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L’IMPRESSION 3D

Rapport du projet (TAR) de fin d’année

Rédigé par : Année-Universitaire : 2020-2021


MPETEYE Jacintho Filière : Classes Préparatoires
Quelques citations

« La production directe d’objets grâce aux imprimantes 3D change les


règles de l’industrie manufacturière : nous assistons à une troisième
révolution industrielle. »
The Economist, Avril 2012

« L’impression 3D a le potentiel de révolutionner la façon dont nous


concevons presque tout .»
Barack Obama, 2013

« La valeur ajoutée de l’impression tridimensionnelle est importante


pour les PME-PMI comme pour les grands groupes industriels, mais
l’essor des technologies 3D offre aux acteurs économiques de petite
taille la possibilité de développer des solutions rapidement et d’être
compétitifs. Des preuves de concepts obtenues plus rapidement à la
démocratisation du prototypage, la réduction des coûts est conséquente
: les règles du jeu sont en train de changer. »
Jan Baum, Directeur exécutif, 3D Maryland, Avril 2014

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Table des matières
Introduction

1-Généralités
1.1 – Historique et définition
1.2-Domaines d’application
1.3-Enjeux de l’impression 3D

2 - Aspects techniques de l’impression 3D


2.1- Description du processus d’impression tridimensionnelle
2.2 – Les imprimantes 3D
2.3 – Logiciels informatiques primordiaux
2.4 – Les techniques d’impression 3D
2.5 – Matériaux mis en jeu
2.6 - Tableau exhaustif

3- Analyse technique d’une imprimante 3D


3.1 - Les parties essentielles de la machine et leurs fonctions
3.2 - Analyse fonctionnelle (Exemple d’une imprimante
Witbox)

4- Usage de l’impression 3D : Volet économique

Conclusion
Références

2
Introduction

Mettre en œuvre un ensemble de moyens techniques afin de faire d’un


concept un produit et multiplier ce dernier autant de fois qu’il y a de
demande, telle a toujours été la vocation de l’industrie. Au fil des
années, ce secteur a fait de nombreux bonds en avant , partant de la
machine à vapeur pour aboutir à l’industrie 4.0 que nous connaissons
aujourd’hui en passant par l’automatisation des processus. Dans la
mêlée, vers les années 60, une ambition digne autrefois des films de
sciences fictions a commencé à germer : matérialiser toute forme dans
n’importe quel matériau, à l’aide d’une machine. Dès lors, il ne fallut
pas longtemps pour que l’impression 3D (tridimensionnelle) ou
fabrication additive (Additive Manufacturing en anglais) voit le jour et
finisse par se présenter comme une des plus importantes révolutions
industrielles de notre ère. Se basant sur plusieurs sources pertinentes, le
présent rapport a pour prétention première de présenter au mieux cette
technologie futuriste, dans son évolution, ses aspects techniques et
économiques.

3
1-Généralités

1.1 – Historique et définition

Historique

Les premières expériences remontent aux années 1960, bien avant que
les pionniers Charles Hull et Scott Crump (les fondateurs respectifs de
deux leaders mondiaux actuels du secteur, 3D Systems Corp. et
Stratasys ) déposent les premiers brevets respectivement pour la
stéréolithographie et le procédé FDM (Fused Deposition
Modeling)[6][7].
L'imprimante tridimensionnelle a d'abord relevé de la science-fiction
(Arthur C. Clarke évoquait une « machine à répliquer » dans les années
1960, machine qui allait répliquer les objets comme on imprimait des
livres, ce qui aurait un effet profondément positif sur la société : «
l'humanité s'adaptera comme par le passé » ) ou de la bande dessinée
(en 1972, dans le dessin animé Tintin et le Lac aux requins, le
professeur Tournesol invente une photocopieuse tridimensionnelle
immédiatement convoitée par Rastapopoulos pour fabriquer des faux
en dupliquant des œuvres d'art volées dans de grands musées)[7].

