-perception de la nature propre
(svabh!v!nupalabdhi, PV$ P369b8/D304b6 % PVSV$ 487,14"15; voir KAJI-
YAMA 1966: 81 [§13.5.1]), i.e. de la chose même, non-perception simple in-
hérente à tous les types classifiés; or selon PVSV 5,22"23 et PVin II.61,11"
12/14*,3"4, cette non-perception n!est autre que l!inexistence (asatt! eva)
358 Traduction
son «g» dans le triple monde,554 alors «agni» seul serait [possible],
non «gagana», car la séquence des deux sons «a» et «g» est fixe.555
[C!est qu!]à l!exemple de [choses] telles que le germe, la pousse et
la feuille, ou (ca) de [choses] telles que saisons et années,556 il est
déjà impossible d!inverser l!ordre de succession des [entités] con-
ditionnées, lesquelles sont déterminées (niyamavat) par le dévelop-
pement de [leur] cause;557 à plus forte raison [le sera-t-il] de [pho-
nèmes] inconditionnés demeurant figés de quelque manière,558 in-
tangibles dans leur condition [au sein d!une séquence] et dans leur
554
PVSV! 488,11"12 illustre cette position en citant une k. non identifiée (<
B!?): voir APPENDICE B. Sur l!unicité et l!omniprésence des phonèmes chez
Kum"rila, voir pp. 182"189.
555
Explication, PV! P370b2"3/D305a6 = PVSV! 488,14"16: ak!ro gak!r!t
p"rvam eva ak!r!d gak!ra# pare$a eva vyavasthita ity artha# | gaganam ity
atra gak!r!t pare$a ak!ra# sy!d iti kram!ntara% na sy!t |. «Le son #a! est
fixe [en tant que situé] avant le son #g!, [alors que] le son #g! est fixe [en tant
que situé] après le son #a!: [tel est] le sens [visé par Dharmak$rti]. Dans le
[mot] #gagana!, le son #a! suivrait le son #g!; ainsi donc [cet] autre ordre de
succession ne serait-il pas [possible].» Pour une utilisation analogue de vya-
vasthita au sens de «fixité (dans une séquence)», voir TV sous M$S% I.iii.2/
II.76,7.
556
PVSV! 488,23"24 illustre sa%vatsara par &aukrab!rhaspaty!di (où &aukra
m!échappe; PV! P370b8/D305b2 n!a qu!un mot, byi gla', non attesté; sur
les années du cycle jovien, voir RENOU/FILLIOZAT 1985: II.725"727). Par
«etc.», il faut encore entendre les planètes (graha = gza!) et les constellations
(nak(atra = rgyu skar), selon PV! P371a1/D305b3 = PVSV! 488,24.
557
Par «développement de [leur] cause» (hetupari$!ma), il faut entendre les
phases (ou: états, conditions) successives du complexe (PVSV! 488,19"20
explique pari$!ma par uttarottar!vasth!pratilambha), qui selon PVSV
98,26"99,1 = PVin II.77,13"78,1/27*,20 (voir STEINKELLNER 1979: 87) ont
la production de cette entité pour but (p"rva# pari$!mas tadartha eva |), et
qui en déterminent exhaustivement la localisation, le moment et le mode
d!être. Voir aussi HB 9*,9 (traduction dans STEINKELLNER 1967: 45) et
STEINKELLNER 1967: 137"138 pour le modèle de causalité impliqué (deuxiè-
me schéma).
558
Explication, PV! P371a1"2/D305b4 & PVSV! 488,26: katha%cid vyavasthi-
t!n!m | viniyatena krame$a |. «Figés de quelque manière, [c!est-à-dire] dans
un ordre de succession [fixement] déterminé.»
360 Traduction
559
Comparer PV I.306 et PVSV 161,14$20, traduits en introduction, n. 64, p.
208.
560
«Cela», c!est-à-dire aucune des deux hypothèses (PV$ P371a8/D305b7 =
PVSV$ 489,14), «car les phonèmes sont uns et permanents pour les M!m"#-
saka» (PVSV$ 489,14$15: m!m"#sak"n"m ekatv"n nityatv"d var$"n"m).
Ces deux hypothèses sont celles que retient Dharmak!rti dans PV I.305 et
PVSV 161,9$11 (traduits n. 61, p. 207).
561
PVSV$ 489, 17$19 illustre la position en citant une k. non identifiée (<
B$?): voir APPENDICE B. Dans %V %abdanityat" 279ab, un Spho&av"din
adresse déjà la même critique à Kum"rila: var$"& sarvagatatv"d vo na svata&
kramav'ttaya& |. «Les phonèmes, puisqu!ils sont selon vous omniprésents [et
permanents], n!existent pas eux-mêmes en série.» Voir aussi NR' 566,22$
23 ad loc. (de%ata& k"lato v" kramo bhavati | na ca sarvagat"n"# nity"n"#
ca svata& sa sambhavati |).
Traduction 361
quence] ne vaut pas des phonèmes, comme [il ne vaut ni] du vent
et du jour, ni de l!!tman, etc.562 De même une séquence temporelle
[se définit-elle par] l!occurrence [d!entités] par "exclusion mutuelle
du temps#, car quand l!une n!existe pas, l!autre existe; [mais] ce
[type de séquence] non plus ne vaut pas de [phonèmes] perma-
nents, puisque tout [phonème] existe toujours. Or [s!]il n!est d!au-
tre possibilité [pour un ordre de succession qu!être le fait de l!espa-
ce ou du temps], comment [pourriez-vous] prouver qu!un énoncé
qui [consiste en] une séquence de phonèmes est incréé?563
Et [nous avons déjà] signalé plus haut564 la faute [qu!il y aurait
pour vous] à [admettre que les phonèmes] ne sont ni imperma-
n e n t s n i o mn i p r és en t s . [ P V I . 2 6 0 c d ]
PVSV 136,8
Si maintenant, afin d!éviter la faute [que serait l!inexisten-
ce d!un ordre de succession des phonèmes, l!avocat du Veda] ad-
mettait que les phonèmes sont impermanents et ne sont pas omni-
présents,565 [cela n!appellerait] pas de réponse [de notre part] puis-
que toutes deux hypothèses ont été réfutées plus haut.
562
Selon PV! P371b8$372a1/D306a5$6 = PVSV! 489,28$29, le vent et le jour
sont des exemples ordinaires (laukika), alors que !tman et !k!"a sont des
exemples techniques ("!str#ya); selon PV! P372a2/D306a6, l!exemple de
l!!tman n!est introduit que parce que l!adversaire l!accepte.
563
Développement, PVSV! 490,10$29: dans PVSV! 490,10$17, Kar"akago-
min cite et défend le p$rvapak%a de #V "abdanityat! 279cd$280ab; dans
PVSV! 490,18$29, Kar"akagomin cite et critique l!uttarapak%a de #V
"abdanityat! 287$288. Voir pp. 186$189 pour la problématique et les traduc-
tions (nn. 15, p. 187$188, et 18, pp. 188), APPENDICE B pour les citations
(PVSV! 490,12$13 et 19$22).
564
Références: PV I.251ab pour anityatva, et PV I.253ab pour avy!pitva selon
PV! P372a8$b1/D306b3$4 $ PVSV! 491,14$15; références corroborées (et
critique résumée) par PVV 383,17$18: anityatve pauru%eyat! avy!pitve ca
sarvatra upalabdhi" ca na sy!t |. «Si [les phonèmes] sont impermanents, ils
sont de création humaine, et si [les phonèmes] ne sont pas omniprésents, on
ne saurait [plus les] percevoir partout.»
565
Selon PV! P372a7$8/D306b2$3 = PVSV! 491,13$14, admettre l!imperma-
nence des phonèmes permettrait de poser une séquence d!ordre temporel (k!-
lak&tapaurv!parya); la non-omniprésence, une séquence d!ordre spatial (de-
362 Traduction
566
L!énoncé ne consiste pas davantage dans la succession[, li-
m i t é e d a n s l ! e s p a c e e t l e t e m p s , qu i est c elle] de l a r é v é l a t i o n
[des phonèmes permanents et omniprésents], car [nous avons
d é j à ] r é f u t é [ t o u t e] r é v é l a t i o n d e [ q u e l q u e c h o s e d e ] p e r m a -
nent.567 [PV I.261ab]
PVSV 136,11
L!énoncé n!est pas un ordre de succession des natures des
phonèmes [elles-mêmes], mais [celui] de leur révélation: étant don-
né que, "procédant selon la succession des conditions propres à la
manifestation de chacun des phonèmes#, cette [révélation est] pour-
vue de succession, l!énoncé consiste dans l!ordre de succession
[qui est celui] des [phonèmes révélés]. [Voilà qui est] également
faux, car cette [révélation, nous l!avons déjà] rejetée plus haut pour
des [entités] permanentes: [rappelons avoir] fait savoir que la révé-
lation n!est qu!un "type particulier d!être-effet# [qui est propre à]
des [entités] "qui génèrent une connaissance# [d!elles-mêmes] mo-
yennant une capacité [à le faire] directement [qu!elles reçoivent
d!un révélateur].568
!ak"ta).
566
Dans PVSV 136,10$141,7 sous PV I.261$267, Dharmak!rti traite de la deu-
xième sous-hypothèse (cf. n. 549, p. 357): l!ordre de succession est mainte-
nant celui de la révélation des phonèmes, et non plus celui des phonèmes
eux-mêmes. C!est là la position même de Kum"rila (voir pp. 182$189), que
Kar#akagomin décrit ainsi (PVSV$ 491,17$18): var#$n$% vyaktivi&ayatva-
kramo v$kyam. «L!énoncé, c!est l!ordre de succession des phonèmes en tant
qu!ils font objet d!une révélation [par les sons bruts émis par l!appareil pho-
natoire].»
567
Références: PV I.234$235 selon PVV 384,2$3, mais PV I.146$147 selon
PV$ P372b6/D306b7 = PVSV$ 491,25$26 (pr$g eva s$m$nyavyakticint$-
sth$ne). Sur la critique dharmak!rtienne de la révélabilité des entités perma-
nentes, voir pp. 194$196.
568
Selon PV$ P372b7/D307a1: m'on sum du !es pa skye bar nus pa° (PVSV$
491,27 et Vibh. 384n. 2: s$k&$jjanana!akti°). Selon Dharmak!rti, le révéla-
teur supposé (la lumière p. ex.) contribue à générer, dans le continuum du ré-
vélé (la cruche, p. ex.), une phase (k&a#a) capable de générer une connais-
sance perceptuelle directe d!elle-même: en ce sens, le révélateur n!est autre
qu!un coopérant (sahak$rin), et la phase capable, un effet. Sur ces différents
points, voir pp. 189$194 (et spécialement n. 22, pp. 191$192 pour s$k&$t).
Traduction 363
576
Explication, PVSV! 493,17$18: api tu bheda eva tata" ca n!n!tv!t sa t!d#-
"a$ "abdasya svabh!va$ k#ta iti k!rya eva "abda$ sy!t |. «Elles diffèrent ce-
pendant bel et bien, et donc puisque multiple, une telle nature propre de la
parole est produite; ainsi donc la parole ne saurait-elle être qu"un effet.»
577
Selon les introductions de PV! P374a6$7/D308a1 et PVSV! 493,19$20,
l"adversaire admet désormais que les deux conditions sont distinctes (PV!),
c"est-à-dire que la seconde possède une propriété supplémentaire (bheda =
ati"aya, PVSV!, dite k!rak!vasth!lak%a&a), mais cette dernière ne ressortit
pas à l"essence de la parole ("abdasya !tmabh'ta$): elle en est chose diffé-
rente (arth!ntara). L"adversaire espère ainsi préserver l"immutabilité de la
parole (p'rvakasvabh!v!d apracyuta eva, PVSV!).
578
Selon l"objection introductive de PV! P374b2$3/D308a3 " PVSV! 493,24$
25, la propriété supplémentaire sert certes directement (s!k%!t) à la connais-
sance, mais puisque la parole sert également la propriété supplémentaire, la
parole sert indirectement (p!ramparye&a) à la connaissance.
579
Par «conséquence inacceptable», il faut bien sûr entendre une régression à
l"infini (anavasth!): lorsqu"il s"agit de produire une connaissance, la parole
requiert une propriété supplémentaire qui est chose différente d"elle; de mê-
me, lorsqu"il s"agit pour elle de produire une propriété supplémentaire (pour
la propriété supplémentaire), elle requiert une propriété supplémentaire autre
qu"elle, et ainsi de suite à l"infini, sous peine de voir sa permanence perdue
(PV! P374b4$6/D308a4$5 " PVSV! 493,28$30). Par conséquent, la pro-
priété supplémentaire permettant à la parole de générer la connaissance n"est
pas chose différente d"elle (PVSV! 493,30, qui explique ainsi le tasm!t
introduisant la proposition suivante).
366 Traduction
580
C!est-à-dire se différencie par rapport à la nature propre qui ne générait pas
de connaissance d!elle-même (svavi!ayajñ"n["]janana# $abdasvabh"vam,
PV! P374b6/D308a5 = PVSV! 493,30"31). Sinon, la parole générerait cette
connaissance antérieurement même l!effort articulatoire (prayatn"t pr"k,
PV! P374b8/D308a6"7).
581
Selon les objections introductives de PV! P374b8"375a1/D308a7 et PVSV!
494,7"8, la condition génératrice (janika) ne naît pas, car elle est permanente;
si la parole ne génère pas la connaissance, c!est seulement que le coopérant
(i.e. t"lv"dika) dont elle dépend pour la générer fait momentanément défaut.
582
Dharmak"rti critique l!"nup%rv& de la M"m#$s# selon un argumentaire de
structure analogue, dans PV I.307 et PVSV 161,23"162,11: voir d!abord pp.
207"212.
583
Conclusion, PVV 384,10"11: na ka$cit | ap%rvapratipattihetutv"vi$e!"t |.
«Aucune, faute de différence [en tant que tous deux] seraient la cause de [no-
tre] connaissance de [quelque chose de] nouveau.» Sur la doctrine générale
de Dharmak"rti en matière de révélation et de production, voir pp. 189"194;
sur l!application de cette doctrine au cas des entités permanentes, voir pp.
194"196.
Traduction 367
PVSV 137,14
Il est [communément] établi dans le monde [qu!]à l!exem-
ple de [choses] telles qu!une lampe, un révélateur [est ce qui], par
le biais de la connaissance [qu!on a] de lui, est la cause de la con-
naissance [qu!on a] d!un autre, sous réserve que cet [autre] soit éta-
bli avant [l!opération du révélateur; 584si nous disons: «sous réserve
que cet autre soit établi avant», c!est] parce qu!une phase homo-
gène de la cause matérielle585 doit être établie [avant l!opération du
révélateur, et] non parce que [devrait être établie] la propriété sup-
plémentaire qui est la cause de la connaissance, car la[dite proprié-
té supplémentaire] a [justement] pour condition le complexe [cau-
sal] du [révélateur]. En revanche, [les entités] qui font percevoir un
[objet qui n!était] pas établi [avant leur propre opération, celles-ci]
ne sont que des agents, comme le potier notamment [l!est] par rap-
port à la cruche, etc.586
PVSV 137,18 587
[De plus,] les raisons logiques [qui,] telle la reconnais-
584
Selon l!objection introductive de PV! P375b2"3/D308b5"6 " PVSV!
494,21"22, la lampe génère pourtant une phase de cruche convenant à la per-
ception, qui était préalablement inétablie: la condition (sa cet pr!k siddha"
sy!t) posée par Dharmak#rti paraît donc infondée à son adversaire.
585
C!est-à-dire, selon PV! P375b3"4/D308b6 = PVSV! 494,23, une phase de
cruche antérieure qui ne convenait pas à la perception (anupalambhayogya"
p#rvako gha$!dik%a&a").
586
Explication, PV! P375b7"8/D309a1"2 = PVSV! 494,29"30: 'abdasya apy
upalambhahetava" kul!l!dituly! iti | 'abdo !pi gha$!divat k!rya eva |. «Étant
donné que les causes de la perception de la parole aussi sont identiques au
potier, la parole aussi n!est qu!un effet, comme la cruche, etc.»
587
Développement introductif sur pratyabhijñ!na, PVSV! 494,31"495,20, dont
495,6"14 est traduit n. 50, pp. 203"204. Selon les introductions de PV!
P375b8"376a3/D309a2"3 et PVSV! 495,21"24, ce qui suit vise deux argu-
ments en faveur de la permanence: par la reconnaissance (pratyabhijñ![na]),
et «par l!utilisation de ce qui [pré]existe» (satprayoga). (1) Puisqu!on la re-
connaît, on sait que la parole est une (eka) et donc permanente: si la parole
était impermanente, elle serait multiple (aneka), et donc on ne la reconnaîtrait
pas (selon PV! P376a8"b1/D309a6"7 = PVSV! 495,31, l!adversaire pense
que prouver l!unicité permet de prouver la permanence). (2) Tout ce qu!on
utilise (prayujyate) en vue d!autre chose (par!rtham) existe avant son utilisa-
tion, comme la hache qu!on utilise pour fendre le bois (v!sy!dicchid!y!m).
368 Traduction
592
(1) Si les deux connaissances ont un seul et même objet, elles doivent se pro-
duire en même temps (PV! P377a4$5/D309b6$7 et PVSV! 496,22$23); (2)
si seule la première (p!rva) se produit quand la cause est présente, la seconde
ne se produira jamais plus (pa"c#d api s# na sy#t, PVSV! 496,23$24).
593
Selon PV! P377a8$b1/D310a2 et PVSV! 496,28$29, l"adversaire objecte
que toutes deux connaissances ont bien pour cause une parole unique ("abda
eva eka$), mais que c"est en raison de la différencePV!/successionPVSV! de
leurs coopérants qu"elles ne se produisent pas simultanément.
594
Selon PV! P377b1/D310a3 (rgyu!i tshogs pa de la). PVSV! 496,30 interprè-
te: tatra tasmin p!rvottar#k#raprat%tyutpattik#le, «au moment où se produi-
sent les deux connaissances successives du son "a!.»
595
Explication, PV! P377b2$5/D310a3$5 # PVSV! 497,3$7: etena ca sarve&a
uttar#k#raprat%te$ p!rv#k#raprat%tyabhinnavi'ayatve s#dhye "num#nab#dhi-
tatva( pratijñ#y# uktam | anum#na( tv %d)"am | yat kramabh#vi tan na eka-
vi'ayam | yath# krame&a bhavac cak'u$"rotravijñ#nam | kramabh#vinyau ca
p!rvottare "k#raprat%t% | ekavi'ayatvam akramabh#vitvena vy#pta( tadviru-
ddha( ca kramabh#vitvam iti vy#pakaviruddham |. «Et avec tout cela, [Dhar-
mak$rti] dit que lorsque l"on entend prouver que la connaissance ultérieure du
son "a! a un objet identique à la connaissance antérieure du son "a!, la thèse
s"annule par inférence. Et [cette] inférence est telle [que voici]: ce qui sur-
vient successivement n"a pas un seul objet, à l"exemple de la connaissance
370 Traduction
PVSV 138,5
Qu!en raison de [leur] communauté de nom, [toutes deux]
aient un seul [et même] objet malgré que [ces deux] connaissances
diffèrent par [leur] apparence et par [leur] nature propre,596 [voilà
qui est] également incorrect, car il s!ensuivrait que [l!argument
vaudrait] également de [choses] telles que les cruches.597 [Objec-
tion:] Puisque dans la [preuve de l!unicité des cruches il faut déplo-
rer] une incompatibilité avec ce que l!on constate [empiriquement,
voilà qui] "n!est pas une preuve# [de leur unicité]. [Réponse:]
[Mais] dans la [preuve que vous faites de l!unicité des phonèmes]
aussi, par quel [moyen de connaissance valide] établit-on qu!il n!y
a pas incompatiblité [avec ce que l!on constate empiriquement]?598
599
Selon PV! P378a4/D310b2$3 = PVSV! 500,8, Dharmak"rti montre mainte-
nant en quoi la raison «n!mas!my!t» est inconclusive (anaik!ntika).
600
Selon PVSV! 500,23, la conclusion vaut pour un homme chez qui les causes
coopérant à la production d!une connaissance sont complètes (avikalavijñ!-
notp!dasahak!rik!ra"asya pu#sa$). Explication, PV! P378b6$7/D311a3 =
PVSV! 500,25: tata% ca janya eva %abdo na vya&gya$ |. «Et donc la parole
n!est qu!un produit, et non pas [quelque chose de] révélable.» Dans PVSV!
500,26$31, K réexplique au M"m#$saka que la révélation n!est ultimement
qu!un aspect de la production (sur ce point, voir pp. 189$194).
372 Traduction
601
Autant qu!impermanentes et non omniprésentes, les cruches pourraient être
permanentes et omniprésentes: il n!est rien qui vaudrait des paroles sans va-
loir aussi des cruches (PV! P379a1"3/D311a5"6 et PVSV! 501,13"15).
602
Références: PVSV 138,7 (gha!"di#v api prasa$g"t |), PVSV 138,8 ([iha api]
virodh"bh"va% [kena siddha% |]) selon PV! P379a4"5/D311a7, contre ou en
sus des références données GNOLI 1960: 193.
603
Explication, PV! P379a6"7/D311b1 " PVSV! 501,20: &abdena tulyatvapra-
sa$gado#o na asti ||. «La faute n!a pas cours qu!une identité [de cas] avec la
parole s!ensuit.»
604
Explication, PV! P379b3"5/D311b4"5 " PVSV! 501,27"30: tatra vyañja-
katve ni#iddhe p"ri&e#y"t k"rakatva' kul"l"d(n"m | na eva' &abdasya kara-
)a' muktv" anyad vyañjak"ntara' siddha' yena kara)am eva &abdasya k"-
raka' kalpyeta | tasm"d gha!"divailak#a)y"c chabdo vya$gya eva |. «Dans ce
cas, si l!on rejette qu!ils sont des révélateurs, les potiers, etc., sont des agents,
parce que c!est ce qui reste [de l!alternative]. Pour la parole au contraire, il
n!est pas établi de révélateur particulier autre que l!organe phonatoire, de
Traduction 373
son agent,] voilà qui vaut (tulya) également des paroles, car là
aussi, les organes phonatoires diffèrent de [facteurs] tels que la
faculté sensorielle [auditive, sa] localisation adéquate [ou l!acte
d!attention], puisqu!on constate en effet605 [aussi] aux organes pho-
natoires la propriété [qui est celle] des agents de [choses] telles que
les cruches.606 607[Et] puisqu!un [révélateur] tel que cette lampe el-
le-même, ou (ca) quelque autre objet [tel qu!une saveur], n!ont
d!autres révélateurs [non plus que leurs agents], leurs causes de-
vraient en être les révélateurs. Par conséquent, il n!y a pas révéla-
tion [mais production] de la parole [par les organes phonatoires].
PVSV 139,1 608
Ou si révélation de la parole par les organes phonatoires
il doit y avoir, [celle-ci consistera pour la parole] soit [dans] la pos-
sorte qu!on pourrait postuler que l!organe phonatoire est bien l!agent de la
parole. Donc pour [cette] dissemblance [par rapport] à des [choses] telles que
les cruches, la parole est révélée.»
605
Selon PV! P379b7"8/D311b7 = PVSV! 502, 9, ici ca = hi (hyarthe ca!ab-
da").
606
Dans cette proposition, Dharmak"rti montre en quoi les organes phonatoires
diffèrent (ati!aya) des autres facteurs. Selon PV! P379b8/D311b7, la pro-
priété est de faire immanquablement percevoir son effet propre (niyamena
svak#ryopalambhakatvam); selon PVSV! 502,10, de l!engendrer immanqua-
blement (niyamena svak#ry#rambhakatvam).* En cela, les organes phona-
toires sont semblables aux potiers (PV! P379b8"380a1/D312a1 et PVSV!
502,10"11): au contraire de la lumière (# cruche) ou de l!acte d!attention
(# parole), ils font percevoir/engendrent immanquablement la cruche ou la
parole. *La différence entre les deux explications a quelque chance de tenir à
la transmission des deux textes.
607
Selon PV! P380a2"3/D312a2, Dharmak"rti exhibe ici une conséquence ab-
surde (atiprasa$ga) de la position adverse. Comme la parole, un révélateur
n!a pas non plus de révélateur autre que sa cause supposée (lampe pour la lu-
mière, aliment pour la saveur): comme les organes phonatoires révèlent la
parole, le potier révélera donc la cruche.
608
De PVSV 136,10 à PVSV 138,30, Dharmak"rti a réfuté la thèse selon la-
quelle la parole, au contraire de choses telles que les cruches, serait révélée et
non pas produite. Dans PVSV 138,30"141,7, il admet provisoirement la ré-
vélation de la parole, et somme son adversaire de choisir entre trois concepts
alternatifs (vikalpa) d!une révélation de la parole par les organes phonatoires.
Dans PVSV 138,30"139,2, il formule d!abord ces trois concepts alternatifs.
374 Traduction
609
PVSV 139,2"3: critique du premier concept de la révélation (= ati!ayava-
tt"/ati!ayotp"dana).
610
PVSV 139,3"140,24: critique du deuxième concept de la révélation (= "va-
ra#avigama).
611
Selon PVSV$ 502,23"24 % PVV 385,1, ces obstructions ont pour nature l!as-
sociation de particules venteuses figées (stimitav"yav$y"vayavasamyogar%-
pa). Selon PVSV$ 502,24"25 % PVV 385,1"2, par «levée» (vigama), il faut
entendre leur suppression grâce au vent stimulé par l!effort phonatoire (pra-
yatnapreritena v"yun" viyoga&). Sur la physiologie et la physique de la pho-
nation dans la M!m"#s", voir pp. 184"186, et dans l!APPENDICE B, &V
!abdanityat" 122"124ab (PVSV$ 502,26"31).
612
Introduction, PV$ P380b6/D312b2 = PVSV$ 503,13: "vara#avigame !pi na
te'"( s"marthyam |. «Les [organes phonatoires] ne sont pas non plus capa-
bles de lever l!obstruction.»
Traduction 375
déjà613] fait savoir, 614et [nous avons] aussi dit qu!il n!est aucune
obstruction à une parole permanente,615 de par l!incapacité [où se-
rait cette obstruction à affecter une entité permanente]. Par consé-
quent, on ne saurait invoquer les organes phonatoires eu égard à
une obstruction.616 [Mais] puisqu!on ne perçoit pas la parole sans
leurs opérations, ces [organes phonatoires] ne sont pas non plus
sans capacité [vis-à-vis de la parole]: que ces [opérations des orga-
nes phonatoires] produisent les paroles est donc correct. Autre-
ment617
la révélation d!autres [entités] aussi s!ensuivra[, telle celle des
c r u c h e s p a r l e s p o t i e r s ], c a r e l l e s n e d i f f è r e n t p a s d e l a p a r o l e ;
[mais] si l!on accepte [qu!il en est] ainsi, toutes les causes [te-
nues pour des révélateurs] sont inutiles.618 [PV I.265]
613
Selon PV! P380b6"7/D312b3, dans la s!m!nyavyakticint!; selon GNOLI
1960: 193, dans PVSV 71,19sq et 100,10sq (contexte de vin!"itv!num!na;
voir PVin II.82,9sq/31*,25sq, et STEINKELLNER 1979: 98"99).
614
Introduction, PV! P380b7/D312b3 " PVSV! 503,15: [!vara#amPV!] abhyu-
pagamya ca etad uktam | tad eva na asti ity !ha |. «Ce [qui vient d!être] dit
[l!a été] en acceptant [provisoirement] une obstructionPV!; [Dharmak#rti] dit
[maintenant] que cette [obstruction] n!existe pas.»
615
Explication, PV! P380b8/D312b4 = PVSV! 503,16"17: yena !vara#aviga-
mo vyakti$ sy!t |. «De sorte que la révélation [de la parole] pourrait consister
dans la levée d!une obstruction.»
616
Explication, PV! P381a1"2/D312b5 " PVSV! 503,18"19: kara#!ny !vara-
#avigama% "abdasya kurvanti ity etan na upanyasan&yam ity artha$ |. «Le
sens [visé par Dharmak#rti est qu!]on ne saurait poser que les organes phona-
toires effectuent la levée d!une obstruction à [la perception de] la parole.»
617
C!est-à-dire si les organes phonatoires ne sont pas des agents, mais des révé-
lateurs (PV! P381a3"4/D312b6 " PVSV! 503,23), et donc si les paroles ne
sont pas des effets (PVV 385,6"7).
