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Histoire de l’Ozambogha (azapbugha) racontée par Owône Obame mon Nkozui du

village d’Angône le 19 mai 1949 :

(documents.univ-lille3.fr/files/pub/.../these_body.html ) 

“ Nzame créa le ciel, la terre et ses 4 fils : Môr à Nzame (les noirs), Nañe à Nzame (les blancs), Nkwè
à Nzame (les pygmées) et Seme. Les hommes habitaient d’abord dans le village de Nzame mais ils
firent le mal. Alors Nzame alla du côté de la mer, il la traversa sur un pont et arriva dans un pays où il
trouva un azap. Il fendit l’azap, passa au travers puis fit de l’autre côté une plantation. Il revint alors
vers les hommes qui ne savaient pas ce qu’il venait faire. Il leur dit : “ Un grand malheur va venir du
ciel, échappez-vous vite du village ”. Les hommes allèrent alors vers la mer, ils marchèrent trois mois
et virent enfin le pont. Nañe a Nzame dit : “ Traversons la mer par ce pont ”. Môr a Nzame passa le
pont avec Nañe a Nzame et ils marchèrent ainsi un mois pour traverser la mer. Ils arrivèrent à l’azap et
passèrent par la fente puis se trouvèrent dans la plantation que Nzame avait préparée. Ils envoyèrent
alors un homme dire à ceux qui étaient restés de l’autre côté de la mer : “ Venez ”. Nzame leur dit : “
Partez aujourd’hui même le malheur va arriver ”. Nkwé a Nzame et Seme partirent donc et après avoir
traversé la mer et l’azap vinrent rejoindre Môr a Nzame et Nañe à Nzame. Ils habitèrent tous dans les
cases que Nzame avait préparées à côté de la plantation. Nzame était resté dans son village de l’autre
côté de la mer. Une nuit il vint et ferma la fente de l’azap puis s’en retourna. Le matin Nañe à Nzame
vint voir l’azap et il trouva la fente fermée, il vit aussi que le pont avait été détruit. Il cherchait au bord
de la mer qui avait démoli le pont lorsqu’il vit un amoncellement de toutes sortes de choses utiles au
milieu duquel il y avait un livre. Il s’appropria le livre qu’il cacha puis il appela les hommes pour
partager avec eux toutes les autres richesses qu’il avait trouvées (c’était Nzame qui les avait placées là
car il avait vu que les hommes étaient dans le besoin). Nañe à Nzame partagea les richesses avec Môr
a Nzame et Nkwé a Nzame mais Seme n’eut rien. Môr a Nzame et Nkwé a Nzame ne savaient pas les
noms de toutes ces choses mais Nañe à Nzame le leur apprenait car ils étaient écrits dans son livre.
Môr a Nzame lui dit : “ Comment sais-tu tous ces noms ? ” Celui-ci répondit : “ J’ai été près de Nzame
pendant que tu étais dans la forêt et il m’a appris tout cela ” et il ajouta : “ Viens prendre l’intelligence
du livre ” mais Môr a Nzame refusa et dit : “ Non, je veux garder ma propre intelligence et continuer à
suivre mes coutumes et mes manières de faire ” ; Nañe à Nzame étudiait le livre et en suivait les
indications. Môr a Nzame lui dit : “ Tu m’ennuies de me dire toujours de venir voir le livre quand je
veux faire mes affaires ; je ne peux plus rester avec toi ”. Alors Môr a Nzame, Nkwé a Nzame et Seme
laissèrent Nañe à Nzame à l’ozamboghe au bord de la mer et ils cherchèrent un endroit pour eux, ils
allèrent à Ebanga. Là ils furent si nombreux qu’ils durent se séparer et les différentes tribus allèrent de
pays en pays émigrant chacune de leur côté. C’est ainsi que les Nkozui partant d’Ebanga allèrent à
Otoma, puis à Mibañ, puis à Ozamoñgafui, puis à Melokh, ils finirent par arriver à Ombyoñ où ils se
séparèrent les uns allèrent du côté de la mer, les autres restèrent dans l’intérieur plus à l’est, certains
aussi s’arrêtaient en chemin et restaient en arrière. Enfin les ancêtres d’Owône Obame arrivèrent à
Mefakh, ils allèrent ensuite à Mewome (qui était là où se trouve actuellement la plantation des
hévéas), puis à Angañ, puis à Angomenzap, puis enfin à Oyem où ils sont aujourd’hui.

