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Étienne DINET

Quelques rayons de
la lumière de l’Islam
Introduction par Imâd Eddine Khalîl

Traduction Messaoud Boudjenoun


Revue par les éditions Héritage
Préface

Étienne Dinet (m. 1929) donna une conférence


au Caire en français, qui fut traduite simultanément en
arabe. Celle-ci fut par la suite publiée dans le monde
arabe.
Afin de contribuer à valoriser le patrimoine isla-
mique francophone, nous sommes heureux de pouvoir
mettre à disposition du grand public cette publication.
Dans ce discours, Étienne Dinet fait preuve d’érudition
et de ferveur religieuse en tentant d’exposer quelques
rayons de la lumière de l’Islam.
Son positionnement quant à Mustapha Kemal
témoigne de la vision de nombreux penseurs de l’époque,
à l’instar du cheikh Ibn Badis, qui ont vu en son action
un barrage aux volontés colonialistes de l’époque.
Il convient donc de replacer ses propos dans leur
contexte et d’en considérer la valeur historique.
Thomas Sibille

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Introduction
Par Imâd Eddine Khalîl

Le penseur et artiste français musulman, Nasreddine


(Étienne) Dinet (1861-1929), connaît beaucoup de choses
sur l’Islam, en raison de sa longue fréquentation de la
société musulmane et de son appartenance à cette reli-
gion. Cette connaissance s’est traduite par la publication
de nombreux ouvrages d’une grande importance comme
La vie de Muhammad, Prophète d’Allah1 en collaboration
avec Sliman Ben Brahim l’Algérien, Quelques rayons de la
lumière de l’Islam, Le pèlerinage à la Maison d’Allah, L’Orient
vu de l’Occident2, etc.
L’auteur définit l’Islam comme étant « la sublime
profession de foi de l’unicité divine », une religion qui
possède ces hautes valeurs sur lesquelles se fonde la foi.
Il met au défi les détracteurs de l’Islam qui courent der-
rière les équivoques « de nous prouver l’existence de ces
valeurs dans l’Évangile ou dans un autre livre sacré, s’ils
sont sincères ».

1 Paru aux éditions Héritage en 2021.


2 Paru aux éditions Héritage en 2021.
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L’auteur est serein dans son défi, convaincu d’une
façon certaine que cette religion se distingue par sa profes-
sion de foi, et se distingue par ses principes fondamentaux
et que, par conséquent, il n’y a aucune similarité ni aucun
emprunt à d’autres religions. A contrario, cette religion
a fait face, dès le premier instant de son avènement, aux
déviations des autres religions, en les stigmatisant.
Dans la plupart de ses ouvrages, Dinet traite des par-
ticularités de la foi musulmane en mettant l’accent sur
les caractéristiques fondamentales des principes qui en
découlent.
Dans cette optique, il s’étend largement sur un
des principes fondamentaux qui distinguent l’Islam des
autres religions, à savoir l’affranchissement de l’homme
de tout intermédiaire entre lui et Dieu.
« La relation directe entre le serviteur et Dieu
est l’une des grandes questions sur lesquelles l’Islam a
dépassé toutes les autres religions. En effet, ces intermé-
diaires entre Dieu et l’homme sont les plus grands fléaux
des religions, quelle que soit leur conviction, leur sincé-
rité ou leur intention. Au demeurant, Jésus avait compris
cela de lui-même. N’a-t-il pas chassé les marchands du
Temple ? Malheureusement, ses adeptes n’ont pas suivi
son exemple. Aussi, s’il revenait aujourd’hui, combien de
marchands du Temple chasserait-il ? »
La raison pratique a trouvé un élément très impor-
tant dans l’Islam, à savoir la suppression totale de tout
intermédiaire entre l’homme et Son Seigneur, et ce « parce
qu’il n’y a aucun mystère en Islam ni aucune dévotion

