Législatives 
: union de la gauche et du bloc macronien, division du camp dit national
L’Union européenne renforcée ou affaiblie par la guerre russo-ukrainienne ?
RIVAROL dans l’attente de la décision de la commission paritaire
N°3518
RIVAROL
“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”
HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE
Mélenchon unit son camp, Le Pen le désunit
O
N LE SAIT, la gauche, même lorsque ses
différentes composantes se détestent
cordialement, sait s’unir lorsque ses in-
térêts le commandent et qu’il s’agit de sauver
ou de conquérir des sièges et de battre qui la
droite, qui la réaction, qui le fascisme. On en a
eu encore une démonstration grandeur nature
ces derniers jours avec l’union de la quasi-tota-
lité de la gauche réalisée au forceps en moins
de deux semaines sous la houlette de Jean-Luc
Mélenchon. La France insoumise qu’il dirige a
réussi à nouer un accord électoral pour les lé-
gislatives de juin dès le premier tour avec Eu-
rope Ecologie-Les Verts (qui a eu droit à cent
circonscriptions sur 577), le Parti communiste
(à qui ont été attribuées 50 circonscriptions,
dont les onze de ses députés sortants), le Parti
socialiste (qui a eu droit à 70 circonscriptions).
L’alliance électorale englobe également le petit
mouvement de l’ancien candidat socialiste à la
présidentielle de 2017, Benoît Hamon, Généra-
tion-s. La nouvelle entité créée par Mélenchon
et ses alliés s’appelle la NUPES, Nouvelle Union
populaire écologique et sociale. Elle présente
des candidatures unitaires partout (même s’il y
aura quelques dissidences inévitables ici ou là),
affirme qu’en cas de victoire Mélenchon serait
Premier ministre et réserve à chaque parti en
son sein une certaine indépendance : chaque
parti de la coalition aura son groupe parlemen-
taire et sa propre association de financement.
C’est un moyen pour chacun des mouvements
de continuer à exister politiquement et finan-
cièrement pendant les cinq ans à venir.
Quoi qu’on pense de Mélenchon, auquel tout
ou presque nous oppose, on ne peut nier son
sens politique et son habileté manœuvrière.
C’est objectivement la candidature du com-
muniste Fabien Roussel qui l’a fait perdre à
la présidentielle de 2022, qui l’a empêché
pour 421 000 voix d’accéder au second tour.
Il aurait pu lui en vouloir mortellement, par
vengeance présenter des candidatures des In-
soumis dans toutes les circonscriptions où se
représentaient des députés communistes et,
du fait de son actuelle force de frappe, il aurait
sans doute fait mordre la poussière à la plu-
part. Il eût pu pareillement décidé de liquider
le Parti socialiste qu’il a quitté en 2008, avec
une certaine prescience, pour parachever son
triomphe sur toute la gauche et faire payer aux
socialistes ce qu’il estime être leurs trahisons.
Il aurait pu également traiter les Verts avec
mépris, considérant que c’était lui le véritable
candidat écologiste qui avait placé les théma-
tiques environnementalistes au cœur de sa
campagne présidentielle. Or, il n’en a rien fait.
Bien au contraire. En fin tacticien, en stratège
éprouvé, en politicien expérimenté, il a eu la
sagesse et l’habileté de comprendre qu’il ne
fallait pas humilier des concurrents qui pour-
raient lui être utiles pour l’accomplissement
de son destin, que vouloir les terrasser, les
tuer, c’était s’en faire des ennemis mortels qui,
même affaiblis, pourraient lui nuire, qui, pré-
cisément parce qu’ils sont affaiblis, pourraient
se montrer d’autant moins loyaux et dociles
s’ils se sentent méprisés et humiliés.
N°3518 DU 11 MAI 2022
www.rivarol.com
L 14240 - 3518 - F: 4,30 €
M ACRON, de son côté, a agi pareillement. Bien
qu’il ait des relations désormais exécrables
sur un plan personnel et politique avec son
ex-Premier ministre Edouard Philippe, il a œuvré
pour un accord, là aussi dès le premier tour, avec
une répartition des circonscriptions entre Ho-
rizons, le mouvement de Philippe qui obtient
58 circonscriptions, le Modem de Bayrou qui en
récolte 101, et la République en marche  — qui
s’appelle désormais Renaissance (comme c’était
déjà le cas de la liste macroniste dirigée par la
fade Nathalie Loiseau aux européennes de mai
2019) — et qui en obtient plus de 400. L’alliance
entre ses partis a donné naissance à une confé-
dération qui s’appelle Ensemble. Une dizaine de
députés sortants LR ont rejoint cette confédéra-
tion dans l’espoir de se faire réélire. La Macronie
en attendait un nombre supérieur, surtout après
les manœuvres de l’ancien président Nicolas Sar-
kozy en faveur de ce ralliement des LR à Macron,
mais beaucoup de députés LR sortants, qui ont le
vague à l’âme, après le score de Valérie Pécresse
à la présidentielle (4,78 %), ont décidé de ne pas
se représenter et d’autres hésitent à franchir le Ru-
bicon, de crainte d’être traités de traîtres par leurs
électeurs. Pécresse, manifestement remontée
contre Sarkozy qui a brillé par son absence pen-
dant toute la campagne avant le premier tour,
avant de soutenir activement Macron pendant
l’entre-deux-tours, a immédiatement réexpédié
à son envoyeur, en recréditant son compte, le
virement bancaire de 2000 euros de l’ancien pré-
sident destiné à soutenir les frais de campagne
impayés (cinq millions au bas mot) de la candi-
date des Républicains.
La droite dite parlementaire est décidément
dans un état de quasi-mort cérébrale, et ce n’est
pas la condamnation ce lundi 9 mai de l’ancien
Premier ministre de Sarkozy, François Fillon (qui
s’est aussitôt pourvu en cassation), par la cour
d’appel de Paris à 4 ans de prison dont un ferme
(sous bracelet électronique, comme Sarkozy
avant lui), dix ans d’inéligibilité et 375 000 euros
(Dessin de Chard)
d’amende pour détournement de fonds publics,
complicité d’abus de biens sociaux et recel de ces
deux délits dans le cadre des emplois fictifs de
son épouse Pénélope Fillon (elle aussi condam-
née, mais moins lourdement) qui va contribuer
à lui remonter le moral. La mort de Chirac (en
2019), puis de Giscard (en 2020), la retraite poli-
tique obligée de Sarkozy et de Fillon à cause de
leurs affaires judicaires (les deux hommes ont
été condamnés à de la prison ferme), le grand
âge de Balladur (93 ans) qui a lui-même été mis
en cause dans une affaire peu reluisante de ré-
tro-commissions sur vente d’armes, même s’il
n’a pas été condamné, ont frappé à la tête les
dirigeants historiques de cette famille politique
et personne aujourd’hui ne semble s’imposer. Le
giscardisme, le chiraquisme, le balladurisme, le
sarkozysme et le fillonnisme se diluent et se dis-
solvent assez logiquement dans le macronisme
qui réunit la gauche et la droite dites de gouver-
nement, la bourgeoisie de gauche et celle dite
de droite.
S I MÉLENCHON ET MACRON savent unir leur
camp respectif pour obtenir le maximum de
poids, d’élus et donc de financement public pen-
dant cinq ans, il n’en va pas de même du bloc qui
se situe à leur droite. Guy Mollet parlait déjà à son
époque de la « droite la plus bête du monde ». Que
dirait-il avec ce qui en tient lieu aujourd’hui ? A la
“droite” de Mélenchon et de Macron, il y aura en
effet quatre candidatures au premier tour dans
la quasi-totalité des 577 circonscriptions  : celle
des LR non ralliés à Macron mais refusant tout
rapprochement avec Reconquête ou le Rassem-
blement national, celle du RN de Marine Le Pen,
celle de Reconquête d’Eric Zemmour et celle
enfin de Debout la France de Nicolas Dupont-Ai-
gnan allié avec les Patriotes de Florian Philippot
et Génération Frexit de Charles-Henri Gallois,
un cadre dissident de l’UPR d’Asselineau. On le
sait, nous sommes plus que réservés sur l’élec-
toralisme et nous ne croyons pas que le salut de
11/5/2022
la France, s’il doit se réaliser un jour, se fera par
les urnes qui débouchent toujours sur des désil-
lusions, des trahisons, des déceptions voire des
impostures. Mais à partir du moment où d’au-
cuns font le choix de jouer la carte électorale, à
leurs risques et périls, il ne leur est pas interdit de
faire preuve d’intelligence tactique et de volonté
de rassemblement. Car comment prétendre ras-
sembler et diriger la France et les Français lors-
qu’on n’est même pas capable d’unir son propre
camp, de mettre son mouchoir sur son ego, sur
sa susceptibilité, sur son orgueil, sur sa vanité
blessée, au nom de l’intérêt général, du bien
commun ? Le marxiste Mélenchon a su le faire,
le mondialiste Macron lui aussi pour son camp.
Mais ceux qui s’autoproclament nationaux, pa-
triotes, amoureux de la France, souverainistes,
en sont parfaitement incapables, et cela en dit
long sur leur degré de conviction, de désintéres-
sement, de dépassement de soi et des intérêts
sordides de leur petite boutique.
De même que Mélenchon a tendu la main (et
non le bras !) à ses alliés naturels alors qu’il était en
position de force et qu’il eût pu faire le choix de les
mépriser voire de les écraser, de même, dans une
logique arithmétique mais aussi psychologique
bien comprise car l’union fait la force et galvanise
les troupes et les énergies (et réduit également
l’abstention car les électeurs ont besoin d’y croire,
au moins un peu, pour participer aux scrutins),
c’était à Marine Le Pen, arrivée en tête des candi-
dats dits de “droite” (même s’il y aurait beaucoup
à dire et à redire sur cette notion de droite s’agis-
sant des partis et politiciens actuels), d’ouvrir des
discussions avec Dupont-Aignan, Philippot, Zem-
mour voire Lassalle. Il n’en a évidemment rien
été. C’est tout pour elle, rien pour les autres. Cela
a d’ailleurs toujours été ainsi et cela continuera à
l’être, fût-ce au détriment de l’ardeur militante, de
la pertinence du programme, de la radicalité des
propositions et des compétences de nombreuses
personnalités ainsi sacrifiées. Elle a joué, on le
sait, un rôle de pousse-au-crime en amont de la
scission avec Mégret en 1998, par la suite elle fait
capoter l’union patriotique entre son père et le
même Mégret en 2006 et 2007, humiliant volon-
tairement ce dernier, à qui la parole était refusée
dans les meetings et qui n’avait même pas droit
aux premiers rangs dans la salle pour bien mon-
trer que sa présence était jugée non seulement
inutile mais indésirable (Le Pen père avait d’ail-
leurs agi de même, en présentant aux législatives
de juin 2007 son propre majordome contre Mé-
gret dans la circonscription de Vitrolles, drôle de
façon de faire vivre l’union patriotique !). Marine
Le Pen agit de même avec les historiques du FN,
les poussant au départ ou les faisant exclure (Ma-
rie-France Stirbois, Carl Lang, Martial Bild, Roger
Holeindre, Jean-Pierre Reveau…) ou les margi-
nalisant complètement et les humiliant comme
Bruno Gollnisch. Il n’est donc pas étonnant que
la benjamine de Jean-Marie Le Pen refuse toute
main tendue. Ce qu’elle veut, ce n’est pas tendre la
main (et encore moins le bras), c’est qu’on mange
dans sa main. Et même qu’on aille à la niche tel un
petit chien-chien bien sage et bien docile. Mais ce
n’est pas ainsi qu’on fait de la grande politique et
ce n’est pas ainsi qu’on prouve qu’on a l’étoffe, la
stature et la carrure d’une « femme d’Etat » comme
elle se qualifiait très modestement sur ses affiches
et ses professions de foi lors de cette présiden-
tielle. Encore une fois, on le voit, plus que de son
géniteur, c’est de Régine, qui vient de décéder,
que Marine Le Pen aurait dû briguer la succes-
sion. Elle eût été là parfaitement à sa place et en
conformité avec ses capacités.
RIVAROL,
<jeromebourbon@yahoo.fr>.
2 N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
- DROIT AUX LETTRES -
l De Lionel REUBON :
LA FABRIQUE D’UN
ENNEMI COMMUN
C’est un classique que le plus fort fa-
brique un ennemi commun pour que ses
amis le suivent et l’aident dans ses ambi-
tions et stratégies et si, en plus, il leur vend
des armes, c’est encore mieux. Nous ne de-
vons pas oublier que la guerre est éternelle.
Voir le théologien et poète arabe Ibn El Ba-
sawa (1012-1096).   péenne, et surtout par son élite instruite
Les Etats-Unis sont l’exemple extrême
de cette fabrique de l’ennemi commun et
leurs amis, ce sont les pays européens sauf
la Russie  au territoire immense qui peut
devenir une rivale (Paul Wolfowitz).  soviétiques soient installés à Cuba. Pour-
Les Etats-Unis ont besoin de cet enne-
mi commun, même pendant la paix pour
X raisons, dont l’une certainement est de
garder leur puissance. La Russie, territoire
immense, producteur de gaz, de pétrole, de
charbon a plus de 150 millions d’individus
qui désirent vivre libres comme les Euro-
péens et les Américains et consommer des
produits européens ou américains. C’est
dans l’intérêt des pays européens d’ache-
ter à la Russie son pétrole, son gaz, son
charbon à cause de la proximité géogra-
phique et de l’écologie. C’est, comme on
dirait, un commerce équitable : je t’achète
ton pétrole, ton gaz, et toi tu m’achètes des
biens de consommation et 150 millions de
consommateurs russes, ce n’est pas rien.  d’encre et de salive sur le peuple prétendu
Bizarrement les Européens n’ont rien
compris à la manipulation des Américains,
à moins que les élites européennes qui font
pour la plupart un stage dans les écoles
américaines dans leur jeunesse subissent
un bourrage de crâne qui leur fait com-
prendre que leur intérêt de carrière est de
se soumettre aux Etats-Unis. Nous avons
bien un président qui a vendu nos bijoux
de famille pour une place dorée à l’Elysée.
Pourtant Paul Wolfowitz a déclaré dès 1992
qu’il ne voulait pas d’une Russie adulte,
donc rivale des Etats-Unis et Obama en
2014 a avoué que le désir des Etats-Unis
est d’implanter en Ukraine des bases mi-
litaires et des missiles capables de frapper
des cibles stratégiques en Russie. Quant à
Georges Friedman, il a reconnu, en 2014
également, que ce sont les Etats-Unis qui
ont financé et organisé la révolution colo-
rée en Ukraine. Cela aurait dû conduire
la presse européenne à plus de réflexions
sur le pourquoi de la guerre en Ukraine.
Poutine a tout fait pour se faire admettre
comme un  pays ami des Européens et
des Américains. Toutes ses tentatives ont
été portées en dérision par la presse euro-
aux Etats-Unis. Je comprends que Poutine
ait voulu mettre un arrêt à l’installation de
l’OTAN en Ukraine.  Les Américains ont
refusé que des missiles à charges nucléaires
quoi la Russie d’aujourd’hui devrait-elle
accepter la même situation en Ukraine, en
Estonie, en Lituanie, en Lettonie et en Po-
logne ?
Toujours heureux de lire RIVAROL et de
l’acheter au tabac-presse et aussi par abon-
nement. Il est important que RIVAROL
soit vendu en kiosque.  puis un demi-siècle environ que j’observe
l De Maurice CANIONI :
SUFFRAGE UNIVERSEL,
MENSONGE UNIVERSEL
Comme toutes les élections qui l’ont
précédée et celles qui la suivront, cette
élection présidentielle a déversé des flots
souverain.
Il le faut bien pour que vive et perdure
la République athée, laïciste, franc-ma-
çonne et putréfiée. La dramatique situa-
tion actuelle n’est pas imputable aux seuls
gouvernants. Nous, peuple français, nous
leur avons donné les pouvoirs nécessaires
pour perpétrer ce crime ; puis nous avons
approuvé leur œuvre en renouvelant leurs
pouvoirs (d’après Mgr Henri Delassus).
Nous avons approuvé en nous soumettant
à tous les gouvernants antichrétiens et an-
ticléricaux. Nous avons renouvelé leurs
pouvoirs en participant constamment et
servilement au démonocratique suffrage
universel.
Pierre Chevalier, dans son Histoire de la
franc-maçonnerie française, écrit : « Le
républicain fervent, maçon ou non, met-
tait avec allégresse son bulletin dans l’urne
électorale, véritable vase sacré du culte
républicain. Les catholiques […] commu-
niaient  […] du bout des lèvres, lors des
élections, puis finirent par se résigner. » (t.
III, p.57 à 66, Fayard, 1975). Du bout des
lèvres ou non, les catholiques renouvellent
inlassablement leur pouvoir aux ennemis
de Jésus-Christ et aux persécuteurs de
l’Église. Combien de catholiques n’at-
tendent-ils pas encore qu’une heureuse
surprise sorte des urnes républicaines ?
Bêtise ? Lâcheté ? Esprit concordataire ?
Sûrement un cocktail des trois !
Marcel de la Bigne de Villeneuve (1889-
1958), quant à lui, écrit : « Comme le Phé-
nix de la légende, il (le régime) renaît de
ses propres cendres, ou plutôt de sa propre
corruption. Et de cette reviviscence, le
peuple porte la responsabilité, puisqu’il
pourrait s’y opposer avec un peu de clair-
voyance et de courage. Mais, tel le chien de
l’Écriture, il retourne à ses vomissements,
c’est-à-dire, en l’occurrence, aux prin-
cipes empoisonnés qui l’intoxiquent. De-
la vie politique, je n’aperçois, ni essai réel
de compréhension, ni repentir, ni amélio-
ration sérieuse. Bien au contraire, l’infec-
tion s’étend de plus en plus et la décadence
s’aggrave. Vous le dirai-je ? Je crains que la
France n’ait le gouvernement qu’elle mé-
rite ; certes, il reste des justes dans Sodome,
mais je me demande si l’on en trouverait le
nombre nécessaire au salut. » (Satan dans
la cité, DMM, réédition, 1997)
Voici maintenant ce que pensait le Pape
Pie IX du suffrage universel : « Je bénis
tous ceux qui coopèrent à la résurrection
de la France. Je les bénis dans le but (lais-
sez-moi vous le dire) de les voir s’occuper
d’une œuvre bien difficile mais bien néces-
saire, celle qui consiste à faire disparaître
ou à diminuer une plaie horrible qui afflige
la société contemporaine, et qu’on appelle
le suffrage universel. Remettre la décision
des questions les plus graves aux foules,
nécessairement inintelligentes et passion-
nées, n’est-ce pas se livrer au hasard et
courir volontairement à l’abîme ? Oui, le
suffrage universel mériterait plutôt le nom
de folie universelle ; et quand les sociétés
secrètes s’en emparent, comme il arrive
trop souvent, celui de mensonge univer-
sel. » (5 mai 1874)
Notre cher Hannibal, et pas seulement
lui, aurait dû méditer ces citations au lieu
de s’épuiser en vaines questions dans le
but de savoir pour qui et pourquoi voter.
l De Jean-François BRUGIÈRE :
DÉCHIREMENT ET
DIVISION DE LA DROITE
Nous assistons au déchirement de
la Droite dite de conviction, que nous ju-
geons seule capable et nécessaire pour
sauver (si possible) une France en ruine.
Je suis d’accord pour reconnaître qu’Eric
Zemmour a répété cent fois que Marine
Le Pen n’était pas à la hauteur d’une Pré-
sidentiable. C’est une réalité que nous par-
tageons avec lui, et ce n’est pas une critique
saignante de Marine Le Pen car il y a mille
façons de servir la France sans pour cela
être à la hauteur du président que nous at-
tendons, depuis longtemps et nous savions
bien que (malgré la brosse à
reluire, sortie avant les élec-
tions, par les médias una-
nimes) le vrai fond des mé-
dias, c’est la haine absolue du
FN, puis du RN, et la haine
de la France. Cela, nous le
savions, et nous attendions le
moment que choisirait cette
Intelligentsia, pour le faire
savoir. Donc aujourd’hui,
on mesure une nouvelle fois
à quel point la stratégie de
dédiabolisation de Marine
Le Pen n’a été que du pipeau
ou du vent, une croyance qui
était à l’évidence fausse, to-
Hommage aux patriotes résistants,
Tombés, pour que vive la France en ALGÉRIE
le 13 MAI 2022, à la stèle de MARIGNANE, à 11h.
Cimetière Saint–Laurent Imbert.
60 ans après la trahison et l’abandon de l’Algérie,
l’ADIMAD-MRAF appelle les patriotes et les Français, dignes de ce nom, à se souvenir et à
honorer les martyrs et les victimes de la forfaiture et de la répression gaulliste. Ils ont donné
leur vie, accordez-leur quelques instants pour leur rendre hommage !
« Seigneur, nous t’en prions, permets aux âmes de nos morts
De venir réveiller les guerriers endormis » Pierre GUILLAUME.
talement erronée. Pourtant il ne fallait pas
être un as pour comprendre cette évidence.
Nous sommes un pays au passé puissam-
ment révolutionnaire et donc violent, après
les Guerres dites de religions, nous sommes
le peuple des coupeurs de têtes, celui des
«  colonnes infernales en Vendée », celui
des noyades de Nantes ou de la Loire, ce-
lui des fusillades de Lyon. Napoléon n’a été
qu’un moyen pour nous sortir des griffes
des « bolchevicks avant la lettre ». Nous lui
en sommes reconnaissants mais cette en-
treprise aura coûté un million de morts,
en plus du million, fracassé pendant les 10
ans de révolution ( dixit Soljenitsyne com-
parant les 80 ans du communisme en Rus-
sie et les 10 ans de révolution en France).
Les Républicains d’aujourd’hui (et une
bonne part des LR, ex-RPR à l’emblème
du bonnet phrygien) ne sont rien d’autre
que les descendants de ceux qui ont décimé
la famille du roi, père, mère, enfants, tantes
jusqu’aux personnes pouvant leur ressem-
bler. Bientôt nous aurons le pèlerinage des
Lucs où fut exterminé un village entier. Le
plus jeune des villageois avait quelques
jours, le plus âgé 80 ou plus. Ce qu’il faut
à la France, c’est avouer nos immenses
crimes, passés.
Nous avons suivi Jean-Marie Le Pen
(car il avait de très réelles qualités de ras-
sembleur de la vraie droite). Nous l’avons
aidé, sans discussion, jusqu’à sa double
faute : l’une envers Mégret d’abord, en
1998-1999, et l’autre en nous imposant
sa fille ensuite, au Congrès de Tours en
2011. Non, on ne se guérit pas en se cou-
pant le bras (dixit JMLP) car Mégret et
ses cadres qui l’ont suivi, n’étaient pas des
renégats. De ce jour, et depuis la création
du RN, ce parti a commencé à perdre bien
des soutiens et c’est de toute bonne foi que
beaucoup se sont accrochés au parti ap-
pelé Reconquête créé par Eric Zemmour.
Après l’élection présidentielle d’avril
2022 et la victoire de Macron (avec 17
points de plus que Marine Le Pen, faut-
il le souligner), nous ne voyons pas bien
comment nous allons sortir de cette
guerre interne. S’il n’y a pas d’alliance
entre Marine Le Pen et Eric Zemmour,
comme cela semble hélas être le cas, alors
ce sera à nouveau une longue traversée du
désert jusqu’à ce que l’Islam triomphant
(grâce à des Macron et autres LR colla-
bos) ne vienne nous mettre d’accord dans
un pays qui n’existera plus, un pays qui
ne compte pas plus de 5 % de fidèles ca-
tholiques. C’est-à-dire : rien !