“ Tous ces renseignements ont été donnés le 19 janvier 1949 par Owône Obame mon Nkozui, habitant
au village d’Angône à 5 km au nord d’Oyem.

“ Owône Obame est fils d’Obame Ndutume, fils de Ndutume Mintsa, fils de Mintsa mi Owône, fils de
Owône Ekogha, fils d’Ekogha Nzuie, fils de Nzuie Osene, fils de Osene Amvome, fils d’Amvome
Bewu, fils de Bewu b’Edugha, fils d’Edugha Mesebôre, fils de Mesebôre me Ntsame, fils de Ntsame
Mvele, fils de Mvele Meye, fils de Meye me Nke, fils de Nke Môr qui a été formé par Dieu.
“ Avant l’arrivée des missionnaires, les Nkozui savaient que Nzame voyait tout : “ Nzame a ta we ”.
Nzame défend de voler, de faire le ngwel, de tuer, de manger les hommes, de faire des adultères, de
faire certains médicaments. Les médicaments faits avec des plantes et les médicaments pour avoir des
richesses (mebyañ akôm) sont permis. Le byeri et le nkukh sont des médicaments pour avoir des
richesses, le byeri est permis mais le nkukh est défendu car il entraîne une mort d’homme ; quant au
ngil il ne remonte qu’à la précédente génération.

“ On peut en conclure que ces peuples avaient déjà bien des notions justes sur Dieu, la Création et la
Chute, avant l’arrivée des missionnaires. Ce qu’ils ignoraient absolument, c’était la venue de Jésus
pour ramener tous les hommes à Dieu.

“ A cela Owône Obame répond :

“ Oui Jésus est venu pour nous chercher tous, mais il est allé d’abord chez vous, les blancs et vous
l’avez tué avant qu’il soit arrivé chez nous ; c’est à cause de vous, que nous n’avons pas su qu’il était
venu ! ”.

Quoi qu’il en soit des légendes pseudo-traditionnelles, les Nkodjeign interrogés au Gabon
revendiquent une appartenance au groupe Ntumu (1395). Pourtant, de l’autre côté de la frontière, ce
point ne fait pas l’unanimité. Dans son étude en Guinée Equatoriale, Augusto Panyella cite les
Nkodjeign à propos d’un masque du rite initiatique So qu’il a lui-même collecté dans le village de
Mbedumu et donné au Musée Ethnologique de Barcelone (1396). Selon l’auteur, Mbedumu est bien
un village du clan Nkodjeign, situé en pleine zone Ntumu, mais le clan appartient au groupe “ fang-
fang ” du Gabon (1397). Le masque attire une seconde remarque. La plupart des auteurs, par exemple
Tessmann, qui a séjourné en pays Ntumu en Guinée espagnole, et Laburthe-Tolra spécialiste des Beti,
affirment que le So est propre aux Beti et non aux Bulu, ni aux Fang (selon les groupes d’Alexandre),
et donc ni aux Ntumu. Il n’est pas présent au Gabon, où le rite principal est celui du culte des ancêtres
Melan (1398). Enfin, toujours d’après Laburthe-Tolra, “ les Ntumu nient être des Fang et vice-versa ”
(1399).

Il semble donc bien que l’existence du groupe Pahouin soit définitivement obsolète et que les divisions
ethniques sont d’une valeur toute relative. Elles ne correspondent pas à des caractères spécifiques et
leur exploitation au point de vue historique est peu fiable. Quant au croisement des cultes So et Melan
chez les Nkodjeign montre combien la région du Woleu et du Ntem, aux confins de la Guinée
équatoriale, du Cameroun et du Gabon, a été une terre de contacts et d’échanges. Or, cette même
région apparaît aujourd’hui comme celle qui a conservé la culture fang (1400). La situation semble
bien paradoxale. Elle pose le problème de la nature de ces échanges et surtout de l’origine des
différents groupes. Elle ouvre naturellement sur l’histoire ancienne des Fangs, au-delà de la période
précoloniale.

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