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Master 2e année Structures USTHB – Faculté de génie civil

Module plasticité et endommagement Département structures et matériaux

Module plasticité et endommagement


Unité d’enseignement UEF 2.1.1
Crédits : 4
Coefficient : 2
Chapitre 1. Introduction au calcul anélastique des structures
Chapitre 2. Calcul plastique des structures
Traction plastique
Flexion Plastique
Chapitre 3. Analyse limite appliquée au calcul des structures
Théorème statique
Théorème cinématique
Analyse limite et réglementation (ELU, dimensionnement sismique)
Chapitre 4. Endommagement

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Module plasticité et endommagement Département structures et matériaux

Chapitre I : Introduction au calcul anélastique des


structures
1. Introduction :
Le comportement élasto-plastique des matériaux est mis en évidence à travers
d’essais mécaniques. L’essai le plus simple à mettre en œuvre, et le plus utilisé,
est celui de traction.
Si on fait une expérience de traction sur un matériau, on constate que tant que
les efforts de traction ne dépassent pas une certaine limite, la relation
contrainte-déformation reste linéaire. Au-delà de cette limite, on constate que
la linéarité est perdue : le matériau a une loi de comportement différente.

2. Notions de lois de comportement :


Nous introduisons la notion de lois de comportement à partir de l’analyse de la
réponse d’une éprouvette soumise à un essai de traction.

2.1. Essai de traction :


L’essai de traction consiste à tirer sur une éprouvette, et permet de tracer la
courbe contrainte-déformation du matériau considéré. L’éprouvette normalisée
est soumise à un effort de traction progressif, croissant de zéro jusqu'à la
rupture. L'allongement de l'éprouvette en fonction de l'effort de traction
appliqué est enregistré.
Pour un acier doux, on obtient un diagramme contrainte - déformation
comparable à la figure suivante :

Figure I.1 - Diagramme contrainte - déformation

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On observe au cours d’un chargement (monotone croissant) que la courbe


présente les phases suivantes :

Première phase (comportement élastique) :


Cette phase est définie par une contrainte (σ) qui est inférieure à la limite d’élas-
ticité (σe). Les allongements sont très faibles et le comportement du matériau
est linéaire élastique.
Puisque le chargement ne dépasse pas la contrainte σe, la décharge repassera
par le même chemin de chargement (déformations réversibles). Le
comportement du matériau est réversible, ce qui signifie que si on décharge
l’éprouvette, celle-ci retrouvera son état initial. C’est la définition de l’élasticité.
La déformation élastique est liée à la contrainte à travers la loi de Hooke :
𝜎 = 𝜀𝑒 𝐸 (𝐼. 1)
Où E est le module de Young, identifié comme la pente de la droite de
chargement.
σ : est la contrainte normale.
εe : est la déformation élastique.

Seconde phase (élasto-plastique) :


Cette phase est caractérisée par une contrainte (σ) qui dépasse la limite
élastique (σe). Le matériau rentre dans le domaine plastique, et la déformation
n’est plus réversible.
Pour observer l’irréversibilité liée au comportement plastique, il est nécessaire
d’effectuer une décharge de l’éprouvette. La décharge ne se fait pas suivant la
courbe de charge, mais suivant une droite de pente E. C’est de nouveau un
comportement élastique et réversible.
Une déformation additive uniaxiale est identifiée en parties élastique et
plastique :
𝜀 = 𝜀𝑒 + 𝜀𝑝 (1.2)
Où εe est la déformation élastique, réversible (récupérable à la décharge).
εp est la déformation plastique, irréversible ou résiduelle.
Dans cette phase, le matériau se déforme à contrainte constante.

Troisième phase (Écrouissage) :


Si on recharge l’éprouvette (après la décharge qui a permis d’identifier une
déformation irréversible), la plasticité redémarre à σ1 (supérieure à la limite
d’élasticité initiale σe). En conséquence, la limite d’élasticité est passée de σe à
σ1 : on a écroui le matériau.
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La plus grande contrainte obtenue dans cette phase est dite : contrainte de
rupture σu.

Quatrième phase (la striction) :


La déformation augmente et la charge est décroissante car une diminution de
la section transversale se produit en un point de l'éprouvette. C'est la phase de
striction. Elle se termine par la rupture de l'éprouvette (point D).

