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« GOTIA G’AMBAAMA »:

Ambaama bana? Bo kuni m’awuaga?

Conférence donnée par


Jean-François OWAYE, Professeur des Universités

A l’occasion du 1er ANNIVERSAIRE DE OKUGA EYUMBA


Libreville, le 9 janvier 2021
L’ethnonyme ou comment s’appelaient les Ambaama à l’origine et
comment s’appellent-ils de nos jours ?

 A l’origine: « Mbéti » ou « Bambamba ».


 Cette ethnonyme a évolué dans l’espace et dans le temps :
- Au Gabon :
on les appelle officiellement « Obamba » (« Bambamba » au plr.);
dans les œuvres scientifiques : « Mbédé » (Alihanga) et « Ambaama »
(Juste-Roger Koumabila); dans certaines régions du HO, ils sont
nommés: Ambama, Ambede, Asi-mbede, Asi-Mbere.
- Au Congo:
On les appelle Mbéti (Cuvette-Ouest), Mbambamba (Lékoumou);
Ambede ou Embiri (Kellé) ou Embidi (ombiri, sing.) appellation
influencée par les Mbosi.
Qu’est-ce qu’une migration?
Quelles en sont les causes génériques?
La migration est un déplacement de populations d’une région à une
autre pour s’y établir. Le cours peut être linéaire, lézardé ; il peut aussi
s’agir de simples glissements ou de marches.
Dans le cas des Ambaama/Mbédé/Mbétis, les causes sont
innombrables :
 la loi de l’attractivité;
 un combinatoire de facteurs : politiques, économiques, démographiques ;
 le mouvement naturel des populations, la soif de découverte, l’envie de
changer, la recherche de l’espace vital, la forte mortalité, l’explosion
démographique, la pénurie, la famine, les guerres, le désir de participer au
commerce de traite, la conquêtes esclavagistes – la traite arabe, la traite
négrière…
Comment retrace-t-on le cours migratoire d’un
peuple?

 Etudes scientifiques (Archéologie, Histoire + sciences


diverses)
 Documents anciens (auteurs arabes, relations des
explorateurs portugais, français, anglais…)
 Traditions orales.
N. B. Les sources de l’histoire des migrations sont nombreuses
et les conclusions souvent divergentes ou provisoires.
L’histoire de la migration des Ambaama n’est pas totalement
sue. Elle reste à écrire.
Est-il facile de tracer le cours de la migration des
Ambaama ?
 La réponse est NON. Et pour cause?
- les auteurs arabes n’en parlent pas spécifiquement;
- les traces écrites de l’histoire du Gabon ne remontent qu’au XVe s.
(explorations des Européens);
- ces traces ne concernent que la côte atlantique (le « Gabon »);
- les premières informations crédibles sur le HO datent du XIXe siècle;
- Les limites des Traditions orales (les souvenirs ne remontent pas au-delà de
trois générations = 75 ans à un siècle);
- Ce qui ont travaillé sur les migrations ne sont pas nombreux: Martin
Alihanga, Juste Roger Koumabila, Guy-Claver Loubamono Bessacque,
Raoul Goyenzi, Joseph Gomandjori (décédé), Marcel Ipari…
On a pu quand même remonter jusqu’au XVIIIe siècle; pour le reste, on
émet des hypothèses générales (Centres de dispersion des Négrilles et des
Bantu) et spécifiques.
LA MIGRATION SUD/GABON

