INVENTONS L A PL AISANCE DE DEMAIN

Synthèse
2022

1
 RENCONTRES
NOUVELLE ERRE

DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL
Mathieu Rozières
CONSEILLER PROSPECTIVE
Jean-Claude Cohen
COORDINATEUR
Maxime Hugonnet

CERCLE NAUTIQUE ET
TOURISTIQUE DU LACYDON

PRÉSIDENT DU CNTL
Franck Recoing
RESPONSABLE DE LA
COMMISSION COMMUNICATION
Francis Habert
DIRECTEUR
David Binisti

2 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Sommaire
RÉSUMÉ 4

La plaisance connaît une profonde mutation 4

Un projet partagé pour les Ports de plaisance à Marseille :
Quels enjeux ? Quels choix stratégiques ? Quelle gouvernance ? 5

Exemples d’actions concrètes 6

INTRODUCTION 9

Le programme de Nouvelle Erre 2022 10

ET SI LES VILLES DU FUTUR ÉTAIENT SOUS-MARINES ? 11

LE PLAISANCIER DE DEMAIN 12

Le plaisancier aujourd’hui : un animal protéiforme 12

La plaisance demain : une évolution des attentes et des pratiques 13

LE NAVIRE DU FUTUR 15

Le navire du futur sera-t-il décarboné ? 15

Le navire du futur sera-t-il un voilier ? 16

LE PORT DU FUTUR 17

La mutation des Ports de plaisance 17

Les préalables aux mutations des Ports 18

Focus sur les ports de plaisance en PACA
et sur le Vieux-Port de Marseille 19

LES PORTS DE MARSEILLE EN QUÊTE D’UN PROJET PARTAGÉ
ET D’UNE VOLONTÉ POLITIQUE POUR LE PORTER 20

Constat 20

Les prérequis pour un projet partagé sur
les Ports de Plaisance de Marseille 21

LES JO 2024 : UNE OPPORTUNITÉ POUR UN PROJET
POUR LES PORTS DE MARSEILLE 22

VERS UNE PLAISANCE COLLABORATIVE, ÉCORESPONSABLE,
INCLUSIVE, OUVERTE SUR SON TERRITOIRE 23

Vers un monde maritime plus vert 23

Des projets inclusifs et éducatifs, tournés vers le territoire
et ses habitants 23

Le Port ouvert sur le territoire 24

Une plaisance connectée et collaborative 24

La plaisance : un champ d’activités économiques fertile en innovations 24

QUEL FUTUR POUR LES PORTS DE PLAISANCE, À L’INTERFACE
ENTRE LA VILLE ET LA MER ? QUELS CHOIX DANS LES
TRANSITIONS QU’ILS AURONT À CONDUIRE 25

Quelle vision des Villes-Port de leurs ports de plaisance ? 26

Le Port est une interface dans les trois transitions : économique,
énvironnementale et sociale 27

Recommandations et pistes de réflexion 29

3
4 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
5
 Résumé

La plaisance connaît une

profonde mutation
Les réflexions conduites par plusieurs groupements de ports de
plaisance, ainsi que les recherches scientifiques conduites par des
universitaires, s’accordent sur une triple mutation de la plaisance,
déjà à l’œuvre et qui s’amplifiera dans les prochaines décennies :

- Une mutation générationnelle, qui verra les générations vieillissantes

des plaisanciers actuels remplacées par des nouveaux plaisanciers,
plus jeunes, plus occasionnels, et surtout caractérisés par des
pratiques profondément différentes de celles des générations
précédentes : une pratique occasionnelle, partagée et collaborative,
une préférence à l’usage et à la location par rapport à la propriété,
une attention aux préoccupations sociétales et environnementales
- Une mutation technologique, qu’il s’agisse de l’intelligence, de
l’autonomie et de la propulsion des navires, de la diffusion d’applications
favorisant des pratiques collaboratives dans la plaisance mais
aussi des technologies portuaires, qu’il s’agisse de la gestion et la
réservation des emplacements, des services aux plaisanciers,
- Une mutation environnementale, qui voit les Ports jouer un rôle
actif dans la préservation de l’environnement et de la biodiversité
- Une évolution de la relation entre le Port et son territoire,
en ouvrant le Port et la plaisance aux habitants du territoire (et
notamment les jeunes), et en faisant du Port un point d’entrée dans
la Ville et dans le territoire, qui valorise le patrimoine touristique
et culturel du territoire auprès des plaisanciers visiteurs.

Les ports de Plaisance n’ont pas d’autre choix que s’adapter

à ces évolutions de la Plaisance et des plaisanciers. Et
singulièrement, les Ports de plaisance de Marseille, métropole
qui accueillera les épreuves de nautisme des JO de 2024. Ceci
appelle d’urgence le lancement d’un projet de transformation
des Ports de Plaisance qui associe toutes les parties prenantes,
et qui soit soutenu par les collectivités territoriales.

6 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Un projet partagé pour les
Ports de plaisance à Marseille :
Quels enjeux ?
Quels choix stratégiques ?
Quelle gouvernance ?
Les enjeux de la transformation des
Ports de Plaisance sont tout à la fois
économiques, envrionnementaux et
sociaux. Dans chacun de ces domaines, la
mise en œuvre de ces transformations
incontournables suppose des orientations
stratégiques portées par les collectivités
territoriales, et la réponse à des questions
organisationnelles et techniques
associant les parties prenantes.
DES ENJEUX ÉCONOMIQUES
Le port devra repenser son modèle économique.
- Comment concilier l’organisation du Port
et les réglementations qui le régissent aux
aspirations de partage et de collaboration
des nouveaux plaisanciers ?
- Comment adapter les prestations du Port et
son organisation aux attentes de ces nouveaux
plaisanciers résidents comme visiteurs (touristes
plaisanciers), notamment en termes de
numérisation, de flexibilité, de partage, d’usage ?
- Comment le Port peut-il assurer la transition
entre les générations de plaisanciers, et
notamment en organisant la transmission de
connaissance, d’expertise et d’expérience ?
Le port de plaisance, par son positionnement,
peut et doit contribuer au renforcement d’une
filière éonomique liée à la plaisance, et donc
contribuer au maintien et à la création d’emploi
- Comment le Port de plaisance peut-il contribuer
à la création d’emplois en favorisant l’émergence
et la consolidation d’une filière nautique locale,
associant des artisans spécialisés, des prestataires
de services, des startups innovantes?
Le port point d’entrée des plaisanciers
touristes, doit leur « vendre » la Ville et valoriser
son patrimone touristique et culturel
- Comment construire et organiser, en coopération
avec la Ville et les différents acteurs des filières
touristiques et culturelles, une offre de services
attrayante pour les plaisanciers touristes et
susceptible d’être relayée par le Port de Plaisance
DES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
Le Port doit s’engager dans l’économie bleue, au-delà
d’un simple verdissement du Port de Plaisance, et
dépassant le clivage entre exploitation et préservation.
- Comment engager, et à quel niveau, le Port
dans l’économie bleue ? Quel label, quelle
norme, doit-on, peut-on viser, et à quelle
échéance ? Comment faire de cet engagement
dans l’économie bleue un projet partagé entre
les différentes parties prenantes du Port ?
- Le Port doit jouer un rôle actif pour
promouvoir des réponses innovantes à
l’enjeu de décarbonation de l’économie
- Comment adapter les règlements applicables
aux Ports de Plaisance (notamment en termes de
sécurité) pour soutenir le déploiement de nouveaux
modes de propulsion, ou la création de filières de
collecte et de recyclage de déchets marins ?
DES ENJEUX SOCIAUX ET SOCIÉTAUX
Le Port de Plaisance doit s’ouvrir sur la
diversité des habitants de la Ville, et promouvoir
l’égalité, la diversité et l’inclusion
- Comment le Port de plaisance peut-il
s’ouvrir à différents publics notamment
défavorisés, pour leur donner accès à la
plaisance, par exemple en partenariat avec
des associations représentant ces publics ?
- Comment le Port peut-il organiser l’initiation et la
formation des publics cibles à la plaisance, à la mer,
notamment en partenariat avec des associations ?
COMMENT CONSTRUIRE UN PROJET PARTAGÉ POUR
LES PORTS DE PLAISANCE À MARSEILLE ?
Un projet pour les ports de plaisance de Marseille
doit associer toutes les parties prenantes : les clubs
nautiques, les acteurs locaux de la filière nautique
(artisans de la maintenance des navires, les acteurs
des filières économiques et culturelles du territoire,
les collectivités territoriales, notamment).
Quelle structure, et avec quelle gouvernance,
mettre en place pour porter ce projet ?
7
Exemples d’actions concrètes
Nous donnons ci-après, à titre d’illustration, des
exemples d’actions concrètes, souvent volontaristes,
qui pourraient être réalisées à court terme. Mais
l’objet même d’un projet collectif est de définir et de
mettre en œuvre collectivement ce plan d’action.

ENJEUX ÉCONOMIQUES : ENJEUX SOCIAUX ET SOCIÉTAUX : ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX :

EXEMPLES D’ACTIONS
- Promouvoir le patrimoine culturel
et touristique de la ville auprès des
plaisanciers visiteurs, en partenariat
avec les acteurs culturels et
touristiques du territoire, par exemple
en construisant avec ces partenaires,
une offre touristique et culturelle
destinée aux plaisanciers visiteurs.
- Mettre en place des règles et
dispositifs visant à augmenter le
taux d’utilisation des navires à quai
Inciter les propriétaires à maintenir
la navigabilité de leurs bateaux
(sanctions, incitations)
- Développer le taux de sortie des navires
(location, organisation de sorties
encadrées avec des non propriétaires)
- Rattraper le retard du Port de
Plaisance de Marseille en matière de
technologies de gestion portuaire
et de services aux plaisanciers
- Favoriser l’émergence et la
consolidation d’une filière nautique
locale, associant des artisans
spécialisés, des prestataires de services,
des startups innovantes, par exemple
par la création de tiers lieux et de
fab labs et l’animation de la filière
EXEMPLES D’ACTIONS
- Favoriser l’accès des jeunes
générations à la plaisance
- Favoriser l’accès à la propriété
via la multipropriété
- Adapter les règles concernant la
location de navires de plaisance,
notamment via des plateformes internet
(ClickAndBoat, etc.) tout en maîtrisant
leur développement (notamment en
termes de sécurité et d’assurance)
- Organiser le transfert d’expérience
et la formation au bénéfice des
nouveaux plaisanciers, en s’appuyant
sur les plaisanciers plus anciens.
- Inscrire le port de plaisance
dans le territoire
- Engager le Port de Plaisance de
Marseille dans une démarche
de responsabilité sociétale
- Ouvrir le port et l’accès à la plaisance
pour les habitants du territoire, et
notamment pour les jeunes
EXEMPLES D’ACTIONS
- Faire du Port de Plaisance un acteur
de la protection des milieux marins
et du développement durable
- Inscrire le Port de Marseille dans
des démarches de labellisation
DD (Port Propre, Port actif
pour la biodiversité, etc).
- Promouvoir l’innovation en matière
de plaisance, notamment dans
les domaines de l’énergie, de la
préservation des milieux marins, en
soutenant les start-ups locales
- Expérimenter, si nécessaire en
adaptant les règlementations
applicables aux Ports de Plaisance
(notamment en termes de sécurité),
ou en sollicitant des dérogations à
ces réglementations pour soutenir
l’expérimentation et le déploiement
de nouveaux modes de propulsion,
ou la création de filières de collecte
et de recyclage de déchets marins
CONSTRUIRE LE PROJET :
EXEMPLES D’ACTION
- Créer une association regroupant
tous les parties prenantes pour porter
le projet, en étroite concertation
et sous le pilotage des collectivités
territoriales concernées, et
notamment de la Métropole