Fig. 1 : Tintin et le lac au requins, 1972 : Rastapopoulos teste la photocopieuse tridimensionnelle

4
Les prémices de ce que nous appelons aujourd’hui les techniques de
l’impression 3D commencèrent à émerger.
Les premiers essais pour créer des objets solides avec des
photopolymères (Dual Laser Approach) ont lieu aux États-Unis à la fin
des années 1960 au Battelle Memorial Institute [7].
A la même époque Wyn K. Swainson crée Formigraphic Engine Co et
développe un procédé qu'il nomme photochemical machining [7].
A la fin des années 1970, les recherches de Dynell Electronics Corp
sont à la racine du procédé LOM (Laminated Object Manufacturing)
[7].
Mais les premiers essais véritablement prometteurs sont réalisés au
japon en 1980 par Hideo Kodama qui crée l’ancêtre de la
stéréolithographie [7].
Toutes les techniques énoncées ci-dessus seront reprises et expliquées
plus loin dans ce document.

Définition

L'impression 3D ou fabrication additive regroupe les procédés de


fabrication de pièces en volume par ajout de matière en couches
successives depuis une modélisation 3D, par opposition à la fabrication
soustractive [7]. Cette dernière définition a été proposée par Wikipédia,
toutefois plusieurs autres définitions sont très pertinentes.
Au sens de la norme ISO/ASTM 52900 : 2015 (Fabrication additive –
Principes généraux - Terminologie) l’ AM pour dire Additive
Manufacturing est défini comme un « procédé consistant à assembler
des matériaux pour fabriquer des pièces à partir de données de modèle
en 3D, en général couche après couche, à l’inverse des méthodes de
fabrication soustractive et de fabrication de mise en forme »[4].

5
Il est parfois coutume de faire court en disant que l’impression 3D
englobe l’ensemble des techniques de création d’objets
tridimensionnels par machines contrôlées numériquement [2].
On remarquera que dans la pratique, l’impression 3D est aussi connue
sous la dénomination d’Additive Manufacturing (AM). Les deux termes
peuvent être utilisés indifféremment. Le deuxième terme a
historiquement un ancrage plus professionnel, car il est utilisé depuis
plusieurs décennies pour du prototypage industriel [2].
La dénomination Additive Manufacturing est surtout témoin de
l’opposition de ce procédé aux procédés classique de fabrication. Ainsi,
après l’enlèvement de matière, la déformation, la fusion et
l’assemblage, il est ici question de l’ajout de matière et ce de manière
automatisée.

Fig. 2 : Impression 3D d’un bol en plastique à l’aide de la FDM (Fused Deposition Modeling)

6
1.2-Domaines d’application

Aujourd’hui, les domaines d’application de cette technologie sont très


nombreux : Aérospatial, Automobile, Santé, Défense, Recherche et
bien d’autres comme le domaine des Arts ou de l’Architecture. La
croissance la plus grande aujourd’hui concerne toutefois les marchés de
l’Aérospatiale et de la Santé, avec un développement également fort à
attendre sur les marchés des pièces de rechange [3]. L’impression 3D
fait des heureux autant chez les professionnels que chez les particuliers
en raison de sa simplicité d’accès, son efficacité ou même son coût.

L’automobile

L’ Additive Manufacturing permet notamment dans ce secteur de :


_ Remplacer l’usinage CNC dont les pièces réalisées sont onéreuses et
longues à produire en comparaison des pièces fabriquées par impression
3D à moindre coût. Cela ne s’arrête pas là puisque les pièces en
plastiques donnent de meilleurs résultats sur le plan technique et sont
incroyablement plus légères[3].
_ Fabriquer des outils plus adaptés qui présentent de meilleurs résultats
que les outils conventionnels.
_ Tester et identifier des problèmes de conception non identifiés par les
logiciels CAO couramment utilisés.
Les principaux constructeurs utilisent depuis des années l’impression
3D pour le prototypage de pièces. L’industrie automobile sera à court
terme l’un des secteurs les plus réactifs et devrait intégrer l’impression
3D pour les productions de faible volume.
Les ingénieurs de BMW, quant à eux, utilisent l’impression 3D pour
créer des versions plus ergonomiques et légères de leurs outils de
production, afin d’augmenter la productivité des employés. En