618
Explications. (1) PV! P381a5/D312b6: bya ba !ga! 'ig kya( med pa!i phyir
ro ||. «Parce qu!il n!y a [dès lors plus] aucune opération [productive].» (2)
PVSV! 503,27"29: tath! hi vya(gye vastuny ati"ayasya k!rako v! !vara#!-
bh!vasya k!rako v! jñ!nasya v! k!rako vyañjaka$ sy!t | ati"ay!der vyakti-
svar)pasya ca ak!ryatv!t | sarve*!% vyaktik!rak!#!% svar)pak!rak!#!% ca
nirarthat! |. «C!est ainsi qu!eu égard à une entité à révéler, le révélateur
pourrait être soit l!agent d!une propriété supplémentaire, soit l!agent d!une
376 Traduction
PVSV 139,15
Si les organes phonatoires, dont les propriétés sont pour-
tant similaires à [celles de] toutes les causes, [devaient être] les ré-
vélateurs [de la parole], rien ne serait [plus] désormais l!effet [de
rien]. Or [que tout soit révélable,] cela n!est pas correct, parce qu!il
s!ensuivrait que toutes les causes [tenues pour révélatrices] seraient
inutiles; 619parce qu!une entité [dont la nature est déjà établie] n!a
pas à recevoir de propriété supplémentaire (vi!e"a); parce que l!ab-
sence d!obstruction n!est pas un effet; parce qu!au même titre que
l!entité [elle-même], la "connaissance de cette [entité]# est [elle]
aussi [déjà] établie [pour qui professe la préexistence de l!effet];
[et] parce que si [l!on admettait maintenant que] quelque chose soit
agent par rapport à la connaissance, il s!ensuivrait que d!autres [en-
tités] de ce type seraient telles [elles] aussi620[, et] partant que toute
[entité] serait un effet.621 Donc étant donné que l!ensemble des ob-
jets qu!on tient pour des agents [ne sert] ni à une révélation [que
nous venons d!écarter], ni à une production [que vous n!admettez
pas,622 ces objets] seraient tout à fait vains, et ainsi cet univers sans
[rien] à aider ni pour apporter une aide serait [parfaitement] inerte.
PVSV 139,23 623
En outre (ca), lorsqu![il s!agit pour lui de prouver] la
permanence de la parole,
[ce] que [notre advers a i r e ] t i e n t p o u r u n a r g u m e n t " l a r e c o n -
n a i s s a n c e [ o u q u e l q u e au t re ra ison] t el le q ue l!utilisa ti on d e
ce[la seulement] qui [pré]existe [à son utilisation]624 " est dé-
621
Explication, PV! P381b7"8/D313a7 " PVSV! 504,20"21: vi!e"o v# v#cyo
yena jñ#na$ prati k#rakatva$ na gha%#d&n prati |. «Ou alors il faut montrer
la différence en vertu de laquelle on peut être agent par rapport à une con-
naissance, mais pas par rapport à des [choses] telles qu!une cruche.»
622
Puisqu!on n!admet rien comme étant un effet (PV! P383a2"3/D313b2 "
PVSV! 504,24: [kasyacid apiPV!] k#ryatv#nabhyupagam#t |).
623
PVSV 139,23"140,24 constitue un excursus destiné à montrer que la mo-
mentanéité (k"a'abha(gat#) des choses rend caducs tous les arguments invo-
qués par la M#m$%s$ pour établir la permanence de la parole. Voir pp. 197"
203.
624
(1) Selon PV! P382a5"6/D313b4 et PVSV! 504,29, il s!agirait d!un argu-
ment du type: «La parole est permanente car on [la] reconnaît comme une.»
Selon K (504,29"505,6), c!est là ce qu!affirment Jaimini dans M#S& I.i.20
(sa(khy#bh#v#t |) et 'abara dans 'Bh sous M#S& I.i.20/I.105,5"6 (voir pp.
197"199 et APPENDICE B). (2) Selon PV! P382a6"7/D313b4"5 " PVSV!
505,6"7 et PVV 289, 25"26, on n!utilise que ce qui existe déjà au moment où
on l!utilise, à l!exemple de la hache (v#sy#) dont on se sert pour fendre
(chid#) le bois. De même des paroles (!abda, '/K) ou des phonèmes (var'a,
M), dont on se sert pour communiquer (voir aussi n. 587, p. 367"368). (3)
Par «etc.», il faut entendre selon PV! P382a7/D313b5 un argument du type:
«La connaissance ultérieure du son (a! a un objet qui n!est pas distinct de
[celui] de la [connaissance] antécédente [du son (a!]» (cf. supra, PVSV
137,19"138,13); selon PVSV! 505,8"11 et PVV 385,16"17, il faut entendre
un argument du type «par#rtham ucc#ryam#'atv#t», qu!exposent Jaimini
dans M#S& I.i.18 (sy#d dar!anasya par#rthatv#t |) et 'abara dans 'Bh sous
M#S& I.i.18/I.101, 10"102, 3, cités par K (voir pp. 200"201 et APPENDICE B).
Ce dernier argument ne diffère pas de (2).
378 Traduction
625
Sur la momentanéité, voir en premier lieu pp. 201"203; pour les références
aux deux vin!"itv!num!na de PV I, voir n. 48, pp. 201"202. Selon PV!
P382b1"2/D313b6"7 = PVSV! 505,14"15, Dharmak"rti vient de présenter
l!impermanence par le biais de la destruction (vin!"adv!re#a) des entités;
dans la phrase suivante, il l!expose par le biais de leur production (utpatti-
dv!re#a).
626
Selon PV! P382b3"4/D314a1 et PVSV! 505,17, si elle était fortuite, elle
n!aurait de détermination ni spatiale, ni temporelle, ni ontologique (de"ak!la-
dravyaniyama), ce qui n!est bien sûr pas le cas.
627
Sthiraikar$pa interprété sur PVSVt: brtan pa!i %o bo gcig pa can. Selon PV!
P382b5"6/D314a2"3, Dharmak"rti dit «une» (eka) parce qu!on prête une
constance (*sthairya?) à la série; «constante», parce qu!on prête à une seule
phase la même nature (*ekar$pa) que les précédentes?. Le sens visé serait
qu!elle n!est détruite à aucun moment (dus thams cad du !jig pa can ma yin
no).
628
Selon PV! P383a1"2/D314a5 = PVSV! 505,25"26, l!adversaire ne recon-
Traduction 379
d!une [entité] une»,629 puisqu!en tant que [toute chose] est séquen-
tielle [à l!instar de la lampe], cette unité [de pure illusion] est con-
cevable de toute [chose, diamant ou pierre]. [Objection:] De même
[que leur unité, leur] différence [d!instant en instant] aussi [est con-
cevable630]. [Réponse:] Soit donc631 un doute [quant à la différence
ou l!unité des objets qu!on reconnaît]; or on n!établit pas [l!unité
de la parole] à partir d!un [indice] laissant place au doute.632 [Ob-
jection:] Puisqu!on ne perçoit pas de différence [entre ses condi-
tions successives, il est établi qu!une entité telle que le diamant] est
une. [Réponse:] Non,633 car puisqu!on établit l!existence et l!ine-
634
Explication, PV! P384a1$2/D315a2 " PVSV! 507,13$15: tasm!t krama-
bh!v"ni vijñ!n!ni svavi#ayasya api krama$ s!dhayanti iti sarvapad!rth!n!$
bhedasiddher anityatvam |. «Donc étant donné que les connaissances, qui se
produisent successivement, permettent de prouver la succession de leur pro-
pre objet aussi, toutes les entités sont impermanentes puisque leur différence
est établie.»
635
Selon PVSV! 507,16. Très proche de PVSVt, PV! P384a3/D315a3
comprend: « % n![affirme] elle aussi que la génération de la parole par la ca-
pacité [que lui confère son] utilisateur.»
636
PV! P384a5/D315a4$5 " PVSV! 507,19$20: puru#!napek#!%!$ svayam
eva v!sy!d"n!$ prav&tti' sy!t |. «C!est par elles-mêmes qu!indépendantes
des hommes, des [choses] comme les haches agiraient.»
637
C!est-à-dire, selon PV! P384a7$8/D315a6 " PVSV! 507,22$23, de la phase
précédente qui en est la cause (p(rva$ k!ra%abh(ta$ k#a%am apek#ata iti).
638
Selon PV! P384b1/D315a7 " PVSV! 507,24$25, par «notamment» il faut
Traduction 381
aussi plus bas640 qui estime que la reconnaissance d!une [entité im-
médiatement] perceptible est perception, [et que] c!est grâce à cette
perception-là qu!on établit la constance [des entités réelles].
[Sur ce modèle est] réfutable toute autr e p i è t r e r a i s o n [ q u ! a -
vancerait l!adversaire a f i n d e p r o u v e r l a c o n s t a n c e d e s e n t i t é s
réelles]. [PV I.267a]
PVSV 140,22
[Il n!est en effet] strictement aucune propriété [probatrice
destinée à prouver la stabilité des choses,] qui entretienne une con-
comitance positive avec une [entité] de même type,641 car toutes
choses partagent cette condition [de perdre et d!acquérir des natu-
res propres successives]. Et puisque toute thèse de constance con-
tredit l!argumentation rationnelle selon les termes [du présent traité
et de ceux de nos coreligionnaires642], toutes les autres raisons logi-
entendre la parole/les sons (!abdaPVT), ou les sons d!un luth, etc. (v"#$di-
!abdaPVSVT). La compréhension de prayoga par Dharmak!rti est donc parfai-
tement symétrique à cette de [abhi]vyakti: voir pp. 189"194.
639
Selon PV" P384b2"3/D315b1"2, l!adversaire distinguerait deux types de re-
connaissance. Le premier porte sur une entité appartenant au passé (donc im-
perceptible, parok%a), dont quelque cause éveille ultérieurement le souvenir
(phyis dran pa sad pa!i rgyu !ga! &ig). Le second porte sur une entité nous
faisant immédiatement face (puro "vasthita' vastu, PV" = PVSV" 507,27"
28), donc perceptible (samak%a). Selon cet adversaire, seul le second type de
reconnaissance est moyen de connaissance valide (pram$#a), i.e. perception
directe. Selon PVSV" 507,27, l!adversaire cherche ici à éviter à la recon-
naissance un statut inférentiel (car elle serait fallacieuse, vyabhic$r$t).
640
Référence: selon GNOLI (1960: 194), PV III.503cd et suivantes, consacrées à
pratyabhijñ$na. Sur la critique post-dharmak!rtienne de pratyabhijñ$na com-
me perception, voir MIMAKI 1976: 18.
641
Explication, PV" P384b6/D315b3 = PVSV" 508,11: sam$naj$t"ya' sthirai-
kasvabh$va' vastu, «avec [une entité] de même type[, c!est-à-dire] avec une
entité ayant une seule nature propre constante.»
642
C!est-à-dire, selon PV" P384b8/D315b4"5 = PVSV" 508,14, au regard de la
preuve de l!instantanéité (k%a#ikatvas$dhana) qui a été et sera formulée dans
le présent traité (!$stra). Selon PV" P384b8"385a1/D315b5, et selon les ter-
mes d!autres traités dus à des coreligionnaires (*svay(tha?). On pense évi-
demment à l!AKBh, peut-être au MSA (voire à une preuve due à Dign#ga):
sur le développement du k%a#ikatv$num$na (ici vin$!itv$num$na), voir
382 Traduction
STEINKELLNER 1968.
643
Littéralement: «sont dont les vices [logiques] sont dénonçables.» PVSVt et
PV$ P385a1"2/D315b6 rendent: skyon can du brjod par bya!o, «sont dénon-
çables comme comportant des vices [logiques].»
644
PVSV 140,25"141,7: troisième concept alternatif de la révélation (= vijñ!-
na/buddhi). Introduction, PV$ P385a2"5/D315b6"316a1 et PVSV$ 508,16"
23. Depuis PV I.261, Dharmak!rti examine l!hypothèse selon laquelle vyakti-
krama = v!kya; pour ce faire, il a examiné jusque-là (depuis PVSV 138,30)
deux des trois concepts alternatifs de la vyakti: ati"ayotp!dana et !vara#a-
vigama. Reste le troisième, [vi]jñ!na/buddhi. Si v!kya = vyaktikrama et vya-
kti = buddhi, alors v!kya = buddh$n!m !nup%rv$; or cela est faux: (1) parce
qu!un énoncé ne consiste pas en connaissance (abuddhisvabh!vatva); (2)
parce que si l!on veut prouver que v!kya = vyaktikrama est incréé, il faudra
prouver que la connaissance elle-même est incréée (voir PVV 386,1"2 et
Vibh. 386n. 1). C!est à cette seconde critique que s!attache maintenant Dhar-
mak!rti.
645
«Se résument [à la convention d!]!homme!», c!est-à-dire (selon PV$
P385b4/D316a6 % PVSV$ 509,7) auxquels on attache la convention «hom-
me» afin de faciliter la praxis (vyavah!ral!ghav!rtham); mais (selon PV$,
ibid.) la désignation d!!homme! manque d!un référent qui existerait séparé-
Traduction 383
ment (logs !ig na = p"thak?) de ces facteurs: telle est la position bouddhiste
(svamata), la position du M!m"#saka consistant dans le second terme de l!al-
ternative. Conclusion (PV$ P385b5"6/D316a7 % PVSV$ 509,8"9): à prou-
ver l!incréation de la connaissance, on s!expose à une annulation par la per-
ception (pratyak#ab$dh$), car il est établi par la perception que la connais-
sance, naissant de ces facteurs, est un effet (k$ryatva).
646
Selon l!objection introductive de PV$ P385b6/D316a7"b1 = PVSV$
509,11"12, l!être-effet (k$ryat$) étant imperceptible, l!annulation par la per-
ception n!a pas cours ici.
647
«Indirectement» (s$marthy$t) car lorsqu!en tel lieu a on perçoit une entité x,
distincte d!une autre entité y, cette perception de x dans a fait médiatement
connaître l!inexistence de y dans a (PV$ P386a2"3/D316b3"4 et PVSV$
509,16"17), sous réserve que y remplisse les conditions de perceptibilité (d"-
!ya, upalabdhilak#a%apr$pta, etc.). En d!autres termes, la perception ne con-
naît pas directement (d&os su = s$k#$t?) l!inexistence, car cette dernière n!est
pas cause d!une perception (PV$, ibid.); sur ces différents points, voir
STEINKELLNER 1967: 154"155 et 167 (n. 6), et NB III.36"37. Selon GNOLI
(1960: 194), la référence pourrait être PV IV.274.
648
C!est-à-dire: puisque la connaissance existe ou non selon que l!acte d!atten-
tion existe ou non (PV$ P386a3"4/D316b4 = PVSV$ 509,17"18).
649
Selon PV$ P386a6"7/D316b6 Dharmak!rti présente en outre implicitement
une annulation par ce qui est communément établi (*prasiddhab$dh$?), puis-
qu!un objet établi par la perception et par l!inférence est communément éta-
bli dans le monde ordinaire (*loka[pra]siddha?).
650
Dharmak!rti laisse ici la critique de l!hypothèse selon laquelle l!$nup'rv( se-
rait une propriété des phonèmes (abhedapak#a), et s!attaque, dans PVSV
141,7"11, à l!hypothèse selon laquelle l!$nup'rv( est distincte des phonèmes
eux-mêmes (bhedapak#a; PV$ P386a7"8/D316a6"7, PVSV$ 509,20 et PVV
386,9). L!hypothèse selon laquelle l!ordre de succession serait chose diffé-
rente des phonèmes (mais reposerait sur eux " var%$!raya) krama)), est ba-
384 Traduction
layée par Kum!rila dans "V "abdanityat# 285cd"286: voir pp. 186"189.
L!hypothèse paraît de nature rhétorique tant chez Kum!rila que chez Dhar-
mak#rti.
651
Références. (1) PVSV 127,17sq sous PV I.247cd (et suivantes) selon PV$
P386b2"3/D317a2"3; (2) PV I.247cd et suivantes selon PVSV$ 509,27"28;
(3) PV I.250cd et suivantes selon PVV 386,12"13. K voit juste en ce qu!il
vise le début du passage où Dharmak#rti critique l!hypothèse d!un énoncé in-
dépendant; " voit juste en ce qu!il vise le début du passage où Dharmak#rti
s!attaque à un énoncé un et indépendant; M voit le plus juste en ce qu!il vise
le début de la critique du spho!a proprement dit. Voir aussi ELTSCHINGER
2001b: 246"249 et n. 9.
652
PVSV 141,11"14 forme la conclusion générale de la critique du var$av#da.
De PV I.259 à 267, Dharmak#rti a réfuté que l!ordre de succession fût intrin-
sèque aux phonèmes; dans PV I.268, il réfute que l!ordre de succession soit
indépendant des phonèmes. Or selon PVSV$ 509,22"23 et PVV 386,13"14,
il n!y a pas d!autre possibilité (gati, prak#ra) pour une entité réelle (vastu);
donc un ordre de succession réel (vastubh%ta) est impossible (PVV 386,15).
Selon PV$ P386b1/D317a1, l!ordre de succession ne pouvant être dit ni
identique ni distinct (tattv#nyattva), il n!existe pas réellement (don dam par).
Irréel, il ne saurait donc qu!être une création intellectuelle.
653
Explication, PVSV$ 509,29 (cf. PVV 386,13"14): saro rasa iti pratipatti-
bhed[#]bh#vaprasa&g#t |. «Car il s!ensuivrait inacceptablement qu!entre [les
mots] %sara! et %rasa!, les connaissances seraient identiques.» Cet argument
d!inspiration spho!av#din n!a évidemment ici de valeur que rhétorique.
Traduction 385
des [phonèmes] qui n!ont pas cette nature.654 Or cet [ordre de suc-
cession-ci,655] comment [pourrait-il être] incréé puisque la repré-
sentation [que nous en avons n!]est due [qu!]au fonctionnement
[créateur] de la connaissance?656 657De plus, puisqu!il n!existe au-
cune nature non finie [dans le temps], il faut [nécessairement] que
la résonance, qui existe, soit finie. Et cette [résonance, qui pour
être incréée devrait] soit n!avoir pas de cause, soit avoir une autre
cause [que l!homme], existerait en permanence [dans la première
hypothèse],658 et pas par l!opération humaine [dans la seconde hy-
pothèse].659 "[On en conclut] donc [qu!elle est] de création humai-
ne#.
654
«Cette nature», c!est-à-dire l!ordre de succession; «qui n!ont pas cette natu-
re», c!est-à-dire qui sont dépourvus d!un ordre de succession réel distinct ou
indistinct d!eux-mêmes (vastubh!tabhinn["bhinnPV!]"nup!rv#rahite$u, PV!
P386b6$7/D317a4$5 " PVSV! 510,11).
655
Explication, PV! P386b7$8/D317a5: !di ltar blos sgro btags pa skyes bu la
brten pa go rim de, «cet ordre de succession ainsi surimposé par la connais-
sance[, et qui de ce fait] repose sur l!homme.»
656
Sur vi%hapanapratyupasth"pana, voir BHSD s.v. vi%hapana. Je rends vi%hapa-
na par «fonctionnement [créateur]» en raison de la glose vy"p"ra pour vi%ha-
pana; pratyupasth"pana par «représentation» en raison de la glose sandar&i-
tatva (PV! P386b8/D317a6 = PVSV! 510,13$14).
657
Les trois phrases qui suivent (PPVSV 141,14$17) introduisent le vin"&itv"nu-
m"na (= PV I.269$282/PVSV 141,17$150,2) établissant que la destruction
([vi]n"&a) des entités ressortit à leur existence même (voir pp. 201$203).
Dans l!économie interne de PV I et de la polémique contre la M#m$%s$, la
preuve écarte définitivement la permanence de la parole, de la relation et du
corrélat extralinguistique (voir PV I.283 et PVSV 150,4$11).
658
Explication, PV! P387a2/D317a7 = PVSV! 510,17$18: any"napek$a'"t |.
«Car [alors] elle ne dépendrait pas d!un autre.»
659
Explication, PVSV! 510,18$19: bhavati ca puru$avy"p"r"t |. «Or elle existe
par l!opération humaine.»
Appendice A
1. Avertissement quant à l!édition du texte tibétain
1.1. Le catalogue de lDan dkar ma/lHan kar, compilé vers 812, at-
teste que des traductions tibétaines du Pram!"av!rttika (n°733,
Tshad ma rnam !grel [LALOU 1953: 337]) et de sa V#tti (n°734,
rNam !grel gyi !grel pa [LALOU 1953: 337]) étaient en cours au
début du 9e siècle (voir MEJOR 1991: 179"180). De cette traduction
initiale (qui n!a pas survécu), on ne sait ni l!identité des exécutants,
ni si elle fut exploitée par les traducteurs ultérieurs. Le PV, la
PVSV et la PVP furent (re)traduits au milieu du 11e siècle au Ca-
chemire par le pa"$ita indien Subh!ti"r#"$nti et le lots!ba rMa dGe
ba#i blo gros, disciple de Rin chen bza% po (958"1055). Au con-
traire du sort que connut la version des k!rik! (remaniée à la fin du
11e siècle par *Bhavyar$ja et r&og Blo ldan "es rab, puis vers 1210
par '$kya"r#bhadra et Sa skya Pa()ita), rien n!atteste que la traduc-
tion tibétaine de PVSV ait subi d!importants remaniements. Quel-
les qu!aient été les vicissitudes de sa transmission tibétaine, cette
traduction nous est parvenue par l!intermédiaire de quatre xylo-
graphes de bsTan !gyur. Le passage ici traduit et édité en forme les
sections suivantes:
Pékin (P) Ce 478a4"505b5
sNar tha% (N) Ce 484a6"508b4
sDe dge (D) Ce 321b6"343a7
Co ne (C) Ce 318b6"340a6
La présente édition se fondant sur des bsTan !gyur du seul Tibet
oriental, et de surcroît fort tardifs (1er tiers du 18e siècle environ),
elle n!a aucune vocation «critique» au sens défini pour le bKa!
!gyur par HARRISON (1992; c!est-à-dire établir le texte du «Vieux
sNar tha%»): au contraire de la transmission des textes incorporés
au bKa! !gyur, qui commence d!être mieux comprise (voir en géné-
390 Appendice A
P, N rim: D, C rims
D, C gra!: P, N dra!
D, C slu: [P,] N bslu
De même n!ai-je pas signalé les variantes induites par le traitement
des particules (finales surtout) dans certaines portions de N (mas-
sivement dans N505a et 505b): phyiro, yino, yodo, medo, !gyuro,
byedo, ainsi que byedu (N506b7), ñidu (N505b1, N507a7), ou telle
abréviation/contraction de thams cad en th°d/tha"d (N507a6, ex-
trême fin de ligne).
1.4. La numérotation continue (ligne par ligne) est celle de P.
2. Version tibétaine
tshad ma gsum log tu zin kya! d!os po med par !grub pa ma yin no
"es b#ad pa ga! yin pa de tshad ma g"an log pa na ldog par mi
!gyur te | de dag ni ma lus pa!i yul [P5] can ñid ma yin pa ñid kyi
phyir ro || !di la1 lu! gis ni cu! "ig kya! ma khyab pa med de | de la
log pa ji [N484b] ltar go bar byed pa ma yin "e na | !di la lu! dag tu
don [C319a] thams [D322a] cad ñe bar sbyar2 ba med par [P6] ni
b#ad zin te | skabs su bab pa ñid ma yin pa!i phyir ro || g"an ya! |
sgra rnams d!os da! lhan cig tu |
| m e d n a m i ! b y u ! ñid med phyir |
| de las don grub min de dag |
| smra ba!i bsam [P7] pa ston par byed || [PV I.213]
sgra ni d!os po ji lta ba b"in du !jug pa ma yin te | ga! gi phyir de
dag las don gyi ra! b"in !es par !gyur na | de dag ni smra ba po
brjod par !dod pa3 la rag lus pas [P8] !jug pa can dag yin pa!i phyir |
de med na mi !byu! ba yin pas de ñid kyi4 go bar byed pa yin par5
!gyur ro || skyes bu!i !dod pa thams cad kya! don ji lta ba b"in du
!gyur ba can ma yin [P478b1] la | de la rag lus pa med pa!i ra! b"in
can gyi d!os po ni g"an go bar byed pa ma yin no || !on kya! ga!6 |
yid ches tshig ni mi slu ba || spyi las7 rjes su dpag pa ñid ||8 ces lu!
rjes su dpag pa ñid du [P2] gsu!s pa de ji ltar yin "e na | skyes bu !di
ni lu! gi tshad ma la ma brten par g"ag par nus pa ma yin te | !bras
bu m!on sum du gyur pa ma yin pa can la la dag gi !jug pa da! |
ldog pa!i phan [P3] yon chen po da! | !an so! dag thos pa!i phyir
1
P, N, D, C !di la (PV$ om. !di la)
2
P, N sbyar (PV$): D, C sbyor
3
D, C pa (PV$): P, N par
4
em. kyi: P, N, D, C kyis
5
D, C par (PV$): P, N pas
6
P, N, D, C ga! (PV$ ga! !di)
7
em. las (PV$): P, N, D, C la
8
= PS II.5ab
394 Appendice A
1
D, C ba (PV#): P, N ba la
2
D, C yod (PV#): P, N yin
3
N, D, C don (PV#): P !od
4
P, N, C sdud (PV#): D sdug
5
P, N po!i: D, C po
6
P, N, D ston (PV#): C sten
7
P bsdud: N, D, C bsdur
8
P, N po!i (PV#): D, C pa!i
9
D, C la: P, N om. la
10
P, N brtag (PV#): D, C brtags
11
P, D, C de: N da
12
P, N brten (PV#P): D, C bstan
Version tibétaine 395
1
D, C la (PV#): P, N la la
2
P, N, D, C mi slu ba (PV# mi slu ba ya!)
3
N, D, C yi: P yis
4
P, N bs!al (PV#): D, C bs!al ba
5
D, C pa: P, N om. pa
6
P, N, D, C de dag (PV# om. de)
7
D, C spa! ba!i: P, N spa!s pa!i
8
P, D, C me: N ma
9
P, N, D pa ma (PV#): C pas
396 Appendice A
| rjes su dpag pa ñi d d u b r j o d | | [ P V I . 2 1 6 ]
de da! !di de lta bur gyur pa!i ñes pa zad pa!i tshig mi slu bar
mtshu!s pa!i phyir ma mtho! bar [P8] !khrul pa med pa can m!on
sum da! rjes su dpag pa dag gis go ba ma yin pa!i don rtogs pa ni
de la brten pa ñid kyi phyir de las g"an pa!i rtogs pa da! !dra bar
mi slu bar rjes su dpag1 par bya ba yin no || [P479b1] de bas na
sgras rab [D323a] tu phye2 ba yin du zin kya! sgra las byu! ba
[C320a] da! !dra bar bsam pa ñid ston par byed pa ni ma yin pa de
ltar na don la mi slu ba!i phyir rjes su dpag pa ya! yin no || ya! na
rnam pa g"an gyis [P2] ñes pa zad pa!i tshig mi slu ba yin pa!i phyir
rjes su dpag pa ñid du brjod par bya ste |
bla! da! dor bya!i de ñid ni |
| thabs bcas rab tu !es pa yis |
| gtso bo!i3 don la mi slu!i phyir |
| g"an la !a!4 [P3] rjes su dpag pa yin || [PV I.217]
bla! bar bya ba da!5 dor bar bya ba da! de!i thabs des bstan pa dag
la phyin ci log med pa ni mi slu ba yin te | dper na !phags pa!i bden
pa6 b"i po !chad par !gyur ba!i tshul lta bu!o || [P4] skyes bu!i don la
ñe bar mkho ba can goms par !os7 pa de da! !di!i mi slu ba!i phyir8
yul g"an la ya! de b"in du khas bla! bar bya!i slu ba ni ma yin te |
!gal ba med pa!i phyir da!9 | !chad pa po dgos [P5] pa med pa la log
par ston pa la !bras bu med pa!i phyir ro || de da! de rnam pa gñis
gas kya! go skabs med pas lu! rjes su dpag pa ñid du brjod pa yin
no || lu! la !jug pa na de ltar !jug par bya!o || [P6] de ltar na rjes su
1
D, C dpag (PV#): P, N dpog
2
N, D, C phye: P phya
3
N, D, C bo!i (PV#): P !o!i
4
D, C la!a! (PV#): P, N la ya!
5
D, C da! (PV#): P, N om. da!
6
N, D, C pa (PV#): P pa li
7
D, C par !os: P, N pa la bltos
8
em. mi slu ba"i phyir (PV#): P, N, D, C mi slu ba"i
9
N, D, C da!: P do!
Version tibétaine 397
1
P, D, C ro: N ra
2
P, D, C to: N te
3
N, D, C b"in (PV$): P !"in
4
em. pa!i (PV$): P, N, D, C ni
5
em. de (PV$): P, N, D, C ste
6
P, D, C ro: N om. ro
7
D, C na (PV$): P, N ni
8
P, N, C dka!i (PV$): D dga!i
398 Appendice A
[P4] skyes bu dag sems1 las byu! ba!i yon tan da! skyon dag las ya!
dag pa da! log2 par !jug pa can yin na de ya! dba! po las !das pa
dag yin te | ra! las byu! ba!i lus da! !ag gi bya ba da! smra bas [P5]
rjes su dpag par bya ba dag yin na | tha sñad kya! phal cher blo
s!on du gto! bas rnam pa g"an du ya! bya bar nus te | skyes bu!i
!dod pas3 !jug pa can ñid yin pa!i phyir da! | de dag kya! bsam pa
4
[P6] sna tshogs pa can yin pa!i phyir ro || de bas na !di ni gtan tshigs
chal5 ba!i phyir !es pa med pa yin na ji ltar rtogs par !gyur | ci ste
ga! ñes pa med pa de !dra ba!i skyes bu ci yod pa ma yin nam "e
na | [P7]
!grib da! phul byu! brten pa kun |
| mi mthun phyogs da! bcas ñid phyir |
| de goms pa las bdag gyu r pas |
| la lar6 zag pa zad par !gyur || [PV I.220]
zag pa zad pa de ya! #es par7 dka! ba yin no || [P8] ñes pa !di ni !grib
pa da! phul du byu! ba!i chos can gyis8 yin te | mi mthun pa!i
phyogs kyis zil gyis gnon pa khyad par du byed pa [N486b] da! mi
byed pa9 me la sogs da! !dra bar sgrub par byed do || [P480b1] de
dag ni rnam par rtog10 pa las !byu! ba can dag yin te | ñe bar len pa
dag yod11 na ya! yid kyi yon tan !ga! "ig goms pa12 las khyad par
1
P, D, C sems: N sams
2
P, N log (PV$): D, C ldog
3
P, N pas (PV$): D, C pa!i
4
D, C pa: P, N om. pa
5
N chal (PV$ !chol): P, D, C tshol
6
N, D, C lar (PV$): P las
7
D, C par (PV$): P, N pa
8
P, N gyis: D, C gyi
9
D, C pa: P, N pa da!
