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C onco
5e édition
L’entretien
avec le jury
Épreuve orale et recrutement
La
documentation
Française
L’entretien avec le jury
PARUTIONS RÉCENTES
/ L’Europe aux concours (à paraître en 2021)
Michel Dumoulin
/ Les finances publiques aux concours (2020)
Franck Waserman
/ L’économie aux concours (2019)
Jean-Louis Doney
/ Les questions sociales aux concours (2019)
Suzanne Maury
DILA
Édition
Sylvie Gendrot
Création graphique
Sandra Lumbroso
Studio graphique multimédia de la Dila
Secrétariat d’édition
Jean-François Roberts
Mise en page
Éliane Rakoto
Impression
DILA
PRÉSENTATION............................................................................................... 7
Chapitre 1
Quelle stratégie adopter ?............................................................................... 9
1. Pourquoi être stratège ?................................................................................................... 11
2. Comment être stratège ?................................................................................................. 11
3. La place de cet ouvrage dans votre plan d’action........................................................ 13
Chapitre 2
Qui sont les protagonistes de l’entretien ?.................................................... 15
1. Le jury................................................................................................................................. 17
2. Le candidat........................................................................................................................ 21
Chapitre 3
Quelles sont les caractéristiques d’un exposé performant ?........................ 27
1. Un exposé conforme aux « règles du jeu »..................................................................... 31
2. Un exposé personnel....................................................................................................... 43
3. Un exposé structuré et logique...................................................................................... 43
4. Un exposé explicite, concret et mémorisable............................................................... 44
5. Un exposé clair et compréhensible................................................................................ 45
6. Un exposé doté d’une introduction et d’une conclusion percutantes..................... 47
7. Un exposé valorisant........................................................................................................ 52
8. Un exposé dynamique..................................................................................................... 54
Chapitre 4
Quelle est la démarche à suivre pour réaliser un exposé performant ?....... 65
1. Inventorier......................................................................................................................... 69
2. Trier..................................................................................................................................... 80
Chapitre 5
Comment répondre aux questions ?............................................................... 115
1. Quelles seront les questions ? Anticipez !...................................................................... 118
2. Quelle est la finalité des questions ?.............................................................................. 131
3. Quelle sera la forme des questions ?.............................................................................. 133
4. Quelle est la bonne démarche pour répondre aux questions ?.................................. 136
5. Comment répondre aux objections ?............................................................................. 145
6. Comment disposer des informations pour répondre ?................................................ 147
7. Comment acquérir un esprit d’à-propos pour répondre vite et bien ?..................... 152
Chapitre 6
Comment vivre le face-à-face ?....................................................................... 159
1. Quelle tenue vestimentaire choisir ?.............................................................................. 161
2. Les premières minutes..................................................................................................... 162
3. La présence du candidat tout au long de l’entretien................................................... 163
4. Prendre congé du jury..................................................................................................... 167
Chapitre 7
Gérer son trac................................................................................................... 169
1. Définition et description du mécanisme....................................................................... 171
2. L’objectif raisonnable : adopter une stratégie de gestion, un rituel.......................... 174
3. Les trucs et astuces........................................................................................................... 176
Chapitre 8
Que faire après l’entretien avec le jury ?........................................................ 187
Conclusion....................................................................................................... 191
Bibliographie.................................................................................................. 193
PRÉSENTATION
PRÉSENTATION
Vous avez décidé de vous présenter à un concours ou bien vous hésitez encore,
notamment parce que vous ne savez pas comment aborder ce projet.
Quelle que soit votre situation, cet ouvrage vous apportera des conseils pra-
tiques pour faciliter et optimiser votre préparation à l’épreuve orale d’entretien
avec le jury, une épreuve présente dans de nombreux concours et examens
professionnels.
Cet ouvrage est issu des nombreuses formations animées par l’auteure et
destinées à des candidats de tous niveaux. C’est à partir de leurs attentes, de
leurs appréhensions, de leurs questions, de leurs maladresses et réussites que
les différents chapitres ont été conçus et rédigés.
Dans cet ouvrage, nous utilisons le terme générique de « concours » ; en réalité,
la présentation sous forme d’exposé de la fonction ou de la carrière est une
épreuve que l’on trouve dans des cadres variés :
– divers concours d’accès à la fonction publique ;
– des concours ou examens professionnels pour l’accès à un grade supérieur ;
– des concours d’accès à une école (par exemple, aux instituts régionaux
d’administration [IRA]) ;
– des épreuves de sélection.
Dans la plupart des concours administratifs, l’épreuve orale s’intitule « entre-
tien avec le jury » ou « conversation avec le jury » et elle est structurée en
deux parties :
– le candidat présente sa fonction ou sa carrière ;
– puis le jury pose des questions.
Nous étudierons successivement ces moments.
Dans cet ouvrage, vous trouverez une méthode et des conseils mais rien de tout
cela ne remplacera une indispensable réflexion approfondie sur votre carrière
(passée et à venir), sur votre motivation, ainsi que sur votre positionnement par
rapport au service public et aux grandes problématiques du moment. Il vous
faudra aussi être capable de réfléchir rapidement et d’avoir un esprit d’analyse.
Pour la plupart des candidats, la préparation au concours vient s’ajouter à
une vie professionnelle prenante et à des engagements familiaux. Le défi est
d’atteindre son objectif – être reçu au concours – sans trop porter préjudice
aux autres composantes de sa vie. Nous conseillons donc à chacune et cha-
cun de démarrer son cheminement vers le « jour J » le plus tôt possible et de
prendre le temps, au préalable, de s’organiser grâce à un plan d’action. C’est
l’objet du premier chapitre de cet ouvrage.
Les chapitres 2, 3, 4 et 5 portent sur la préparation de l’exposé et des questions.
Puis on trouvera dans le chapitre 6 des conseils pour « vivre le face-à-face » ;
le chapitre 7, enfin, est dédié à la gestion du trac, qui concerne de nombreux
candidats.
Dans ce premier chapitre, nous vous donnons un conseil qui sera détermi-
nant : soyez stratège.
Pour les candidats qui présentent un dossier RAEP, nous verrons que l’oral se prépare
RAEP
Commentaire
Dans la deuxième colonne, vous pouvez inscrire plusieurs moyens et, dans la
colonne suivante, vous associerez une échéance à chacun d’eux.
Vous fixer une échéance précise (par exemple, le 15 mars) est toujours une
bonne mesure. Lorsque vous consultez votre tableau, la date butoir engendre
* Une date d’échéance correspond à une action qui doit être terminée à une date précise tandis
qu’une date de démarrage est associée à une action qui va se prolonger jusqu’à l’oral ; exemple :
adopter systématiquement une posture dynamique et ouverte.
1. Le jury
☛ Nous reviendrons un peu plus loin (chapitre 3, section « Un exposé conforme
aux “règles du jeu” ») sur les moyens dont dispose le candidat pour connaître la
probable grille d’évaluation du jury.
Vous pouvez aussi lire les recommandations données au jury par la direction
générale de la fonction publique sur le site www.fonction-publique.gouv.fr
(onglet > Publications par thème > Recrutement).
cette question étrange et ils y répondent en citant les missions du jury. Ils
oublient ainsi qu’ils ne s’adressent pas à une entité globale mais à des hommes
et à des femmes qui ont des attentes à leur égard… Intéressons-nous à eux
quelques instants.
Qu’est-ce que chaque examinateur peut attendre du candidat ?
❯ Du respect : de la courtoisie, une tenue adaptée, le respect du temps imparti
pour l’exposé, un niveau de langage et de vocabulaire adapté.
❯ Du confort, c’est-à-dire :
– un discours audible : il est difficile de tendre l’oreille et d’être attentif
pendant trente minutes (durée fréquente des oraux) et qui plus est toute une
journée. Tenez compte du fait qu’être membre de jury demande une attention
soutenue ; c’est donc une activité fatigante ;
– un discours facile à suivre et à comprendre donc construit, logique, concret.
❯ Des informations intéressantes et non un catalogue de tâches accomplies
ou un bavardage.
❯ Des réponses aux questions posées.
❯ Et pourquoi pas, grâce à la pédagogie du candidat, la découverte d’une
activité, d’un processus ou d’un métier particulier ?
Vous ne parlez pas à une entité « jury » mais à des personnes qui attendent de
la considération de votre part ; établissez donc immédiatement une relation
avec chacun par le regard.
2. Le candidat
Dans les deux paragraphes suivants, nous vous proposons des conseils pour
adopter une posture convaincante ; des antidotes, en quelque sorte…
que vous avez les compétences et le potentiel nécessaires afin d’occuper telle
fonction ou des fonctions correspondant à tel grade.
L’exposé n’est donc ni un catalogue ni un récit, mais une construction stra-
tégique et argumentée issue de choix bien réfléchis pour vous valoriser dans
un environnement concurrentiel (constitué des autres candidats).
le contenu la relation
Le candidat se focalise bien souvent sur le contenu : que dire ? Est-ce juste ?
Cela est certes indispensable mais pas suffisant.
Qu’est-ce que la relation ? C’est la production (et l’échange) de signes de
reconnaissance qui signifient à l’interlocuteur qu’il est important à nos yeux et
que c’est vraiment à lui que nous voulons nous adresser : un « bonjour » cha-
leureux, un vrai regard, un sourire, un niveau de langage adapté, etc.
Puisque l’interaction entre le contenu et la relation est aussi automatique que
forte, le candidat qui néglige la relation suscite moins d’attention, est moins
bien compris et donc moins apprécié.
Nous avons tous, dans notre cursus scolaire, fait l’expérience de l’interaction
entre les deux composantes : nous nous rappelons le professeur qui nous a
fait aimer telle matière parce qu’il était sympathique ou, à l’inverse, celui qui
nous a dégoûté de telle autre parce qu’il était antipathique.
❯ Deuxième fondamental : toute communication est une interaction entre
les interlocuteurs, une interaction « pour le meilleur et pour le pire ».
Concrètement, si le candidat se montre agréable (assez détendu, souriant), le
jury aura tendance à l’être aussi. Si le candidat paraît fermé, méfiant, le jury
aura tendance à l’être aussi.
Nous avons vu dans le paragraphe précédent que les idées engendrent les
comportements : abandonnez donc la position de la « victime » comparaissant
devant des « bourreaux ». Par le phénomène de l’interaction, le comportement
de « victime » risque de susciter celle de « bourreau ». Les membres du jury
n’apprécient pas d’être considérés comme tels.
Évitez donc les analyses négatives immédiates lorsque le jury pose une ques-
tion : « Mais pourquoi cette question ? Pourquoi à moi ? Mais que cherche-t-il
donc ? C’est probablement pour me déstabiliser… Je n’ai pas de chance… J’ai
déjà répondu à une question semblable ; il le fait exprès ? »
Cette analyse négative vous fait courir deux risques :
– l’appauvrissement de votre réponse car le cerveau est moins performant
lorsqu’il doit faire deux choses simultanément : analyser la motivation de la
question et trouver la réponse ;
– l’adoption inconsciente d’un ton un peu vif, agacé.
Pour acquérir un comportement calme, professionnel, relationnel, nous vous
proposons d’adopter une représentation objective (professionnelle) de la
situation : « Dans cet entretien, chacun fait son métier : le jury m’évalue tandis
que je fais la démonstration de ma valeur. »
Les membres des jurys sont a priori bienveillants vis-à-vis de chaque candidat.
Ils font consciencieusement leur travail. Cependant, le jury peut vouloir tester
les capacités relationnelles du candidat en situation un peu difficile et, par
conséquent, lui poser une question déstabilisante.
Nous vous conseillons donc d’adopter l’état d’esprit suivant : « Le jury pose
les questions et j’y réponds le mieux possible ; l’important est de mobiliser
mon énergie pour trouver une réponse et non la raison de la question. Je suis
dans l’instant présent, ici et maintenant, focalisé sur mon objectif : démontrer
ma valeur. »
La communication est une interaction
Deux scénarios sont possibles : évidemment vous viserez le schéma 2
Scénario 1 Scénario 2
LE CANDIDAT LE CANDIDAT
Pensées Pensées
limitantes objectives
facilitantes
Comportement
Comportement
son pronostic négatif
défensif,
encouragé, dynamisé
Le candidat se sent
Le candidat valide
LE JURY LE JURY
Le jury n’a pas envie Le jury a envie
d’être avenant d’être avenant
■ Exemple
Prenons l’exemple d’une question particulièrement déstabilisante : « Pourquoi
votre déroulement de carrière est-il si chaotique ? »
Sur la forme, les exposés ont été, le plus souvent, appris par cœur. Certains
candidats, stressés, ont parfois perdu le fil et leurs moyens. Préoccupés par
la peur d’oublier un mot, les candidats perdent alors le contact avec le jury
alors même que les dix minutes d’exposé constituent le premier moyen dont
disposent les candidats pour retenir l’attention du jury.
Le jury apprécie, durant l’exposé, la qualité de l’expression des candidats. Il
convient de rappeler sur ce point que, si l’exposé doit être préparé avec soin,
sa présentation doit être la plus naturelle possible.
Un entraînement est indispensable et un passage devant un jury fictif très utile
pour tester son intervention et éviter les principaux écueils. »
1 2
Conforme aux règles du jeu Personnel
3 4
Structuré et logique Explicite, concret, mémorisable
6 5
Doté d’une introduction et d’une conclusion Clair et compréhensible
percutantes et complètes
7
8 Valorisant
Dynamique
Ces huit caractéristiques sont développées dans les pages qui suivent.
ché » ou un rapport d’activité, il faut trouver un plan différent pour l’exposé. L’objectif
est bien entendu le même : prouver que vous avez les compétences attendues.
Autre élément à prendre en compte : le style écrit du document ne conviendrait pas
pour l’oral, qui requiert notamment des phrases courtes.
Si ce n’est pas le cas, vous trouverez une bonne partie des informations
recherchées en lisant l’arrêté fixant les modalités du concours, mais aussi les
rapports des jurys des années précédentes.
■ Exemples
Extraits d’un rapport de jury :
« Le jury a eu à cœur de centrer ses questions sur les domaines d’excellence du
candidat afin que puisse s’instaurer un dialogue riche, seul à même de donner
au jury la possibilité d’évaluer la hauteur de vue et le sens de l’anticipation du
candidat ainsi que sa compréhension de sa mission. »
Un peu plus loin :
« […] capacité d’analyse des enjeux pour le ministère, présentation de son
action dans le contexte issu des réformes récentes […]. »
« Les candidats doivent connaître les priorités du ministère, les grands chantiers
dans lesquels il est engagé. »
Ces quelques extraits fournissent des indications non seulement sur les
orientations à donner à l’exposé, mais aussi sur le type de questions posées.
À titre d’exemple, vous trouverez ci-dessous des grilles d’évaluation proposées
par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP)
dans son Guide pratique des concours administratifs à l’usage des présidents et
membres de jurys paru en 2015.
Grille 1 :
Items A B C D E
Grille 2 :
Qualités de fond :
Compréhension des questions
Capacité : de raisonnement à tenir un discours critique, Très faible
argumenté Faible
Connaissance de l’environnement professionnel Moyen
Qualité d’écoute et de dialogue Bon
Force de conviction Excellent
Appropriations des valeurs du service public
Questions/ Authenticité et pertinence de la motivation
réponses
Aptitude à exercer des fonctions de responsabilité points/10
Grille 3 :
Concours IRA
Nom et prénom du candidat :
Jury :
Présentation orale
(Présentation par le candidat de son parcours,
de ses motivations et échanges avec le jury)
Motivations du candidat
DIAGNOSTIC
SYNTHESE
Les cinq grilles ci-dessous, utilisées par des jurys (2019-2021), vous donneront
une idée de la façon dont les jurys peuvent mener l’évaluation d’un candidat.