8 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

 Enjeux Orientation stratégique
pour les Ports
Enjeux économiques Le port devra repenser son modèle
économique.
Le port de plaisance peut et doit contribuer
au renforcement d’une filière éonomique liée
à la plaisance,
Le port point d’entrée des plaisanciers
touristes, doit promouvoir la Ville et valoriser
son patrimone touristique et culturel
Enjeux sociaux et Le Port de Plaisance doit s’ouvrir sur
sociétaux la diversité des habitants de la Ville, et
promouvoir l’égalité, la diversité et l’inclusion
Enjeux Le Port doit s’engager dans l’économie bleue, Faire du Port de Plaisance un acteur de la protection des
environnementaux au-delà d’un simple verdissement et du
clivage entre exploitation et préservation.
Le Pört doit jouer un rôle actif pour
promouvoir des réponses innovantes à
l’enjeu de décarbonation de l’économie
Construire le projet Mettre en place une structure et un mode de
partagé gouvernance associant les parties prenantes
sour le pilotge des collectivités territoriales
Exemples d’actions concrètes
Mettre en place des règles et dispositifs visant à augmenter le
taux d’utilisation des navires à quai
- Inciter les propriétaires à maintenir la navigabilité de leurs bateaux
(sanctions, incitations)
- Développer le taux de sortie des navires (location, organisation de
sorties encadrées avec des non-propriétaires)
Rattraper le retard du Port de Plaisance de Marseille en
matière de technologies de gestion portuaire et de services aux
plaisanciers
Favoriser l’émergence et la consolidation d’une filière nautique
locale, associant des artisans spécialisés, des prestataires de
services, des startups innovantes, par exemple par la création
de tiers lieux et de fab labs et l’animation de la filière 
Promouvoir le patrimoine culturel et touristique de la ville
auprès des plaisanciers visiteurs, en partenariat avec les
acteurs culturels et touristiques du territoire, par exemple
en construisant avec ces partenaires, une offre touristique et
culturelle destinée aux plaisanciers visiteurs.
Engager le Port de Plaisance de Marseille dans une démarche
de responsabilité sociétale
Ouvrir le port et l’accès à la plaisance pour les habitants du
territoire, et notamment pour les jeunes
Favoriser l’accès des jeunes générations à la plaisance
- Favoriser l’accès à la propriété via la multipropriété…
- Adapter les règles concernant la location de navires de plaisance,
notamment via des plateformes internet (ClickAndBoat, etc.)
tout en maîtrisant leur développement (notamment en termes de
sécurité et d’assurance)
- Organiser le transfert d’expérience et la formation au bénéfice
des nouveaux plaisanciers, en s’appuyant sur les plaisanciers plus
anciens.
milieux marins et du développement durable
- Inscrire le Port de Marseille dans des démarches de labellisation
DD (Port Propre, Port actif pour la biodiversité, etc).
Promouvoir l’innovation en matière de plaisance, notamment
dans les domaines de l’énergie, de la préservation des milieux
marins, en soutenant les start-ups locales
- Expérimenter, si nécessaire en adaptant les règlementations
applicables aux Ports de Plaisance (notamment en termes de
sécurité), ou en sollicitant des dérogations à ces réglementations
pour soutenir l’expérimentation et le déploiement de nouveaux
modes de propulsion, ou la création de filières de collecte et de
recyclage de déchets marins
Créer une association regroupant tous les parties prenantes
pour porter le projet, en étroite concertation et sous le pilotage
des collectivités territoriales concernées, et notamment de la
Métropole
9
10 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
11
12 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
Intro- La première édition du colloque Nouvelle Erre s’est
déroulée le 7 juillet de 14h à 19h30, Quai Marcel
Pagnol. Nouvelle Erre, c’est un lieu d’information,

duction
d’échange et de réflexion, ouvert à toutes les parties
prenantes de la plaisance à Marseille 1, – plaisanciers,
ports, collectivités territoriales, entreprises de la
filière nautisme, établissements d’enseignement
supérieur et de recherche – pour construire ensemble
des visions prospectives de ce que pourrait être la
plaisance en 2050, les plaisanciers de demain, leurs
attentes et pratiques, les bateaux du futur, le rôle et
l’organisation des ports de plaisance, et le lien entre
ces ports et le territoire, compte tenu des différentes
mutations – technologiques, démographiques,
sociologiques, socio-économiques, énergétiques,
environnementales et climatiques – qui se dessinent.
Plus de 150 participants ont assisté aux conférences
et tables-rondes organisées par le CNTL.

Le document ci-après n’est pas une retranscription des

différentes conférences et présentations des intervenants
du colloque, pour lesquels le lecteur pourra consulter
utilement les enregistrements vidéo qui sont en ligne sur le
site du CNTL ou directement accessibles sur YouTube 2.
Nous avons fait le choix, tant les différents éléments
– le plaisancier, le navire, le port, le territoire – étaient
interdépendants dans les interventions, de tenter une synthèse :

- Dessinant d’une part la vision à 2040 de la

plaisance, du plaisancier, du navire et du port,
esquissée par les différents intervenants

- Traduisant d’autre part, l’urgence, exprimée par nombre

d’intervenants et de participants, du lancement à Marseille,
dans la perspective des JO 2024, d’un projet partagé pour
ses Ports de Plaisance, et singulièrement pour le Vieux
Port, impliquant toutes les parties prenantes, soutenu
par une volonté politique des acteurs publics, et visant à
accompagner les mutations technologiques, organisationnelles,
sociétales, environnementales, auxquelles ses ports de
plaisance seront confrontés dans les prochaines années.

1  Mais pas exclusivement….

2 https://youtu.be/zLivSvov7iw
13
Le programme
de Nouvelle Erre
7 Juillet 2022
14h-15H30
HISSER LA GRAND VOILE
LA PLAISANCE DE DEMAIN
INSPIRATION/TED 
Jacques Rougerie - Architecte
océanographe, membre de l’Académie
CONFÉRENCE TABLE RONDE 
Uber, Tesla ou Drakkar : quel cap
pour la nouvelle plaisance ?
Edouard Fiess / Fondateur de Navily
Ingrid Peuziat / Maitre de Conférence en
Géographie, Laboratoire Littoral Environnement
Géomatique Université de Bretagne Occidentale
Adélaïde De Villaine / Vice
présidente Click and Boat
Stéphane Dierick / Co-Fondateur de Sailcoop
Session d’ouverture du colloque Nouvelle Erre
2022 : Et si notre futur était sous la mer?
STARTUPS – DÉMOS
Weboat, Navily, Wixar

16H - 17H30
NOUVEAU CAP - PORT AS A SERVICE
INSPIRATION/TED :
Tanguy Goetz - CEO Neptech
CONFÉRENCE TABLE RONDE :
De la plaisance collaborative au port connecté :
quel cap pour le port du 21ème siècle ?
Jérémy Ladoux / CEO de Nautic Spot
Véronique Tourrel Clément / Déléguée
Générale Union des Ports de Plaisance
Provence Alpes Côte d’Azur et Monaco
Christian Oliveres / CNTL
STARTUPS – DÉMOS
Nauticspot, Click & Boat, Guillaume
Ruoppolo /photo sous-marine

18h-19H30
CAP PLANÈTE
INSPIRATION/TED (ENREGISTRÉ) :
Chloé Zaied - CEO & Founder Hynova Yachts
CONFÉRENCE TABLE RONDE :
le port au service des transitions de la ville port
Dr HDR Katia Richomme Huet /Professeur Associé
Kedge Business School, Chef du Département
Strategy, CSR and Entrepreneurship
Simon Bernard / CEO Plastic Odyssey
Marie Dominique Champloy / Co-Fondatrice et
Directrice générale de Marseille Capitale de la Mer
STARTUPS – DÉMOS
Platypus, Neptech

14 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Et si les
De façon à la fois opportune et inspirante, Jacques Rougerie,
académicien, architecte de la mer et promoteur d’un habitat
sous-marin, compagnon de Cousteau et chargé du projet de
stade nautique à Marseille pour les JO 2024, dans sa conférence

villes
introductive d’un colloque qui voulait être prospectif, nous a
invités à « penser hors du cadre » : la plaisance, cela se passe sur
la mer – le plus souvent – or demain, l’humanité habitera peut-

du futur
être dans des villes sur la mer, ou dans des villes sous-marines.
Il ne s’agit pas là d’une résurrection du mythe de
l’Atlantide : les projets de villes flottantes autosuffisantes
en énergie, en eau, en alimentation, sont légion.

étaient
Et Rougerie lui-même a conçu plusieurs projets
d’habitat ou d’observation sous-marins.

Aux participants comme aux organisateurs de l’événement,

sous-
il faisait passer, implicitement, le message suivant : ne
considérez pas les principes, les comportements, les règles,
qui régissent les sociétés humaines et leur fonctionnement,
comme acquis, immuables… chassez les idées reçues, « think

marines ?
the unthinkable3 » (pensez l’impensable). En d’autres termes,
les attentes des plaisanciers, leurs pratiques, le mode de
propriété des bateaux, les règlementations qui s’y appliquent,
les technologies, etc… tout peut changer, et les ruptures
qui nous attendent sont difficles à imaginer aujourd’hui.

Pour Rougerie, la plaisance peut constituer un outil d’éducation,

d’apprentissage de la vie en équipage -donc en société-, un
apprentissage du faire ensemble, du « collaboratif »...
Par ailleurs, le changement climatique et la montée du
niveau de la mer vont singulièrement changer la donne
dans les relations entre la mer, les territoires, et les
ports, qui sont l’interface entre l’une et les autres.