10
D, C rtog (PV$): P, N rtogs
11
P, N yod (PV$): D, C yin
12
P, N, D pa (PV$): C om. pa
Version tibétaine 399
1
D, C !dra bar (PV#): P, N om. !dra bar
2
P, N, D mi (PV#): C ma
3
P, N, D ñes (PV#): C ñas
4
D, C phyin: P, N phyin ci
5
D, C bzlog ste: P, N zlogs te
6
P, N ni: D, C du
7
D, C sbra (PV#): P, N sgra
8
P, N can (PV#): D, C can la
9
P, N da! (PV#): D, C om. da!
10
D, C rab tu "i ba!i bde ba!i phyir da! |: P, N om. rab tu "i ba!i bde ba!i phyir
da! |. Cf. PV# P299a2"3/D251b4"5: rab tu !i ba ni !dod chags la sogs pa
da" bral ba"i mtshan ñid can gyi mya "an las !das pa"o || de"i zag pa med pa""i
bde ba ga" yin pa de""i ro mya" ba de la skyo ba med pa ste | rgyab kyis
phyogs par mi byed pa""i phyir ro ||, suggérant: *rab tu "i ba#i bde ba#i ro
400 Appendice A
ñe bar len pa!i stobs las1 byu! ba can2 ya! rgyud3 las rnam par
bzlog pa bzu! ba!i phyir mi !gyur ro || ya! [P8] dag pa!i don can ni
ma yin te | d!os po!i stobs kyis skye ba!i phyir ro || ñes pa4 ya! dag
pa!i don ma yin pa can gñen po!i phyogs kyi bdag ñid can du gyur
pa la gnod par byed pa ma yin no || [P481a1] de bas na ñes pa5 skye
ba ma yin te | !bad rtsol yod [N487a] na ya! rtog pa da! ldan pa!i
blo da! khyad par du skyon med pa!i bdag ñid can ni yon tan gyi
phyogs su gyur pas gñen po!i phyogs [P2] ñid la rtsol ba byed pa!i
phyir ro || ñes pa de dag skyed par byed pa6 ga! gi gñen po!i
phyogs goms7 pa las spo! bar !gyur ba ya! ga! "e na |
ñes pa!i8 rnam pa thams cad dag |
| !jig9 tshogs lta las skye [P3] ba yin |
| de ma rig10 de der chags pa |
| de las "e sda! la sogs !byu! || [PV I.222]
!a ma yin !a!i ma yin "es lta ba!i yo!s su !dzin pa med par !ga! "ig
la ya! chags pa med ci! | rjes su chags pa med [P4] par !ga! "ig la "e
sda! med de | bdag da!11 bdag gi la ñe bar gnod pa med pa can da!
ñe bar gnod pa !joms par byed pa la de med pa!i phyir ro || de bas
na rigs mtshu!s pa goms pa las [P5] skye ba!i bdag tu lta bas12 bdag
gir !dzin pa1 skyed par2 byed do || de dag gis kya! de la chags pa3
da! "e sda!4 la sogs pa skyed par [D324b] byed pa!i phyir | ñes pa
thams cad ni !jig tshogs su lta ba las skye ba yin no || [P6/C
C321b]
5 6
de ñid kya! mi #es pa "es bya ste |
de ñid phyir na ñes rnams kyi |
| r g y u n i g t i m u g y i n p a r g s u !s |
| g"an ya! !jig tshogs lta ba ste7 |
| de spa!s pa na spa!s phyir ro || [PV I.223]
gti mug [P7] ni ñes pa!i rgyu yin par gsu!s te | rmo!s pa med pa la
ñes pa dag mi skye ba!i phyir ro || g"an dag tu ni !jig tshogs su lta
ba ya! yin no || de da! de ni gtso bo bstan pa yin na !gyur te | du
ma las [P8] skye ba can gyi ñes pa dag ni gcig las skye ba !gal ba!i
phyir ro || gñi ga gtso bo yin na ni re re bstan pas mdzes pa la brten
pa8 ma yin no || rnam pa gñi9 ga ya! gcig tu bstan pa na !gal ba med
do || [P481b1] gtso bo ya! de dag10 gi ñe bar len pa ñid kyis yin te |
de spa!s pa na ñes pa dag spa!s pa!i phyir ro || de bas na !jig tshogs
su lta ba las skye ba can [N487b] gyi ñes pa rnams ni de!i gñen
po!i phyogs bdag med [P2] pa mtho! ba goms pa las spa!s pa yod
par !gyur ro || ñes pa zad pa can rtogs dka! ba de ya! ga! gis bstan
pa las !dis rtogs par !gyur ro || skyes bu la brten pa can gyi tshig ni
lu! [P3] ma yin te | byed pa po rtogs dka!11 ba ñid kyi phyir ro ||
1
D, C pa (PV$): P, N par
2
P, N skyed par (PV$): D, C skye bar
3
D, C pa (PV$): P, N om. pa
4
P, N, D, C "e sda! (PV$ des "e sda!)
5
P, D, C #es (PV$): N #as
6
em. pa: D,C pas ma rig pa: P pas ma rigs pa: N par ma rig pa. Cf. PV$
P300b7/D253a1"2: de ñid kya! mi "es pa ste ma rig pa!o #es gsu!s so ||.
7
N, D, C ste: P da!
8
D, C brten pa (PV$): P, N om. brten pa
9
N, D, C gñi: P gñis
10
D, C de dag (PV$): P, N !ag
11
N, D, C dka! (PV$): P dga!
402 Appendice A
1
em. sgrub (PV#): P, N, D, C grub
2
P, N, D, C log pa"i don (PV# log pa"i don ñid)
3
em. don med pa (PV#): P, N, D, C med pa
4
P, N kyis (PV#D): D, C kyi
5
P, N, D, C rjes su mthun par (PV# rjes su mthun par ya")
6
em. pas (PV#): P, N, D, C pa
7
P, N kyis (PV#): D, C kyi
Version tibétaine 403
kya! de dag gis legs par bya ba kho1 na skyes bus2 byas pa can kho
na ñid du rigs kyi skyes pa ni ma yin no || de ñid [N488a] las don la
!khrul pa!i [P3] phyir ro || skyes pa3 ya! rnam pa g"an du brdar byas
pa ya!4 de las g"an pa!i skyes bu!i chos da! !dra bar !gal ba med
pa can yin no || de bas na !di log pas ra! gis byas pa!i brda las byu!
[P4] ba can gyi don gyi blo dag log par !gyur ro || de bas na de log
par ga! las bden pa!i don can ñid yin | ci ste ya! skyes pa kho na
skyes bus byas5 pa ñid yin gyi brdar byas pa ma yin na |
don #es [P5] byed6 pa dag gi rgyu |
| brda ni skyes bu la brten 7 p a s |
| tshig rnams skyes bus byas min ya! |
| de phyir log pa ñid du srid || [PV I.226]
!di skyes bus byas pa ma yin pa ñid kyis ci "ig bya | brda ga! las
don [P6] rtogs par !gyur ba de skyes bus byas pa8 de ni phyin ci log
tu ya! !gyur ro || brda rnam pa g"an gyis tshul khrims sgrub par
byed pa can gyi mtho ris kyi tshig phyin ci log tu !gyur ro || des na9
don [P7] ji lta10 ba b"in ma yin ya! ston par byed pa srid pa!i phyir
de ñid skyon yin no ||
!brel pa skyes bus byas min na |
| brda rig med par rtogs par !gyur || [PV I.227ab]
1
P, D, C kho: N khas
2
N, D, C bus (PV$): P bus ma
3
D, C pa (PV$): P bu: N illis.
4
D, C pa ya!: P, N pa la ya!
5
D, C byas (PV$): P, N om. byas
6
P, N byed (PV$): D, C byas
7
P, D, C brten: N brtan
8
em. skyes bus byas pa (PV$): P, N, D, C skyes bus ma byas pa
9
P, N des na (PV$): D, C de bas na
10
D, C lta (PV$): P, N ltar
404 Appendice A
de1 ltar ni !gyur na sgra2 !brel pa ma byas pa [P8] can de dag ni don
rnams la skyes bu dag gis rnam pa g!an du phyin ci log par !gyur
ba ma yin pa de bas na skyon yod pa ma yin no !e na | da ni brdas3
ci !ig bya ste | ga" las don rtogs pa de4 ni [P482b1] !brel pa yin
no || gal te de skyes bus ma byas pa yin na !di ni brda la5 bltos pa
med pa ñid yin no || rtogs pa la brten6 pa [C322b] ma yin na ji7 ltar
na !brel pa yin na8 |
[D325b] b r d a s d e d a g n i g s a l y i n n a |
| [P2] rtog9 pa g!an dag don med !gyur || [PV I.227cd]
!brel pa yod na ya" gsal ba med na rtogs pa!i rgyu ma yin no ||
brdas kya" !di gsal bar byed pa yin no || !on te de10 grub pa la ñe
bar gnas pa can rgyu [P3] ma yin pas ci !ig bya11 | !brel pa!i bya ba
ni ga" don rtogs pa skyed par byed pa de tsam ma yin nam | de ni
brda ñid [N488b] kyis byas zin to || gal te ru" ba ma yin pa!i brdas
nus pa ma yin pa!i phyir ru" [P4] ba ñid !brel pa yin no !e na | de bas
na ci sgra !brel pa yin pa bla12 ste | rgyu da" !bras bu!i ru" ba ñid
da" !dra bar sgra!i nus pa!i "o bo13 ru" ba ñid yin no || gal te14 don
1
N, D, C de (PV#): P des
2
D, C sgra (PV#): P, N om. sgra
3
em. brdas: P,N,D,C brda
4
D, C de: P, N om. de
5
em. la (PV#): P, N, D, C las
6
P, D, C brten: N brtan
7
N, D, C ji (PV#): P ci
8
D, C na: P, N om. na
9
P, N rtog: D, C rtogs
10
P, N de (PV#): D, C om. de
11
P, N, D, C yin pas ci !ig bya. Cf. PV# P305a8"b1/D256a7: rgyu ma yin pa
!bras bu med pa can gso !i" yo"s su skyo" bas ci !ig bya |, suggérant: *rgyu
ma yin pa gso bas ci !ig bya |.
12
P, N pa bla (PV#): D, C par bya
13
D, C "o bo: P, N "o bo ñid
14
P, N, D, C gal te (PV# gal te de)
Version tibétaine 405
g!an yin na sgra!i1 !es bya ba!i [P5] !brel pa brjod pas ci !ig bya | gal
te ru" ba ñid la phan !dogs par byed pa yin no !e na | ma yin te rtag
pa ñid ni phul du dbyu" du med pa ñid kyi phyir ro || de la ya" #in
tu thal bar !gyur [P6] ba!i phyir | phan !dogs pa ma grub pa!i phyir
ro || ru" ba ñid kya" don la "o bo ñid kyis ru" ba ñid du ci!i phyir
mi !dod | !on te brda ni ji ltar sgra da" don dag gi !brel pa yin te |
skyes bu [P7] rnams la !jug pa!i phyir ro || ma !dres pa rnams da"
grub pa rnams la ni !brel ba ga" ya" yod pa ma yin te2 | tha dad pa
med par thal bar !gyur ba!i phyir da" bltos pa med pa!i phyir ro ||
don gyi [P8] khyad par brjod par !dod pa !pha"s pa!i tshig gis !di las
!di !es #es pa!i ra" gi rgyu la sna" ba!i don ston3 par byed pa!i
phyir | blo!i "o bo da" "ag gi rnam par rig byed dag ni bskyed par
bya ba da" skyed [P483a1] par byed pa!i "o bo!i4 !brel pa yin pa de
bas na sgra las rtogs pa ni med5 na mi !byu" ba yin pa!i phyir ro ||
de6 gsal bar byed pa ni brda yin te | de las #es par byed pa!i !brel [P2]
pa grub pa!i phyir da" | !brel pa gsal bar byed pa!i phyir | de ñid ni
!brel pa ma yin no || g!an ñid !brel7 pa rtag pa yin par ni bla ste |
des na |
tshig rnams don gcig la "es8 na |
| don9 g!an rtogs [P3] par mi !gyur ro || [PV I.228ab]
!brel pa des !brel pa med pa!i don rtogs par rigs pa ma yin te | de ni
don med pa can du thal bar !gyur ba!i phyir ro || !dod pa!i dba" gis
1
D, C sgra!i (PV$): P, N sgra
2
P, D, C te: N to
3
P, N ston (PV$): D, C rten
4
P, D, C bo!i: N ba!i
5
P, N, D med: C mad
6
D, C de (PV$): P, N de da"
7
P, D, C !brel: N !bral
8
P, D, C "es: N "as
9
P, D, C don: N dan
406 Appendice A
brdar byas pa can thams cad [P4] kyis1 thams cad gsal bar byed pa
ya! mtho! !o ||
don du ma da! m!on !brel na |
| ! g a l b a [ N 4 8 9 a ] g s a l b a r b y ed p a s r i d | | [ P V I . 2 2 8 c d ]
[C323a] ci ste mtho! ba [D326a] !gal bar ma gyur cig sñam pas
thams cad thams cad [P5] kyi rjod par byed pa yin no || de2 ltar na
thams cad thams cad kyi sgrub par ni ma yin te | rgyu da! !bras bu
dag ni !chol ba med pa!i phyir ro ||3 de la4 so sor !es par byed pa
sgrub pa can gyi m!on par [P6] !dod pa!i don la bsgrub par bya ba
da! | sgrub par5 byed pa thams cad kyi thun mo! gi sgra ni !dod
pa!i don gsal bar byed pa ñid brda6 byed pas byas pa yin no "es bya
ba de ga! las yin | de ma !es pa !es pa skyes bu7 las [P7] thob8 par
!gyur ba de!i tshe |
skyes bus ma byas pa ñid kyi |
| k u n t u r t o g p a ! a! 9 d o n m e d ! g y u r | | [ P V I . 2 2 9 a b ]
ji ltar ya! don ma !chol ba rtogs pa!i phyir skyes bu rgyur !chol ba
bsal10 ba yin no || de la11 [P8] skyes bu rnams kyis12 ci !dra ba dag
!ga! "ig la rab tu sbyor ba !chol bar !gyur ro || de !dra ba ñid thams
cad da! thun mo! du gyur pa13 yod na | !ga! "ig la de rnams kyis
1
em. kyis (PV#): P, N, D, C kyi
2
D, C de (PV#): P, N de de
3
D, C ro ||: P, N om. ro ||
4
em. la: P, N, D, C las
5
D, C bya ba da! | sgrub par (PV#): P, N om. bya ba da! | sgrub par
6
P, N byed pa ñid brda: D, C om. byed pa ñid brda
7
D, C bu (PV#): P, N bus
8
em. thob (PV#): P, N, D, C mtho!
9
P, D, C !a!: N !i!
10
P, N bsal: D, C gsal
11
D, C de la: P, N de las
12
em. kyis (PV#): P, N, D, C kyi
13
D, C gyur pa: P, N !gyur ba
Version tibétaine 407
!es par byas pa yin te | [P483b1] de kho na ñid yo!s su "es pa med
pa!i phyir ro || gal te rig byed pa ni1 !o2 bo ñid kyis !es pa yin no
#e3 na | bstan pa la rag las pa med par !gyur ba da! | brda rnam pa
g#an gyis ston par mi !gyur ba da! | [P2] !chad pa!i rnam par rtog par
mi !gyur ro || rnam par rtog par nus pa can yod na ston pa!i !dod pa
la mi slu ba med pa!i phyir skyes bus ma byas pa ñid ni don med
pa can ñid du !gyur ro ||
tha dad rnams [P3] kyi !brel pa ya! |
| rnam par g#ag phyir gtan tshigs brjod || [PV I.229cd]
phyi rol gyi don ni sgra!i !o bo ma yin4 #i! | sgra ni don rnams kyi
ma yin te | tha dad pa med pa!i bdag ñid can5 ga! gis gnas skabs [P4]
tha dad pa ya! byas pa6 da! mi rtag pa7 da! !dra bar8 med na mi
!byu! ba ñid du !gyur ro || sgra de dag kya! brjod par !dod pa las
skye ba can nam | skye ba med pa can brjod par !dod pas [N489b]
gsal bar bya ba dag [P5] ma yin #i! don la rag las pa ma yin no || de
bas na de la9 so sor !es par bsgrub par bya ba de!i rjes su !gro ba ji
ltar sgrub par byed10 par !gyur te | rag las pa med pa de!i ni sgrub
par byed pa ma yin no ||
skyes bus [P6] legs par ma byas pas |
| rnam pa kun tu 1 1 don med !gyur |
| legs byas khas len na !di [C323b] yi |
| d!o s s u g l a ! p o [ D 3 2 6 b ] k h r u s ! d r a r ! g y u r | | [P V I .2 3 0 ]
1
em. ni (PV$): P, N, D, C !i
2
P, D, C !o: N !a
3
N, D, C #e (PV$): P #es
4
P, N, D yin: C lin
5
P, N can: D, C om. can
6
P, N, D, C byas pa (PV$ byas pa ñid)
7
P, N, D, C mi rtag pa (PV$ mi rtag pa ñid)
8
em. bar (PV$): P, N, D, C ba
9
D de la (PV$): C da la: P, N om. de la
10
D, C par byed: P, N om. par byed
11
P, N tu: D, C du
408 Appendice A
!es bya ba ni bsdu ba!i tshigs su bcad pa!o || g!an ya" sgra da" [P7]
don dag gi !brel pa rtag pa!am mi rtag par !gyur | gal te mi rtag pa
skyes bu!i1 !dod pas !jug pa2 can nam mi !jug pa can yin gra" na |
skyes bu la rag las pa ñid ma yin na skyes bu!i bsam [P8] pa ji lta ba
b!in du yul la sogs par gyur pas3 des4 ston par mi !gyur te | !dod pa
la rag lus pa med pa ya" ri bo la sogs pa5 da" !dra bar !ga! !ig tu
ya" mi ru" ba!i phyir ro || !di ñid ni rtag pa [P484a1] ñid la ya"
skyon yin te | de!i rtag6 pa "o bo g!an du gyur pa mi ru" ba!i phyir
ro || gnas skabs thams cad la ya" mtshu"s pa yin te | !dod pa la so
sor "es pa med [P2] pa!i phyir ro || de las khyad par rtogs pa mi !gyur
ba!i phyir | s"a ma b!in du thal bar !gyur ro || !dod pas !jug pa yin
na ya" skyes bus byas pa ñid yin pa!i phyir !khrul par dogs7 par [P3]
!gyur ro || g!an ya" |
!brel pa can rnams mi r t a g p h y i r |
| !brel pa l a rta g yod ma yin || [P V I.231ab]
g!an la8 rten pa can !brel pa yin na ni rag las pa med pa la de dag
gi9 !brel pa ñid10 [P4] mi ru" ba!i phyir ro || rten de ya" mi rtag pa yin
te | de !ig11 na !brel pa ya" !ig par !gyur ro || de lta ma yin na
brten12 par mi !gyur ro || de bas na rtag pa ma yin no || de!i rten gyi
don ya" brjod [P5] par bya ste | rtag pa la phan gdags su byar med pa
ñid kyi phyir ro || phan !dogs par mi byed pa ya" rten ma yin no ||
1
P, N bu"i: D, C bus
2
D, C pa (PV#): P, N pas
3
em. pas (PV#): P, N, D, C pa
4
em. des (PV#): P, N, D, C der
5
P, N, D pa: C pa la
6
D, C rtag (PV#): P, N brtags
7
D, C dogs (PV#): P, N !dod
8
D, C la: P, N ya"
9
D, C gi (PV#): P, N gis
10
D, C ñid (PV#): P, N ñid yin pa!i [P4] phyir
11
D, C !ig: P, N !ig pa
12
em. brten (PV#): P, N, D, C !ig
Version tibétaine 409
gal te rigs [N490a] brjod par bya ba ñid yin pa!i phyir skyon med
do !e na | ma yin te | [P6] de brjod pa la dgos pa med pa!i phyir ro
!es bya bas de dpyad zin to || thams cad du ya" rigs med pa!i phyir
!dod rgyal ñid gsal bar brjod pa rnams la mi ru" ba da" | rnam pa
thams cad du rigs [P7] brjod pa na khyad par g!an spa"s nas !jug pa
mi ru" ba!i phyir ro || de!i phyir de!i rjes su !gro ba da" ldog pa can
gyi d"os po!i yod pa da" med pa ni !brel pa yin no ||
de!i phyir don da" sgra yi1 de |
| skyes [P8] bus blo yis legs par byas || [PV I.231cd]
yod pa da" med pa de dag la brten nas ma !dres su zin kya" tha
sñad la goms pa las skyes bu la !dres par [D327a/C324a] sna" ba!i
phyir | d"os po rnams kyi !dres pa ni skyes bus [P484b1] byas pa
yin no || g!an ya" rten !ig pa las2 !brel pa !ig par !gyur na | sgra de
ya" s"a na med pa da" !brel pa ma yin te | !brel pa can ñid med
pa!i phyir da" | skyes #i" !gyur ba!i d"os po !brel [P2] pa can ma yin
pa rnams ni brjod par bya ba ma yin par3 !gyur te | !brel pa gnas pa
med pa!i phyir ro || de la ya" |
don da" lhan cig skyes pa na4 || [PV I.232a]
rtog5 par !gyur6 na |
sgra rnams la ni ra" [P3] b!in dag7 |
| rnam par bzlog pa mi rigs so || [= PV I.232bc1]
ci ste !brel pa !ig pa don g!an la med pa !am | don rnams brjod par
bya ba ma yin par ma gyur cig sñam pas | gal te skyes #i" byu" ba!i
don [P4] !brel pa da" ldan pa skye bar8 !gyur na | !brel pa de skyes su
1
D, C yi: P, N yid
2
em. las (PV$): P, N, D, C la
3
P, N, D, C ma yin par (PV$ ma yin par ya")
4
em. na (PV$): P, N, D, C ma
5
em. rtog: P, N, D, C rtogs
6
P, N !gyur: D, C gyur
7
P, N, D dag: C da"
8
D, C skye bar (PV$): P, N skyed par
410 Appendice A
zin kya! sgra la mi !gyur te | de da! !brel pa med pa can gyi ra!
b"in ni ra! b"in bzlog pa med par de!i !o bo mi ru! ba!i phyir da! |
[P5] don da! lhan cig skyes pa g"an las grub pa ya! sgra phan !dogs
pa med pa la mi brten pa!i phyir ro || de ya! de skyed par byed pa!i
lhan cig byed pa ñid yin na nus pa ni rtag tu bskyed par thal bar [P6]
!gyur te | bltos pa med pa!i phyir te | rtag1 pa la phan [N490b]
gdags su med pa!i phyir ro || nus pa med pa yin na2 ya! phyis kya!
nus pa ma yin te | ra! b"in mi !dor ba!i phyir ro ||
rnam brtags [P7] !brel la ñes !di med || [= PV I.232c2d]
d!os po !dres pa bltos pa can ni ma yin gyi skyes bu goms pa la3
sna! ba can de la bltos pa!i mtshan ñid can ni !brel pa yin te | des
rtag tu zin kya! ra! b"in g"an [P8] du bsgyur ba med par !ga! "ig las
ra! ñid kyis dpyad nas sbyor bar byed pa!i phyir | de dag kya! de
b"in !gyur na ya! !jig pa!i chos can ma yin no || rten "ig pas brten
pa !brel pa "ig [P485a1] pa!i phyir de mi rtag pa yin no "es b#ad pa
ga! yin pa de la |
gal te rten ni !jig na ya! |
| !jig min rtag phyir rigs da! !dra |
| r t a g r n a m s l a b r t e n n u s p a g a! |
| [P2] ga! gis brten de4 !dod pa yin || [PV I.233]
!di skad du rigs da!5 brten pa ni rtag pa yin na rten da! lhan cig !jig
pa ya! ma yin no [C324b] "es thos mod kyi | !on kya! rtag pa
rnams la rten gyi nus pa ma mtho! na [P3] ga! gis [D327b] na !di!i
rten yin te | byas pa la byed pa med pa!i phyir da! | byed pa po ma
yin pa la ya! mi bltos pa ñid kyi phyir ro || gal te rigs da! !brel pa
ni brten nas gsal bar phan !dogs [P4] pa6 yin pa des na rten1 "es
bya!o "e na |
1
P, N, D rtag: C rtags
2
D, C na (PV$): P, N om. na
3
em. goms pa la (PV$): P, N, D, C goms pa
4
P, N de: D, C te
5
P, N da!: D, C om. da!
6
D, C pa: P, N par
Version tibétaine 411
1
D, C rten (PV$D): P, N brten
2
em. gis: P, N, D, C gi
3
P, N, D, C pa (PV$ par ru" ba"i)
4
D, C pa (PV$): P, N par
5
P, N, D, C bar (PV$ bya)
412 Appendice A
1
P, N na (PV$): D, C no
2
P, N, D, C de ni (PV$ de ya!)
3
P, N, D, C g"an (PV$ g"an ñid)
4
P, N pa (PV$): D, C om. pa
5
D, C rten: P, N brten
6
P, N, D, C med par thal bar !gyur ba!i phyir ro (PV$ med par thal bar !gyur
ro)
7
P, N rtogs: D, C rtog
8
N, D, C ma (PV$): P la
9
N, D, C bzlog: P bltog
Version tibétaine 413
grub na de!i !bras bu!i !es pa ñid med pa!i phyir ro || de la ni sgra
!am don gyi "o bo rtags ma1 yin te | de dag ni thams cad la ru" ba
ñid kyi phyir ro || khyad par [P5] rtogs pa la brten pa rtogs pa med
pa!i phyir !di rtogs pa ma yin te | !brel pa!i khyad par med par ni de
rigs pa ma yin pa !am | de rgyu mtshan med pa can ñid yin na | de!i
khyad par rtogs pa [P6] "es pa da" !dra bar sgra rnams kyis bstan pa
ya" rgyu mtshan med pa can du ci!i phyir mi !dod | de bas na !brel
pa thams cad la rtags de da" !dra bar khyad par med par go bar
!gyur ro || de!i phyir [P7] khyad par med pa2 ñid du thams cad kyis
[C325b] rtogs par [D328b] !gyur ro || de bas na !brel pa grub pas
don rtogs pa!i phyir !ga! #ig gis ya" dag pa!i man "ag la bltos par
mi !gyur ro || gal te ya" dag [P8] pa!i man "ag da" bcas pa ni rtags3
yin no #e na | de bas na da4 ni brgyud pa !dis ci #ig bya ste | ya"
dag pa!i man "ag la bltos pa de ñid don !es par byed pa5 ci!i phyir
mi byed | sgra de ya" [P486b1] ga" la bsam pa can gyis rab tu
sbyor bar byed pa ni mtho" gi g#an du na ni ma mtho" ste | mtho"
[N492a] ba da" ma mtho" ba dag las du ba la sogs pa da" !dra bar
de rtogs6 par bskyed pa!i phyir | med na [P2] mi !byu" ba #es bya ba
de ñid !brel pa yin no || !di la ya" g#an gyi nus pa ma mtho" #i"
grub pa!i thabs ma mtho" "o || ci ste ya" sgra da" don dag gi !brel
pa ni g#an ñid ma yin na |
de las [P3] tha dad min de ñid |
| !di las g#an d"os yod ma yin || [PV I.236cd]
gnas skabs g#an ni "o bo tha dad pa!i rgyu can ñid yin pa!i phyir7
de!i "o bo can ni de ñid yin par !gyur ro || s"ar b!ad [P4] pa!i rnam
pas chos tha dad par ya" !gyur na | de ya" !gal ba8 med pa kho na
1
P, N rtags ma (PV$): D, C rtag pa
2
P, N pa (PV$): D, C pa can
3
P, N, D, C rtags (PV$ rtags ñid)
4
D, C da (PV$): P, N om. da
5
D, C pa: P, N par
6
P, N rtogs: D, C rtog
7
P, N phyir: D, C phyir ro ||
8
D, C ba (PV$): P, N bar
414 Appendice A
yin te | d!os po tha dad pa ni ma yin no || tha dad pa da! tha dad pa
med pa ma gtogs par d!os po rnam pa1 g"an pa ni [P5] med de | de ni
!o bo!i2 mtshan ñid can3 yin pa!i phyir ro || !o bo ya! rnam par rtog
pa de las ma !das pa!i phyir ro || g"an ya! |
d!o s p o ! i !o b o t h a d a d p h y i r |
| !brel pa rtogs pas byas pa yin || [PV I.237ab]
"es bya [P6] ba ni s!ar b#ad zin to || !dres pa!i mtshan ñid can gyi
!brel pa ni d!os po ma !dres pa rnams la yod pa ma yin no || de dag
gi !brel pa ni don g"an ya! ma yin te | !di ltar |
ji ltar yod [P7] g"an rag lus pa |
| rdzas ni g"an gyi !brel par !gyur || [PV I.237cd]
yod pa4 grub pa g"an la bltos par mi !gyur te | bltos pa med par ra!
rgyud pa5 ni !brel pa ma yin no || rdzas "es bya ba ni [P8] ra! b"in
brjod pa yin na de ji ltar d!os po g"an la !dres par !gyur te | ra!
b"in g"an yod pa ñid kyis g"an da! !dres pa "es bya ba ma yin no ||
gal te ma !dres pa can da! mi [P487a1] !gyur mod kyi !dres pa can
da! ni !gyur ro "e na | ma yin te | ga! gis de dag la !dres par !gyur
ba de ñid de dag da! !dres pa ma grub pa!i phyir ro || de bas na
[C326a] gal te don dag don [P2] g"an [D329a] da! [N492b] !dres par
!gyur ba !di ni #in tu thal bar !gyur te | khyad par med pa!i phyir
ro || g"an ya! |
yi ge don med can !gyur "i! |
| tshig sogs kun brtags d!os med la |
| ji ltar don [P3] dam pa !brel pa |
| !di ni gnas par !gyur ba yin || [PV I.238]
1
em. rnam pa (PV$): P, N, D, C rnams la
2
em. de ni !o bo!i (PV$): P, N, D, C de!i !o bo ni
3
P, N, D, C mtshan ñid can (PV$ mtshan ñid can ñid)
4
em. pa (PV$): P, N, D, C par
5
D, C pa (PV$): P, N pa ñid
Version tibétaine 415
rjod par byed pa ni tshig yan lag gis de da! ldan par !gyur na | yi ge
dag yod du zin kya! rjod par byed pa ma1 yin no || de bas na de dag
la [P4] brjod par bya ba da! | rjod par byed pa!i !brel pa yod pa ma
yin te | de dag la gnas na ra! gi !o bo ñams par thal bar !gyur ba!i
phyir ro || gal te bkod pa!i khyad par gyis yi ge ñid rjod par [P5] byed
pa yin no "e na | ma yin te | bkod pa ni don g"an ma yin pa ñid kyis
tha dad pa med pa ñid kyi phyir ro || de!i !o bo can ni bkod pa g"an
la ya! khyad par med pa!i phyir rtogs pa mtshu!s par [P6] !gyur ro ||
bkod pa don g"an ñid yin na ya! !og nas !gog2 par !gyur ro || de bas
na yi ge rnams rjod par byed pa ñid ma yin na tshig la sogs pa rjod
par byed par !gyur sñam na | de [P7] cir ya! mi ru! ste | tha dad pa
da! tha dad pa med pa3 ni !gal ba!i phyir ro || de bas na dba! po!i
rnam par #es pa khyad par can gyi rjes su !jug pa!i rigs mthun pa!i
bag chags kyi ñe bar len [P8] pa can gyi rnam par rtog pa la sna! ba
can gyi4 tshig da! !ag ni !khrul pa yin no || gcig tu sna! ba can ni
log pa kho na yin te | gcig da! du ma ñid ni mi ru! ba!i phyir ro ||
gcig ma yin te blo [P487b1] du ma!i rim5 pas6 !dzin pa mi ru! ba!i
phyir da! | de ni gcig gis gzu! bar bya ba ma yin te | yi ge bkod pa
rjes su !dzin pa!i phyir da! | yi ge gcig !dzin pa na ya! blo du ma
!gags pa!i phyir te | [P2] blo rnams ni skad cig ma yin pa!i phyir
da! | skad cig ma ni rdul phra rab gcig las !das pa!i dus can ñid yin
pa!i phyir da! | lhag ma yin na ni cha can gyi mtha! mi [N493a]
ru! ba!i phyir da! | yi ge [P3] thu! du rdzogs pa!i rdul phra rab du7
ma !das pa can gyi mig !byed pa!i dus can ñid yin pa!i phyir da! |
dran pa ya!8 de!i dus can kho na [D329b] yin te | ji ltar ñams su
myo! ba b"in du dran pa!i phyir [P4] da! | ñams [C326b] su myo!