D’une façon générale, les matériaux ayant un palier plastique important sont
les matériaux métalliques, qui sont caractérisés par une bonne ductilité.

Le diagramme contrainte-déformation permet de déterminer :


La limite d'élasticité σe.
La contrainte de rupture σu.
Le module d'élasticité longitudinale, ou module de Young E=tg α.
L’allongement à la rupture εu.
Il est possible d’estimer la valeur du coefficient de Poisson par le biais de la for-
mule suivante :
Δ𝑎 Δ𝑙
= −𝜈 (1.3)
𝑎 𝑙
Le signe (–) traduit que l’allongement de l’éprouvette, Δl > 0, s’accompagne
d’une contraction latérale Δa < 0.

l : longueur initiale de l’éprouvette.


a : dimension transversale de l’éprouvette.

2.2. Contrainte limite de traction :


Le tableau suivant donne l’ordre de grandeur de la limite d’élasticité en traction
et le module de Young pour quelques matériaux :
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Matériau Limite d’élasticité Module de Young


(MPa) (MPa)
Acier de construction (non allié) 285 à 355 210 000
Acier faiblement allié 750 à 1450 210 000
Aluminium 240 74 000
Tableau 1.1 – Propriétés de quelques matériaux métalliques

3. Plasticité de l'acier : réserve de sécurité


Le plus grand danger à éviter en construction est celui d’une rupture fragile, rup-
ture survenant brutalement sans aucun signe préalable. La probabilité d’avoir
des valeurs réelles des charges plus fortes, et celles des résistances des maté-
riaux plus faibles que les valeurs prises en compte dans les calculs, n’est pas né-
gligeable.
Le palier de ductilité (palier plastique) est particulièrement important, car il re-
présente une réserve de sécurité. En effet, l’élément d’une structure peut être
sollicité au-delà de sa limite élastique. Cet élément dispose du palier plastique
pour se décharger sur les zones avoisinantes. On parle alors d'adaptation plas-
tique.

3.1. Loi de comportement d’un matériau fragile :


La loi se réduit à sa phase élastique, sans plasticité. Pour ce type de matériau, il
est important d’appliquer des coefficients de sécurité considérables.

Figure I.2 – Comportement d’un matériau fragile

3.2. Loi de comportement d’un matériau élastique plastique :


Un matériau ayant un palier plastique important présente des qualités fonda-
mentales pour la sécurité. Quand sa résistance mécanique est épuisée, il pré-
vient par les déformations qu’il subit. Un tel matériau présente la possibilité
d’adaptation.
Pour de petites déformations plastiques d’aciers de construction à carbone bas
ou moyen, la courbe contrainte déformation est idéalisée par deux lignes
droites : l’une avec une pente pour le domaine élastique, et l’autre avec une

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pente nulle représentant le domaine plastique. Cette loi de comportement s’ap-


plique à un matériau dit élastique parfaitement plastique.

Figure I.3 – Comportement d’un matériau ductile

Cette notion de plasticité/sécurité est très importante. En effet, lorsqu'une pièce


en fonte ou en acier dur est excessivement sollicitée au-delà de la limite d'élas-
ticité, elle va se rompre brutalement, sans présenter de déformation. En re-
vanche, une pièce en acier doux va présenter de grandes déformations qui vont
prévenir du danger.
Plus la teneur en carbone des aciers augmente, plus le palier de ductilité se rac-
courcit et plus la déformation à rupture diminue. La sécurité est donc inverse-
ment proportionnelle au taux de carbone. C'est pourquoi seuls les aciers doux (à
faible teneur en carbone) sont autorisés en construction, le taux de carbone
moyen étant de 0,2%.

Figure I.4 – Diagramme contrainte déformation pour plusieurs types d’aciers

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Le tracé des courbes contraintes-déformations des matériaux ductiles, permet


d’obtenir plusieurs modèles : élasto-plastique avec écrouissage, élasto-plas-
tique parfait, rigide plastique ou plastique parfait.

Figure I.5 – Lois de comportement : matériau ductile (a), modèle élasto-


plastique écrouissable (b), modèle élasto-plastique parfait (c), modèle rigide
plastique (d)

Dans le cadre de notre cours, pour le calcul anélastique des structures, la loi de
comportement d’un matériau élastique-plastique sera considérée.