Déjà, l’école dont nous pouvions être
fiers, dont nous sommes issus, n’existe
plus. Les hôpitaux et le corps médical
sont en déclin, les lits fermés, l’énergie
nous permettra de vivre, tant que nos
centrales vieillissantes le voudront bien,
mais pas plus, les éoliennes, qui n’ont que
des désavantages, ne produisent rien, la
Dette absolument abyssale met la France
en ruine et il faudra la rembourser, la ba-
lance commerciale extérieure est en fort
déséquilibre. C’est un signe puissant de
notre déclin et la preuve de nos faiblesses
industrielles. Quant à l’immigration ac-
ceptée ou voulue par Macron (et les com-
patibles LR), elle va finir de nous faire
basculer vers un autre monde. En poli-
tique étrangère, nous sommes expulsés du
Mali (après des années de détestation des
Français) qui était le temple de nos volon-
taires africains, nommés “sénégalais”.
N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
Ce tableau de nos domaines sinistrés
est comme un arrêt de mort. La France
(à vue humaine) n’a plus aucun avenir.
La réélection d’Emmanuel est un coup
de poignard porté à la France (dont il
se moque) comme rarement elle en a
reçu.
Nous vivons le retour vers le IVe ou le
Ve siècle quand nous étions submergés par
une immigration qui renversait tout et no-
tamment la belle civilisation gallo-romaine
dont nous sommes issus. Aujourd’hui,
nous subissons une invasion, mais  sans
les évêques d’alors comme saint Remi
ou saint Martin, sans les saintes femmes
comme sainte Radegonde ou sainte Ge-
neviève et sans les chefs comme Clovis
qui se convertissaient au christianisme et
veillaient à l’éducation chrétienne des en-
fants.
Au contraire, les clercs et prélats d’au-
jourd’hui sont des progressistes, des mo-
dernistes qui entraînent les fidèles loin de
notre civilisation que nous voulons garder.
L’avenir s’annonce donc très sombre et
l’élection de Macron restera comme un
point d’ancrage de ce déclin (Soljenitsyne
aurait parlé d’un nœud). Nous subissons
en effet un déclin qui risque cette fois-ci
d’entraîner la mort de notre civilisation.
Nous vivons un “nœud”. Car si naguère
avec les communistes, nous avions des
gens qui acceptaient les massacres comme
une renaissance, ils croyaient aussi à une
certaine France. Avec les progressistes, ce
sera sans aucune issue autre que celle du
néant. Car les progressistes ne connaissent
que la “déconstruction”, celle du langage,
des apprentissages, de l’école, de tout ce
qui fait une civilisation.  si l’épisode zemmourien n’avait pas été artifi-
l De Bernard BRÈS, directeur du magazine
Le Chêne (MNR) :
SOUTIEN À RIVAROL
MENACÉ DE MORT
A l’instigation d’un certain lobby, Le
Monde (“l’immonde” aurait dit feu Jean
Madiran) a publié le 8 mars dernier une
tribune signée par les Klarsfeld, Men-
dès-France, Stasi et autres scribouillards,
(sans oublier la Licra ou SOS Racisme),
lançant un appel à la CPPAP (Commis-
sion paritaire des publications et agences
de presse) afin qu’elle retire son agrément
(renouvelable tous les 5 ans et dont béné-
ficient tous les organes de presse), sous
les fallacieux prétextes de racisme, d’an-
tisémitisme, de xénophobie, à l’hebdoma-
daire d’opposition nationale, RIVAROL,
qui paraît sans discontinuer depuis 1951
et dans lequel des plumes célèbres se sont
illustrées.
Il est vrai que ces délateurs sont prêts
à tout pour faire taire un journal qui n’a
cessé de défendre avec talent la Tradition
et la liberté de pensée, quels que soient les
pouvoirs en place.
Ladite commission a décidé de réexami-
ner son autorisation avant terme ce qui est
tout à fait exceptionnel et démontre l’in-
fluence puissante et néfaste de ces gens-là.
Il faut savoir, en effet, qu’une telle déci-
sion entraînerait la perte du bénéfice de la
TVA à taux réduit (passant alors de 2 % à
20 % pour chaque exemplaire vendu), une
très forte augmentation des tarifs postaux
(multipliés au moins par trois !) et même
l’interdiction de la vente en kiosques ; en
outre, ces vautours demandent que le dif-
fuseur de RIVAROL, les MLP (Message-
ries de presse lyonnaises), refuse de le dis-
tribuer sur le territoire. Autant dire qu’il
s’agirait d’une véritable mise à mort !
On mesure l’ignominie du procédé, digne
de l’Anti-France et de la Macronie liber-
ticide qui ont déjà obtenu la dissolution
de mouvements identitaires et patriotes
réclamée par les communautés auxquelles
les tristes sires qui prétendent nous gou-
verner sont soumis.
Notre famille d’esprit se doit d’être so-
lidaire de RIVAROL et de son courageux
directeur, Jérôme Bourbon, et lui appor-
ter tout son soutien en l’achetant au nu-
méro, ou mieux, en s’abonnant afin de lui
permettre de survivre et de continuer à
délivrer la bonne parole plus que jamais
nécessaire en ces temps décadents et bar-
bares.
Il faut dénoncer les méthodes intolé-
rables d’un régime failli qui ne supporte
plus la moindre critique, ni voix indépen-
dante.
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*Editions des Tuileries, 19 avenue d’Ita-
lie 75013 Paris. Site internet : rivarol.com
Courriel : contact@rivarol.com
Jean-Luc Mélenchon, futur sparring-partner
de la République en marche ?
E
NTRE les deux tours de la dernière élec-
tion présidentielle, nous nous sommes
intéressé aux conséquences apparemment
inattendues, autrement dit, aux effets pervers
(apparents) du discours principal d’Eric Zem-
mour, soit la critique radicale de l’Islam, une
attaque verbale tous azimuts. Nous disions
alors que, loin d’avoir servi à mobiliser un vaste
électorat de droite, cette posture pour le moins
forcée avait, au contraire, amorcé un processus
de conscientisation politique des populations
musulmanes “classiques”. Des populations qui
ne votaient pas ou plus, même au second tour,
la crainte du spectre de la grande remigration
ayant disparu avec la normalisation opérée par
Marine Le Pen et la mort cérébrale du Front na-
tional.
Le score important au premier tour du can-
didat Jean-Luc Mélenchon s’explique en effet
non seulement par la mobilisation des étudiants
et d’une partie de la jeunesse sensible à ses
principes politiques et à son programme mais
aussi, dans une mesure non négligeable, à celle
de la population musulmane ou simplement de
culture mahométane piquée au vif par Zemmour
qui s’en prenait à l’Islam dans son essence mais
aussi à ses fruits culturels, affectifs, comme le
simple voile et même, avec une troublante insis-
tance, aux prénoms arabo-musulmans en pos-
tulant arbitrairement que Rachida ou Yasmine
deviendrait française en devenant Catherine
ou Emma. Ce discours n’aurait pas eu ce réel
impact au sein des communautés musulmanes
ciellement gonflé avec la présence massive du
trublion à la télévision, son actualité quotidien-
nement commentée chez monsieur Hanouna et
par tous les journaux, enfin si Eric Zemmour lui-
même n’avait pas été désigné par des sondeurs
très sérieux comme le challenger de Macron au
second tour de l’élection présidentielle. Tout
était réuni pour réveiller les musulmans. Jean-
Luc Mélenchon en profita paradoxalement au
premier tour. Emmanuel Macron, au second,
en récupérant une importante partie de ces nou-
veaux électeurs. En effet, tout aussi irrationnel-
lement que ne le fit Zemmour, Marine Le Pen
(tout comme Jordan Bardella) s’attaqua entre
les deux tours au voile (que portent certaines
musulmanes) en affirmant, qu’élue, elle inter-
dirait son port partout, dans la rue, en forêt, en
montagne, partout.
UNE ISLAMOPHOBIE FORCÉE ?
Une proposition “idéale” dans le cadre de la
continuité du processus de mobilisation de nou-
veaux électeurs. Un phénomène favorable à
Macron lors du second tour (Marine Le Pen aurait
pu largement atténuer sa défaite sans cette provo-
cation inutile) et, demain, très probablement, un
phénomène favorable à Jean-Luc Mélenchon
et à son tout nouveau front populaire dont nous
avions prédit la formation il y a un mois.
“On” disait que Jean-Luc Mélenchon était le
candidat de l’Islamo-gauchisme, nous disions
alors, nous, que son renouveau politique devait
pour beaucoup à Eric Zemmour. Les Beurs et
Beurettes et la troisième génération maghrébine
aujourd’hui, souvent majeure et bien sûr de na-
tionalité française, ne sont plus du tout massi-
vement contre l’idée de freiner drastiquement
l’immigration, non par nationalisme mais parce
qu’ils en pâtissent parfois eux-mêmes, notam-
ment en région parisienne. Cette population
s’est installée en France, durablement. Elle se
fichait dans une certaine mesure des élections
d’une manière générale, elle savait bien que
l’idée de remigration était le fait d’une minorité
“extrémiste” qui pèse peu. Mais, Zemmour et la
mouvance anti-Islam qui évoluait parallèlement
à lui dans son combat pour la modernité, s’en
sont pris à son intimité même, à sa vie intérieure,
à ce qui la concerne. Zemmour avait en défini-
tive fait bien plus que séduire 7 % de Français,
il avait mobilisé une population qui donnera la
victoire électorale à Emmanuel Macron, et tout
est prévu ainsi. Quant à l’aventure mélencho-
niste, elle ne fait que commencer.
VERS UN FRONT POPULAIRE
DE PACOTILLE ?
Nous avons ainsi assisté, la semaine dernière,
à une immense recomposition politique qui en
a surpris plus d’un. Une recomposition très fac-
tuelle puisqu’elle ne s’est pas produite en de-
hors d’une période brûlante, loin des élections
qui attisent habituellement les convoitises et les
ambitions des fractions, mais carrément un mois
avant les élections législatives de 2022. Autant
dire que cette recomposition a toutes les chances
de réussir, de perdurer, de poursuivre son “tra-
vail”, sa mue, sauf si les résultats électoraux se
révèlent décevants. Hypothèse selon nous très
faible au regard de la conjoncture, notamment
à la lumière de la forte demande à gauche, en ce
moment, d’une union efficiente, bref, d’un front
populaire.
Certes, Jean-Luc Mélenchon met la barre très
haut en s’imaginant devenir Premier ministre
à la suite de l’obtention d’une majorité de dé-
putés élus finalement sur son nom. Cependant,
le mouvement lancé par le sémillant septuagé-
naire n’aura pas besoin d’atteindre un tel score
pour avoir réussi aux yeux de l’opinion et de
la gauche dont les dignitaires veulent d’abord
sortir du marasme électoral où ils s’enlisent
depuis bientôt une décennie. Aussi, en créant
une nouvelle dynamique, en faisant mieux dans
la majorité des circonscriptions que la somme
des additions des candidats de gauche qui ont
concouru lors de la dernière présidentielle, Mé-
lenchon aura réussi sa mission. Une réussite
d’autant plus marquée en interne (à gauche) si le
RN recule lors des prochaines législatives.
Après avoir mis dans sa poche en un tour de
main EELV (Europe Ecologie-Les Verts) et le
Parti communiste, le grand homme de réseaux
qu’est Mélenchon sut dompter le Parti socialiste
affaibli, voire exsangue, après la raclée reçue à la
présidentielle par la médiocre Anne Hidalgo qui
portait ses couleurs. Même si les scores du PS
sont désastreux depuis la présidence de François
Hollande, il ne faudrait pas pour autant considé-
rer comme négligeable, voire dérisoire, le poids
du parti à la rose dans le nouveau front populaire
construit par Mélenchon. Car non seulement la
dépendance du PS envers le président de la France
Insoumise représente pour ce dernier, ancien dis-
sident socialiste, une victoire personnelle lui don-
nant raison quant à ses choix politiques alternatifs
mais aussi parce que le PS reste un symbole fort
de la gauche malgré les dérives libérales perçues
ainsi par nombre de militants. Du reste, les réfrac-
taires à l’alliance avec Mélenchon feignent de se
résigner à rejoindre Emmanuel Macron, ce qui,
au moins sur ce point, donne davantage de clarté
à la scène politique française.
UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE
POUR LE SYSTÈME (ÉLECTORAL)
Nous le voyons, la Gueuse va pouvoir se re-
faire une santé avec cette nouvelle gauche et
avec tous ces électeurs enfin délivrés du cauche-
mar incarné par le duo Macron-Le Pen. Le sys-
tème peut compter sur l’indéfectible enfant de
la Veuve, le Frère Mélenchon, qui va poursuivre
son fabuleux jeu d’acteur pour le faire respirer.
Leur démocratie doit en effet toujours apparaître
comme salutaire, pleine d’espoirs et ressembler
à un régime où les opinions se développent
d’une manière toute naturelle.
Mélenchon est un grand professionnel de la
politique, il est un serviteur dévoué du Pouvoir
qui a multiplié les missions depuis ses débuts
sur la scène publique en 1983, une intronisation
dans le grand bain qui correspond à son entrée
en Franc-maçonnerie. En moins de trois ans, il
deviendra sénateur et le restera près de 25 ans
avant de devenir député. Dès qu’il entra en po-
litique, cet ancien professeur de français vécut
dans un monde matériellement confortable où il
put se livrer complètement dans les grands dé-
bats sans jamais se lasser.
MÉLENCHON, CETTE
OPPOSITION CONTRÔLÉE,
CETTE OPPOSITION DIRIGÉE
Alors qu’il représentait l’aile gauche du PS
à la fin des années 1980, il utilisa toutes les
ruses, toutes les figures de style
pour vendre l’Europe, celle de
Maastricht pour laquelle il fit
voter les prolétaires qui en subi-
ront les terribles conséquences
après celles provoquées par les
trahisons en matière de poli-
tique industrielle de François
Mitterrand. Il fut cocasse de
retrouver ce comédien décom-
plexé, et malheureusement
talentueux, en première ligne
pour critiquer Sarkozy qui mit
à la poubelle le non au référen-
dum sur la ratification du traité
de Rome 2, ce qui déboucha sur
la ratification du traité de Lis-
bonne. Il ne fit alors que capter
la colère des nationaux et du
peuple de gauche qui avait en-
3
fin compris l’énorme piège que constituait cette
Europe des banques. Puis fut élu François Hol-
lande qu’il soutint bien évidemment en 2012
contre Nicolas Sarkozy au second tour (il obtint
11 % au premier tour). Comme aujourd’hui, les
élections législatives suivirent immédiatement
l’élection présidentielle. Mélenchon devint un
second rôle alors que Hollande débutait son
quinquennat et que Macron était déjà inséré
dans le barillet du Système. Il gardait toutefois
une utilité pour le Système du fait de sa célébri-
té, de son réseau et de ses qualités oratoires. Et
il était assurément prévu qu’il pût jouer un rôle
dix ans plus tard si le bonhomme avait gardé la
forme jusque-là.
L’HOMME QUI A SERVI LA SOUPE
À MARINE LE PEN
A 70 ans, il pète la forme. Mais avant son très
probable triomphe, Mélenchon aura servi Ma-
rine Le Pen en 2012 dans la circonscription du
Nord où il se parachuta d’une façon très osten-
tatoire. Alors que la benjamine de Jean-Marie
Le Pen labourait le terrain dans le pays d’Hé-
nin-Beaumont avec ses mignons Bruno Bilde
et Steeve Briois et qu’elle entendait représenter
la candidate de l’enracinement par excellence,
lui la joua parachuté assumé disant ne voir dans
cette élection qu’une occasion de défier l’ex-
trême droite incarnée par madame Le Pen. Il
imaginait, disait-il en substance, une guerre des
dieux, un super symbole. Ce discours n’était-il
pas le meilleur moyen de perdre dans une région
pauvre où Briois et son équipe épaulaient depuis
des années des malheureux à la recherche d’un
logement ?
Jean-Luc Mélenchon n’aura donc jamais re-
chigné à effectuer les basses tâches qu’on lui
proposait. Aujourd’hui il récolte les fruits de
ses efforts (la défaite cuisante aux législatives
de 2012 face à Marine Le Pen n’est qu’un loin-
tain souvenir). Il aura contribué à faire vivre
l’organisme républicain en jouant au perdant.
Désormais, il poursuit sa mission en jouant
le rôle du prochain challenger d’Emmanuel
Macron et probablement d’Edouard Philippe
qu’on ressort progressivement du placard doré
où on l’avait remisé. Rappelons qu’Edouard
Philippe serait la personnalité politique pré-
férée des Français devant notre bon Jean-Luc.
Ce sondage donnerait-il un petit indice au futur
politicien de notre pauvre France ? On peut le
penser. On peut très bien imaginer dès mainte-
nant une modification de notre échiquier poli-
tique. Notamment avec une érosion continue
du RN englué dans ces affaires de voile voire
de burkini dont se fichent de plus en plus les
Français davantage confrontés à la misère, à
la pénurie de logement, à la délinquance, à la
violence gratuite qu’à l’islamisme. Les Fran-
çais veulent des emplois qui nourrissent leur
famille, veulent de la sécurité. Les débats in-
cessants sur l’Islam ne les intéressent pas.
En revanche, les immigrés et les descendants
d’immigrés qui, pour la plupart, veulent jouir
tranquillement comme la majorité des Fran-
çais de souche, ne veulent pas être attaqués sur
leurs racines. Ils sont les premiers à recueillir
les discours anti-voile, ils sont les premiers
à réagir contre ces attaques. C’est un fait. Le
Système organique basé sur les élections leur
donne une force immense. Cette force se ré-
percutera dans les urnes. Je doute que les pro-
chaines échéances ne me donnent pas raison.
Entre le RN et ce nouveau front populaire, il
y aura un arbitre et cet arbitre sera Macron ou
son représentant putatif. Une chose est sûre :
la délivrance n’est pas pour demain. J’espère
me tromper.
François-Xavier ROCHETTE.
4 N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL

Chronique de la France asservie et… résistante ration en échange de son ralliement. Benoît
Kandel, sentant le danger, remua terre et
mer pour éviter ce scénario. Il obtint gain
de cause. Zemmour demanda à Vardon de
se calmer quelque peu avant les élections
législatives, et de n’annoncer son ralliement
qu’après l’échéance. Tout cela devait finir
évidemment mal. Le RN avait eu vent de la
tentation de “trahison” de Vardon et se pro-
posa évidemment de la lui faire payer cher,
comme on va le voir.
En attendant, les allers-retours politiques
se poursuivent en ces étranges contrées ni-
çoises. Patrick Villardry, l’ancien Premier
adjoint à Saint-Laurent-du-Var, aujourd’hui
conseiller municipal d’opposition, avait
(Dessin de Chard)
l’implication quotidienne en proximité des récent sondage n’accordait ainsi que 13 % ses
citoyens. » C’est joli comme du Verlaine. suffrages aux candidats du RN aux législatives,
rendant la composition d’un groupe RN à l’As-
SALADE NIÇOISE semblée Nationale (15 députés) très aléatoire.
En attendant, le rêve de Vardon d’être élu dépu-
En réalité, tout ce beau monde s’entretue allè- té passe aux oubliettes. Le cofondateur du Bloc
grement pour des questions d’ambition person- identitaire, proche de Marion Maréchal – dont il
nelle. En attendant, Marine Le Pen veut faire la fut le témoin de mariage (une circonstance ag-
peau des demi-traîtres, des traîtres et des futurs gravante), proche de Nicolas Bay, qui était entré
traîtres, dont Vardon, qui, de plus, est proche du dans les bonnes grâces de Marine Le Pen, qui
super-traître Nicolas Bay. Vardon, sentant un déteste les identitaires, à la suite des régionales
vent mauvais se lever, a tenté une manœuvre, de 2015, après que Marion Maréchal avait insis-
appelant publiquement à l’union avec Recon- té pour en faire son colistier, paie sa proximité
quête ! autour de sa candidature aux législatives. avec la benjamine du clan Le Pen, aujourd’hui
Et tout cela dans l’intérêt du RN, bien sûr. La méticuleusement haïe par sa tante, mais aussi,
réplique du RN n’a pas tardé. Le parti a décidé comme nous l’avons vu, ses sorties récentes

rejoint Reconquête! à la fin du mois de fé- d’investir un autre prétendant face à lui. C’est dans la presse, ainsi qu’un courriel interne où
vrier. Là aussi, ça n’a pas duré. Il quitte déjàainsi que cela se passe chez ces gens-là… Var- il réclamait la tenue d’un Conseil national afin
le parti d’Eric Zemmour pour rallier le RN. don, quelque peu sonné, chouine : « J’attends de décider de la stratégie à tenir aux législatives.
A cause des résultats très décevants d’Eric la confirmation officielle de tout ça. Je note que Le président par intérim, Jordan Bardella, n’a
Zemmour à l’élection présidentielle ? Pas Marine Le Pen et Jordan Bardella ont perdu absolument pas apprécié les fantaisies de celui
du tout. Qu’allez-vous chercher là ? Ses rai- mon numéro de téléphone. » Furieux, l’ancien qui, par la grâce de Marine Le Pen, était devenu
sons sont nobles. « Mon adhésion à Recon- directeur de campagne de Thierry Mariani aux président du groupe RN à la métropole de Nice
quête! s’est inscrite dans la même logique régionales a découvert dans les colonnes du et conseiller régional de PACA et lui a écrit, il y

Q UEL FOUTOIR ! Nous avons déjà
évoqué dans ces colonnes les étranges
et amusantes mœurs politiques ni-
çoises, qui n’ont rien à envier à la bouil-
labaisse marseillaise. Dernières informa-
tions : Benoît Kandel, l’ex-Premier adjoint
au maire de Nice Christian Estrosi venait de
rejoindre Reconquête ! et dirigeait la fédé-
ration la plus importante de France (4 000
adhérents). Cela n’a pas duré. Il démission-
nait quelques jours plus tard pour rejoindre
le Rassemblement national. La raison ?
Philippe Vardon, élu du RN, ancien identi-
taire, qui croyait voir l’herbe plus verte du
côté d’Eric Zemmour, et se voyait un grand
destin dans les pas du grand homme, com-
mençait à lorgner sur le pactole et s’imagi-
nait volontiers propulsé à la tête de la fédé-
RIVAROL DANS L’ATTENTE DE LA DÉCISION
DE LA COMMISSION PARITAIRE
des engagements de ma vie : la protection
de mon pays et des Français, quelles que
soient leur origine, leur religion ou encore
leur orientation sexuelle », clame le pompier
maître-chien de profession. Mais le divorce
est consommé pour une raison cruciale, jure-
t-il, « depuis plusieurs semaines, j’ai fait
le constat d’une incompatibilité entre mes
valeurs humanistes et des choix politiques
de ce mouvement (se méfier comme de la
peste de ceux qui, la bouche en cul de poule,
ânonnent ostensiblement leurs « valeurs hu-
manistes »), notamment à propos de la ter-
rible guerre en Ukraine où je suis intervenu
en soutien de victimes. » Et puis, attention,
« à cela, s’ajoutent des pratiques contraires
à ma conception de l’action publique. Je
suis militant de l’ancrage territorial et de
Figaro le choix de son parti d’investir un autre a une semaine : « Il faut que tu arrêtes. »
candidat estampillé RN dans la 3e circonscrip- Cette sobre injonction vaut, en langue mari-
tion des Alpes-Maritimes aux législatives. Une niste décryptée, condamnation à mort. D’autant
décision prise dans la foulée de sa déclaration de que depuis plusieurs mois, les relations sont
candidature, faite à Nice-Matin le 28 avril, et de tendues entre l’ancien directeur adjoint de la
son plaidoyer pour une union avec Reconquête ! campagne des européennes de 2019, ancien di-
en vue des élections de juin.« Refuser l’union, recteur de campagne de Mariani aux régionales
c’est sacrifier le Rassemblement national du en PACA, et les instances nationales du parti.
sud », déclare-t-il, attendant « d’avoir une dis- On lui reproche notamment son manque d’in-
cussion franche ». Il argumente : « Ici, Zemmour vestissement dans la dernière campagne prési-
a fait 14 %, soit le double de son score national. dentielle de Marine Le Pen : « Quand on veut
Ces circonstances nécessitent qu’on regarde les tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage ».
choses différemment ». Est-ce si sûr que cela ? Cette situation ne surprend pas les anciens de la
Zemmour n’est certes pas propriétaire des voix maison comme Jacques Bompard. L’ex- maire
qu’il a pu obtenir à l’élection présidentielle et d’Orange et patron de la Ligue du Sud martèle :
l’on peut de toute façon s’attendre à des scores « On a toujours eu le RN contre nous. C’est tout
médiocres aux législatives, tant pour Recon- à fait dans leur philosophie. La leur est réduite
quête ! que pour le Rassemblement national. Un même pas aux intérêts du RN mais bien à ceux
de certains hiérarques du parti. ». Et surtout aux
intérêts du clan familial… Dernière curiosité ni-
çoise : selon le RN, ce n’est pas du tout à cause
de ses appels à l’union avec Eric Zemmour, que
Vardon a été écarté mais en raison d’une toute

N
OUS AVONS RENVOYÉ fin avril, par
courrier recommandé avec AR, dans les dé-
lais qui nous étaient impartis, les documents
demandés par la CPPAP (Commission paritaire des
publications et agences de presse). Et la commis-
sion nous a accusé réception de notre courrier le
lundi 2 mai 2022. Nous attendons donc désormais
l’examen de notre dossier par la CPPAP qui doit
se prononcer dans les jours, semaines ou mois qui
viennent (le délai habituel est généralement d’un à
quatre mois, mais il est quelquefois plus rapide ou
plus long) sur le maintien ou le retrait de son agré-
ment et du certificat IPG (information politique et
générale) donnant droit à un taux de TVA réduit (de
20 % à 2,1 %) sur chaque exemplaire vendu et à des
tarifs postaux très avantageux (trois à quatre fois in-
férieurs au tarif normal) concernant le routage pour
les abonnés papier.