7
améliorant le design, les ouvriers portent près d’un kilogramme et demi
de moins et ont largement amélioré leur équilibre [6].
L’Urbee, est l’une des premières voitures « imprimées ». Créée par
KOR EcoLogic , le développement de ce premier véhicule étiqueté 3D
a permis de montrer que de nombreuses barrières présupposées
concernant la taille des objets imprimés pouvaient être levées.

Fig. 3 : L’Urbee et Jim Kor, pilote du projet et fondateur de KOR EcoLogic

L’aéronautique

Aux USA, le secteur de l’aéronautique compte bien s’appuyer sur


l’impression 3D pour améliorer la performance de ses productions,
réduire ses besoins de maintenance, obtenir lorsque possible des
éléments plus résistants et faire des économies substantielles de
carburant grâce à des composants plus légers. Boeing, l’un des
pionniers de l’impression 3D, qui possède de surcroît un grand nombre
8
de brevets stratégiques dans le domaine, a déjà imprimé plus de 22 000
composants qui sont utilisés aujourd’hui dans un large panel d’appareils
différents [6]. Le géant du domaine aéronautique envisage d’ailleurs
d’imprimer une aile complète d’avion à l’aide de cette technologie.

Fig. 4 : Charnières d’Airbus imprimées en 3D (sans soudure ni boulon)

Dans la même logique, le domaine de l’aérospatial, les travaux de


groupe comme Made in space, se penchent sur les systèmes et procédés
permettant de produire directement dans l’espace afin d’éviter les tracas
liés aux missions d’approvisionnement en outillage et matériels.

Autres secteurs

Bien d’autres domaines sont impactés positivement par la production


additive notamment :
_ La Médecine et la recherche, pour la création des implants, des
prothèses, la fabrication des médicaments ,ou même l’impression de
cellules souches, d’organes, de tissus vivants, bref le bio-printing, etc…
_ La défense, pour l’impression de modèles topographiques avant
déploiement sur les terrains d’opérations, la fabrication des
équipements militaires (combinant solidité, fiabilité et résistance aux
conditions extrêmes), etc …
9
_ L’architecture, le design et la construction, pour l’élaboration de
modèles et de bâtiments d’une extrême précision. En 2013, la société
WinSun a bâti dix maisons et une villa par impression 3D . En mars
2017, une startup américaine a imprimé une maison entière en vingt-
quatre heures seulement[7].
_L’alimentation, surtout en haute gastronomie pour produire des
formes complexes qui seraient fastidieuses à réaliser pour un cuisinier
surtout en grandes quantités.
Ceci n’est encore que le sommet de l’iceberg, car l’utilisation de l’
Additive Manufacturing dans tous les domaines précités n’en n’est qu’à
ses débuts, et toutes les prouesses réalisées n’ont évidemment pas toutes
été relevés dans le présent document, plus orienté sur la partie
technique.

1.3-Enjeux de l’impression 3D

Comme tout procédé en général, l’impression 3D est adoptée pour


certains de ces avantages ou alors rejeté pour les quelques
inconvénients qu’elle présente, en tenant compte du secteur d’activité
dans lequel elle est utilisée.

Avantages

L’Additive Manufacturing tend à rendre obsolète de nombreux modes


de production actuels. Elle apporte de nouvelles possibilités et des
moyens complémentaires de fabrication aux industriels [4]. Voici
quelques points clés de la plus-value apportée par ce procédé :
 Utilisation optimale de la matière première (l’usinage peut gaspiller
plus de 80% du matériau de base)[4]
 Forte personnalisation possible des biens et produits, à bas coût ;
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 Design et production efficace (légèreté, résistance, complexité) : il
est possible de réaliser des pièces à haute performance comportant des
structures en treillis ou des structures fines (canaux longs et fins,
cavités, …) issues d’une optimisation topologique. Ce sont des
nouvelles architectures dont le coût est indépendant de la complexité,
permettant des gains en masse de 50% à 75% en faveur du secteur des
transports , de la diminution de la consommation énergétique et de
l’impact environnemental[4].