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aux saints, de même que l’Islam ne ressent aucun besoin
d’avoir des temples et autres sanctuaires, dans la mesure
où toute la terre est considérée comme une mosquée ».
Il s’agit bien sûr des temples et autres sanctuaires
religieux dans un sens d’adoration restreinte comme le
pratiquent les autres religions et non dans la vaste concep-
tion islamique qui donne à l’homme toute latitude d’être
en contact avec son Seigneur, que ce soit derrière les murs
des mosquées ou dans n’importe quel lieu de la terre.
En supprimant tout intermédiaire entre l’homme et
Dieu, l’Islam a donné un coup décisif à la conception de
la sainteté humaine et à l’idée de l’intercession entre Dieu
et les hommes, et a libéré, partant, la raison humaine de
toutes les superstitions néfastes et de toutes les fausses
croyances, en faisant disparaître leurs effets et leurs consé-
quences. Aussi, le musulman n’est tenu d’invoquer ou de
supplier aucun être humain, mais il est tenu d’invoquer
Dieu, seul, sans aucun associé. De même, le Coran inter-
dit l’intercession et fustige les intercesseurs. Le Jour de la
résurrection, l’âme ne sera interrogée que sur elle-même.
De ce point de vue, se confirme la responsabilité person-
nelle comme elle ne s’est confirmée dans aucune autre
religion.
À la lumière de cette vision dogmatique unitariste,
claire et pure, Dinet n’hésite pas à soutenir que « l’Islam
est la seule religion où l’idée de Dieu n’a pas pris de
forme humaine ou autre ». Il s’agit d’une transcendance
totale qui sied à l’essence divine immanente et distincte

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de toute chose, comme elle sied au bon sens de cette reli-
gion, de son positivisme et de son rationalisme.
En plus de cette libération de la raison humaine,
l’Islam a concrétisé l’idée de l’égalité entre les tribus et les
peuples, une idée qui ne fut connue en Occident qu’après
la victoire de la Révolution française. Cependant, la
conception de l’égalité en Islam n’est pas une conception
stérile ou idéaliste et qui contredit — fondamentalement
— l’idée de justice, bien que les utopies occidentales pla-
toniques et idéalistes, y compris celle du marxisme, aient
revendiqué cela, avant que la réalité ne prouve l’impossi-
bilité de les mettre en application. Auquel cas, et s’il est
indispensable qu’il y ait des niveaux et des degrés entre
les hommes, il n’en demeure pas moins que la Charia
n’a jamais donné à quiconque parmi eux un mérite sur
les autres, sauf en ce qui concerne les vertus morales, la
noblesse et l’intelligence. « C’est cela que doivent convoi-
ter ceux qui convoitent ». En effet, c’est grâce à l’effort, au
don, aux réalisations, aux capacités et aux moyens intrin-
sèques, que les hommes doivent se distinguer les uns des
autres. Dans ces domaines-là, l’égalité ne peut être que
juste ; mais en dehors de cela, ce ne peut être qu’injustice,
puisqu’il est impossible que le critère de distinction soit
indépendant de la volonté des gens, de leurs choix et du
degré de leurs dons. Ainsi, si on met sur le même pied
d’égalité celui qui travaille et celui qui ne travaille pas, on
aura fait acte d’injustice, de la même façon si on distingue
entre un blanc et un noir, dans la mesure où l’homme ne
possède pas le pouvoir de choisir la couleur de sa peau !