Qualité de l’entretien
Qualité de la présentation : vocabulaire, débit, ton de voix, clarté
Qualité de l’exposé : durée, structure, contenu
Qualité de réponse aux questions : précision, concision, argumentation
Attitudes vis-à-vis du jury : interaction, réponses aux questions
Capacité à exercer les missions d’attaché
Capacité à être force de proposition opérationnelle, à argumenter
Capacité à apprécier, à décider, sens des responsabilités
Capacités à manager et à travailler en équipe
Autonomie, adaptation, technicité
Capacité à représenter le service
Environnement et parcours professionnels
Connaissance de l’environnement professionnel et institutionnel
Connaissance des missions et fonctions d’un attaché
Inscription dans un projet professionnel (parcours et projection)
NOM
PRÉNOM
PROJET PROFESSIONNEL
Explicitation du projet à court et moyen terme
Projection dans le corps interministériel des attachés Faible Moyen Bon Très bon
d’administration de l’État
Projection à partir de l’expérience administrative dans un ministère
sur des missions différentes et sur une diversité de postes
MOTIVATIONS
Projection sur le service rendu à l’usager Faible Moyen Bon Très bon
et ses modalités de mise en œuvre
Projection sur la mobilité fonctionnelle et géographique
Attentes de la formation à l’IRA
APTITUDES
Évaluation notamment par des mises en situation Faible Moyen Bon Très bon
Travail en équipe et capacité à travailler en mode collaboratif
Esprit de responsabilité et prise de responsabilités
Conduite du changement
Esprit de loyauté
Sens de la déontologie
Gestion des crises
Mise en œuvre d’une politique publique relevant de l’État
dans un environnement administratif spécifique
Capacités à intégrer une nouvelle culture administrative
QUALITÉS COMPORTEMENTALES
Expression claire, précise et argumentée Faible Moyen Bon Très bon
Écoute et ouverture d’esprit
Posture et attitude
Réactivité et prise de recul
CONCLUSION
SYNTHÈSE, incluant les atouts et freins
NOTE/20
PRINCIPES D’ÉVALUATION
Faible : la réponse ne correspond pas à la question posée ou fournit très peu d’informations
pertinentes
Bon : La réponse fournit des informations claires et tous – ou quasiment tous – les éléments de
preuve. Les éléments évalués sont bien abordés, mais quelques petites améliorations pourraient
être apportées.
Très bon : La réponse fournit toutes les informations et éléments de preuve requis et il n’y a
aucun élément inquiétant ni aucun point faible. Les éléments évalués sont abordés à tous les
égards de manière convaincante et appropriée.
2. Un exposé personnel
Votre exposé de fonction ne peut évidemment pas être la reprise de celui
d’un collègue ayant réussi l’an passé le même concours ou le même examen
professionnel. Il diffère également de la fiche de fonction que vous avez peut-
être reçue à votre entrée dans le service. En effet, vous allez évoquer ce que
vous avez effectivement réalisé ainsi que vos actions marquantes. Il s’agit de
la manière dont vous avez incarné le poste.
Vous emploierez le pronom « je » – ou le « nous » pour évoquer un travail en
équipe – et vous éviterez l’impersonnel « on ».
■ Exemple
Un candidat a élaboré un document unique d’évaluation des risques pro-
fessionnels (DUERP). Un travail d’ampleur qu’il a bien raison de présenter
Cependant, il explique avec force détails en quoi cela consiste et donne un
peu l’impression de faire un cours. Il aurait été plus utile de parler des enjeux
pour son service, de la méthode employée et des impacts du document une
fois celui-ci constitué. C’est-à-dire, de parler de lui et de son environnement.
Au cours de l’exposé, employez (à bon escient) les mots de liaison pour nuan-
cer votre pensée et relier les idées entre elles. Nous vous rappelons ci-dessous
quelques exemples de ces mots.
4. Un exposé explicite,
concret et mémorisable
Les membres du jury ne peuvent pas tout savoir, il faut donc être explicite.
L’exposé n’est pas un jeu de devinettes. L’un des défis de l’épreuve est de réussir
à être clair et néanmoins synthétique.
■ Exemple
« Je réalise telle opération pour limiter les risques. » De quels risques s’agit-il ?
Nous comprenons et mémorisons mieux ce qui est concret. Alors aidez les
examinateurs et illustrez votre propos avec des exemples et des chiffres signi-
ficatifs, bien choisis. Évidemment, n’en faites pas trop.
■ Exemples
« Le service est impliqué dans toutes sortes de crises ; par exemple, la dernière
était celle de la pollution d’une rivière. Juste avant, nous avions dû faire face à
la présence de substances toxiques dans un produit alimentaire. »
« Après rénovation du site internet, le nombre de consultations a doublé. »
Remarque : « doublé » est plus significatif que « est passé de 3 604 à 8 233 » (par
exemple), qui appelle un calcul.
1. L’introduction
Les candidats se posent souvent cette question : « Dois-je commencer par “je
m’appelle…” ? »
La réponse est « oui » si vous n’avez pas encore été identifié par le jury.
La réponse est « non » si l’huissier vous a annoncé ou si l’un des membres du
jury vous a interpellé (« Monsieur ou Madame X ? »), ou bien si vous vous
êtes d’emblée présenté au moment où vous avez salué le jury, comme vous le
faites lorsque vous rencontrez quelqu’un pour la première fois dans le cadre
professionnel.
■ Exemple
« Bonjour Mesdames, bonjour Messieurs, Jules Dupont. »
2. La conclusion
C’est certainement la partie la plus délicate de l’exposé. D’ailleurs, elle est bien
pauvre chez de nombreux candidats qui se contentent de dire, en une phrase,
des banalités telles que : « La réussite à ce concours me permettra :
– de donner un nouvel élan à ma carrière (oui, mais lequel ?) ;
– ou d’acquérir de nouvelles compétences ou de continuer à m’épanouir » (oui,
mais nous avons vu que le jury cherche à évaluer les compétences figurant
dans le profil recherché).
Rappelez-vous que le jury a pour objectif le « recrutement de professionnels
compétents ». La conclusion doit être dans la ligne de votre exposé, donc
personnelle et logique.
L’orientation de la conclusion est double :
– reprendre synthétiquement les points forts de votre expérience ;
– évoquer votre motivation.
1. Le RIME, accessible par le site fonction-publique.gouv.fr compte, dans sa version 2017 (3e édition),
282 emplois-référence répartis dans 28 domaines fonctionnels.
2. htpps://place-emploi-public.gouv. fr : le site regroupe toutes les offres d’emploi des trois versants
de la fonction publique (d’État, territoriale et hospitalière).
7. Un exposé valorisant
Précisons : « astucieusement » valorisant.
Vous vous valorisez, certes, mais vous évitez de dévaloriser votre service, son
organisation ou votre supérieur hiérarchique.
8. Un exposé dynamique
☛ Si, pour concevoir l’exposé, vous êtes plus à l’aise avec la rédaction… rédigez,
corrigez et, une fois l’exposé stabilisé, mettez en forme le plan détaillé.
■ Exemple
Nous vous proposons ici un exemple de plan détaillé.
La consigne donnée était : la « présentation de la carrière depuis l’entrée dans
le ministère ». Le grade visé était A (type attaché principal).
Introduction
Issu promo inspecteurs XX
14 ans expérience diversifiée vision transversale activité direction
3 missions, 3 approches, techniques et apports complémentaires
Mission 1 : terrain – gestion et contrôle
Mission 2 : caractère juridique international
Mission 3 : appui technique.
I) Mission terrain
2 parties :
– contrôle ;
– gestion.
1-1. Contrôle
Vérificateur
Mission : contrôles types A, B et C/PME
1-2. Gestion : 2 postes
1-2.1 : renfort cellule X
Mission particulière : sécurisation et identification
Moyens déployés : XXX
1-2.2 : audit cellule Z
Moyen : ciblage
Résultat : production de grille d”analyse risques
Bénéfice : mesurer la potentialité…
Les dossiers que je Trop flou ! En quoi Les dossiers que je traite ont un fort enjeu.
traite sont importants, ces dossiers sont-ils Ils sont directement suivis par le cabinet du
je dois donc être importants ? Quel est ministre car ils s’inscrivent dans la nouvelle
vigilant. l’enjeu ? politique de…
Remarque : dans cet exercice, le défi est
de réussir à être explicite tout en étant
synthétique.
Mes conclusions sont Le candidat doit L’équipe s’inscrit (ou nous nous inscrivons)
catastrophiques : éviter de critiquer dans un défi permanent ; en effet, le délai entre
on n’a jamais son service. De plus, les formations et leur mise en application est
suffisamment de le pronom personnel quasiment nul. Nous devons être opérationnels
temps entre les « on » ne convient immédiatement.
formations et leur pas.
mise en application.
Malheureusement, Le candidat peut Malheureusement, l’équipe projet n’a pas
l’équipe projet n’a évoquer un échec atteint son objectif. Nous avons bien sûr
pas atteint l’objectif mais il doit surtout en analysé cet échec. Pour ma part, j’ai retenu
et ce fut une grande faire l’analyse et être essentiellement trois leçons :
déception pour tous. capable d’en tirer des 1. …
leçons.
2. …
3. …
Par la mise en place Bravo ! Le chiffre est Par la mise en place d’une politique active et
d’une politique active intéressant mais… volontariste, j’ai multiplié par cinq le nombre
et volontariste, j’ai quelle est donc cette d’actions mises en place. En effet, j’ai proposé
multiplié par cinq politique ? à mon supérieur hiérarchique de modifier… et
le nombre d’actions de mettre en place tel outil.
mises en place. Ou, plus simplement : J’ai proposé de mettre
en place tel outil et nous avons multiplié par
cinq le nombre d’actions mises en place.
En seconde partie Phrase maladroite : Je bénéficie déjà de la confiance de ma
d’une conclusion : le candidat n’a donc hiérarchie. L’obtention du grade sera le sésame
L’obtention de ce pas la confiance de qui lui permettra de me confier de nouvelles
grade me permettra sa hiérarchie ? Il n’est responsabilités.
d’obtenir la confiance pas crédible à ses Attention : pour tenir ce propos, le candidat
de ma hiérarchie et yeux ? doit avoir déjà démontré que sa hiérarchie
d’augmenter lui fait confiance. Sinon, il doit être à même
ma crédibilité. de répondre à la question : « Quelles sont
les preuves que la hiérarchie vous fait
confiance ? » Le candidat doit aussi pouvoir
répondre à la question : « Quelles nouvelles
responsabilités pourriez-vous recevoir ? »
Votre analyse
La phrase La formulation
(par exemple, phrase trop longue
à améliorer de remplacement
ou formule négative)
Ma première mission me permet Les grandes réformes
de prendre du recul Phrase trop longue et en cours génèrent
par rapport aux restructurations incompréhensible. Nous ne des restructurations
actuelles, plus ou moins bien cernons pas ce que fait le plus ou moins bien
ressenties par les agents, tout candidat ; d’ailleurs, fait-il ressenties par les
en exerçant un rôle charnière quelque chose ? agents. Ma mission
dans la mise en œuvre des S’il n’a aucune action dans consiste à mettre au
grandes réformes, offrant ainsi ce contexte de restructuration, point des mesures
une vision d’ensemble de notre cette phrase est inutile. d’accompagnement.
administration. Par exemple, …
J’envisage une mobilité
ou Je souhaite effectuer
Phrase impersonnelle,
Une mobilité n’est pas exclue. une mobilité ou encore
passive et négative Je suis prêt pour une
mobilité.
2
Trier
3
Définir le plan
4
Étoffer le plan
5
Rédiger l’introduction
et la conclusion
6
Optimiser, tester
et s’entraîner
1. Inventorier
Vous pouvez remplir une fiche par expérience extraprofessionnelle susceptible d’être
évoquée : mandat électif, bénévolat, etc. Vous pourrez ainsi évaluer si cette expé-
rience est valorisable.
RAEP
C. Mes activités
F. Interlocuteurs
G. Événements
marquants
H. Motifs
de satisfaction
et de déception D. Les résultats
I. Savoirs
Savoir-faire
Savoir être
mis en œuvre
ou acquis
C. Mes activités
F. Interlocuteurs
G. Événements
marquants
H. Motifs de
satisfaction
et de déception
D. Résultats
I. Savoirs,
savoir-faire,
savoir être
mis en œuvre
ou acquis
Chapitre 4 . Quelle est la démarche à suivre pour réaliser un exposé performant ?
a) Présentation de la fiche
Il s’agit d’une feuille de format A4 orientée dans le sens horizontal (format
dit « paysage »). Chaque encadré correspond à une rubrique ; il en part une
flèche pointée vers le bas. Toutes les flèches se dirigent vers le grand rectangle
à fond rouge clair portant l’inscription « Savoirs, savoir-faire, savoir-être mis
en œuvre ou acquis » ; ce rectangle constitue donc une sorte de corbeille de
collecte. Vous noterez spontanément, autour de chacune des rubriques, ce
qu’elle vous inspire. Vous naviguerez très librement de l’une à l’autre et chaque
fois que la rubrique mettra en valeur une compétence, vous noterez celle-ci.
■ Exemple 1 : dans la rubrique « Dimensions du poste », j’ai écrit « Budget
de x euros » ; cela me rappelle que je gère ce budget et je note donc cette
compétence dans la « corbeille ».
■ Exemple 2 : dans la rubrique « Mes activités », j’ai inscrit « Ouvrir et fermer
les sessions de formation : je prends la parole en public et j’anime le groupe
pour l’évaluation de la session. » Je note donc ces compétences.
En résumé, toutes les rubriques peuvent alimenter la corbeille « Compétences ».
Remarque : dans votre exposé, vous ne mentionnerez pas nécessairement
toutes les compétences que vous avez notées. À ce stade de la préparation,
vous procédez à un recueil aussi large que possible, qui sera suivi d’un tri.
Examinons maintenant le sens de chacune des rubriques de la fiche ci-avant.
Nous les avons ordonnées de A à I. Les illustrations proviennent de la fiche
d’un responsable de formation.
Rubrique F. Interlocuteurs
Avec qui êtes-vous en relation ? Vous ne travaillez certainement pas sur une île
déserte. En évoquant vos interlocuteurs, selon les cas, vous démontrerez que
vous savez travailler en synergie ou que vous devez faire preuve de qualités
bien particulières pour travailler avec tel ou tel type de personne.
Qui sont-ils ? Le préfet, le cabinet du ministre, des avocats, des magistrats, des
collègues de tels services, des experts, les usagers de tel ou tel type…
■ Exemples : les chefs de service, les formateurs internes, les prestataires de
formation, le service des ressources humaines, la cellule des marchés publics…
Remarque : compléter les rubriques de cette fiche crée une dynamique ; le
renseignement de l’une peut en enrichir une autre.
■ Exemple : en écrivant « cellule des marchés publics », je me rappelle que
je rédige (avec mon responsable) des cahiers des charges – une activité que
j’avais oubliée dans un premier temps et que j’ajoute donc maintenant.
☛ Conseils pratiques
1. Vous avez un peu oublié ce que vous faisiez dans tel ou tel poste ? Sollicitez
vos anciens collègues, consultez les fiches de fonction si elles existent ainsi que
vos fiches de notation.