Fig. 5 : A gauche , le projet Compolight concernant la reconception d’un échangeur afin de diviser les pertes de charges des
fluides y circulant par 4 - A droite, la reconception d’un conduit réduisant le nombre de ses composants de 15 à 1 seul (initié
par Boeing)

 Variété de production (capacité à produire des biens différents) ;


 Capacité de production d’objets très petits (échelles macro et
nanoscopiques) ;
 Gain pour l’environnement, à travers la production locale à l’unité
qui engendre la réduction du transport entre fabricants et
consommateurs, et de ce fait la pollution qui lui est associée. Quant aux

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déchets de production, la matière perdue lors de la fabrication additive
peut être recyclée et réutilisée dans une nouvelle impression [3].
 Production à la demande, en volumes réduits ;
 Production locale, proche des lieux de consommation ;
 Production accessible à tous, peu de barrières à l’entrée ;
 Fort potentiel d’innovation dans la distribution et la fourniture de
services

Inconvénients

Bien que l’impression 3D soit une technologie très prometteuse au point


d’être taxée de révolution industrielle, il reste beaucoup de défis à
relever pour en faire le premier choix à tous les niveaux.
La plupart des procédés génèrent des états de surface relativement
médiocres; il est souvent indispensable de lisser les surfaces par des
techniques de polissage plus ou moins complexes. En outre, les
procédés métalliques basés sur la fusion de poudre donnent des pièces
relativement nocives si la poudre est mal aspirée sur la pièce finale. Et
d’ailleurs, l’une des limites de la majorité des imprimantes 3D
FDM(Fused Deposition Modeling) est la difficulté d'imprimer un objet
3D en plusieurs couleurs. Des solutions existent néanmoins, comme
l'utilisation d'un logiciel tiers tel que MultiGCode , pour imprimer en
plusieurs couleurs par couches [7].
On peut également citer :
 La production non compétitive de grands volumes de produits ;
 La variété encore limitée des matériaux utilisés pour les impressions
;
 Le coût potentiellement élevé des matériaux de base utilisés comme
intrants ;

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 La difficulté de combiner plusieurs matériaux (notamment dans
l’électronique) ;
 l’impression complexe d’objets de grande taille, et la vitesse de
fabrication encore faible [6].

2 - Aspects techniques de l’impression 3D

2.1- Description du processus d’impression tridimensionnelle

Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que l’objectif fondamental de


l’impression 3D est de transformer rapidement une idée en objet réel.
Pour se faire, les techniques d'impression 3D sont basées sur la
modélisation de l'objet virtuel 3D en couches 2D de très fines
épaisseurs.
Le modèle informatique 3D (l’idée) est créé au préalable à l’aide de
logiciels en CAO 3D (Conception Assistée par Ordinateur) tels que
Autodesk, SolidWorks, Inventor, 3D Studio Max, MicroStation,
Mimics, AutoCAD, Raindrop GeoMagic, Bentley Triforma,
RapidForm, Blender, RasMol, CATIA, COSMOS, Rhinoceros,
SketchUp, LightWave 3D ou encore VectorWorks etc…[6][7].
Ce modèle 3D est exporté sous forme d’un fichier ayant un des formats
standards des imprimantes 3D : .STL, .WRL(VRML), .PLY, .3DS et
.ZPR. Toutefois les fichiers .STL tendent à devenir la norme.
Le fichier est ensuite lu par un logiciel d’impression 3D fourni avec
l’imprimante, qui découpe le modèle 3D en des centaines de coupes
transverses numériques : on parle de Slicing.
Le grain (une section du modèle à fabriquer) est déterminé selon les
caractéristiques de l’imprimante et le résultat escompté.