Les peuples du Gabon proviennent de deux courants migratoires (avant le XII e siècle).
Le courant du Nord.
Le courant du Sud (intéresse les populations de l’actuelle région du HO : les Bantu –
(peuples allocthtones envahisseurs; les Négrilles étant les peuples aborigènes)
- certains venant par la vallée du Kwango - actuel RDC - fonde le royaume de Kongo;
- d’autres se dispersent dans la forêt au Xe s. ; vont vers les plateaux dits téké;
- Fondation dans le Soudan central des Etats-cités haoussa par les Berbères; ils poussent
les Anzika, population d’origine soudanaise vers le Congo ; ils influencent les Ambu du
Nord, ce qui entraine l’émergence d’autres tribus tels que les Duma, Wandji, Njabi
(Nzébi), Mbede, Mboko.
- Les Zaghawa, nomades noirs de la race Teda arrivent sur la rive Sud du désert, dans la
région du Lac Tchad, fondent le royaume du Kanem.
Ces connaissances ont été affinées par des chercheurs : Cheikh Anta Diop, Murdock,
Guthrie ; Alihanga pousse la connaissance par les Traditions orales.
Selon la thèse diopienne
 Chaikh Anta Diop étudie une diversité de sciences,
l’onomastique, les croyances métaphysiques égyptiennes et les
sources arabes (Tarikh el-Fettach). Il établit plusieurs faits
historiques et émet
la thèse d’un centre unique de dispersion (vallée du Nil Vallée du
Nil après le dessèchement du Sahara - 7000), d’un bassin
civilisationnel - habitat des Négrilles donc des Kamites dont font
partie les Ambaama.
On peut conclure que les primo-ancêtres des Ambaama (comme
du reste des populations du HO) d’après les travaux de Cheikh
Anta Diop, de la vallée du Nil. Le départ est dû à la dislocation du
noyau principal Bantu, il y a près de 2000 ans av. J. C. (diaspora
Bantu (cf. Guthrie).
Le centre de dispersion de la Bénoué.
 Ces populations se retrouvent au Baḥr al-Ghazāl (Soudan du
sud actuel), dans les bassins de la Bénoué et du Tchad. Ils se
dispersent en une diversité de directions dont celle qui les
conduit vers l’Afrique centrale et méridionale (aux environs de
l’an 300 avant notre ère).
Dans cette odyssée, les Ambaama sont localisés dans ce qu’ils
pensent être leur « pays des ancêtres » : « Bulawayo » (Zimbabwe
actuel).
Puis, on les retrouvent sur les rives du haut-Oubangui (au Congo-
Kinshasa actuel), à M’Balmayo et à Kribi (au Cameroun
actuel) sur la côte atlantique.
Selon la thèse de Malcom Guthrie

Le linguiste américain Malcom Guthrie permet de mieux comprendre l’étape du


Cameroun actuel.
 Dans ses études, il subdivise les Bantu de l’Afrique subsaharienne en 12 ou 13
zones qu’il caractérise par une lettre de l’alphabet latin. Les Ambaama
appartiennent au groupe B (B60).
 Selon Guthrie, le noyau principal Bantu se disloque, il y a près de 2000 ans av.
J. C.
 Les Bantu partent de la plaine de l’Adamawa (région camerounaise dont la
capitale est Ngaoundéré) il y a environ 500 ans en suivant le couloir de la
Uélé et de l’Oubangui.
 De l’Adamawa, les Ambaama, pour parler d’eux, S’installent à Ngulu-Yaunde
(proche de l’actuel Yaoundé), arrivèrent à la mer (à Kribi) dont ils suivirent la
berge en direction du Sud (côtes camerounaises).
Depuis l’escale du Cameroun (actuel)
 A l’étape du Cameroun, les Mbédé/Ambaama, croisent les Duala
 Ils s’installent à Yokoduma (dans l’Est camerounais actuel), territoire qu’ils partagent
avec les Fang.
 Ils sont partis de cette région en raison de l’animosité du peuple fang, lui-même poussé
par les Mvélé, victimes, eux, des razzias berbères d’Ousman Dan Fodio; razzias qu’ils
nomment Oban (les ôman).
 Ces razzia précipitent une migration désordonnée à travers la forêt, des populations qui
habitent maintenant le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Gabon.
 Les premiers Ambaama arrivent aux alentours de l’Ogooué (Gabon) au XVIIIe siècle.
 La plus grande partie s’installent dans la région de Sérè (Département de la Sangha,
Congo-Brazzaville actuel).
 Au XVIIIe siècle, on les situent dans la région d’Abolo (Kellé actuel). - pays d’origine des
Mbédé/Ambaama du Gabon - où sont restés les ressortissants du clan Sérè (tribu-mère);
leurs territoires sont Ewo (nord du Congo), Zanaga, Mossendjo, Komono avec des traces
jusqu’à Dolisie dans le Sud-Ouest du Congo.
 C’est une partie de cette nation qui migre vers Kele-e-ngwari (sous le nom de Obamba)
avant d'essaimer dans le sud-est du Gabon (d’Okondja dans le Nord du HO jusqu’à la
frontière sud avec le Congo poussant jusqu’à Lastourville dans l’Oggoué-Lolo).
Le départ du foyer-mère
 Le pays de Sérè (Mbou, Mbede, Nghié, Kuyu, Makwa, Ngai et Mboši).
 l’affaire « porcs mbou » de Oke-a-Taa (fait jouer ses alliances avec les
Ngyè, les Ngai et les Mboši.
 d’incessantes guerres entre les Mbéti et les Mbosi et ses alliés Mbou, Ngai et
Ngyè.
 La plus grande guerre Eta m’Ombosi (le jeu d’alliance) entre deux peuples
puissants (Mbéti/mbosi)
 La bataille d’Abolo : « Abolo m’ebimi » (dernière diaspora Mbédé).
Camp Ambosi Camp Mbéti Groupes tiers neutres