Donc soyez innovants, créatifs, osez…

3  D’après le titre d’un ouvrage d’Hermann Kahn « Thinking the Unthinkable » (1962).
Responsable de la Rand (Research and Development, une unité de l’armée américaine)
puis co-fondateur du Hudson Institute, Hermnn Kahn est l’un des pères de la prospective.
Il a « inventé » i’artefact des scénarios, pour convaincre les membres du Congrès que
l’escalade nucléaire ne conduisait qu’à la catastrophe – « The Thermonuclear War » (1962)

15
 J U I L L E T 2 0 2 2 7

DOSSIER SPECIAL
Le plaisancier
JEAN-CLAUDE COHEN

Les profils de plaisanciers

de demain
Plusieurs études ont été conduites, entre 2013 et 2018, sur les usages et pra-
tiques des plaisanciers, et leurs évolutions prévisibles à moyen terme. On en
trouvera une liste en fin d’article, et les rapports sont consultables en ligne.
4
S’ajoutent à ces catégories :

3.Les plaisanciers émergeants, ou nouveaux plaisanciers :

Ces études portaient sur des zones du littoral atlantique : Bretagne, Finistère, • Ces nouveaux plaisanciers, occasionnels, ou expérimentaux, plus jeunes,
Vilaine, Normandie… Nota : à notre connaissance, aucune étude de ce type n’a louent ou partagent un bateau à moteur pour des sorties courtes, de quelques
été conduite sur les plaisanciers en méditerranée… Il pourrait s’agir là d’un heures à quelques jours (les week-ends par exemple). Leurs sorties sont moins
vide à combler… fréquentes et très liées à la météorologie. Ils sont souvent résidents locaux.
4  D’après les interventions de Véronique Tourret – Clément UPACA,
Chloé
CesZaied,
étudesAdélaïde de Villaine
s’appuient souvent – ClickandBoat et Ingrid
– mais pas toujours Peuziat
– sur une enquête auprès Selon toute vraisemblance, deux parmi les groupes ci-dessus constitueront la
d’un échantillon de plaisanciers, et portant sur leur type de bateau, leurs pra- base des plaisanciers de demain :
tiques (sorties – fréquence et durée) leurs attentes en termes de service, etc… • Les sportifs hyperactifs, que ce soit pour le ski nautique, la plongée, les ba-
Les exploitations de ces données varient d’une étude à l’autre, mais visent à teaux à moteur ou la régate pour les voileux, qui sortent très fréquemment,
mettre en évidence une typologie de plaisanciers, dans certains cas en fonc- seront souvent propriétaires de leurs bateaux,
tion de critères prédéfinis, et dans les études les plus sophistiquées, avec • Les occasionnels ou expérimentaux, les « nouveaux plaisanciers », plus
des méthodes statistiques d’analyse de données multidimensionnelles (par jeunes, dans la sphère locative.
exemple Classification Hiérarchique).
Sur le long terme, les plaisanciers pourront passer d’une catégorie à l’autre :
LeCesplaisancier aujourd’hui
typologies réalisées en 2013 :
et 2017 font apparaître plusieurs groupes de
plaisanciers, ayant des pratiques, des âges, des attentes, différents.
par exemple, certains nouveaux plaisanciers pourront, dans le temps, évoluer
vers le modèle « sportif », à la voile ou à moteur, ou vers le modèle « senior

unLesanimal
trois critères quiprotéiforme
ressortent des études examinées sont :
libéré » (voile) ou « pêcheur plaisancier ».

• Le type de bateau : voile ou moteur Mais la survie d’un Club nautique dépendra de sa capacité à attirer des nou-
• La tranche d’âge du plaisancier veaux membres dans ces catégories « occasionnels » ou « sportifs », tout en
Il y •aL’intensité
plusieursde saprofils
pratiquede
(mesurée en nombre et durée
« plaisancier » : il y ades
lessorties)
« voileux », et ceux quiattractif pour les classes d’âge plus anciennes.
restant

préfèrent
L’examen delescesbateaux àtypologies
différentes moteur ;permet
il y adeles plaisanciers
mettre en évidence 3occasionnels,
grands
groupes de plaisanciers, qui peuvent eux-même être :
qui1.loueront
Le groupe desunplaisanciers
bateau une fois par
« à moteur an,
», qui voire moins,
se subdivise lui-mêmepour une petite
en deux
sous catégories : Références
croisière, et les plaisanciers actifs, qui sortent régulièrement avec
• Les « sportifs multi-activités », ceux pour lesquels le bateau à moteur est un • Filière Nautique Normande (F2N) - Des services innovants au bateau du futur – (2013)
leurmoyen
bateau ; il y a ceux
pour pratiquer quisports
d’autres font (ski
de nautique,
la plaisance pour le plaisir
pêche sous-marine), gé- de
néralement plus jeunes (de 21 à 40 ans principalement), • Vers un nouveau modèle de la plaisance ? Profils et pratiques des plaisanciers du
naviguer, et ceux
• Les pêcheurs pour lesquels
plaisanciers, qui sont plusle bateau
âgés, sortentest
trèsun moyen de
fréquemment pourpratiquer
Finistère - Lucien Perras, Ingrid Peuziat, Iwan Le Berre, Adeline Maulpoix,
un pratiquer
autre sport leur passe temps favori, la pêche, généralement pour des sorties
– pêche, plongée ou ski nautique, par exemple -.
courtes. Louis Brigand et Nicolas Le Corre (Université de Bretagne) (2015)
2. Le groupe
Le poids des plaisanciers
relatif « voileux » se
de ces différents divise également
« profils » peutenvarier
deux sous-ca-
d’une région
tégories • Institut d’Aménagement de la Vilaine - Usages et pratiques des navigants sur le
à l’autre, voire
• Les seniors d’unqui
libérés, port à l’autre
profitent dans
de leurs unepour
retraites même région…
effectuer des croi-
sous-bassin de navigation baie de Vilaine – Vilaine maritime (2016)
sières longues, hauturières, de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en
couple, • Association des Ports de Plaisance de Bretagne (APPB) - La plaisance collaborative
• Les passionnés, hyper-dynamiques, qui font de la régate et de l’entraîne-
ment, plutôt dans la tranche d’âge 30-50 ans (2017- 2018)

Exemple de typologie réalisée dans l’étude AXE 2

de l’université de Bretagne 3 AGE -
TYPOLOGIE DES
sur les profils et pratique des plaisanciers PLAISANCIERS DANS
en Finistère . (2015) Pratique motorisée

2,5
(ski nautique, wake-board, bouée tractée ...) LE FINISTÈRE
Pneumatique/semi-rigide
La démarche prospective conduite dans
Pêche sous-marine
le Finistère (Cap Plaisance 2035) a mis en
Figure 11 : évidence 5 profils de plaisanciers, qui sont
Représentation plane du nuage 2
des modalités issu de l’ACM construits :
Scatter plot visualization of - Sur le type de bateau et sur la taille (de plus en
Multiple Correspondence Analysis Entre 21 et 30 ans
plus grande en s’éloignant de l’axe vertical)
1,5 Les sportifs - Sur la fréquence d’utilisation (croissante le
En famille avec enfants Entre 32 et 40 ans multi-activités
(de moins de 15 ans) long de l’axe vertical)
Employés
Deux groupes de pratiquants fréquents :
Régate/Entrainement Ouvriers les « passionnés », utilisant un voilier habitable,
1
Professions intermédiaires pratiquant la croisière parfois de plusieurs
semaines et les « pêcheurs retraités », de plus
Baie de Douarnenez
Entre 41 et 50 ans
Cornouaille orientale de 60 ans, pratiquant des sorties fréquentes à
Les En famille
passionnés 0,5 Promenade en mer la demie-journée
pratiquant Cadres
la voile Trois groupes de pratiquants occasionnels :
Pratique sportive de la voile
Entre 51 et 61 ans Moins de 6m
Côte des Abers « les occasionnels » voile ou moteur,
Voilier
Artisans, commerçants Avec des Côtier Pêche généralement des CSP+, âgés de plus de 40
VOILE + Croisière et chefs d’entreprise 0 amis promenade MOTEUR +
AXE 1 ans,pratiquant la promenade familiale
-2 - 1,5 -1 - 0,5 Baie de Brest 0,5 1 1,5
Plus de 10m En couple 6 à 10 m Les Solitaire Non habitable les « sportifs multiactivités », qui pratiquent
Hauturier occasionnels la plaisance pour pratiquer un autre sport
Habitable Vedette à moteur Pêche Léon oriental
Bassin des Glénans Baie d’Audierne (plongée sous-marine, ski nautique), et qui ont
- 0,5 Baie de Morlaix
Entre 81 et 90 ans
Canot à moteur généralement moins de 40 ans
Entre 61 et 70 ans Entre 71 et 80 ans
Les pêcheurs Typologie présentée par Ingrid Peuziat
plaisanciers
-1 AGE + Photo Francis Habert