Vous pouvez également vous inspirer des fiches métiers contenues dans les
répertoires suivants :
– pour les fonctions exercées dans la fonction publique d’État : le répertoire
interministériel des métiers de l’État (RIME), à retrouver sur le site www.fonction-
publique.gouv.fr (effectuer la requête « RIME » dans votre moteur de recherche,
puis cliquer sur le lien proposé) ; il recense 282 métiers, dits « emplois références »,
dans 28 domaines fonctionnels. Il décrit pour chacun d’eux les activités et les
compétences requises ; comme indiqué sur le site, il est mis à jour « au fil de l’eau » ;
2. Trier
Poursuivons notre démarche.
Vous avez maintenant une ou plusieurs fiches décrivant vos expériences pro-
fessionnelles et vos compétences ; il convient d’effectuer un tri.
1. Comment trier ?
Les quatre critères ci-dessous vous aideront à réaliser ce tri.
❯ Le pouvoir automatiquement valorisant de certains éléments.
■ Exemple : à partir de la catégorie B ou B+, toute expérience de manage-
ment : remplacement du responsable de l’équipe, gestion de projet, animation
d’un réseau.
❯ La concordance avec la probable grille d’évaluation du jury.
■ Exemple
Vous lisez dans la grille d’évaluation le critère : « Analyse, méthode et initiative. »
Or, vous travaillez dans un service social. Il se trouve que l’année dernière,
vous avez proposé à votre supérieur de créer une fiche « mémo » pour vos
correspondants en services déconcentrés. En effet, votre service recevait sou-
vent des réclamations d’agents portant sur le long délai de traitement de leurs
dossiers de demande de prêt. Vous avez analysé le problème : les correspon-
dants en région vous transmettaient souvent des dossiers incomplets, ce qui
engendrait un aller et retour supplémentaire. En donnant aux correspondants
le moyen de vérifier la qualité du dossier, vous avez raccourci les délais de
traitement et de réponse.
Bien entendu, vous évoquerez cette initiative dans votre exposé.
Les compétences « transversales », c’est-à-dire génériques, communes à de
nombreux métiers dans des domaines fonctionnels différents.
■ Exemples : rédiger, évaluer, travailler en équipe, proposer, être pédagogue,
être persévérant, être curieux, etc.
3. Définir le plan
Revenons sur notre mise en garde de départ : la consigne est de réaliser un
exposé de carrière ou de fonction mais l’objectif est bien de convaincre le jury
que vous avez les compétences et le potentiel pour accéder au grade supérieur.
Votre exposé n’est ni un catalogue de tâches, ni une litanie des postes occu-
pés, ni un CV (d’ailleurs, dans certains concours, le jury dispose déjà du CV
des candidats) mais une construction stratégique argumentée, démontrant
vos compétences et votre motivation. La construction elle-même apporte la
preuve de vos aptitudes à l’analyse et à la synthèse. Il est donc essentiel de
bien structurer votre exposé grâce à un plan adapté.
■ Exemple
Voici, à l’état brut, votre CV :
– trois emplois dans une société puis dans deux mairies différentes : accueil
des clients puis des usagers, face-à-face + téléphone ;
– un congé parental de deux ans ;
– deux postes d’employée administrative : service urbanisme puis état civil ;
– un emploi de gestionnaire de cantines ;
– le poste actuel : secrétaire-assistante du contrôleur de gestion.
Deux pôles de compétences semblent se dégager.
• Un pôle relationnel très transversal : les emplois à l’accueil (c’est évident) +
urbanisme et état civil (c’est une partie du métier avec, certainement, des cas
difficiles) + gestionnaire de cantines (relations avec les familles mais peut-être
aussi avec le prestataire ?) + rôle d’interface en tant que secrétaire-assistante.
Dans le pôle lui-même, il y a probablement une progression : de l’information
brute (accueil) à l’information pédagogique (dans les services), la négociation,
l’interface.
• Un pôle gestion allant de la gestion administrative à la gestion comptable.
Voici quelle pourrait être l’introduction : « Je suis actuellement assistante du
contrôleur de gestion à la mairie de… (x habitants). J’ai débuté en… et j’ai
occupé des postes variés : hôtesse d’accueil, employée administrative puis ges-
tionnaire de cantines. J’ai ainsi pu acquérir des compétences complémentaires
que je vous présente selon deux axes : un axe relationnel et un axe de gestion. »
Évidemment, nous ne mentionnerons pas l’interruption de deux ans (congé
parental), qui n’apporte aucune plus-value par rapport à l’objectif : démontrer
que la candidate a des compétences.
c) D’autres plans
Le « fil conducteur »
Le fil conducteur correspond à une particularité récurrente dans votre carrière.
■ Exemple : un candidat ayant fait la quasi-totalité de sa carrière dans les res-
sources humaines prend ce thème et démontre que chaque poste correspondait à
une évolution significative. Il s’agit d’un plan chronologique mais les répétitions
sont évitées au profit d’une démonstration de la progression.
Deux autres exemples : un candidat prend un fil conducteur « ouverture et
saisie des opportunités » pour démontrer sa progression mais aussi son goût
pour l’innovation, le changement. Un autre évoque une série de défis à relever.
b) À propos du plan
Combien de parties faut-il ? Il n’existe pas de règles strictes en la matière. Quatre
parties au maximum. Les critères de décision sont toujours les mêmes : qu’est-
ce qui va valoriser mes compétences ? Qu’est-ce qui est logique, cohérent ?
c) À propos du caractère valorisant
Voici un test rapide à réaliser : pourriez-vous donner un titre à votre exposé ?
Ce titre n’apparaîtra pas dans votre présentation : il s’agit juste d’un test destiné
à vérifier l’existence d’une ligne qui donne du sens. Si vous êtes tombé dans le
piège du récit chronologique et fastidieux, vous ne pourrez pas donner de titre…
■ Exemple : « Une progression passionnante grâce à la saisie des opportunités
et à une curiosité naturelle. »
Est-ce que les termes « passionnante », « opportunités » et « curiosité » appa-
raissent bien dans l’exposé ? Si la réponse est négative, ajoutons-les.
Quelquefois, ce « titre » est réutilisable dans la conclusion.
Mise en garde : les candidats ayant présenté ces exposés ont été reçus à
leur concours. Néanmoins, il ne s’agit en aucun cas de « modèles » à copier.
Votre exposé doit être personnel. Rappelons aussi qu’il n’est qu’une petite
partie de l’oral, suivie des questions et que le dialogue qui suit est au moins
aussi déterminant.
Conseil pratique : si vous n’avez pas le temps ou l’envie de lire les exposés
lisez au moins les rubriques « analyse », « démarche suivie », « cheminement
vers le nouvel exposé » et « commentaire ».
Exposé 1
Contexte
Concours externe d’inspecteur du permis de conduire et de la sécurité routière. Avant
l’entretien, le jury reçoit les CV des candidats. La candidate, déléguée médicale, est
fortement motivée pour donner une orientation totalement nouvelle à sa carrière.
Première ébauche
Depuis x années, je suis déléguée médicale. Je travaille actuellement au sein de l’entre-
prise XX, depuis 20xx.
J’évoquerai d’abord mon parcours professionnel dans le domaine de la visite médicale ;
ensuite, je vous présenterai les différentes activités que je mène parallèlement à mon
activité principale ; enfin, je vous préciserai, en conclusion, les atouts que je possède
grâce à mon expérience et qui me permettront de devenir inspectrice du permis de
conduire et de la sécurité routière.
1. La visite médicale
Après une licence, j’ai suivi une formation et obtenu le diplôme de visiteuse médicale, ce
qui m’a permis d’apprendre les bases spécifiques du métier. J’ai commencé mon parcours
professionnel dans le laboratoire YY, où j’ai occupé un poste polyvalent de déléguée
médicale « ville et hôpital sur y départements ». En 20xx, j’ai eu l’opportunité de travailler
pour le laboratoire ZZ, référence en BB auprès des médecins généralistes ainsi que certains
spécialistes sur deux départements. J’ai ainsi étoffé mon expérience de déléguée médicale.
En 20xx, j’ai intégré la société XX, spécialisée dans la présentation de médicaments
pour des laboratoires clients, au sein de laquelle je travaille actuellement.
Je suis responsable de la gestion d’un secteur pour la prise de rendez-vous, ainsi que
de mon activité et de mes objectifs. J’ai plusieurs fonctions :
– présenter les caractéristiques des médicaments en ville ;
– réaliser des réunions à l’hôpital pour promouvoir le bon usage du médicament au
sein des établissements ;
– mener des actions commerciales lors de congrès ;
– suivre et analyser les données d’activité de mon secteur.
Pour mener à bien mes visites au quotidien et mettre à jour mes connaissances, je
participe à des séminaires de formation organisés trois fois par an, au cours desquels
les personnes échangent sur leurs différentes expériences du terrain. Je dispose donc
d’une grande autonomie tout en rendant compte quotidiennement de mon activité à
mon supérieur hiérarchique via un rapport informatique et, moins régulièrement, par
des remontées du terrain.
Pendant toutes ces années, j’ai été la garante de l’éthique des laboratoires pour lesquels
j’ai travaillé face aux remontées de pharmacovigilance qui incombent à chaque délégué
médical. En effet, signaler les effets secondaires d’un médicament fait partie intégrante
du métier de délégué médical et j’y ai été confrontée à plusieurs reprises. J’ai ainsi pu
démontrer ma réactivité et ma précision dans ces situations d’urgence.
2. Les autres activités
J’ai étayé mes compétences par le biais d’activités qui ne relèvent pas de la visite médicale.
Ainsi, on m’a proposé en 20xx, au sein de la société XX, de seconder la responsable
de zone lors des réunions nationales.
J’accompagne donc un groupe de collègues durant les réunions en sous-commission
en apportant un soutien technique et pédagogique. Pour ce faire, je dois suivre au
préalable une formation. J’assiste à la présentation des nouvelles campagnes, des nou-
veaux éléments remis en visite, et on me transmet, lors de cette réunion, les consignes
à suivre pour le bon déroulement des séances de formation.
Au cours des séances de groupe, je respecte le minutage qui m’est imposé afin que
toutes les équipes progressent en même temps. Lors de ces réunions, il est important
de vérifier que chaque participant s’est bien approprié les divers éléments de visite
et les argumentaires. Je programme des jeux de rôle afin que chacun puisse restituer
ses connaissances. Je reste à la disposition de mes collègues pour toute question. Ma
mission s’arrête une fois que les évaluations sont faites et que j’ai rendu un rapport
sur le déroulement de la formation et l’implication de chacun.
La seconde activité que j’ai réalisée est de la vente à domicile pour la société MM. Cette
expérience de trois années m’a permis d’enrichir considérablement mon expérience de la
vente puisque, pour la première fois de ma carrière, un bon de commande était en jeu.
J’ai pu tester ma persévérance face à une clientèle inconnue et peu encline à la confiance
au premier abord. Mon honnêteté et mon intégrité m’ont aidée à instaurer une relation
de confiance avec les clients.
Ce métier très exigeant m’a permis d’aiguiser mon sens de l’observation et mon écoute
pour répondre au mieux aux besoins de ma clientèle.
Conclusion
Au fil des différents postes que j’ai occupés, j’ai développé des compétences qui m’ont
préparée au métier d’inspecteur du permis de conduire et de la sécurité routière :
– application des directives ;
– aisance à l’oral ;
– sens de l’observation et prise de recul ;
Analyse
Les points positifs : un plan annoncé dès l’introduction et un effort pour mettre en
valeur les compétences.
Les pistes d’amélioration : l’exposé est une reprise du CV que le jury aura sous les yeux
et mentionne notamment le nom des entreprises où la candidate a travaillé. Les compé-
tences sont livrées « en vrac » à la fin et ne sont pas mises en perspective avec le futur
métier d’inspectrice du permis de construire. Les « techniques commerciales » sont-elles
un atout pour ce nouveau métier ? On ne sait pas non plus quelle est la motivation de
la candidate pour celui-ci.
Les « pépites » de cette première version : la candidate roule beaucoup en voiture ;
elle est sensible à la prévention (pharmacovigilance) ; elle anime des réunions et coanime
des formations ; elle sait établir des relations de confiance dans la durée et prendre des
décisions ; elle rédige des rapports.
Pour préparer sa nouvelle mouture, la candidate a étudié sérieusement les composantes
de son futur métier ainsi que les compétences attendues. Elle a pris conscience qu’elle
avait passé sous silence les nombreux kilomètres parcourus au volant de sa voiture.
Nouvel exposé
Depuis x années, je suis déléguée médicale et, depuis 20xx, au sein de l’entreprise XX.
J’évoquerai d’abord mon parcours professionnel dans ce métier ; ensuite, je vous
présenterai les différentes missions que je mène à bien parallèlement à mon activité
principale ; enfin, je vous préciserai en conclusion les atouts qui me permettront de
devenir inspectrice du permis de conduire et de la sécurité routière (IPCSR).
1. La visite médicale
Après une licence, j’ai suivi une formation et obtenu le diplôme de visiteuse médicale,
ce qui m’a permis d’apprendre les bases spécifiques du métier. Mon parcours profes-
sionnel en tant que déléguée médicale se compose de trois expériences, au sein de deux
laboratoires et d’un prestataire de services chez lequel je travaille encore aujourd’hui.
J’ai développé les qualités inhérentes à mes fonctions.
Outre des qualités indispensables d’écoute et d’observation, j’ai acquis de l’aisance dans la
prise de parole en public. En effet, au laboratoire YY, j’ai rencontré des médecins généralistes
et des spécialistes ; j’ai aussi organisé des réunions hospitalières auxquelles je conviais des
équipes soignantes dans leur ensemble – médecin, infirmiers, aides-soignants – afin de
leur expliquer les conditions optimales d’utilisation des médicaments.
Dans ce laboratoire, responsabilisation et prise de décision étaient mes maîtres mots car
je disposais d’un portefeuille de onze produits parmi lesquels je sélectionnais les plus
adaptés pour chaque médecin. J’étais également responsable de la gestion d’un secteur
en ce qui concernait la prise de rendez-vous, les activités et l’atteinte des objectifs ;
je bénéficiais donc d’une grande autonomie tout en rendant compte chaque jour de
mon activité par des rapports dématérialisés (ainsi que la gestion des notes de frais) et,
moins régulièrement, par des comptes rendus d’observation du terrain.
Afin d’effectuer mes visites au quotidien dans le respect du cadre légal et mettre à jour
mes connaissances, je participe à des séminaires de formation qui ont lieu trois fois
par an. Ils portent sur les produits et la législation. Ils sont aussi propices aux échanges
entre collègues sur les expériences du terrain.
Pendant toutes ces années, j’ai été la garante de l’éthique des laboratoires pour lesquels
j’ai travaillé face aux remontées de pharmacovigilance qui incombent à chaque délégué
médical. En effet, signaler les effets secondaires d’un médicament fait partie intégrante
du métier de délégué médical et doit respecter une procédure rigoureuse. Celle-ci
doit être mise en œuvre très rapidement et faire remonter des données extrêmement
précises. J’ai été confrontée à plusieurs reprises à ce dispositif et, à ces occasions, j’ai
pu démontrer ma réactivité et ma précision.
Je ne peux passer sous silence les nombreux kilomètres parcourus tous les jours depuis
dix-neuf ans. Cette expérience de la route m’a donné une conscience aiguë des dan-
gers, des comportements à risque, des réflexes à avoir pour éviter des accidents tout
en respectant le code de la route afin de conserver les points de mon permis et donc
mon emploi. Le décès d’un collègue dans un accident de la route a suscité une réflexion
avec mon employeur sur la sécurité.