1
P, N ma (PV$): D, C om. ma
2
D, C !gog: P, N !gogs
3
D, C pa (PV$): P, N pa"i
4
D, C gyi: P, N om. gyi
5
D, C rim (PV$): P, N rig
6
D, C pas: P, N par
7
D, C du (PV$): P, N tu
8
em. ya! (PV$): P, N, D, C da!
416 Appendice A
ba da! dran pa!i go rim dag khyad par rtogs pa med pa!i phyir ro ||
tshig la sogs pa du ma ya! ma yin te | blo la tha dad pa med par
sna!1 ba!i phyir da! | de!i du ma [P5] ñid ni !gog par !gyur ba!i phyir
ro || de ni d!os po ma yin te | de!i rnam par rtog pa de las ma !das
pa!i phyir ro || !brel pa d!os po yin na ya! ji ltar de!i rten can2 du
!gyur te | rten [P6] du bya bar mi ru! ba!i phyir ro || de ltar na rten
ma yin par !gyur ro || de ltar na !brel pa ma yin no ||3 de bas na sgra
da! don dag gi !brel pa ni ra! b"in can ma yin no || de!i bsam pa
can gyi [P7] sbyor ba las byu! ba !am | m!on par gsal ba!i sgra ni
der !khrul pa med pa!i phyir !di!i !brel pa ni de kho na ñid do ||
!byu! ba !am m!on par gsal ba de ya! !khrul pa med pa la brten [P8]
pa4 skyes bus byas pa!i phyir !brel pa ni skyes bus byas pa kho na
yin no || de!i sgo5 nas sgra rnams ni don rtogs pa la !es pa yin pa de
lta na | skyes bus ma byas pa ñid yin na ya! de ñid [P488a1] !khrul
pa yin no ||
byed pa po rnams mi dran phyir |
| skyes bus ma byas kya ! !dod lo || [PV I.239ab]
ga! !di rig byed pa!i !ag skyes bus ma byas pa ñid du ya! brjod
de |6 byed pa7 po [P2] mi dran pa!i phyir ro ||
! d i l a ! a!8 rjes su br jod p a yo d |
| de ltar !an pa mun khyab byed || [PV I.239cd]
re "ig de ñid #es rab !chal ba de9 !dra ba ji ltar skye sñam pas kho
bo cag gi sems !o mtshar1 da! rjes su [P3] brtse ba da! bcas pa2 yin
1
D, C sna! (PV$): P, N ya!
2
P, N can (PV$): D, C om. can
3
P, N de ltar na !brel pa ma yin no || (PV$): D, C om. de ltar na !brel pa ma
yin no ||
4
em. pa: P, N, D, C pa!i
5
P, N, D sgo (PV$): C sgro
6
P, N brjod de | (PV$): D !dod de |: C !dod do ||
7
P, N pa (PV$): D, C om. pa
8
P, N, C !a! (PV$): D !am
9
D, C de (PV$): P, N om. de
Version tibétaine 417
no || de la g!an kya"3 rjes su rjod par byed pas srid pa brtse ba med
pas [N493b] gnod pa can gyi "an pa mun khyab par byed pa yin
no || srog chags phan pa !dod pa slu [P4] bar byed pa la ñes pa ci !ig
yod | !di ltar bDe bar g#egs pa dag gis s"ags rnams byed pa po
brGyad pa la sogs pa dag da" | gZegs zan pa dag gis dByig gi sñi"
po can dran pa4 [P5] yin no || gal te de5 dag gi de log par smra ba yin
no !e na | da ni de ltar skyes bus ma byas pa yin na ga" skyes bus
byas pa yin | ga" gi tshe !di ltar g$on nu !byu" ba can la sogs pa [P6]
bdag gam g!an rtsom pa po yin par6 ston pa spo" bar byed [D330a]
par !gyur ro || de la gal te spo" ba la khas bla"s pas gnod pa yin no
!e7 na | !di ñid khas bla"s pa!i yan lag ma yin [C327a] nam | [P7] ga"
la gnod pa yin8 | de g!an la ya" mtshu"s pa kho na yin no || gal te
de!i !dod pa ñid yin pa!i phyir skyon med do !e na | !di!i !dod pa
!di tshad ma med pa can ga" las thog ma [P8] nas yod par !gyur na |
glo9 bur du !dzin pa can !di la ya" !ga! !ig tu sgrub par byed pa la
bltos pas ci !ig bya | ga" gis skyes bus byas pa da" skyes bus ma
byas pa dpyod pas [P488b1] bdag ñid dub par byed10 | de ñid !dod
pa!i phyir khas11 bla"s pas gnod pa med par !dod pa de las g!an pa
la ya" mtshu"s pa!i phyir klan ka btsal du med do || phul du byu"
ba mtho" [P2] ba med pa can !di ya" "ag rnams rnam pa12 de lta bur
skyes bus ma byas pa ñid du sgrub13 par byed pa !am | !bras bu!i
1
N, D, C mtshar (PV%): P mtshan
2
D, C pa (PV%): P, N pa can
3
P, N kya" (PV%): D, C ya"
4
P, N pa (PV%): D, C pa ma
5
D, C de (PV%): P, N om. de
6
D, C par (PV%): P, N om. par
7
N, D, C !e (PV%): P !es
8
P, N yin (PV%): D, C yin na
9
N, D, C glo (PV%): P blo
10
D, C byed: P, N byed pa !am
11
em. khas bla"s pas (PV%): N, D, C khas ma bla"s pas: P khas ya bla"s pas
12
N, D, C pa (PV%): P par
13
em. sgrub: P, N, D, C grub
418 Appendice A
chos rnams !ga! !ig la phul du byu" bar khas len pa de ltar na | !di!i
1
[P3] !jug pa rigs pa med pa can kho na yin no || byed pa!i ya" dag
pa!i man "ag rgyun chad pa can gyis byas pa ya" mtho" "o || gal te
!bad rtsol da" ldan pas dmigs pa yin no !e na | ma [P4] yin te "es pa
med pa!i phyir ro || g!an la ya" mi dmigs pa da" dmigs pa g!an
gyis bstan pa yid ches2 par bya ba ma yin pa las "es par rigs pa ñid
[N494a] ma yin pa!i phyir ro || bdag [P5] ñid kyis byas pa dag la ya"
bsñon pa mtho" ba!i phyir ro || "es pa la brten par mi nus pa ñid kyi
phyir ro ||
j i l t a r s k y e s b u ! d i g ! an las |
| thos med par !di yi ge da" |
| tshig bkod [P6] pa !di brjod3 nus med |
| de ltar g!an la !a" !es !ga! smra || [PV I.240]
ga" skyes bus ma byas pa4 ñid yin5 na | ga" skyes bus byas pa yin
!es bya ba la sogs pa de ñid6 lan yin no || de ltar na |
7
[P7] spel ba yi ni g!u" g!an ya" |
| man "ag med par g!an rnams kyis |
| brjod par8 ci mtho" na ga" gis |
| de ya" de ltar rjes mi dpog9 || [PV I.241]
1
D, C ya" dag (PV#): P, N yan lag
2
P, N, D ches: C chas
3
D, C brjod (PV#): P, N rjod
4
P, N pa: D, C om. pa
5
P, N yin (PV#): D, C min
6
P, N, D ñid: C ni
7
P, N, D, C font précéder ce p!da du p!da: | g!u" bkod pa g!an dag tu |, que
PV# P329a6/D274b6"7 commente en détail. PVt (Miy.) porte: | spel ba yi ni
g!u" g!an ya" |, non commenté dans PV#. S#agit-il là d#un vestige d#une
traduction plus ancienne?
8
P, N par: D, C pa
9
P, N mi dpog: D mi dpogs: C mid dpogs
Version tibétaine 419
da1 ltar ba rnams [P8] man !ag med par klog par mi nus pa las g"an
du skyes bus ma byas pa ñid kyi rten cu! zad kya! yod pa ma yin
no || de ni gcig gis brtsams pa!i g"u! g"an la ya! g"an gyi da!
[P489a1] mtshu!s so || de!i rjes su [D330b] !bra!s nas thams cad
de ltar rjes su [C327b] dpog pa yin pa !am | !ga! "ig kya! ma yin
no || de ni de ltar mi !dod pa ñid kyi phyir "es bya [P2] ba la sogs pa
la !dod pa ni de!i rten ñid yin pa!i phyir "es bya ba la sogs pa ya!
b#ad zin to || g"an ya! |
rigs2 ga! ga! las grub pa des |
| rgyu ma mtho! ba can g"an ya! |
| [P3] bye brag med par me #i! b"in |
| d e l a s ! g y u r b a r y a! d a g # e s | | [ P V I . 2 4 2 ]
rgyu ma mtho! ba!i phyir rgyu med pa can "es bya ba ma yin no ||
d!os po rgyu ma mtho! ba can yin na ya! de las g"an [P4] pa dag
gis3 ra! b"in tha dad pa ñams su myo! ba med par de lta bu!i rnam
pa ya! dag par rjes su dpog par !gyur ro || rgyu!i !o bo log tu zin
kya! de!i !o bo log pa ma yin na ni !bras bu!i [P5] chos las !das pa!i
phyir | de las !gyur ba med pas na cu! "ig de ltar brjod par bya ba
ma yin pa !am | [N494b] !o bo bye brag bstan par bya ba yin na4
ga! gis rgyu de!i rjes su byed par !gyur [P6] |5 ga! gis6 !dod pa da!
mi !dod pa dag gi !dod pa7 phyin ci log tu mi !gyur ro || rgyu!i ra!
b"in ldog pa las kya! d!os po rnams tha dad pa med pa yin na8 tha
dad pa de ni glo bur bar [P7] !gyur ba!i phyir !ga! "ig tu ya! ldog par
mi !gyur ro || de bas na ra! b"in ga! las skye ba can du mtho! ba
ga! yin pa de ni g"an la ya! tha dad par mi byed pa na #i! da! me
1
P, N da (PV$): D, C de
2
P, N rigs: D, C rig
3
em. gis (PV$): P, N, D, C gi
4
P, N na: D, C na ni da
5
D, C !gyur |: P, N !gyur ro ||
6
em. gis (PV$): P, N, D, C "ig
7
P, N dag gi !dod pa: D, C om. dag gi !dod pa
8
P, N na (PV$): D, C no ||
420 Appendice A
b!in du ra" gi1 bdag ñid kyis de!i !bras bu ñid las !das pa ma yin
[P8]
no ||
de la !bras mtshu"s mtho" ba!i phyir |
| k h y a d p a r d a g n i ma bstan par |
| gtan tshigs rab tu spros [P489b1] pa dag |
| de dag thams cad !khrul p a y i n | | [ P V I . 2 4 3 ]
dper na thog mar !gron2 pos bta"3 ba!i me ñid kya" !gron4 pos bta"
ba!i me ñid yin pa!i phyir | me g!an s"on du so" ba can yin gyi5 |
[P2] gtsub #i" gtsubs pa s"on du so" ba can ni ma yin te | de ma thag
pa!i me b!in no || ji ltar6 !gron7 pos bta" ba!i me ya" !khrul pa yin
te | me las byu" ba!i nus pa la brten nas [P3] me!i rgyu g!an spo" bar
byed do || gal te me med par ya" !gyur na ni g!an dag la ya" !gyur
ro !e na | de la me ñid da" cig #os las byu" ba dag la gnod par bya
ba da"8 gnod par byed pa med par9 me [P4] las byu" ba ñid ni g!an
dag la ya" !gyur ba [D331a] de ltar na chos gñis dag don gcig la
srid pa!i phyir | !gron10 [C328a] pos bta" ba!i me !am | don g!an ni
gcig la so sor "es par [P5] !gyur ba med pas na !khrul par dogs pa
yin no || phan tshun tha dad pa can gyi chos gñis11 !jug pa de ya"
d"os po!i spyi12 la !gal ba med do !es brjod par bya ba!i gnas skabs
tha dad pa [P6] can gyi khyad par ni ma yin te | cha med pa!i bdag
1
em. gi (PV$): P, N, D, C b!in
2
P, N !gron (PV$): D, C !dron
3
em. bta" (PV$): P, N, D, C gta"
4
P, N !gron (PV$): D, C !dron
5
P, N gyi (PV$): D, C gyis
6
P, N ji ltar: D, C ji ltar na
7
P, N !gron (PV$): D, C !dron
8
D, C gnod par bya ba da" (PV$): P, N om. gnod par bya ba da"
9
P, N par: D, C pas
10
P, N !gron (PV$): D, C !dron
11
D, C gñis (PV$): P, N om. gñis
12
em. d"os po!i spyi (PV$): P, N spyi!i d"os po: D, C phyi!i d"os po
Version tibétaine 421
ñid la1 de ñid da! de ñid ma yin pa !gal ba!i phyir ro || !gron2 pos
bta! ba!i me la3 me da! cig "os kyis bskyed pa ni gnod bya da!4
gnod byed [N495a] ma yin [P7] te | de ni mes bskyed pa med par mi
srid pa med pa!i phyir ro || de lta bur gyur5 pa!i !gron6 pos bta! ba!i
me me las byu! ba #es bya bar ni !gyur gyi | thams cad ni ma yin
te | de la khyad par [P8] spo! bar byed par mi nus pa!i phyir da! |
khyad par yod pa can gyi de!i gnas skabs can ñid la !es pa med
pa!i phyir ro || gal te me med par ya! !gyur na ni g#an dag la ya!
[P490a1] !gyur ro || #es bya ba gal te tshogs pa ga! gis der !gyur ba
na de !gyur #i! !gyur ba ñid yin no || de yod pa7 bstan nas de med
par ston8 par !gyur ba !am [P2] de la me ston na9 der !gyur ro || de
bas na gcig gis !don par byed pa g#an s!on du so! ba can yin pa de
lta bu!i !o bor thams cad sgrub par byed pa ma yin te | de [P3] la
rnam pa g#an du10 mi srid pa med pa!i phyir ro || de byed pa!i spobs
pa da! bral ba de lta bu!i rnam pa la ni de ltar !gyur ba!i phyir de
lta bur gyur pa kho na11 brjod par bya bar !gyur la | [P4] bye brag
med par khyad par srid pa can de brjod na ni mdzes pa12 thob pa
ma yin no || ji ltar khyad par srid pa yin | ga! gi tshe skyes bu13 de
dag kya! nus pa med pa kho na yin te | da ltar [P5] ba!i skyes bu
1
P, N la: D, C las
2
N !gron (PV$): P mgron: D, C !dron
3
N, D, C me la (PV$): P om. me la
4
D, C gnod bya da! (PV$): P, N om. gnod bya da!
5
D, C gyur (PV$): P, N om. gyur
6
P, N !gron (PV$): D, C !dron
7
P, N pa (PV$): D, C pas
8
P, N ston (PV$): D, C bstan
9
em. !am de la me ston na: N, D, C "am de la !am de med par ston na: P !am
de la ston de med par ston na. Cf. PV$ P333b6/D278a6: de la me yod par
ston par !gyur ba, suggérant: *de la me ston [par !gyur] na.
10
D, C du (PV$): P, N du du
11
P, N, D, C kho na (PV$ de ltar)
12
P, N pa (PV$): D, C par
13
em. bu (PV$): P, N, D, C bus
422 Appendice A
!dra!o || !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la1 !gal ba cu! zad kya!
mtho! ba med pa!i phyir2 mi !gal ba sgrub pa can mi dmigs pa!i
sbyor ba ni go bar byed pa ma yin no || dba! [P6] po las !das pa dag
la ni !gal ba rtogs pa yod pa ma yin no "es b#ad zin to || sbyor ba
!di ya! sbyor ba s!a ma las tha dad pa ma yin no || gal te skyes bu3
[D331b] nus par !gyur na [P7] da ltar bas kya! yin no "e na | khyad
par med pa yin na der !gyur na | de ya! [C328b] bsgrub par dka! ba
yin no || ga! la gcig nus pa med pa de la4 skyes bu5 thams cad kya!
"es [P8] bya ba ya! s!a ma b"in du !khrul pa yin te | Bha6 ra ta la
sogs pa da ltar ba rnams la ya! nus pa med pa [N495b] yin na ya!
!ga! "ig la nus pa grub pa!i phyir ro || de bas na rgyu rnam
[P490b1] par !byed par byed pas | de las byu! ba can da! de las
byu! ba can ma yin pa!i don rnams kyi ya! ra! b"in gyi khyad par
bstan par bya!o || de med na thams cad de!i bdag ñid can nam !ga!
[P2] "ig kya! ma yin no || !di la !jig rten pa da! rig byed pa dag gi
ra! b"in gyi khyad par mtho! ba med do || de yod pa ma yin pa de
dag mtshu!s pa ñid du mtho! ba!i phyir | gcig gi chos [P3] !ga! "ig
rnam par !byed pa!i de!i ra! b"in srid pa des !khrul par dogs pa!i
brjod pa can du byed7 do || rig8 byed da!9 rig byed ma yin pa dag la
de ñid kyi mtshan ñid can gyi khyad par yod [P4] pa ma yin nam |
yod pa bden te de dag !ba! "ig kho na la ma yin te | !on kya! kha
bya!i10 gna!1 gtam da! cig #os dag la ya! yin no || ra! ñid kyi lo
1
em. !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la (PV$): P, N, D, C nus pa dag la.
Cf. PV$ P334b5/D279a1"2: sbyor ba !di la ya! skyes bu da! nus pa dag la
"es bya ba#
2
em. phyir: P, N, D, C phyir da! |
3
em. bu: P, N, D, C bus
4
em. la (PV$): P, N, D, C las
5
em. bu: P, N, D, C bus
6
D, C bha: P, N ba
7
P, N byed (PV$): D, C !byed
8
N, D, C rig (PV$): P rigs
9
P, N da! (PV$): D, C de
10
D, C bya!i (PV$): P, N bya ba!i
Version tibétaine 423
rgyus kyi bye brag gsal bar byed [P5] pa!i mi! gi2 khyad par gyis
skyes bus byas pa la gnod pa3 ma yin te | g"an dag la ya! thal bar
!gyur ba!i phyir ro || gal te de !dra ba!i sbyor ba skyes bus byed par
mi nus par !gyur ba [P6] !am | byas pa la ma byas pa!i brdas rnam
par !byed par4 !gyur ba na | rig byed skyes bus ma byas par gsal ba5
yin no || skyes bu dag ni6 s!ags byed pa!i nus pa da! mi ldan pa
kho na [P7] ma yin nam | de ni !og nas rnam par dpyad par bya!o ||
g"an ya! s!ags "es bya ba g"an cu! zad kya! yod pa ma yin no || !o
na ci yin "e na | bden pa da! dka! thub kyi mthu da! ldan [P8] pa!i
!dod pa!i don sgrub par byed pa!i tshig yin no ||7 de ni da ltar ñid
kya! skyes bu rnams la sna! ba kho na yin te | bdag ñid ji lta ba
b"in du bden pa!i byin gyi rlabs8 kyi stobs las dug [P491a1] da!
me la sogs pa kun nas re!s par byed pa!i phyir ro || da ltar ya! ri
khrod !ga! "ig s!ags byed pa!i phyir [D332a] da! | rig byed ma yin
pa9 sa!s rgyas pa10 la sogs pa!i [P2] s!ags da! rtog11 pa dag mtho!
ba!i phyir [N496a] ro || de dag kya! skyes bus [C329a] byas pa yin
pa!i phyir ro || de la12 skyes bus ma byas pa ñid yin na ya! ji ltar
na13 da skyes bus ma byas pa bden pa yin te | [P3] !di ltar sa!s rgyas
pa da! cig #os dag gi s!ags da! rtog14 pa dag la !tshe ba da! | !khrig
1
em. gna! (PV$): P, N, D, C mna!
2
D, C gi (PV$): P, N om. gi
3
D, C pa (PV$): P, N par
4
P, N par: D, C pas
5
D, C ba (PV$): P, N bar
6
em. ni: P, N, D, C gi
7
P, N no ||: D, C te |
8
D, C rlabs (PV$): P, N brlabs
9
P, N pa: D, C pa!i
10
em. pa (PV$): P, N, D, C om. pa
11
P, N rtog: D, C rtogs
12
P, N skyes bus byas pa yin pa!i phyir ro || de la: D, C om. skyes bus byas pa
yin pa!i phyir ro || de la
13
P, N ya! ji ltar na: D, C om. ya! ji ltar na
14
P, N rtog: D, C rtogs
424 Appendice A
pa da! bdag tu lta ba la sogs pa m!on par mtho ba ma yin pa!i rgyu
da! rnam pa g"an du brjod do || [P4] de ji ltar na gcig la !gal ba brjod
na gñis bden par !gyur | de la don g"an du rtog1 pa na de ni g"an2 la
ya! mtshu!s pa de ltar na don la !es pa med pa!i phyir3 | !ga! "ig
kya! rtogs par [P5] mi !gyur ro || de ltar na ya! skyes bus ma byas
pa4 yin du zin kya! ñe bar mkho ba ma yin no || sa!s rgyas pa la
sogs pa dag gi s!ags ñid ma yin na de las g"an pa la ya! mna!5 [P6]
chu btu! dgos par !gyur ro || sa!s rgyas pa la sogs pa dag6 dug gi
las7 la sogs pa byed pa mtho! ste | de la ya! s!ags ñid bkag pa med
do || phyag rgya da! dkyil !khor da! bsam [P7] gtan yi ge med pa can
dag gis kya! las rnams byed par !gyur te | de dag ni skyes bus ma
byas pa da! rtag par rigs pa ma yin no || de dag gi byed pa yod na
skyes bu rnams yi ge bkod [P8] pa byed pa la !gal ba ci yod | de bas
na de dag gi byed pa nus pa med pa ni8 cir ya! mi ru! !o || da ni ji
ltar na bden pa las byu! ba can gyi s!ags da! rtog9 pa phan tshun
!gal ba dag yin | [P491b] de dag ni thams cad du bden pa las byu!
ba can dag ma yin te | skyes bu mthu da! ldan pa!i dam bcas pa!i
mtshan ñid can dag la ya! !gyur ro10 || mthu de ni !gro ba da! grub
pa!i khyad par dag [P2] las kya! !gyur ro || gal te s!ags skyes bus
byas pa yin na skyes bu thams cad ci!i phyir s!ags byed pa ma yin
no "e na | de byed pa!i sgrub par byed pa da! bral ba!i phyir ro ||
gal te de [P3] !dra ba!i bden pa da! dka! thub la sogs pa da! ldan
[N496b] par !gyur na byed pa ñid du !gyur ro || g"an ya! skyes bu
sñan d!ags byed pa!i phyir | skyes bu thams cad sñan d!ags byed
1
P, N rtog (PV#): D, C rtogs
2
D, C g"an (PV#): P, N g"an pa
3
em. !es pa med pa"i phyir (PV#): P, N, D, C !es pa"i phyir
4
D, C pa (PV#): P, N pa ñid
5
N, D, C mna! (PV#): P mna!i
6
P, N, D, C dag (PV# dag kya!)
7
D, C las (PV#): P, N om. las
8
em. ni (PV#): P, N, D, C na
9
N rtog (PV#): P, D, C rtogs
10
P, N, D, C ya! !gyur ro (PV# ya! de dag !gyur ro)
Version tibétaine 425
1
P, N rigs (PV$): D, C rig
2
D, C pa da" (PV$): P, N pa!i
3
P, D, C !ga!: N !ba!
4
em. la: P, N, D, C las
5
em. pa ni (PV$): P, N, D, C pa!i
6
em. rnams la (PV$): P, N, D, C rnams
7
P, N de |: D, C do ||
8
P, N, D, C pa!i ye #es (PV$ pa)
9
em. ci !dra ba de lta bur gyur pa ya": P, N, D, C ci !dra ba g!an dag kya" de
lta bur gyur pa yin na | de lta bur gyur pa ya"
426 Appendice A
ra! b"in can1 ma yin no "es bya ba ya! ma yin te | yod du zin kya!
!bras bu rtsom pa med pa srid pa!i phyir da! | ra! b"in gyis bskal
[P5] pa rnams ni mtho! bar mi nus pa ñid kyi [N497a] phyir ro || de
bas na !don par byed pa yin pa!i2 phyir | !don3 par byed pa ni !don
par byed pa g"an s!on du so! ba can yin no "es bya ba ni [P6] !khrul
pa yin te | Bha ra ta !don4 par byed pa la ya! yod pa!i phyir ro || rig
byed kyis5 khyad par du byas pa!i phyir skyon med pa ma yin nam
"e na | rig byed !don6 [D333a] par byed pa la phul [P7] du byu! ba
ya! ci "ig yod na ga! gis rnam pa g"an gyis !don par mi nus pa
yin | mi mthun pa!i phyogs da! khyad par !gal ba med pa !di las
gtan tshigs ldog par byed pa [P8] ma yin te | !gal ba med pa dag
[C330a] ni gcig la srid pa!i phyir ro || gal te da ltar ba7 rnams !don
par byed pa!i phyir ro "e na | de!i lan ni8 b#ad zin to || gal te ma
mtho! ba!i [P492b1] phyir ro "e na | !di9 ya! spa!s zin to || ma
mtho! ba tsam ya! med par go bar byed pa ma yin pa!i phyir
!khrul pa kho na yin no || de bas na khyad par phul du byu! ba la
brten10 pa ma yin pa!i11 [P2] phyir | ma bzu!12 ba da! mtshu!s pa yin
no || ga! cu! "ig rig byed !don par byed pa de thams cad ni rig
1
em. #es par byed pa ma mtho! ba can de"i ra! b"in can ma yin no: P, N, D, C
#es par byed pa ma mtho! ba can ma yin no. Cf. PV$ P341b5#6/D284a7: !es
par byed pa ma mtho" ba can de!i ra" b#in can la ma yin no #es bya bar ya"
ma yin pa ste |.