16 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Pour autant il y a des caractéristiques
communes à l’ensemble des plaisanciers :
Le plaisancier est surtout un retraité. 80%
des plaisanciers a plus de 50 ans. Nombre de
ceux qui dépassent les 70 ans modifient leurs
pratiques. Et dans les 10 prochaines années,
une grande partie d’entre eux ne pratiquera
plus la plaisance. En PACA, le plaisancier
est plus âgé que la moyenne française.
Le plaisancier est très majoritairement un
homme. La plaisance est une activité masculine
à 98%, même si l’on constate, comme dans
nombre d’autres activités sportives, des
signes avant-coureurs d’une féminisation :
ainsi, 40% des réservations sur ClickAndBoat
sont effectuées par des femmes, mais le
responsable du bateau est un homme 5 .
Le plaisancier « actif » sort en moyenne 39
jours par an, et il est expérimenté : 31 ans
de pratique de la plaisance en moyenne….
Côté navires, ces plaisanciers naviguent
sur des bateaux vieillissants 6 , le nombre
d’immatriculation de navires continue à ralentir7.
La plaisance demain :
une évolution des attentes
et des pratiques
Compte tenu de la pyramide des âges, une part
importante des plaisanciers actuels va réduire
voire cesser totalement de pratiquer la plaisance.
Déjà, à partir de 70 ans, on constate une évolution
dans le type de bateau utilisé, et on peut considérer
que la « retraite nautique » se situe autout de 75
ans 8 Les ports verront arriver sur leurs pannes
de « nouveaux plaisanciers », et probablement
des attentes et des pratiques différentes de leurs
aînés. Mais surtout, on va perdre une expertise et
une expérience accumulée par ces plaisanciers, et
se posera dès lors la question de la transmission
de ce savoir-faire, de cette expérience.
En conséquence, la typologie actuelle des
plaisanciers présentée plus haut va évoluer
dans le temps. La part des voileux et des
pêcheurs retraités va se réduire au profit
des plaisanciers occasionnels (voile ou
moteur) ou des sportifs multiactivités.
5 Navily relève une implication croissante des femmes : des comptes
ouverts au nom des conjoints, une « gestion » assurée par la femme, et
de façon accrue, des comptes au nom des deux conjoints..
6 Voire non navigables pour nombre d’entre eux, faute d’entretien
7 Même si la pandémie de COVID a induit une augmentation
conjoncturelle des immatriculations liées au confinement
8 Il s’agit d’une moyenne, et il y aura bien sûr des plaisanciers plus
âgés..
On verra probablement le modèle actuel, fondé
sur la propriété du bateau par le plaisancier,
avec un tryptique « plaisancier – bateau –
place », évoluer vers une problématique
d’usage, individuel ou collectif.
On verra également, avec le remplacement des
plaisanciers cumulant expertise et expérience,
par des plaisanciers plus jeunes et occasionnels,
et cherchant, eux, à vivre une « expérience
maritime, une expérience « collective ».
Le plaisancier de demain (disons, en 2040), sera
plus jeune que la moyenne des plaisanciers
actuels. La proportion de plaisanciers
« hommes » décroit significativement, de
même que la part des retraités, au profit de
nouveaux plaisanciers – hommes et femmes
- exerçant une activité professionnelle – et
donc moins disponibles pour naviguer.
Ces nouveaux plaisanciers « consommeront »
la plaisance autrement que leurs aînés, et
selon les « valeurs » de leur génération :
La plaisance en 2040 sera plus collective, plus
partagée, plus collaborative, plus inclusive (et cela
ne se limite pas à la féminisation de la plaisance).
Les plaisanciers de 2040 privilégieront la location
et le partage de bateaux9, à la propriété10.
Les nouveaux plaisanciers privilégieront
des voiliers plus confortables (souvent des
catamarans), qu’ils loueront souvent avec un
skipper : un professionnel, ou le propriétaire.
Le nouveau plaisancier est plus respectueux de
l’envionnement : ils sont attentifs à économiser
l’énergie, et consommeront de préférence
une énergie renouvelable ; ils réduiront leurs
déchets, et les recycleront, et s’attacheront,
notamment dans leur pratique de la plaisance, à
préserver le milieu marin, faune comme flore.
Tout ceci traduit une profonde évolution des
mentalités des plaisanciers : les nouveaux
plaisanciers consommeront la mer différemment :
à titre d’exemple, le moteur à hydrogène – zéro
émission, zéro bruit – s’imposera pour eux
comme une évidence. : «Le moteur bruyant
pour filer à 45 nœuds, il faut arrêter !! »
Le nouveau plaisancier en région PACA connaîtra
une évolution de ses attentes et de ses pratiques,
en tous points comparable à celles du reste
de la France : il (ou elle) privilégiera l’usage à la
propriété, et donc louera ou partagera un bateau,
et sera attentif à la sécurité et à l’environnement.
9 Même si la COVID a induit une forte croissance des achats de
bateaux (vecteur de liberté)
10 On compte 9 nouveaux plaisanciers pour 1 immatriculation de
navire
17
 TROIS SCÉNARIOS POUR LA
CLIENTÈLE CŒUR PLAISANCE EN 2035

CAP PLAISANCE 2035 : UNE EXPÉRIENCE DE DESIGN

Un marqueur PROSPECTIF DE LA PLAISANCE MENÉE DANS LE FINISTÈRE
du parcours des UN OCÉAN DE SAVOIR L’agence Finistère 360, en charge de la filière
Finistériens départementale de la plaisance, a lancé en 2018 une
réflexion prospective sur les évolutions à venir dans
la filière. Cette réflexion a donné lieu à différents
accompagner / transmettre
scenarii envisageables sur la plaisance en 2035.

OCCASIONNELS Scénario 1 : Un océan de savoir, s’appuie

sur les plaisanciers actuels et la nécessaire
transmission des connaissances de la navigation,
Un loisir comme
notamment à travers le parrainage.
un autre PLAISANCE À LA CARTE

Scénario 2 : La Plaisance à la carte pour des pratiquants

occasionnels. Celle-ci passe par des plateformes sur
hybridation / place de marché abonnement offrant des activités variées, du paddle
au catamaran à foil, mais aussi hors du nautisme.

NON-CLIENTS ACTUELS Scénario 3 : Le Tiers-Port, s’adresse aux «non-clients»

actuels, ces gens qui déambulent sur le port sans en être
acteur. Il passe par des lieux de travail ou d’exposition,
Un moteur de éphémères ou permanents. Il répond à la problématique
transition pour TIERS-PORT des fonciers non utilisés liés aux activités comme la pêche
le littoral qui pourraient être moteurs de la transition littorale.

Ces scénarios ne sont pas incompatibles : on peut faire

interface / espace public
coexister, sur un même territoire, une combinaison
de deux voire des trois scénarios. Ils ne sont pas
forcément transposables : chaque territoire doit se
construire ses propres visions, ses propres scénarios,
en fonction de ses caractéristiques et de sa culture.
SOURCE : SCÉNARIOS CAP PLAISANCE 2035 EN FINISTÈRE

18 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022


LE BATEAU DE PLAISANCE
DU FUTUR
Les bateaux seront de plus en plus rapides,
pour répondre aux attentes de ceux qui
recherchent dans la plaisance la décharge
d’adrénaline. Pour ceux-là, les foils seront là
pour longtemps, et les multicoques seront la
norme. Mais n’y aura-t-il pas des plaisanciers
qui rechercheront le calme et la lenteur ?
L’impression 3D, mais aussi la location ou
le partage de bateaux rendront la plaisance
moins chère et plus accessible. Demain,
ou après-demain, les bateaux construits
par impression 3D seront une réalité.
La plaisance de demain sera plus ouverte
aux femmes qu’elle ne l’est aujoutd’hui. En
particulier, les technologies permettront de
construire des bateaux plus faciles à manier.
Le bateau de demain devra être conçu
en prenant en compte son impact sur
l’envionnement, qu’il s’agisse de l’énergie
utilisée pour le propulser, du caractère
recyclable des matériaux qui le composent,
ou des rejets dans le milieu marin et la
préservation de ce dernier. Une des voies
possibles serait le navire hybride.
Le bateau de demain sera plus
sûr et plus sécurisé.
Les technologies comme l’intelligence
artificielle, la réalité virtuelle, les capteurs,
la connectivité, transformeront les
bateaux et leur processus de conception
et de production : vers des bateaux
autonomes, intelligents et connectés ?
Le bateau de demain sera majoritairement à
moteur, mais avec des propulsions électriques
à hydrogène, solaires, ou hybrides.
Le navire
du futur
Les articles de presse sur les bateaux de plaisance
du futur sont légion. Il en ressort que le bateau
du futur sera intelligent, connecté, plus facile
à manier, plus accessible, plus sûr et sécurisé.
Mais la rupture majeure est que ce navire (ou
plutôt son moteur) devrait être décarboné.
Le navire du futur sera-t-il
décarboné ?
Comme l’ont souligné Tanguy Goetz (NepTech) et Chloé
Zaied (Hynova) dans leurs interventions, le défi de
décarbonation de la propulsion des navires – de plaisance
ou de commerce – n’est pas seulement technologique, mais
également économique, réglementaire et organisationnel.
Ainsi, pour le moteur à hydrogène, la technologie
est mature. Mais pour que le moteur à hydrogène se
diffuse, – à l’instar des véhicules routiers électriques –
il faut un maillage dense sur le littoral de stations
d’avitaillement, notamment dans les ports.
Emerge alors le défi économique : pour rentabiliser une
station d’avitaillement, il faut un trafic régulier de transport
de passagers. Or de telles lignes ne se développeront que s’il
y a un réseau de ports équipés de stations d’avitaillement….
À cela s’ajoute un obstacle réglementaire : introduire
l’hydrogène dans un navire, tout comme introduire de
l’hydrogène dans un port, tombent l’un comme l’autre sous le
coup de règles de sécurité qui prescrivent, par exemple ; des
périmètres de sécurité autour de la station d’avitaillement, ce
qui, dans certains cas, poseront des problèmes insolubles.
En résumé, une telle option technologique ne pourrait se
diffuser que si des règlementations sont assouplies, et si
l’on fait le choix volontariste de développer des lignes de
transports de passagers sur des navires propulsés par des
moteurs à hydrogène, et de mettre en place un réseau de
stations d’avitaillement pour assurer leur approvisionnement.
La maturité technologique ne suffit pas, il faut
donc une volonté politique de faciliter sa diffusion,
en assouplissant la réglementation, et en (co-)
finançant le réseau de stations d’avitaillement.
19
 Le navire du futur
sera-t-il un voilier ?
Actuellement, « plus d’une quarantaine d’acteurs
en France, et non des moindres, travaillent sur
la propulsion vélique des navires »11 . Parmi ces
acteurs, Airbus, actionnaire d’une startup Airseas,
qui a conçu une voile volante qui équipe les cargos
d’une compagnie de fret japonaise (K-Line). De
son côté, Michelin a conçu et expérimenté
une voile gonflable pour propulser des cargos
comme des bateaux de plaisance. L’hypothèse
d’une propulsion vélique, ou vraisemblablement
hybride, pour les navires – de commerce
comme de plaisance – est tout sauf farfelue.
Dans ce contexte, la raison d’être de Sailcoop
(Stephane Dierick), qui est de « promovoir la voile
comme moyen de mobilité » n’est pas un rêve
fou. Sailcoop propose des traversées « Continent
Corse » à la voile (Toulon – Calvi pour 300 € Aller-
Retour), et prévoit des traversées de l’Atlantique
fin 2022. Actuellement, la coopérative exploite
des monocoques de 15m habitables avec 8 à 10
couchettes, mais elle envisage d’acquérir des
catamarans de 50 à 80 places assises pour les
traversées d’une à trois heures, et, en parallèle,
développer avec des architectes navals des
voiliers susceptibles d’embarquer 100 à 300
personnes pour des navigations bien plus longues,
et rejoindre les Amériques par exemple12.
La difficulté ici n’est pas technologique – maîtrisée
depuis bien longtemps – mais culturelle. On combine
ici mobilité et expérience de la voile…. Mais on
est dans le « slow travel », et SailCoop est avant
tout un pari sur l’acceptation d’un ralentissement
des rythmes de vie et de déplacement. De
fait l’accélération du temps est nocive pour la
planète, et, parallèllement, « la meilleure des
énergies est celle que l’on ne consomme pas ».
11 https://planete.lesechos.fr/solutions/michelin-lance-une-voile-
gonflable-pour-les-navires-13491/
12 https://sailcoop.fr/en-mer/
20
NEPTECH
Les catamarans NepTech zéro-émission
(100% batteries ou à pile à combustible
hydrogène) sont destinés aux opérateurs de
transport de passagers, aux professionnels
du tourisme et aux entreprises de fret. Nep-
Tech a développé des technologies permettant
de diminuer la trainée hydrodynamique et donc
de réduire la consommation énergétique des
navires de l’ordre de 30 à 40%. Les navires Nep-
Tech évoluent ainsi à haute vitesse (jusqu’à 25
nœuds) sans se recharger pendant deux jours
complets, embarquent jusqu’à 150 passagers ou
20 tonnes de marchandises et sont capables de
s’amarrer automatiquement, d’identifier et évi-
ter les obstacles.
Les développements produit de NepTech s’arti-
culent autour de quatre versions partageant une
plateforme et des caractéristiques structurelles
et hydrodynamiques communes :
- NepShuttle : navette maritime hydrogène de
transport de passagers
- NepCargo : navette maritime hydrogène de
transport de marchandises
- NepRiver : navette fluviale zéro-émission
- NepFerry : navette de transport portuaire / de
courte distance
NepTech et EODev ont été laureats de l’appel
à innovations « Mobilités Jeux Olympiques et
Paralympiques Paris 2024 » dans la catégorie
Nouvelles Mobilités & Mobilités Actives, sec-
tion «Fluvial», grâce à leur projet de conception
et d’exploitation de navettes à passagers équi-
pées d’un système de propulsion hydrogène sur
la Seine et à Marseille durant les JOP 2024.
NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
Le Port
du futur 13