UNE CAMPAGNE HAINEUSE
ET INCESSANTE DU LOBBY
Nous saurons très bientôt si la campagne de presse
active, incessante et haineuse contre RIVAROL a ou
non porté ses fruits auprès de la commission. Rap-
pelons en effet que le Lobby a multiplié ces derniers
temps les initiatives (tribune en forme de pétition
dans Le Monde daté du 8 mars 2022, menaces répé-
tées sur les réseaux sociaux, attaques coordonnées
dans The Times of Israel, Actualité juive, sur le site
de la LICRA, de BTA qui publie des visuels avec
Jérôme Bourbon allongé dans un cercueil avec der-
rière lui RIVAROL qui brûle, un visuel de ce type
qui s’assimile à une forme d’appel au meurtre a été
publié à nouveau il y a quelques jours sur le site
de BTA en toute impunité !) et exerce une pression
de chaque instant sur la commission paritaire des
publications et agences de presse afin que l’agré-
ment dont nous bénéficions sans discontinuité de-
puis plus de 71 ans nous soit définitivement retiré et
même pour que notre unique diffuseur, les Messa-
geries lyonnaises de presse (MLP), nous supprime
de son catalogue, bref refuse de continuer à assurer
notre diffusion sur l’ensemble du territoire national.
Ce qui nous empêcherait d’être présent en kiosque,
dans les maisons de la presse, les enseignes cultu-
relles, les rayons intégrés des supermarchés. Ne
nous resterait alors que la voie des abonnements,
papier et numérique. Et encore cela ne pourrait
avoir qu’un temps puisque des sites communau-
taires appellent ouvertement et publiquement à s’en
prendre à notre compte Paypal, à essayer d’en obte-
nir la clôture, pour tenter de nous tuer.
On veut manifestement nous étouffer, nous as-
phyxier, nous assassiner. C’est ni plus ni moins
notre mise à mort qui est exigée, notre assassinat
qui est programmé. Ils ne supportent pas une voix
totalement libre. Il faut absolument nous faire taire.
Face à ce danger bien réel, plus grand, plus im-
autre affaire, dont nous ne savons rien : l’agres-
minent que jamais, nous devons réagir dès main- l Abonnement papier 2 ans : 215 euros. sion d’un collaborateur la semaine dernière.
tenant. A tout moment nous pouvons être éliminé Dieu, qu’ils sont amusants…
des kiosques. C’est pourquoi nous avons lancé il l Abonnement de soutien (1 an) : 175 euros.
y a déjà plusieurs semaines une grande campagne
d’abonnements pour résister et faire face à cette l Abonnement de propagande (1 an) : 210 euros. LES AMBITIONS DU RN
funeste perspective, hélas fort plausible. Une cam- AUX LÉGISLATIVES
pagne qui, pour l’instant, disons-le franchement, l Abonnement papier (et numérique sur de- Marine Le Pen a engagé la bataille des législa-
n’a guère fait bouger les lignes, n’a jusque-là pas mande) à vie : 2000 euros.
tives dès le soir du second tour de l’élection pré-
été couronnée de succès.
sidentielle, le 24 avril 2022, après une nouvelle
AIDEZ-NOUS MASSIVEMENT AVEC DES
RIVAROL EN DANGER DE MORT DONS ET DES ABONNEMENTS !
défaite à la présidentielle : une huitième défaite
consécutive pour le clan Le Pen, ce que Zem-
C’est pourquoi, devant la gravité et l’urgence de la Nous comptons vraiment sur vous car, en cas mour n’a pas manqué de souligner (« C’est la
situation, nous nous permettons d’insister et de nous de retrait forcé des kiosques, notre seule chance huitième fois que la défaite frappe le nom de Le
répéter, car, comme le dit l’adage, entre le risque de de survie est un afflux massif d’abonnés venant Pen »), avait-il affirmé, tout en appelant à une al-
se répéter et celui de ne pas être entendu, il n’y a pas à compenser le très important manque à gagner lié liance, ce qui eut le don de mettre dans une rage
hésiter. Que tous ceux donc qui nous achètent au nu- à la disparition des ventes chez les marchands de noire les dirigeants du RN. L’objectif de Marine
méro continuent bien sûr à le faire, tant journaux et autres supermarchés et la Le Pen est de faire élire un maximum de dépu-
que c’est possible, c’est évidemment multiplication par DIX ( !), pas moins, tés RN pour devenir la première opposante au
essentiel, mais, par sécurité, par précau- du taux de TVA qui passerait alors de chef de l’Etat et tuer, dans le même temps, Eric
tion, par prudence, par souci de l’avenir, 2,1 à 20 % ainsi que la très forte aug- Zemmour. « Nous sommes arrivés en tête dans
par solidarité militante et fraternelle, mentation des tarifs postaux consécu- 159 circonscriptions [à la présidentielle], contre
pour aider à la survie et à la pérennité tives à un retrait de l’agrément de la 45 en 2017 », argumente Gilles Pennelle, le dé-
du journal, qu’ils souscrivent également CPPAP. légué national à l’animation des fédérations RN.
dès maintenant, s’ils le peuvent, à un Par ailleurs, afin de nous aider à Certes, mais le RN refuse tout accord d’appareil
abonnement numérique annuel (à 80 constituer un trésor de guerre pour et ne fera pas d’alliance avec Eric Zemmour non
euros) ou/et papier (le journal est reçu tenir le coup au cas où nous serions plus qu’avec Dupont-Aignan. « Nos candidats
sous pli discret), fût-ce de courte durée interdits de kiosques, vous pouvez seront donc investis ou soutenus par le RN dans
(3 ou 6 mois), ou même de plus longue nous aider précieusement en faisant la totalité des 577 circonscriptions », assène
durée (1 ou 2 ans) ou à un abonnement des dons, quel qu’en soit le montant
à France info Sébastien Chenu, qui déclare :
permanent de 12 euros mensuels par (les petits ruisseaux font les grandes
prélèvement automatique. «  ce qu’a dit Eric Zemmour était une décla-
rivières), à l’Association des Amis de
Voici les différents types d’abonne- RIVAROL ou aux Editions des Tuile- ration de guerre. Nous ne pouvons nous allier
ments auxquels vous pouvez sous- ries. Par chèque, par Paypal, par carte avec des gens qui nous crachent dessus et qui
crire directement sur notre site rivarol. bancaire (en cliquant sur l’onglet — nous salissent en permanence. » Chenu espère
com, en réglant par Paypal, par carte Pour faire un don — en haut de la que le RN pourra former un groupe de 15 élus
ou par virement bancaire, soit en nous page accueil de notre site rivarol.com) à l’Assemblée. » (8 députés aujourd’hui, dont
envoyant un chèque ou un RIB à Editions des Tui- ou par virement bancaire sur le compte de l’Asso- une apparentée, l’épouse de Robert Ménard).
leries, 19 avenue d’Italie, 75013 Paris (chèque à ciation des Amis de RIVAROL : Et puis, pour le député européen RN, Jean-Lin
l’ordre des Editions des Tuileries) : Lacapelle, la stratégie de dédiabolisation interdit
IBAN : FR91 2004 1000 0108 6027 7P02 005 de faire alliance avec le diable, celui-ci fût-il un
l Abonnement numérique (1 an) : 80 euros. BIC : PSSTFRPPPAR. diablotin.
Du côté de Zemmour, on ne comprend pas, ou
l Abonnement papier et numérique (1 an cha- Merci d’avance à tous de votre aide, de votre plutôt on fait semblant de ne pas comprendre
cun) : 150 euros. soutien, de votre générosité, de votre implication cette hargne. L’eurodéputé Gilbert Collard, qui
active et militante dans ce combat pour la survie hésite à se présenter dans le Gard, craint « la di-
l Abonnement papier permanent : 12 euros par et la pérennité de notre, de votre journal. Nous de- vision des patriotes » et déclare : « Partout où
prélèvement automatique mensuel (nous envoyer vons absolument triompher collectivement de cette Reconquête ! pourra présenter des candidats, il
pour ce faire un RIB avec votre IBAN, le prélève- nouvelle épreuve en étant convaincus que ce qui ne le fera. Mais quand on aura un candidat RN en
ment se fait autour du 5 de chaque mois). nous tue pas nous rend plus forts. face, que va-t-il se passer ? Aucun des deux ne
RIVAROL qui est l’hebdomadaire français le plus sera malheureusement au second tour. »
l Abonnement papier 3 mois : 40 euros. ancien, avec Le Canard enchaîné, et la doyenne des
publications de l’opposition nationale, qui paraît
l Abonnement papier 6 mois : 70 euros. et est vendu, tant en kiosque que par abonnement, DU CÔTÉ DE RECONQUÊTE !
sans discontinuité depuis le 18 janvier 1951, doit
l Abonnement papier 1 an : 125 euros. impérativement franchir ce nouveau cap, vaincre Éric Zemmour, qui a obtenu 7 % des voix à
cette énième persécution. Haut les cœurs ! la présidentielle, est désormais « très tenté »
l Abonnement papier d’un an pour personnes en par une candidature aux élections législatives
difficulté, pour chômeurs et étudiants : 100 euros. L’équipe de RIVAROL. de juin, et rendra sa décision dans « quelques
N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL 5

Entretien avec Damien Tarel,

jours ». « J’hésite encore pour une raison
simple : est-ce-que je pourrai, en me présen-
tant, aider tous mes camarades qui sont sur le
pont ? », a expliqué le fondateur du parti Re-
conquête, sur BFMTV. En réalité, l’ancien po-
lémiste, qui annonce « on aura 577 candidats »
aux législatives (au total, « 176 sont issus des
Républicains, 159 du Rassemblement national
[et] 215 de la société civile »), a très peu de
chances d’être présent à un second tour d’une
élection législative, et encore moins d’être élu.
Pour Jordan Bardella, président par intérim du
RN, le leader de Reconquête! craint tout simple-
ment d’échouer au premier tour. Bardella a ainsi
ironisé mardi 3 mai, faisant semblant de s’éton-
ner des “hésitations” d’Éric Zemmour à être
candidat aux législatives. « C’est surprenant de
la part d’Éric Zemmour parce qu’on a un parti
qui s’appelle ‘Reconquête!’ et où tous les ténors,
tous les cadres du parti, ne veulent pas s’enga-
ger dans la bataille législative. Même le chef
de la famille, Zemmour, hésite ! ». Et Marion
Maréchal vient de faire savoir qu’elle ne serait
pas candidate dans le Vaucluse, officiellement à
cause de sa grossesse.
Le parti assure avoir reçu 1426 candidatures
qui ont été « étudiées par la commission natio-
nale d’investiture ». « Hélas, ni le RN, ni les LR
n’ont répondu favorablement à cette main ten-
due et à notre volonté de nous unir par amour
de la France », regrette Zemmour qui annonce
cependant, dans un immense accès de bonté,
qui procède surtout d’une tentative tout à fait
artificielle de pseudo-rassemblement, de ne
pas présenter de « candidat Reconquête ! aux
législatives face à Eric Ciotti (LR), Nicolas Du-
pont-Aignan (DLF) et Marine Le Pen (RN) ».
LR AU BORD DU PRÉCIPICE
Après la déroute de
Pécresse, LR est confron-
té à une vague de désiste-
ments pour les législatives.
Des candidats LR aux lé-
gislatives 2022 renoncent
actuellement, étant donné
la situation politique et fi-
nancière du parti qui doit
faire face au non-rembour-
sement de sa campagne, qui
a coûté environ 15 millions
d’euros, à sa vacuité idéolo-
gique et programmatique,
tout en se préparant à des
élections législatives bien
périlleuses, l’avenir finan- (Dessin de Chard)
cier du parti dépendant notamment de la dota-
tion annuelle versée par l’Etat, dépendant direc-
tement du nombre de députés élus. C’est dans ce
contexte, que certains candidats, pourtant déjà
investis, choisissent de jeter l’éponge, d’autres
étant tentés de rejoindre la majorité LREM liée
à Emmanuel Macron. Une vingtaine de députés
ont, d’ores et déjà, annoncé qu’ils renonçaient
à se présenter, en réalité probablement deux ou
trois fois plus. Deux facteurs pèsent selon les
différents témoignages publiés dans la presse :
le risque financier et le spectre de la déroute.
« Qui voudrait aller s’abîmer dans une élection
avec une candidate qui a fait moins de 5 %? »,
résume Maxence Henry, un adjoint au maire
d’Angers dans Le Parisien. Il renonce lui aussi.
Plusieurs figures du parti ont annoncé renoncer.
C’est la cas pour Patrick Stefanini, le directeur
de campagne de Valérie Pécresse qui lorgnait
la 9e circonscription des Yvelines. Idem pour
Nicolas Florian, l’ancien maire de Bordeaux.
Christian Jacob, le patron des LR, annonce pour
sa part qu’il ne briguera pas sa succession : une
décision « prise depuis deux ou trois ans » (tu
parles !), assure l’élu qui siège à l’Assemblée
depuis 1995. Quant à ceux qui seront malgré
tout candidats, beaucoup vont enlever le logo
des affiches et faire campagne sur leur nom. Et
puis, il y a ceux qui vont rallier avec armes et
bagages la Macronie. C’est le cas probablement
des patrons ou patronne de région Jean Rottner
(Grand Est) et Christelle Morançais (Pays-de-
Loire) ou des maires Daniel Fasquelle et Gaël
Perdriau.ou encore du patron des députés LR,
Damien Abad, ou du maire de La Garenne-Co-
lombes, Philippe Juvin. Bref, Macron règne sur
un champ de ruines.
Robert SPIELER.
l’homme qui a giflé Macron
Damien Tarel a giflé le Président Em- en tant qu’accusé n’a fait que conforter ce
manuel Macron le 8 juin dernier à point de vue. Les premiers jours en prison
Tain-L’Hermitage. Il a accompagné ce étaient plutôt difficiles, notamment à cause
geste du cri de guerre des chevaliers fran- de l’isolement et de la complexité adminis-
çais : « Montjoie ! Saint Denis ! A bas la trative. La suite de ma détention s’est rela-
Macronie ! » Rencontre tivement bien passée, en
avec ce jeune Français en D.R. grande partie grâce à tous
révolte. Rappelons, comme les soutiens que j’ai pu rece-
pour toute interview, que voir de l’extérieur et que je
les propos et analyses te- remercie encore ici très cha-
nus n’engagent que la per- leureusement.
sonne interrogée. Je suis actuellement dans
l’attente de mon procès d’ap-
RIVAROL : Une lé- pel qui aurait dû avoir lieu
gère gifle sur le président en septembre 2021, dernier
de la République vous a délai. J’attends toujours la
fait devenir le héros de la restitution de mes affaires
« France périphérique » et perquisitionnées dont mon
un ennemi public pour l’État macronien. ordinateur de travail ainsi que celui de ma
Pouvez-vous revenir sur l’enchaînement compagne.
de circonstance qui vous a conduit devant
Emmanuel Macron ce jour-là ? R. : Avez-vous eu des soutiens dans cette
épreuve ?
Damien TAREL : Il s’agit d’un concours
de circonstances plutôt exceptionnel mais D. T. : Oui, c’est magnifique, j’ai reçu à
qui devait forcément avoir lieu vu le nombre cette occasion énormément de soutiens. No-
de personnes hostiles à sa politique. tamment dans le cadre de ma détention mais
Un ami m’a prévenu la veille de la venue aussi à l’extérieur. J’ai reçu plusieurs cen-
d’Emmanuel Macron sur le territoire drô- taines de lettres de soutien en prison, ainsi
mois dans une ville proche de la mienne. Il qu’une bonne quantité de livres, ce qui fait
m’a proposé de venir avec lui à sa rencontre beaucoup de bien au moral. À l’extérieur, des
avec drapeau français et gilet jaune pour ve- associations patriotiques et des médias indé-
nir le contester. J’avais prévu à la base d’un pendants ont pu m’offrir une aide financière
geste fort comme un lancer d’œuf ou une et juridique très bienvenue.
tarte à la crème mais je me suis ravisé après- Je les remercie eux aussi.
coup faute de matériel, cette sortie n’étant
pas vraiment bien préparée. J’ai alors plutôt R. : Au final, pensez-vous que votre geste
envisagé de l’interpeller sur des sujets poli- en valait la peine ?
tiques qu’il aurait pu avoir du mal à esquiver
comme la vente d’Alstom et la gestion de la D. T. : Il est difficile de considérer l’au-
« crise covid ». dace par le calcul. Pour moi, ce geste était
Arrivés sur place et au vu de la présence po- nécessaire, j’ai l’espoir qu’il puisse inspirer
licière, nous avons décidé de ne pas prendre quelque chose.
de gilet jaune et encore moins de drapeau
français, ce dernier étant à coup sûr un motif R. : Vous ne cachez pas votre passion
d’arrestation. pour le Moyen Age. L’esprit chevaleresque
S’ensuit une longue attente durant laquelle est-il pour vous une voie à pratiquer dans
nous avons pu refuser l’interview de Quoti- le monde moderne ?
dien de Yann Barthès, puis nous avons assis-
té à l’exclusion de la plupart des personnes D. T. : Pour moi, l’esprit chevaleresque est
présentes, c’est-à-dire des gilets jaunes, ainsi d’autant plus nécessaire dans notre monde mo-
qu’un filtrage du peu de personnes restantes. derne qu’il est en opposition radicale à celui-ci.
Malgré le fait que l’on ait chanté et scandé L’esprit chevaleresque est né d’un désir de

Avortement : retour de
des slogans avec les gilets jaunes présents, vertu dans un monde chaotique et violent. La
nous avons échappé à ce filtrage sûrement dû violence et le chaos de notre monde moderne
au masque porté sur notre bouche qui a em- sont certes bien différents mais, pour moi, la

balancier aux Etats-Unis

Sale temps pour l’ordre moral de gauche aux
Etats-Unis. Après le rachat de Twitter par Elon
Musk qui va peut-être, au moins en partie, faire
souffler un vent de liberté qui couvrira le ron-
ron de la propagande de l’Etat profond, même si
Musk n’est pas de nos amis, c’est l’infanticide
prénatal qui est dans le collimateur de la Cour
Suprême.
En effet, le brouillon d’un document de tra-
vail a fuité, concernant la suppression de l’arrêt
Jane Roe (1) vs Henry Wade du 22 janvier 1973
rendant l’avortement constitutionnel par 7 voix
contre 2. Cela permettrait à de nombreux Etats
d’interdire l’avortement soit définitivement, soit
dans un délai supérieur à six semaines, notam-
ment dans les bastions républicains que sont la
Géorgie, l’Ohio, le Mississippi, l’Alabama, la
Louisiane et le Missouri. En 2005, une tentative
de ce genre avait échoué suite à la trahison de
John Glover Roberts Jr, prétendument conserva-
teur.
Dans d’autres Etats, ce symbole de l’ordre
matriarcal vacille : le 14 avril, le délai autori-
sant l’avortement en Floride a été réduit de 24
semaines à 15. Même chose dans le Kentucky
(de 20 à 15 semaines), qui rejoint la Louisiane
et le Mississippi. Le 1er décembre, le Texas
votait la « loi du battement de cœur », inter-
disant tout avortement dès lors que les batte-
ments de cœur du fœtus sont perceptibles, soit
à partir de la sixième semaine de grossesse
environ. Le 15 mars, dans l’Idaho, une loi si-
milaire à celle du Texas a été votée, l’avorte-
ment devant être interdit dès l’annulation de
la loi de 1973.
Evidemment, la gauche poursuit son com-
bat d’arrière-garde contre la vie. La sénatrice
1. De son vrai nom Norma Leah Nelson McCorvey
(1947-2017), elle avoua avoir été manipulée par
le Planning Familial. Convertie au catholicisme
en 1998, elle s’engagea dans le combat pro-vie.
En 2004, elle demanda l’annulation par la Cour
Suprême de l’arrêt la concernant.
pêché le service de sécurité de détecter notre solution reste la même.
soutien à ce mouvement.
Au moment où nous réfléchissions à quit- R. : J’ai découvert votre passion pour les
Démocrate de l’Arizona, Kathleen Marie ter la dizaine de personnes encore présentes jeux de rôles et votre implication dans de
Hobbs (2), ne veut plus aucune limite quant à sur place, et contre toute attente, surtout nombreuses associations locales (1). Un ima-
la pratique d’un avortement. Le reste de l’Etat celle de son service d’ordre, Emmanuel ginaire enraciné parle-t-il pour vous à la
profond est complètement corseté dans sa vi- Macron décide d’aller à la rencontre du pu- jeune génération ?
sion idéologique. Le 24 septembre, fut ainsi blic, comme il aime à le faire. La voiture
voté le Health Protection Act déclarant que qui faisait demi-tour pour quitter le parking D. T. : Je pense que pour s’intéresser à
la lutte contre l’avortement faisait partie de s’arrête brusquement à quelques mètres de l’Histoire, notamment les jeunes, il faut déjà
« l’oppression du suprémacisme blanc ». Ce moi. Les pneus crissent, la portière s’ouvre raconter des histoires. Les mythes et légendes
qui est grotesque quand on sait que le taux et s’élance vers moi Emmanuel Macron qui fondateurs de notre civilisation sont aussi im-
d’avortement des Noirs est le quintuple de ce- me regarde directement dans les yeux, sû- portants que l’histoire réelle. Le jeu de rôle est
lui des Blancs… La campagne de haine contre rement attiré par la jeunesse. Tout se passe un outil intéressant pour ce genre de choses
le film Unplanned réalisé d’après le témoi- très vite. Pris au dépourvu par la poignée de car il permet aux jeunes de vivre l’histoire à
gnage d’une ancienne responsable du Planning main automatiquement échangée, la seule l’échelle humaine en étant acteurs de celle-ci. 
Familial, Abby Johnson, est dans la logique de échappatoire pour mon honneur me semble
l’ordre moral de gauche, alliance non pas du alors de le gifler, et d’accompagner ce geste R. : Quelle réaction vous inspire la réé-
sabre et du goupillon mais du drone et de la de la devise : « Montjoie Saint-Denis, à bas lection d’Emmanuel Macron le 24 avril
menorah. la Macronie  ». L’idée et la devise un peu dernier ?