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En outre, avec la libération et l’égalité, il y a aussi
la caractéristique « positive » qui découle de la vision
islamique de la prédestination et de la toute-puissance
divine, contrairement à ce que s’imaginent les détrac-
teurs de cette religion et ceux qui ont une maladie dans
le cœur ! Comment peut-on prétendre, en effet, que la
croyance en la prédestination et en la toute-puissance
divine paralyse tout effort chez le musulman, alors que
le Prophète r était le plus actif des hommes et le plus
persévérant d’entre eux et alors que l’Islam est la seule
religion qui ait réussi, après son avènement, à faire ces
grandes et magnifiques conquêtes et à donner naissance
à cette grandiose civilisation ? Le mot « Islam » signifie la
soumission aux commandements de Dieu, c’est-à-dire là
où aucune force humaine ne peut s’interposer, mais il
n’est pas dans les significations de ce mot la soumission
aux choses qui peuvent être changées ou détournées par
l’action et l’initiative. De ce fait, cette vision est loin d’être
une source de faiblesse. Bien plus, elle est une source de
force précieuse inégalée pour le musulman qui l’aide à
supporter les épreuves et les malheurs.
Cela étant, si nous analysons cette question aussi
bien sur le plan de l’analyse rationnelle et psychologique
que sur le plan de la rigueur historique et scientifique,
cela nous confirmera dans notre conviction que, dans
l’esprit du musulman, la croyance en la prédestination
et en la toute-puissance divine est une impulsion vers
l’activité, le sacrifice et la générosité.
C’est aussi une religion qui soutient sans réserve
la science, la conviction, la logique et combat les
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s­uperstitions, les mythes et les chimères. « Depuis ses
débuts, l’Islam s’est attelé à combattre les superstitions et
les chimères. Or, c’est le même rôle que joue aujourd’hui
la science ».
En plus de tout cela, l’Islam est une religion souple,
globale, valable pour tout temps et tout lieu, et capable
de s’adapter à toutes les mentalités et préoccupations
humaines ainsi qu’aux divers niveaux rationnels et
civilisationnels.
De même que l’Islam s’est adapté depuis son avè-
nement à tous les peuples, il s’adapte aussi à toutes les
mentalités et à tous les niveaux de civilisation. En effet, en
même temps qu’il motive l’action de l’homme d’affaires
dans les marchés de Londres où la devise est « Le temps
est d’or », il attire l’esprit du philosophe spirituel ; de
même qu’il est accepté sereinement par l’Oriental avide
de méditation, il est apprécié par cet Occidental amou-
reux de l’art et séduit par la poésie.
Telle est l’une des caractéristiques originelles
propres à l’Islam, à savoir « son adaptation à toutes les
races humaines. En effet, ce ne sont pas les seuls Arabes
qui ont suivi l’Islam, car cette religion a prouvé, depuis
son avènement, qu’elle est une religion valable néces-
sairement pour toute race et pour toute mentalité, dans
la mesure où c’est la religion de ce qui est inné chez
l’être humain. Or, l’inné est le même chez tous les êtres
humains ; qui plus est, elle est valable pour tous les
niveaux de la civilisation ».