Une mutation vers l’écoresponsabilité, avec

13  Véronique Tourrel Clement (UPACA) une rigueur accrue dans les labels et normes
attribués aux Ports en fonction de leur respect
des normes environnementales et de leur action
pour préserver la biodiversité. Ainsi, les Ports
« vertueux » se sont vus décerner un label Pavillon
La mutation des Ports de plaisance Bleu, puis une certification « Port Propre »
attestant que l’ensemble de leurs processus
Les Ports de Plaisance connaissent depuis une
étaient conformes à une norme créée en 2011
décennie plusieurs mutations concommittantes
avec l’AFNOR, norme qui évolue vers une norme
et dépendant les unes des autres :
plus large « Port Propre actif en Biodioversité »16
Une mutation technologique, avec l’émergence de
dispositifs –notamment bornes RFID - et d’applications
Une mutation vers la Responsabilité Sociétale
permettant d’améliorer la gestion des emplacements dans
vis-à-vis du territoire dont il est l’interface
les pannes, le suivi des consommations des plaisanciers, la
« terre-mer », parfois, comme à Marseille, une
sécurité et la (vidéo)-surveillance des pannes, le suivi des
« Ville Port » , et qui verrait le Port de Plaisance
entrées et sorties des navires, mais également destinées
prendre en charge des actions vis-à-vis du
à faciliter l’accès pour les usagers aux services portuaires
territoire, de sa population, de son tourisme, de
voire aux offres touristiques et culturelles du territoire14 .
promotion de son patrimoine et de sa culture,
enfin de soutien à son économie, telles que
Une mutation organisationnelle, qui conduit à
l’initiation de la jeunesse du territoire à la mer,
repenser la configuration des pannes, par exemple
aux activités nautiques et à la plaisance,
en regroupant les plaisanciers en fonction de leurs
la valorisation touristique de sa destination (le
tranches d’âge, ou au contraire en recherchant la
territoire), et la communication (notamment
mixité générationnelle, pour faciliter la transmission
vis-à-vis des visiteurs plaisanciers) sur son
d’expérience entre jeunes plaisanciers et leurs aînés15 .
patrimoine et ses activités culturelles
le soutien aux entreprises et start up du territoire,
Une mutation économique, qui consiste à faire payer les
par exemple en soutenant les initiatives de
services portuaires et les consommations de ressources
ces structures liées à la mer et à la plaisance,
portuaires (électricité, eau). De fait, les bornes RFID, des
par exemple en installant des infrastructures
compteurs temps réel, et les systèmes d’aide à la gestion
d’avitaillement en hydrogène pour favoriser
portuaire associés rendent possible de mesurer en
les entreprises qui développent des activirés
temps réel les consommations des navires de plaisance
(de transport) avec ce nouveau carburant.
à quai, et de les facturer aux usagers. L’usager paie sa
place et se voit facturer les services portuaires qu’il
À terme, le Port du futur devrait être :
utilise en fonction de sa consommation, et non de
- Connecté, tout en gardant de l’humain
façon forfaitaire. Certains ports qui ont utilisé ce type
- Multi-usages et multiservices
de services ont constaté une baisse significative des
- Ouvert sur son environnement, et
consommations d’eau et l’électricité par les plaisanciers.
notamment le territoire
- Sécurisant et sécurisé
- Respectueux de l’environnement,
écoresponsable et responsable
sociétalement vis-à-vis du territoire

14  Cf infra exemple des outils Nautic Spot 16  La prise de conscience de la « responsabilité sociétale » du Port
15  Cf le scénario « Océan de Savoirs » dans la réflexion prospective Cap Plaisance vis-à-vis de son territoire, pourrait déboucher sur des démarches de
2035 en Finistère. type RSE.

21
 Les préalables aux
mutations des Ports
Ces mutations que connaissent (ou vont connaître
à courte échéance) les Ports de Plaisance, et
singulièrement, ceux de la rade de Marseille, posent
un certain nombre de questions et de problèmes.

En tout premier lieu, certaines mutations

qui se dessinent appellent une adaptation
et une simplification règlementaire,
nécessairement au niveau européen :
- Adaptation, car il est impératif de faire évoluer
la réglementation dans les domaines où elle
est à contrecourant de l’évolution de la société
(par exemple tolérance de la location de leurs
bateaux par les usagers sociétaires du Port, ou des
évolutions technologiques (par exemple, utilisation
de l’hydrogène vert pour la propulsion des navires)
NAUTIC SPOT
- Simplification, car il est urgent d’assouplir et
L’optimisation de la gestion portuaire en
d’homogénéiser un corpus règlementaire dans
temps réel, la sécurité sur les pannes,
lequel plusieurs ministères interfèrent - mer+ terre
l’amélioration des services pour l’usager1

En second lieu, on demande aux Ports

Nautic Spot a développé plusieurs produits
d’être tout à la fois ouvert (au territoire, à la
à destination des Ports de Plaisance :
ville, à la population des non-plaisanciers)
- Un capteur ShellSpot, positionné face à
et en même temps sécurisé ?
chaque emplacement, et destiné au suivi en
La réponse à la question repose, pour partie, sur
temps réel de l’occupation des places de Port
les outils de gestion portuaire proposés par le
- Des bouées de mouillage intelligentes
marché, qu’il s’agisse des applications de gestion
et connectées, permettant
portuaire s’appuyant sur un réseau dense de
d’accroître la capacité du Port
bornes RFID, ou d’outils de vidéo surveillance
- Des caméras infrarouge et des
intellignets (par exemple des caméras infrarouges
applications d’IA permettant la détection
détectant des des comportements suspects)
de comportements « douteux »

Enfin, on attend du Port qu’il favorise le

Ces différents outils, reliés à un système
déploiement des innovations liées à la mer
d’information de suivi en temps réel
et à la Plaisance, notamment en créant les
du port de plaisance, permet :
infrastructures requises par ces innovations.
- Le suivi en temps réel du taux
C’est bien sûr déjà le cas pour les infrastructures
d’occupation des places de port
numériques, indispensables pour permettre
- Le suivi en temps réel de l’activité des
aux applications de gestion portuaire de se
bateaux, et notamment l’identification
déployer, qu’il s’agisse de réseux internet
des bateaux ventouse, ou la mise en place
haut débit, de réseaux wifi, ou de bornes
de dispositifs d’incitation à faire « sortir »
RFID pour suivre les navires et places de port
les bateaux (« Challenge incentive » pour
en temps réel dans l’enceinte portuaire.
les bateaux qui sortent le + souvent)
Mais c’est aussi le cas pour les infrastructures
- Le suivi de la sécurité sur le périmètre du Port
liées aux nouvelles énergies (ex.: hydrogène
- Le signalement des incidents
vert). Ici, l’infrastructure est un vrai défi
- Le suivi (et la facturation) des consommations
pour ces énergies, qui ne pourront se
des navires à quai (en eau et en électricité)
déployer que s’il se crée un véritable réseau
de stations d’avitaillement en hydrogène,
nécessairement dans les ports ou à proximité.

1 Jérémy Ladoux / CEO de Nautic Spot

22 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Focus sur les ports de
plaisance en PACA et sur le
Vieux-Port de Marseille
Il n’y a pas moins de 147 ports de plaisance
répartis sur le littoral de la Région
Provence Alpes Côte d’Azur, des Saintes-
Maries de la Mer à Villefranche….
Le département des Bouches-du-Rhône
présente la particularité d’avoir une part
importante de ses ports gérés par des Sociétés
Nautiques, ce qui n’est pas le cas dans le Var
ou dans les Alpes Maritimes, dans lesquels
opérateurs privés, sociétés d’economie mixte
et chambres de commerce prédominent.
Dans le cas du Lacydon, le fractionnement
des différents acteurs (sociétés et clubs
nautiques, ville et métropole, professionnels
du yachting, entreprises privées intervenant
autour du port – maintenance, accastillage,
etc.) ne facilite pas l’éclosion de projets
communs, qu’ils soient de nature technologique
(modernisation des ports), touristique,
économique ou environnemental. Or il y a un
réel besoin d’infrastructures et d’organisation
communes qui n’ont de sens qu’au niveau de
l’ensemble du Vieux-Port, du littoral Marseillais
voire de l’ensemble de la Rade de Marseille.
Cet émiettement des parties prenantes sur le
Lacydon est historique : il est lié à des activités
17
nautiques – pêche, plongée – très diversifiées, et
18
à des groupes de plaisanciers sociologiquement
très variés, à l’image de Marseille… le Vieux-Port
de Marseille n’est pas la Marina de Monaco, et ces
différents acteurs qui ont toujours coexisté sur le
Vieux-Port, font partie de la culture locale. Leur
maintien n’est pas antagoniste avec la participation
à un projet partagé nécessaire, sous réserve que ce
dernier soit porté par une volonté politique forte.
L’ensemble des acteurs publics – Ville
– Métropole – Département – Région –
Etat – doivent s’accorder pour lancer une
réflexion collective sur le Vieux-Port, et
plus généralement sur la plaisance sur la
Rade de Marseille, et faire en sorte que tous
les acteurs aillent dans le même sens
Les JO 2024 sont une opportunité pour une
telle initiative pour le Vieux Port : ils sont tout à
la fois un aiguillon pour un projet collectif, et un
levier de notoriété, mais ce dernier est à double
tranchant : si rien ne se fait pour moderniser
les infrastructures et les services rendus sur
le Vieux-Port, les JO 2024 vont amplifier ces
carences au yeux du monde entier, par presse
internationale interposée. Il reste moins de 2 ans
pour faire en sorte que ce soient les atouts de
ce site que retiennent les visiteurs de 2024..