La gauche évidemment n’acceptera pas faci- folles ont germé dans mon esprit au cours de
lement la perte de sa domination de la société ces trois longues heures d’attente : une gifle, D. T. : Tristesse et déception. Néanmoins,
et la défiance à son ordre moral. Au mieux, cela accompagnée de la devise. pour moi, cela était totalement prévisible. La
se terminera comme en Tchécoslovaquie (sépa- stratégie est parfaitement bien ficelée et l’in-
ration à l’amiable), au pire comme en Yougos- R. : Votre acte était surtout symbolique. telligence collective que l’on a pu retrouver
lavie (guerre civile). Mais l’exemple américain Quelle était la signification que vous vou- sur les ronds-points pendant les gilets jaunes
montre que comme on peut revenir de l’enfer de liez donner à votre action avec ce cri de ne saura jamais s’exprimer par la masse des
« Montjoie Saint Denis » ?  
la 4e division où une faillite vous a projetée (3), on bulletins dans une urne.
peut également revenir de mauvaises lois. Elles
ne sont pas éternelles et peuvent être annulées D. T. : Il s’agit d’une référence à la France R. : Un moyen pour vous soutenir ?
par la triomphe de la volonté. éternelle et historique alors qu’Emmanuel
Macron semble incarner son opposé et en est D. T. : Je suis actuellement en reconversion
Henri de FERSAN. l’ennemi avec son œuvre de déconstruction. professionnelle et donc étudiant, les minimas
sociaux m’ont été bloqué sans aucune raison
2. Qui serait bien avisée de méditer le sort d’une R. : Vous êtes arrêté immédiatement et légale. Pour m’aider à financer mes différents
ancienne ultra de l’avortement, l’ancienne député vous avez comparu aussi très rapidement projets et me soutenir, vous pouvez me faire
de l’Arizona, Gabrielle Dee Giffords, restée devant un juge. Comment avez-vous vécu un virement Paypal à l’adresse tarel.damien@
paralysée suite à une fusillade lors d’un meeting la procédure et votre emprisonnement ? gmail.com ou me contacter directement par le
à Tucson le 8 janvier 2011. Elle fut victime d’un Quelle est votre situation actuelle envers la biais de cette adresse électronique.
jeune juif comme elle, Jared Lee Loughner, justice ?
déstabilisé mentalement par une mère castratrice Entretien réalisé par
et qui voulait supprimer la figure de la yiddish D. T. : J’avoue avoir été surpris par la pro- Monika BERCHVOK.
mama.
3. Les Glasgow Rangers de 2012 à 2016 suite à cédure exceptionnelle que cette simple gifle
un endettement de 160 millions d’euros, ce qui a engendrée. Déjà, à l’époque, mon expé- Voir l’entretien de Damien Tarel dans le numéro
avait empêché son rachat par un certain Donald rience de juré m’avait donné une très mau- 94 de la revue Rébellion (Rse, BP 62124, 31020
John Trump… vaise opinion de la justice. Mon expérience Toulouse cedex 02 disponible pour 6 euros).
6 N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
La faim dans le monde
(Dessin de Chard)
L
a faim reste un des problèmes essentiels un milliard d’êtres humains ne va pas mourir
de l’humanité. Il concerne de l’ordre de faim dans l’année à venir. Mais envisager
d’un milliard d’êtres humains sur la plusieurs millions de morts relève hélas du
planète. C’est assurément beaucoup, mais en possible, voire plusieurs dizaines de millions
proportion de la population humaine totale, 8 en cas de catastrophes concomitantes, comme
milliards d’individus, c’est, historiquement, de mauvaises récoltes partout, de l’Australie
relativement peu. La situation a été bien pire au Canada, et des guerres majeures interrom-
par le passé, avec de grandes famines pouvant pant les échanges, conjonction heureusement
affecter pratiquement l’ensemble du genre hu- rare et qui ne s’est pas produite jusque-là.
main, et ce jusqu’à des dates aussi tardives que L’alimentation de l’Afrique du Nord ou de
1700 ; il y eut encore des famines en France l’Afrique noire par le blé ukrainien ou russe
sous Louis XIV, avec des centaines de mil- sera perturbée cette année. Mais une division
liers de morts. La Chine ou l’Inde, principaux par deux ou par trois des volumes importés
foyers de population, ont pu souffrir de la faim de ces deux pays en guerre, et un arrêt total,
jusqu’aux années 1960 pour la première, et ce n’est pas la même chose. Néanmoins, ces
jusqu’en 1970 pour la seconde. Il faut distin- volumes pourraient être compensés par des
guer le fait de ne pas manger à sa faim tous importations d’autres provenances, comme le
les jours, de subir une disette prolongée — Canada ou l’Australie.
plusieurs mois des sous-alimentation —, et la Les organisations humanitaires internatio-
vraie famine, situation dans laquelle une po- nales, insupportables le plus souvent dans
pulation meurt littéralement de faim, en com- leur logorrhée gauchiste culpabilisatrice de
mençant par les plus faibles, les enfants et les l’Occident, sont le plus souvent, malgré tout,
vieillards ; entre les deux se situe le stade inter- bien organisées, avec des décennies d’expé-
médiaire de la disette, affectant des dizaines de rience, pour effectuer des
millions de personnes au moins chaque année ravitaillements d’urgence de
dans le monde. populations dans le besoin.
C’est d’ailleurs un reproche
DE VRAIES FAMINES HEUREUSE- courant, leur spécialisation
MENT RARES DE NOS JOURS dans l’intervention en cas
de danger réel et immédiat
L’agitation médiatique commune tend à de famine, mais hélas pas en
confondre le fait de souffrir de la faim et des amont, avant que les popula-
famines, suivant des raccourcis coutumiers, et tions souffrent drastiquement
toujours très faux. De tels excès restent relative- de la faim, ce qui comporte
ment efficaces pour les appels aux dons. Non, toujours de fâcheuses conséquences de long
terme sur les corps éprouvés. Ce-
pendant, ce reproche est un peu
Bulletin d’abonnement à
facile ; il n’est pas possible de ravi-
tailler de façon régulière un milliard
de personnes. C’est le rêve d’une
RIVAROL forme de solidarité minimale uni-
verselle automatique, le versant phi-
lanthropique du mondialisme ; mais
ce ne peut être qu’un rêve. Du reste,
NOM : nous ne le partageons pas, refusant
Prénom : tout ordre mondial, y compris sous
Courrier électronique : prétexte du bien supérieur de l’hu-
Adresse : manité, ce qui a toujours motivé les
pires tyrannies progressistes, de la
Code postal :
Révolution française de la Terreur
Ville : au Cambodge de Pol-Pot.
Pays : En outre, une forme massive et
Formule d’abonnement (cochez la formule choisie) : permanente d’assistance alimen-
taire détruirait complètement les
q Trois mois : 40 € économies locales, largement agri-
q Six mois : 70 € coles le plus souvent, les paysans
q Un an : 125 € ne parvenant plus à vendre leurs
q Deux ans : 215€ produits en concurrence de l’aide
q Soutien 1 an : 175 € alimentaire gratuite ; ce phénomène
q Propagande 1 an : 210 €
a été observé moult fois déjà dans
les zones d’intervention d’urgence,
q A vie : 2 000 € (3 000 € avec l’abonnement à vie à Ecrits de
Paris) et il a été localement très pertur-
bant. Ainsi, des dizaines de millions
q Un an pour personnes en grande difficulté : 100 €
d’êtres humains, ceux les plus me-
q Numérique : 80 € (150 € pour un abonnement papier et numé- nacés, chose qui n’est pas prévisible
rique)
de manière certaine plusieurs mois
q Prélèvement mensuel : 12 € par mois (15 € pour un abonnement
à Ecrits de Paris en plus de celui de RIVAROL) à l’avance, pourraient être sauvés,
et vont l’être, ou la grande majorité
IBAN et BIC pour les abonnements par prélèvement mensuel.
d’entre eux.
Paiement possible par Paypal depuis le site : rivarol.com La difficulté majeure qui subsiste
ou par virement bancaire sur notre compte à la Banque postale : est celle de l’accès aux populations
IBAN : FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048 qui souffrent de la faim dans les
BIC : PSSTFR PPPAR zones de guerres. Ainsi, de véri-
tables famines seraient en cours au
Tigré, région insurgée assiégée dans le cadre
de la guerre civile éthiopienne actuelle, et au
Yémen, pays ravagé depuis une décennie par
la guerre civile, aggravée depuis 2015 par une
invasion militaire saoudienne. Elles seraient
causées directement par l’impossibilité d’ac-
céder aux populations en situation d’urgence.
Il existe un fort soupçon que cette difficulté
soit volontaire, les populations tigréennes ou
chiites zaydites étant particulièrement détes-
tées par les gouvernements centraux (réels en
Ethiopie, assez théoriques au Yémen).
Dans ces deux cas, même si cette notion est
à manier avec la plus grande prudence, un
projet génocidaire n’est pas à exclure. Dans
les situations inverses, rares mais pas inexis-
tantes, d’enclaves ethniques non-tigréennes
dans la zone des rebelles tigréens, ou de villes
et villages sunnites dans la zone des Houthis,
les comportements ne sont certainement pas
meilleurs. A titre de comparaison, il n’y a heu-
reusement rien de tel en Ukraine, en dépit du
battage médiatique infiniment supérieur  ; et
la population ukrainienne, heureusement, ne
souffre absolument pas de la faim — hors des
rares villes véritablement assiégées —.
Avec un moindre degré de gravité, des mé-
canisme identiques, avec une guerre intereth-
nique dure, ont créé une situation à nouveau
très préoccupante au Darfour. L’effondrement,
partiel, de l’autorité dictatoriale précédente au
Soudan, n’a créé nulle dynamique de démo-
cratisation véritable et d’harmonie entre les
ethnies, bien au contraire. Les affrontements
au Darfour ont repris, avec virulence, de façon
toujours croissante. Chaque ethnie cherche
vraisemblablement à affamer les autres.
Sans qu’il y ait actuellement de situation de
famine, ou de quasi-famine, ou même de vraie
disette, pour l’instant, la survie, voire le déve-
loppement des guérillas djihadistes, du Mali au
Lac Tchad, fait craindre une vraie dégradation
de la situation sécuritaire, et donc alimentaire,
dans cette vaste région sahélienne.
LE CLIMAT ET
LA DÉMOGRAPHIE
La mode de la climatologie catastrophique,
qui sort du champ de la science, systémati-
quement, pour rentrer dans celui de la religion
apocalyptique, tient à accuser de ces situations
le « réchauffement clima-
tique ». Ce n’est tout simple-
ment pas vrai.
Dans le temps long, un vrai
réchauffement global provo-
querait une hausse nette des
précipitations, à l’échelle de
la planète, et en particulier
D.R. dans ces régions tropicales
sèches d’Afrique, du Séné-
gal à la Somalie, ou même
de l’Inde et du Pakistan. En attendant, les sé-
cheresses restent récurrentes ; elles sont bien
attestées depuis de nombreux siècles. Elles
avaient eu d’ailleurs des conséquences bien
plus catastrophiques dans le passé, avec de
vraies famines régulières. Ce n’est donc plus
le cas.
La nouveauté véritable vient, non pas des
irrégularités annuelles fortes dans les précipi-
tations reçues, qui sont une des définitions de
base du climat tropical sec — à opposer à l’hu-
mide, aux précipitations fortes régulières —
sur des écosystèmes fragiles, mais de la mul-
tiplication en 150 ans par 20 ou par 30 de la
population humaine. Ces proportions ne sont
pas une distraction de frappe, en 1900 encore,
l’Afrique sahélienne était considérée comme à
peu près vide par les colonisateurs. Le phéno-
mène n’est pas près de s’arrêter à vue humaine,
avec un doublement de la population encore
tous les 15 à 20 ans.
Ainsi, l’explosion démographique continue,
sur des territoires aux ressources limitées, à
créer une situation fragile, et toujours plus fra-
gile, qui n’est pas tenable sur le long terme. Il
est vrai que les famines générales annoncées
depuis les années 1960-1970, avant la mode de
la religion climatique, n’ont pas eu lieu, du fait
de l’organisation efficace, permanente dans
cette région de l’aide alimentaire internationale
ou onusienne. Toutefois arrivera bien un jour
un seuil limite. Avec un effet terrible de seuil
rompu, en cas d’année de sécheresse globale
par exemple, il pourrait y avoir en effet des cen-
taines de millions de morts en un an ou deux.
L’explosion démographique dans ces terres ne
pouvant pas la supporter serait naturellement
brisée. Des vagues migratoires terribles, vers
les zones plus humides tropicales voisines, et
l’Europe, sont à craindre effectivement. Mais
ce fameux seuil, réel, et impossible à définir
précisément, n’a pas été atteint encore. On se
gardera de l’annoncer, après tant d’autres, et de
se tromper à leur suite dans les dates.
Le problème de la faim concerne donc sur-
tout l’Afrique noire, en particulier sahélienne.
Il affecte dans une moindre mesure les popula-
tions arabes pauvres. Le Yémen est l’exception
dramatique. En Amérique, se distingue pour le
pire le Venezuela, du fait de l’échec de l’expé-
rience socialiste, et Haïti, dont l’Etat est com-
plètement effondré. Ces deux pays sont plutôt
au stade de la disette, à peu près contrôlée,
que de la famine. La famine affecterait aussi
l’Afghanistan, du fait du manque absolu de
confiance internationale dans les conditions sé-
curitaires offertes par les Taliban. Lesquels ne
souhaitent bien sûr nullement la famine dans
leur pays, mais leur radicalité, qui les a fâchés
avec tous les pays voisins, a largement provo-
qué cette situation, et ce dans un pays dépen-
dant depuis des décennies de l’aide alimentaire
étrangère. La disette pourrait également affec-
ter dans quelques mois les populations pauvres
du Pakistan et de l’Inde, du fait de la forte infla-
tion des prix des produits alimentaires.
Enfin, un dernier cas particulier dramatique
serait la Corée du Nord. Le pays, peu ouvert
habituellement, s’est particulièrement refermé
depuis le début 2020, au rythme des alertes
au Covid 19 dans la Chine voisine. Elles pro-
voquent des fermetures totales des frontières,
avec des interruptions des échanges. Or ces
derniers sont particulièrement vitaux pour
l’économie nord-coréenne, et les populations.
Le charbon importé de Chine permet de chauf-
fer les foyers — l’hiver y est froid —, et la
nourriture importée permettait à la population
de se nourrir correctement. Or, ce n’est plus
le cas. Les approvisionnements alimentaires
manquent.
L’interruption du travail, qui n’est évidem-
ment pas rémunérée, ruinerait les Nord-Co-
réens, à l’épargne faible dans leur contexte
économique d’exploitation dure des sala-
riés — voilà le résultat de décennies de so-
cialisme  !  —, qui pourraient difficilement
acheter de la nourriture, aux prix toujours plus
élevés, sur les marchés officiels ou officieux.
Pyongyang prétend que la situation serait par-
faitement sous contrôle, et les rumeurs de fa-
mine ne seraient précisément que des bruits
absurdes, relevant de la propagande hostile de
la Corée du Sud et des Etats-Unis. Il faut es-
pérer qu’il en est ainsi. Mais il y a lieu de s’in-
quiéter quand même pour les Nord-Coréens.
Lorsque l’on a pu constater l’absurdité tyran-
nique de la Chine, au nom de mesures contre
le Covid — maladie pourtant relativement peu
mortelle —, qui sévit encore actuellement dans
quelques grandes villes, dont Shangaï et Pékin,
on imagine sans peine le drame que doit vivre
la Corée du Nord, avec un régime bien pire que
le régime chinois.
Ainsi, la faim dans le monde relève non pas de
quelque malédiction climatique, qui serait une
vengeance des dieux de la pluie contre l’Occi-
dent blanc, et affectant curieusement des po-
pulations du tiers-monde, mais tient au résultat
direct des comportements humains locaux, soit
une démographie explosive, des guerres, des
expériences économiques et sociétales calami-
teuses. Ces maux endogènes de bien des pays
fragiles ne paraissent pas devoir cesser, et les
difficultés alimentaires pourraient donc s’ag-
graver pour eux. Des améliorations ponctuelles
restent de l’ordre du possible, comme la sortie,
trop longue certainement mais possible, des
campagnes de Corée du Nord ou du Venezuela
du socialisme, sur les modèles de la Chine ou
du Vietnam ; mais elles ne sont pas certaines,
Caracas comme Pyongyang pouvant privilégier
la fuite en avant idéologique, a priori suicidaire,
mais utilisée dans un chantage international
odieux, sur ces réformes urgentes évidentes.
Quant au Sahel, entre effondrement continu
des Etats postcoloniaux et progression cultu-
relle, et armée sur le terrain, de l’islamisme
sunnite radical, on peut effectivement craindre
le pire à son sujet, pas forcément dans l’immé-
diat, mais assurément d’ici quelques années.
Comme l’a montré l’échec du néocolonialisme
français de Hollande et Macron au Mali, avec
notre armée chassée sous les huées par les
foules locales et la classe politique malienne
en 2022, bien ingrates, on ne pourra pas sau-
ver ces populations malgré elles. En revanche,
il faudrait veiller à empêcher les migrations
de masse vers l’Europe ; or la Commission
comme le parlement de l’UE font au contraire
tout pour ouvrir mordicus nos frontières, et ce
sous le sophisme daté (remontant aux années
1960-1970) de pénuries de main d’œuvre, to-
talement imaginaire — les dizaines de millions
de chômeurs en Europe seraient ravis de trou-
ver des emplois —.
Scipion de SALM.
N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
D.R.
L
e parti nationaliste irlandais Sinn Fein
(«  Nous-Mêmes » en gaélique d’Ir-
lande, langue historique pratiquement
morte) a pour la première fois remporté
l’élection régionale nord-irlandaise du 5 mai
2022, en arrivant en tête, en voix et en sièges,
du scrutin. Il a fait une campagne surtout sur
le pouvoir d’achat, et en cultivant une déma-
gogie gauchiste traditionnelle. Il n’a guère
évoqué le point majeur et le plus évident de
son programme, absolument pas renié, la ré-
unification de l’Irlande. Cette victoire effraie
particulièrement ses ennemis politiques, fa-
vorables au maintien de l’Irlande du Nord
dans le Royaume-Uni, dits Loyalistes. La tête
de liste du Sinn Fein, Mme Michelle O’Neill,
pourrait ainsi devenir le Premier ministre
d’Irlande du Nord. Ce serait en effet dans la
logique de ce régime parlementaire.
Mais Michelle O’Neill, ou toute personnalité
du Sinn Fein à sa place, devrait être incapable
de former concrètement un gouvernement, ou
a fortiori de gouverner. Le traumatisme histo-
rique de cette victoire risque de raidir consi-
dérablement le camp unioniste, déjà peu porté
aux compromis, et a fortiori à la collabora-
tion gouvernementale avec l’ennemi national
et religieux, de leur point de vue. Ce n’est du
reste qu’une victoire électorale relative, avec
29 % des voix, pas du tout un raz-de-marée
ou une majorité absolue, comme on pourrait
le croire suivant le tintamarre médiatique.
UNE VICTOIRE ÉLECTORALE
RELATIVE
Les électeurs nord-irlandais ont voté en
nombre, 900 000, soit une participation de
64 %. Le mode de scrutin est complexe, mê-
lant proportionnelle et circonscriptions, l’am-
bition étant de permettre une représentativité
maximale et des populations et des territoires.
Ainsi, le Sinn Fein a fini en tête avec 27 sièges
(pas de progression) et 29 % des voix (+1). Sa
victoire provient surtout du recul du princi-
pal parti unioniste, le DUP (Parti Unioniste
Démocrate) de Jeffrey Donaldson, avec 25
sièges (-3) et 21 % des voix (-7) ; ce dernier
a attribué sa défaite à la dissidence, unioniste
plus radicale, du TUV (Voix Unioniste Tradi-
tionnelle), avec 1 siège pour 8 % des voix. Cu-
rieusement, la troisième place est occupée par
un parti protestataire centriste, refusant, ce qui
est une posture démagogique locale courante,
le « jeu sectaire » traditionnel : cette Alliance
pour l’Irlande du Nord, l’ANPI, a réalisé une
percée nette avec 17 sièges (+9) pour 14 %
des voix (+4). Les partis communautaires,
concurrents historiques du Sinn Fein et du
DUP, poursuivent leur chute, sans disparaître,
avec le loyaliste UUP (Parti Unioniste d’Uls-
ter), qui remporte 8 sièges (-4) pour 9 % des
voix (-2), et le républicain-socialiste SDLP
(Parti Social-Démocrate et Travailliste) avec
8 sièges (-4) pour 9 % des voix (-3).
Les Accords du Vendredi Saint de 1998 im-
posent en principe un gouvernement conjoint
des nationalistes irlandais et des loyalistes.
Cela risque d’être particulièrement compli-
qué. Cette formule a été toujours un échec, les
loyalistes étant franchement à droite, le camp
irlandais à gauche, ce qui les empêche de s’en-
tendre sur des mesures politiques concrètes.
C’était le grand espoir de ce mode de gou-
vernement singulier, censé rapprocher par du
concret les communautés antagonistes ; cela
n’a donc pas fonctionné du tout. La querelle
nationale fondamentale, jamais résolue, n’a
rien arrangé.
UNE SITUATION POLITIQUE
STRUCTURELLEMENT BLOQUÉE
L’Irlande du Nord a connu depuis 1998
des gouvernements minoritaires, démission-
naires, suspendus, de manière volontaire à
Belfast ou de la part de Londres. Du fait de
l’échec de l’exercice de l’autonomie régio-
nale, assortie de conditions probablement
impossibles, l’Irlande du Nord a été dans
les faits gérée surtout de Londres. Cela ne
Une victoire électorale historique
du Sinn Fein en Irlande du Nord !
contente d’ailleurs personne, les
nationalistes irlandais la refusant
absolument et logiquement pour
des questions de principe, et les
loyalistes se méfiant de gouver-
nements britanniques prompts à
les abandonner, craignent-ils, et
ce pas forcément à tort.
Le Brexit de 2016-2020 a ag-
gravé les choses : les loyalistes l’ont approu-
vé, et les nationalistes irlandais rejeté — avec
déjà une majorité en 2016, de 56 % —, et ce
schéma a été très net. En dépit de ses pro-
messes explicitement contraires, Boris John-
son, le Premier ministre britannique qui a réa-
lisé le Brexit, a imposé une frontière douanière
non pas à la frontière officielle terrestre entre
Irlande du Sud et Irlande du Nord, mais en
Mer d’Irlande. Ainsi, l’Irlande du Nord a été
rattachée économiquement au reste de l’île.
Les loyalistes ont fait part à Londres de leur
colère, de multiples façons, de protestations
parlementaires à des manifestations violentes
dans Belfast. Mais le Premier ministre britan-
nique n’est pas revenu en arrière, en dépit de
toutes ses nouvelles promesses. Il craint bien
davantage la capacité de nuisance de l’IRA
que celle des loyalistes, d’où son choix.
L’IRA, et sa branche politique, le Sinn
Fein, ont toujours relevé d’un nationalisme
progressiste, à la limite du gauchisme, alors
à la mode, dans les années 1970-80. Contre
Londres, sa lutte armée irlandaise avait reçu
le soutien, par des voies à peine détournées
comme la Libye, du bloc de l’Est. Depuis
une décennie, ce gaucho-nationalisme irlan-
dais a basculé dans le pire, et s’est affirmé
en faveur de tous les “progrès” sociétaux,
comme l’avortement, les droits des LGB-
TQI+ — jusqu’au prétendu “mariage” ho-
mosexuel — ; son conservatisme catholique
historique et de principe, dominant jusqu’aux
années 1990, a donc complètement disparu
suivant un processus rapide dans les années
2000.