2
D, C pa!i: P, N pa yin
3
N, D, C !don (PV$): P !dod
4
N, D, C !don (PV$): P !dod
5
P, N kyis: D, C kyi (PV$)
6
N, D, C !don (PV$): P !dod
7
em. da ltar ba (PV$): P, N, D, C da ltar
8
P, D, C ni: N na
9
em. !di: P, N, D, C !di la. Cf. PV$ P342b6/D285a4#5: "di ya" spa"s zin pa
ste |.
10
N, D, C brten (PV$): P rten
11
D, C pa!i: P, N om. pa!i
12
D, C bzu! (PV$D): P, N gzu!
Version tibétaine 427
byed !don pa g!an s"on du so" ba can yin no !es bya ba!i khyab pa
ya" !grub [P3] pa ma yin te | thams cad de lta bu!i "o bor ma grub
pa!i phyir ro || de!i rgyu mtshan1 ci !dra ba mtho" ba de ni de ltar
yin no !es bya bar !gyur la | khyad par mtho" ba de dor !i" de!i [P4]
rgyu mtshan can ñid kyis spyi smos pa ni bsreg2 za sgrub la rdzas
s"on po da" !dra bar !khrul pa ñid yin no || !dis !dod chags la sogs
pa ni sgrub3 par byed pa la tshig la sogs pa [P5] dag gsal ba yin no ||
!don par byed pa !di !don par byed pa s"on du so"4 ba can sgrub pa
yin par ya" bla ste |
rnam kun thog med g r u b ! g y u r b a |
| de ltar skyes min rten can min |
| [P6] de!i5 phyir skyes bus ma6 byas ñid |
| g!an ya" mi min7 rten can !gyur || [PV I.244]
skyes bu bdag ñid kyis brtags [N497b] nas sam | g!an las !don par
byed pa na | byed pa!i bya ba med pa can [P7] de dag gi sgra ra" ñid
sgrogs par byed pa ma yin na ga" gis na skyes bus ma byas par
!gyur | gal te skyes bu rnams kyi thog ma ñid yod par !gyur na |
skyes bus ma byas pa la [P8] ya" !gyur ro || de!i tshe ya" g!an s"on
du so" ba can mi !grub ste | !don par byed pa po med pa!i phyir ro ||
de!i da" po !don par byed pa ni byed pa po ñid du !gyur ro || de bas
na [P493a1] !di ni byis pas rdul gyi rtsed mo la sogs pa da" !dra
bar s"a ma s"a ma mtho" bas !jug pa yin pas na | [D333b] skyes
bu!i tha sñad thog ma med can8 du !gyur gyi | [P2] skyes bus ma
byas pa ñid ma yin no || thog ma med pa ñid kyi phyir skyes bus
1
P, N, D, C rgyu mtshan (PV# rgyu mtshan can)
2
P, D, C bsreg: N bsrag
3
P, N sgrub (PV#): D, C grub
4
D, C so" (PV#): P, N s"on
5
D, C de!i (PV#): P, N de
6
P, N, D ma: C om. ma
7
D, C min (PV#): P, N mi"
8
D, C med can (PV#): P, N med pa da" can
428 Appendice A
1
D, C da (PV$): P, N om. da
2
P, D, C tshig: N tshigs
3
P, D, C legs: N lags
4
D, C bsgos (PV$): P, N bsgom
5
N, D, C cher (PV$): P tsher
6
D, C pa (PV$): P, N par
7
P, N da" (PV$): D, C om. da"
8
P, N gi: D, C gis
Version tibétaine 429
rnam pa ga! gis [P2] mi slu ba!i phyir | skyes bus ma byas pa ñid du
!dod na de ni thog ma med pa ñid can du1 yin pa!i phyir | slu bar
byed pa la la2 dag la ya! yod pas skyes bus ma byas pa ñid kyis ci
"ig bya | rig [P3] byed kyi !ag dag kho na skyes bus ma byas pa yin
na ya! |
d on ni !dus byas khyad par rnams |
| mtho! phyir the tshom dag kya! yin || [PV I.246cd]
gal te skyes bus3 ma byas pa ñid yin4 ya! de!i5 [P4] don gyi6 spobs pa
so sor !es pa bskyed par !gyur ba na yid ches par !gyur ro || ji ltar
!dod pa b"in du sgro !dogs [D334a] pa da! skur ba !debs pa dag
gis #es par brjod pa da! dPyod [P5] pa pa la sogs pa dag gis rig
byed kyi !ag rnams tha dad par byed par mtho! !o || don de rnams7
de dag la8 mi !thad par !gyur ba ma yin te | don la !jug pa [C331a]
brda gtso bo yin pa!i phyir [P6] da! | !ag gcig la ya! rnam par rtog
pa du ma srid pa!i phyir da! | ra! b"in da! rkyen rnams kyi don du
mar brjod pa!i phyir da! | grags9 su zin kya! gcig ñid du khas mi
len pa!i phyir [P7] da! | ma grags pa!i10 ma! ba ñid kyi11 phyir da! |
de!i don ni12 skyes bus bstan pa la rag lus pa!i phyir da! | des
bstan13 pa ni de!i !dod pa!i rjes su !jug pa!i phyir | rig byed kyi !ag
1
D, C du: P, N om. du
2
D, C la (PV$): P, N om. la
3
P, N bus: D, C bus byas
4
D, C yin (PV$): P, N li!
5
D, C de!i (PV$): P !a"i: N illis.
6
P, N gyi: D, C gyis
7
P, N, D, C rnams (PV$ rnams kya!)
8
em. la (PV$): P, N, D, C om. la
9
P, N grags (PV$): D, C grogs
10
P, N, D, C ma grags pa"i (PV$ ma grags pa"i sgra)
11
P, N kyi (PV$): D, C om. kyi
12
P, N ni: D, C om. ni
13
D, C bstan (PV$): P, N brtan
430 Appendice A
gi don rnams !es pa med pa kho na1 yin no || g"an ya! !di skyes
[P8]
bus ma byas pa ñid du sgrub2 na yi ge rnams sam !ag sgrub par
byed par !gyur gra! na | de la |
yig rnams g"an las3 khyad med [P494a1] phyir |
| sgrub par byed par !bras cir4 !gyur || [PV I.247ab]
!jig rten pa da! rig byed pa dag gi !ag gi5 yi ge tha [N498b] dad pa
ma yin no || tha dad na6 ya! !o #es pa la khyad par med pa!i phyir |
de las gcig [P2] ñid ma grub par thal bar7 !gyur ba!i phyir da! |
khyad par rtogs pa med pa!i phyir da! | rig byed pa!i yi ge dag ma
!grub8 pa!i phyir da! | !o #es pa las rtogs pa med pa!i thal bar !gyur
ba!i phyir da! | [P3] khas mi len pa!i phyir ro || de dag skyes bus ma
byas pa ñid du bsgrubs9 pa na de thams cad la mtshu!s pa!i phyir |
!dis lhag pa ci "ig byas | de10 ltar tha sñad thams cad skyes bus ma
byas pa yin na thams cad bden pa [P4] ma yin pa!i phyir yo!s su !al
ba11 don med pa yin no || ci ste !ag rnams skyes bus ma byas par
!dod na ni |
!ag ni yi ge las tha dad |
| par yod min te mi dmigs phyir || [PV I.247cd]
kho bo cag [P5] gi blo la lhas12 byin la sogs pa!i tshig da! !ag rnams
kyi yi ge da la sogs pa sna! ba ma gtogs par yi ge gñis pa sna! ba
1
em. !es pa med pa kho na (PV$): P, N, D, C !es pa kho na
2
P, N sgrub (PV$): D, C bsgrubs
3
em. las (PV$): P, N, D, C la
4
D, C cir (PV$): P, N phyir
5
D, C !ag gi: P, N om. !ag gi
6
D, C na: P, N pa
7
P, N, D bar (PV$): C om. bar
8
D, C !grub: P, N grub
9
D, C bsgrubs: P, N sgrub
10
N, D, C de (PV$): P da
11
D, C ba (PV$): P, N ba"i
12
P, N lhas (PV$P): D, C lha
Version tibétaine 431
1
P, N, D !dzin (PV$): C !jin
2
N, D, C "e (PV$): P "es
3
D, C gi (PV$): P, N gis
4
D, C las: P, N om. las
5
P, N ni (PV$): D, C om. ni
6
D, C bsgrub (PV$): P, N sgrub
432 Appendice A
1
D, C brtags (PV$D): P, N btags
2
em. rtog (PV$P): P, N, D, C rtogs
3
em. pa (PV$): P, N, D, C pa!i
4
P, N rtog (PV$P): D, C rtogs
5
N, D, C !gyur: P !gyur ro
6
D, C na (PV$): P, N nas
7
D, C gcig (PV$): P, N cig
8
em. las (PV$): P, N, D, C la
Version tibétaine 433
tshe ya! dus la sdod pa mi rigs pa kho yin te | yan lag gcig1 rtogs
pa!i dus ñid na thams cad thos pa!i phyir ro || rim b"in du thos pa
yin na ya! don tha dad pa da! ldan pa dag ni gcig ñid las [P4] de!i
don grub pa!i phyir | g"an ni don med pa can ñid du !gyur ba!i
phyir ro2 || cig car thos na ya! don tha dad pa dag la mtho! ba!i nus
pa med pa can dag gi don da! ldan pa ñid kya! mi !grub po || gal te
tshogs pa [P5] rnams kyi don mtho! ba!i phyir skyon med do "e na |
ma yin te | tha dad pa la yod pa ma yin pa!i !o bo ni3 tshogs pa la
ya!4 mi srid pa!i phyir da! | don g"an mi skye ba!i phyir ro || re "ig
sgra skye bar smra ba la skyon !di ñid [P6] yod pa ma yin te | so sor
nus pa med pa!i yan lag rnams kya! phan !dogs pa!i khyad par las
phul du5 byu! ba da! ldan pa!i !bras bu!i khyad par la6 ñe bar sbyor
ba!i phyir ro || yan lag re re nus pa yod pa yin [P7] na ya! g"an du7
rtogs pa don med par !gyur ro || ci ste ya! !ag gcig kho na yan8 lag
med pa can9 yin na | de la |
[D335b] gcig ñid na10 ya! tha dad med |
| go rim !dzin pa mi srid phyir || [P V I.250cd]
dus tha dad ñid mi ru! !o || gcig [P8] la ni go rim b"in du rtogs pa mi
rigs te | gzu! ba da! ma gzu!11 ba dag tha dad pa med pas gzu!12 ba
da! ma gzu! ba13 med pa!i phyir ro || [C332b] rim b"in du !ag
1
D, C gcig (PV#): P, N cig
2
D, C ro: P, N om. ro
3
em. ni (PV#): P, N, D, C !i
4
D, C ya! (PV#): P, N om. ya!
5
D, C du (PV#): P, N om. du
6
em. la (PV#): P, N, D, C las
7
N du (PV#): P, D, C tu
8
P, N, C yan (PV#): D yin
9
D, C can: P, N om. can
10
P, N na (PV#): D, C ni
11
P, N gzu! (PV#P): D, C bzu!
12
P, N gzu!: D, C bzu!
13
D, C ba: P, N om. ba
434 Appendice A
rtogs pa ya! mtho! ste | !ag thams cad kyi tha sñad [P495b1] da!
thos pa da! dran1 pa!i dus su mig !dzum2 pa skad cig ma du ma can
gyi go rim gyis yo!s su3 rdzogs pa!i phyir ro || yi ge!i !o bo la ma
reg pa can da! blo gcig la sna! ba can gyi sgra!i bdag4 ñid ni mi [P2]
sna! ba!i phyir te | yi ge!i go rim gyis [N500a] rtogs pa!i phyir ro ||
de khyad par med pa yin na ya! !ag gi khyad par go rim b"in du
byas pa ñid kyi phyir | !ag go rim da! ldan pa rtogs pa yin no || yi
5
[P3] ge!i go rim gyis phan btags pa la bltos pa med pa!i phyir da! |
ga! ji ltar ya! ru! ba de dag rab tu sbyar ba dag gis sam6 | yi ge
med pa dag gis kya! !ag rtogs par !gyur ro || go rim da! [P4] ldan pa
de dag gis go rim med pa la phan !dogs pa mi ru! ba!i phyir da! |
go rim med par rjod7 par mi nus pa ñid kyi phyir da! | rnam pa
g"an med pa!i phyir ro || !ag la yi ge dag yod pa [P5] ñid ma yin no ||
gal te sgra!i !o bo gcig po de ñid ni gsal byed kyi go rim gyi dba!
gis go rim8 da! ldan pa da! | yi ge!i rnam par dbye ba da! ldan par
sna! !o "e na | gsal byed [P6] go rim da! ldan pas gsal bya go rim
med pa spa!s zin te | gsal ba da! gsal ba ma yin pa !gal ba!i phyir
ro || !ag yi ge da! cha med pa can yin na ma lus par thos pa [P7] med
par !ag mñan par9 mi !gyur te | gcig la cha med pa!i phyir ro || ya!
!ga! "ig kya! cha med pa mñan par10 mi !gyur ro || yi ge ma lus pa
legs par byas pa da! ldan pa!i blo tha [P8] mas !ag11 !es par gzu! !o
"es bya ba ya! log pa yin te | yi ge!i !o bo la ma reg pa12 de la !ga!
1
em. dran (PV#): P, N, D, C !dren
2
em. !dzum (PV#P): P, N, D, C tu mtshu!s
3
N, D, C su (PV#): P om. su
4
N, D, C bdag (PV#): P bnag
5
P, N gyis (PV#): D, C gyi
6
D, C gis sam: P, N gi bsam
7
D, C rjod: P, N brjod
8
em. rim (PV#P): D, C rims: P, N rim ma ma
9
P, N, C par (PV#): D phar
10
D, C par (PV#): P, N pa
11
P, N, D !ag (PV#): C rag
12
P, N, D, C ma reg pa (PV# ma reg pa can)
Version tibétaine 435
!ig kya"1 !ga! !ig gi tshe rtogs pa med pa!i phyir da" | yi ge rnams
kya" go rim med par rtogs pa [P496a1] med pa!i phyir ga" las "ag
ces bya ba [D336a] go rim med pa blo gcig gis gzu" bar bya ba
yin | yi ge tha ma rtogs pa las phyis kya" sgra!i bdag ñid cha med
pa [P2] g!an ñe bar rtogs pa ma yin te | smra ba po bdag ñid !dis
kya" "es par byed pa ma yin no || gal te !di ltar blo tha [C333a] ma
la sgra cha #as rdzogs pa yan gar ba sna" bar !gyur [P3] na | legs par
!gyur ba de ltar na dge ba !dod pas rmo"s pa!i blo can rmi [N500b]
lam b!in du spyod do || tshig da" "ag dran par gyur pa dag la ya" yi
ge!i go rim gyi khyad [P4] par med par2 "es par !gyur ba ma yin no ||
blo go rim med pa can dag la s"a phyi med pa!i phyir | des byas
pa!i tshig da" "ag gi khyad par de dag3 khyad par med par !gyur
ro || yi ge!i4 [P5] go rim med pa can gyi sgra!i "o bo g!an ma mtho"
"o !es b#ad zin to || yod na ya" de mi rtag pa !am rtag par !gyur
gra" na | gal te mi rtag pa yin na ni |
rtsol ba las [P6] byu" mi rtag na |
| de ci skyes bus byas p a m i n | | [ P V I . 2 5 1 a b ]
mi rtag pa ni gdon mi za bar !ga! !ig las skye ba da" ldan par !gyur
ro || de lta na5 yod pa ñid glo6 bur ba yin na yul [P7] la sogs pa "es
par mi !gyur ro !es b#ad zin to7 || de ya" !bad rtsol gyis !pha"s pa
byed pa!i yon tan da" bral ba ma yin pa can dag la mtho" ba g!an
du ma [P8] mtho" "o || de ltar rgyu!i chos mtho" ba!i phyir8 skyes
bu!i bya ba ñid ni rgyu yin pa de bas na skyes bus byas par !gyur
ro ||
rtag ñid yin na !a" rtag pa ni |
1
D, C !ga" !ig kya" (PV$): P, N om. !ga" !ig kya"
2
em. khyad par med par (PV$D): P, N, D, C khyad par
3
D, C de dag (PV$): P, N de dag de
4
D, C ge"i (PV$): P, N ge
5
em. de lta na (PV$P): P, N, D, C de ldan par
6
D, C glo (PV$): P, N blo
7
P, N to (PV$): D, C te
8
em. mtho" ba"i phyir (PV$): P, N, D, C mtho" ba"i
436 Appendice A
1
P, N, D, C de ltar na (PV$ de ltar na de)
2
P, N, D, C pa de"i (PV$ pa"i)
3
em. de"i (PV$): P, N, D, C bskyed pa
4
D, C ñid (PV$): P, N om. ñid
5
em. ga! la (PV$D): P, N, D, C !ag la
6
P, N dpyad (PV$D): D dpyod
7
P, N, D bum (PV$): C dum
8
D, C skyed (PV$): P, N bskyed
9
D, C gcig la gcig gis (PV$): P, N gcig gis
10
P, N, C par (PV$): D pa
11
N, D, C cig (PV$): P om. cig
Version tibétaine 437
nus pa!i ra! b"in can rtag tu skyed par byed pa1 !am | skyed par mi
byed [P497a1] pa !am | g"an thams cad du !gyur ro "es b#ad zin
to || de dag kya! thogs par byed pa g"an gyis2 bar ma chod par phan
tshun du !dogs par byed pa yin te | bar du [P2] gcod pa med pa can
gyi yul ru! ba ñid kyi lhan cig byed pa can ñid kyis de dag phan
tshun du phul du byu! ba bskyed pa ñid kyi phyir ro || bar chad yod
na ni rgyu med pas3 nus pa!i skad cig ma [P3] g"an mi bskyed pa!i
phyir | rnam par #es pa mi bskyed pa yin no || de bas na s!ar byu!
ba!i nus pa !gags pa!i phyir | rtsig pa yod na g"an skye bar !dod pa
rgyu med pas mi [P4] skye ba!i phyir rgyu da! bral bas4 #es pa mi
skye ba de ltar na rtsig pa la sogs pa la sgrib g.yogs #es5 bya!o ||
s!ar ru! ba la gegs6 byed pa!i phyir ni7 ma yin te | de!i ra! b"in las
8
[P5] ma !phos pa!i phyir ro || ya! na d!os po skad cig ma rnams
phan tshun phan9 !dogs pa yod du zin kya! | thams cad #es pa ma
yin pas | rgyu da! rkyen gyi nus pa bsam gyis mi khyab pa [P6] ñid
kyi phyir ro || de bas na gal te dba! po da! yul gyi bar na gnas pa!i
sgrib g.yogs des de la rnam par #es pa skyed10 par byed pa da! #in
tu mi mthun pa!i bye brag gis phul du [P7] byu!11 ba can du byed
du12 zin [N501b] kya! | sgrib g.yogs kyi bye brag gis sgra la sogs
pa [D337a] mñan pa gsal ba da! mi gsal ba mtho! ba!i phyir ro ||
de lta ma yin na !ga! "ig la ya! thag ñe ba [P8] yin du zin kya! cu!
1
D, C pa (PV$): P, N par
2
em. gyis: P, N, D, C gyi
3
em. pas: P, N, D, C pa
4
D, C bral bas (PV$): P, N !bras bus
5
P, N #es: D, C "es
6
N, D, C gegs (PV$): P gogs
7
D, C ni: P, N om. ni
8
D, C ma (PV$): P, N om. ma
9
N, D, C phan (PV$): P om. phan
10
D, C skyed (PV$): P, N bskyed
11
D, C byu! (PV$): P, N !byu!
12
P, N du (PV$): D, C om. du
438 Appendice A
1
em. mi byed (PV$): P, N, D, C med
2
P, N ni (PV$): D, C om. ni
3
P, D, C btags: N brtags
4
N, D, C btags (PV$): P brtags
5
P, N rtog (PV$P): D, C rtogs
6
em. des: P, N, D, C de
7
P, N, D, C gnas pa (PV$ gnas pa can)
8
D, C bya ba: P, N byas pa
9
P, N, D, C khyad par (PV$ khyad par can)
10
D, C ltar: P, N ltar na
11
em. !am skye bar (PV$): P, N, D, C med par
12
D, C !ga! !ig !ga! !ig gi tshe (PV$): P, N !ga! !ig gi tshe
13
D, C byed (PV$P): P, N byed pa
14
N, D, C mñan (PV$): P mñen
Version tibétaine 439
de ltar ni1 !gyur na sgrib g.yogs las rtag tu sgra dag2 ma thos par3 ni
ma yin mod kyi | !on kya! de dag rtogs pa la4 lhan cig byed pa !es
pa cu! zad ni yod5 [P7] do || de ni !ga! "ig gi tshe !ga! "ig tu !gyur ro
"es de dag !ga! "ig gi tshe !ga! "ig tu des6 byas pa thos pa yin no "e
na |
de ltar g"an bltos yin bla ste |
| !es pa dag ni [P8] !gal ba yin || [PV I.252cd]
kho bo cag ni rgyu rnams kyi7 lhan cig byed pa dag8 spo! ba ma
yin mod kyi | !on kya! rgyu rnams de!i skabs la phan !dogs par
byed pa9 [N502a] la bltos pa kho na yin te | de las [P498a1] rñed
pa!i phul du byu! ba!i !bras bu la ñe bar sbyor ba!i phyir ro || de
ltar na gal te sgra dag kya! !ga! "ig la bltos nas !bras bu10 byed par
!gyur na byed la rag go || [P2] s!a ma"i [D337b] ra! b"in !es pa "es
bya ba der mi !gyur te | de ni !phos pa!i phyir da! | [C334b] bltos
par bya ba las ra! b"in g"an thob11 pa!i phyir ro || phan !dogs12 pa
ma yin pa ni bltos par [P3] bya bar !gyur ba ma yin no "es bya ba de
ni b#ad zin to || phan !dogs par byed pa don g"an ñid yin na | de!i
"es !brel ba med pa la sogs pa ya! b#ad zin to || de ya! #es [P4] bya13
ñid ma yin te | phan !dogs pa ñid las14 #es pa skye ba!i phyir ro || de
1
N, D, C ni (PV$): P na
2
P, N, D, C sgra dag (PV$ sgra thams cad)
3
D, C par: P, N pas
4
em. la (PV$): P, N, D, C las
5
N, D, C yod (PV$): P yid
6
em. des (PV$): P, N, D, C de
7
P, N kyi (PV$): C ni: D illis.
8
D, C dag (PV$): P, N om. dag
9
P, N pa: D, C om. pa
10
D, C bu (PV$): P, N bus
11
em. thob (PV$): P, N, D, C thos
12
N, D, C !dogs (PV$): P !dog
13
N, D, C bya: P bya ba
14
N, D, C las (PV$): P la
440 Appendice A
bas na sgra de dag ni dba! po da! phrad pa da! | bdag ñid da! |
g"an rnam par #es pa skyed1 par byed pa!i rten [P5] ra! gi #es pa
skyed par byed pa !ga! "ig la bltos pa med pa yin te | de la thams
cad cu! zad kya! mi byed pa!i phyir ro || g"an ya! sgra de dag
khyab par byed pa !am | khyab par byed [P6] pa ma yin par !gyur
gra! na |
gal te de dag khyab byed min |
| thams cad du ni2 dmigs mi !gyur || [PV I.253ab]
yul gcig la gnas pa des sto! pa!i yul la gnas pas ji ltar dmigs par [P7]
!gyur | gal te ma phrad par !dzin pa!i phyogs la skyon yod pa ma
yin no "e na | ma yin te | de la ya! rdo khab len3 la sogs pa da! !dra
bar4 yul ru! ba ñid la gnas pa khyad par [P8] can la bltos pa!i phyir
ro || de ltar ma yin na thos5 pa gsal ba da! mi gsal ba!i khyad par
du6 mi !gyur ro || dmigs pa!i rkyen yod na ya! yul thams cad la !dra
bar dmigs [P498b1] par !gyur ro || de bas na khyab7 par byed pa ma
yin pa ma yin no ||
gal te khyab na th ams cad kyis |
| cig car dmigs pa dag tu !gyur || [PV I.253cd]
sgra !ga! [N502b] "ig la ya! med pa8 ma yin pa!i phyir | thams cad
[P2] yul thams cad na gnas pa dag gis cig car dmigs par !gyur te |
dba! po ru! ba can ñid yin pa!i phyir da! | yul thag ñe ba ñid kyi
phyir da! | gegs byed pa9 med pa!i phyir ro || [P3]
!dus byas dmigs pa yin na ya ! |
1
D, C skyed: P, N bskyed
2
D, C ni (PV$): P, N om. ni
3
P, D, C len: N lan
4
D, C bar (PV$): P, N bar ya!
5
N, D, C thos (PV$): P thog
6
P, D, C du: N ru
7
N, D, C khyab (PV$): P khyag
8
D, C med pa (PV$): P, N om. med pa
9
D, C pa: P, N om. pa
Version tibétaine 441
1
P, D, C legs: N lags
2
D, C ni: P, N mi
3
D, C pa (PV#): P, N pas
4
D, C par (PV#): P, N pa
5
P, N !gyur (PV#): D, C gyur
6
P, N gi: D, C gis
7
P, N sgra (PV#): D, C sgra rnam pa
8
N, D, C ste (PV#): P sde
9
P, N po (PV#): D, C po legs so
10
P, N sna tshogs (PV#): D, C om. sna tshogs
442 Appendice A
pa can dag cig car thos pa!i phyir ro || tha dad pa [P2] rnam par g!ag1
pa ya" ra" b!in tha dad pa la brten pa can ñid yin pa!i phyir ro || gal
te !jug pa myur ba!i phyir | cig car thos pa !khrul pa2 yin no !e na |
gli"3 bu la sogs pa!i sgra!i [P3] rgyun go bar byed pa!i yan lag !dus
pa las [N503a] !dres par gyur pa rtogs par !gyur ro || !di !gog4 par
byed pa5 la ya" !og nas !chad par !gyur ro || de bas na dba" po ni
gcig [P4] rtogs par nus pa so sor "es pa yin pa!i phyir | ca co du ma!i
bdag ñid can thos pa ma yin no ||
de la gal te sgra yan gar |
| thos !gyur rjod byed dag ma yin || [PV I.256ab]
ca co la yi ge da" [P5] tshig da"6 "ag dag ni thos pa ma yin te | sgra
tsam yan gar ba dag thos pa!i phyir ro || rjod7 par byed pa la dba"
po so sor "es pa!i nus pa can yod kyi8 sgra tsam dag la ni ma yin
no ||9 [P6] de la |
sgra las tha dad yod do !es10 |
| ! d i l a # in tu ches dad bya | | [ P V I . 2 5 6 c d ]
kho bo cag gis ni sgra tsam da" rjod par byed [D338b] pa!i sgra!i
"o bo [C335b] tha dad pa ma mtho" "o || dus gcig gi tshe yi ge!i go
rim thos pa [P7] na sgra!i bdag ñid gcig kho nar "es so || de bas na
"es pa s"on du so" ba can gyi tha sñad yo"s su bcad11 pa med par ji
1
D, C g!ag (PV$): P, N b!ag
2
D, C pa (PV$): P, N pa!i
3
N, D, C gli" (PV$): P gle"
4
D, C !gog (PV$): P, N !gogs
5
D, C pa: P, N par
6
em. da" (PV$): P, N, D, C dag
7
D, C rjod (PV$): P, N brjod
8
P, N kyi (PV$): D, C pa!i
9
P, N no || (PV$): D, C yin |
10
D, C !es (PV$): P, N !e na
11
P, N bcad (PV$): D, C gcad
Version tibétaine 443
ltar !jug par !gyur || de bas na sgra!i khyad par !di ñid yi [P8] ge la
sogs pa !es bya!o || g!an ya" |
sgra g ! a n d a g n i g n a s p a n a |
| rjod byed ji ltar thos pa yin || [PV I.257ab]
!di las sgra tsam1 tha dad pa!i "o bo da" lhan cig gam tha dad pa ni
ma yin no || [P499b1] m"on sum gyi don la g!an gyis bstan pa chen
por gyur pa ma yin no || de bas na !dis smra ba po g!an dag !dug
par gyur pa na | sgra !ba!2 !ig thos pa de!i dmigs pa!i rkyen dag de
las [P2] g!an pa sgrub pa la nus pa med pa3 "es par byed do || gal te
nus pa dag tu !gyur na de sgrub par byed pa de dmigs par !gyur na |
de!i ra" b!in can ñid kyi rkyen dag gis ji ltar [P3] ca co don g!an du
gyur pa byed par !gyur te4 | rgyu tha dad pa med pa la !bras bu!i tha
dad pa rigs pa ma yin no || de ni rgyu med pa can ñid du thal bar
!gyur ba!i phyir ro !es b#ad zin [P4] to || ca co la rjod par [N503b]
byed pa5 ma thos pa ma yin te | tshig da" "ag chod pa dag ñe bar
mtshon ba!i phyir ro ||
ya" na nus pa "es pa!i phyir |
| tha dad sgra6 rtogs ji ltar !gyur || [PV I.257cd]
dba" [P5] po nus pa so sor "es pa can de dag gis kya" sgra so so la
"es pa!i sgra tsam7 "o bo sna tshogs pa thos pa na sgra dag ñid ma
yin te | de ltar na sgra dag la de dag gis rgyab kyis phyogs pa [P6]
yin no ||8 rjod par byed pa dag las tha dad par sgra tsam <3dag grub
pa med do !es b#ad pa ga" yin pa ji ltar na mi !grub ste | tshig las
don rtogs pa!i phyir ro || sgra tsam gyi cha #in tu chu" ba las ni don
1
D, C tsam (PV$): P, N can
2
em. !ba! (PV$): P, N, D, C !ga!