Type de gestion Nombre d’anneaux

Société d’économie mixte 1350

500
Chanbre de commerce communale 87 Villefranche (Port de la Darse)
(gestion directe ou indirecte : régie) Nice

Golfe Juan

Port des heures claires (Istres) Cannes 1 (Vieux-Port)

Berre-l’Etang
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Porquerolles

17  Véronique Tourrel Clement (UPACA)

18  Christian Oliveres (CNTL)

23
24 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
25
 Les ports de
Marseille en
quête d’un
projet partagé
et d’une volonté
politique pour le
porter

26 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Constat
Les différents participants ont dressé un
constat sur les rapports entre Marseille et la
mer, et partant, sur les Ports qui sont les lieux de
rencontre, les interfaces, entre la ville et la mer :
- Marseille est une capitale de la mer qui
s’ignore : elle tourne le dos à la mer
- De nombreux acteurs interviennent sur les Ports :
sociétés et clubs nautiques, collectivités territoriales
et administrations, entreprises de la filière nautisme
et du transport de passagers etc. mais ces acteurs
nautiques se tournent le dos, et ne se parlent pas
- La règlementation est complexe : relève
de plusieurs autorités terre et mer, et de
plus, elle est souvent à contre courant de
l’évolution de la société (ex : locations)
- Il y a un besoin d’infrastructures communes, qui n’ont
de sens qu’au niveau de l’ensemble du Vieux Port
- Il n’existe pas, à Marseille, au contraire de
nombreux ports, de base de connaissances
sur les plaisanciers et leurs pratiques
Les prérequis pour un projet
partagé sur les Ports de
Plaisance de Marseille
Les participants ont évoqué un certain
nombre de prérequis, qui découlent
directement des constats pré-cités :
Il y a une multiplicité de « parties prenantes »
sur la plaisance à Marseille, et singulièrement
sur ses ports. Ces acteurs doivent « jouer
collectif», travailler ensemble19, administrations
et collectivités territoriales, sociétés nautiques,
partenaires économiques (filière nautisme, filière
touristique, etc..) et construire un vrai projet de
vie en commun pour tous les acteurs du Port
Les collectivités locales doivent afficher une
volonté politique forte concernant cet espace
public que constitue le Port, et prendre
les décisions politiques nécessaires pour
faciliter l’émergence et la mise en œuvre
d’un projet partagé pour les Ports.
En particulier, les collectivités publiques
devront s’attacher à simplifier et à adapter la
réglementation, qui, dans nombre de domaines, est
en décalage par rapport à l’évolution de la société.
C’est le cas pour la location de navires ou pour
l’utilisation de l’hydrogène comme combustible.
De même, Marseille doit pouvoir disposer,
comme nombre de Ports sur le littoral français,
d’un instrument de connaissances sur la
plaisance, les plaisanciers, leurs pratiques, et
leurs évolutions, indispensables pour étayer
un projet politique et guider son pilotage
19  Marie Dominique Champloy Marseille Capitale de la Mer
27
28 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
©Neptech / Créateur : Georges Seguin

29
 Les JO
2024 : une
opportunité
pour un
projet pour
les Ports de
Marseille
Tous les intervenants ont souligné l’opportunité que
constituaient les JO 2024 pour ce projet partagé.
Les JO 2024 sont une véritable aiguillon pour un
projet partagé sur les Ports, en ce qu’ils fixent une
date jalon inamovible, et rendent incontournable de
présenter à cette échéance des premières réalisations
visibles, même si l’ensemble du projet prendra
vraisemblablement plus de 2 ans pour être défini et
réalisé (Objectif : « être prêts pour les JO 2024 ») 20 !

Les JO 2024 sont un levier de notoriété. Marseille, son (futur)

stade nautique, son plan d’eau, mais aussi ses ports, seront
sous le regard – critique ? – des médias du monde entier qui
ne manqueront pas de souligner les carences (actuelles) des
ports, si rien n’est fait, ou de saluer les réalisations du projet,
s’il y en a. Et à travers cela, faire briller Marseille, valoriser
la diversité de nos cultures, et montrer ce que nous aurons
pu faire ensemble, dans le cadre de ce projet partagé.

Les JO 2024 sont un levier puissant pour une plaisance

durable, et un booster d’innovations. En particulier, ils sont
une opportunité pour amorcer la création d’infrastructures
indispensables, par exemple en créant des infrastructures
portuaires d’avitaillement d’hydrogène vert pour les bateaux :
il faut une infrastructure pour 8 bateaux à Hydrogène21 .

20  Exemple de NepTech : passer d’une maquette -modèle réduit au 1/7e-

à la grandeur réelle

21  Chloé Zaied (Hynova)

30 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Vers une
plaisance
collaborative,
écoresponsable,
inclusive,
ouverte sur
son territoire
Ce qui se dessine, au terme des Vers un monde maritime
ateliers, est une nouvelle plaisance,
à l’image des nouveaux plaisanciers, plus vert
plus soucieuse du partage, du
collaboratif (faire ensemble), Ainsi, on voit naître des projets susceptibles
du respect de l’environnement, de rendre le monde maritime plus vert (ou
de l’engagement sociétal. plus bleu), qu’il s’agisse de récupération et de
Est-ce une plaisance fantasmée ? recyclage de déchets, au point d’en faire une
De nombreux points, évoqués dans activité économique rentable22, ou de promouvoir
le colloque, tendent à étayer ces une propulsion par moteur à hydrogène, ou à la
hypothèses sur la nouvelle plaisance. voile, que ce soit pour les bateaux de plaisance,
mais surtout pour les transports de passagers.

Des projets inclusifs et

éducatifs, tournés vers le
territoire et ses habitants
De même voit-on des projets inclusifs et éducatifs,
en partenariat avec des acteurs de la plaisance
(Sociétés Nautiques, Ports de Plaisance) visant
à faire découvrir la mer et la plaisance à des
enfants du territoire23 , par exemple via des sorties
partagées avec des familles des cités, combinant
ainsi inclusion et lien intergénérationnel.

22  Plastic Odyssey

23  Marie Dominique Champloy (Marseille capitale de la mer)

31

Le Port ouvert sur le territoire
Le Port ne se limite pas au rôle d’interface logistique
entre la mer et la terre. Il contribue à valoriser sa
destination, en communicant sur les ressources
culturelles, touristiques, patrimoniales, du territoire
à destination des plaisanciers de passage. Cela
peut aller jusqu’à donner la possibilité, en même
temps que le plaisancier de passage réserve sa
place de port, de réserver des activités culturelles ou
touristiques, des locations de vélos ou de véhicules
électriques pour visiter la ville et ses environs….
Une plaisance connectée
et collaborative
Que la plaisance, au même titre que les ports ou les
navires, soient connectée, ça n’est pas nouveau. Les
applications de navigation, de gestion portuaire,
de réservation de places de Port, existent depuis
plusieurs années. Ce qui est nouveau, c’est la montée
en puissance, de la dimension « collaborative », dans
laquelle les utilisateurs sont créateurs d’informations
et d’avis, qui ont tout autant d’utilité que le service
de base offert par l’application. A l’instar d’Airbnb,
ClickAndBoat permet de consulter les avis de
plaisanciers sur le bateau ou sur le propriétaire
loueur. Navily permet aux plaisanciers de signaler des
mouillages intéressants, ou de donner leur avis sur tel
ou tel mouillage..Mais surtout, des « communautés »
de plaisanciers se créent via Navily, et il est possible
d’envoyer un SOS aux utilisateurs de Navily
naviguant à proximité. On est clairement là dans le
partage d’information, la plaisance collaborative
32
La plaisance : un champ
d’activités économiques
fertile en innovations
On a pu en avoir la démonstration tout au
long du colloque : la plaisance, la mer, sont
un champ où éclosent une foule d’initiatives
économiques, inspirées par les mêmes valeurs,
celles de la génération Z – partage, collaboratif,
développement durable, engagement sociétal, - et,
ce qui n’est pas surprenant, portés précisément
par des représentants de cette génération.
C’est dire que l’un des points communs de ces
créateurs de start up, ces porteurs de projets
innovants, était leur jeunesse et leur dynamisme.
On ne reprendra ici que la liste de ces innovateurs
Plastic Odyssey : Développement
d’une économie en PVD basée sur le
recyclage des déchets plastiques
Nautic Spot : Solutions d’optimisation de
la gestion portuaire, par la supervision en
temps réel et l’amélioration de services
Hynova Yachts : Le premier bateau à Hydrogène
Neptech
SailCoop : Promotion de la voile comme
moyen de se déplacer autrement
Navily : plateforme de partage d’information sur
les mouillages + réservation de places de port
ClickAndBoat : Location de Bateaux sur internet
PLASTIC ODYSSEY
Développement d’une économie en PVD basée
sur le recyclage des déchets plastiques
L’entreprise a été créée en 2016-2017, par deux
jeunes officiers de la Marine Marchande. Son projet :
Susciter la création d’entrepreneurs du recyclage
dans des pays en voie de développement.
On est ici dans l’innovation frugale, la Low Tech,
avec une faible consommation de ressources.
L’esprit : Faire moins avec plus, se débarrasser
du superflu et se centrer sur l’essentiel
L’idée : collecter les déchets plastiques dans les
océans, et créer une activité économique dans
des pays en voie de développement basée sur
le recyclage de ces plastiques, pour en faire des
hydrocarbures, ou des matériaux de construction.
À ce jour, Plastic Odyssey a acheté et équipé un
bateau, avec lequel l’équipe entreprend un tour
du monde dans 30 pays, sur 3 ans, pour inciter et
former (gratuitement) une dizaine d’entrepreneurs
locaux au recyclage des déchets plastiques.
Sur les 10 M€ de budget, il lui reste 2 M€ à trouver.
https://plasticodyssey.org/
NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
Quel futur pour
les ports de
plaisance, à
l’interface entre
la ville et la mer ?
Quels choix dans
les transitions
qu’ils auront à
conduire
Dr HDR Katia Richomme Huet24 a proposé aux participants et
intervenants une présentation magistrale – à tous les sens du terme,
et notamment étymologique – du rôle des ports de plaisance, ces
interfaces entre la ville, le territoire et la mer, et des transitions
que ces ports vont devoir affronter dans les décennies à venir.