2. Autres activités
J’ai ensuite étayé mes compétences par des activités qui ne relèvent pas de la visite
médicale. Ainsi, depuis x années, je seconde la responsable de zone lors des séminaires
nationaux en prenant en charge la formation en sous-commissions de mes collègues
par un soutien technique et pédagogique.
Pour ce faire, j’ai suivi des formations de formateur. Pendant ces sessions, j’assiste à la
présentation des nouvelles campagnes et des nouveaux éléments à remettre en visite. Je
prends connaissance des consignes à suivre pour le bon déroulement de ces animations.
Lors des séances de groupe, je respecte le minutage imposé afin que toutes les équipes
progressent en même temps. Je vérifie que chaque participant s’est bien approprié les
divers éléments de visite ainsi que les argumentaires. J’organise des jeux de rôle. Je
reste à la disposition de mes collègues pour toute question. Ma mission s’arrête une
fois que les évaluations sont faites et que j’ai rendu un rapport sur le déroulement de
la formation et l’implication de chacun.
La seconde activité que j’ai réalisée est de la vente à domicile pour la société PP, pen-
dant trois ans. Elle m’a permis d’enrichir considérablement mon expérience de la vente
puisque, pour la première fois de ma carrière, un bon de commande était en jeu. J’ai
testé ma persévérance face à une clientèle inconnue et peu encline à la confiance au
premier abord. Grâce à mon honnêteté et à mon intégrité, j’ai instauré une relation de
confiance avec les clients. Ce métier très exigeant a aiguisé mon sens de l’observation
et de l’écoute pour répondre au mieux aux besoins de ma clientèle.
Conclusion
Mon choix de devenir IPCSR peut paraître étonnant, mais il n’est pas dû au hasard. Je
me sens prête à exercer ce métier. Dans mon métier principal, j’ai dialogué avec des
personnes très diverses et réussi à les convaincre en faisant preuve d’ouverture d’esprit
et de rigueur. En tant que formatrice, j’ai appris à animer des groupes et à évaluer
objectivement les participants. Dans les deux cas, je rends compte régulièrement et
avec précision. Je pense que je saurai donc évaluer les candidats au permis de conduire
et la pédagogie des auto-écoles, mais aussi animer des séances de sécurité routière.
Exposé 2
Contexte
Exposé de fonction pour un concours B+.
à mon chef. Je mets à jour les fiches, je les classe mais je laisse en attente celles des
entreprises qui ont fait l’objet de remarques. Je dois attendre le résultat d’une nouvelle
visite de contrôle de la mise en conformité.
Partie 2
Notre deuxième mission consiste à contrôler un autre type de… ; les techniciens doivent
aussi se rendre sur place. Le secteur est encore plus large parce que…, et l’enjeu encore
plus grand parce que…
Sur place, ils font telle et telle opération. Leurs interlocuteurs sont plutôt des…
Je fais comme pour la première mission : je dresse la liste mais, cette fois-ci, c’est un peu
plus compliqué car je dois prendre contact avec les services d’un autre ministère et de
tel organisme. Ce n’est pas toujours facile d’obtenir les informations en temps voulu.
Ensuite, j’établis le planning prévisionnel, que je soumets à mon chef. Les techniciens
me donnent les rapports, je les mets en forme, je les soumets à mon responsable, etc.
Partie 3
Notre troisième mission consiste à organiser des examens pour telle et telle catégorie
de personne. Dans cette activité, je suis plus autonome. En effet, dès que la date de
l’examen a été fixée (il y a deux sessions par an), je recherche… ; je contacte… Le jour
de l’examen, je suis attentive à…, je dois trouver des solutions à tel type de problème…
Je dois veiller à ce que tout se passe bien car l’image de notre service pourrait être
mauvaise dans le cas où…
Conclusion
Je connais bien mon métier et je désire maintenant passer à autre chose. L’obtention
du grade de… me permettrait de prouver à mon chef que je suis motivée pour réaliser
moi-même des contrôles.
Analyse
L’introduction
Elle est trop longue. Il s’agit d’un exposé de fonction, or l’introduction donne l’impres-
sion que la candidate va faire un exposé de carrière. Il faut absolument connaître les
missions de la direction mais leur énumération est trop longue. Si le jury veut contrôler
les connaissances de la candidate, il pourra ensuite poser une question sur ce sujet.
Il suffit de dire qu’il y a « cinq missions axées sur… » et de ne citer que celles où le
service intervient.
Détailler la composition de l’équipe selon les grades n’apporte rien. Plus loin, la lecture
du développement suggère qu’il aurait été plus intéressant d’évoquer la répartition
entre agents administratifs et contrôleurs.
Le plan s’appuie sur les activités du service et non sur les missions et les compétences
de la candidate.
Celle-ci n’a pas compris qu’elle doit parler d’elle-même plutôt que du service.
Les deux premières parties
Ici figure une énumération de tâches. La candidate répétant à peu près les mêmes tâches
pour la seconde mission du service, nous avons confirmation que le plan n’est pas
judicieux. Nous lisons un récit fastidieux et les compétences utilisées restent à deviner.
Une bonne idée : l’évocation des enjeux. C’est un indice qui montre que la candidate
est capable de prendre un peu de hauteur.
La dernière partie
Nous apprenons que la candidate est « plus autonome » sur cette mission ; nous allons
l’encourager à le démontrer. Ici aussi, elle a pris la peine d’évoquer l’enjeu : « l’image
[du] service ».
La conclusion
Mentionner ce que l’accès au grade supérieur permettra de faire est une bonne idée.
Cependant, il est bizarre que le succès soit la preuve de la motivation pour le « chef ».
La candidate devrait pouvoir lui démontrer sa motivation autrement.
– Quels sont vos partenaires de travail ? Nous avons compris qu’il y a les techniciens,
le chef, un service d’un autre ministère, un organisme… Y a-t-il d’autres partenaires ?
Vous avez parlé des entreprises : quelles sont vos relations avec elles ? Se limitent-elles
à l’envoi de convocations et de comptes rendus ?
La candidate était modeste et n’avait pas bien compris l’objectif de l’exposé : mettre
en valeur ses compétences. Elle avait des ressources et vous trouverez ci-dessous la
nouvelle trame de son exposé.
Nouvelle trame de l’exposé
Introduction
Début de vie professionnelle en 19.. : La Poste ; factrice puis tri postal.
19.. : entrée au ministère… par réussite au concours…
Direction Y : cinq missions axées sur…
Mon service participe à la mission 2 : …
Composition particulière de l’équipe : deux sédentaires (le responsable et moi) pour
huit techniciens « nomades ».
Deux activités :
– contrôle… ;
– organisation d’examens.
Ma fonction : articulée autour de deux pôles :
– assistance pour activité contrôle ;
– organisation pour activité examen.
Partie 1 : assistance
– Contexte : deux types de contrôle.
Caractéristiques communes. Enjeu plus fort pour contrôle de type 2.
– Mes activités :
• gestion des deux fichiers :
– enrichissement : collaboration avec M et N : enregistrement de nouvelles installations
puis comparaisons, confrontations ;
– mise à jour : proposé de me former à l’application Z pour gagner rapidité et fiabilité ;
• planification des tournées : optimisation des déplacements ; augmentation du prix
du pétrole : encore plus nécessaire ;
• remise en forme des comptes rendus : améliorer la lisibilité ;
Exposé 3
Contexte
Le candidat se présente à un concours de niveau B+ ; il doit élaborer un exposé de
fonction. Il travaille dans un service de communication.
Problématique : le candidat est très perturbé car on lui a dit que son travail est atypique
et que le jury ne va pas du tout apprécier ses activités.
Démarche suivie
Le candidat n’est pas satisfait de sa première ébauche. En réalité, il a consacré beaucoup
de temps à la création de la photothèque, qu’il gère toujours. Il a bénéficié d’une grande
autonomie et a adopté une démarche proche de celle d’un projet. Il aimerait pouvoir
parler de tout cela mais il n’ose pas car ce n’est pas « administratif ».
La première partie lui convient car elle est « administrative ».
Le candidat décide de réaliser une fiche pour chacun des « divers projets » en s’efforçant
de renseigner les rubriques suivantes :
– objectif fixé par la hiérarchie ;
– enjeux ;
– activités menées (sous forme de verbes) ;
– résultats.
Il a ensuite analysé les informations et voici quelles ont été ses déductions :
– l’expression « divers projets » ne convient pas car la revue de presse est une activité
récurrente (hebdomadaire) ;
– l’« achat d’objets » n’est pas non plus un projet et pourrait être évoqué dans la
première partie ;
– la revue de presse est une mission qui exige des compétences particulières et mérite
d’être valorisée davantage ;
– la photothèque doit bien sûr être abordée du point de vue de sa création mais aussi de
sa gestion. Le candidat a eu presque « carte blanche » ; il rendait compte régulièrement
à son responsable. Il a dû obtenir la collaboration d’autres personnes. Il a fait une étude
comparative préalable dans d’autres entités déjà pourvues d’une photothèque, etc.
Maintenant, il exerce une véritable activité de conseil auprès de ceux qui le sollicitent
pour obtenir des photographies.
Le candidat est lui-même surpris de sa conclusion : la photothèque est l’activité qui le
valorise le plus. Il a dû mettre en œuvre des compétences « recyclables » dans d’autres
emplois, notamment pour la gestion d’une petite équipe.
Nouveau plan
1. Gestionnaire du budget du service : pas de retouches par rapport à la version initiale.
2. Rédacteur de la revue de presse :
– objectif et destinataires (le directeur général mais aussi les services déconcentrés) ;
– enjeux ;
– critères de sélection des articles.
3. Créateur et gestionnaire de la photothèque :
– le contexte de la mission, les objectifs donnés et les enjeux ;
– le mode de fonctionnement adopté pour aboutir : collaboration avec…, fréquence
des comptes rendus au responsable du service ;
– les étapes du projet, les difficultés rencontrées et le mode de résolution des problèmes ;
– les résultats ;
– les rôles actuels : enrichissement de la base et conseils aux utilisateurs.
Ce que j’ai appris : analyser des besoins et y répondre, planifier, motiver pour collaborer,
respecter des délais, tenir un tableau de bord, présenter des comptes rendus clairs, etc.
Remarque : au moment de l’annonce de son plan, le candidat a prévu de dire : « un
projet qui me tient à cœur parce qu’il m’a fait progresser ».
Commentaire
Ce qui apparaissait a priori comme un handicap est devenu un atout pour prouver
la capacité du candidat à être autonome, organisé et, par conséquent, prêt à accéder
au grade supérieur.
Exposé 4
Contexte
Une candidate « fausse externe » se présente à un concours de catégorie A. Elle est
fonctionnaire de catégorie C depuis six ans mais ses diplômes lui permettent de passer
un concours externe de catégorie A.
La problématique est la suivante : « J’ai fait un très long bout de route dans le privé.
Au fil des coups de cœur et des ruptures, j’ai eu plein de jobs. C’est un parcours
chaotique ; le jury ne va pas aimer. Maintenant, dans l’administration, je fais un travail
de gestionnaire d’un parc informatique peu valorisant ; je préfère ne pas en parler. »
Démarche suivie
La candidate a rempli une fiche « Tirer parti de ses expériences » par emploi, ce qui
lui a pris beaucoup de temps. Au total : 12 fiches. Elle a ensuite cherché quelles pou-
vaient être les compétences clés qu’elle avait exercées transversalement. Elle a enfin
identifié en quoi celles-ci pouvaient être utiles dans un emploi de cadre A, au sein de
son administration.
Ébauche de l’exposé
Introduction
Je suis entrée dans l’administration en 20.. et je suis gestionnaire du parc informatique
de tel service. Avant ce grand tournant, j’ai exercé, en dix-huit ans, plusieurs emplois
dans des régions différentes, au sein du secteur privé marchand ou associatif.
Au fil de ce parcours éclectique, j’ai acquis quatre grandes compétences, qui constituent
le plan de mon intervention : formatrice, vendeuse, responsable d’équipe et gestionnaire.
Plan
Compétence I : formatrice
Conceptrice et animatrice :
• cours de remédiation à l’illettrisme : redonner confiance ;
• cours de vente de produits techniques : rendre accessible, susciter le goût d’aller
plus loin ;
• formation au quotidien pour mon équipe.
Un cadre A doit veiller à la formation de ses agents.
Modernisation de l’administration = changement = nouveaux modes de fonctionne-
ment = des formations.
Compétence 2 : vendeuse
À domicile, magasin de quartier, magasin de luxe.
Accueillir, écouter, détecter les besoins et y répondre. Paradoxe : respecter le client et
tenir les objectifs.
L’administration a des usagers ; modernisation : « usager au cœur de l’administra-
tion » = mieux répondre aux besoins de l’usager.
Compétence 3 : manager
Animation d’une équipe de huit vendeurs.
Donner des objectifs, former, motiver, évaluer les résultats de l’équipe et de chacun,
résoudre les problèmes.
Un cadre A doit souvent encadrer une équipe. Avec la LOLF, utilisation du mana-
gement par objectifs.
Compétence 4 : gestionnaire
Responsable d’équipe : budget alloué ; contexte de « centre de profit ».
Actuellement : gestion d’un parc informatique de x postes ; attribution des postes et
des droits, commandes, interface avec les sociétés prestataires pour les grosses pannes.
Qualités de rigueur.
Conclusion
Au cours de ces x années passées dans l’administration, j’ai apprécié son évolution vers
la modernisation et adhéré à la culture du service public. J’ai constaté que mes acquis
pouvaient être facilement mis à son service et j’ai maintenant hâte de pouvoir m’investir
à un niveau plus déterminant. Grâce à la diversité de mes expériences, je me sens prête
à assumer toutes les composantes de l’animation d’une équipe.
Commentaire
– De chaotique, le parcours est devenu « éclectique » ;
– la candidate ne donne que deux repères chronologiques ; l’énumération de tous les
emplois aurait été fastidieuse et aurait donné l’image d’une personne instable ;
– l’emploi actuel est finalement évoqué ; la candidate le trouvait dévalorisant par
rapport aux emplois précédents mais il constituait un avantage dans le cadre « concur-
rentiel » d’un concours auquel se présentent des personnes qui ne connaissent pas
encore l’administration ;
– pour chaque compétence, la candidate a voulu valoriser l’orientation qu’elle avait
prise puis évoquer son « recyclage » dans un poste d’encadrement.
Exposé 5
Contexte
La candidate se présente pour intégrer le corps des ingénieurs de l’industrie et des mines.
Première ébauche
Je suis chargée de mission au CC, à XX.
Auparavant, j’ai occupé des postes en subdivisions pendant w années en AA, x années
dans le BB et y années en CC. Au total j’ai donc exercé mes fonctions sur le terrain
pendant z années. Depuis six ans, le périmètre de mon travail s’est élargi puisqu’il a
maintenant une dimension nationale et européenne.
Pour commencer, je vais vous présenter mon expérience professionnelle au travers de
mes trois premiers postes ; ils ont en commun la protection de l’environnement. Dans un
second temps, je poursuivrai mon exposé avec mon poste actuel, centré sur les véhicules.
I. Postes précédents : protection de l’environnement
Dans mes deux premiers postes, je réalisais des contrôles de véhicules ; j’avais pour
interlocuteurs les utilisateurs et non pas les constructeurs. Compte tenu de la variété
du public rencontré, cette activité a développé chez moi le sens du contact, de l’écoute
et de la pédagogie.