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C’est pour cela qu’on voit, par exemple, un savant
anglais comme Édouard Wirth écrire : « Je me suis rendu
compte, sans le savoir, que je professais l’Islam ». Quant à
Goethe, le célèbre poète allemand, après avoir étudié les
principes de l’Islam, il a dit ceci : « Si tel est l’Islam, ne
sommes-nous pas tous musulmans ? »
L’édifice de cette religion, dont la vocation est d’être
la dernière religion de l’humanité, est terminé ; elle porte
en elle sa nécessité et sa pérennité jusqu’au dernier jour
de l’homme sur cette terre : « lorsque Dieu a rappelé à
Lui le fondateur de l’Islam, cette religion avait atteint
sa perfection définitive, avec précision, jusque dans ses
moindres détails ».
Une telle religion ne peut pas être seulement valable
en tout temps et en tout lieu, conforme aux conditions et
circonstances de vie spécifiques et objectives de l’huma-
nité, mais elle possède également une capacité extraordi-
naire d’influence, d’acquisition et de propagation. Cette
capacité puise sans nul doute ses composantes des carac-
téristiques de l’Islam dont quelques-unes ont été men-
tionnées par Dinet dans certains de ses ouvrages. Dans ce
contexte, notre auteur parle de la capacité d’influence, en
montrant comment l’Islam a marqué de son empreinte
claire et manifeste les nations qui se réclament de lui,
au-delà de la diversité de leurs races et de leurs territoires,
et comment « ses influences sont restées encore vivaces
chez les populations de l’Espagne, bien que celles-ci
aient abandonné l’Islam il y a plus de cinq siècles ». Notre
auteur explique d’ailleurs cet abandon — qui a eu lieu
dans des situations exceptionnelles — par deux raisons
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fondamentales : « les persécutions et les tortures insup-
portables exercées par les tribunaux de l’Inquisition ou la
recherche de profits matériels, vils et éphémères ».
À part ces cas rares, l’influence de l’Islam sur les
âmes reste indélébile ; c’est une influence qui s’étend à
tous les domaines de la vie individuelle et collective ; elle
a pu réussir à changer, à transformer et à effacer beau-
coup de pratiques erronées qui étaient ancrées dans les
mentalités des gens et que tous les systèmes et les lois,
qu’ils soient divins ou positivistes, ont échoué à faire
disparaître. « Beaucoup de musulmans, à titre d’exemple,
ont abandonné la consommation du vin, se sont repen-
tis et sont revenus à Dieu, rien que par l’influence de la
religion et des injonctions coraniques interdisant le vin,
alors que nous ne connaissons aucun chrétien porté sur
les boissons alcoolisées qui ait cessé de les consommer ou
qui s’en est repenti ».
Dans cette optique, nous connaissons très bien, sur
le plan pratique, comment les États-Unis d’Amérique ont
échoué lamentablement dans leurs tentatives de prohiber
la consommation de l’alcool dans les années trente. Ils se
sont trouvés dans la nécessité de remettre en cause toutes
les lois promulguées à cet effet, malgré tout ce qu’ils ont
prodigué comme efforts gigantesques à tous les niveaux :
médiatique, financier, policier et juridique.
En bref, si nous voulons connaître l’influence réelle
et la marque profonde de l’Islam sur les cœurs et les
âmes, il nous faut faire une étude analytique complète du

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Coran afin qu’apparaisse le degré de grandeur et d’enraci-
nement de la foi en Dieu dans le dogme islamique.
C’est cette soumission pratique à la volonté de
Dieu, ainsi que cette certitude absolue en la véracité de
Sa loi, en sa justesse et en son objectivité de même que
sa conformité avec les exigences de l’homme et sa place
dans l’univers, qui ont permis à des versets du Livre de
Dieu de faire abandonner à toute une communauté,
voire à diverses communautés, de consommer du vin ;
elles ont permis aussi à d’autres versets de faire disparaître
et d’effacer des dizaines, voire des centaines, de pratiques
erronées ancrées dans la vie humaine et de les remplacer
par des valeurs et des pratiques nouvelles qui conviennent
à la noblesse de l’homme.
Il s’agit, en premier et en dernier lieu, de la foi qui
s’est perfectionnée dans ses moyens et ses caractéris-
tiques, et qui est arrivée, par conséquent, à posséder cette
capacité unique d’imprimer son influence et d’induire le
changement.
De même qu’il met en exergue les caractéristiques
et les principes fondamentaux de la foi de l’Islam, dans
plusieurs de ses ouvrages, Dinet, l’Occidental, venu de
l’Occident noyé dans l’égarement et la confusion, exprime
une grande admiration pour la dévotion islamique dont
il montre les mérites et l’influence magique.
En parlant, par exemple, de la prière (salât), il montre
comment l’Islam s’est distingué, depuis ses débuts, par la
particularité de sa prière et par le rappel de son horaire
aux croyants, rôle qui est tenu par l’homme lui-même