3
D, C pa (PV$): P, N pa!i
4
P, N, D, C don g!an du gyur pa byed par !gyur te. Cf. PV$ P366a3/D302a2:
!bras bu g!an du gyur pa rtsom par !gyur te.
5
em. pa (PV$): P, N, D, C par
6
em. sgra: P, N, D, C sgras
7
D, C tsam (PV$): P, N can
8
P, N no ||: D, C yin |
444 Appendice A
1
D, C dag grub pa med do !es b#ad pa ga" yin pa ji ltar na mi !grub ste | tshig
las don rtogs pa!i phyir ro || sgra tsam gyi cha #in tu chu" ba las ni don rtogs
pa ma yin !i" de g!an da" !dres pa ya" ma yin no || de bas na: P, N yan gar
ba dag thos pa!i phyir ro || rjod par byed pa la dba" po so sor "es pa!i nus pa
can yod kyi sgra tsam dag la ni ma yin [P7] no || de las tha dad yod do !es || !di
la #in tu ches dad bya || kho bo cag gis ni (= PVSV 133,2"5/PVSVt P499a5"
6: keval!n!" #rava$!t | v!cake ca pratiniyata#akt%ndriya" na dhvani&u | ta-
tra | dhvanibhyo bhinnam ast%ti #raddheyam atibahv idam || [na hi] vayam)
2
P, N la (PV$): D, C om. la
3
D, C da" | sgra tsam gyi cha go rim da" ldan pa can grub pa: P, N om. da" |
sgra tsam gyi cha go rim da" ldan pa can grub pa
4
D, C phyir (PV$): P, N om. phyir
5
D, C ba (PV$): P, N bar
6
em. las (PV$): P, N, D, C la
7
D, C skyed: P, N bskyed
8
N, D, C gis (PV$): P gi
Version tibétaine 445
1
P, N, D par (PV$): C pa
2
N, D, C gi (PV$): P gis
3
D, C bsgrub (PV$): P, N sgrub
4
D, C pas: P, N pa!i
5
P, N sgrub (PV$): D, C bsgrub
6
P, N !ag dag: D, C !ag
7
P, N bus (PV$): D, C bu!i
8
P, N rnams (PV$): D, C rnam
446 Appendice A
las1 don g!an ma [P5] yin te | sna" ba tha dad par dmigs par thal bar
!gyur ba!i phyir ro || mi sna" na ni de las rtogs pa med pa!i phyir
da" rtags2 med pa!i phyir ro || [N504b] go rim tha dad pa da" ldan
pa ya" [P6] med na ni thams cad du yi ge tsam lus pa!i phyir s"a ma
b!in du thal bar !gyur ba yin no ||
de dag rnam par g!ag3 pa !a" med |
| go rim g!an ni !gal phyir ro || [PV I.259cd]
gal te yi ge rnams [P7] kyi go rim ma byas pa yin la | de dag rigs
mtshu"s pa ma" po dag ma yin na | ga" gis !ga! !ig rnam par gnas
pa!i go rim can du !gyur !i" | g!an dag ji ltar !dod pa [P8] b!in du
g!an du !gyur ba4 can du !gyur | !o na ci yin !e na | !jig rten gsum
na yi ge a gcig ñid da" de b!in du yi ge ga5 ya" "o || de!i tshe ag ni
!es bya ba ñid du !gyur gyi | [P501a1] ga ga6 na !es bya ba ma yin
te | yi ge a da" ga dag ni s"a phyi!i "o bor rnam par gnas pa ñid kyi
phyir ro || rgyu yo"s su gyur pa las "es pa da" ldan pa!i byas pa dag
gi ya" go rim bzlog par7 nus pa [P2] ma yin te | dper na sa bon da"
myu gu da" lo ma la sogs pa da" dus da" lo la sogs pa lta bu!o ||
ma byas pa gnas skabs da" ra" b!in ma8 bskyod pa can rnam pa
!ga! !ig gis gnas pa dag kya" ci smos te | s"a ma!i [P3] gnas skabs
dor ba med par9 rnam pa g!an du !gyur10 ba mi ru" ba!i phyir ro ||
dor na ya" !jig par thal ba!i phyir ro || khyad par du go rim rtag pa!i
ya" "o || tshig11 so sor1 yi ge g!an ñid yin na s"a na med pa [P4]
1
em. las: P, N, D, C la
2
D, C rtags (PV#): P, N brtags
3
N, D, C g!ag (PV#): P b!ag
4
D, C !gyur ba (PV#): P, N gyur pa
5
P, N ga (PV#): D, C om. ga
6
em. ga (PV#): P, N, D, C gha
7
P, N bzlog par: D, C bzlog par bya bar
8
em. ma bskyod pa can (PV#): P, N, D, C bskyod pa can
9
em. par (PV#): P, N, D, C pa
10
em. !gyur: P, N, D, C mi !gyur
11
N, D, C tshig (PV#): P tsheg
Version tibétaine 447
!byu! ba!i phyir ram | yi ge ma! po ñid kyi phyir de da! der !gyur
na de ya! !dod pa ma yin no || g"an ya! |
khyab da! rtag par brjod pa!i phyir |
| y u l d a! d u s k y i g o r i m m e d | | [ P V I . 2 6 0 a b ]
yi ge rnams kyi go rim de ya! yul gyis2 byas [D D340a/P5] pa ste |
dper na grog mo dag rgyu ba lta bu!o || dus kyis byas pa ste | dper
na sa bon da! myu gu la sogs par !gyur gra! na | yi ge rnams la de
rnam pa gñi ga [C337a] yod pa ma yin te | khyab pa!i phyir da!
rtag pa ñid kyi phyir ro || [P6] yul phan tshun spa!s pas !jug pa ni yul
gyi s!a phyir !gyur ba yin na | thams cad [N505a] thams cad la
mtshu!s pa ñid kyi phyir | de ni yi ge rnams la yod pa ma yin te |
rlu! da! ñin mo b"in da! bdag3 la sogs pa b"in no || [P7] de b"in du
dus phan tshun spa!s nas !jug pa ni dus kyi s!a phyir !gyur ba yin
te | ga! gi4 tshe gcig med pa de!i tshe g"an yod pa!i phyir ro || de5
ya! rtag pa la sogs pa la6 ma yin te7 | thams cad kyi tshe thams cad
yod [P8] pa!i phyir ro || rnam pa g"an yod pa ya! ma yin na yi ge!i
s!a phyir gyur pa!i !ag ga!8 yin pa de ji ltar skyes bus ma byas par
sgrub |
mi rtag khyab byed ma yin pa!i |
| skyon ya! s!ar ni brjod pa yin || [PV I.260cd]
[P501b1] ci ste ñes pa der ma gyur cig sñam pas yi ge mi rtag pa
da! khyab par byed pa ma yin par !dod na | phyogs de ya! s!ar
bsal9 ba!i phyir lan ma yin no ||
gsal ba!i go rim [P2] kya! !ag min |
1
em. sor: P, N, D, C so
2
D, C gyis (PV#): P, N? gyi
3
D, C bdag (PV#): P, N !ag
4
D, C gi (PV#): P, N om. gi
5
D, C de (PV#): P, N de!i
6
P, N, D, C rtag pa la sogs pa la (PV# rtag pa dag la)
7
P, N, D, C ma yin te (PV# yod pa ma yin te)
8
em. ga! yin pa: P, N, D, C yin pa
9
em. bsal (PV#): P, N, D, C gsal
448 Appendice A
1
em. bsal: P, N, D, C gsal
2
N, D, C go (PV$): P om. go
3
P, D, C no: N om. no
4
D, C te: P, N no te
5
N, D, C ñe bas: P ñe bar
6
N, D, C !bras (PV$): P !bral
7
D, C ba (PV$): P, N bar
8
D, C de (PV$): P, N om. de
9
D, C bya (PV$): P bya ba: N chos
10
N, D, C na (PV$): P ni
11
P, N du (PV$): D, C om. du
12
D, C ya! (PV$): P, N om. ya!
13
P, N do ||: D, C de |
Version tibétaine 449
yod pa ñid de ga! las grub na ga! gis1 !bras bu ñid du grub par
!gyur | !di ma grub pa na2 de ltar mi !gyur ro || de bas na yod pa ñid
du3 grub na de sgrub4 par byed pa yin la [P502a1] de ya! dmigs pa
kho na yin no || de ltar ni5 bden na gal te de ni s!ar yod pa ñid du6
grub par mi !gyur te | yod pa ñid du grub pa ga! yin pa de ni ma
grub pa s!on [P2] du so! ba can yin no || de lta bur gyur pa!i rnam
par "es pa ma chod pas ñe bar sbyor ba can gyi !o bo ga! yin pa de
ma grub pa ñid ma yin nam | gal te de ni grub pa ñid yin mod [P3]
kyi g#an da! bral bas ñe bar sbyor ba ma yin no #e na | da ni ñe bar
sbyor ba da! ñe bar sbyor ba ma yin pa!i gnas skabs dag la ji ltar
na tha dad pa med | khyad par ni ra! b#in [P4] la mi reg pa!i !a!
tshul can ya! ma yin te | phul du byu! ba de ñid la ñe bar sbyor ba
grub pa!i phyir ro || de ni rgyu med pa ñid du thal bar !gyur ba!i
phyir ro || ga! kho na [P5] yod na bsgrub byar gyur pa de ni de la ñe
bar sbyor ba can du rigs pa yin7 no || phul du byu! ba de ñe bar
sbyor ba na ya! !di ni de da! !dra bar8 thal bar !gyur ro || nus pa bar
9
[P6] du ma chod pas ñe bar sbyor ba can gyi gnas skabs tha dad pas
de las g#an pa ñid khyad par du byed do || phul du dbyu! du med
pa can gyi bltos pa ya! s!ar bkag zin to || [P7] de ya! byed pa!i bya
ba ñid las grub pa!i phyir | !bras bu thams cad da! chos mtshu!s
pa10 ñid can no || de !dra ba de gsal ba yin na thams cad gsal bya
!am | cu! [P8] #ig kya! ma yin te khyad par med pa!i phyir ro || de
ltar na ni |
grub pa!i don la ra! "es pas |
1
D, C gis (PV$): P, N gi
2
em. na: P, N, D, C ni
3
D, C du (PV$): P, N om. du
4
em. sgrub (PV$): P, N, D, C grub
5
D, C ni: P, N na
6
D, C du (PV$): P, N om. du
7
D, C yin (PV$): P, N ma yin
8
P, N bar (PV$): D, C ba"i
9
em. skabs (PV$): P, N, D, C skabs las
10
N, D, C pa (PV$): P om. pa
450 Appendice A
1
D, C rgyu (PV$): P, N rgyu"i
2
D, C pa (PV$): P, N par
3
D, C thag ñe ba yin du zin kya" mi skye ba ni de!i rgyu can ma yin pa ñid kyi
phyir ro ||: P, N om. thag ñe ba yin du zin kya" mi skye ba ni de!i rgyu can
ma yin pa ñid kyi phyir ro ||
4
P, N, D, C gcig pa (PV$ gcig pa can)
5
em. mi" (PV$): P, N, D, C mi
6
N, D, C te |: P no ||
Version tibétaine 451
ba!i [P503a1] phyir ro || gal te de la2 mtho! ba da! !gal ba!i phyir
sgrub par byed pa ñid ma yin no "e na | !di la ya! !gal ba med pa
ga! gis grub | ji srid de skad du [P2] brjod pa don tha dad pa med pas
khyab par ma bsgrubs3 pa de srid du ldog pa la the tshom za ba yin
no || ga! gi tshe byed pa so so tha dad pas kya! sgra tha dad pa!i
ra! b"in can mñan pa la sna! ba na [P3] gcig sgrub par byed na4 ci!i
phyir bum pa la sogs pa ma yin | de la ya! gsal byed tha dad pa las
sna! ba tha dad do "es lan btab par nus pa kho na yin no ||5 g"an
ya! |
byed [P4] pa rnams kyi tshogs pa yi |
| [N506b] bya ba yis ni !es par6 ya! |
| dmigs phyir !bras bu ñid yin te |
| [ D 3 4 1 b ] g s a l b y e d d e l a m i srid phyir | | [ P V I . 2 6 3 ]
!ga! "ig gi tshe ya! byed pa!i bya ba rnams la sgra mi7 [P5] dmigs pa
ni yod pa ma8 yin | gdon mi za bar gsal byed kyi bya bas don la
dmigs par byed pa dag ma yin [C338b] te | !ga! "ig na gsal byed
yod du zin kya! bum pa mi dmigs pa!i [P6] phyir ro || de!i bya ba las
sgra !es par dmigs pa des de !byu!9 bar !gyur ro || byed pa po ma
yin pa!i bya ba de yod10 na ya! de grub par11 mi ru! ba!i phyir ro ||
gal te khyab pa da! rtag pa [P7] ñid kyi phyir dmigs pa yin no "e na |
da ni bum pa la sogs pa dag la !es pa ci yod | gal te de dag de ltar
1
P, N thal (PV#): D, C bral
2
em. la (PV#): P, N, D, C las
3
D, C bsgrubs: P, N bsgrub
4
D, C byed na: P, N byed pa na
5
P, N no || (PV#): D, C na
6
em. par (PV#D): P, N, D, C pa
7
P, N, C mi (PV#): D ma
8
em. yod pa ma yin (PV#): P, N, D, C yod pa yin
9
P, N !byu! (PV#): D, C byu!
10
P, D, C yod: N yad
11
P, N par (PV#D): D, C pa
452 Appendice A
mi !dod do !e1 na | de da" chos mthun pa ñid can gyi sgra ci!i phyir
!dod | [P8] !di la phul du byu" ba cu" !ig kya" med do !es b#ad zin
to || khyab par byed pa da" rtag pa ñid kya" bkag zin to || bum pa la
sogs pa dag la gsal byed kyi khyad par yod pa!i phyir | skyon yod
[P503b1] pa ma yin te | de dag gi gsal byed grags pa da" | rdza
mkhan la sogs pa dag gsal byed ñid yin na | de !dra ba ñid du !gyur
ba na khyad par du byas par !gyur ba gsal byed kyi khyad par de
las byed [P2] pa po yin te | phan !dogs par2 byed pa la rnam pa g!an
med pa!i phyir ro || de da" de ni sgra dag la ya" mtshu"s so || de la
ya" dba" po da" yul ru" ba la sogs pa dag las byed pa rnams phul
du [P3] byu" ba!i phyir ro || byed pa dag la ya" bum pa la sogs pa!i
byed pa po!i chos kya" mtho" ba!i phyir ro || sgron ma la sogs pa
de ñid da" yul g!an !ga! !ig la gsal byed g!an med pa!i phyir de
dag [P4] gi rgyu dag3 kya" de dag gsal byed du !gyur ro || de bas na
sgra gsal ba ma yin no || !gyur na ya" byed pa dag las sgra phul du
byu" ba da" ldan pa !am | sgrib par byed pa da" bral ba !am | [P5]
rnam par #es pa gsal ba yin te | rnam pa g!an med pa!i phyir ro ||
[N507a] de la phul du byu" ba bskyed pa ni ma yin te | mi rtag pa
ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro || de ni "o bo s"a ma da" phyi ma
ñams pa da" [P6] skye ba!i mtshan ñid can yin pa!i phyir ro || ci ste |
g a l t e k h y e d k y i d e "o b o ! i |
| sgrib byed bral ba gsal yin na !a" |
| ci!i phyir med pa la byed4 pa!i |
| tshogs kyi nus pa de ru " ! g y u r | | [ P V I . 2 6 4 ]
sgrib [P7] par [D342a] byed pa cu" !ig kya" mi byed pa nus pa !es
bya ba med do || bral ba ya" med pa yin la med pa ya" !bras bu ma
yin no !es brjod zin to || sgra rtag pa!i sgrib par byed [C339a] pa [P8]
ya" cu" zad kya" med pa!i phyir ro !es bya ba ya" b#ad zin to ||5 de
1
N, D, C !e (PV$): P !es
2
P, N par (PV$): D, C pa
3
D, C dag (PV$): P, N dag gis
4
em. byed (PV$): P, N, C med: D illis.
5
P, N, D, C sgra rtag pa"i sgrib par byed pa ya" cu" zad kya" med pa"i phyir
ro !es bya ba ya" b#ad zin to ||. Cf. PV$ P380b7#381a1/D312b3#4: sgra rtag
Version tibétaine 453
bas na sgrib par byed pa la byed pa dag ñe bar dgod par bya ba ma
yin no1 || de dag ni nus pa med pa ya!2 ma yin [P504a1] te | de dag
gi bya ba med par sgra3 mi dmigs pa!i phyir ro || de bas na de dag
gis sgra!i !o bo yin pa4 byed par rigs5 pa yin no || de lta ma yin na |6
sgra da! khyad par med [P2] pa!i phyir |
| g"an dag kya! gsal thob par !gyur |
| de b"in du ni khas len na |
| rgyu rnams kun ni don med ñid || [PV I.265]
gal te rgyu thams cad da! chos mthun pa can gyi byed pa gsal byed
pa7 dag [P3] gis kya! | da ni !bras bu cu! "ig kya! byed par mi !gyur
na8 de9 ya! rigs pa ma yin no ||10 d!os po ni bya ba ma yin pa!i11
khyad par can ñid12 yin pa!i phyir ro || sgrib par byed pa med pa ni
pa ma byas pa phul du byu! ba ñid ma yin pa!i phyir sgrib par byed pa cu!
zad kya! yod pa ma yin na | ga! gis sgrib par byed pa da! bral ba gsal bar
"gyur | ci!i phyir "e na | sgrib par byed pa de ni d!os po rtag pa ñid la nus pa
med pa!i phyir ro "es bya ba ya! b#ad zin to ||, suggérant: *sgra rtag pa"i sgrib
par byed pa ya! cu! zad kya! yod pa ma yin te nus pa med pa"i phyir ro "es
bya ba ya! "es zin to ||.
1
em. ñe bar dgod par bya ba ma yin no (PV#): P, N, D, C ñe bar dgod par bya
ba yin no
2
P, N ya!: D, C om. ya!
3
N, D, C sgra (PV#): P skra
4
P, N, D, C sgra"i !o bo yin pa (PV# sgra)
5
D, C rigs: P, N rig
6
N, D na | (PV#): P no ||: C no |
7
D, C pa: P, N om. pa
8
P, N, D, C da ni !bras bu cu! "ig kya! byed par mi !gyur na. Cf. PV#
P381a7/D313a1: da ni "ga! "ig kya! "ga! "ig gi "bras bur mi "gyur te |.
9
N, D, C de (PV#): P da
10
P, N, D, C sans équivalent de PVSV 139,15#16: sarvak$ra%$n$m $nartha-
kyaprasa!g$t |. Cf. PV# P381a1/D313a2#3: rgyu thams cad gsal bar byed pa
ñid du m!on par "dod pa dag don med par thal bar "gyur ba!i phyir ro ||.
11
P, N pa"i (PV#): D, C pa
12
N, D, C ñid (PV#): P om. ñid
454 Appendice A
!bras bu [P4] ñid ma yin pa!i phyir ro || de!i !es pa ya" d"os po da"
!dra bar grub pa ñid kyi phyir ro || !es pa la !ga! #ig byed pa por
!dod na de lta bur gyur pa g#an dag la ya" de ltar !gyur [P5] bar thal
ba!i sgo nas thams cad !bras bu ñid du thal bar !gyur ba!i phyir ro ||
de bas na don gyi tshogs byed pa por m"on par !dod pa !di gsal ba
la ma yin #i" bya ba la ma yin [P6] pa!i phyir |1 don med pa ñid du
!gyur ro || de ltar na2 phan gdags par bya ba da" phan !dogs par
byed pa can [N507b] ma yin pa!i !gro ba !di byed pa med par !gyur
ro || sgra rtag pa ñid yin na [P7] ya"3
| " o ! es pa da " y o d s b y o r s o g s |
| ga" yin sgrub byed !dod na ni |
| dpe med can yin d"os kun ni |
| skad cig gis ni !jig phyir ro || [P V I.266]
d"os po thams cad ni !jig pa!i [P8] rgyu med pa ñid kyi phyir | skad
cig mas !jig pa yin no || #es b!ad ci" !chad par ya" !gyur ro || g#an
las skye ba can ya" yin te | yod pa ñid ni glo bur ba ñid du mi ru"
ba!i phyir ro || de bas [P504b1] na "o !es pa da" yod par sbyor ba
la sogs pa !di4 ni5 brtan pa!i "o bo gcig pa can !ga! #ig la [D342b]
!jug pa ma yin no || sgron ma la sogs pa ra" b#in6 g#an da" g#an du
gyur pa can dag la mtho" [P2] ba!i phyir !gal ba ñid yin no || ma yin
te | skye ba tha dad pa [C339b] med pa can ni chos mthun pa ñid
can7 du rnam par !khrul pas8 sgron ma la sogs pa dag la yod pa!i
1
N, D, C phyir |: P phyir ro ||
2
D, C de ltar na (PV$): P, N de ltar
3
em. yin na ya" (PV$): P, N, D, C yin na ya" "o ||
4
em. !di: P, N, D, C !di"i
5
P, D, C ni: N mi
6
D, C b#in (PV$): P, N b#in da"
7
P, D, C can: N tsam
8
P, N, D, C chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pas. Cf. PV$ P382b8#
383a3/D: !khrul pa[s] sgron ma la sogs pa dag la yod pa"i phyir ro || gal te
!khrul pa ñid ji ltar yin !e na | chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pa"i
phyir te |, suggérant: *chos mthun pa ñid can du rnam par !khrul pa"i phyir
!khrul pas.
Version tibétaine 455
phyir ro || skye ba tha dad pa [P3] med pa can !es1 bya ba ga" la
brten nas brjod pa yin | tha dad pa med pa de2 ni thams cad la s"a
phyir dpyad par bya ba ñid yin pa!i phyir ro || gal te de b!in du tha
dad pa ya" yin no !e na | de ñid [P4] kyis the tshom yin pa ya"3 bla
ste | the tshom las grub pa ni ma yin no || gal te tha dad par mtho"
ba med pa!i phyir | gcig yin no !e na | ma yin te | #es pa s"a phyis
yod pa [P5] da" med pa ñid du grub pa!i phyir | ra" b!in tha dad pa
srid pa!i phyir ro || gal te phyis !byu" ba!i #es pa s"ar rgyu thag ñe
ba can dag yin na #es pa s"a ma da" !dra bar skye ba ñid du !gyur
la | [P6] mi skye na ni rgyu da" bral ba ñid ston par byed de |4 nus pa
skyed par byed pa!i phyir ro || nus pa med na ya" phyis kya" nus pa
da" mi ldan pa!i phyir da" | ldan pa5 ñid yin na ni mi brtan pa [P7]
ñid kyi phyir ro6 || de bas na yod pa!i sbyor ba !di yin pa de ltar na7
ya" sbyor ba po!i nus pas bskyed pa ñid yin te | bdag ñid kyi nus pa
la de [N508a] ni ñe bar sbyor ba med pa ñid kyi phyir ro || [P8] sbyor
ba !es bya ba ya" rigs mthun pa!i ñe bar len pa bltos pa can nam |
bltos pa8 med pa can !dod pa sgrub par byed pa la nus pa bskyed pa
ñid yin par brjod de | [P505a1] ste!u la sogs pa!i sbyor ba9 b!in
da" | las la sogs pa!i sbyor ba b!in no || m"on sum du gyur pa "o
#es pa ni m"on sum ñid yin te | m"on [P2] sum de las brtan pa grub
pa yin no sñam du sems pa ga" yin pa de ya" !og nas dgag par
bya!o ||
rtags "an g!an ya" sun dbyu" bya || [PV I.267a]
1
em. tha dad pa med pa can !es (PV$): P, N tha dad pa can !es: D, C tha dad ces
2
D, C de (PV$): P, N om. de
3
em. ya" (PV$): P, N, D, C !am
4
em. byed de | (PV$ byed do ||): P, N, D, C byed
5
D, C ldan pa: P, N lhan cig pa
6
P, N, D, C mi brtan pa [P7] ñid kyi phyir ro. Cf. PV$ P383b8"384a1/D315a1:
brtan pa ñid mi ru! ba!i phyir te.
7
P, D, C na: N ma
8
N, D, C pa (PV$): P la
9
P, N sbyor ba (PV$): D, C sbyor ba sbyor ba
456 Appendice A
ga! chos !ga! "ig kya! rigs [P3] mthun pa!i rjes su !gro ba med de |
chos thams cad de!i gnas skabs can ñid yin pa!i phyir ro || brtan1
par dam bcas pa thams cad kya! ji skad du brjod pa!i rigs pa da!
!gal [P4] ba!i phyir ro || rtag pa!i gtan tshigs g"an dag kya! skyon
can du brjod par bya!o ||
b l o n i s k y e s b u ! i2 r t e n [ D 3 4 3 a ] c a n m i n |
| khas bla!s m!on sum grags pa da! |
| rjes su dpag pas cig [P5] car3 gnod || [PV I.267bd]
gal te gsal ba blo yin na ni4 de!i go rim [C340a] !ag yin la | de
skyes bus ma byas pa ñid du sgrub par byed na blo rnams ni skyes
bu!i yon tan ñid du khas bla!s pas !di!i grub pa!i [P6] mtha! la gnod
par !gyur ro || blo !di5 ni skyes bur bgra!6 ba can da! | skyes bu!i
yon tan yid la byed pa la sogs pa dag las !gyur ro || "es bya ba ga!
yin pa de ya! m!on sum [P7] yin no || yod pa da! med pa!i khyad
par las !bras bu "es bya ba g"an med de | yod pa de ya! m!on sum
yin "i! mi dmigs pa!i mtshan ñid can gyi med pa ya! m!on sum
gyi [P8] stobs kyis grub pa yin no || "es !chad7 par !gyur ro || de ñid
kyi phyir blo rnams ni skyes bu!i !bras bu ñid du rjes su dpag par
bya ste | !di ni rjes su !gro ba8 da! ldog pa!i rtags can [P505b1] ñid
yin pa!i phyir ro || g"an ya! | [N508b]
yi ge rnams las9 tha dad pa!i |
| go rim kya! gsal dpyad zin to |
| d e r t o g 1 0 sgro btags yin !gyur 1 na |
1
P, N brtan (PV#): D, C brten
2
D, C bu"i (PV#): P, N bus
3
N, D, C car (PV#): P par
4
D, C ni: P, N om. ni
5
P, N !di (PV#): D, C !di!i
6
P, C bgra! (PV#): D !gra!: N bgre!
7
D, C !chad (PV#): P, N chad
8
N, D, C ba (PV#): P bar
9
D, C las (PV#): P, N la
10
D, C rtog (PV#): P, N rtogs
Version tibétaine 457
1
P, N !gyur: D, C gyur
2
D, C ba (PV#): P, N bar
3
P, N de (PV#): D, C ga!
4
em. pas (PV#): P, N, D, C par
5
P, N pas (PV#): D, C pa la
6
P, N rtag (PV#): D, C brtag
Appendice B
Répertoire des citations
sequent cognition arising from the same cause, i.e. the Veda,] can
arise with respect to dharma. And it is not proper for an honest
man to say from mere hatred that ![The Veda] is not established
[as valid] for me!, when [he actually has] a cognition arisen from
the Veda.» Traduction KATAOKA, à paraître, pp. 142!143.
PVSV! 412,31!413,1*
pad"d arthamatir yady apy anum"na# v"ky"t tv arthaprat$ti%
pram"&"ntara# sambandh"grah"t | na ca atra avin"bh"va upa-
y o g$ |
«Même si la connaissance de la signification à partir d"un mot [de-
vait être] une inférence, la compréhension de la signification à par-
tir d"une phrase [ressortit] cependant [à] un autre moyen de con-
naissance valide, car on n"appréhende pas de relation [dans ce der-
nier cas]; et ici, une corrélation régulière ne sert [à rien].»
*L"expression na c!tr!vin!bh!va upayog" s"apparente à 'V s! 16ab1. Le
propos rappelle la pensée de Kum"rila dans 'V #abda (not. k. 108; voir
aussi v!kya, kk. 238ab, 245cd, etc.); il pourrait en former une paraphrase
libre par Kar&akagomin.
capables [une fois assemblées]: on constate [en effet] que les piè-
ces d!un char notamment sont capables de [résultats] tels que le
transport du riz*.» (1)Traduction (avec «phonèmes» pour «lettres»)
BIARDEAU 1958: 15; (2)traduction (avec «phonèmes» pour «let-
tres») BIARDEAU 1958: 33.
*Avec !V, j!ai lu !"ly"divahan"di#u.
«Quand l!idée, dont le germe a été produit par les résonances, arri-
ve à maturité avec le dernier son, la parole est déterminée.» Tra-
duction BIARDEAU 1964b: 127.
Voir infra, PVSV! 469,20"21, pour l!original sanskrit.
l!exemple du temps présent que l!on perçoit. [Et] l!on peut savoir
que des [êtres personnels] tels que Brahm! ne sont pas les auteurs
des Veda, grâce à des raisons telles que le fait d!être homme, à
l!exemple des hommes ordinaires.»
