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Antaimoro (peuple)

Les Antaimoro (ou Antemoro ou Antimorona) – « ceux


du rivage » – sont un peuple de Madagascar qui vit Antaimoro
principalement dans le sud-est de l’île, s'étendant du
district de Manakara au district de Mananjary dans la
Province de Fianarantsoa, dans la région Vatovavy-
Fitovinany.

Sommaire
1 Histoire
1.1 Une origine austronésienne commune à toute
l'île : les Vahoaka Ntaolo-Vazimba et Vezo (350
av J.-C. 1500)
1.2 La période féodale malgache : naissance des
grands royaumes (1600-1895)
1.3 Les royaumes Antaimoro
2 Langue
3 Culture
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Bibliographie
5.2 Articles connexes
5.3 Liens externes
Découpe du papier à Ambalavao

Populations significatives par région


Histoire Madagascar 712 000
Autres
Une origine austronésienne commune à toute
l'île : les Vahoaka Ntaolo-Vazimba et Vezo (350 Langues antaimoro
av J.-C. 1500) Religions religions traditionnelles avec pratiques
culturelles judaïsantes, islam
Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes -
Ethnies Antaisaka
archéologiques 1, génétiques 2, linguistiques 3 et
liées
historiques 4 - confirment toutes que l'ensemble du peuple
malgache est primordialement originaire de l'archipel
indonésien 5. Arrivés probablement sur la côte Ouest de
Madagascar en canoë à balancier (waka) au début de
notre ère - voire 300 ans avant selon les archéologues 6 -,
ces pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la
tradition orale malgache sous le nom des Ntaolo (de *
(n)ta(u/w) - *olo - "les hommes d'avant", "les "anciens",
de *(n)ta(u/w)-"hommes" et *olo- "premier", "origine",
"début", "tête" en proto-austronésien 7). Il est également
probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les
Vahoaka (de Va-*waka "peuple/ceux des canoës" ou
"peuple de la mer", de *waka-"canoë (à balancier)" en
proto-MP), terme signifiant simplement aujourd'hui le
"peuple" en malgache.
Sur le plan morphologique/phénotypique, cette origine Carte de répartition
Sud-Est asiatique première des Malgaches explique, par
exemple au niveau des yeux, le pli épicanthal asiatique de la paupière
supérieure répandu chez tous les Malgaches qu'ils soient des côtes ou
des hauts plateaux, qu'ils aient la peau claire, sombre ou cuivrée.

Ces vahoaka ntaolo ("peuple d'origine/premier") austronésiens sont à


l'origine de la langue malgache commune à toute l'île 8, ainsi que de tout
le fonds culturel malgache commun : coutumes anciennes (comme celle
d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac),
agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix
de coco et de la canne à sucre), l'architecture traditionnelle (maison
végétale à base carrée sur piloti), la musique (les instruments comme la Waka - "canoë à balancier"
conque marine antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone austronésien (qui a donné en
atranatrana, la flûte sodina ou encore la valiha) et la danse (notamment malgache le mot vahoaka-le "peuple",
la "danse des oiseaux" que l'on retrouve à la fois au centre et dans le du proto-austronésien *va-waka -
Sud) 9. "ceux des canoës", "peuple de la
mer") : les premiers Ntaolo
Au tout début du peuplement appelée "période paléomalgache", les austronésiens ont probablement
Ntaolo se subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands utilisés de semblables pour parvenir
groupes : les Vazimba (de *ba/va-yimba-"ceux de la forêt", de *yimba- jusqu'à Madagascar en partant des îles
"forêt" en proto Sud-Est Barito (SEB), aujourd'hui barimba ou orang de la sonde
rimba en malais 10) qui s'installèrent -comme leur nom l'indique- dans
les forêts de l'intérieur et les Vezo (de *ba/va/be/ve-jau, "ceux de la
côte" en proto-Malayo-Javanais, aujourd'hui veju en bugis et bejau en
malais, bajo en javanais 11) qui restèrent sur la côte Ouest.

Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les Ntaolo chasseurs


et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir "dans la forêt", notamment
dans les forêts des hauts plateaux centraux de la grande île et celles de
la côte Est et Sud-Est 12, tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs
qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les côtes Village austronésien avec levu sur
du premier débarquement) 13. pilotis (*levu-"maisons" en proto-
austronésien qui a donné en malgache
La période féodale malgache : naissance des grands an-devu -"à la maison") : tous les
royaumes (1600-1895) villages des ntaolo vazimba et vezo de
Madagascar étaient probablement
Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les Vazimba de similaires au premier millénaire. On
l'intérieur autant que les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux retrouve d'ailleurs encore ce modèle
immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs aujourd'hui sur toutes les côtes de la
arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) voire grande île et dans les zones intérieures
européens (Portugais) qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société reculées (forêts, etc.)
Vezo et Vazimba, souvent par alliance matrimoniale. Bien que
minoritaires, les apports culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux arrivants à l'ancien monde
Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et sera à l'origine des grands bouleversements du
e
XVI qui conduiront à l'époque féodale malgache.

À l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des différents clans Vazimba des hauts plateaux centraux
(que les autres clans Vezo des côtes appelaient les Hova) aboutirent à la naissance des ethnies et/ou royaumes
Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.

Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen-orientaux et africains donnèrent naissance
aux ethnies et/ou royaumes Antakarana, Boina, Menabe et Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud),
Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antanala, Betsimisaraka (Côte Est).
La naissance de ces grands royaumes "néo-Vazimba"/"néo-Vezo" modifièrent
essentiellement la structure politique de l'ancien monde des Ntaolo, mais la
grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces
nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré,
l'économie, l'art des anciens demeurèrent préservées dans leur grande majorité,
avec des variations de formes selon les régions.

Les royaumes Antaimor o

Les Antaimoro s’installent sur la côte sud-est entre le XIIIe et le XVIe siècle. Ils
auraient vécu dans la région des Iharana avant de prendre racine plus au sud.

Il existe plusieurs clans au sein de l’ethnie Antaimoro ou Antemoro : les


Anteony qui sont arrivés les premiers à Matitanana, Vohipeno ; les Antalaotra,
Vaγimba - "ceux de la forêt"
arrivés plus tard mais réputés pour leurs écritures (Sorabe) et leurs
en proto-Barito du Sud-Est
connaissances de l'art divinatoire et des astres, dont les plus illustres étaient les
(ancienne langue
Anakara venus, selon la tradition, d'Arabie saoudite, obligés de fuir la cour du austronesienne parlée
Sultan d'antan à cause de leurs ascendances juives 14; et enfin les Ampanabaka notamment à Borneo). Photo
qui représentent la majorité. Wikicommons : Dayak de
Borneo
Contrairement aux autres tribus de Madagascar, les Antemoro se sont toujours
illustrés pour leur diplomatie. D'ailleurs, un de leurs dignes fils,
Andriamahazonoro du clan Anakara, ayant été conseiller spécial du roi Andrianampoinimerina et ensuite de
son fils Radama Ier, a fait partie de la première délégation malgache à Londres, à l'époque de la reine Victoria.

Langue
Ils parlent l'antaimoro, une langue malayo-polynésienne, dialecte du malgache.

Culture
Le papier antaimoro, fabriqué artisanalement à partir de fibres végétales, est
réputé. Antaimoro est le titre d'une chanson de Dominique A figurant sur son
huitième album "L'horizon"

Notes et références
1. Burney et al (2004)
2. Hurles et al. (2005)
3. Dahl O. (1991)
4. Verin (2000), p.20
5. Patrice Rabe, Quotidien Midi Madagasikara , édition du 24 septembre 2008
6. Burney et al, op.cit.)
7. Randriamasimanana, "The Malayo-Polynesian Origin of Malagasy" ( folk.uio.no (htt
p://folk.uio.no/janengh/gassisk/M-P_Origin.pdf) ))
8. « Dans la langue malagasy , nous constatons d'étr oites connexions avec l'idiome Fleurs séchées appliquées sur
Maanyan parlé par la population de la vallée de Barito dans le sud de Bornéo », Dr du papier
Mathew Hurles du Welcome Trust Sanger Institute

Pour l'historien Édouard Ralaimihoatra, ces autronésiens qu'il appelle de manière