Outre les véhicules, mes activités portaient également sur les appareils à pression.
J’ai fait preuve de rigueur dans l’étude des dossiers d’appareils neufs et d’un sens de
l’observation lors des épreuves de réservoirs d’air.
Mes deux premiers postes se caractérisent par la polyvalence. En effet, j’ai également
eu une mission de développement industriel. J’ai donc analysé l’éligibilité des demandes
d’aide au recrutement de cadre. J’ai abordé l’entreprise sur le plan économique et non
pas environnemental, ce qui m’a permis de développer un autre point de vue.
Comme annoncé en introduction, l’environnement est le point commun de mes trois
premiers postes. Les instructions ont développé mon esprit d’analyse. Outre la réglemen-
tation, le rythme des procédures diffère aussi par rapport à mes activités précédentes. En
effet, le contrôle des véhicules, des appareils à pression et le développement industriel
exigent des réponses à court terme. En revanche, les procédures environnementales
prennent plusieurs mois compte tenu des diverses consultations prévues. La rédaction
en dernier lieu d’un rapport clair a nécessité de ma part un bon esprit de synthèse.
L’inspection d’établissements tels qu’une usine de fabrication de nitrate-fuel, des
usines de produits pharmaceutiques et des silos m’a montré l’application concrète des
mesures de prévention et de protection prévues par les textes. Elle m’a appris à établir
un diagnostic et à proposer des suites adaptées aux situations rencontrées.
Par ailleurs, ma participation à l’astreinte a exercé ma réactivité, surtout en 20xx. Cette
année-là, j’ai eu recours aux fiches réflexes et j’ai fait preuve de discernement à deux
occasions :
– pour communiquer sur une intervention des pompiers, dans un atelier de traitement
de surface, au chef concerné. Une inondation s’était produite dans l’usine et les pom-
piers avaient mis en place les moyens nécessaires ;
– pour informer un autre chef de la pollution d’un bras de rivière par un liquide
inflammable.
2. Poste actuel
Après avoir exercé mes fonctions dans les départements, j’ai rejoint le CC, qui est l’autorité
d’homologation pour la France. Son action couvre le territoire national et européen.
Mes compétences se sont élargies aux véhicules et, plus particulièrement, à la réglemen-
tation européenne applicable aux réceptions communautaires. Les véhicules de catégorie
X sont devenus ma spécialité. Le champ de cette catégorie s’étend des cyclomoteurs
aux quadricycles. J’ai donc des contacts avec les grandes marques de constructeurs
telles que… ; je leur apporte un appui technique et réglementaire.
L’an dernier, MM a fait réceptionner un quadricycle concurrent potentiel du GG, en
petite série, ainsi qu’un cyclomoteur à trois roues. Ce véhicule électrique a la parti-
cularité d’avoir… Or, cette innovation n’est prévue par aucune réglementation en
Analyse
La candidate n’est pas satisfaite ; elle estime ne pas avoir réussi à démontrer qu’elle
a les compétences attendues d’un ingénieur des mines. Elle se rend compte qu’elle a
sans doute trop détaillé la technique, qui la passionne, et ne sait pas comment rédiger
sa conclusion. En effet, celle-ci est faible puisqu’elle évoque une capacité d’adaptation,
un sens de l’écoute et une réactivité que l’on peut attendre pour n’importe quel poste.
Son projet professionnel (« exercer de nouvelles responsabilités) est vague.
Elle a décidé de se lancer dans une étude approfondie de sa carrière pour trouver des
lignes conductrices et mettre en avant des compétences requises chez un ingénieur.
L’exposé qui suit est très structuré.
Nouvel exposé
Je suis chargée de mission au CC, à XX. Auparavant, j’ai occupé trois postes en subdi-
visions, pendant w années en AA, x années dans le BB et y années en CC. C’est donc
sur le terrain que j’ai exercé mes fonctions durant z ans. Mais depuis six ans, mon travail
a des dimensions nationale et européenne.
Je vais vous présenter tout d’abord mon expérience professionnelle, puis mes motivations
pour devenir ingénieur de l’industrie et des mines.
I. Expérience professionnelle
De mes trois premiers postes, je retiens trois compétences :
• Première compétence : la polyvalence. J’ai eu des missions en véhicules, en déve-
loppement industriel et en appareils à pression. Par exemple, j’ai intégré une équipe
afin de contrôler un circuit sous pression dans la centrale nucléaire de GG, avant sa
mise en service. Cette polyvalence m’a permis de bien cerner les missions assignées à
cette époque aux directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environ-
nement (DRIRE).
• Deuxième compétence : l’esprit d’analyse et de synthèse. Je l’ai exercé en environ-
nement en instruisant les demandes d’autorisation d’exploiter. En début de procédure,
l’analyse du dossier permet d’avoir une vision globale du projet et de mesurer ses enjeux.
En fin de procédure, une synthèse est rédigée à partir des éléments du dossier, des avis
des services et de ceux formulés lors de l’enquête publique. Cette synthèse permet
de présenter le projet aux membres du conseil départemental de l’environnement et
des risques sanitaires et technologiques afin qu’ils émettent un avis en connaissance
de cause. L’ensemble permet au préfet de prendre sa décision ; l’enjeu est donc fort.
• Troisième compétence : le discernement. Quand j’étais inspecteur des installations
classées, j’ai évalué la situation des établissements pour proposer des suites adaptées.
Ainsi, en inspectant une fonderie qui n’avait aucun filtre, j’ai proposé des sanctions admi-
nistratives et pénales à son encontre. Autre cas : durant une semaine d’astreinte, j’ai reçu
plusieurs appels ; l’un d’eux concernait la pollution d’une rivière par des hydrocarbures
provenant d’une installation classée. J’ai donc immédiatement contacté le chef de groupe
du département pour l’informer de cette pollution, afin qu’il puisse agir en conséquence.
Un autre appel demandait la mise en berne des drapeaux ; je n’y ai pas donné suite.
Je reviens à mon poste actuel, dans lequel j’ai trois domaines d’intervention.
• Premier domaine : les réceptions. Le CC est l’autorité d’homologation des véhicules pour
la France. Je réalise donc des réceptions européennes et j’assure une veille réglementaire
pour les véhicules à deux et trois roues et les quadricycles. J’ai des contacts avec les grandes
marques telles que… ainsi qu’avec des petits constructeurs. Sujet d’actualité, ils ont tous
au moins un véhicule électrique dans leur gamme. Je poursuis avec les constructeurs de
deux-roues et trois-roues et j’enchaîne sur la réglementation : les prochains règlements
auront un impact économique certain puisque les coûts des nouveaux essais sont multipliés
par deux, sans compter le temps d’immobilisation des prototypes.
• Deuxième domaine : la formation. Devenue spécialiste en deux-roues et trois-roues
et en quadricycles, j’anime avec un collègue la formation nationale « catégorie X ».
Nous partageons nos connaissances avec les collègues qui sont sur le terrain, en direc-
tion régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). Nous
sommes à leur écoute. Ainsi, les stagiaires de l’an dernier ont souhaité assister à des
essais à l’UTAC. Cette année, en concertation avec l’UTAC, ils ont pu assister aux essais
de freinage d’un prototype constructeur, dans le cadre d’une réception à titre isolé.
• Troisième domaine : la dimension internationale. J’ai participé à deux séances de
groupes de travail à Bruxelles au cours desquelles j’ai défendu la position de la France et
soutenu les constructeurs français car j’ai bien conscience des enjeux économiques des
nouvelles réglementations. Mais c’est un travail de longue haleine qui exige de nouer
des liens avec nos homologues européens afin d’être entendus par les représentants de
la Commission européenne. C’est pourquoi je retournerai à Bruxelles prochainement.
2. Motivations : pourquoi devenir ingénieur ?
Cette dimension internationale m’a donné envie d’aller de l’avant. J’en arrive donc à
mes trois motivations pour devenir ingénieur.
• Première motivation : les responsabilités. La participation aux réunions internationales
est habituellement du ressort d’un agent de catégorie A. Or, cette expérience m’a révélé le
goût du défi. J’ai donc envie de poursuivre dans cette voie et de traiter des sujets à enjeu fort.
• Deuxième motivation : la diversité des métiers. La sûreté nucléaire, l’énergie et
le développement économique sont des activités de cœur de métier des ingénieurs
de l’industrie et des mines et je ne peux pas y accéder aujourd’hui. Or, ces domaines
m’intéressent et je veux pouvoir m’y impliquer.
• Troisième motivation : les perspectives. J’ai parlé tout à l’heure de véhicules élec-
triques. L’énergie électrique est un fil conducteur entre mon poste actuel et ceux à venir.
L’autre lien est le niveau international, qui se retrouve dans les trois métiers que j’ai
déjà cités. De plus, aller à Bruxelles m’a permis de comprendre les enjeux stratégiques
et économiques de ces réunions européennes.
Conclusion
Pour conclure, en intégrant le corps des ingénieurs de l’industrie et des mines, j’aurai
l’opportunité d’exercer de nouvelles missions tout en gardant un lien avec mes expé-
riences passées. Ces missions sont au cœur des préoccupations actuelles en matière
de transition énergétique. J’ai donc choisi de postuler à tel et tel poste.
Vouloir tout dire et dépasser L’exposé permet justement de tester votre aptitude à la
le temps imparti synthèse (aller à l’essentiel) et à respecter une consigne.
De plus, vouloir tout dire est inutile ; vous devez évoquer ce
qui est convaincant pour le jury (et ce qui fera la différence
avec les autres candidats, si c’est un concours).
Employer des termes Vous risquez fort d’agacer le jury et de rendre votre exposé
jargonneux et des sigles pour incompréhensible.
« faire professionnel » Sélectionnez ce qui est indispensable et explicitez.
L’exposé est aussi un moyen d’évaluer vos capacités
relationnelles et pédagogiques.
Dire deux (ou plusieurs) fois Le temps est compté et il faut convaincre… Alors relisez,
la même chose traquez les redondances et mentionnez d’autres éléments
convaincants.
Laisser le jury deviner ses Simplifiez le travail du jury : évoquez clairement ce que vous
compétences avez mis en œuvre et/ou acquis.
Noyer les examinateurs sous L’exposé de carrière n’est pas un CV. Fournissez quelques
les références chronologiques repères essentiels. Le jury pourra toujours vous poser des
questions précises à l’issue de votre intervention.
Noyer le jury sous les anecdotes Point trop n’en faut toutefois.
et les exemples Citer un exemple ou une courte anecdote n’est pas une fin
en soi ; ils vous permettent d’être concret et mieux compris si
vous les utilisez à bon escient.
Valoriser un cursus universitaire Félicitations pour avoir investi du temps, de l’énergie et de
aux dépens de l’expérience l’argent dans votre formation mais expliquez surtout en quoi
ces études ont amélioré votre pratique.
4. Étoffer le plan
C’est à cette étape que vous allez rendre votre exposé concret, compréhen-
sible et facilement mémorisable. Ainsi que nous l’avons vu plus haut, dans le
chapitre 3 (section « Un exposé explicite, concret et mémorisable », page 44),
vous allez choisir des chiffres, des exemples, voire une courte anecdote, pour
illustrer vos propos.
Vous allez aussi créer des liens et des phrases de liaison entre les parties et les
sous-parties et, pour un exposé de carrière, donner du sens à votre parcours.
■ Exemple : « Pendant les quatre années passées à ce poste, j’ai appris…
Lorsque l’opportunité d’occuper telle fonction s’est présentée, je l’ai saisie ; il
s’agissait d’une progression naturelle. »
Ou : « J’ai cherché à compléter mes compétences en recherchant un poste
plus orienté vers… »
1. Optimiser
À ce stade de votre démarche, vous devez avoir un « plan détaillé » tel que
nous l’avons décrit plus haut (voir page 81).
Abandonnez votre œuvre pendant quelques jours puis reprenez-la avec un
œil critique afin de l’optimiser.
❯ Vérifiez : l’exposé a-t-il les caractéristiques citées dans le chapitre 3 (voir le
schéma intitulé « Les huit caractéristiques d’un exposé performant ») ?
❯ Améliorez la forme :
– pourriez-vous trouver des mots plus précis, moins familiers ou plus valorisants ?
– y a-t-il une façon plus synthétique de présenter les choses (passages un
peu « bavards ») ?
2. Tester
Vous voici prêt à tester votre exposé.
Lors de chaque séance de test, équipez-vous d’un chronomètre ; en effet, nous
avons vu l’importance de respecter le temps imparti.
L’idéal est de pouvoir faire votre exposé devant des publics différents qui vous
apporteront des contributions originales. Le tableau ci-dessous vous donne
un aperçu de celles-ci.
Votre chef de Des précisions sur les missions Vous entraîner dans ses sujets
service du service, vos propres missions, favoris ou vous faire développer
les enjeux, les résultats. un peu trop les missions du service.
Une prise de hauteur.
Des mises en garde concernant
des sujets un peu délicats
ou certaines formulations
maladroites. Des conseils sur ce
qu’il serait de bon ton de dire.
Vos collègues Des précisions sur le fond : les Brider leur esprit critique par peur
missions ou les tâches que vous avez de vous décourager.
oubliées ou peu valorisées.
« Tu as oublié… »
Une personne Une appréciation à propos Exiger des explications du fait
extérieure à de la structure et de la pédagogie. simplement de son manque
l’administration « Je comprends… ; je ne comprends de culture administrative.
pas… »
Voici une grille simple et complète inspirée de celle que nous utilisons au
cours des formations de préparation aux oraux. Selon le public, toute la grille
ou seules certaines rubriques seront remplies.
À votre avis, quel est mon plan ? Absence de réponse : l’annonce du plan n’est pas
Est-ce que vous l’avez perçu suffisamment claire dans l’introduction.
au cours de l’exposé ? Réponse négative : vous avez probablement omis
de faire des pauses entre les parties.
Qu’est-ce que vous n’avez pas bien Analysez la réponse : est-ce un problème de construction
ou pas du tout compris ? (expression peu claire) ou de vocabulaire ?
Quels sont les passages où vous Mise en alerte sur l’ennui que pourrait ressentir le jury
avez eu du mal à fixer votre lors de certains passages.
attention ? Il s’agit souvent de passages nébuleux : voyez comment
rendre l’exposé concret (illustrations).
La question suivante, sur le débit, donnera un éclairage
supplémentaire.
Ma voix est-elle audible ? Des informations sur la hauteur, la force, l’articulation.
Le débit est-il agréable ? Si la réponse est « débit trop rapide », c’est que vous
voulez probablement en dire « trop ». Visez la qualité
plutôt que la quantité.
Est-ce que j’ai eu l’air convaincu ? Si la réponse est négative, c’est probablement
parce que vous êtes resté statique (sans gestes
d’accompagnement) et/ou que vous n’avez pas
beaucoup regardé votre public.
Quelles sont les compétences Travail fastidieux pour le testeur.
que vous avez détectées ? Si, à plusieurs reprises, une compétence n’est pas perçue,
cela signifie que vous n’êtes pas assez concret et/ou
explicite.
Après avoir mis au point une éventuelle nouvelle version, prenez soin de
vérifier la cohérence de la nouvelle construction.
Vous pouvez aussi vous enregistrer avec un smartphone ou une caméra numé-
rique. Se voir et/ou s’entendre est, pour la plupart d’entre nous, un exercice
pénible mais fructueux.