24  Professeur Associé Kedge Business School, Chef du Département Strategy, CSR and Entrepreneurship

33
 Quelle vision des Villes-Port
de leurs ports de plaisance ?
Quand les grandes métropoles évoquent leur
nature de « Ville-Port », elles font généralement
référence à leur port de commerce, pas à
leur(s) port(s) de plaisance. Ainsi, la charte de
Marseille Ville Port traite pour l’essentiel de la
relation entre la Ville et son port de commerce.
Or les ports de plaisance sont porteurs
d’enjeux économiques, sociaux, écologiques,
pour leur territoire. C’est le cas pour Marseille,
dont le Vieux-Port, désormais port de
plaisance, est placé au cœur du centre ville.
Il est donc essentiel que la collectivité réfléchisse
à la vision qu’elle a de ses ports de plaisance,
du rôle que ces ports peuvent jouer dans le
devenir du territoire, et qu’elle identifie et
clarifie les choix qu’il lui revient de prendre sur
l’évolution future de ces ports de plaisance.
LE PORT DE PLAISANCE EST UNE INTERFACE
Le port de plaisance est, à plusieurs
titres, une interface,
- Entre différents acteurs : ceux qui pratiquent
la plaisance, ceux qui ne pratiquent pas, mais
sont « spectateurs 25», enfin ceux qui gèrent
le domaine public que constitue le port
- Entre ville et mer, mais au-delà de la
compréhension « topographique » de
cette interface, entre les politiques locales
qui s’appliquent à la Ville, relevant de la
municipalité et de la métropole, et les
politiques globales -ici nationales ou
européennes-, qui s’appliquent à la mer26 .
25  Ce qui est particulièrement vrai pour le Vieux Port de Marseille,
situé au cœur de la cité
26  Ce qui complique singulièrement la mise en œuvre des mutations
de ces ports de plaisance
34
LE PORT DE PLAISANCE EST UN
ÉCOSYSTÈME SOUS CONTRAINTE
Il doit s’adapter à des évolutions technologiques
qui apparaissent sur le marché, qu’elles concernent
le port et son fonctionnement (Smart Port), les
navires (intelligence, autonomie, propulsion)
Il doit s’adapter aux nouveaux usages du
plaisancier, à ses attentes en termes de service
Il subit des contraintes environnementales,
économiques et sociales, qui le concernent
directement (par exemple règlementation
portuaire), ou qui lui sont répercutées
par les systèmes entre lesquels il joue
le rôle d’interface : la mer et la ville
La Mer
Elle est à la fois un bien commun et un espace
de biodiversité, porteur d’un double enjeu :
économique et écologique. Chacun de ces
enjeux induit des contraintes et des attentes,
mais aussi des opportunités pour les ports
Le port doit contribuer aux objectifs
de croissance « bleue »27
Le Port doit contribuer au développement
du tourisme plaisancier, en constituant un
point d’accueil pour ces touristes – tourisme
qui peut, dans certains cas, devenir un
tourisme de masse, parfois incompatible
avec les objectifs de durabilité28
La Ville
Pour la Ville
Le Port doit jouer son rôle de point
d’entrée des touristes plaisanciers,
Le Port doit, dans le même temps
s’ouvrir aux habitants du territoire
Le Port doit participer à la création, autour
et dans son périmètre, de nouveaux lieux de
vie, de nouveaux espaces urbains partagés
Le Port doit s’intégrer dans l’aménagement
du « waterfront », en conciliant sécurité des
plaisanciers et ouverture vers les habitants
27  Cf orientations de l’Union Européenne (2021) concernant une
croissance bleue durable, s’appliquant aux territoires côtiers
28  Cf problématique de l’accueil des bateaux de croisière par la cité
de Venise
NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
Le port est une
interface dans les trois
transitions : économique,
énvironnementale et sociale 29
À l’instar de la plupart des organisations,
les ports de plaisance connaîtront dans
les prochaines décennies trois transitions :
économique, environnementale et sociale.
Certaines sont, au moins en partie, déjà en
cours. Nous listons ci-dessous, sans être
exhaustifs, les différents aspects de ces
transitions, et les questions auxquels les
ports et leurs tutelles devront répondre.
LE PORT DE PLAISANCE, INTERFACE
DE LA TRANSITION ÉCONOMIQUE
Comment préparer la transition économique
vers une économie du partage, de la
collaboration, de la fonctionnalité
L’économie de la plaisance, comme d’autres
secteurs, va connaître une mutation considérable,
liée en partie aux caractéristiques et attentes
de la nouvelle génération de plaisancier. Elle
va passer d’un modèle individuel (ou familial)
de propriété du bateau et de pratique de la
plaisance, vers un modèle d’économie du
partage et de collaboration, d’économie de la
fonctionnalité (l’usage prévaut sur la propriété).
Ceci implique que les ports s’adaptent
- Au développement du partage et de la
mutualisation des bateaux et de leurs
coûts entre particuliers, qu’il s’agisse de
la copropriété des bateaux (quirats) ou
du partage du coût des anneaux.
- Au développement de la location (avec ou
sans skipper) et de la co-navigation via des
plateformes de mise en relation, voire une
forme d’uberisation de la plaisance, avec ou
sans échange monétaire (par exemple dans le
cas de dons, d’échange, ou de volontariat)
- Au vieillissement de ses usagers, et surtout à leur
remplacement par de nouveaux plaisanciers dont
les attentes et les pratiques seront différents, et
notamment en facilitant le transfert d’expérience
et d’expertise entre les générations de plaisanciers
- À de nouveaux rapports, au sein de la population
des nouveaux plaisanciers – occasionnels
notamment – à la propriété et à l’usage
29  Nous avons reformulé les thématiques abordées par Mme
Richomme Huet comme autant de questions que devront se poser
les décideurs en charge de l’avenir des ports de plaisance (ici les
collectivités territoriales), en associant les parties prenantes (usagers,
habitants, professionnels de la filière nautique, gestionnaires des ports,
etc.
Le port devra repenser son modèle économique.
- Comment concilier l’organisation du Port
et les réglementations qui le régissent aux
aspirations de partage et de collaboration
des nouveaux plaisanciers ?
- Comment adapter les prestations du Port et
son organisation aux attentes de ces nouveaux
plaisanciers résidents comme visiteurs (touristes
plaisanciers), notamment en termes de
numérisation, de flexibilité, de partage, d’usage ?
- Comment le Port peut-il assurer la transition
entre les générations de plaisanciers, et
notamment en organisant la transmission de
connaissance, d’expertise et d’expérience ?
Comment contribuer à l’émergence d’une
filière locale d’artisanat et de services
liée à cette nouvelle plaisance ?
Il y a un enjeu économique en termes d’emploi,
pour toute une gamme de prestations d’artisanat
et de services, qu’il s’agisse de la conception,
la construction et la maintenance des navires,
de la remise en état de navigabilité pour les
bateaux non navigables et d’autres services
au bénéfice des plaisan ciers (skippers…).
Il y a également un enjeu à favoriser le
développement de tiers lieux, où pourraient
collaborer des entreprises spécialisées
dans différents volets de la plaisance
(motorisation, propulsion, voiles, aménagement,
maintenance, rénovation, destruction et
recyclage, etc.), voire dotés de fab labs30.
Le port de plaisance, par son positionnement,
peut contribuer au renforcement d’une filière
éonomique liée à la plaisance, et donc contribuer
au maintien et à la création d’emploi.
Comment le port de plaisance peut-il contribuer
à la création d’emplois en favorisant l’émergence
et la consolidation d’une filière nautique
locale, associant des artisans spécialisés,
des prestataires de services, des startups
innovantes, par exemple par la création de tiers
lieux et de fab labs et l’animation de la filière ?
30  Espaces dans lesquels sont mis à disposition des utilisateurs,
professionnels ou non, des outils de fabrication (notamment
imprimantes 3D)
35
 Comment, plus généralement, contribuer
au développement touristique du
territoire, et à la valorisation de son
patrimoine historique et culturel ?
Le port de plaisance, est, à un degré moindre que
le port de commerce qui accueille les navires des
croisiéristes de masse, un point d’entrée pour
les touristes plaisanciers. Au même titre qu’un
aéroport ou une gare, le Port doit contribuer à
l’économie touristique du territoire. En particulier,
il peut aider le plaisancier touriste à organiser son
séjour dans la ville, en lui proposant des activités
touristiques et culturelles (visites de monuments,
de musées), et des services (locations de vélo, de
véhicules, pass touristiques et culturels, etc.).
Le port point d’entrée des plaisanciers
touristes, doit leur « vendre » la Ville et valoriser
son patrimoine touristique et culturel.
Comment construire et organiser, en coopération
avec la Ville et les différents acteurs des filières
touristiques et culturelles, une offre de services
attrayante pour les plaisanciers touristes et
susceptible d’être relayée par le port de plaisance.
Le Port de plaisance, interface de la
transition environnementale.
La transition environnementale est déjà
à l’œuvre. Il existe déjà des dispositifs de
labellisation des ports (Pavillon Bleu, Port
Propre, Port actif en biodiversité). Ils se
traduisent, pour le port de plaisance, par des
exigences croissantes en termes de :
- Maîtrise de la pollution (du milieu marin)
- Recyclage des fluides (huiles) et des déchets
- Gestion des eaux grises et noires
- Politique de dragage
- Création de nurseries pour repeupler des
espèces de faune marine (poissons)
Parallèlement, le développement d’applications
de gestion portuaire, faisant évoluer le port de
plaisance vers un port connecté et intelligent
(smart port) rend possible une incitation à la
sobriété énergétique et hydrique, notamment en
suivant – et en refacturant – les consommations
individuelles des bateaux en énergie ou en eau31 .
À ce stade, il ne s’agit plus d’un simple
« verdissement » du Port de plaisance,
mais de dépasser le clivage entre
exploitation et préservation.
Le port doit s’engager dans l’économie
bleue, au-delà d’un simple verdissement du
port de plaisance, et dépassant le clivage
entre exploitation et préservation.
Comment engager, et à quel niveau, le port
dans l’économie bleue ? Quel label, quelle
norme, doit-on, peut-on viser, et à quelle
échéance ? Comment faire de cet engagement
31  Certains ports ont vu leur consommation d’énergie et d’eau
réduite de 30%
36
dans l’économie bleue un projet partagé entre
les différentes parties prenantes du port ?
Parallèlement, côté navires, de nombreuses
initiatives32 tendent à promouvoir de nouveaux
modes de propulsion (hydrogène, voile) ou la
collecte et le recyclage des déchets marins. Or
le port a un rôle clé à jouer dans le déploiement
de ces initiatives innovantes, par exemples dans
la mise en place des indispensables stations
d’avitaillement (par exemple pour l’hydrogène).
Le port doit jouer un rôle actif pour
promouvoir des réponses innovantes à
l’enjeu de décarbonation de l’économie.
Comment adapter les règlements applicables
aux Ports de Plaisance (notamment en termes de
sécurité) pour soutenir le déploiement de nouveaux
modes de propulsion, ou la création de filières
de collecte et de recyclage de déchets marins ?
Le Port de plaisance, interface
de la transition sociale
Le troisième volet (ou pilier) de la transition est
sociale. Elle est clairement liée au lien entre
le port et la Ville, et à travers la Ville, à ses
habitants, qu’ils soient plaisanciers passionnés,
occasionnels, ou simplement spectateurs…
La Ville peut en effet souhaiter que son Port de
Plaisance s’ouvre sur ses habitants, et contribue
à promouvoir l’égalité, la diversité, l’inclusion,
par exemple vers les femmes –encore sous-
représentées dans la plaisance - ; les personnes
en situations de handicap, les jeunes issus de
quartiers et de familles défavorisés, etc..
Le port de plaisance doit s’ouvrir sur la diversité
des habitants de la Ville, et promouvoir
l’égalité, la diversité et l’inclusion
Comment le port de plaisance peut-il
s’ouvrir à différents publics notamment
défavorisés, pour leur donner accès à la
plaisance, par exemple en partenariat avec
des associations représentant ces publics ?
On a vu plus haut que le port de plaisance
pouvait jouer le rôle de transmission de la
connaissance entre générations de plaisanciers.
Il peut être également un vecteur de
transmission de la connaissance à destination
des différents publics de la ville ; en tenant
compte de la diversité de ces publics.
Comment le Port peut-il organiser l’initiation et la
formation des publics cibles à la plaisance, à la mer,
notamment en partenariat avec des associations ?
32  Dont certaines ont été présentées au cours du colloque Nouvelle
Erre
NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022