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qui appelle ses frères à accomplir cette obligation. Il est
vrai que la voix humaine est une voix naturelle qui peut
porter plus que n’importe quel autre moyen mécanique
l’émotion du cœur du croyant à ses frères croyants, en les
invitant à accomplir un des plus importants fondements
de l’Islam.
Lorsque la prière commence, Dinet remarque
combien « le mouvement et les gestes » qu’elle implique
sont d’une grande simplicité, d’une grâce et d’une noblesse
sans nulle pareille dans aucune autre religion. De même,
cette prière n’invite pas les visages à l’affectation et à la
simulation ni les yeux à regarder le ciel et à verser des
larmes. En effet, la prière musulmane est dépourvue de
toutes ces choses hideuses que les chrétiens ont représen-
tées par leurs icônes, dans leurs prières, ce qui leur enlève
toute beauté, majesté et dignité. Assurément, les paroles
et les gestes qui caractérisent la prière musulmane expri-
ment la sérénité, la quiétude et le recueillement. En outre,
cette prière est dépourvue de toutes les marques de piété
exagérées et de toutes les manifestations ostentatoires de
recueillement et d’humilité, qui sont en contradiction
avec le véritable sens de l’adoration, dans la mesure où
Dieu connaît ce que recèlent tous les cœurs, et qu’Il est le
Suffisant à Soi et le Tout-Puissant.
Bien plus, les gestes de la prière musulmane,
« au-delà des nobles sentiments et des aspirations pro-
fondes de l’âme du croyant vis-à-vis du Créateur qu’ils
expriment, donnent au corps l’occasion de pratiquer des
exercices si bénéfiques pour lui, et qu’il doit accomplir
cinq fois par jour. Ajoutez à cela le bienfait des ablutions
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qui précèdent chaque prière et qui donnent au corps sa
vigueur, sa santé et sa propreté, car la propreté fait partie
de la foi ».
Il s’agit du fameux équilibre islamique entre l’esprit
et le corps, y compris dans les actes d’adoration les plus
attachés à l’esprit.
Dinet poursuit son analyse de la prière musulmane
en ces termes : « Certains rites de la prière, comme la glo-
rification du nom de Dieu (takbîr) annonçant le début de
la prière et accompagnant chaque geste, la récitation et le
salut final, ne doivent être répétés à haute voix que par
l’imam qui dirige la prière. Quant aux fidèles, ils doivent
réciter les versets du Coran dans leurs fors intérieurs.
De même, ils ne doivent répéter le takbîr, à la suite de
l’imam, qu’à voix basse, au point de n’être entendus que
par eux-mêmes. Ce murmure ne fait qu’ajouter encore
à la grandeur de ces gestes qui joignent la simplicité au
caractère solennel de l’office et dans lesquels s’unissent la
gravité de la cérémonie et l’humilité dépourvue de toute
ostentation. Le spectacle de la prière musulmane est
d’une grande fascination et son influence est au-dessus
de tout ce que peut imaginer l’esprit humain ».
Dinet poursuit sa quête des bienfaits et des vertus
psychiques, spirituelles et corporelles que procure la
prière musulmane aux fidèles. Il écrit à ce sujet : « Dieu
a prescrit la prière à Ses serviteurs et Sa sagesse a voulu
qu’elle soit la chose la plus utile et la plus bénéfique
pour eux. En effet, cinq prières par jour permettent aux
humains de jouir de la paix totale cinq fois par jour ;

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ces prières s’interposent entre eux et les passions et
­sentiments émotionnels qui mènent tantôt à l’exagéra-
tion dans la réjouissance, une voie qui mène parfois aux
péchés, tantôt à l’exagération dans la tristesse, une voie
qui mène parfois à la folie du désespoir. Cinq prières par
jour, avec tout ce qu’elles impliquent comme ablutions
préalables qui obligent l’homme à réfléchir à la propreté
de son corps et à la purification de son âme ».
Notre auteur ne s’arrête pas aux limites de l’in-
fluence de la prière sur le plan individuel profond, mais
il attire l’attention des lecteurs sur son influence sur le
plan collectif et horizontal, dans la mesure où cette prière
joue un grand rôle dans la cohésion entre les croyants
et dans la suppression des barrières et des différences de
tous ordres entre eux, de façon à ce qu’il ne reste qu’un
vaste rassemblement humain homogène où se fondent
toutes les différences, et qui se dirige avec harmonie vers
le centre, vers le but, vers Dieu « depuis plus de treize
siècles, des côtes africaines de l’océan Atlantique aux
côtes chinoises de l’océan Pacifique, des millions d’êtres
humains se tournent, cinq fois par jour, vers la sainte
Kaaba, à La Mecque, où se rencontrent d’autres millions
de croyants dont les prières se conjuguent pour monter
vers le ciel et témoigner du dévouement immuable qu’ils
ont pour le Créateur ».
Quant à l’obligation du jeûne, remarque notre
auteur, elle engendre beaucoup de bienfaits, en ce sens
que l’homme est égoïste de nature et le meilleur remède
à cette tendance naturelle est de vivre et de ressentir,