Vous entendrez ainsi :
– vos mots parasites : « euh », « donc », « effectivement », « je dirais »… ;
– vos mots « affaiblissants » : « quand même », « un peu », « assez »…
Vous verrez vos gestes parasites : mèche régulièrement remise en place, tapo-
tement des doigts, jambe nerveusement croisée ou régulièrement secouée, etc.
– les silences courts sont en général imperceptibles pour le public, voire bienve-
nus ; il les occupe facilement et automatiquement. En effet, l’écoute est fatigante
quand il faut évaluer et donc analyser, comparer…
3. S’entraîner
Les tests évoqués ci-dessus constitueront des entraînements. Ils vous aideront
à vous approprier votre exposé et, ainsi, à éviter de le réciter le jour J.
Si vous n’avez pas l’habitude de prendre la parole en public et que vous
ressentez de l’appréhension, multipliez dès à présent les occasions de vous
exprimer et saisissez-les toutes : réunions professionnelles, associatives,
familiales, etc.
Au-delà des opportunités, donnez-vous des objectifs : « Je prends la parole au
moins une fois alors que, d’habitude, je fais le maximum pour me faire oublier. »
La multiplication des expositions contribue à « banaliser » la prise de parole.
Entraînez-vous aussi à gérer votre trac, si vous y êtes sujet. Nous développerons
ce point dans le chapitre 7 de cet ouvrage.
Pour terminer ce chapitre, voici quelques extraits de rapports de jury de dif-
férents ministères, à propos d’épreuves de niveaux différents
Paroles de jurys
☛ Conseils pratiques
Pour chaque entité nommée, relevez :
– sa personnalité juridique ;
– le nom de son dirigeant (ministre, président…) ;
– le budget ;
– le nombre d’agents ou de salariés ;
– l’organisation ;
– les grandes missions ;
– les principaux interlocuteurs ;
– les faits d’actualité en relation avec l’entité (« faits divers » ou actualité légis-
lative) ; on ne vous demandera pas de scoop ni d’analyse sophistiquée mais un
simple avis éclairé par votre expérience ;
– les grands projets en cours ou les grandes problématiques.
■ Exemple
Un candidat s’est offusqué, à tort, d’avoir été interrogé sur la réforme hospi-
talière qui faisait alors l’actualité… Or, il avait travaillé quelques années au
sein de la fonction publique hospitalière avant d’intégrer une autre fonction
publique ; il était donc logique que le jury l’interroge à ce sujet.
Pour chacun des postes occupés, vous devez pouvoir décrire :
– l’amont : ce qui se passe avant votre service et votre intervention ;
– l’aval : ce qui se passe après ;
– l’enjeu : ce qui arriverait si vous ne faisiez pas correctement votre travail.
■ Exemples
Un candidat vérifiait les comptes d’associations loi de 1901 ; le jury lui a
demandé quelles étaient les ressources et les finalités de ces associations.
Un candidat a écrit qu’il adressait des documents à la chambre régionale des
comptes. Un examinateur lui a demandé quelles étaient les missions d’une
chambre régionale des comptes puis celles de la Cour des comptes.
Un candidat travaillait dans une agence régionale de santé (ARS) ; le jury lui
a demandé quels étaient les interlocuteurs ou les partenaires de l’ARS (et pas
seulement de sa direction).
Attention !
• Pour répondre, vous devez vous projeter dans vos emplois futurs. Évitez la
réponse : « je ne sais pas parce que je n’ai pas encore rencontré cette situa-
tion » ou, pire : « cela ne pourrait pas arriver chez nous ».
• Le jury peut « rebondir » sur votre réponse pour :
– vous demander un éclaircissement : « pourquoi telle décision ? » ou « pour-
quoi avoir éliminé telle option ? » ;
– plus rarement, contester votre mode de traitement.
Dans tous les cas, restez calme. Cette question ou objection ne signifie pas
obligatoirement que votre réponse est fausse. Le jury veut peut-être simple-
ment aller plus loin, connaître vos motivations, les ressorts de votre décision.
Paroles de jurys
Une absence de réponse sur une question relative aux zones centrales du
schéma est risquée.
Réfléchissons ensemble :
❯ Le poste occupé : en principe, la préparation de l’exposé vous a amené à
vous documenter ;
❯ Le service : quelles sont ses missions ? Quelle est sa place dans l’organigramme ?
❯ La direction : quelles sont ses missions ? Quelle est sa place dans l’organi-
gramme ? Quels sont ses liens avec les autres directions ?
❯ Le ministère : quelles sont ses missions ? Quel est son budget ? Combien
de fonctionnaires emploie-t-il ? Quel est le nom du ministre ? Quels sont les
projets (réorganisations en cours ou probables) ? Quels sont les projets de loi ?
Quels sont les rapports récents et de quoi traitent-ils ?
❯ La fonction publique : énoncer les missions de la fonction publique, les
droits et devoirs du fonctionnaire ; nommer les trois fonctions publiques ;
définir la décentralisation et la déconcentration ; expliquer les missions du
préfet ; définir la LOLF (loi organique relative aux lois de finances) ; présenter la
modernisation de l’action publique ; définir un service à compétence nationale,
la performance publique, le service rendu à l’usager, etc.
❯ L’actualité : prioritairement, les événements et l’activité parlementaire en
lien plus ou moins étroit avec le ministère ou le métier du candidat ; mais
aussi les faits marquants. Par exemple : la place de l’Union européenne dans le
contexte actuel, la question des retraites, les catastrophes naturelles suscitant
des polémiques, le changement climatique, la place de la France dans les
conflits internationaux, les Jeux olympiques ou toute autre grande manifestation
sportive, le mouvement « #MeToo », les violences policières, la pandémie ou
la crise sanitaire, le contrôle du gouvernement par le parlement, les comités
de citoyens tirés au sort, la démocratie participative, l’économie collaborative,
le revenu universel, les infox (fake news), les relocalisations, les mouvements
migratoires, la réforme de l’assurance chômage, la transition énergétique, le
numérique, le télétravail, les procès filmés, les GAFA, l’enjeu de l’open data, etc.
❯ Les chiffres importants : budget de l’État, ministères dotés des plus gros
budgets, dette, déficit, etc.
Dans le cadre de la RAEP, le candidat a pu se faire aider pour la réalisation de son dos-
sier. Certains jurys évoquent à ce sujet des fonctions « survendues » ou « embellies ».
RAEP
3. Sonder la motivation
Les questions sont directes : « Pourquoi avoir choisi tel poste ? », « Pourquoi
vous présentez-vous à ce concours ? », « Pourquoi vouloir entrer dans la
fonction publique ? »
Mais le jury peut aussi poser au candidat des questions indirectes sur son
environnement professionnel. Sa méconnaissance donnerait à penser qu’il
n’est pas impliqué et qu’il n’en a pas envie.
Remarque : il est bien évident que les candidats souhaitant entrer dans
la fonction publique ont intérêt à connaître les droits et les obligations du
fonctionnaire ainsi que les valeurs de la fonction publique (loyauté, probité,
respect, liberté, égalité, etc.).
Paroles de jurys
Ce type de question effraie certains candidats qui hésitent à répondre, par peur
d’être pénalisés s’ils expriment une opinion différente de celle du jury. Mais
rappelez-vous que celui-ci est composé de plusieurs personnes qui n’ont pas
toutes nécessairement la même opinion.
Voici un extrait de rapport de jury du comité de sélection interministériel pour
le tour extérieur des administrateurs civils :
« Il faut ici souligner avec force que le comité ne cherche pas à piéger les
candidats, et encore moins à détecter et à juger leurs opinions : il essaie de
vérifier qu’il a en face de lui des personnalités affirmées dont l’intérêt pour les
questions de société et le débat public, la curiosité intellectuelle, la capacité
d’analyse, la maturité, la capacité à se faire une opinion personnelle indépen-
dante du bavardage médiatique et à la défendre avec cohérence sont au niveau
que l’on peut attendre d’un cadre supérieur de l’État. »
Conseils
– Bien entendu, si malgré votre détermination et le recours aux techniques
« facilitantes » indiquées ci-après, vous n’avez pas la réponse, vous avouerez
votre ignorance. Inutile de faire du remplissage.
– Oubliez le mauvais conseil consistant à développer au maximum votre
réponse à une question sur un thème bien connu pour occuper le temps et
éviter ainsi d’autres questions… Cette manœuvre risque surtout d’indisposer
le jury qui, en tant que maître du jeu, veut pouvoir poser ses questions.
– Évitez de faire du remplissage en commentant la question : « C’est une
bonne question » ou « C’est effectivement une question d’actualité ». Le can-
didat n’a pas à commenter les questions du jury, souverain. Si vous vous
sentez en difficulté, accordez-vous plutôt une courte pause.
b) Questionner l’examinateur
Voilà qui peut vous surprendre. Il ne s’agit évidemment pas d’entamer une
partie de ping-pong du type : « Et vous ? »
Cette technique est intéressante quand vous n’avez pas compris la question ou
un terme de celle-ci. De même que la reformulation, cette démarche prouvera
que vous savez aller vers l’autre.
■ Exemple sous forme de scénario
– L’examinateur : « Que pensez-vous du phénomène des rurbains ? »
– La candidate ne comprend pas le mot ; elle pose calmement la question :
« Qu’entendez-vous par “rurbains” ? »
– Réponse de l’examinateur : « Les personnes qui habitent à la campagne et
viennent travailler tous les jours en ville. »
Grâce à cet éclaircissement, la candidate a immédiatement une réponse : « C’est
un phénomène intéressant et inquiétant sur un plan économique et social.
En effet, ces personnes actives ont dû acheter et souvent faire construire un
logement loin de la ville car le terrain y était moins cher. Mais elles ont parfois
minimisé les coûts et les temps de transport. La forte augmentation du prix
des carburants ces dernières années renforce le problème. Ce phénomène pose
par ailleurs une question écologique en l’absence de transports en commun. »
Finalement, la question était tout à fait accessible pour la candidate.
■ Autre exemple
« Que pensez-vous de la valorisation des actifs de l’État ? »
Le candidat ne comprend pas la question mais il ose demander : « Qu’enten-
dez-vous par “actifs” ? »
L’examinateur lui répond : « Il s’agit de ce que possède l’État, les immeubles
par exemple. » Le candidat comprend qu’il s’agit du patrimoine de l’État et il
peut apporter une réponse.
c) La technique du « lasso-définition »
Vous repérez les concepts présents dans la question (d’où le nom de « lasso »).
Vous commencez par donner une définition du concept le plus accessible pour
d’entre eux vous fournira très probablement un début de réponse. Il est inutile
de vouloir utiliser tous les critères (il en existe une multitude).
Pour appliquer efficacement cette méthode, il faut avoir sélectionné au préalable
cinq critères et en avoir appris la liste par cœur. Vous choisirez évidemment
ceux qui correspondent au champ de votre activité professionnelle et à vos
centres d’intérêt. Par exemple, il est inutile de sélectionner le critère juridique
si vous n’avez pas ce type de culture.
Comment cette méthode fonctionne-t-elle ? Nous pourrions dire que les
critères sont autant de « sondes » envoyées pour solliciter la mémoire et que
l’une d’entre elles réactivera une ressource. Nous exploitons ici le pouvoir de
l’association d’idées.
■ Exemple
La question est : « Que pensez-vous du numérique ? »
« Sur un plan technique, je suis toujours étonné par la puissance et la rapidité
qu’il a apporté aux échanges à l’échelle mondiale, d’où l’expression de “village
planétaire”. Je constate un paradoxe sur le plan économique. En effet, d’un
côté, nous voyons une nouvelle forme de commerce qui a émergé avec les
sites marchands et, d’un autre côté, l’échange des données dématérialisées et la
robotisation ont supprimé des emplois. De nouveaux emplois ont aussi été créés
comme ceux de gestionnaire de site ou de réseau ou référenceur. Lors de la crise
sanitaire, le télétravail a permis le maintien d’une partie de l’activité. Les réseaux
sociaux apportent de la convivialité mais aussi la diffusion d’infox (fake news) et
des théories complotistes. Comme pour toute innovation, la vigilance, l’esprit
critique sont nécessaires aussi bien au niveau de l’État qu’au niveau individuel. »
f) La méthode des points de vue
Le processus est le même que pour la méthode des critères : apprendre une
liste. Il s’agit ici d’une liste de personnes susceptibles d’émettre un point de vue :
l’usager, le fonctionnaire, la direction, le contribuable, le médecin, le malade,
la famille, le client, le fournisseur, l’actif, le retraité, le Français, l’étranger…
Ici aussi, votre choix est déterminé par votre champ professionnel.
■ Exemple
La question est encore : « Que pensez-vous du numérique ? »
« J’ai la chance de bénéficier d’un bon équipement tant sur mon lieu de travail
qu’à mon domicile. Le numérique me simplifie la vie. Cependant, j’observe que
certains fournisseurs ou prestataires suppriment des services de proximité ou
téléphoniques et que les personnes qui ne sont pas équipées sont par consé-
quent exclues, c’est ce que l’on appelle “la fracture numérique”. Je pense qu’il
faut, d’une part, faire disparaître les “zones blanches”, aider les personnes à
s’équiper notamment par le recyclage de matériel venant des entreprises mais
aussi former, et simplifier les sites administratifs. »
g) Le jeu des couples : oppositions ou associations
Encore une liste à intégrer : pour/contre, avantages/inconvénients, vrai/faux,
utile/inutile, apparent/caché, causes/conséquences, technocratique/humain, etc.
■ Exemple
Question : « L’État doit-il avoir recours à l’externalisation ? »
Réponse : « L’externalisation consiste à… [définition] ; l’État, comme les entre-
prises, y trouve un avantage économique [méthode des critères] ; néanmoins,
cela présente des inconvénients… ; la mission de l’État est de garantir…, par
conséquent je pense que… »
Remarque : dans cette réponse, nous avons utilisé plusieurs techniques.
h) Les questions de contextualisation : QQCCOQ
Les questions Qui ? Quoi ? Comment ? Combien ? Où ? Quand ? permettent
d’inventorier des faits ; elles constituent la base du métier journalistique. Elles
sont aussi un bon outil pour analyser une information : qui le dit ? Quand
l’a-t-il dit ? Où l’a-t-il dit ?
Pendant la conversation avec le jury, ces questions peuvent vous servir à traiter
les mises en situation déjà évoquées (voir page 124). Il peut être nécessaire de
poser une question complémentaire afin de mieux comprendre le contexte de
la situation proposée. Elles peuvent aussi vous aider à construire une réponse.
■ Exemples
• Le jury dit au candidat : « Depuis quelque temps, vous sentez monter une
certaine démotivation dans votre équipe ; que faites-vous ? »
☛ Conseil
Bien entendu, il faut éviter de toujours recourir à la même technique. Votre travail
d’appropriation vous fera acquérir de la souplesse et de la fluidité pour passer
de l’une à l’autre. Vous apprendrez aussi à les combiner. Nous vous proposons
plus loin (page 153) un exercice d’entraînement.
4. Développer, argumenter
La description des méthodes facilitantes a été assez longue. Rappelons qu’elles
ont pour objectif de vous aider à trouver des angles d’attaque pour amorcer
une analyse, un raisonnement et/ou une argumentation. Une juxtaposition
d’idées est insuffisante.
Chaque fois que cela est possible, annoncez succinctement le plan de votre
réponse. C’est l’indice d’une bonne maîtrise du sujet.