9. Pour l'historien Édouard Ralaimihoatra, ces autronésiens qu'il appelle de manière
globale les Vazimba -sans faire le distinguo entre ceux des côtes, les V ezo, et ceux
de la forêt de l'intérieur , les Vazimba- ont « apporté dans l'île le fond de la langue
malgache et des techniques d'origine indonésienne pir ogues à balanciers, rizièr es
inondées, cases en bois équarris ou en branchage construites sur pilotis, villages
édifiés sur les hauteurs entourés de fossés, etc. Ce fond a r eçu des apports résultant
d'échanges humains entr e l'Afrique et Madagascar, grâce à la navigation arabe
entre les côtes de l' Arabie, de l'Afrique orientale et de la Grande Ile (Ralaimihoatra
E., "Les Primitifs malgaches ou V azimba", in Histoire de Madagascar )
10. Simon P. (2006), p. 16 ( Google Books (http://books.google.com/books?id=MFsBYf
fWD48C&printsec=frontcover&dq=Simon+Pierre+Fitenin-drazana&hl=fr&ei=P1d
vTpXpBc_P4QSR5tCXCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0C
C0Q6AEwAA#v=onepage&q=vazimba&f=false) )
11. Simon P. (2006), ibid., p. 474 (http://books.google.com/books?id=MFsBYf fWD48C
&printsec=frontcover&dq=Simon+Pierre+Fitenin-drazana&hl=fr&ei=P1dvTpXpBc
_P4QSR5tCXCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CC0Q6AE
wAA#v=onepage&q=vazimba&f=false)
12. Rafandrana, un des ancêtres de la dynastie royale merina, par exemple, est connu
pour avoir été un V azimba (Callet, 1908). Les deux reines fondatrices de la royauté
Merina, Rafohy et Rangita, étaient désignées comme V azimbas. Comme la plupart
des austronésiens , les chefs Ntaolo (V azimbas et Vezos) de Madagascar avaient pour
coutume de placer les corps de leurs défunts dans des pirogues et de les enfouir dans
des lacs artificiels (V azimbas de l'intérieur) ou dans la mer (V ezos des côtes)
13. Simon P. (2006), ibid., p. 455 (http://books.google.com/books?id=MFsBYf fWD48C
&printsec=frontcover&dq=Simon+Pierre+Fitenin-drazana&hl=fr&ei=P1dvTpXpBc
_P4QSR5tCXCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CC0Q6AE
wAA#v=onepage&q=vazimba&f=false)
14. Kasanga Fernand, Fifindra-monina , Antananarivo, Imprimerie luthérienne

Voir aussi
Bibliographie

Philippe Beaujard, Islamisés et systèmes royaux dans le sud-est de Madagascar : les exemples Antemoro et
Tañala, Université de Madagascar, Antanarivo, (tiré à part issu de Omaly sy anio, no 33-36, 1991-1992,
p. 235-286
Philippe Beaujard et Jean Tsaboto, « Les parias antemoro : les Antevolo », Actes du Colloque international
sur l'esclavage, Antanarivo, 23-28 septembre 1996, p. 383-399
Hubert Deschamps et Suzanne Vianès, Les Malgaches du Sud-Est : Antemoro, Antesaka, Antambahoaka,
peuples de Farafangana (Antefasi, Zafisoro, Sahavoai, Sahafatra), Presses Universitaires de France, 1959,
118 p.
Jacques Dez et François Viré, Le " manuscrit Antaimoro " du fonds arabico-malgache du Musée de l'homme,
CNRS, Université Paris-VII, Département de recherches linguistiques, 1984, IV-25 f.-[31] f. de dépl. (avec
facsimilé du manuscrit)
Le Gros [sic], Guérir chez les Antemoro de Matatana, INALCO, Paris, 1997, 2 vol. (thèse)
Louis Molet, « Quelques contes Makoa et Antaimoro », in Bulletin de l'Académie malgache, nouvelle série,
tome XXX, 1951-1952, p. 83-90
L'organisation politique et sociale du royaume antemoro, Université de Madagascar (Cahiers du Centre
d'études des coutumes), Tananarive, 239 p.
Narivelo Rajaonarimanana, Savoirs arabico-malgaches : la tradition manuscrite des devins Antemoro
Anakara (Madagascar), Institut national des langues et civilisations orientales, 1990
Dominique Rolland, « Lois naturelles, lois sociales : l'exemple Antemoro (Madagascar) », in Nouvelle revue
d'ethnopsychiatrie, no 14, 1989, p. 107-110
Dominique Rolland, Matitanana : anthropologie historique du royaume Antemoro, EHESS, Paris, 1993
(thèse)
Jacques Philippe Rombaka, Fomban-drazana antemoro = usages et coutumes antemoro, Ambozontany,
Fianarantsoa, 1970, 121 p.
Jean Tsaboto, Mutation sociale et politique de la société antemoro au XIXe siècle (Sud-Est de Madagascar),
EHESS, Paris, 2003, 483 p. (thèse)

Articles connexes

Histoire de Madagascar
Démographie de Madagascar
Liste des groupes ethniques d'Afrique
Migrations juives à Madagascar

Liens externes

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