Le Sinn Fein partage en ce domaine les nou-
velles croyances de ses correspondants sépa-
ratistes en Europe, comme les Catalans, avec
une laïcisation particulièrement accélérée. Il
ne reste plus d’adhésion profonde à un catho-
licisme authentique — que dire à l’époque
où sévit François Zéro ? —, mais subsiste la
haine des protestants britanniques, au nom
des luttes anticoloniales.
Ukraine : où en est actuellement l’armée russe ?
D.R.
Poutine au 9 mai 2022
Le président Poutine espérait il y a un
mois, à défaut de réaliser l’invasion de
toute l’Ukraine, réussir à contrôler l’en-
semble du Donbass, la grande région indus-
trielle orientale de l’Ukraine, peuplée en
large partie de Russes et totalement russo-
phone. Cet objectif paraissait raisonnable,
à la portée de l’armée russe. Les positions
avancées ukrainiennes, formant un saillant,
étaient dangereusement exposées par trois
côtés, au Nord, à l’Est, et au Sud. L’armée
russe devait prendre en quelques semaines
la capitale ukrainienne du Donbass, Krama-
torsk. Or, à l’heure où nous écrivons (lun-
di 9 mai 2022), Kramatorsk est toujours
fermement contrôlée par l’armée ukrai-
nienne, et les assaillants russes n’ont plus
A l’inverse, le principal parti loyaliste, le
DUP, est resté, lui, protestant conservateur,
fermement opposé, au nom de principes co-
hérents, à l’avortement ou à la promotion de
mœurs atypiques. Il fait figure d’exception en
Europe occidentale, pour un parti significatif
dans sa région. Il exige la fixation d’une fron-
tière économique et douanière entre Irlande
et Irlande du Nord, certainement pas en Mer
d’Irlande, et en fait un préalable à toute parti-
cipation gouvernementale. Laquelle est donc
très probablement inenvisageable, les person-
nalités politiques nord-irlandaises se mon-
trant en général fidèles à leurs déclarations et
principes affichés ; c’est une rareté en Europe.
Cela ne facilite certes pas les négociations.
Les positions sont tout simplement inconci-
liables. En effet, Londres tend à abandonner
manifestement sur le long terme Belfast à Du-
blin. Et c’est totalement inacceptable pour les
loyalistes.
UNE VICTOIRE DÉMOGRA-
PHIQUE DES “CATHOLIQUES” ?
La victoire électorale du Sinn Fein a été
largement annoncée par les démographes
depuis les années 1970. Les naissances dites
catholiques sont devenues alors plus nom-
breuses que les naissances dites protestantes.
La natalité catholique s’est hélas effondrée
aussi dans les années 2000. Mais l’inertie
démographie fait que les électeurs catho-
liques sont effectivement plus nombreux que
les protestants en Irlande du Nord. Le vote
sur le Brexit de 2016, très communautarisé,
avait laissé présager à un délai relativement
court cette victoire du Sinn Fein.
Ce catholicisme reste comme repère identi-
taire, à défaut d’être encore pleinement vécu
au quotidien. Le progressisme toujours plus
avancé, pour le pire, du Sinn Fein, corres-
pond assez largement hélas à celui de ses
électeurs. A l’ère de François Zéro, on n’est
même plus qu’à moitié étonné. La victoire
démographique des “catholiques” repose sur
un passé, des classes nombreuses des années
1960 aux années 1980-90, qui pour ces der-
nières votent désormais en nombre. Mais,
depuis les années 2000, la natalité catholique
est hélas à peu près aussi déprimée que la
natalité protestante.
Ce conflit rappelle à quel point la démo-
graphie est essentielle dans la survie des
guère progressé dans sa direction de-
puis deux semaines, après un rythme
de progression déjà lent lors des se-
maines précédentes. Ne sont tombées
récemment que de petites villes ukrai-
niennes à l’extrémité orientale de ce
saillant, comme Popasna.
Comme de coutume, il reste très dif-
ficile de se faire une idée exacte de la
situation sur le terrain, chaque camp
s’affirmant nettement victorieux, et
l’ennemi au bord du désastre. La pro-
pagande russe assure de percées dé-
cisives déjà obtenues en direction de
Kramatorsk, ce qu’elle répète, il est
vrai, depuis un mois. La propagande
ukrainienne assure de la reprise im-
minente d’Izioum, la base de départ
septentrionale de l’armée russe en di-
rection de Kramatorsk ; si Izioum tom-
bait aux mains des forces ukrainiennes,
c’en serait fini des espoirs russes de
prendre Kramatorsk. Les deux camps
mentent certainement sans vergogne, et la
vérité se situe probablement quelque part
entre les deux, avec vraisemblablement une
situation à peu près figée sur le terrain entre
Kramatorsk et Izioum, et nettement plus près
d’Izioum. Mais enfin, l’armée russe n’a pas
pris Kramatorsk, et ne devrait pas y parvenir
a priori dans les quelques jours à venir.
Le président Poutine devrait donc organiser
un effort massif supplémentaire pour l’armée
russe. Il passerait, d’ici quelques semaines
ou un mois, par une mobilisation au moins
partielle des deux millions de réservistes,
et par l’acheminement massif de matériels,
qui existent en principe dans les stocks mili-
taires. Et ces renforts, pour que l’armée russe
s’impose au moins dans le Donbass, objectif
7
peuples. Les plus nombreux, ou ceux qui
finissent par l’être, tendent à imposer leur
volonté aux autres. La situation politique
risque de rester bloquée. Elle n’a guère ces-
sé de l’être depuis 1998. Le parti loyaliste
majeur, après sa défaite électorale, risque en-
core moins d’accepter de s’associer au gou-
vernement avec le Sinn Fein. En théorie, de
petits partis protestants pourraient le faire à
sa place ; mais ce serait probablement élec-
toralement suicidaire pour eux ; ils feraient
figure de traîtres complices des nationalistes
irlandais. Mais, au moins, la violence à haute
intensité n’est jamais revenue.
VERS LE RETOUR
DE LA VIOLENCE ET
UNE NOUVELLE PARTITION ?
Le Sinn Fein affirme sa confiance dans une
réunification à venir de l’Irlande. Si un réfé-
rendum sur ce projet était proposé à la popu-
lation, il pourrait peut-être l’emporter. Mais
elle serait refusée mordicus par les loyalistes
qui réclameraient, et réclament déjà, dans
cette hypothèse, une partition de l’Irlande
du Nord. De tels projets sont discutés parmi
les protestants depuis les années 1970 ; ils
remontent même aux années 1920 ; céder à
l’Eire les deux comtés les plus méridionaux
et catholiques de l’Irlande du Nord aurait
assuré une nette majorité protestante. C’est
beaucoup plus compliqué dans les années
2020. Seuls les comtés orientaux, autour de
Belfast, sont désormais à majorité protes-
tante nette, tout comme le plus septentrio-
nal. Mais Belfast elle-même est devenue à
majorité catholique ! L’absence de solution
consensuelle, dans une société très divisée et
polarisée, comme l’inefficacité de la gestion
politique quotidienne, peuvent faire redou-
ter à terme un retour à la violence politique.
Les loyalistes refuseront probablement de
disparaître pacifiquement, ce qui semble être
le calcul à long terme et le souhait du Sinn
Fein comme de Londres. Ainsi, la possible
partition à venir, bien moins favorable aux
protestants que les projets anciens des an-
nées 1920 aux années 1970, pourrait s’effec-
tuer de manière particulièrement violente et
douloureuse.
S. de S.
politique absolument minimal pour la Rus-
sie — et ce pour à peu près toute la classe
politique et la population russe —, devraient
parvenir avant les renforts ukrainiens et les
livraisons massives de matériels de l’OTAN.
Les performances russes ont déjà beaucoup
déçu lors de cette guerre, donc ce n’est plus
si certain.
Pendant ce temps, l’armée ukrainienne
achève de dégager les environs de Kharkov
(Kharkiv) de la présence de l’armée russe.
La capitale économique de l’Ukraine pour-
rait ainsi se trouver rapidement hors de por-
tée de l’artillerie de campagne russe. Elle
continuerait néanmoins à être frappée par des
missiles. Les médias ukrainiens annoncent
que cette contre-offensive de Kharkov serait
poursuivie, en longeant la frontière russe, en
direction du Donbass, ce qui, au minimum
stopperait complètement l’offensive russe en
cours dans cette région. Mais ce n’est peut-
être qu’une vantardise patriotique de guerre
parmi tant d’autres. Le front de Kherson pa-
raît, lui, parfaitement stationnaire.
Lors de son discours du 9 mai, Poutine,
qui devait faire des annonces importantes,
comme déclarer officiellement la guerre à
l’Ukraine, avec une mobilisation générale en
Russie, n’a finalement rien dit de tel, ni rien
du tout sur le fond. Il a seulement évoqué
les thèmes patriotiques minimaux attendus,
et, pour la commémoration du 9 mai 1945, il
s’est à nouveau lancé dans les diatribes an-
tinazies surréalistes habituelles appliquées
au gouvernement ukrainien actuel dirigé,
rappelons-le, par un juif. La guerre entre ces
deux peuples européens hélas ne semble pas
près de prendre fin.
S. de S.
8 N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
La crise ukrainienne mènera-t-elle à
l’éclatement de l’Union européenne ?
C
HAQUE crise européenne, depuis le
krack boursier de 2008, déchire un
peu plus la pseudo-unité de l’Union
européenne. La crise russo-européenne écar-
tèle certaines nations du Vieux Continent qui
sont sommées de choisir un camp. Les inté-
rêts nationaux primant pour les pays dirigés
par des souverainistes, l’unité de façade au
sein de l’UE apparaît au grand jour. Des pays
membres ou candidats à l’entrée dans l’Union
européenne font le choix de la nation contre la
Commission européenne.
LE CAS HONGROIS
Les vagues de sanctions contre la Russie déci-
dées par Washington et exécutées par l’Union
européenne ont mis en exergue à la fois la
dimension autoritaire de la Commission eu-
ropéenne présidée par la non-élue Ursula von
der Leyen, la copine du PDG de Pfizer, Albert
Bourla, mais également les fortes dissensions
entre les Etats européens.
Schématiquement, s’opposent en Europe les
pays qui obéissent aveuglément aux Etats-
Unis en sacrifiant leur propre population, et
ceux qui placent leurs intérêts nationaux dans
les priorités de leur politique.
La Hongrie offre un exemple net. Le 4 mai
dernier, elle a clairement refusé de suivre la
Commission européenne qui propose une si-
xième vague de sanctions contre la Russie, plus
précisément l’embargo sur le pétrole russe. La
Commission préconise « une interdiction de
tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté
par mer et par oléoduc », a expliqué Ursula
von der Leyen.
La Hongrie a annoncé qu’elle opposerait son
veto à l’embargo sur le gaz ou le pétrole russe,
du moins « dans sa forme actuelle », jugeant
qu’une telle mesure « détruirait complètement
la sécurité énergétique » du pays. Le projet de
la Commission européenne « ne peut pas être
soutenu dans sa forme actuelle. En toute res-
ponsabilité, nous ne pouvons pas voter pour »,
a déclaré le ministre des Affaires étrangères,
Peter Szijjarto, dans un message vidéo diffusé
sur sa page Facebook.
Une dérogation est proposée pour permettre
à la Hongrie et à la Slovaquie de poursuivre
leurs achats à la Russie pendant un certain
temps, car ces deux pays sont enclavés et tota-
lement dépendants des livraisons par l’oléoduc
Droujba faute de connexions avec le reste de
l’UE, ont précisé à l’AFP deux responsables
européens.
Mais ce délai d’un an ne suffit pas, a insisté
Peter Szijjarto. « La livraison de pétrole russe,
nécessaire pour faire fonctionner la Hongrie,
serait interdite à partir de la fin de l’année
prochaine ». Et le ministre hongrois d’ajou-
ter : « ce n’est pas une question de manque de
volonté politique ou de calendrier, mais sim-
plement la réalité physique, géographique et
d’infrastructures ».
La réalité matérielle est claire : selon le
porte-parole du gouvernement hongrois, Zol-
tan Kovacs, 65 % du pétrole et 85 % du gaz
utilisés par la Hongrie proviennent de Russie. (1)
S’affrontent là, en Europe, les réalistes et les
idéologues au service de Washington.
De plus, l’entrée en vigueur de ces sanctions
nécessite l’unanimité des 27 pays membres de
l’UE. Un veto de la Hongrie empêcherait l’em-
bargo sur le gaz et le pétrole russe.
La Commission européenne, en structure su-
pra-étatique autoritaire, a besoin de cet unani-
misme pour exister. Le veto de telle ou telle
nation mettrait à nu le roi, affaiblirait l’Union
européenne, montrerait à certains pays la voie
de l’indépendance et ferait à terme éclater
l’UE.
Et cela aurait pour conséquence de faire bas-
culer certains pays européens dans le giron
russe.
LA SERBIE RÉCALCITRANTE
La Serbie, qui est candidate à l’entrée dans
l’UE et qui doit en principe s’aligner sur la po-
litique euro-atlantiste, est sur la même position
que la Hongrie. Belgrade estime que l’Union
européenne n’a pas le droit moral d’exiger de
la Serbie qu’elle participe aux sanctions contre
la Russie. « Les pays qui nous ont bombardés,
je ne dirais pas qu’ils ont le droit moral de
nous demander de nous rallier à leur propre
1. https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-
ukraine/la-hongrie-rejette-la-proposition-de-l-ue-
d-embargo-sur-le-petrole-russe-sous-sa-forme-
actuelle-811f7660-cbb5-11ec-af12-5edd1098f51b
politique  », a déclaré le ministre serbe de l’In-
térieur, Aleksandar Vulin, dans un entretien ac-
cordé à EURACTIV Grèce (2).
Faisant référence à l’Ukraine, le ministre
serbe a déclaré que son pays respecte l’in-
tégrité territoriale de tous les pays, c’est
pourquoi il exige que sa propre intégrité
territoriale soit respectée. « Nous ne devons
pas oublier que l’Europe n’a pas résolu le
problème de Chypre et qu’elle croit pouvoir
résoudre d’autres problèmes. Pour nous, le
respect du droit international doit commen-
cer par la Serbie. Et le principe du respect
des frontières et de l’intégrité territoriale
doit être respecté  », a-t-il déclaré.
Compte tenu de la situation géopolitique et
économique, à quoi s’ajoute la dépendance
énergétique vis-à-vis de la Russie, la Ser-
bie pourrait renoncer à terme à entrer dans
l’Union européenne qui est un trou noir éco-
nomique.
La Serbie a obtenu le statut de candidat à
l’UE en mars 2012. Interrogé sur les aspi-
rations de la Serbie à l’UE et sur le proces-
sus “accéléré” proposé pour l’Ukraine, il
a déclaré que Belgrade ne s’attendait pas à
ce que ce processus soit “fairplay” et que si
la justice prévalait dans les relations inter-
nationales, « la Serbie serait beaucoup plus
grande  ».
« La Serbie doit s’efforcer de renforcer la
Serbie elle-même pour être forte et pouvoir
répondre aux défis. Tout le reste a moins
d’importance  ».
Évoquant ses relations avec la Grèce, le mi-
nistre a déclaré que la Serbie applique la poli-
tique de neutralité afin de pouvoir choisir ses
amis et « non les ennemis qui surgissent sans
être invités, sans notre accord  ».
« Si devenir membre de l’UE a quelque
chose à voir avec ce que nous appelons “l’en-
nemi de mon ennemi est mon ami”, la Serbie
ne veut vraiment pas jouer à ce jeu  », a ajouté
le ministre serbe.
L’AMBIGUÏTÉ ALLEMANDE
Dans ce contexte, il faut observer attenti-
vement l’attitude de l’Allemagne, première
puissance économique et industrielle de l’Eu-
rope et pilier central de l’UE. La position alle-
mande est ambiguë. Elle est partagée entre sa
domination sur l’Europe qu’elle exerce avec
l’autorisation et sous les conditions améri-
caines, et ses intérêts nationaux qui divergent
de plus en plus avec les objectifs géopoli-
tiques de Washington.
La construction européenne a été une au-
baine pour l’Allemagne. Du lendemain de la
Seconde Guerre mondiale à la chute du Mur
de Berlin, ce pays, qui a été une grande puis-
sance, a été divisé, occupé par des puissances
étrangères. Et voilà que les Etats-Unis, ap-
puyés sur la bêtise — ou la complicité — de
François Mitterrand, offrent à l’Allemagne
réunifiée la direction du continent européen
sur un plateau. En prime, la mise en place de
l’euro, qui est un Deutsche Mark à échelle
continentale, va permettre à l’industrie alle-
mande de connaître un essor important, de
faire passer la balance commerciale de l’Alle-
magne vers l’excédent et ce en détruisant —
grâce à l’euro, monnaie forte — les industries
de ses voisins européens, notamment l’Italie
et la France. La balance commerciale de la
France, qui était positive avant l’instauration
de l’euro, va passer dans le rouge, et la désin- ses soixante et onze
dustrialisation de l’Hexagone va s’accélérer.
Belle réussite de la construction européenne
et du couple franco-allemand !
Or, ce qu’exigent aujourd’hui les Etats-
Unis c’est la destruction de l’économie euro-
péenne par les sanctions contre la Russie. Et
l’Allemagne ne semble pas tout à fait prête à
ce sacrifice qui réduirait à néant ce qu’elle a
construit ces vingt dernières années.
Quelques jours après le début de l’inter-
vention russe en Ukraine, après l’annonce de
sanctions contre la Russie par l’UE, les diri-
geants allemands se sont montrés inquiets.
Début mars de cette année, le ministre de
l’Economie allemand, également vice-chan-
celier, Robert Habeck, a déclaré, lors d’une
conférence de presse à Berlin, après des
discussions avec les acteurs économiques
allemands : « L’impact des sanctions et de
la guerre est tel que l’on peut craindre que
2. https://www.euractiv.fr/section/l-europe-dans- remercions de son militantisme ardent.
le-monde/news/lue-na-pas-le-%E2%80%89droit-
moral%E2%80%89-dexiger-des-sanctions- au sein même des manifestations, tant à Paris
contre-la-russie-de-la-part-de-la-serbie/
même de petites perturbations aient d’im-
portantes répercussions ».
Ces effets, disait-il, sont « prévisibles et
déjà partiellement perceptibles », estimant
être « confronté à une situation d’une com-
plexité jamais vue depuis plusieurs années ».
Il a également précisé que les « entreprises
allemandes ont environ 20 milliards d’euros
investis en Russie », dont seulement « 7,4
milliards d’euros sont couverts par des assu-
rances ».
Pour compenser ces pertes, le ministre alle-
mand a annoncé une aide publique : « Nous
allons mettre en place un programme de cré-
dit […] afin que les entreprises en difficulté
puissent bénéficier des taux d’intérêts favo-
rables de l’Etat »
« Une récession serait à craindre si l’éco-
nomie allemande n’était plus en mesure de
produire, c’est-à-dire si le scénario du pire se
produisait effectivement, mais nous sommes
un gouvernement capable d’agir, nous
sommes un pays fort […] et nous travaillons
pour que cela ne se produise pas », a voulu
rassurer M. Habeck. (3)
Mais cette force dont se targue Habeck
repose essentiellement sur l’industrie qui
ne serait plus sans l’énergie russe. L’Alle-
magne, dont toute la puissance et l’influence
reposent sur l’économie, dépend à 55 % du
gaz russe. L’équation est simple : suivre la
politique de sanctions contre la Russie aura
pour conséquence la fin de l’Allemagne en
tant que pays fort. Et ce n’est pas le gaz de
schiste américain, ou une autre source de
gaz et de pétrole, qui pourra combler le vide
russe.
Depuis le début de la crise russo-ukrai-
nienne, l’Allemagne ne cesse de louvoyer.
Elle condamne la Russie, hurle avec les
loups, tout en mettant en garde contre des
sanctions anti-russes qui causeraient plus de
3. https://www.france24.com/fr/info-en- 6.
continu/20220303-sanctions-contre-la-russie-l- a r t i c l e / 2 0 2 2 / 0 5 / 0 6 / l - a l l e m a g n e - s e -
allemagne-s-attend-%C3%A0-d-importantes- prepare-a-accueillir-quatre-terminaux-gnl-
r%C3%A9percussions-sur-son-%C3%A9conomie flottants_6125007_3234.html
DES TRACTS RIVAROLIENS À
COMMANDER ET À DISTRIBUER MASSIVEMENT
Pour faire
connaître l’hebdo-
madaire RIVAROL
(car il n’est hélas
pas assez connu
du grand nombre,
même dans la
sphère nationale et
dissidente, malgré
ans de parution
ininterrompue) et
aider à sa diffusion,
à son développe-
ment, à sa pérenni-
té, nous avons eu
l’idée de fabriquer
des tracts, minces et de petite taille, recto verso,
faciles à distribuer, à glisser dans une boîte aux
lettres, sur le pare-brise d’une voiture, à poser
sur la table de presse de la salle d’attente d’un
médecin, à laisser sur le siège d’un métro, d’un
bus, d’un train, d’un tramway ou d’un avion,
ou à offrir à un ami, une connaissance, une re-
lation de travail, des membres de sa famille ou
de sa communauté. Lors des manifestations an-
ti-pass sanitaires et gilets jaunes, ces tracts ont
été depuis plusieurs mois distribués grâce à une
équipe de jeunes gens rivaroliens courageux,
joyeux, sympathiques et déterminés, que nous
Cette distribution de tracts et de journaux
qu’en province, offre le précieux avantage de
tort à l’Allemagne. Cette position contradic-
toire se résume par la déclaration du ministre
allemand de l’Economie qui, en ce mois de
mai, a salué la décision de l’UE d’interdire
progressivement ses importations de pétrole
russe tout en avertissant que l’Allemagne
pourrait connaître des “perturbations” dans
son approvisionnement en pétrole. 
« Nous ne pouvons pas garantir dans cette
situation qu’il n’y aura pas de perturbations »
dans les approvisionnements en pétrole en Al-
lemagne, a affirmé Robert Habeck, lors d’une
conférence de presse à Meseberg au nord de
Berlin.
Robert Habeck a précisé que la raffinerie
PCK, située à Schwedt, dans l’Etat régional
du Brandebourg (est), et qui appartient au
conglomérat russe Rosneft, pourrait particu-
lièrement être concernée. Celle-ci fournit en-
viron 90 % du pétrole consommé à Berlin et
dans la région environnante, y compris l’aéro-
port de Berlin Brandebourg (BER), rapporte
le magazine économique Challenges. (4)
L’Allemagne a réduit les importations de
pétrole russe de 35 % à 12 %. Quant au gaz,
selon le dernier rapport sur la sécurité éner-
gétique du ministère de l’économie (5), paru le
1er mai 2022, l’Allemagne est encore dépen-
dante à 35  % de la Russie, contre 55  % fin
2021.
L’Allemagne prévoit de remplacer un quart
des importations de gaz russe d’ici à la fin
2022 (6). Mais le coût sera énorme. En effet,
le gaz russe, bon marché, est livré à l’Alle-
magne par gazoduc et n’a pas besoin d’être
transformé ; mais la diversification des four-
nisseurs de gaz (Etats-Unis, Norvège, Qatar)
va contraindre les Allemands à investir dans
des terminaux transformant le gaz livré en
forme liquide par bateau et qui est plus cher.
Le coût sera d’autant plus important que la
phase de transformation du gaz n’est pas gra-
tuite.
Cette politique amateuriste, suivant le diktat
états-unien aura de lourdes conséquences sur
l’économie allemande. Reste à savoir quelle
sera la réaction du puissant patronat allemand
dans les mois et les années à venir.
Les contradictions internes en Allemagne
reflètent bien celles qui minent l’Union eu-
ropéenne. Tout cela pourrait conduire à des
confrontations au sein de l’UE comme à
l’intérieur des nations européennes, entre na-
tionaux et globalistes, patriotes et agents de
l’étranger.
Jean TERRIEN.