«D!autres pensent que le son n!est pas perceptible, tandis que d!au-
tres le supposent (doué d!une existence) indépendante.» Traduction
BIARDEAU 1964b: 123.
PVSV! 478,9*
d*r$sann$dibhedena spa#,$spa#,a' prat+yate |
« On connaît [également la parole] comme [plus ou moins] distinc-
te ou indistincte selon [qu"elle est plus ou moins] éloignée, proche,
etc.»
*Comparer PV III.408ab: d#r"sann"dibhedena vyakt"vyakta$ na yujyate |
(conséquence absurde), et TS 2523ab: d#r"sann"dibhedena spa%&"spa%&a$
yathek%yate | (où il est question de r#pam). Spa%&"spa%&a' prat(yate paraît
une adaptation au contexte (PVSV! 478,8: tath" !abdo!pi), où la k. est trai-
tée en objection.
(a) PVSV! 478,18"19 ! TS 2117 < B!? (voir infra, PVSV! 489, 18"19)
(b) PVSV! 478,20"23 ! "V !abdanityat" 197"198 ! TS 2226"2227
(c) PVSV! 478,24"25 ! TS 2118 < B! ?
yasm#c chabdasya nityatva$ %rotrajapratyabhijñay# |
vibhutva$ ca sthita$ tasya ko !dhyavasyed viparyayam || (a)
de%abhedena bhinnatvam ity etac c#num#nikam |
pratyak&as tu sa eveti pratyayas tasya b#dhaka' ||
pary#ye(a yath# loke bhinn#n de%#n vrajann api |
devadatto na bhidyeta tath# %abdo na bhidyate || (b)
tasm#d y# sarvak#le&u sarvade%e&u caikat# |
pratyak&apratyabhijñ#naprasiddh# s#sya b#dhik# || (c)
«Puisque la permanence et l!omniprésence de la parole sont éta-
blies par la reconnaissance, qui naît de l!ouïe[, donc par la percep-
tion], qui [donc] en pourrait établir le contraire? Que [quelque cho-
se comme la parole] diffère selon le lieu, cela est d!ordre inféren-
tiel; mais la connaissance d!identité (sa eveti pratyaya#), d!ordre
perceptif, annule cette [inférence car la perception est de plus
grande autorité que l!inférence]. De même que Devadatta ne sau-
rait différer bien qu!il gagne successivement différents lieux dans
le monde, de même la parole ne diffère-t-elle pas [selon le lieu et le
temps]. Par conséquent l!unicité (ekat") [de la parole], en tous
temps et en tous lieux, qu!établit la reconnaissance perceptive,
celle-là est annulatrice de la [différence invoquée par inférence].»
Bhart!hari
! V"kyapad#ya
I.49 K.467,27!28 !
I.73 K.434,16!17 !
I.83cd K.468,15 !
I.84 K.469,16!17 !
I.85 K.469,18!19 !
I.94 K.467,21!22 !
I.104 K.468,3!4 !
! Mah"bh"$yad#pik"?
? K.464,10!12 !
? K.468,9!10 !
Dharmak#rti
! Pram"%av"rttika
III.235 K.478,15!16 !
Dign$ga
! Pram"%asamuccaya
Répertoire des citations 483
II.5ab Dh.108,1 !
Jaimini
! M"m#$s#s%tra
I.i.18 K.504,29 !
I.i.20 K.505,8!9 !
Ka!"da
! Vai&e'ikas%tra
IV.i.1 K.511,8!9 !
Kum"rila
! (lokav#rttika
codan#
62 K.404,11!12 !
63 K.404,13!14 !
68 K.404,25!26 !
71 K.404,27!405,7 !
72 K.405,8!9 !
89 K.405,10!11 !
90 K.405,12!13 !
91ab K.405,16 !
92ab!93ab K.405,17!19 !
99cd-100ab K.404,18!19 !
sambandh#k'epa
16ab1? K.413,1 !
484 Appendice B
spho!a
10 K.435,25!26 !
11ab K.435,27 !
22 K.498,26!27 TS 2142
23 K.498,28!29 TS 2146
50 K.499,14!15 TS 2154
51 K.499,16!17 TS 2155
69 K.430,27!28 !
70 K.430,30!31 !
71 K.431,4!5 !
73 K.431,6!7 !
83 K.431,9!10 !
85 K.431,11!12 !
86 K.431,13!14 !
95 K.461,21!22 !
108 K.432,25!26 !
109 K.433,4!5 !
110 K.433,6!7 !
111 K.433,15!16 !
sambandh!k"epaparih!ra
13 K.413,10!11 TS 2254
14 K.413,27!28 TS 2255
22 K.413,30!414,8 TS 2256cd-2257ab
23 K.414,9!10 TS 2257cd-2258ab
28 K.411,12!13 TS 2262
32 K.410,21!22 TS 2266
41 K.410,23!24 TS 2273
#abdanityat!
v!kya
" B#ha$$%k!?
? K.408,21!22 TS 2101
? K.408,23!24 TS 2103
? K.443,27!28 TS 2344
? K.444,8!9 TS 2345
? K.478,18!19 TS 2117
? K.478,24!25 TS 2118
? K.488,11!12 TS 2141
Ma!"anami#ra
" Spho$asiddhi
29 K.485,19!20 !
" Spho$asiddhiv#tti
102,6!7 K.468,26!27 !
104,11!12 K.484,19!21 !
Répertoire des citations 487
Patañjali
! Mah"bh"#ya
idem K.419,20!21 !
P"#ini
! A#$"dhy"y%
I.ii.69 !. P345b1!2/D287a3 !
idem K.457,12 !
!abara
! &"barabh"#ya
Umbeka
? K.497,19!25 !
? K.498,8!9 !
Appendice C
Amendements au texte de l!édition GNOLI
107,16 asakalavi%ayatv!d !gama& PVSVt porte: ma lus pa!i yul can ñid ma yin
pa ñid kyi phyir ro || lu' gis, comme "284b8.
PVSVt introduit la phrase par !di la/atra, sans
équivalent dans K389,18 et "284b8. J!ai lu:
asakalavi%ayatv!t | !gama&.
115,10 °ayog!d iti samam Iti sans équivalent dans K418,13, PVSVt,
!312a1"2. Deux interprétations de samam. (1)
K418,14 (!312a2"3 me demeurant inintelligi-
ble): samam ekak!la) sarvasminn arthe sam-
bandhasya avasth!ne #pi kalpyam!ne (d!où
ma traduction); (2) PVSVt: gnas skabs thams
cad la mtshu%s pa yin te. Iti ne me paraît
pourtant avoir sa place dans aucune de ces
deux interprétations. J!ai lu: °ayog!t | samam.
115,17 nityasya ! c!n!"raya# | Ces deux phrases ont été considérées comme
une demi-strophe par M279,11"12 ainsi que
par une secunda manus dans le ms. Z, et
incorporées par DD! et Pa au titre de PV
I.232cd sous la forme: nityasy!nupak!ryatv!d
akurv!$a" ca n!"raya# ||, la demi-strophe
étant métriquement incorrecte avec c!n!"ra-
ya#. PVSVt et PVt n!en font pas une demi-
strophe. Sur ce point, voir GNOLI 1960: xxxii-
xxxiii.
119,20 padam | v!kya) ca (1) Skt. v!kyam est bel et bien représenté dans
PVSVt. (2) J!ai lu: pada) v!kya) ca.
120,6 sambandhas taddv!re*a ca Avec PVSVt, K437,22 et !325b3, j!ai lu: sam-
bandha# | taddv!re*a ca.
Amendements au texte de l!édition GNOLI 495
122,17 yad api " sy%t Un yadi paraît manquer à cette proposition.
K446,12 porte yad api " yadi sy%d; !333b2
porte gal te ga" ya" " #gyur na ni; PVSVt
porte gal te " ya" " #gyur na ni, sans équi-
valent de yad. J!ai traduit un hypothétique (<
K/!): yad api vin% jv%lay% yadi sy%t.
496 Appendice C
125,4 sarva# tadadhyayan!ntara° PVSVt (ga( cu( $ig " de thams cad ni ") et
!343a3 suggèrent de détacher tad° du compo-
sé, pour en faire le corrélatif de yat. J!ai lu:
sarva# tad adhyayan!ntara°.
126,11"12 arthanive"asya ekasya api PVSVt porte don la !jug pa brda gtso bo
yin pa!i phyir da( | (ag gcig la ya(. La
structure de l!explication de K459,10"11 et
!347b2"3 ne laisse guère place au doute. J!ai
lu: arthanive"asya | ekasya api.
135,5 apratipatter li%g#bh#v#t | PVSVt porte rtogs pa med pa!i phyir da% rtags
med pa!i phyir ro, suggérant apratipatte) |
li%g#bh#v#c ca |. K487,16"17 et !370a1"2
semblent accréditer un ca. J!ai lu: aprati-
patte) | li%g#bh#v#c ca.
(Omission par inadvertance dans le ms. B, 136,17 > 139,11: PLUS DE MSS.!)
1
Sur la satk!yad%&'i, voir RAHDER 1932, LA VALLEE POUSSIN 1980: V.15!
17nn. 2!3 et LAMOTTE 1981: 737n. 3; voir aussi TVBh 23,12 (up!d!na-
skandhe&v !tm! iti dar"anam !tmad%&'i( satk!yad%&'ir ity artha( |) et 29,21
(satk!yad%&'ir yat pañcasu up!d!naskandhe&v !tm!tm)yadar"anam |). Que
c"est bien l"ignorance souillée qui est satk!yad%&'i ressort clairement de PVA
145,12!13 (avec k. 886): kli&'o hi moha( satk!yadar"anam eva | arhat!* tu
yad ajñ!na* na tat kli&'am ato na te | mohe !py ayuktasant!n! h)nasatk!ya-
dar"an!( ||.
2
Voir VETTER 1990: 25!26 et 112!114. «Pour partie», car AKBh 291,5!6
(sous AK V.20ab) identifie moha et (notamment) satk!yad%&'i (LA VALLEE
POUSSIN 1980: IV.41!42; voir aussi 1980: II.84). Voir notamment "S cité
dans PrP 562,14sq (MAY 1959: 269); SCHMITHAUSEN 1987: II.517!519 = n.
1421, YAITA 1988: 443n. 50, et, selon PVP P107a2, le Da"abh$mika S$tra
("di ñid la ya+ ma rig pa"i yan lag bstan pas bdag tu lta ba bstan pa yin no ||).
3
PVP P105b3. Voir aussi PV# P134b2!3/D113b7!114a1 = PVSV# 209,20!
504 Appendice D
aspect; (4) parce qu!ils sont simultanés; (5) parce que, dans cette association,
chaque espèce est représentée par un seul individu (dravya): à un moment
donné ne peut naître qu!une seule pensée; à cette unique pensée se trouvent
associés une sensation (eka( vedan"dravyam), une notion, un mental de
chaque espèce.» Traduction LA VALLEE POUSSIN 1980: I.178.
11
PVV 85,9"10.
12
PV II.213d1: ukte*.
13
PVP P106b4"5 et 106b5"107a2 resp.; comparer PVA 146,5"7 et PVV
85,10"12.
14
AK III.29c: d%&'es tatsamprayuktatv"t.
15
D%&'isamprayukt" avidy" iti, dans PVP P107a7"8, PVA 146,15"16, PVV
85,15"16.
506 Appendice D
16
PVP P107a8"b3, PVV 85,16"17 et Vibh. 85n. 10.
17
PVP P105b2"3, PVA 146,20"22, PVV 85,19"21 et Vibh. 85nn. 12"13.
18
Voir les références de VETTER (1990: 113"114n. 3) et de YAITA 1988: 443n.
50. Noter TVBh 15,3"4: tath" hy "tmad$#%iprabhav" r"g"daya' kle!"' (pour
le contexte de cette remarque, voir n. 32, p. 509).
19
PV# P300a2/D252a7 = PVSV# 401,25"26 et PVV 367,3.
20
PV II.196ab1: moha! ca m(la& do#")"& sa ca sattvagraha'.
21
Adapté de PV II.211: "tmagrahaikayonitv"t ! r"gapratighayo'.
22
PV II.200"201ab: sukh* bhaveya& du'kh* v" m" bh(vam iti t$#yata' | yaiv"-
ham iti dh*' saiva sahaja& sattvadar!anam || na hy apa!yann aham iti snih-
yaty "tmani ka!cana |. Sur la sahaj" satk"yad$#%i', voir VETTER 1990: 113n.
3, et ELTSCHINGER (à paraître 3, §§1.2 et 3.2).
Nescience, fautes morales, etc. 507
23
PV II.220ab: niyamen!tmani snihya&s tad"ye na virajyate |.
24
PV II.270: sthira& sukha& mam!ha& cety!di satyacatu$'aye | abh(t!n $o)a-
*!k!r!n !ropya parit#$yati ||. Chacun de ces aspects est contraire (vipar"-
ta/phyin ci log) à un aspect réel des Vérités: voir PVP P134a5"7, PVV
102,20"21, ELTSCHINGER (à paraître 3, §3.1). Sur les seize aspects des Véri-
tés, voir AK VI.17c1 et AKBh 343,16"19 (LA VALLEE POUSSIN 1980:
IV.163) et AKBh 400,2"401,17 (sous AK VII.13a, LA VALLEE POUSSIN
1980: V.30"39). Pour du+khasatya: anitya/pratyay!dh"natva, du+kha/p")an!-
tmakatva, *(nya/!tm"yad#$'ivipak$a et an!tmaka/!tmad#$'ivipak$a.
25
PV II.219: !tmani sati parasa&jñ! svaparavibh!g!t parigrahadve$au | ana-
yo+ sampratibaddh!+ sarve do$!+ praj!yante ||.
26
PVP P110b4"5: ji srid du blo bdag ces m,on par -en pa de srid du bdag tu
!du *es pa da, | de yod na de ltar mi !dzin pa ga, yin pa de thams cad g-an
yin no -es bya ba ni g-an !du *es pa!o ||.
508 Appendice D
27
PV( P300b2/D252b5"6 ) PVSV( 402,13"14: !tm!tm"yasnehavi#ayabh$ta-
virodhena ya% sthita% pratik$lavart" tatra eva dve#a% | tasm!n na !tm!tm"ya-
sneham antare&a dve#a iti |.
28
Voir OLIVELLE 1998: 129.
29
PVA 146,30"31: !tmabh!vana; PVV 86,25"26: !tmabh!van!.
30
PV II.217"218: ya% pa'yaty !tm!na( tatr!sy!ham iti '!'vata% sneha% | sne-
h!t sukhe#u t)#yati t)#&! do#!(s tiraskurute || gu&adar'" parit)#yan mameti
tats!dhan!ny up!datte | ten!tm!bhinive'o y!vat t!vat sa sa(s!re ||.
31
PV II.144ab: hetumattv!d viruddhasya hetor abhy!sata% k#ay!t |.
Nescience, fautes morales, etc. 509
32
PVP P69a1: nair!tmyadar"ana; PVV 61,3: nair!tmya. Régulières encore
dans ce contexte, les expressions nair!tmyad#$%i, nair!tmyajñ!na, nair!tmya-
m!rga et "&nyat!d#$%i (où l!on vise pudgala° et non dharma°). Pour Dharma-
k!rti, ces expressions notent m!rga. Le Chemin, perception de l!insubstan-
tialité, est le contrecarrant (vipak$a), l!antidote (pratipak$a), l!annulateur
(b!dhaka), de la cause des fautes morales, la vue personnaliste (VETTER
1990: 41n. 2 a raison: ici, vipak$a = pratipak$a = b!dhaka; voir AKVy
626,14"15 ad AKBh 400,2"3, et TVBh 15,2"5: pudgaladharmanair!tmya-
pratip!dana' puna( kle"ajñey!vara)aprah!)!rtham | tath! hy !tmad#$%i-
prabhav! r!g!daya( kle"!( pudgalanair!tmy!vabodha" ca satk!yad#$%e(
pratipak$atv!t tatprah!)!ya pravartam!na( sarvakle"!n prajah!ti |. «Et ex-
poser l!insubstantialité de la personne et [celle] des choses sert à éliminer les
obstructions que sont les passions et [les obstructions faisant écran] au con-
naissable. C!est ainsi en effet que les passions de concupiscence, etc., s!origi-
nent à la vue du soi. Et puisque la compréhension de l!insubstantialité de la
personne est l!antidote de la vue personnnaliste, celui qui [la] met en #uvre
afin d!éliminer cette [vue] élimine toutes les passions.» La source de nair!-
tmya°/"&nyat!d#$%i est décrite dans PV II.252"253: sa'sk!radu(khat!' ma-
tv! kathit! du(khabh!van! | s! ca na( pratyayotpatti( s! nair!tmyad#g-
!"raya( || muktis tu "&nyat!d#$%es tadarth!( "e$abh!van!( | anity!t pr!ha te-
naiva du(kha' du(kh!n nir!tmat! ||. «[C!est] en pensant à la dolorosité-con-
ditionnement (sa'sk!radu(khat!) [que le Bienheureux a] professé la culti-
vation de la douleur[, et non en visant la dolorosité-douleur]. Or pour nous
[bouddhistes], la [dolorosité-conditionnement, c!est] la production condition-
née* (pratyayotpatti), et cette [dernière] est le point d!appui** de la vue de
l!insubstantialité. Quant à la libération [du Sa"s#ra, elle provient] de la vue
de la vacuité [d!être personnel, et c!est] à cette [vue que] servent les cultiva-
tions restantes: voilà pourquoi [le Bienheureux] a enseigné la douleur à partir
de l!impermanence (anitya), l!insubstantialité à partir de la douleur.» *PVP
P125b8"126a1: rkyen las byu* | d*os po skad cig ma rnams ni rgyu!i g+an
dba* ñid yin no ||; PVV 97,1: pratyayotpattir hetup!ratantryam |. **PVP
P126a1"2: bdag med lta rten yin | bdag med pa ñid mtho* ba skye ba!i thabs
yin te |; PVV 97,1"2: !"raya( k!ra)am.
33
PV II.135: !tm!tm,yagrahak#ta( sneha( sa'sk!ragocara( | hetur virodhi
nair!tmyadar"ana' tasya b!dhakam ||. PVP P64a5"6 précise: sdug bs*al du
gyur pa!i !dus byas bdag da* bdag gi da* bral ba la | bdag da* bdag gi!i
rnam par m*on par +en pas !jug pa.
510 Appendice D
34
D!après PV II.266ab: nirhr!s!ti'ay!t pu#$au pratipak#asvapak#ayo& |.
35
PVP P131b8 et PVV 101,10.
36
Telle est également l!interprétation de PV! P296a6"7/D249b6"7 " PVSV!
398,25"26 sous PVSV 110,21 (vikalpaprabhav!&). Voir n. 42, p. 513.
37
Librement sur PV! P296b1"3/D250a1"2 " PVSV! 398,29"31: yady api t!-
vad do#anid!nasya sarvad!* na uccheda& pratipak#asya atyantap!$av!-
bh!v!t | tath! api pratipak#!bhy!s!n mand(k"tas!marthy!d up!d!n!d apaka-
r#i%a& k#!mak#!matar! do#! bhavanti iti. *Lu sarvath! d!après rnam pa
thams cad du. Sur abhy!sa, voir ELTSCHINGER (à paraître 3, §3.3). Voir aussi
TSP 875,10"22.
38
Je rends, faute de mieux, s!tmya et s!tmatva par «essentialité», s!tm(bh!va
par «essencification», s!tm(bh)ta par «essencifié», malgré que SCHMITHAU-
SEN (1973: 150"151) ait défendu la traduction: «[zur-]Gewohnheit[!gewor-
den-Sein].» La valeur de l!habituation est assurément impliquée, mais les
Nescience, fautes morales, etc. 511
42
PV" P296a6!7/D249b6!7 # PVSV" 398,25!26. PVSV 8,20!21: "tm"tm%y"-
bhinive$ap!rvak" hi r"g"dayo !yoni$omanask"rap!rvakatv"t sarvado&otpa-
tte' |. «Les [fautes morales de] concupiscence, etc., sont précédées d"une a-
dhésion au soi et au sien [sous forme de $je# et de $mien#], car la réflexion
incorrecte [qui pose le soi et le sien] précède la naissance de toutes les fautes
morales.» Selon PV" D23a6!b2 et PVSV" 50,27!51,13 (avec étymologie
complète de l"expression), la réflexion correcte est connaissance de l"insub-
stantialité (nair"tmyajñ"na), et saisit l"impermanence, la dolorosité ou encore
l"insubstantialité des entités (pad"rth"n"m anityadu'kh"n"tm"di). Voir aussi
PVV 367,10!11, PV" P301a4/D253a-45 = PVSV" 403,8!9, PVV 101,10
sous PV II.206, et YAITA 1988: 441!442n. 35. Sur l"ayoni$omanas(i)k"ra,
voir LA VALLEE POUSSIN 1980: II.70!72. Sur les rapports qu"entretiennent
ayoni$omanas(i)k"ra et satk"yad(&)i, voir MSa%gr II.20.9 (traduit LAMOTTE
1973: II.115), Param"rthag"th" 20 (WAYMAN 1961: 170), BhK I.215,8sq
(en particulier I.215,10!15).
43
PV" P299a4!5/D251b6 = PVSV" 400,30!401,9: vitathavikalpav"san"bala-
bh"vin (voir aussi PV" P296b6!7/D250a4 = PVSV" 399,9, PV" P ñe
164b5!6, PVP P103a1!3 et PV" P ñe 165b1 ad loc).
44
Resp. PV" P296b5/D250a3 = PVSV" 399,7 et PV II.266.
514 Appendice D
58
Sur ces images, voir aussi TSP 871,27"872,1 et 873,28"874,5, ELTSCHINGER
2005b: 194n. 140 et ELTSCHINGER (à paraître 1, §2.5).
59
Que les fautes morales n!annulent pas la nature propre de l!esprit s!explique
PVSV" 399,25): s!tm"bh#ta$ m!rgam abhibh#ya na do%!&!m utpattir ity
(P
artha' |. PV" P298a2/D251a1"2, sinon identique, porte lam goms par gyur
pa (P pas) zil gyis mnan pas.
60
On peut considérer que l!explication par [pra]yatna et pak%ap!ta, dans PV
I.221 = II.210 et PVSV 111, 1"3 et 9"11, forme un pendant psychologique à
cette explication ontologique; sur ce point, voir aussi PVP P103b7"104a1 et
PV" P ñe 166a1"3 ad loc., PVA 144,21"23 avec les kk. 784"785, et PVV
83,17"21 (introductions à PV II.210). Noter encore, en complément à PV
II.207 traduit p. 512, PVV 366,16"17 sous PV I.221: na hi rajjv!$ niv(tta-
sarpabhrama' sarpa$ bh!vayitu$ yatate ka)cit | bh#t!rthasya dar)an!t |.
«En effet, nulle [personne] ne s!efforce de faire [ré]advenir [à sa connais-
sance] un serpent [alors qu!]a cessé [pour elle] l!illusion trompeuse [précé-
dente qui lui faisait voir] un serpent pour une corde, car [cette personne] a vu
l!objet réel.»