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pendant un mois, la faim, la soif et les privations que
vivent les autres à longueur d’année.
Les croyants, une fois soulagés du poids de la nour-
riture, se réunissent durant la journée dans les mosquées
pour s’approvisionner en nourriture spirituelle ; grâce à
l’exercice spirituel du jeûne, les liens de la fraternité se
renforcent entre les croyants et ils arrivent à prendre le
dessus sur ces ennemis implacables, c’est-à-dire la faim et
la soif, en devenant plus aptes, et plus solidaires, à affron-
ter leurs ennemis les plus féroces.
Tels sont donc les bienfaits les plus importants qui
découlent de la pratique du jeûne ; des bienfaits spiri-
tuels, sociaux et psychologiques.
Il y a aussi, bien sûr, les bienfaits physiques découlant
de cet exercice, dans la mesure où cet examen spirituel
et dévotionnel, en plus du fait qu’il revivifie les âmes,
fortifie en même temps les corps. « Afin que les croyants
puissent traverser les déserts hostiles qui les entourent,
dans leur conquête du monde, afin que la parole de Dieu
soit la plus haute, il leur fallait cette préparation qui est
considérée comme facile par rapport à ce qu’ils vont ren-
contrer comme difficultés dans leurs conquêtes ».
Concernant le pèlerinage, il faut dire que cette
obligation religieuse est porteuse d’autres valeurs et bien-
faits spirituels : « le rassemblement des croyants à ‘Arafât
exprime réellement celui du jour de la résurrection ; en
effet, toutes les races humaines, dans leur diversité, se ras-
semblent dans cet endroit désert ; tu ne verras jamais dans
ce monde — et en dehors de cet endroit — un rassemble-

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ment composé de tous ces visages humains différents et
de tous ces dialectes et langues disparates ; tous ces êtres
se sont unis dans ces moments grandioses ; ils se sont
unis par la langue et le cœur, en oubliant les différences
de races, de classes et de grades ; ils ont oublié leurs ran-
cunes, qu’elles soient doctrinales ou politiques ; à ‘Arafât,
l’Islam revient à son unité absolue et à son enthousiasme
intense, comme à ses premiers jours ».
Afin de dissiper toute confusion susceptible d’ef-
fleurer l’esprit de certains, par malveillance ou ignorance,
concernant l’acte d’embrasser la pierre noire, Dinet
précise : « En embrassant la pierre noire, le Prophète r
n’a jamais penché dans sa dévotion vers une quelconque
superstition, car cela est en porte-à-faux avec les prin-
cipes du Coran ; bien plus, le fait d’embrasser cette pierre
n’était, de sa part, qu’une façon d’honorer et de vénérer le
patrimoine glorieux de ses ancêtres ».
Au demeurant, je ne pense pas qu’un être raison-
nable puisse contester la cérémonie de la pose de fleurs
sur la tombe du Soldat inconnu par les présidents et les
chefs d’État de ce monde, sous prétexte qu’il s’agit là
d’une superstition ou d’un acte d’idolâtrie, alors que ces
derniers ne veulent qu’exprimer leur considération et
leur hommage à la mémoire de ceux qui sont morts en
défendant leur foi ou leur pays !

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L’ouvrage est disponible en livre papier ici : https://albayyinah.fr/interreligieux-conversions/4049-
quelques-rayons-de-la-lumiere-de-l-islam-etienne-dinet-heritage.html

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