■ Exemples
« J’y suis favorable pour deux raisons… »
« Je vois deux dimensions à ce problème… »
Vous saurez comment produire une analyse structurée et argumentée avec les
méthodes décrites ci-dessous.
a) Comment développer l’argumentation
Argumenter consiste à apporter des éléments afin d’amener l’interlocuteur à
la même position que la nôtre. Ces éléments peuvent être les suivants :
❯ Des preuves : des faits (récents ou historiques), des chiffres, des témoi-
gnages d’experts…
■ Exemple
« Cette méthode a été mise en œuvre à tel endroit et a donné tels résultats… »
❯ Des avantages : certains peuvent être chiffrés.
■ Exemples
« Cette organisation implique davantage les agents, augmente leur motivation
et finalement la qualité de leur travail. »
« Une baisse de 20 % de… »
❯ Premier risque : répondre trop vite sur un ton involontairement « vif », voire
« agressif », simplement à cause du trop-plein d’énergie. Nous vous conseillons
donc de ménager une courte pause avant de répondre. Vous pourrez ainsi
expirer discrètement (et non pas soupirer) pour faire passer l’émotion tout
en analysant l’objection. Nous avons vu plus haut les effets de l’interaction
(voir chapitre 2, section « Pendant tout l’entretien, prenez en compte les deux
fondamentaux de la communication »). Cette pause vous semblera sans doute
durer « une éternité » ; ce n’est que la conséquence de notre appréciation
toujours subjective du temps.
❯ Second risque : la tension générée est tellement forte qu’elle bloque le
processus de l’association d’idées nécessaire pour faire réémerger les ressources.
Ne confondez pas réactivité et précipitation.
1. Vous documenter
Pour disposer des informations pour répondre il faut, bien sûr, prendre le
temps de vous documenter. Les sources sont nombreuses car tous les minis-
tères font des efforts en matière de communication. La consultation de leurs
sites internet et intranet est toujours productive.
Les journaux internes sont aussi souvent une source intéressante pour les
candidats. En effet :
– ils relaient les messages que la direction estime importants… et que vous
avez donc tout intérêt à connaître ;
– les articles sont généralement rédigés avec pédagogie, ce qui facilite l’acqui-
sition des informations.
Vous pouvez vous abonner aux lettres d’information pour faciliter votre veille.
Les candidats susceptibles d’être interrogés sur les principaux dossiers
d’actualité trouveront des ressources sur les sites suivants :
❯ Vie-publique.fr : depuis octobre 2019, sa nouvelle version enrichie, dédiée
aux politiques publiques et aux grands débats qui animent la société, comprend
également la présentation des publications de La Documentation française.
Vous y trouverez des brèves, des éclairages et des articles de spécialistes sur les
sujets d’actualité, des fiches thématiques sur les institutions et la vie publique
en France et dans l’Union européenne, mais aussi le « panorama des lois » pour
suivre l’actualité parlementaire, la Bibliothèque des rapports publics, des
infographies, des vidéos, des cartes, des podcasts et des quizz.
❯ Modernisation.gouv.fr : portail de la transformation de l’action publique.
❯ Economie.gouv.fr : site du ministère de l’Économie, des Finances et de la
Relance. En plus de la liste des attributions du ministère et les organigrammes,
vous y trouverez les rapports d’activité.
❯ Budget.gouv.fr : plateforme des finances publiques, du budget de l’État et
de la performance publique.
❯ Assemblee-nationale.fr et Senat.fr : au-delà de la description du fonc-
tionnement des deux assemblées, vous pourrez consulter les agendas et les
travaux en cours.
La carte mentale
Une carte mentale ou heuristique, ou cognitive, appelée aussi « schéma
heuristique » ou « mind map », est un schéma arborescent d’informations en
cohérence avec le cheminement et le développement de notre pensée.
Deux principes en président la construction : des mots clés (une idée = un
mot) et la hiérarchisation des idées. Ajouter des couleurs et des dessins
constitue un plus.
Nous évoquons ici la carte mentale en tant que support de synthèse pour la
mémorisation et la réactivation, mais cet outil est aussi très puissant pour,
par exemple, réaliser votre exposé ou faire le point sur un sujet d’ordre géné-
ral, afin d’assembler des informations éparses et des avis.
Les outils nécessaires ? Une simple feuille de papier au format A4, un crayon et
une gomme ou l’une des applications disponibles gratuitement sur internet.
Exercice
Cet exercice a un double objectif :
– vous permettre d’évaluer votre niveau de compréhension et de mémorisa-
tion de ce chapitre ;
– vous donner une occasion de vous entraîner.
Les tags sont-ils une forme Fermée Lasso : un tag, c’est… ; la pollution,
de pollution ? c’est…
Ne pensez-vous pas que Interronégative Lasso : « trop » dans quel domaine,
l’État en fait trop pour les Danger ! par rapport à quoi ?
chômeurs ? Un chômeur, c’est…
La France est-elle encore Fermée Lasso : qu’est-ce qu’une « grande
une grande puissance ? puissance » ?
Critères : point de vue institutionnel,
économique, culturel
Que pensez-vous de la Ouverte Lasso : définition de la modernisation
modernisation de l’action de l’action publique.
publique ? Méthode des points de vue :
fonctionnaire, citoyen.
L’épouse du président de Fermée Méthode des critères : point de vue
la République française juridique (constitutionnel), historique
a-t-elle un rôle à jouer ? (ce qu’ont fait les différentes épouses),
médiatique (enjeu), etc.
L’efficacité est-elle Fermée Lasso : définition d’« efficacité »
compatible avec la notion et de « service public ».
de « service public » ? Anecdote : évocation d’un exemple
d’efficacité.
Remarque : nous attirons votre
attention sur la nécessité de savoir
définir les notions de performance,
d’efficacité et d’efficience.
Paroles de jurys
• Concours interne contrôleur des finances publiques de 2e classe – année 2020 – minis-
tère de l’Action et des Comptes publics – direction générale des finances publiques :
« Le point faible de cette épreuve orale reste toujours la méconnaissance de l’environne-
ment de la DGFiP [direction générale des finances publiques]. Les candidats possèdent
une bonne connaissance de leurs missions mais ils ne connaissent qu’approximativement
les autres missions dévolues à la DGFiP. Ils ne maîtrisent pas les interactions entre ser-
vices y compris ceux avec lesquels ils ont des échanges dans le cadre de leurs missions
quotidiennes. » (page 9 du rapport)
• Concours pour l’accès au grade de contrôleur principal – année 2019 – INSEE :
« Les candidats sont interrogés sur les tenants et aboutissants des travaux qu’ils effectuent
ou ont effectués, l’amont et l’aval. »
« Pour les questions pour lesquelles le jury attend une opinion du candidat, il n’y a pas
forcément une bonne ou une mauvaise réponse, mais une qualité de la réponse qui tient
à son argumentation. » (page 10 du rapport)
• Examen professionnel de secrétaire administratif du 3e grade – année 2020 – ministère
de la Justice :
« Les meilleurs candidats… avaient fait l’effort de connaître les missions générales du
ministère, les droits et obligations du statut de la fonction publique et les réformes en
cours. Ils avaient une très bonne compréhension de leur contexte professionnel et une
maîtrise des connaissances techniques s’y afférant (budget et/ou RH). » (page 3 du rapport)
• Examen professionnel d’accès au grade d’adjoint administratif principal de 2e classe
– session 2020 – ministère de la Transition écologique – ministère de la Cohésion des
territoires – ministère de la Mer :
« Certains candidats ont eu du mal à préciser leur contribution exacte au fonctionnement
de leur service et à expliquer le fonctionnement de la chaîne de travail dans laquelle ils
s’inscrivent. Leur prise de recul, ainsi que leur compréhension du positionnement de leur
action sont faibles. Ils ont également des difficultés à expliquer clairement et synthéti-
quement les procédures qu’ils mettent en application, se retranchent derrière les termes
techniques des tâches effectuées et ne sont pas capables d’expliquer la raison d’être d’une
réglementation ou d’une procédure appliquée quotidiennement. » (page 6 du rapport)
• Examen professionnel ingénieur de l’agriculture et de l’environnement – session
2018 – ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation :
« Il convient de faire preuve d’esprit de synthèse et d’éviter les digressions ou les réponses
approximatives. »
« Une bonne connaissance de l’environnement professionnel des IAE [ingénieurs de
l’agriculture et de l’environnement] et du contexte européen, national et local est sou-
haitable ainsi qu’une ouverture d’esprit sur les sujets d’actualité en matière agricole et
environnementale. » (page 28 du rapport)
1. Provoquez immédiatement
une « bonne première impression », créez une relation
Il est souvent difficile d’effacer une mauvaise première impression.
Dès votre entrée dans la pièce, regardez tous les membres du jury. Arrivé face à
eux, souriez, présentez-vous et saluez. Commencez par les membres féminins :
« Bonjour Mesdames, bonjour Messieurs. » Pour vous présenter, vous énoncez
votre prénom suivi de votre nom (ni l’inverse, ni avec monsieur ou madame…).
Évitez la précipitation, avancez posément vers la chaise du candidat et attendez
que le jury vous invite à vous asseoir.
Voici le témoignage d’une candidate admise après un premier échec :
« Cette fois-ci, j’y suis allée avec un autre état d’esprit. J’ai pensé que les
membres du jury étaient des collaborateurs auxquels j’allais expliquer cer-
taines choses. L’an dernier, je les voyais comme des adversaires puisqu’ils
allaient probablement m’empêcher d’obtenir la reconnaissance de ma valeur. Je
n’acceptais pas le principe du concours ; j’étais agacée de devoir ainsi prouver
mes compétences dans un exercice que je jugeais artificiel. Cette année, j’ai
accepté les règles du jeu. »
☛ Conseil
Pour réussir votre entrée, associez-la à une pensée « facilitante ». Nous avons vu
plus haut l’influence de nos pensées sur nos comportements.
Exemple : vous pensez, « Ravi de faire votre connaissance. Je me suis bien préparé
à notre rencontre et j’ai hâte de vous faire part de mon travail… »
3. La présence du candidat
tout au long de l’entretien
1. Définition
Définissons tout d’abord le mot « présence » : il veut dire focaliser l’attention
visuelle et auditive de chaque examinateur sur le candidat ; c’est, en quelque
sorte, « s’imposer ».
La présence s’appuie sur trois piliers :
– une posture stable, dynamique et ouverte ;
– un contact visuel balayant ;
– une expression verbale claire et audible.
La présence du candidat
Une posture :
− stable Un contact visuel Une expression
− dynamique balayant verbale claire et audible
− ouverte
c) Ouverte
❯ Comment adopter une posture ouverte ? Tout simplement en évitant de
croiser les bras, les doigts et même, si possible, les jambes.
Évitez en particulier les jambes croisées deux fois (au niveau des genoux puis
des chevilles) ainsi que les pieds « enroulés » autour des pieds de la chaise.
❯ Pourquoi ?
– parce que, en langage non verbal, l’ouverture prouve que nous sommes
réceptifs, attentifs aux réactions verbales et non verbales de nos interlocuteurs ;
– parce que vous prouverez ainsi que vous avez compris que la communication
est une interaction entre l’émetteur et le (ou les) récepteur(s) ;
– parce que l’ouverture rend les bras disponibles pour produire des gestes
et être dynamique.
Deux pièges !
• Vouloir tout dire et… accélérer pour en avoir le temps.
• Accélérer pour se débarrasser au plus vite de la « corvée ».
1. Définition
Le trac est une appréhension que nous éprouvons à la perspective de devoir
réaliser quelque chose que nous voulons réussir et qui comporte à nos yeux
un enjeu. Nous recevons alors une dose d’adrénaline, c’est-à-dire d’énergie
convertible en force de conviction et en dynamisme.
Deux notions méritent votre attention :
– « enjeu » : évitons de le dramatiser inutilement ;
– « énergie » : le trac nous procure une ressource qu’il nous appartient de
gérer, d’utiliser.
2. Le mécanisme du trac
Le trac est issu de l’interaction de trois composantes qui engendrent des
comportements plus ou moins adaptés.
Des sensations
Des pensées
Des émotions physiques
« limitantes »
désagréables
Des comportements
plus ou moins adaptés
c) Troisième composante :
les sensations physiques désagréables
Ces sensations sont de tous ordres : gorge et bouche sèches, tremblements, mal
de tête, mal de ventre, envie irrépressible d’aller aux toilettes, rougissement,
cœur qui s’emballe, etc.
Les trois composantes que nous venons de décrire interagissent pour produire
des comportements plus ou moins adaptés à la situation. Mais, évidemment,
l’interaction fonctionne aussi dans l’autre sens, c’est-à-dire celui de la synergie
positive. Par conséquent, si vous décidez de travailler sur l’une des compo-
santes du trac, l’impact des autres se réduira très sensiblement et vous vous
sentirez globalement mieux.
■ Exemple
Si vous travaillez sur vos pensées limitantes, alors vos émotions et vos sensations
physiques désagréables diminueront d’intensité. Si vous vous « attaquez » aux
sensations physiques désagréables par le biais de la relaxation, l’impact de vos
pensées limitantes et de vos émotions sera moins fort.
2. L’objectif raisonnable :
adopter une stratégie de gestion, un rituel
Le trac étant une énergie, utilisons-la. L’objectif raisonnable est donc de mettre
au point une stratégie afin de le gérer (et non de le supprimer) et, ainsi, d’en
tirer des bénéfices.
L’adoption d’une stratégie vous sortira du fatalisme. Lorsque vous ressentirez
le trac, débarrassé de la peur d’être démuni et débordé, vous serez capable de
le considérer avec le détachement et l’assurance de celui qui sait comment s’y
prendre. Le « bon trac » s’évanouit dès que vous entrez dans l’action, concen-
tré sur ce que vous avez à faire – dans la situation de l’oral, sur la relation à
établir avec le jury.
Réalisez un état
des lieux
Testez,
évaluez,
ajustez
Testez à nouveau,
ajustez encore
si nécessaire
Utilisez
systématiquement
1. Le pôle « action »
a) Tel un sportif, préparez-vous, entraînez-vous
❯ Repérez le « terrain ». Dans le trac, il existe une part de peur de l’inconnu ;
afin de réduire cette peur, faites le trajet, allez voir le lieu et même la salle où
aura probablement lieu votre épreuve, si c’est possible. Vous pourrez aussi
chronométrer votre temps de parcours et éviter ainsi le stress dû à la crainte
d’arriver en retard. Prévoyez une marge de sécurité dans vos calculs.
❯ Saisissez désormais toutes les occasions de prendre la parole (réunions
professionnelles ou non) pour dédramatiser la posture d’orateur et vous don-
ner la possibilité de tester votre mode de gestion du trac. La multiplication
des expositions entraîne la banalisation (ce sont les bienfaits de l’habitude).
Si l’on vous propose de bénéficier d’un « jury fictif », profitez de cette formi-
dable opportunité. Les membres de ces jurys donnent de très bons conseils
personnalisés.
❯ Répétez votre exposé afin de vous l’approprier complètement. C’est la seule
partie maîtrisable de l’entretien, alors tirez-en profit.
❯ Entraînez-vous au « jeu des questions », comme nous vous l’avons conseillé
au chapitre 4. Vous pourrez ainsi banaliser également la partie questions/
réponses de l’épreuve.
❯ Juste avant le face-à-face, parlez avec le plus de personnes possible sur des
sujets variés, simplement pour entendre votre voix, faire des « gammes », être
rassuré sur votre capacité à être locuteur ce jour-là.