4. https://www.challenges.fr/monde/embargo-
sur-la-russie-risque-de-perturbations-d-
approvisionnement-en-allemagne_811870
5. https://www.bmwk.de/Redaktion/DE/Downloads/
Energie/0325_fortschrittsbericht_energiesicherheit.
pdf?__blob=publicationFile&v=14
https://www.lemonde.fr/economie/
faire connaître un
organe de presse
d’opposition radi-
cale et frontale au
Système.
Vous pouvez nous
commander ces
tracts rivaroliens,
sobres et techni-
quement bien faits,
à Editions des Tui-
leries (19 avenue
d’Italie, 75013
Paris) en nous en-
voyant un chèque (à
l’ordre des Editions
des Tuileries) ou,
si vous préférez, sur notre site rivarol.com en
réglant par Paypal, carte bancaire ou virement.
Il faut cliquer sur l’onglet intitulé TRACTS et
situé en haut et tout à droite de la page accueil
de notre site rivarol.com.
Les tarifs dégressifs de ces tracts rivaroliens
sont les suivants :
7 euros franco les 100 tracts,
30 euros franco les 500,
50 euros franco les 1000,
300 euros franco les 10 000.
Bonne distribution ! Haut les cœurs !
Et merci mille fois à tous de votre aide, de
votre soutien, de votre générosité, de votre
dévouement sans lesquels l’hebdomadaire de
l’opposition nationale et européenne ne paraî-
trait déjà plus depuis longtemps.
N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
Déodorant parfum Musk sur Twitter
D
ANS sa chanson antifrançaise L’Hexa-
gone, le chanteur anarcho-éthylique
Renaud Séchan (1) chantait pour le mois
de mai : « Je me souviens de ces moutons ef-
frayés par la liberté, s’en allant voter par
millions pour l’ordre et la sécurité. »  C’est
ce qui vient immédiatement à l’esprit quand
on voit la réaction de la nomenklatura des ré-
seaux suite au rachat de Twitter le 25 avril par
le milliardaire afrikaner, naturalisé canadien (2)
puis américain Elon Musk. François-Xavier
Rochette a expliqué dans RIVAROL de la
semaine dernière que Musk n’était pas de
nos amis et qu’il était transhumaniste, ce qui
est incontestable. Il était utile en effet de le
dire. Toutefois, on ne peut nier que sa prise en
mains de Twitter et sa volonté, au moins ver-
bale, de défendre la liberté d’expression sur
ce réseau social a semé un vent de panique
parmi les bien-pensants.
Créé à l’origine pour permettre l’échange,
Twitter était devenu au fil des années le
monde de l’entre-soi, pratiquant activement la
censure (RIVAROL en sait quelque chose...)
mais strictement limitée au côté droit du panel
politique, le petit oiseau se métamorphosant
en rapace du wokistan, avec d’ailleurs une
certaine similitude ethnique entre les tenants
du goulag virtuel et celui – bien réel – d’il y
a un siècle. En octobre 2017, Google, Micro-
soft, Facebook, Twitter signaient un partena-
riat avec l’ADL (3) pour lutter contre la pré-
tendue « cyber-haine (4) ». On se souvient des
purges quasi-staliniennes de février 2018 qui
avaient amené à la suppression de 70 millions
de comptes. En mai 2021, Twitter avait mis en
place « un avertissement préventif en cas de
message haineux », du style « Êtes-vous vrai-
ment certain de vouloir envoyer ce message
offensant ? ». Dans la même veine, certifier
ses “bons” utilisateurs par un badge bleu, ces
derniers devant remplir toutes les conditions
de leur allégeance au Deep State.
On ne compte plus les personnalités répu-
blicaines ayant été ainsi purgées comme aux
plus belles heures du stalinisme, comme par
exemple Marjorie Taylor-Green pour sa mé-
fiance envers le lobby du vaccin et bien sûr
Donald John Trump lui-même pour l’en-
semble de son œuvre. On se souvient de la
plainte déposée par le parti de l’éléphant le 16
octobre 2020 quand Twitter bloqua le compte
du New York Post qui venait de faire des ré-
vélations importantes sur Robert Hunter Bi-
den, fils de l’actuel Président des Etats-Unis,
englué dans de sordides affaires, tant dans
des magouilles avec l’Ukraine que dans des
histoires de pédophilie (5). Twitter avait alors
invoqué le mot magique « fake news ». A tort,
1. Petit-fils d’Oscar Méraux, cadre communiste
passé chez Doriot, auquel il consacra sa
chanson Oscar, mais occultant soigneusement
son engagement politique de 1937 à 1945, le
définissant comme « un marxiste tendance Pif le
chien ».
2. Sa mère, le mannequin Maye Haldeman, bien
que née en Afrique du Sud, était canadienne, ses
parents ayant immigré en raison des recherches
archéologiques de son père dans le Kalahari.
3. Anti-Defamation League, organisme créé
en 1913 pour défendre le pédophile Leo Max
Frank, patron violeur et assassin de la petite
Mary Phagan, 13 ans, qui échappa à la justice
des puissants mais non à celle du peuple, ce
dernier refusant qu’un concierge noir, James
Conley, serve de bouc-émissaire. Véritable
Judapo, l’ADL fut condamnée à 200 000 dollars
d’amende par le FBI en 1993 suite au scandale
du fichage de milliers de personnes jugées pas
assez philosémites.
4. Notons qu’en France la loi luttant contre cette
soi-disant haine a été confiée à la Togolaise
Laetitia Avia, personne ad hoc car épinglée pour
des propos « sexistes, homophobes, et racistes »
envers ses collaborateurs, par ailleurs harcelés et
humiliés par celle qui entra à Sciences Po grâce
à la discrimination positive. Nonobstant bien sûr
l’affaire du chauffeur de taxi qu’elle mordit le 23
juin 2017.
5. Rappelons que c’est la demande par Donald
John Trump d’informations sur cette affaire
auprès de son homologue ukrainien qui lui valut
une grotesque demande d’impeachment.
NOUVELLE VIDÉO RIVAROLIENNE (MAI 2022) :
BILAN DE LA PRÉSIDENTIELLE
ET MENACES CONTRE RIVAROL
La nouvelle vidéo rivarolienne, la 47e, celle de mai 2022, a été mise en ligne à la fois
sur la chaîne Odysee de RIVAROL et sur la chaîne YouTube de Jérôme Bourbon. Vous
pouvez retrouver cette vidéo en page accueil de notre site rivarol.com. Dans cet entretien,
Jérôme Bourbon, interrogé comme d’habitude par Florian Rouanet, analyse longuement
les résultats de la présidentielle des 10 et 24 avril 2022, détaille les leçons à en tirer, les
perspectives et évoque également les menaces contre RIVAROL.
82 minutes garanties sans langue de bois avec verve, franchise et humour.
9
band, déclare : « La propagande de la droite
internationale meurt là où elle est privée de
tribune. Elle prospère là où les journalistes
et les politicien/ciennes confondent le bruit
puisque la validité constant des trolls avec l’opinion publique.
de l’information fut Le temps qui vient pourrait être très, très
reconnue par le Was- amer. Et dangereux. »
hington Post, CNN On constate également cette inversion des
et le New York Time valeurs en matière de liberté de la presse. Ain-
(mais toujours rien si, le 3 mai, sur France Info, un responsable
dans la presse fran- de Reporters sans frontières, Christophe De-
çaise) en mars 2022. loire, s’inquiétait… de la pluralité des sources
Cela avait d’ailleurs d’information ! Il considère celle-ci comme
valu à Jack Dorsey une “dérive” qui gagne les pays les plus “dé-
de se faire humilier mocratiques” : la « FOX-Newsisation des mé-
au Sénat le 17 no- dias », un néologisme tiré du nom de la chaîne
vembre 2020 par le L’évolution politique de la société vue par Elon Musk de télévision américaine. « La polarisation
sénateur du Texas médiatique renforce et entretient les clivages
Rafael Edward “Ted” internes aux sociétés. Le regain des tensions
Cruz, qui montra qu’il avait fait de Twitter divers gouvernements ou autres, ces journa- sociales et politiques est accéléré par les ré-
un réseau au service des Démocrates. Même listes qui ne sont pas chômeurs… Rappelons seaux sociaux et de nouveaux médias d’opi-
chose en Allemagne où le compte de Gerhard qu’en France, mis à part la plupart des pu- nion, notamment en France. C’est un danger
Papke, ancien vice-Président FDP de Rhé- blications de la droite nationale, la presse est funeste pour les démocraties car [cela] sape
nanie-Westphalie fut censuré en juillet 2021 totalement et directement financée par l’Etat, les bases de la concorde civile et d’un débat
pour avoir publié les chiffres officiels prou- ce qui explique son soutien tout aussi total à public tolérant ».
vant la surreprésentation des migrants dans Macron, le Winston Noble (6) de la France. La Elon Musk veut rendre à Twitter sa fonction
les crimes de sang en Allemagne. France représentait d’ailleurs en 2016 près de d’origine : être un forum au sens premier du
En revanche, jamais Twitter n’a censuré les 87 % des demandes de suppression de mes- terme, c’est-à-dire une place publique sur
messages niant les crimes de Staline, les des- sages allant à l’encontre du Ministère de la laquelle tout un chacun peut dire ce qu’il
sins haineux de Nawar, les infox de l’attristant Vérité. veut, sans être inquiété en aucune manière.
Mendès France sur Trump, la bile misandre D’abord en faisant sortir Twitter de la Bourse
d’Alice Coffin, les harangues leucophobes CONSTERNATION pour revoir totalement le modèle économique
des racisés, les vomissures de Taha Bouafs et CHEZ LES BIEN-PENSANTS de cette entreprise déficitaire quasiment de-
Mehdi Meklat, les appels au meurtre contre puis ses débuts, notamment par l’embauche
Jérôme Bourbon ou Vincent Reynouard par Aux Etats-Unis, c’est la consternation chez de 2 000 employés supplémentaires en 2021
« Balance ton antisémite » ou l’acteur Pe- les tenants du Deep State. En 2016, 194 des 200 (+35 % de masse salariale !), employés af-
ter Henry Fonda qui a pu demander en toute principaux journaux avaient soutenu Hillary fectés au flicage et au bannissement des uti-
impunité le 20 juin 2018 que Barron Wil- Diane Clinton contre Donald John Trump (7). lisateurs indésirables (donc de droite). Musk
liam Trump, fils du Président des Etats-Unis Le futur POTUS utilisa donc massivement le avait d’ailleurs reproché à Twitter d’avoir
d’alors, âgé à cette époque de 11 ans, fût livré 5e pouvoir qu’étaient les réseaux sociaux pour fermé un compte consacré au procès de la
à des pédophiles… contourner la censure. Il fut néanmoins chas- mère-maquerelle du réseau Epstein, Ghislaine
Elon Musk annonça d’emblée ses objectifs : sé de Twitter en janvier 2021. Alors qu’il avait Maxwell (10), dont Musk demanda la publica-
«  la liberté d’expression est le fondement été accusé de « fake news », Donald John Tru- tion de la liste des clients. Un sondage qu’il
d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter mp fut victime d’une campagne de calomnies commanda le 25 mars lui apprit que 70,4 %
est la place publique numérique où sont dé- qui ont été certes toutes démontées, mais sans des utilisateurs de Twitter jugent que le réseau
battues des questions vitales pour l’avenir de la puissance de frappe de ses accusateurs. La social ne respecte pas les règles basiques de la
l’humanité. Je veux également rendre Twitter prétendue collusion avec la Russie — alors liberté d’expression.
meilleur que jamais en améliorant le produit que si Poutine est intervenu en Géorgie sous Après avoir visité l’anarcho-éthylisme avec
avec de nouvelles fonctionnalités, en rendant Bush Jr, en Crimée sous Obama et en Ukraine Renaud, l’anarcho-capitalisme avec Musk,
les algorithmes open source pour accroître sous Biden, il n’a rien fait sous Trump —, ses terminons avec l’anarcho-syndicalisme d’Eric
la confiance, en vainquant les spambots et soi-disant frasques sexuelles — colportées en Arthur Blair, alias George Orwell. Dans 1984,
en authentifiant tous les humains ». Panique France par Tristan Mendès France et bien en- la devise de l’Angsoc disait notamment : « La
dans le Landerneau du nouvel ordre moral tendu l’accusation grotesque d’avoir ouver- liberté, c’est l’esclavage ». Raphaël Enthoven
qui voit restreindre son magistère et émerger tement fomenté les émeutes du Capitole le 6 déclare lui que « la liberté absolue est liber-
une (relative) opposition aux “vérités” qu’ils janvier 2021, qui avaient amené à l’assassinat ticide  ». Pour nos bien-pensants, la liberté,
assènent. Audrey Pulvar ou encore Clémen- de sang-froid de la vétérane d’Afghanistan, c’est la censure. Comme la truie du Nouveau
tine Autain ont laissé entendre leur crainte. La Ashli Babbitt, par un lieutenant de police Testament revient à sa fange, la gauche re-
députée de la France Insoumise estime que noir, Michael Leroy Byrd (bizarrement, cela vient toujours à ses traditions oppressives où
ce rachat est un danger pour la démocratie. suscita beaucoup moins d’indignation que la les poètes sont guillotinés (André Chénier),
L’ancienne candidate à la présidence de la mort du voyou George Floyd). fusillés (Robert Brasillach) ou enfermés dans
région Ile-de-France sous l’étiquette du Parti Même chose en Allemagne où la gauche ap- une cage (Ezra Weston Loomis Pound). Rap-
Socialiste estime, quant à elle, que Twitter est pelle à la nationalisation de Twitter, dans la pelons lui l’article 19 de sa Déclaration des
désormais un « jouet pour dangereux milliar- plus pure nostalgie de la RDA. L’ancienne di- Droits de l’Homme de 1948 : « Tout individu
daire ». rigeante du parti Pirate ralliée à Die Linke (8), a droit à la liberté d’opinion et d’expression,
Danger pour la démocratie ? Encore faut- Julia Schramm, appelle à l’expropriation de ce qui implique le droit de ne pas être inquié-
il savoir laquelle. En fait pour la démocratie Musk, pendant que la nouvelle secrétaire du té pour ses opinions et celui de chercher, de
de gauche, la démocratie populaire, celle qui parti Pirate, l’Ukrainienne (9) Marina Weis- recevoir et de répandre, sans considération
était incarnée par la RDA, la démocratie du de frontières, les informations et les idées par
fichage, du flicage, de la délation des oppo- 6. Dans Fahrenheit 451, les élections existent quelque moyen d’expression que ce soit ». 
sants, du parti unique, de la falsification histo- toujours et sont officiellement libres, mais au
rique, la démocratie emmurée et ses Vopos de candidat officiel Winston Noble, charismatique, Henri de FERSAN.
la pensée veillant à ce que rien ne franchisse est opposé un challenger en carton sélectionné
le Mur de Berlin qu’est le Front Républicain. pour son inoffensivité, Hubert Hoag, mal habillé,
Oui, la relative libération de Twitter est un mal rasé, mal bâti et à la diction laborieuse.
10. Fille de l’escroc pluripatride Ján Ludvík
danger pour cette “démocratie”, et ce danger, 7. Les Inrockuptibles, 10 novembre 2016. Hyman Binyamin Hoch « Robert Maxwell »
Equivalent allemand de La France Insoumise,
nous l’espérons létal ! Même son de cloche 8. créé à partir du parti unique de la RDA. qui vida les caisses de retraite de ses employés,
chez les eurodéputés macronistes qui espèrent 9. Position d’autant plus choquante que Musk a vola 230  000 dollars à Mère Teresa, finança la
brider la liberté avec la loi Digital Service Act, fait énormément pour l’Ukraine depuis le début grande réunion d’Oxford de 1988 contre les
cette « dérive des continents » rapprochant de du conflit avec les Russes, notamment par l’envoi révisionnistes, fit éditer par sa maison d’édition
plus en plus l’Europe progressiste de la Chine de drones qui repèrent les unités blindées russes Pergamon des livres à la gloire des dictateurs
du bloc de l’Est. Le montant de ses rapines
communiste. et la constitution d’un réseau internet à usage
La Fédération internationale des journa- militaire. équivalait en 2000 au PNB de la Slovaquie !
listes (FIJ), qui affirme représenter 600  000
journalistes à travers 187 syndicats et asso-
ciations de 146 pays, a condamné le projet
de rachat de Twitter par l’homme d’affaires RIVAROL 210 euros — 1 an (chômeurs, étudiants, lycéens,
personnes en grande difficulté, ecclésiastiques et
religieux) : 100 euros — Abonnement à vie à RI-
Elon Musk, y voyant une menace pour la li- 19 avenue d’Italie 75013 Paris
Tél. : 06-40-87-72-79 VAROL : 2 000 euros — Abonnement à vie à RI-
berté de la presse (sic !). Le secrétaire général VAROL et à Ecrits de Paris : 3 000 euros.
de la FIJ, Anthony Bellanger, déclare notam- Correspondance seulement
(Une permanence téléphonique est assurée toute
ment qu’une moindre modération des conte- la semaine du lundi au vendredi de 10h à 17h.) ABONNEMENTS PAR PRÉLÈVEMENT AU-
nus pourrait « augmenter la désinformation TOMATIQUE : 12 euros par mois (il suffit de nous
RIVAROL.COM envoyer un IBAN et votre adresse postale ou mieux
et menacer le journalisme de qualité ». Par Rédaction : jeromebourbon@yahoo.fr encore de s’abonner sur notre site rivarol.com).
exemple, toute les « fakes news » colportées Administration : contact@rivarol.com
par les « journalistes de qualité », œuvrant Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951 ABONNEMENT NUMÉRIQUE 1 an  : 80 eu-
pour le compte des Démocrates, de Pfizer, de FONDATEUR : René MALLIAVIN ros (150 euros l’an pour l’abonnement papier et nu-
(1896-1970) mérique couplé. S’abonner sur le site rivarol.com
Directeur de la publication et de la rédaction, en réglant au choix par paypal, carte ou virement
éditorialiste (depuis février 2010) : bancaire).
ETRANGER : 1 an : 140 euros ; 6 mois : 80 eu-
Fabrice Jérôme BOURBON
ros.
E. U. R. L. « Editions des Tuileries », au capi- Supplément par avion : 24 euros pour un an et
tal de 51000 euros pour 99 ans, à partir du 20 mai 12 euros pour 6 mois.
1949. Imprimerie : L’IMPRIMERIE 79 route de Pour tout changement d’adresse, joindre 2 euros et
Roissy. 93290 Tremblay-en-France. — Dépôt la dernière bande (ou indiquer l’ancienne adresse).
légal : à parution — Gérant et associé : Fabrice Ecrire nom et adresse en CAPITALES.
Bourbon. Règlement par chèque établi sur une banque do-
CPPAP n°0223 C 82763, ISSN n°0035 56 66. miciliée en France, à l’ordre d’Editions des Tuile-
ABONNEMENTS  : 2 ans : 215 euros — 1 ries ou virement à notre compte : La Banque pos-
an : 125 euros — 6 mois : 70 euros — 3 mois : tale IBAN : FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048
40 euros — soutien : 175 euros — propagande : (BIC : PSSTFR PPPAR)
10
La pensée politique traditionnelle (IX) :
Félicité de Lamennais : de la Tradition au socialisme
F ÉLICITÉ Robert de La Mennais naît
le 19 juin 1782 à Saint-Malo, rue des
Juifs, dans une maison toute proche de
celle de Chateaubriand, au sein d’une famille
de trois enfants, de vieille bourgeoisie qui
sera anoblie en 1788. Son père, le sieur de
La Mennais est armateur et fils d’armateur,
sa mère douce et pieuse, un peu mystique,
avec de solides principes, entre dans l’éter-
nité alors qu’il n’avait pas encore atteint ses
cinq ans.
UNE JEUNESSE LIBRE
Féli, ainsi nommé familièrement, est d’une
constitution débile, d’une extrême irritabili-
té, d’une humeur chagrine, une fièvre conti-
nue le mine ainsi que des maux d’estomac,
il est fantasque, a l’instinct batailleur et une
tendance à l’hyperactivité. Le père, étant en
proie aux problèmes financiers (la Révolu-
tion de 1789 va ruiner les armateurs), n’est
guère présent pour son éducation ; c’est son
oncle Robert des Saudraies, plus ou moins
philosophe, qui va s’en charger en le recueil-
lant en son paisible domaine campagnard
de La Chênaie (près de Dinan), à la lisière
de la forêt de Coëtquen, où il l’élève à sa
guise. Féli se montre indiscipliné, réfractaire
à l’étude, et court les champs si bien que
l’oncle le consigne dans sa bibliothèque où
il éprouve un ennui mortel avant de s’y plon-
ger et de dévorer Rabelais, Plutarque, Male-
branche, et surtout Rousseau qui exercera
une influence profonde et durable avec sa
sensibilité maladive et son imagination dé-
bordante. Ses études demeurent anarchiques
et son éducation religieuse laisse aussi beau-
coup à désirer. Durant la Révolution, il aide
son père et son frère aîné Jean-Marie à porter
secours aux prêtres proscrits.
L’abbé Vielle le préparait à la Sainte Com-
munion, mais il était rétif, inspiré par les phi-
losophes et il menait des activités intenses :
gymnastique, équitation, escrime, natation,
tout en étudiant les lettres, les sciences, et la
musique. Il fallut attendre 1804 pour ce faire
(il avait vingt-deux ans) quand son frère fut
ordonné à la prêtrise ; celui-ci l’attira au col-
lège qu’il avait fondé à Saint-Malo où il oc-
cupa la chaire de mathématiques en 1804/05
et 1808/10. Entre-temps, ils reviennent à La
Chênaie (problèmes de santé). A l’époque,
les évêques étaient dans les mains de l’em-
pereur. « La puissance publique n’est rien si
elle n’est tout : les ministres de la religion
ne doivent point avoir la prétention de la li-
miter  » (Portalis). Les frères voulurent dé-
noncer ce péril dans Réflexions sur l’état de
l’Eglise en France pendant le XVIIIe et sur sa
situation actuelle (1808) où ils s’en prennent
à l’action corrosive des Luther, Calvin, Jan-
sénius, Bayle, ainsi qu’au Régent et aux Phi-
losophes. Ils préconisent le recours aux mis-
sions paroissiales, à l’enseignement par des
congrégations religieuses, à la formation in-
tellectuelle et morale des jeunes prêtres dans
les séminaires, des retraites ecclésiastiques
fréquentes et obligatoires, le retour aux an-
ciens conciles provinciaux interdits. Na-
poléon fut indigné et le livre supprimé. En
1809, il connaît une relation intime avec le
petit Bois (élève du collège), première aven-
ture mi-amicale, mi-amoureuse. « A défaut
d’une aventure avec une femme, il y a pour
lui comme un apaisement » selon Hourdin,
son biographe.
LES CHEMINS DU SACERDOCE
C’est lors de ses retraites dans la propriété
familiale (1806/07 et 1810/14) qu’il décide
de sa vocation religieuse. En 1809, à vingt-
sept ans, il reçoit la tonsure, puis les ordres
mineurs. Il est d’une extrême ferveur, mais
note dans ses lettres « sécheresse, amertume,
paix crucifiante, apathie stérile et amère  »
(tel un René ou un Werther), seul le travail
le console ; comme Pascal, il pense que « la
condition de l’homme (n’est qu’)incons-
tance, ennui, inquiétude ». En 1811, il écrit
Tradition de l’institution des évêques, qui
ne paraîtra qu’à la fin de l’Empire, contre le
jansénisme et le gallicanisme. Venu à Paris
qui le fascine, il rêve d’y créer avec l’aide de
l’abbé Teysseyre un grand journal qui traite-
rait de la question sociale sur le terrain reli-
gieux. Puis, il publie un pamphlet très violent
contre l’Université napoléonienne qu’il ac-
cuse de détruire la vie de famille, de donner
le goût de la caserne, c’est « l’enseignement
public de la débauche et de l’athéisme ».