112,6!173,13)
2. L"incréation (apauru!eyat") comme critère de "gamapr"m"#ya (1
112,6!12)
2.1. Position de la M!m"#s": ved"pauru!eyat" permet d"établir vedapr"m"#ya (1
112,12!173,13)
2.2. Critique générale de l"incréation (1
112,12!120,7)
2.2.1. Réponse de Dharmak!rti: ved"pauru!eyat" n"écarte pas le risque de fausseté (1
112,12!113,7)
2.2.1.1. Position générale de Dharmak!rti en théorie du langage (1
Appendice E
113,8!120,7)
2.2.1.2. Une relation incréée entre parole et signification ne permet pas d"établir la véracité (1
113,9!10)
2.2.1.2.1. Énoncé de la position m$m"%saka (1
Analyse de PVSV 112,6!141,11
113,10!114,3)
2.2.1.2.2. Critique n°1: une convention serait alors inutile, car on n"en dépendrait plus (1
113,10!12)
2.2.1.2.2.1. Inutilité de la convention (1
113,13!15)
2.2.1.2.2.2. Objection: la convention sert à révéler la relation incréée (1
113,15!114,3)
2.2.1.2.2.3. Réponse: la relation est alors redondante; la convention suffit à expliquer la compréhension (1
520
113,15!17)
2.2.1.2.2.3.1. Redondance de la relation (1
113,17!18)
2.2.1.2.2.3.2. Objection n°1: la relation est une convenance de la parole (1
113,18!23)
2.2.1.2.2.3.3. Réponse: la relation n"est pas une convenance de la parole (1
113,23!24)
2.2.1.2.2.3.4. Objection n°2: la convention repose sur l"homme, non sur la parole et l"objet (1
113,24!114,3)
2.2.1.2.2.3.5. Réponse: Position générale de Dharmak!rti en matière de relation (1
113,24!25)
2.2.1.2.2.3.5.1. Il n"existe pas de relation réelle, fusion des natures ou dépendance (1
113,25!114,3)
2.2.1.2.2.3.5.2. Ce qu"on nomme "relation# est un avin!bh!va de type causal révélé par une convention (1
114,4!22)
2.2.1.2.3. Critique n°2: contre le niyama (1
Appendice E
114,4!8)
2.2.1.2.3.1. Hypothèse d"un ek!rthaniyama (1
114,4!7)
2.2.1.2.3.1.1. Critique (1
114,7!8)
2.2.1.2.3.1.2. Position de Dharmak!rti (1
114,9!22)
2.2.1.2.3.2. Hypothèse d"un anek!rthaniyama (1
114,9!13)
2.2.1.2.3.2.1. Cette hypothèse interdit toute praxis religieuse au M!m#$saka (1
114,13!22)
2.2.1.2.3.2.2. Inutilité de l"apauru"eyat! (1
114,13!19)
2.2.1.2.3.2.2.1. Inutilité de l"apauru"eyat! (1
114,19)
2.2.1.2.3.2.2.2. Objection: les paroles védiques sont ordonnées par nature à leur signification (1
114,19"20)
2.2.1.2.3.2.2.3. Réponse n°1: elles ne dépendraient alors pas d!un enseignement (1
114,20)
2.2.1.2.3.2.2.4. Réponse n°2: elles ne pourraient révéler une autre signification par une nouvelle convention (1
114,20"21)
2.2.1.2.3.2.2.5. Réponse n°3: il n!y aurait pas alors de diversité exégétique (1
114,21)
2.2.1.2.3.2.2.6. Réponse n°4: l!enseignement des exégètes manque de fiabilité (1
114,21"22)
2.2.1.2.3.2.2.7. Conclusion (1
114,23"115,2)
2.2.1.2.4. Critique n°3: quel type de raison (hetu) préside-t-il à l!établissement de la relation? (1
114,23"24)
2.2.1.2.4.1. Formulation (1
Analyse
114,25"27)
2.2.1.2.4.2. La raison n!est pas un svabh!vahetu fondé sur un t!d!tmyalak"a#a$ sambandha$ (1
114,25)
2.2.1.2.4.2.1. Les objets extramentaux ne sont pas la nature de la parole (1
114,25)
2.2.1.2.4.2.2. La parole n!est pas la nature des objets extramentaux (1
114,27"28)
2.2.1.2.4.3. La raison n!est pas un k!ryahetu fondé sur un tadutpattilak"a#a$ sambandha$ (1
114,27"28)
2.2.1.2.4.3.1. Pas de rapport entre sons et intention du locuteur (1
114,27)
2.2.1.2.4.3.1.1. Les sons permanents ne sont pas produits par l!intention du locuteur (1
114,27"28)
2.2.1.2.4.3.1.2. Les sons permanents ne sont pas révélables par l!intention du locuteur (1
521
522
114,28)
2.2.1.2.4.3.2. Les sons ne dépendent pas des objets extramentaux (1
114,28!115,5)
2.2.1.2.4.4. Conclusion et sa!graha"loka (1
115,5!120,7)
2.2.1.2.5. Critique n°4: la M!m"#s" ne peut admettre de relation ni permanente, ni impermanente (1
115,5!12)
2.2.1.2.5.1. La relation pourrait être (1) permanente; (2a) impermanente et arbitraire; (2b) impermanente et non arbitraire (1
115,6!11)
2.2.1.2.5.1.1. Critique des hypothèses (1) et (2b) (1
115,6!10)
2.2.1.2.5.1.1.1. Les variations régionales de la signification seraient inexplicables (1
115,10!11)
2.2.1.2.5.1.1.2. Réitération de la critique (prasa!ga) de 114,9!13 (1
115,12)
2.2.1.2.5.1.2. Critique de l"hypothèse (2a): une tromperie due à l"intervention humaine est possible (1
Appendice E
115,12!117,16)
2.2.1.2.6. Critique n°5: l"impermanence de l"objet entraîne l"impermanence de la relation (1
115,13!17)
2.2.1.2.6.1. Énoncé de la critique (1
115,17!18)
2.2.1.2.6.2. Objection 1: le genre (j#ti), permanent, est le signifié (1
115,18!116,22)
2.2.1.2.6.3. Réponse, position propre et nouvelle critique (1
115,18!21)
2.2.1.2.6.3.1. Réponse: le genre n"est pas le signifié des paroles (1
115,18!19)
2.2.1.2.6.3.1.1. Aucune utilité pratique (prayojana) à ce que la parole exprime le genre (1
115,19!20)
2.2.1.2.6.3.1.2. Cas des yad$cch#"abda (1
115,20!21)
2.2.1.2.6.3.1.3. La praxis humaine serait impossible si la parole exprimait le genre (1
115,21!116,2)
2.2.1.2.6.3.2. Position propre: la relation consiste en un avin!bh!va, et est le produit d"un habitus humain (1
116,2!22)
2.2.1.2.6.3.3. Nouvelle critique: si la relation périt avec le corrélat, les corrélats futurs seront inexprimables (1
116,2!4)
2.2.1.2.6.3.3.1. Énoncé de la critique (1
116,4!7)
2.2.1.2.6.3.3.2. Objection n°1: la relation est coproduite avec l"objet (1
116,8!22)
2.2.1.2.6.3.3.3. Réponse et position propre (1
116,8!17)
2.2.1.2.6.3.3.3.1. Réponse: cette hypothèse implique pour la parole un changement de nature propre (1
116,18!22)
2.2.1.2.6.3.3.3.2. Position propre: l"homme seul, en vertu d"un habitus, met en rapport les entités (1
Analyse
116,22!24)
2.2.1.6.2.4. Objection n°2: la relation ne périt pas plus que le genre quand l"individu périt (1
116,25!117,16)
2.2.1.6.2.5. Réponse: un point d"appui apporte une aide, chose impossible à une entité permanente (1
116,25!28)
2.2.1.2.6.5.1. Énoncé (1
116,28!29)
2.2.1.2.6.5.2. Objection: l"aide du point d"appui consiste en ce qu"il révèle la relation (1
117,1!16)
2.2.1.2.6.5.3. Réponse: la révélation est production (1
117,17!120,4)
2.2.1.2.7. Critique générale d"une relation réelle, conçue comme une troisième entité (t"t#ya$ vastu) (1
117,17!119,8)
2.2.1.2.7.1. Une relation réelle pourrait être distincte ou indistincte par rapport aux corrélats (1
523
524
117,17!118,18)
2.2.1.2.7.1.1. Si la relation en est distincte, elle doit être connaissable comme telle (1
117,17!23)
2.2.1.2.7.1.1.1. Position: une relation réelle et distincte devrait être perçue (1
117,23!24)
2.2.1.2.7.1.1.2. Objection: la relation est suprasensible, comme les facultés sensorielles (1
117,24!118,18)
2.2.1.2.7.1.1.3. Réponse: la relation ne peut être suprasensible (1
117,24!25)
2.2.1.2.7.1.1.3.1. Une relation suprasensible ne ferait pas connaître la signification (1
117,25)
2.2.1.2.7.1.1.3.2. Une relation suprasensible ne fait pas connaître la signification par sa seule présence (1
117,26!118,18)
2.2.1.2.7.1.1.3.3. Une relation suprasensible n"est pas inférable (1
117,26!118,1)
2.2.1.2.7.1.1.3.3.1. Manque d"indice inférentiel et non-établissement de l"exemple (1
Appendice E
118,1)
2.2.1.2.7.1.1.3.3.2. Objection: le manque d"exemple est le même dans l"inférence des indriya (1
118,1!14)
2.2.1.2.7.1.1.3.3.3. Réponse: l"inférence des indriya passe par l"effet, non celle de la relation (1
118,14!18)
2.2.1.2.7.1.1.3.3.4. Position générale de Dharmak!rti (1
118,18!24)
2.2.1.2.7.1.2. Si la relation n"en est pas distincte, seuls existent les corrélats, mais pas la relation (1
118,25!119,8)
2.2.1.2.7.2. Puisque les corrélats sont d"une nature distincte, la relation est créée par la pensée (1
118,26!28)
2.2.1.2.7.2.1. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une fusion des natures (1
118,28!119,1)
2.2.1.2.7.2.2. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une dépendance (1
119,1!8)
2.2.1.2.7.2.3. Retour sur les deux hypothèses (1
119,3!4)
2.2.1.2.7.2.3.1. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une fusion des natures [bis] (1
119,4!8)
2.2.1.2.7.2.3.2. Une relation réelle ne peut pas se caractériser comme une dépendance [bis] (1
119,8!120,4)
2.2.1.2.7.3. Un v!cyav!cakasambandha réel ne peut prendre appui ni sur les phonèmes ni sur l"énoncé (1
119,12!17)
2.2.1.2.7.3.1. Les phonèmes sont réels, mais sans signification, ne peuvent servir de corrélats (1
119,12!14)
2.2.1.2.7.3.1.1. Énoncé de la critique (1
119,14)
2.2.1.2.7.3.1.2. Objection: les phonèmes sont expressifs dans un ordre de succession particulier (1
119,14!17)
2.2.1.2.7.3.1.3. Réponse: l"ordre de succession est incompatible avec l"expressivité des phonèmes (1
Analyse
119,14!16)
2.2.1.2.7.3.1.3.1. Critique de l"hypothèse d"un ordre de succession non distinct des phonèmes (1
119,16!17)
2.2.1.2.7.3.1.3.2. Critique de l"hypothèse d"un ordre de succession distinct des phonèmes (1
119,17)
2.2.1.2.7.3.1.4. Conclusion et transition (1
119,18!120,2)
2.2.1.2.7.3.2. Les énoncés sont dotés de signification mais, irréels, ne peuvent servir de corrélats (1
119,18!30)
2.2.1.2.7.3.2.1. L"énoncé est illusion trompeuse, car il n"est ni un ni multiple (1
119,21!28)
2.2.1.2.7.3.2.1.1. Critique de l"hypothèse spho"av!din d"un énoncé un (1
119,28!29)
2.2.1.2.7.3.2.1.2. Critique de l"hypothèse d"un énoncé multiple (1
525
526
119,29"120,2)
2.2.1.2.7.3.2.2. Conclusion: l!énoncé n!est pas une entité réelle, et n!est donc pas un corrélat (1
120,2"4)
2.2.1.2.7.3.3. Conclusion: irréalité de la relation et position générale de Dharmak!rti (1
120,7)
2.2.1.2.8. Conclusion: la relation étant irréelle et donc de création humaine, elle n!écarte pas le rique de tromperie (1
120,8"126,15)
2.2.1.3. Critique générale de la thèse de l!éternité (an!dit!) du Veda (1
120,8"121,6)
2.2.1.3.1 Critique de l!argument kartur asmara"!t (1
120,8"15)
2.2.1.3.1.1. Énoncé de l!argument m#m!$saka (1
120,15"121,1)
2.2.1.3.1.2. La raison kartur asmara"!t est inétablie (1
120,15"16)
2.2.1.3.1.2.1. Énoncé de l!asiddhat! (1
Appendice E
120,16"17)
2.2.1.3.1.2.2. Objection: les revendications d!autorité sur les mantra védiques sont mensongères (1
120,17"19)
2.2.1.3.1.2.3. Réponse: l!objection entraîne une conséquence absurde (1
120,19"20)
2.2.1.3.1.2.4. Objection: tentative de neutralisation de la conséquence absurde par abhyupetab!dh! (1
120,20"25)
2.2.1.3.1.2.5. Réponse: le reproche d!abhyupetab!dh! vaut également pour le M!m"#saka (1
120,25"121,1)
2.2.1.3.1.2.6. Conclusion: la démarche du M!m"#saka est sans fondement (1
121,2"6)
2.2.1.3.1.3. La raison kartur asmara"!t est inconclusive (1
121,2 )
2.2.1.3.1.3.1. Énoncé: il existe des paroles produites (k%taka) dont on a oublié l!auteur (1
121,2"6)
2.2.1.3.1.3.2. Le M!m"#saka ne dispose d!aucun pram!"a pour établir la vy!pti (1
121,7"126,15)
2.2.1.3.2. Critique de l!argument de $V v!kya 366 (1
121,7"8)
2.2.1.3.2.1. Énoncé de l!argument m#m!$saka (1
121,9"125,9)
2.2.1.3.2.2. $V v!kya 366 ne fait pas la preuve de l!éternité (1
121,9"16)
2.2.1.3.2.2.1. Critique n°1: l!argument présente une conséquence absurde (1
121,9"10)
2.2.1.3.2.2.1.1. Renvoi au débat de PVSV 120,17"121,1 (1
121,10"16)
2.2.1.3.2.2.1.2. Conséquence absurde proprement dite (1
121,10"15)
2.2.1.3.2.2.1.2.1. Formulation (1
Analyse
121,15)
2.2.1.3.2.2.1.2.2. Conséquence: tout est incréé, ou rien ne l!est (1
121,15"16)
2.2.1.3.2.2.1.2.3. Renvoi au débat de PVSV 120,19"25 (1
121,17"125,9)
2.2.1.3.2.2.2. Critique n°2: le Veda est de création humaine (1
121,17"29)
2.2.1.3.2.2.2.1. Réfutation de la thèse par inférence (1
121,17"22)
2.2.1.3.2.2.2.1.1. Règle: si un x! ad%&'ahetuka ne diffère pas d!un x d%&'ahetuka, x! a la même cause que x (1
121,22"23)
2.2.1.3.2.2.2.1.2. Conséquence: si la parole védique est incréée, toute parole doit l!être (1
121,24"27)
2.2.1.3.2.2.2.1.3. Seule une différence de nature justifierait la pauru&eyat! des seuls laukikav!kya (1
527
528
121,27!29)
2.2.1.3.2.2.2.1.4. Conclusion: reformulation de la règle (1
122,1!125,9)
2.2.1.3.2.2.2.2. Spéciosité de tous les hetu invoqués sans présenter de différence de nature propre (1
122,1!2)
2.2.1.3.2.2.2.2.1. Énoncé (1
122,3!123,8)
2.2.1.3.2.2.2.2.2. Spéciosité de deux arguments (1
122,3!24)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1. Spéciosité de !adhyayanatv!t" (1
122,3!19)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1. Parodie de la raison !adhyayanatv!t": !pathik!gnitv!t" (1
122,3!4)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.1. Formulation de l#argument parodique (1
122,4!7)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.2. Défense de l#argument parodique par un adversaire fictif (1
Appendice E
122,7!19)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3. Démonstration de la spéciosité de l#argument parodique (1
122,7!14)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.1. Les deux propriétés ne sont pas incompatibles (1
122,14!17)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.2. Le s!dhyadharma ne peut valoir indifféremment (1
122,17!19)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.1.3.3. Condition à satisfaire pour que l#argument soit probant (1
122,20!24)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2. Application de l#argumentaire à la raison !adhyayanatv!t" (1
122,20!21)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2.1. La raison est sandigdhavipak"avy!v#ttika (1
122,21!24)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.1.2.2. Le s!dhyadharma ne peut valoir indifféremment (1
122,24"123,2)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2. Spéciosité de !puru!atv"t! (1
122,24"25)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.1. Formulation de l#argument (1
122,25"123,3)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2. Démonstration de la spéciosité de la raison !puru!atv"t! (1
122,25"28)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.1. L#incompatibilité est inconnaissable dans le suprasensible (1
122,28"123,3)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2. L#inconclusivité est la même que celle de !adhyayanatv"t! (1
122,28"123,1)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.1. Condition à satisfaire pour que la raison soit probante (1
123,1"2)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.2. La raison est également sandigdhavipak!avy"v#ttika (1
123,2"3)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.2.2.2.3. Parallèle avec le Mah"bh"rata (1
Analyse
123,3"8)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.3. Conclusion (1
123,3"5)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.3.1. Nécessité d#exhiber une différence de nature propre (1
123,5"8)
2.2.1.3.2.2.2.2.2.3.2. Non-perception d#une telle différence, et spéciosité consécutive (1
123,8"124,28)
2.2.1.3.2.2.2.2.3. Critique des critères différenciateurs invoqués par la M"m#$s# (1
123,8"14)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.1. Différenciation par n"mabheda (vedatva) (1
123,8"9)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.1. Énoncé de la différence: veda et aveda (1
123,9"12)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.2. Conséquence inacceptable: l#incréation vaudrait alors aussi d#un Pur#%a (1
529
530
123,12"14)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.1.3. Conditions à satisfaire pour admettre l!incréation du Veda (1
123,14"124,26)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2. Différenciation par l!efficacité magique (mantratva) (1
123,14)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.1. Objection: les hommes sont incapables de faire des mantra (1
123,14"124,12)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2. Réponse n°1: certains hommes sont capables de faire des mantra (1
123,14"15)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.1. Renvoi à PVSV 155,18sq (1
123,15"17)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.2. Définition d!un mantra (1
123,17"124,1)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3. Efficacité de mantra ordinaires et de création humaine (1
123,17"21)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.1. Existence de mantra non védiques (1
Appendice E
123,21"27)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.2. On ne peut admettre l!incréation des mantra non védiques (1
123,27"124,1)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.3.3. Les mantra non védiques sont bien des mantra (1
124,1"4)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4. L!efficacité ne suffit pas à prouver l!incréation (1
124,1"3)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4.1. Cas des mudr!, ma"#ala et dhy!na efficaces et produits (1
124,3"4)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.4.2. Tout ce qui est efficace peut être produit par l!homme (1
124,4"8)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.5. Discussion relative à la définition (1
124,8"12)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.2.6. Il est spécieux de dire que si l!un le peut, tous le peuvent (1
124,12!26)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3. Réponse n°2: On ne peut nier la capacité de faire des mantra (1
124,12!14)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.1. Objection: aucun homme n"a les moyens de faire des mantra (1
124,14!15)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.2. Réitération de la définition (1
124,15!16)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.3. D!"#aviruddhat$ (1
124,16!26)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4. Puru"$ti%ayaprati"edhad&"a'a (1
124,16!18)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1. Rien ne permet d"exclure la raison des contre-instances (1
124,16!17)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1.1. Absence d"incompatibilité entre les propriétés (1
124,17!18)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.1.2. Inopérativité de la non-perception (1
Analyse
124,18!22)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2. On ne peut nier l"existence de qualités dans un sant$na (1
124,18!20)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.1. Elles n"appartiennent pas à tous les sant$na (1
124,20!21)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.2. Les qualités mentales sont imperceptibles (1
124,21!22)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.2.3. On ne peut poser un rapport d"annulation (1
124,22!26)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.2.3.4.3. Application de l"argumentaire au sarvajñ$naprati"edha (1
124,27!28)
2.2.1.3.2.2.2.2.3.3. Conclusion (1
124,28!125,9)
2.2.1.3.2.2.2.2.4. La spécification de !adhyayanatv$t# par vedatva ne rend pas le hetu probant (1
531
532
124,28!29)
2.2.1.3.2.2.2.2.4.1. Objection: la spécification de la raison par vedatva en neutralise la spéciosité (1
124,29!125,9)
2.2.1.3.2.2.2.2.4.2. Réponse: même spécifiée, la raison est un sandigdhavipak!avy"v#ttiko hetu$ (1
124,29!125,6)
2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.1. Démonstration du non-établissement de la vy"pti (1
125,6!9)
2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.2. Explicitation du vice logique entachant la preuve m%m"&saka (1
125,9)
2.2.1.3.2.2.2.2.4.2.3. Application de l"argumentaire à des raisons telles que vakt#tva (1
125,9!126,15)
2.2.1.3.2.3. Hypothèse selon laquelle !V v"kya 366 fait la preuve de l"éternité (1
125,9!10)
2.2.1.3.2.3.1. Énoncé: !V v"kya 366 fait la preuve de l"éternité (1
125,11!19)
2.2.1.3.2.3.2. Critique: l"éternité ne fait pas la preuve de l"incréation (1
Appendice E
125,19!126,15)
2.2.1.3.2.3.3. Hypothèse selon laquelle l"éternité fait la preuve de l"incréation (1
125,19!126,1)
2.2.1.3.2.3.3.1. L"hypothèse présente une conséquence absurde (1
125,19!24)
2.2.1.3.2.3.3.1.1. Énoncé de la conséquence absurde: les pratiques des Barbares, etc., seraient incréées (1
125,24!126,1)
2.2.1.3.2.3.3.1.2. Explication de l"éternité des pratiques des Barbares, etc. (1
126,2!5)
2.2.1.3.2.3.3.2. La conséquence entraîne l"inutilité de l"incréation puisque des pratiques erronées sont incréées (1
126,6!15)
2.2.1.3.2.3.3.3. L"inutilité de l"incréation n"est pas moindre si seul le Veda est incréé (1
126,6)
2.2.1.3.2.3.3.3.1. Hypothèse: seuls les énoncés védiques sont incréés (1
126,7!15)
2.2.1.3.2.3.3.3.2. Critique: la diversité des exégèses suscite le doute quant à la signification des énoncés (1
126,7!10)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.1. Les exégètes du Veda prêtent des significations contradictoires aux énoncés (1
126,10!15)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2. Rien ne permet de lever le doute quant à la signification des énoncés védiques (1
126,11!12)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.1. Seules des conventions arbitraires régissent la signification (1
126,12!13)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.2. Les radicaux et suffixes (prak!tipratyaya) sont polysémiques (1
126,13!15)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3. L"emploi traditionnel (r"#hi) ne sert pas de clavis hermeneutica (1
126,13)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3.1. Les exégètes ne respectent pas l"emploi traditionnel des mots (1
126,13!15)
2.2.1.3.2.3.3.3.2.2.3.2. Le Veda abonde en mots d"emploi non traditionnel (ar"#ha) (1
Analyse
126,16!141,14)
2.2.1.4. Contre l"incréation de la parole: thème général de l"objet de la preuve de l"incréation (1
126,17!24)
2.2.1.4.1. Critique de l"hypothèse selon laquelle la preuve de l"incréation porte sur les phonèmes (1
126,19)
2.2.1.4.1.1. Phonèmes ordinaires et védiques ne diffèrent pas (1
126,19!22)
2.2.1.4.1.2. Non-établissement d"une différence entre phonèmes ordinaires et védiques (1
126,19!20)
2.2.1.4.1.2.1. Prasa$ga n°1 (1
126,20)
2.2.1.4.1.2.2. Non-observation d"une différence (1
126,21)
2.2.1.4.1.2.3. Prasa$ga n°2 (1
533
534
126,21"22)
2.2.1.4.1.2.4. Non-acceptation d!une différence par le M!m"#saka (1
126,22"24)
2.2.1.4.1.3. Conséquence absurde et inutilité d!une preuve portant sur les phonèmes (1
126,24"141,14)
2.2.1.4.2. Critique de l!hypothèse selon laquelle la preuve de l!incréation porte sur les énoncés (1
127,1"16)
2.2.1.4.2.1. Il n!existe pas d!énoncé indépendant des phonèmes (1
127,1"6)
2.2.1.4.2.1.1. Un énoncé indépendant est imperceptible (1
127,6"12)
2.2.1.4.2.1.2. Un énoncé indépendant est ininférable (1
127,12"13)
2.2.1.4.2.1.3. Un énoncé indépendant est imprésumable (1
127,13"16)
2.2.1.4.2.1.4. Conclusion: inexistence d!un tel énoncé, et retour à 126,22"24 (1
Appendice E
127,16"134,25)
2.2.1.4.2.2. Hypothèse selon laquelle il existe un énoncé indépendant des phonèmes (1
127,18"128,21)
2.2.1.4.2.2.1. Hypothèse d!un énoncé indépendant divisible en parties (1
127,18"23)
2.2.1.4.2.2.1.1. Hypothèse de parties inexpressives (1
127,18"19)
2.2.1.4.2.2.1.1.1. Antécédent: les parties sont inexpressives (1
127,20"23)
2.2.1.4.2.2.1.1.2. Conséquence n°1: l!expressivité est surimposée par la pensée (1
127,23)
2.2.1.4.2.2.1.1.3. Conséquence n°2: un énoncé expressif est de création humaine (1
128,1"128,21)
2.2.1.4.2.2.1.2. Hypothèse de parties expressives (1
128,1!5)
2.2.1.4.2.2.1.2.1. Inutilité de parties multiples (1
128,5!8)
2.2.1.4.2.2.1.2.2. Injustifiabilité du recours à d"autres parties et d"un laps temporel (1
128,9!18)
2.2.1.4.2.2.1.2.3. Impossibilité d"une audition simultanée de toutes les parties (1
128,10!12)
2.2.1.4.2.2.1.2.3.1. Formulation de l"hypothèse d"une audition simultanée (1
128,12!15)
2.2.1.4.2.2.1.2.3.2. Injustifiabilité d"un laps temporel (1
128,15!18)
2.2.1.4.2.2.1.2.3.3. Inétablissement de l"expressivité de chaque partie (1
128,18!21)
2.2.1.4.2.2.1.2.4. L"avocat de la production des paroles est immunisé contre ces fautes (1
128,21!134,25)
2.2.1.4.2.2.2. Hypothèse d"un énoncé indépendant indivis/spho!a (1
Analyse
128,21!129,21)
2.2.1.4.2.2.2.1. Il n"existe pas d"énoncé indépendant indivis (1
128,22!129,4)
2.2.1.4.2.2.2.1.1. Notre connaissance d"un énoncé est sérielle (1
128,22!25)
2.2.1.4.2.2.2.1.1.1. Impossibilité de connaître l"un de façon successive (1
128,25!28)
2.2.1.4.2.2.2.1.1.2. On constate la sérialité de notre connaissance d"un énoncé (1
128,29!129,4)
2.2.1.4.2.2.2.1.1.3. Nécessité d"un ordre de succession phonétique différenciateur (1
129,4!6)
2.2.1.4.2.2.2.1.2. Objection spho!av"din: succession et partition en phonèmes sont illusoires (1
129,7!10)
2.2.1.4.2.2.2.1.3. Réponse (1
535
536
129,7!8)
2.2.1.4.2.2.2.1.3.1. Retour à 128,22!25 (1
129,8!10)
2.2.1.4.2.2.2.1.3.2. Conséquences inacceptables (1
129,10!21)
2.2.1.4.2.2.2.1.4. Impossibilité de connaître un énoncé dans une connaissance unique (1
129,10!17)
2.2.1.4.2.2.2.1.4.1. Critique du modèle spho!av"din sa#sk"ra + détermination finale (1
129,17!21)
2.2.1.4.2.2.2.1.4.2. Critique du modèle var$av"din smara$a/samuccayajñ"na (1
129,21!134,25)
2.2.1.4.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle un énoncé indépendant indivis existe (1
129,22!130,1)
2.2.1.4.2.2.2.2.1. Hypothèse selon laquelle cet énoncé est impermanent (1
129,22!25)
2.2.1.4.2.2.2.2.1.1. Ce qui est impermanent naît d"une cause (1
Appendice E
129,25!130,1)
2.2.1.4.2.2.2.2.1.2. Constatation d"un rapport de causalité énoncé-opération humaine (1
130,1)
2.2.1.4.2.2.2.2.1.3. Conclusion: l"énoncé est de création humaine (1
130,2!134,25)
2.2.1.4.2.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle cet énoncé est permanent (1
130,2!131,26)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1. Réfutation de l"hypothèse d"un énoncé permanent (1
130,2!7)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.1. Prasa%ga: on percevrait en permanence un énoncé permanent (1
130,7!131,10)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2. Impossibilité d"une obstruction à la perception d"un tel énoncé (1
130,7!24)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.1. Une obstruction n"apporte pas de propriété supplémentaire (1
130,24"131,10)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2. Hypothèse (spéculative) d!un ati!ayakara"a (1
130,24"131,7)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1. Établissement (spéculatif) d!un ati!ayakara"a (1
130,24"28)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1.1. Établissement par inférence (1
130,28"131,7)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.1.2. Conséquences du refus d!un ati!ayakara"a (1
131,7"8)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.2. Inapplicabilité du modèle à un énoncé permanent (1
131,8"10)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.2.2.3. Conclusion: réitération du prasa#ga de 130,2"7 (1
131,11"26)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3. Impossibilité de la manifestation d!un énoncé permanent (1
131,11"14)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.1. Objection: un coopérant manifeste l!énoncé permanent (1
Analyse
131,15"26)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2. Réponse: indépendance d!un énoncé permanent (1
131,15"23)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1. Un énoncé permanent ne peut recevoir d!aide (1
131,15"21)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1.1. Conséquence: cet énoncé changerait (1
131,21"23)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.1.2. L!aide ne peut être chose différente de l!énoncé (1
131,23"26)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.1.3.2.2. Conclusion: indépendance d!un énoncé permanent (1
131,27"132,4)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2. Hypothèse selon laquelle cet énoncé permanent est avy$pin (1
131,27"28)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.1. Dans cette hypothèse, on ne percevra pas l!énoncé partout (1
537
538
131,28"132,1)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.2. Objection: l!apr!ptagraha"apak#a permet d!éviter cette faute (1
132,1"4)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3. Réponse: même ainsi, la faculté dépend du degré de présence de l!objet (1
132,1"2)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.1. Formulation de la condition et exemple de l!aimant (1
132,2"4)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.2. Conséquences d!un refus de la condition (1
132,4)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.2.3.3. Conclusion: l!énoncé n!est pas non omniprésent (1
132,5"134,25)
2.2.1.4.2.2.2.2.2.3. Hypothèse selon laquelle cet énoncé permanent est vy!pin (1
134,26"141,14)
2.2.1.4.2.3. Hypothèse selon laquelle l!énoncé consiste en var"!nup$rv% (1
132,5"8)
2.2.1.4.2.3.1. Prasa&ga: tous les hommes devraient percevoir l!énoncé toujours et partout (1
Appendice E
132,9"11)
2.2.1.4.2.3.2. Objection: une faculté disposée (sa'sk(ta) perçoit une parole disposée (1
132,11"134,25)
2.2.1.4.2.3.3. Réponse: inadmissibilité d!un quelconque sa'sk!ra (1
132,11"12)
2.2.1.4.2.3.3.1. Indisposabilité d!une parole immuable (1
132,13"134,25)
2.2.1.4.2.3.3.2. Inadmissibilité d!une disposition de la faculté sensorielle (1
132,13"16)
2.2.1.4.2.3.3.2.1. Retour au prasa&ga de 132,5"8 (1
132,17"21)
2.2.1.4.2.3.3.2.2. Objection: la disposition diffère pour chaque objet (1
132,21"134,25)
2.2.1.4.2.3.3.2.3. Réponse: dans cette hypothèse, on ne percevrait pas le kalakala (1
132,21!28)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.1. Formulation de la critique (1
132,29!133,3)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.2. Objection: dans le kalakala, on ne perçoit que des dhvani (1
133,3!134,25)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.3. Réponse: dhvani et v!caka"abda ne diffèrent pas (1
133,5!9)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.1. Critique n°1: on ne constate pas que dhvani et v!caka"abda diffèrent (1
133,10!19)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.2. Critique n°2: dans le kalakala, on entend des paroles expressives (1
133,20!134,1)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.3.3. Critique n°3: aversion des facultés pour la parole expressive? (1
134,1!6)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.4. Objection spho#av!din: dhvani et v!caka"abda sont établis l"un et l"autre (1
134,6!25)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5. Réponse: critique d"une distinction entre dhvani et v!caka"abda (1
Analyse
134,6!7)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.1. Renvoi à 127,1sq (1
134,7!13)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2. Atiprasa$ga: postulation d"un karm!tman distinct des karmabh!ga (1
134,7!11)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2.1. Formulation de l"absurdité (1
134,11!13)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.2.2. Position propre de Dharmak!rti (1
134,13!25)
2.2.1.4.2.3.3.2.3.5.3. La stratégie probatoire du spho#av!din se retourne contre le spho#av!da (1
134,25)
2.2.1.4.3. Conclusion: la preuve de l"incréation ne porte ni sur les phonèmes, ni sur l"énoncé (1
134,26!141,7)
2.2.1.4.4. Critique de l"hypothèse selon laquelle l"énoncé est un ordre de succession de phonèmes (1
539
540
134, 26!135, 6)
2.2.1.4.4.1. Réfutation n°1: var!am"tr"va#e$a (1
135, 7!141, 7)
2.2.1.4.4.2. Réfutation n°2: v"kya = var!"nup%rv& !intrinsèque" (1
135, 7!136, 9)
2.2.1.4.4.2.1. V"kya = r%pakrama (1
135, 7!19)
2.2.1.4.4.2.1.1. L#argument par vyavasth"na (1
135, 19!136, 6)
2.2.1.4.4.2.1.2. L#argument par de#a et k"la (1
135, 7!9)
2.2.1.4.4.2.1.3. Anity"vy"pit"y"' ca do$a( pr"g eva k&rtita( (1
136, 10!141, 7)
2.2.1.4.4.2.2. V"kya = vyaktikrama (1
136, 10!15)
2.2.1.4.4.2.2.1.1. Nityavastuna( vyaktyayoga( (1
137, 11!18)
2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.1. Définition de vyakti (1
137, 18!19)
2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2.1. Hetu n°1: pratyabhijñ"na (1
137, 19!138, 5)
2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.2.2. Hetu n°2: ak!raprat"titva (1
138, 13!30)
2.2.1.4.4.2.2.1.2.2.3. Niyamena upalabdhita# k!ryat! (1
138, 30!141, 7)
2.2.1.4.4.2.2.2. $abdasya abhivyaktat! (1
139, 3!23)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.1. Vyakti = !vara&avigama (1
139, 24!140, 5)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.1. Viruddhahetu (1
140, 5!14)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.2. Pratyabhijñ!na (1
140, 14!18)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.3. Satprayoga (1
140, 18!20)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.4. Pratyak'!tmaka( pratyabhijñ!nam (1
140, 21!24)
2.2.1.4.4.2.2.2.2.2.5. D)'ya# kuhetur anyo!pi (1
140, 25!141, 7)
2.2.1.4.4.2.2.2.3. Vyakti = vijñ!notpatti (1
141, 7!11)
2.2.1.4.4.3. Réfutation n°3: v!kya = var&!nup)rv" !intrinsèque" (1
541
Abréviations et bibliographie
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Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5