Ayez la sensation d’occuper tout l’espace dès votre entrée dans la salle. Vous éviterez
de vous ressentir comme une « petite chose » abandonnée sur un siège avec le
sentiment d’être un imposteur prêt à repartir au plus vite (les fesses au bord de
la chaise, un pied en avant et l’autre vers l’arrière, dans les « starting-blocks »).
Remarque : ce déploiement aide à faire porter la voix vers le jury.
Impliquez-vous complètement dans l’instant présent. Il est difficile de faire
deux choses simultanément et parfaitement. Alors, entrez tout de suite en
relation avec le jury, concentrez-vous sur ce que vous avez à faire, produisez
votre exposé et les réponses aux questions. Ne cherchez pas à analyser en
même temps la qualité de vos réponses et, par conséquent, évitez de vous
lamenter d’avoir omis de dire ceci ou cela. L’analyse nuirait à la qualité de votre
écoute de la question suivante et, de ce fait, à la qualité de votre réponse. Vous
immerger totalement dans la relation vous fera oublier le trac.
2. Le pôle cérébral
a) Attaquez-vous aux pensées limitantes, « concassez-les »
Inutile de vouloir chasser les pensées limitantes. Elles ont une fâcheuse ten-
dance à revenir très vite. Engagez plutôt un travail d’analyse de ces pensées.
Leur force est de présenter, en général, un aspect logique et donc irréfutable.
■ Exemple
« Je n’ai jamais été brillant à l’oral donc je vais échouer. »
La déduction (par le « donc ») s’impose dans un premier temps mais nous
pouvons affaiblir l’idée avec des questions :
– ce « jamais » est-il vraiment justifié ? Peut-être y a-t-il des situations d’oral
où j’ai bien réussi ; lesquelles ?
– « être brillant » est-il la seule compétence attendue par le jury ?
– quand bien même j’aurais été médiocre, suis-je vraiment condamné à le
rester ? Je devrais pouvoir devenir au moins « bon » en m’y prenant différem-
ment, en m’entraînant.
Contrecarrer les pensées limitantes
Quelle est Quel est En y réfléchissant, Quelle pensée Que puis-je faire
la pensée mon ressenti ? quelle peut être facilitante d’utile pour réussir ?
limitante ? la réalité ? puis-je installer ?
Exemple : Révolte Le jury sera différent, Je sais mieux Mettre au point un plan
Je vais encore Déception même si le président ce qu’il faut faire ou d’action de préparation.
échouer, comme peut être le même. éviter de faire ; M’entraîner avec la
Découragement, je vais me préparer en
l’année dernière. fatalisme visualisation positive.
connaissance de cause.
Exemple : Maintenant : Le « toujours » est J’ai bien le droit de M’entraîner à
Je vais encore impuissance abusif ; en réalité, marquer un petit l’expression improvisée.
chercher mes Devant le jury : c’est « quelquefois » silence pour trouver M’habituer au court
mots, comme impuissance et mais cela me laisse le bon mot. silence en l’incluant
toujours. panique une forte impression Si ce n’est pas le mot dans la visualisation
désagréable. tout à fait juste, tant positive.
pis ! Face au jury, dire
La fluidité verbale n’est tranquillement :
pas l’unique critère de « Je cherche le mot. »
sélection du jury.
Nous vous proposons ci-contre une démarche à suivre, sous la forme d’un
tableau illustré par deux exemples. Elle comporte cinq questions :
• Quelle est la pensée limitante ?
• Quel est mon ressenti ?
• En y réfléchissant, quelle peut être la réalité ?
• Quelle pensée facilitante puis-je installer ?
• Que puis-je faire d’utile pour réussir ?
b) Dédramatisez
Vous avez peur. Posez-vous la question du véritable enjeu ; ainsi, vous éviterez
probablement de vous imposer des pressions inutiles.
❯ Peur de trembler ? Où avez-vous vu que les candidats dont l’émotion est
visible seront éliminés et que seuls ceux qui sont « en acier inoxydable » seront
retenus ?
❯ Peur d’avoir un « trou » au milieu de l’exposé ? Est-il écrit qu’il est interdit
de faire une pause ?
❯ Peur d’avoir les mains moites ? Par chance, vous ne devez pas serrer la main
des examinateurs.
❯ Peur d’échouer ? Les conséquences seraient-elles vraiment dramatiques ?
Bien sûr, ce serait une déception, peut-être même une blessure narcissique,
mais allez-vous réellement « tout perdre » ? Êtes-vous vraiment obligé de
réussir du premier coup ?
Outre l’examen des vrais enjeux, vous pouvez penser à votre regard sur cet
événement dix ans plus tard ou imaginer que vous évoquez tous ces tracas
auprès d’une personne dotée d’humour par exemple.
Prenez du recul, de la hauteur, épargnez-vous les pressions inutiles.
Les conseils que nous vous avons fournis dans le chapitre 5 à propos de votre
posture et de votre entrée dans la salle peuvent vous aider à visualiser ce qu’il
convient de faire pour réussir.
Voici un aperçu de ce que pourrait être votre film personnel :
« Je viens d’entendre l’appel de mon nom. Je me lève calmement, je souffle, je
me dirige lentement vers la porte de la salle, je sens monter en moi l’envie de
rencontrer le jury pour exposer, enfin, ce que j’ai soigneusement préparé. Je
franchis le seuil de la porte, je regarde l’ensemble du jury, je souris, je dis : “Jules
Martin, bonjour Mesdames, bonjour Messieurs.” Je vois le signe d’un examina-
teur m’invitant à m’asseoir. Je prends le temps de m’installer confortablement
en adoptant la position de référence. Je sens mes appuis. Je souffle, j’attends le
signe du démarrage. L’un des examinateurs me dit : “Nous vous écoutons.” La
première phrase de mon exposé me revient en mémoire immédiatement car
j’avais pris la précaution de l’apprendre par cœur. Ma voix est posée et porte
vers le jury. Je regarde chacun. Je termine l’introduction et je marque une pause.
J’en profite pour souffler… Je vois les mots clés de mon exposé et j’explique.
À un moment, j’ai une hésitation, je souffle, je consulte (mentalement) mon
plan tout en regardant le jury et je reprends tranquillement…
Nous arrivons au stade des questions. J’écoute attentivement chaque question.
J’applique les techniques de réactivation de la mémoire, je fais des associations
d’idées. Je réponds en regardant l’ensemble du jury. Je me sens concentré et
totalement présent.
Je viens d’entendre “Nous vous remercions”. Je souris et remercie, je me lève
lentement, je dis “Au revoir Mesdames, au revoir Messieurs”, je me dirige
tranquillement vers la sortie. »
Le cerveau confond ce que nous avons déjà fait et ce à quoi nous avons sim-
plement pensé de façon concrète, précise et scénarisée… Par la visualisation
positive, nous mémorisons donc des comportements adaptés que nous repro-
duirons automatiquement en situation. Nous autoprogrammons le processus
menant à la réussite.
3. Le pôle relaxation
a) Pratiquez une séance d’étirements
Debout ou assis, étirez les bras vers les côtés, vers le haut, vers l’arrière. Roulez
les épaules.
Laissez votre tête pencher d’un côté en jouant sur son poids sans à-coups
et revenez très doucement, puis faites de même de l’autre côté. Allongez les
jambes devant vous et tirez les pointes de pied vers vous.
Laissez venir le bâillement et « profitez-en » pleinement : c’est excellent pour
détendre les muscles faciaux nécessaires à la prise de parole.
b) Adoptez la position du cocher de fiacre
Asseyez-vous au fond de la chaise. Écartez légèrement les jambes pour les
positionner selon la largeur de votre bassin. Posez les coudes sur les cuisses,
laissez tomber les mains, lâchez la tête et soufflez ; maintenez cette position
quelques instants. Puis redressez-vous très lentement, vertèbre par vertèbre.
C’est une excellente technique pour lâcher prise. Vous pouvez même y recourir
pour vous débarrasser des effets des pensées limitantes sur le souffle.
c) Pratiquez la respiration ventrale
C’est la respiration qu’ont tous les nouveau-nés et que nous avons oubliée.
Pour être capable de l’utiliser en toutes circonstances, il faut consacrer un peu
de temps à un petit entraînement.
Considérez votre ventre comme un ballon. Gonflez-le en inspirant (comme si
l’air allait s’y loger plutôt que dans les poumons) ; contractez les abdominaux
pour expirer. Expirez longuement en prenant conscience de l’élimination des
contractures et des pensées limitantes. Le ballon se dégonfle.
☛ Au cours du face-à-face, une respiration ventrale (certes discrète) vous permet-
tra de récupérer après une émotion ou une déstabilisation. Attention : une
respiration ventrale n’est pas un soupir.
Trois séquences suffisent. Si vous avez identifié une zone de tension, réalisez
les trois séquences de respiration en vous focalisant sur cette zone. Le passage
du souffle à cet endroit dénouera la tension.
f) Reliez-vous à votre « état ressource »
Sélectionnez le souvenir d’une situation particulièrement et profondément
relaxante (chez vous ou à l’extérieur). Comme nous l’avons vu pour la technique
de la visualisation positive, sollicitez vos sens pour repartir mentalement et
complètement dans ce lieu et sentir la relaxation : « Je vois, j’entends, je sens,
je ressens, j’ai le goût de… »
Concentrez-vous sur le ressenti de détente : « Je sens toutes les fibres de mon
corps relâchées » ; noyez-vous dans cette relaxation. Puis associez à ce ressenti
un geste discret ; par exemple, serrez le pouce gauche avec la main droite. Vous
effectuez ainsi un autoconditionnement que vous pourrez réactiver chaque
fois que vous éprouverez le besoin de vous relaxer.
Vous reprenez contact avec des sensations agréables de détente. À appliquer
quand vous vous sentez tendu.
g) Conjuguez prise d’assurance et concentration
par une respiration « verticale »
Debout, les épaules relâchées, les pieds légèrement écartés (selon la largeur
de votre bassin) et bien plantés dans le sol, inspirez en vous concentrant sur
le haut de votre crâne et expirez en vous focalisant sur la plante de vos pieds ;
l’air vient du haut et vous traverse de haut en bas. Répétez le mouvement
une dizaine de fois.
h) Donnez-vous le temps de vous installer confortablement
Nous avons déjà évoqué la « position de référence » dans le paragraphe sur
le comportement pendant l’entretien (page 162). Vous pouvez y ajouter la
sensation d’avoir un « bassin en plomb ». Le bassin est le centre de gravité du
corps. Si vous vous focalisez sur lui en le ressentant comme très lourd (comme
si vous y aviez coulé du plomb), les autres parties du corps se détendent et
votre meilleur ancrage sur le sol augmente votre confiance en vous.
4. En conclusion
Le tableau page 186 récapitule nos suggestions ; vous trouverez sans doute
vous-même d’autres solutions.
Pour acquérir de nouveaux réflexes, les spécialistes des neurosciences cognitives
ont observé qu’il faut vingt et un jours : peut-être devriez-vous commencer à
élaborer votre rituel de gestion du trac dès aujourd’hui ?
Exemple
Points positifs Points négatifs
🙂 🙁
Gestion du trac Bonne
Prise de contact Entrée calme et posée Pas assez bien regardé le jury
Bonne installation en arrivant.
État des connaissances pour TB pour tout l’environnement Trop léger sur l’actualité et
répondre aux questions professionnel son analyse
CONCLUSION
CONCLUSION
Au fil des chapitres, nous vous avons proposé des éléments pour construire
votre plan d’action, qui deviendra aussi votre tableau de bord.
Vous en trouvez le récapitulatif ci-dessous.
Il ne vous reste plus qu’à inscrire les échéances dans la quatrième colonne.
Bonne préparation !
* Une date d’échéance correspond à une action qui doit être terminée à une date précise ;
une date de démarrage s’associe à une action que l’on va devoir répéter souvent car il s’agit
d’acquérir un réflexe.
Exemple : adopter systématiquement une posture dynamique et ouverte.
BIBLIOGRAPHIE
Dossier RAEP
Chantal Perrin-Van Hille, RAEP : construire le dossier, La Documentation fran-
çaise, coll. « FAC », 2018.
Sylvie Beyssade, Pascal Cantin, Valentin Sartre, La RAEP par l’exemple (édi-
tion 2019-2020), Dunod, coll. « J’intègre la fonction publique », 2019.
Argumenter
Lionel Bellenger, La force de persuasion. Du bon usage des moyens de per-
suader et de convaincre (6e éd.), ESF, coll. « Formation permanente », 2011.
Renée Simonet, Jean Simonet, Savoir argumenter (3e éd.), Éditions d’organi-
sation, 1999.
La créativité
Jean-Luc Deladrière, Frédéric Le Bihan et al., Organisez vos idées avec le
Mind Mapping, Dunod, coll. « Mind Mapping », 2019.
Le management
Marie Agouzoul, Jean-François Lemmet, Manager avec réussite dans la fonc-
tion publique (3e éd.), Gualino, 2020.
Claudine Catry, Jean-Louis Muller, Exercez votre autorité avec diplomatie,
ESF, coll. « Les Guides pratiques », 2012.
Frédéric Petitbon, Philippe Ledenvic, Manager public. Vos solutions au quoti-
dien, Eyrolles-Éditions d’organisation, coll. « Livres outils », 2011.
Gilles Prod’homme, S’affirmer sans s’imposer. Gérer les conflits. Favoriser le
travail collaboratif, Dunod, coll. « Efficacité professionnelle », 2009.
Monique Selles, Jean-Pierre Testa, Animer, diriger une équipe, ESF, coll. « Guides
pratiques », 2008.
SITOGRAPHIE
Pour se documenter en vue des questions
Assemblee-nationale.fr
Budget.gouv.fr
Data.gouv.fr
Economie.gouv.fr
Modernisation.gouv.fr
Senat.fr
Vie-publique.fr
APPLICATIONS
Pour apprendre à se relaxer
Petitbambou.com : application gratuite de méditation en pleine conscience.
RespiRelax+ : application gratuite de cohérence cardiaque.
MindMapping
Mindmapping.com/fr : comment créer une mind map (carte mentale).
1. Les publications de La Documentation française font régulièrement le point sur des sujets concernant
l’administration et elles constituent une source fiable accessible sur www.vie-publique.fr/publications.
L'entretien avec le jury s'impose à tous les candidats admissibles aux concours
administratifs. L'épreuve répond à un objectif majeur de la fonction publique :
recruter les compétences dont elle a besoin.
Cet ouvrage méthodologique propose une stratégie pour accompagner chacun
dans la mise en valeur de ses qualités. Plusieurs exemples concrets sont
analysés et un chapitre entier est dédié aux techniques de gestion du trac.
La méthode sera également utile tout au long du parcours professionnel
– entretiens d’embauche, exposés, prestations orales diverses…
Chantal Perrin-Van Hille est animatrice de formations à la préparation des
dossiers de reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle
(RAEP) et des oraux, intervenante auprès de grandes administrations et en
entreprise. Elle est également formée aux outils du coaching.
Sommaire
1. Quelle stratégie adopter ?
2. Qui sont les protagonistes de l’entretien ?
3. Quelles sont les caractéristiques d’un exposé performant ?
4. Quelle est la démarche à suivre pour réaliser un exposé performant ?
5. Comment répondre aux questions ?
6. Comment vivre le face-à-face ?
7. Gérer son trac
8. Que faire après l’entretien avec le jury ?
Direction de l’information
légale et administrative
La Documentation française
www.vie-publique.fr/publications
ISBN : 978-2-11-157474-8