Recommandations
et pistes de réflexion
Il y a de toute évidence un projet à construire
pour le Port, en associant toutes les parties
prenantes. Ce projet devra proposer des réponses
concrètes et opérationnelles aux 9 questions
posées dans le paragraphe précédent.
Mais pour assurer cohérence d’ensemble des
réponses à ces questions, il conviendra de
garder présentes à l’esprit des lignes directrices,
des orientations stratégiques qui façonneront
la vision du port de plaisance du futur.
INNOVER, MAIS DANS UN OBJECTIF
DE DURABILITÉ, DE SOBRIÉTÉ
Une première orientation vise à faire
de l’innovation l’un des moteurs de la
mutation du port de plaisance.
Mais cette innovation – qu’elle soit technologique
ou organisationnelle – doit viser à la sobriété
– en énergie, en eau, mais également en
consommation de l’espace public – des
processus de fonctionnement du port, et de
ses usagers, et à la durabilité des impacts du
port et de l’activité nautique en général, sur
leur environnement (pollution, rejets, déchets,
préservation du milieu marin, biodiversité…).
Ceci passe par exemple :
- Par une priorité donnée aux Low Tech33 , plus
durables, plus sobres en énergie, plus simples
à maintenir, en privilégiant celles qui sont utiles
et accessibles. Ceci n’exclut pas le recours aux
high tech dans certaines fonctions où elles
sont indispensables (sécurité, navigation) ou
lorsqu’elles contribuent précisement à la sobriété
dans la consommation d’énergie et d’eau (par
exemple dans les applications de type smart port).
- Par une réflexion visant à repenser la chaîne
de valeur du Port et du nautisme, c’est-à-dire
une réflexion lucide et sans a priori sur les
différentes activités du Port, les services qu’il
rend (ou pourrait rendre) aux usagers, sur la
création effective de valeur de chacune de ces
activités pour l’usager et le client, mais surtout
en tenant compte des attentes des nouvelles
générations de plaisanciers, qui ne sont plus celles
des plaisanciers actuels, comme on l’a vu plus
haut 34 Ceci induira probablement une remise en
question des services proposés aux plaisanciers
résidents, comme aux plaisanciers touristes, mais
également aux publics de la Ville vers lesquels le
Port souhaitera s’ouvrir (par exemple les jeunes).
- Par une réflexion sur ce que le Port peut apporter
à la Ville, à sa population, à son économie, que
ce soit en valorisant le patrimoine de la Ville, en
faisant la promotion de son offre touristique et
culturelle, en s’ouvrant aux publics de la Ville, pour
les initier et les éduquer à la mer et à la plaisance,
mais également en soutenant des entreprises
locales innovantes dans le domaine de la plaisance
et de la mer, par exemple en facilitant des
expérimentations d’énergies vertes (hydrogène)
ou des activités de recyclage de déchets.
- Par une palette d’actions concrètes visant à
préserver l’environnement et la biodiversité, à
travers la réduction, la collecte et le recyclage
des déchets, la création de nurseries, la
préservation de la qualité santaire et alimentaire
33  La Low-Tech (technologie « basse », par opposition aux « high
tech ») doit être durable, à savoir, «robuste, réparable, recyclable». Elle
doit être pensée «pour que son impact écologique et social soit optimal
depuis la production, la distribution, l’usage et jusqu’à la fin de vie
34  Dans le chapitre 3 : Le plaisancier du futur
37
CHANGER LE « BUSINESS MODEL », LES CODES,
VOIRE LE MODÈLE CULTUREL DU NAUTISME ET
DU PORT DE PLAISANCE
Ce sera probablement le plus difficile : accepter
le fait que la plaisance de demain ne sera pas
la plaisance d’hier et d’aujourd’hui, parce que
le contexte énergétique, environnemental,
sociétal a profondément évolué, et parce
que le plaisancier lui-même a changé, dans
ses attentes, ses pratiques, et sa sensibilité
aux exigences de son environnement.
Il faut disrupter en déconstruisant les codes du
nautisme, qu’il s’agisse des règles écrites (lois et
régflements) qui régissent les activités nautiques
et le fonctionnement des ports, mais également
ce que l’on considérait jusqu’à aujourd’hui
comme des « invariants » de l’activité : mode
de propriété des bateaux, pratique individuelle
ou familiale, occasionnelle ou fréquente,
Ceci passe en particulier :
CHANGER DE PERSPECTIVE, AVOIR UN REGARD
PROSPECTIF, PENSER L’IMPENSABLE, « SORTIR
DU CADRE »
Mais surtout, pour innover, et pour appréhender
les changements radicaux qui se dessinent, nous
devrons libérer notre pensée et notre réflexion.
Le colloque Nouvelle Erre se veut prospectif.
Ceci nous invite à se placer à un horizon
lointain, en 2040 ou 2050, à chasser les idées
reçues, « penser l’impensable 36», la prospective
étant une « indiscipline intellectuelle37 »
Dans son intervention d’ouverture, Jacques
Rougerie nous a invités à « sortir du cadre »
Katia Richomme Huet nous invite, dans le même
esprit, à changer de perspective, à se placer
du point de vue d’autres acteurs et parties
prenantes : la Mer, la Ville, ses habitants, etc.
36  Hermann Kahn

- Par une remise en question des règlementations 37  Michel Godet

nationales ou locales régissant le

fonctionnement des ports (position vis-à-
vis de la propriété, de la location, freins à
l’utilisation de certaines énergies vertes, etc..)

- Par le choix délibéré s’adopter et de mettre en

pratique les bonnes pratiques de l’économie
du partage, du collaboratif, de l’économie
de la fonctionnalité, de la sobriété, tout
en respectant les impératifs de sécurité
– sur les pannes comme en sur mer –

- Par une remise en question des activités et

des services rendus par le Port aux usagers –
plaisanciers résidents, plaisanciers visiteurs,
autres usagers visiteurs – et au territoire, et
les modalités de « facturation » de ces services,
par une remise en question l’utilisation de
l’espace public maritime, bien commun, que
constitue le port, notamment dans le but d’une
optimisation de son utilisation (attitude vis-
à-vis des bateaux non navigables, ou sortant
peu, occupant une place à l’eau, par exemple)
Par le développement d’un rôle35 de valorisaton
et de transmission de connaissances, de
compétences, de capacités, et de formation,
non seulement pour les plaisanciers, mais
également pour les publics de la Ville Port.

35  que jouent déjà, dans une certaine mesure, les sociétés nautiques
à destination de leurs sociétaires, à travers des commissions
d’échanges de pratiques de navigation, des sessions de formation
interne, d’école de plaisance, etc..
38 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022
Nous souhaitons remercier très chaleureusement l’ensemble
des intervenants des rencontres Nouvelle Erre 2022

Simon Bernard (CEO Plastic Odyssey), Nicolas Carlési (Founder & CEO IADYS), Marie-
Dominique Champloy (Directrice Marseille Capitale de la Mer), Hugues de Cibon (Directeur
Général des Services délégué Métropole Aix Marseille Provence), Stéphane Dierick (co-fondateur
Sailcoop), Edouard Fiess (Fondateur de Navily), Tanguy Goetz (CEO de NepTech), Jérémy
Ladoux (CEO de Nautic Spot), Christian Oliveres (membre du Comité Directeur CNTL-Marseille)
Ingrid Peuziat (Maitre de Conférence en Géographie, Laboratoire Littoral Environnement
Géomatique, Université Bretagne), Dr HDR Katia Richomme Huet (Professeur Associé Kedge
Business School, Chef du département stratégie, CSR and Entrepreneurship), Jacques Rougerie
(Architecte océanographe, membre de l’Académie), Véronique Tourrel Clément (Déléguée
Générale de l’Union des Ports de Plaisance Provence-Alpes Côte d’Azur et Monaco), Guillaume
Ruoppolo (photographe sous-marin), Adélaïde de Villaine (Vice-Présidente Click and Boat)

Merci à nos partenaires qui ont rendu ces rencontres possibles

Banque Populaire Méditerranée

Action Automobile
Union des Ports de Plaisance Provence-Alpes Côte d’Azur et Monaco
France Bleu Provence
La FrenchTech Aix-Marseille Région Sud

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40 NOUVELLE ERRE / SYNTHÈSE 2022