Lors du retour de l’île d’Elbe, il repart à
Saint-Malo, puis Guernesey et Londres (il
pense même s’exiler aux colonies, mais est
trop pauvre) où il enseigne dans une insti-
tution pour enfants d’émigrés désargentés
et où il va éprouver une passion pour Harry
Moorman, collégien de treize ans, anglican,
qu’il convertit : une correspondance secrète
s’établit entre eux, avec des rendez-vous
furtifs et beaucoup de démonstrations réci-
proques de tendre amitié. Il veut le ramener
avec lui à Paris, mais l’abbé Carron l’en dis-
suade. Lammenais n’est guère séduisant :
petit, grêle, pâle, des yeux gris, gros nez
long, tête oblongue, front sillonné de rides.
A son retour, il étudie la théologie avec l’ab-
bé Teysseyre, mais il ne s’y attarde pas. En
décembre 1815, il est sous-diacre et songe à
s’enrôler dans la Compagnie de Jésus avant
d’y renoncer : il est ordonné prêtre à Vannes
en 1816 (il a 34 ans) sous l’influence de son
frère. Il écrit le premier tome de l’Essai sur
l’indifférence qui paraîtra fin 1817 et connaît
un immense succès : les catholiques le
considèrent comme le Pascal du XIXe, Mgr
de Frayssinous dira : « cet homme-là pos-
sède un génie d’éloquence qui réveillerait
un mort », et le comte de Maistre le com-
pare à « un tremblement de terre sous un ciel
de plomb » : des protestants et des athées se
convertissent après l’avoir lu.
Lamennais pense qu’« il faut se hâter de
parler de vérité, d’ordre, de religion aux
peuples, de peur de ressembler au médecin
qui disserterait sur la vie près d’un tom-
beau… Contemplez l’état de la religion,
on ne la proscrit plus mais on l’asservit ;
on n’égorge plus ses ministres, mais on les
dégrade pour mieux enchaîner le ministère.
L’avilissement est l’arme avec laquelle on le
combat. On lui prodigue le mépris, l’outra-
geant dédain et l’injure encore plus amère,
d’une insultante protection ». Le clergé
français se montre enthousiaste et croit
avoir trouvé un nouveau Bossuet, « le der-
nier Père de l’Eglise ». Il est vrai que c’est
une œuvre puissante contre Voltaire, les En-
cyclopédistes, l’université napoléonienne,
le gallicanisme, l’incrédulité bourgeoise et
l’athéisme, « Insensés ! Qu’ils m’expliquent
un grain de sable et je leur expliquerai
Dieu  », les déistes et la religion naturelle,
rédigée avec une verve féroce, un style su-
perbe, une doctrine et une logique parfaites
(point de Credo hors du Credo catholique).
On parle de lui comme un futur cardinal.
L’époque, après la tourmente révolutionnaire
et anti-religieuse, était propice au réveil de la
foi : les fondations religieuses, les congré-
gations, les missions étrangères, les ordina-
tions se multiplient. Les nouveaux prêtres
sont souvent d’humbles et ardentes recrues
comme Jean-Marie Vianney, le saint curé
d’Ars. Le Saint-Siège, après les tourments
endurés par Pie VI et Pie VII, est l’objet de
toutes les espérances. Lammenais souhaite
renforcer l’autorité pontificale sur l’Eglise
universelle ; il est ultramontain (ce qui vient
d’outre-monts, c’est-à-dire de Rome).Toute-
fois, les papes, de Léon XII (1823-1829) à
Pie IX (1846-1878), en tant que souverains
temporels et au nom du respect du pouvoir
établi, vont se montrer solidaires des mo-
narques réactionnaires de la Sainte Alliance,
condamnant les soulèvements populaires
catholiques (Irlande, Pologne), semblant
rester sourds aux aspirations populaires ou
libérales à plus de justice, d’où l’anti-cléri-
calisme et une rupture entre le haut clergé
(pape, cardinaux) et les prêtres libéraux et
certains fidèles, de Lamennais à Hugo, en
passant par Lacordaire, Ozanam et Lamar-
tine.
L’ESSAI SUR L’INDIFFÉRENCE
Lamennais dénonce dans son Essai les
méfaits de l’indifférence en matière de re-
ligion. « Le pire de tous les états de l’âme
est l’indifférence… L’erreur enivre ; l’indif-
férence assoupit, mais ni l’une ni l’autre ne
comblent le vide de l’âme », la philosophie
n’ayant rien à opposer aux vérités de la foi fait
montre d’indifférence. Or, celle-ci est « aussi
absurde dans ses principes que funeste dans
ses effets ». Il attaque le système de Rousseau
qui prétend que toutes les religions positives
sont douteuses, mais qu’on doit suivre celle
N°3518 — 11 MAI 2022 — RIVAROL
dans laquelle on est né, et que la seule religion
véritable est celle naturelle (déisme). Mais
alors, c’est mettre sur le même plan l’erreur
et la vérité, « la plupart des erreurs sont des
vérités égarées » ; de surcroît, jamais il n’y
eut de peuples déistes, et Bossuet avait défini
le déisme comme « un athéisme déguisé ». Il
critique aussi ceux qui admettent une religion
révélée si on peut rejeter certaines des vérités
enseignées : s’inspirant de Bossuet, il désigne
ici le protestantisme qui méconnaît la liaison
étroite entre les différents dogmes du chris-
tianisme, et ce faisant « ébranle d’un seul
coup le fondement de tous les dogmes ». La
foi ne saurait être soumise
à la raison individuelle car
elle ne peut appréhender le
poids des mystères. « La
vie est une sorte de mystère
triste , dont la foi seule a
le secret ». Au fond, le dé-
isme et la philosophie n’ap-
portent que le doute. « Elle
renverse tous les prin-
cipes, déracine toutes les
idées, brise toutes les espé-
rances  »,la vie en société
devient chaotique. Pour que
celle-ci soit harmonieuse,
la religion est nécessaire.
«  La vie est comme une D.R.
longue nuit d’hiver triste
et longue, la philosophie la fait haïr, la reli-
gion la fait supporter, ce n’est pas son moins
beau triomphe », c’est un facteur d’ordre. Il
reprend les arguments de Chateaubriand dans
le Génie du christianisme (bienfaits de la re-
ligion et des ordres religieux) : si une société
ne partage plus les mêmes croyances, elle est
condamnée comme « ces peuples perdus sans
recours dont les Anciens disaient :“les dieux
sont partis” ». La seule raison ne saurait suf-
fire à l’homme. «  La patrie n’est point ici-
bas ; l’homme vainement l’y cherche, ce qu’il
prend pour elle n’est qu’un gîte d’une nuit.
Il s’en va errant sur terre. Que Dieu guide le
pauvre exilé ».
Lammenais devenu célèbre, fréquente
Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Cha-
teaubriand, entre au Conservateur, journal
fondé par ce dernier. Pour l’heure, il est ul-
tra-royaliste mais se détournera de ce parti
jugé trop timoré dans la défense des intérêts
de l’Eglise alors que l’incrédulité continue ses
ravages. Il éprouve, malgré son succès, (« Les
hommes sont aussi avares de louanges que
prodigues de flatteries »), une noire mélanco-
lie, une profonde tristesse, de la misanthropie,
un profond dégoût des hommes et des choses,
et sa santé est chancelante. « Je ne suis et ne
puis qu’être désormais extrêmement mal-
heureux… tout ce qui me reste à faire est de
m’arranger de mon mieux, et s’il se peut de
m’endormir au pied du poteau où l’on a rivé
ma chaîne ». Toutefois, durant 17 ans, il sera
un bon prêtre. En 1819 paraît le deuxième
volume dans lequel il étudie les critères de la
vérité, l’autorité et le consentement universel,
et dresse un bilan accablant des errements qui
ont engendré la révolution (« Le passé est une
lampe à l’entrée de l’avenir, pour dissiper les
ténèbres qui le couvrent »), le désordre, le dé-
sespoir et il appelle à en finir avec « les im-
mortels principes de 1789 » grâce à un renou-
veau de l’intelligence. L’homme a toujours
cru en Dieu et l’athéisme n’est qu’un désordre
mental : raisonner autrement que le groupe
social est une folie. « La parole qui nie Dieu,
brûle les lèvres sur lesquelles elle passe, et
la bouche qui s’ouvre pour blasphémer est le
soupirail de l’enfer ». La raison individuelle
n’est qu’une opinion. « Pris individuellement,
l’homme ne peut rien savoir avec certitude »,
si celle-ci supplante les croyances, la décom-
position survient car « la foi est la santé de
l’âme » (Saint Augustin). L’autorité (l’Eglise)
incarne la raison générale, on doit s’y confor-
mer : le retour à Dieu est le chemin du bon-
heur. « Chercher quelque chose hors de Dieu,
c’est explorer le néant ».
Lamennais entend démontrer que la raison
humaine s’appuie sur le consentement univer-
sel (Dieu existe, il s’est révélé aux hommes), le
scepticisme relève de la pathologie et conduit
à la destruction de la morale et de la connais-
sance (il faut accepter les postulats comme
dans toute science qui « ne sert guère qu’à
nous donner une idée de l’étendue de notre
ignorance »). Il réfute les théories individua-
listes de Victor Cousin et Benjamin Constant,
mais ne voit pas que le consentement univer-
sel n’étant que la somme des acquiescements
particuliers à ce que Bonald appelle « l’au-
torité de l’évidence ou l’évidence de l’auto-
rité », cette doctrine mène au pyrrhonisme*.
M. de Sacy dira plus tard que cette philoso-
phie « laissera au monde la plus terrible le-
çon de scepticisme qu’il ait jamais reçu » car
elle s’apparente au protestantisme. Les cri-
tiques se font jour : Lacordaire, un temps sé-
duit, s’en éloignera, Mgr de Frayssinous dit :
« c’est un grand écrivain qui n’a pas fait une
bonne théologie » et l’abbé Desgenettes : « Le
malheureux ! Il ne sait pas son catéchisme » ;
quant aux évêques, jésuites
et sulpiciens, ils accueillent
avec méfiance cette philo-
sophie nouvelle. Lamen-
nais les qualifie d’ignorants
et de gallicans ! Il faut dire
qu’il avait encore le sou-
tien d’une partie du clergé
et de quelques grands es-
prits tel Bonald qui lui dit :
«  Laissez croasser toutes
ces grenouilles », Maistre :
«  Ne laissez pas dissiper
votre talent » ou un Hugo
(rencontré en 1821) qui
l’admirait et avec lequel il
entretiendra durant des an-
nées une correspondance.
Il voulait mener la jeunesse catholique au
combat. «  Dieu l’avait fait soldat » disait
son frère, mais il manquait de sang-froid et
ne songeait qu’à frapper ses ennemis et leurs
idées dans les journaux auxquels il colla-
borait (Conservateur, Drapeau blanc, Mé-
morial catholique), si bien qu’en 1823 Mgr
de Frayssinous, grand-maître de l’université,
le fit traduire en correctionnelle. Acquitté, il
reprit ses diatribes qui lui valurent de solides
rancunes. Il écrivit alors une Défense de l’es-
sai et demanda au Saint-Siège de l’examiner.
«  Si on rejette mes thèses, je ne vois aucun
autre moyen de défendre solidement la reli-
gion… Si le jugement (de Rome) m’est désa-
vantageux, je suis décidé à ne plus écrire… Si
j’avais à prendre un emblème de ma vie, ce
ne serait pas le roseau qui plie au vent mais
le chêne brisé par l’orage. Je romps mais ne
plie pas ». Rome se montra magnanime et il
put faire paraître le quatrième et dernier tome
de l’essai. Après le rejet de tout autre critère
de certitude que le consentement universel,
il tenta de démontrer que l’enseignement
catholique était le seul infaillible et divin
puisqu’étant le seul universel, l’idolâtrie an-
cienne préfigurant, selon lui, une sorte de pro-
testantisme avant l’heure. En 1824, il traduit
l’Imitation de Jésus Christ avec ses réflexions
pour chaque chapitre (M. de Sacy y voit son
chef-d’oeuvre comme prêtre et écrivain) et
entreprend le voyage à Rome pour y rencon-
trer Léon XII qui le reçoit bien (il est logé au
Vatican). Il ne fut pas nommé cardinal in pet-
to, contrairement aux rumeurs, ni traité d’hé-
rétique même si le Pape le tenait « pour un de
ces amants de perfection qui, si on les laissait
faire, bouleverserait le monde ». Finalement,
il lui témoigna sa sympathie.
L’ÉCOLE DE LA CHÊNAIE
En 1825, il éprouve le besoin de repos
dans sa terre natale, le retour à une vie plus
calme « Vous n’avez qu’un jour à passer
sur terre ; faites en sorte de le passer en
paix », plus obscure consacrée à l’étude et à
la réflexion solitaire avec pour distraction la
conversation de ses amis : Lacordaire, Gaume,
Cazalès, Montalembert, Sainte-Beuve, Mau-
rice de Guérin, Blanc, Gerbet… : une vé-
ritable ruche, «  Les chevaliers du cygne ».
Lamennais se démène beaucoup : il est ma-
lingre, vêtu d’un costume de gros drap et d’un
chapeau de paille, improvise avec aisance
et un accent breton ; ses raisonnements sont
impressionnants de clarté. « Si vous eussiez
fermé les yeux, vous auriez pu croire assister
à la lecture d’un livre accompli » (aux dires
d’un témoin). La prière dans l’oratoire du
jardin n’était pas négligée pour autant. « La
prière est le langage de l’espérance, la plus
tendre expression de l’amour ». Il était sou-
vent sujet aux excès de tristesse et de mélan-
colie et pensait qu’il « assistait au lit de mort
de la chrétienté expirante ». En 1826, il ren-
contre Auguste Comte et publie De la religion
considérée dans ses rapports avec l’ordre
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politique et civil, un texte acerbe, agressif,
méprisant contre la société de l’époque, dans
lequel il accuse l’Etat d’athéisme, ce qui lui
vaudra d’être traduit en correctionnelle où il
est défendu par le célèbre Berryer. Il met les
magistrats au défi de le condamner et n’écope
que d’une faible amende ; il aurait pu s’en te-
nir là au lieu qu’il la considéra comme insup-
portable ! En 1828, il fonde la Congrégation
de Saint-Pierre pour former un clergé capable
de s’opposer aux attaques des philosophes,
à même de comprendre son temps et de ré-
tablir l’autorité du Pape en France. En 1829,
paraît Des progrès de la Révolution et de la
guerre civile contre l’Eglise qui est une apo-
logie de la démocratie dont il juge l’avène-
ment nécessaire, et de la liberté qu’il voulait
“immense”, cela devant être en accord avec
l’Eglise « Quand les catholiques aussi crie-
ront : liberté, bien des choses changeront  ».
Cet ouvrage dirigé contre la monarchie sus-
cita bien des remous, l’archevêque de Paris
s’en émut, mais l’auteur répliqua avec dédain
et une amertume démesurée d’où un scandale
d’autant plus grand qu’il récrimina même
contre le Souverain Pontife. Cette année 1829
marque une véritable rupture entre le Lamen-
nais traditionaliste et le catholique libéral.
CATHOLIQUE LIBÉRAL :
LA RÉVOLTE CONTRE L’EGLISE
Il décide alors de fonder, en novembre1830,
après les ordonnances de juillet qui provo-
queront la chute de Charles X, le journal
L’Avenir dont la devise est « Dieu et liber-
té » et les principaux rédacteurs Lacordaire,
de Montalembert, Gerber, Rohrbacher et lui-
même. Il est partisan d’une « république de
droit », la monarchie de Juillet de Louis-Phi-
lippe n’étant qu’une « république de fait ».
Le journal connaît un succès extraordinaire ;
il faut dire que le verbe est haut et fort. Il y
est affirmé que l’autorité suprême appartient
au seul Pape et que la puissance séculière ne
doit pas intervenir dans le choix des évêques
(l’Eglise devant être séparée de l’Etat). En
revanche, si le pape détient légitimement la
puissance spirituelle, il doit, selon lui, se ré-
soudre à laisser choir la puissance temporelle.
Le prêtre, quant à lui, doit être libre, aller
au-devant du peuple : il doit disposer de la
liberté de conscience, d’association, d’ensei-
gnement, de presse. Il faut étendre l’élection
au peuple afin qu’il soit maître de ses desti-
nées (la Belgique, indépendante en 1830,
adoptera ces idées). C’est un véritable credo
libéral contenant de violentes attaques avec
beaucoup d’éloquence contre la bourgeoisie (
« Si l’on veut voir le peu de cas que Dieu fait
de la richesse, il n’est que de regarder ceux
à qui il la dispense »), l’université, et divers
doctrinaires. La même année, il créé avec ses
amis l’Agence générale pour la défense de la
liberté religieuse. Le jeune clergé le soutient,
mais les évêques sont réticents et condamnent
une partie de sa doctrine, si bien que certains
de ses disciples commencent à douter ; ceux
de La Chênaie s’intitulaient « pèlerins de
Dieu et de la liberté » et recherchaient l’ap-
pui du pape Grégoire XVI. Dans ce but, ils se
rendirent fin 1831 à Rome où ils avaient de
redoutables adversaires (les cardinaux et les
Jésuites). Une audience fut accordée non sans
réserves ; elle ne dura qu’un quart d’heure et
fut un échec. « Le pape est un bon religieux
qui ne sait rien des choses de ce monde et n’a
nulle idée de l’état de l’Eglise » (il lui repro-
chait aussi de n’avoir pas soutenu la révolte
polonaise) : le Souverain Pontife fut très mé-
content. Lamennais, quant à lui, blessé dans
son orgueil, déclara que la Ville éternelle
n’était qu’ « un grand tombeau où l’on ne
trouve que vers et des ossements », avoua son
horreur de « ces vieilles ruines sur lesquelles
rampent comme d’immondes reptiles, dans
l’ombre et le silence, les plus viles passions
humaines » et conclut « puisqu’on ne veut pas
me juger, je me tiens pour acquitté ». Il re-
partit (juillet 1832) avec Montalembert pour
Venise, puis Munich où il retrouva Lacor-
daire et rencontra brièvement le philosophe
Schelling. C’est là qu’il prit connaissance
de l’encyclique Mirari vos qui réprouvait sa
doctrine (il devait s’engager à ne rien écrire,
inspirer ou approuver qui fût contraire à l’en-
cyclique) : ils décidèrent de se soumettre et de
dissoudre L’Avenir et leur Agence, mais bien-
tôt son esprit rebelle revint (selon Brunetière,
« il était de ceux que la contradiction enfonce
dans leurs opinions »)
Revenu à La Chênaie, la plaie n’était pas re-
fermée : il avait perdu la paix, avait des crises
d’humeur noire et de douleur, et se répandit
en paroles menaçantes et injures contre le
Saint-Père (Sainte-Beuve en fut heurté). Fi-
nalement, il refusa de se soumettre et fut
déclaré interdit par l’évêque de Rennes ; ses
disciples l’abandonnèrent, il quitta même son
frère Jean-Marie sans un mot après une triste
querelle à propos de livres retirés de sa bi-
bliothèque : il ne le revit jamais ! Toutefois,
sous l’influence de l’abbé Gerbet, il signa sa
renonciation (1833) mais la révolte reprit le
dessus avec Paroles d’un croyant, œuvre ly-
rique (« Il y a des vents brûlants qui passent
sur l’âme de l’homme et la dessèchent »),
violente, étrange, écrite dans les tourments,
emplie de talent et de force, de résignation
céleste et d’infernales révoltes, parfois mon-
trant des moments de profonde humanité à
côté de haines terribles, implacables, avec des
accès de fureur noire « au nom du Père, du
Fils et du Saint Esprit, il portait la hache au
pied des trônes et la torche sous les autels ».
Cet opuscule où il déplore le désenchante-
ment du monde (« Le cri du pauvre monte
jusqu’à Dieu, mais il n’arrive pas à l’oreille
de l’homme ») fit l’effet d’une bombe et fut
traduit partout en Europe ; grand succès à
scandale (cent mille exemplaires) auprès du
peuple, coup de tonnerre dans le vieux monde
« Tout de même, la fibre humaine a vibré ! »
dira Lamennais. Mais les républicains le ju-
gèrent sévèrement (Raspail le traitant de dé-
lire) et les modérés dirent que c’était « l’Apo-
calypse de Satan » ; M. de Vitrolles déclara :
« C’est un bonnet rouge planté sur une croix »,
Royer-Collard : «C’est quatre-vingt-treize
faisant ses Pâques », Guizot traita l’auteur de
« malfaiteur intellectuel », et le pape dans son
encyclique Singulari nos condamna le livre et
son système philosophique.
Dès lors, Lammenais, ivre d’orgueil et de
haine, à 53 ans, vieilli (Sand le décrit ainsi :
« Petit, maigre et souffreteux, n’ayant qu’un
faible souffle dans la poitrine, mais quel
rayon dans sa tête. Son nez, acéré comme un
glaive était trop proéminent, sans cela son vi-
sage eût été beau, l’œil lançait des flammes…
c’était une tête caractérisée par une vie de
renoncement, de contemplation et de prédi-
cation. Tout en lui, sa personne, ses manières
simples, ses mouvements brusques, attitudes
gauches, gaité franche, obstinations empor-
tées, soudaines bonhomies, jusqu’à ses habits
propres mais pauvres et à ses bas bleus, sen-
tait le cloarec (clerc) breton »), brisé par les
épreuves, allait s’écarter de la Sainte Eglise
et de la foi catholique apostolique et romaine
(en 1834, il cesse de dire la messe et de réci-
ter le bréviaire) pour sombrer hélas dans une
sorte de socialisme “chrétien”.
SOCIALISTE “CHRÉTIEN” :
LA CHUTE ET LA MORT
Il lui demeurait quelques amis fidèles tels
Béranger, Listz, Marie d’Agoult, Arago,
George Sand (qui admirait son âme obstinée
et candide : « Nous vous comptons parmi nos
saints… vous êtes le père de notre église nou-
velle »), malgré le peu d’empressement qu’il
manifestait pour ses combats féministes :
« La femme est une fleur qui ne donne son
parfum qu’à l’ombre » ; même le public, tou-
jours versatile, parut s’éloigner après l’avoir
adulé. Pour se justifier, il publia en 1836, Af-
faires de Rome où il étalait ses griefs contre
le Saint-Siège et s’instituait seul juge et in-
faillible, puis Le livre du peuple, ouvrage de
combat (qu’il partageait avec le patriote
canadien Papineau, venu en France) « La
liberté est le pain que les peuples doivent
gagner à la sueur de leur front… Toute loi
à laquelle le peuple n’a point concouru, qui
n’émane point de lui, est nulle de soi », qui
reprenait la philosophie sociale de Paroles
d’un croyant, où il se livre à l’apologie d’un
christianisme privé de culte, de prêtres, de
dogmes : un humanitarisme social où le
peuple serait investi d’une mission rédemp-
trice ! Il collabore alors au journal Le Monde
(qui eut une brève parution) ; articles réunis
sous le titre Politique à l’usage du peuple au
style toujours brillant, pleins de ferveur et de
poésie (« Les tristesses de la vie se dissipent
aux rayons de l’amour fraternel comme les
gelées d’automne fondent au soleil levant »),
mais aux idées parfois obscures.