Mboko, Aliéngui (notamment la Ikota ;


Ngaré, Makwa ; chefferie d’Okri-a-Mpolo, Nzabi ;
Mbosi de Mbonzi. père de Okoumba Okri) ; Atègè ;
Asi-Oyouomi. Likouba ;
Kouyou.

Les tiers intéressés


Mbosi d’Obaa ;
Nghié ;
Ndumu alliés aux
Mboko.
Installation au Gabon
 Les premiers Mbédé sont localisés dans sur l’Ogooué vers le XVIIIe s. (pionniers)
Les seconds arrivent en plusieurs vagues après Etat m’Ombosi.
 La première vague
 Les ressortissants du clan Oba traversent la rivière Dwuu, passent par Lesia-l’Onkasa et
débouchent sur Le Plateau batéké.
 La deuxième vague
- une fraction du clan Ngwai s’installe sur le Mont Ngwai (Kelle e Ngwai).
( Une autre partie continue plus loin en direction de la Lesibi (Sébé)
- arrive le clan Ampini qui s’installe aussi sur les rives de la Lesibi.
 La troisième vague
 Okumba-Oki sort du territoire ancestral
 S’installe chez son ami Fungè-e-Ndjoi, (tribu Obâ), chef de Lewo (Ewo sur les rives de la Lekila).
 Eclate eta me Lewo (contre son ami); il n,’y particiê pas. Vexé par les fis de son ami. Il quitte
Lewo.
Suite
 Les Asi-Ngami, peuplent la région Est d’Okondja.
 la fraction des Ngwai (Engutu) qui ont franchi la Lesibi, avec eux ou avec les Asi-
Ampini émigre;
 Arrive le clan Lolo-Akwu dont l’expansion se circonscrit dans les limites des régions
de Franceville.
 Les Ngwai parviennent dans l’actuelle zone du village Andjoo. Ils y à cause du
bellicisme de Lengnongo l’Andjogo.
 Il se retouvent à Opadi sur la Passa ; parviennent à un véritable « No man’s
land (seulement habité des Tsengi) qu’ils nomment Dzanga-Tibi (devenu Zanaga) ;
on retrouve aussi des traces Ampini à Zanaga-Sibiti,
 En définitive, c’est la rencontre avec les miliciens de Brazza qui met fin à cette
odyssée migratoire.
Distribution spatiale des Mbédé/Ambaama dans le HO

Clan Territoire Ethnonyme


Franceville
Ampini Okondja
Zanaga et Sibiti (traces)
Lesya Kelle
Lolo-Akwu Franceville

Franceville
Okondja
Kelle
Moanda
Ngwai Lastourville
Mossendjo
Komono
Sibiti
Zanaga

Ngami Okondja
Kelle
Obâ
Lewo (Ewo)
Kelle
Sere
Okondja
NDUMU
 Les Ndumu ont migrés ensemble avec les Mbede.
 Ils sont partis du pays d’origine (bord de l’Alima puis de la région d’Etumbi où ils
rencontrent les Obamba)
 Ils se sont installer sur la montagne d’Obiλi (Okondja).
 La nationalité Ndumu se compose de quatre clans : Opii, Nani, Kanga-Ndjoo (Kana-
Ndjoo), Kuya.
Franceville et sa banlieue (Opii, Kanadjoo, Kuya)
Bords de l’Ogoué en direction de Lastourville (Nani)
TEKE
 Les Teλe avaient leur habitat primitif dans le vaste territoire de l’actuelle
RDC; ont traversé le fleuve Congo.
 La fraction gabonaise a dû passer par l’embouchure de l’Alima qu’elle a
remonté jusqu’à la lisière du Plateau (Savane) et de la forêt, au village
d’Otoo-Oyiaba et Ngungu-Abee.
 Jusque-là Teλe et Mbede ne se sont pas encore revus (depuis la grande
diaspora en terre zaïroise) »
 C’est à la suite des guerres d’Okumba-Oki que le clan d’Obâ s’aventura
jusqu’en plein Plateau et rencontra les Teλe pour la première fois.
JE VOUS REMERCIE

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