4. Notions sur les origines physiques du comportement plastique des


matériaux :
Un comportement observé d’un matériau est le résultat de déformations locales
à une échelle microscopique. Cet aspect microscopique est fondamental pour la
compréhension des phénomènes physique.

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La plasticité est un phénomène intervenant dans les matériaux présentant une


structure cristalline : les atomes forment un réseau périodique dans un cristal.
Une position stable des atomes existe à l’interieur d’un cristal.

FigureI.6 – Atomes d’un matériau sous forme cristalline

En élasticité, la distorsion du réseau d’atomes est réversible. Les forces


interatomiques (qui existent entre les atomes) équilibrent le chargement imposé
au matériau. La réversibilité de l’élasticité se traduit par une déformation et une
distorsion du réseau, mais sans changer l’agencement relatif des atomes du
cristal.
Lorsque le chargement devient trop important, un glissement des plans
atomiques se produit, les uns sur les autres. Ce glissement persiste à la décharge,
et donc « l’agencement relatif » des atomes change dans le cristal.
Ce phénomène est illustré sur la figure suivante :

Figure I.7 – Charge et décharge d’un cristal

Le glissement des atomes qui persiste correspond à l’apparition du palier


plastique du matériau.

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Figure I.8 – Glissement des plans atomiques

La rupture du matériau est expliquée par l’existence de défauts, appelés


dislocations, au sein du cristal. Une dislocation est une ligne dans un réseau
tridimensionnel qui correspond à l’existence de lacunes dans le réseau atomique
de base. Une dislocation se propage de proche en proche jusqu’à déboucher,
provoquant ainsi une rupture.

Figure I.9 – Dislocation au niveau du cristal

La plasticité observée à travers l’irréversibilité d’une partie de la déformation


sur l’essai de traction, est la conséquence de mécanismes de glissement à
l’échelle microscopique.

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5. Nécessité du calcul plastique :


Soit une poutre bi-appuyée, supportant une charge concentrée au milieu P :
P

L/2 L/2

PL/4
Figure I.10 – Diagramme des moments fléchissants d’une poutre sous un char-
gement concentré

La section la plus chargée (critique) de la poutre se trouve à x=L/2, pour laquelle


le moment fléchissant est donné par :
𝑃𝐿
𝑀𝑚𝑎𝑥 = (I. 4)
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Au droit de cette section, la contrainte normale est donnée par :
𝑀𝑧
𝜎= ≤ 𝜎𝑒 (I. 5)
𝐼𝑦
Ce qui permet de calculer le moment maximum qui provoque la ruine de la
poutre, en considérant le domaine élastique du diagramme contrainte-déforma-
tion :
𝜎𝑒 𝐼𝑦
𝑀𝑚𝑎𝑥 = (I. 6)
𝑧
En remplaçant l’expression du moment (I.6) dans l’expression (I.4), la charge cri-
tique élastique de la poutre est obtenue :
4𝜎𝑒 𝐼𝑦
𝑃𝑐𝑟 = (I. 7)
𝐿𝑧

Remarques :
• Ce calcul élastique est mené pour une seule section droite (la plus chargée).
Les autres sections de la poutre ne sont pas considérées.
• Ce calcul ne considère pas le palier plastique du matériau.

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• Une analyse plus fine qui intègre le palier plastique du matériau, permet d’ap-
procher son comportement réel.
• Un modèle plastique conduit à des analyses non-linéaires qui mènent à un
dimensionnement plus strict en termes de choix du matériau, et de la forme
des éléments structuraux.

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Série d’exercices N°1 - Généralités

Exercice 1 :
En considérant le domaine élastique du matériau, calculer les charges critiques de ruines des
poutres suivantes :

Sachant que : σe=235N/mm², l=6m, a=2m.


La section transversale de la poutre est donnée par :

Exercice 2 :
En utilisant la méthode des forces, calculer les réactions d’appuis et tracer les diagrammes des
efforts internes. Calculer la charges critique de ruine, en considérant le domaine élastique du
matériau.

Sachant que : σe=235N/mm², l=6m.


Pour les cas A, B et C la section transversale de la poutre est la même que pour l’exercice 1.
Pour le cas D, la section transversale est donnée comme suit :

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