En 1840, son neveu ayant été emprison-
né pour le délit d’association réformiste, il
répondit par un pamphlet d’une violence
inouïe, Le pays et le gouvernement, qui lui
valut d’écoper d’un an d’emprisonnement et
d’une amende. Mettant à profit son incarcé-
ration à Sainte-Pélagie, il écrivit De la re-
ligion où il affirme que la vérité se trouve
dans la raison universelle et que l’autorité du
genre humain se substitue à celle de l’Eglise,
et Esquisse d’une philosophie où il reprend
les principes de l’Essai sur l’indifférence et
qui contient toutefois des pages magnifiques
sur l’art et le beau, l’esthétique et le sym-
bolisme chrétien. Dans un autre opuscule,
Du Passé et de l’Avenir du peuple, d’ins-
11
piration socialiste, il espère l’arrivée d’un plus haut degré de crédulité est la foi en soi-
âge d’or, dénonce l’esclavage moderne (« le même  ». En revanche, Renan qui renonça à
salaire n’est que de l’esclavage prolongé ») devenir prêtre, ayant perdu la foi, pense que
et exprime sa foi en un avenir chimérique. même converti à la démocratie, il était resté
En 1846, il procède à la Traduction des le même homme, exprimant des idées iden-
Evangiles, mais la surcharge de notes inap- tiques (comme il l’avait déclaré : « On m’ac-
propriées ; il est réduit à la misère. Arrivent cuse d’avoir changé, je me suis continué, voi-
la révolution de 1848 et la Seconde Répu- là tout ». Amiel note qu’il possédait l’étoffe
blique : il fonde le Peuple constituant sans d’un grand philosophe, mais qu’il avait gâché
ligne politique bien claire et dont l’existence son talent par son orgueil. Bernanos dans le
sera éphémère. Il est élu député par le dé- Soleil de Satan évoque le penseur « dont la
partement de la Seine à l’Assemblée consti- postérité spirituelle encombre les sacristies ».
tuante (1848), puis législative (1849) et siège Pour un Eugène Pelletan, c’est un saint laïque
à l’extrême gauche : piètre orateur (ses col- républicain : « Ô liberté ! Combien de temps
laborateurs le désignèrent comme « un idéa- avant que le siècle ne jette de nouveau sur
liste forcené »), son rôle demeura mineur : le chemin des hommes, un pareil apôtre ? ».
assez vite la situation se dégrada, c’était Les catholiques libéraux s’y réfèrent peu, et
l’anarchie populaire, il en fut fort affecté : pour les conservateurs comme Veuillot, ses
«  Une société est bien malade, lorsqu’au compromissions avec le temps conduisant
lieu de voir dans l’avenir la succession du au reniement et à l’apostasie firent oublier
présent, on n’y voit que sa destruction ». les premières œuvres (Barbey d’Aurevilly
De surcroît, sa santé se détériorait et des juge son orgueil monstrueux : « Un génie
spéculations malheureuses achevèrent de le d’un jour tombé dans la boue » avant de se
ruiner. Il travailla sans conviction pour La modérer : « C’était un optimiste… comme le
Réforme, puis se retira, suite au coup d’Etat sont tous les entêtés d’espérance ») ; quant
du 2 décembre 1851 qui lui fit penser qu’il aux démocrates, ils furent peu empressés, le
était sous la surveillance de la police du pou- jugeant inconstant, taciturne, violent, impul-
voir. Il traduisit encore la Divine Comédie sif et, sans doute, ne le jugeaient-ils pas assez
mais ne put achever l’Esquisse d’une philo- démagogue : « Le devoir est la base de la so-
sophie où il professe un christianisme sans ciété, l’indispensable condition de l’existence
Eglise, capable de réunir les masses pour humaine ».
les conduire vers le progrès par la charité. Seule sa Correspondance le rend plus
Sa vie prend fin dans l’échec et la solitude. proche et permet de nuancer ces jugements
Face à la mort (« Qu’est-ce que la mort ? Le sévères. Lamennais sans postérité ? Du cé-
lendemain des grandeurs, des richesses, des nacle de disciples dispersés après 1834, au-
plaisirs, on se couche dans les pompes et les cun ne se réclama de lui, génie déchu, renié
voluptés ; on se réveille dans le sépulcre, par les siens, « noble et chimérique esprit,
sous un froid linceul, entre l’oubli de la terre philosophe médiocre et politique insensé »,il
et l’éternité de l’enfer et du ciel »), il refu- fut vite oublié, peu lu et édité jusqu’à une
sa de se repentir et écrivit son souhait d’être époque récente. Néanmoins, il avait pressenti
enterré « au milieu des pauvres et comme le les effets dévastateurs du matérialisme et du
sont les pauvres, sans que rien ne fût mis sur capitalisme, posé des questions proches des
la fosse pas même une pierre », et que son problèmes actuels de la société moderne, et
corps « fût porté directement au cimetière certains le réhabilitèrent (pour Paul Boncour,
sans être présenté à aucune église et enseve- il incarne la figure d’une république sociale,
li dans la fosse commune ». Sa maladie (sans une sorte d’Etat providence) ; il fut récupéré
doute le choléra) dura six semaines pendant par la « gauche catholique » des années 1950,
lesquelles il resta sourd aux pressions de ses la démocratie chrétienne, la Contre-Eglise de
disciples, de l’archevêché et aux supplica- Vatican II et Jean XXIII sont, en partie, ses
tions de sa nièce Mme de Kertanguy : il ren- héritiers même s’ils ne s’en réclamèrent pas
dit le dernier soupir le 27 février 1854, et fut officiellement.
enseveli sans croix, ni le moindre honneur, Après avoir rêvé de théocratie, sa quête
sous protection policière suite à une mani- d’absolu (« rien de plus rare chez les
festation populaire contre le régime, dans la hommes que l’amour de la vérité ») le
tranchée commune du Père-Lachaise, dispa- conduisit vers les fausses et funestes pistes
raissant dans l’abîme des âmes perdues. du libéralisme et de la démocratie, mais les
peuples, contrairement à son espérance, ne
LA POSTÉRITÉ se rallièrent pas à la Croix, et l’ouverture au
monde s’est révélée un mirage. Il a transmis
Une telle destinée ne manque pas de sur- au peuple le magistère spirituel qui apparte-
prendre : traditionaliste jusqu’en 1828 (mais nait à l’Eglise après avoir été un apologiste
«  qu’est-ce qu’un traditionaliste qui n’aime dont elle aurait pu tirer avantage : on regret-
pas le passé ? » Henri Brémond), catholique tera cette funeste évolution. Epris d’idéal,
libéral (1828-34) puis démocrate chrétien so- doté d’un réel talent, d’une plume incisive,
cialisant (« L’abbé de La Menais avait cédé son manque d’humilité et son caractère em-
le pas à l’abbé La Menais avant de s’effacer porté provoquèrent son chemin de croix et sa
devant le citoyen Lammenais » A. Dumas). fin pathétique. Reste que l’Essai sur l’indif-
Un de ses biographes** pense qu’« il voulait férence demeure à certains égards une œuvre
l’individu au service du roi, le roi au service intéressante. Mais Lamennais a malheureu-
du Pape et le Pape au service de Dieu » et sement mal fini.
avait fini par croire que l’Eglise perdait les
masses à cause de supposées connivences Bernard de MASSANES.
avec le monde bourgeois (« Il croyait de _____
même qu’il suffisait de séparer la cause chré- * Pyrrhon d’Elis (philosophe grec-vers 320 av.
tienne de la cause royaliste pour susciter une J.C.). Entre les dogmatiques et les sophistes,
pieuse ruée des peuples vers la Croix »), idée il préconise la suspension du jugement, ce qui
illusoire. Il est vrai que son éducation dans aboutit au doute et au scepticisme.
cette époque troublée, incrédule, peut expli- **Michel Mourre
quer ses errements : formé sans maître, dé- Bibliographie :
daignant les méthodes traditionnelles et la — Robert Vallery-Radot, Lammenais ou le
scolastique, il plongea seul dans les études lit- prêtre malgré lui, Plon 1931.
téraires, philosophiques et religieuses d’où la — Michel Mourre, Lammenais ou l’hérésie
crainte de Joseph de Maistre « Ah ! Monsieur des temps modernes, Amiot-Dumont 1955-
l’abbé, j’ai peur ». Certains prétendirent que — George Hourdin, Lamennais : Prophéte et
sa vocation tardive n’était due qu’à une dé- combattant de la liberté, Perrin 1982.
ception sentimentale. C’était un franc-tireur, — Le Guillou, Lammenais, Correspondance
un esprit rebelle et exalté dont la vie fut un Générale (9 vol.), Armand Colin 1972-1982.
drame poignant. « Lorsque
la foi qui unissait l’homme
à Dieu et l’élevait vers lui
vient à manquer, il se passe
quelque chose d’effrayant.
L’âme abandonnée… tombe
sans fin  ». Ses revirements
firent scandale et détruisirent
ce qu’il avait édifié ; Sainte-
Beuve reconnaît sa sincérité
(dans Voluptés, on retrouve
les idées de Lammenais qui
garde une place éminente
chez les romantiques), mais
lui reproche de ne pas avoir
pris le temps de la réflexion
et du silence. Il était persua-
dé de trouver des remèdes
aux maux de l’humanité et
oublia toute mesure : pour-
tant, il avait observé que « le (Dessin de Chard)
 _____________
Une seule stratégie, la France
par
Hannibal
_____________
Le drame des élections,
c’est qu’on ne s’y in-
téresse pas beaucoup,
mais, à peine élus, les
malveillants qui nous
gouvernent s’intéressent
à nous, ils briment ce
que nous sommes et dé-
truisent ce que nous aimons. On doit donc en
dire trois mots. Tout juste après son plat à la
présidentielle, le petit Zézé, que je soustrais
jadis à ses génuflexions devant le gros Se-
guin pour le présenter au grand Jean-Mar, et
qui depuis a piqué allègrement les réflexions,
bons mots et anecdotes du vieux, lance : « Le
nom de Le Pen a été associé huit fois à la
défaite  » ! Comme c’est joli ! Sage ! Re-
connaissant ! Opportun, au moment même
où il demande au Rassemblement National
une alliance aux législatives ! Oh, l’olivier,
où sont la paix, la concorde et la réflexion ?
Y a-t-il un pilote à Reconquête ? Le mieux,
le pire, est que Marine et ses lieutenants, le
gang des petits bruns revêches et dandinés,
répond, du tac au tac : pas une circonscrip-
tion aux félons, ni aux nouveaux ! Et voilà
Vardon dehors ! Décidément ça vole haut,
ça pense fort. Il me semble que si j’étais
conseiller politique, je conseillerais autre-
ment. Il faut savoir oublier, comme dit Jean-
Mar, qui n’a pas toujours mis ses dictons
en pratique. Zézé et Marine ont intérêt (ne
serait-ce que financier) à avoir des députés,
mais ils se comportent tous deux comme s’ils
en voulaient le moins possible. Ils se traitent
d’ailleurs depuis des mois, mutuellement, de
machines à perdre, après s’être fait mutuelle-
ment les yeux doux, avant septembre 2021,
sous le chaperon d’une marieuse aujourd’hui
bien acariâtre, Ménard.
Cela me rappelle le début du chapitre 74 du
livre I des Histoires de Tacite, qui porte sur
deux empereurs romains, proclamés l’un par
les légions de Germanie, l’autre par le pré-
toire, qui vont se combattre à Bédriac dans
le nord de l’Italie. Vous me permettrez de le
citer : « Othon ne cessait d’écrire à Vitellius
des lettres pleines de cajoleries dignes d’une
femme et répugnantes : il lui offrait argent,
crédit et la retraite qu’il voudrait choisir
parmi les lieux de plaisance pour y mener
sa vie de dissipation. Vitellius lui prodiguait
les mêmes tentations ; d’abord ils s’y prirent
tous les deux avec assez de douceur ; puis à
cette stupide et déshonorante dissimulation
succédèrent des injures comme en échangent
ceux qui vont en venir aux mains ; ils se je-
tèrent à la face leurs attentats aux mœurs et
leurs scandales : ni l’un ni l’autre n’avait
tort. » Marine et Zézé sont en effet des ma-
chines à perdre, ni l’un ni l’autre n’a tort
de le penser, sinon de le dire. Je sais bien
qu’atteindre 7 % au premier tour à une pré-
sidentielle, pour un novice sans parti, est
une excellente performance, supérieure,
par exemple, à celles de Villiers en 1995 et
2007. Mais c’est un échec si on la rapporte à
l’objectif, il a failli propulser Mélenchon au
deuxième tour, et cela ne lui permet en rien
de trouver un allié aux législatives pour ob-
tenir des sièges. Zézé machine à perdre, c’est
donc établi. Marine ne vaut pas beaucoup
mieux. Sans doute a-t-elle dépassé la barre
des 40 % au second tour et a-t-elle amélioré
son score de plus de deux millions de voix
en cinq ans. Mais elle n’a nullement « brisé
le plafond de verre » qui la sépare du pou-
voir, malgré une politique de dédiabolisation
impliquant un affadissement général de son
programme qui confine à la trahison. Donc
l’échec est double, tant moral qu’électoral :
des moyens déplorables ne sont même pas
justifiés par une fin souhaitable.
En fait Marine et Zézé ont simplement
trente-cinq ans de retard. Ce ne sont pas for-
cément en tout des machines de mauvaise
qualité, mais elles sont restées program-
mées au temps de Chirac. C’est flagrant
pour Zézé, avec sa pensée-slogan, « l’union
des droites ». Elle était concevable et même
gagnante, je la préconisais, au début des an-
nées quatre-vingt, avant que le changement
de la population française n’eût pris de l’am-
pleur, et que la propagande incessante d’une
Education nationale soixante-huitisée n’eût
profondément perverti l’esprit des jeunes
et des moins jeunes. La France était alors
un procureur, un enseignant, un consultant,
un cadre supérieur de multinationale, un
énarque pas méchant, un boulanger influent :
il faut leur transmettre la bonne nouvelle de
la France. Pour y parvenir, il n’y a pas dix
solutions, mais une : le nationalisme inté-
gral. C’est là qu’il faut faire un effort pour
bien comprendre la notion. Il faut assumer
toute l’histoire de France sans accepter les
mythes destructeurs de cette histoire, comme
le fait malheureusement un Poutine en Rus-
sie, lui qui donne dans le mortel godant de la
Grande Guerre Patriotique. Or les deux prin-
cipaux candidats qui se réclamaient de la Na-
tion, malgré leurs divergences tactiques sur
l’islam, chantent à l’unisson la république
française et la laïcité. Or ces deux choses,
fruits des lumières maçonnes, se sont atta-
quées avec opiniâtreté au corps et à l’âme
de la France deux siècles et demi. Certains,
forts sensibles aux mauvaises manières de
Marine Le Pen à leur égard, soulignent sans
beaucoup de délicatesse ses limites intellec-
tuelles, mais on est désolé de leur répondre
que leur nouveau champion Zemmour ne
vaut pas mieux, il suffit de lire ses livres
pour s’en convaincre, ce gloubi-boulga de
(Dessin de Chard) contradictions empoisonnées de faux prin-
cipes et d’admirations navrantes (Qu’on y
politiquement, sociologiquement, culturel- quence très loin de la victoire. La stratégie songe tout de même : son premier modèle fut
lement de droite, encore assez homogène choisie n’était donc pas la bonne. Lassalle, Ferdinand, pas Jean !). Ce colosse
et riche. Une alliance entre le RPR, l’UDF Pourquoi ? Parce que l’économie, ses pro- médiatique au cerveau d’argile ne peut donc
et le FN aurait obtenu une très confortable messes, sa démagogie, ne meuvent plus entraîner les Français sur le bon chemin, pas
majorité parlementaire et présidentielle, l’électeur de gauche aujourd’hui. Ceux qui plus que l’insuffisante Mère-aux-chats. Ils
même en tenant compte de la normale et tirent le diable par la queue et espèrent un ne peuvent rien ni l’un ni l’autre non seu-
nécessaire déperdition de l’UDF et du RPR peu plus de pouvoir d’achat votent déjà lement parce qu’ils n’ont pas su choisir la
en voix centristes lors d’une alliance avec le RN — sauf peut-être les 17 % des Mélen- bonne ligne, mais parce qu’ils se réclament
FN. Cette stratégie a été tentée avec abné- chonistes qui se sont reportés au deuxième de la république française, qui, disons-le tout
gation par Jean-Marie Le Pen entre 1983 et tour sur Marine, au plus, car tous n’ont sû- net, ne vaut pas les chiottes pour la noyer. Je
1985, et même en 1986, et refusée avec une rement pas été séduits par son programme me suis tu pendant toute la campagne pré-
impitoyable constance par Jacques Chirac “social”. Les électeurs de gauche sont, dans sidentielle pour ne pas léser le plus infime
à partir du début 1984 (soit trois ans avant leur immense majorité, attirés par le discours espoir d’improbable miracle, m’exprimant
le détail aujourd’hui choisi pour justifier ce “sociétal”, c’est-à-dire moral (et politique), avec une modération qui m’a tenu lieu de
refus), qui porte donc seul la responsabili- de la gauche, ce sont des partisans de l’arc- Carême, mais on peut maintenant parler
té de la réélection de Mitterrand en 1988, en-ciel, qu’ils soient bobos mondialistes ou clair.
et de tout ce qui est advenu depuis : inva- communautaristes issus de l’immigration :
sion, gauchisation tendancielle de la société ils sont en tout cas radicalement opposés à la l
française. Le grand remplacement et l’arc- nation française et incompatibles avec elle.
en-ciel ont en France un père, il se nomme Où donc chercher les troupes nécessaires à la Pour tirer la France du marasme mortel où
Chirac. Aujourd’hui, la stratégie d’union des victoire de l’union des patriotes ? Réponse : elle est enlisée, tous les moyens sont bons,
droites ne peut mener qu’à une minorité, la ailleurs. Chez ceux qui ne votent pas, et chez même légaux. On peut donc éventuelle-
présidentielle vient de le montrer : le seul vi- Macron, dans ce conglomérat aujourd’hui at- ment rester dans le cadre républicain si on
vier de voix pour les manœuvres tactiques de trape-tout. Comment les attraper ? Réponse, l’estime opportun, mais sans jamais tomber
Zézé et Marion regroupe au mieux la moitié sur une ligne politique claire et dure, par prisonnier, même une seconde, des slogans
de l’électorat de Pécresse (2,39 %), les Du- un discours national complètement décom- et réflexes républicains, sans s’empoisonner
pont-Aignantistes (2,05 %), et la moitié des plexé. En somme, la stratégie de Zemmour d’une seule goutte de mythologie républi-
Lassallistes (1,5 %), soit moins de six pour était mauvaise parce que l’union des droites caine. Nous ne naissons pas républicains,
cent. n’a plus de sens, mais elle était bonne en ce nous naissons Français, et la France est la
qu’elle se voulait radicale ; à l’inverse, celle nation des Français, qui ont le droit de chas-
l de Marine Le Pen était bonne parce qu’elle ser ceux que leur bon plaisir leur souffle de
visait l’union des patriotes, mais mauvaise chasser, sans prendre garde aux superstitions
Le choix de Marine Le Pen fut tout aussi en ce qu’elle cherchait la dédiabolisation, républicaines. Après, on peut habiller cela
faux et tout aussi chiraquien. Il n’est pas chose dont le diabolisé n’est pas le maître. comme on veut, pour que cela passe, c’est
difficile de l’établir. La fracture de la droite de la tactique, mais il ne faut pas accorder le
causée par Chirac entre 1984 et 1988 amena l moindre crédit à ces décorations tactiques.
la réélection de Mitterrand en 1988. Cette Si l’on ne réunit pas le peuple français au-
réélection fut suivie d’un surcroît d’inva- La bonne stratégie est de conjuguer les tour d’une politique de salut de l’ethnie par
sion, de décervelage et de paupérisation de bons côtés des deux : une union des pa- la civilisation, les carottes sont cuites. Des
la France, qui engendra une vraie fracture triotes sur une ligne radicale, sur le modèle jeunes gens bruyants et sympathiques se
nationale, que Chirac, candidat en 1995, tra- Jean-Marie Le Pen repris par Trump. Quand demandaient l’autre jour quel était le pire
duisit en son langage réducteur et menteur je dis radicale, je veux dire qu’il faut revenir de l’hymne européen ou de l’hymne na-
par l’expression « fracture sociale ». Il en à la racine du problème : la racine, c’est la tional. Choix pénible entre tous. D’un côté
fit son slogan de campagne à la présiden- nation française, sa défense intégrale, sou- c’est l’Europe et de l’autre la France, mais
tielle, qui le mena, Balladur et Jospin aidant, veraineté et identité comprises, ce qui inclut l’Europe de Bruxelles contre la république
à l’Elysée. C’était typique d’un techno qui des mœurs, une langue, des lois, des arts, un française. Pour s’en tirer, un mélomane en
avait vendu l’Huma avant de sucer le lait peuple. Cela passe évidemment par la recon- herbe faisait remarquer que Beethoven est
du marxisme dans ses cours d’économie et quête politique de la droite molle et du centre supérieur à Rouget de l’Isle. Ouaip, encore
de sociologie : les questions de la nation et qui ont oublié ce qu’ils étaient, Français. Il que le genre symphonie avec chœurs est plus
de l’identité pesaient moins pour lui que la faut arriver à regrouper les Français et Euro- pesant que solennel, ça fait choucroute plus
question sociale envisagée sous le seul rap- péens de souche, conscients de ce qui les ras- cassoulet, et il me semble qu’il y a plus de
port des classes. En 2022, ayant jugé, à juste semble et de ce par quoi ils se ressemblent, joie dans le pompeux dans l’ouverture des
titre, que l’union des droites n’engageait que et les Français d’Histoire — tous les autres Maîtres Chanteurs. Quant à la Marseillaise,
dans une impasse, Marine Le Pen a tenté de étant radicalement, nettement, sans retour le chant des imbéciles et des massacreurs,
rassembler les patriotes, ce qui est judicieux possible, exclus. Le vote Mélenchon indique j’ai toujours été contre, mais, même adoles-
en soi, mais demande au préalable de bien en effet ce que menace d’être le vote de de- cent, je me suis toujours levé quand elle était
analyser la situation ethnique, sociale et po- main, quand le fléau de la balance penchera jouée. Le respect s’impose quand on regarde
litique de la France. Quels patriotes pour vers les nouveaux Français. Le seul service cette scène de Diên Biên Phu où le cin-
quelle patrie ? Marine Le Pen ne répond pas que pourraient rendre à la France les boo- quième BPVN (Bataillon de parachutistes
bien à cette question. Elle a postulé deux mers et les étudiants français qui paraissent vietnamiens) monte au feu dans la nuit en
choses que l’événement a démenties : que promis à se dissoudre dans l’arc-en-ciel est chantant. On ne fait plus la fine bouche sur
des affadissements ou reniements désar- de se rendre compte, avant de passer, qu’ils les paroles. On se rappelle que des millions
meraient la diabolisation et lui amèneraient sont Français, et de faire barrage par un vote de gens sont morts pour elle. C’est le chant
ainsi la plupart des électeurs qui détestaient de salut public au totalitarisme en train de de la nation. On n’y peut rien. Le nationa-
Macron, et que la démagogie socialisante at- s’installer. Contre les illusions antithétiques lisme intégral l’a adopté, comme il a inclus
tirerait ceux qui se portent au premier tour de l’union des droites et de l’union des so- mille réalités consacrées par l’usage. C’est
sur les partis de gauche. L’écrasante victoire cialistes anti-Macron, qui viennent de faire notre chant. Il n’a plus rien à voir avec ses
de Macron chez les conformistes a infirmé preuve de leur inefficacité, il faut donc re- origines, avec la sotte révolution, notre terre
son premier espoir, le mauvais report des chercher simplement l’union des Français. et nos morts l’ont naturalisé. Il n’a plus rien
Mélenchonistes (sauf en outre-mer) ruiné le Cette union des Français ne peut se faire à voir avec la république française. C’est
second. La bonne nouvelle dans tout cela est que par une conversion massive à la France l’air de la France. La seule pédagogie viable
que sa progression manifeste donc, en partie des Français de souche et d’histoire au- est de faire respirer en tout, partout, l’air de
au moins, un vote d’adhésion, puisqu’elle jourd’hui acquis à l’anti-France. Tout Fran- la France, pour les ramener à eux, les zom-
n’a pas su vraiment capter le rejet de Macron. çais a un devoir permanent de prosélytisme. bies français qui se perdent aujourd’hui dans
La mauvaise est qu’elle est restée en consé- Nous connaissons tous un juge, un général, l’anti-France.