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Partant de là les sections préalablement obtenues du modèle 3D du futur
objet sont transmises une à une à l’imprimante 3D qui démarre
automatiquement la construction (l’impression).
Chaque couche est imprimée séquentiellement, chaque couche par-
dessus la précédente (ou au-dessous de la précédente selon la technique
d’impression utilisée), construisant l’objet dans la chambre de
construction ou sur le plateau de construction de la machine[6].
Les buses des imprimantes se déplacent en général suivant 3 axes (3
translations d'espace : largeur (X+), profondeur (Y+), hauteur (Z+)).
D’autres imprimantes 3D, plus sophistiquées, rajoutent 2 rotations sur
la tête de buse (A+ et B+) facilitant la conception des supports
nécessaires à certaines pièces. Cette commande des axes est assez
similaire à celle que l’on retrouve sur les machines-outils à commande
numérique MOCN [7].
Un cycle de séchage court est lancé, une fois l’impression terminée.
Une fois l’objet retiré, un traitement de finition (peinture, ponçage,
curage, lissage etc…) est appliqué ou pas, selon l’état de surface final
voulu.

Fig 6 : Etapes simplifiées du processus d’impression 3D (à l’aide de la FDM)

Les grandes lignes que nous venons de donner à propos des étapes de
l’impression ont été généralisées le plus possible. Dans la pratique,
comme nous allons le voir dans la suite de ce document, le contenu de
chaque étape va dépendre du type d’imprimante utilisé, la matière
première et la technique d’impression performée.
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2.2 – Les imprimantes 3D

Il va de soi que nous ne pouvons parler d’impression 3D sans


s’intéresser de près aux imprimantes 3D, qui en sont assurément le fer
de lance. Le choix du type, voire du modèle d’imprimante à utiliser est
une étape primordiale pour fabriquer un objet, car ce paramètre est
fortement lié à la famille de matière première mise en œuvre et à la
technique d’impression employée.
Une imprimante 3D est formée d’un certain nombre de pièces qui
peuvent être mobiles ou non [5].
En ce qui est de la FDM (Fused Deposition Modeling) , procédé
d’impression le plus courant que nous expliquons plus loin dans le
document, et d’autres techniques similaires, il existe des éléments
techniques principaux qui permettent d’identifier les différents types
d’imprimante. Toutefois, le plus remarquable et que nous abordons ici
est le système de positionnement 3D de la machine.

Le système de positionnement 3D

Comme dit précédemment, il est basé sur des axes cartésiens (X, Y, et
Z) formant un repère avec un point précis du lit d’impression.
Dans une imprimante 3D, le lit tout comme la tête d’impression peuvent
être mobiles ou non .
On distingue trois principaux systèmes qui sont employés à nos jours :

La grue :

L’extrudeur de l’imprimante bouge sur les axes X et Y tandis que le lit


se déplace suivant l’axe Z. C’est valable notamment pour les

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imprimantes Ultimaker et Replicator. Le point de divergence de ces
deux imprimantes est la présence d’un câble Bowden reliant la tête
d’impression et l’extrudeur dans l’Ultimaker tandis que les deux parties
sont intégrées chez le Replicator [5].

Fig 7 : Imprimante 3D Ultimaker

Fig 8 : Imprimante 3D Makerbot Replicator

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Le lit mobile :

Dans ce cas de figure, le lit d’impression se meut suivant l’un des axes
X ou Y tandis que la tête d’impression prend en charge les deux axes
restants. L’inconvénient avec ce système est que le lit est ralenti du fait
de la charge (objet en cours d’impression) qu’il porte ce qui rend ipso
facto l’opération plus longue. C’est toute fois un moindre mal car en
effet si le lit d’impression venait à bouger trop vite, cela pourrait porter
atteinte à l’intégrité de la pièce fabriquée.
Les modèles Printrbot sont des exemples d'imprimantes 3D à lit
mobile, dont la lenteur d'impression est contrebalancée par un faible
coût et une facilité de maintenance.

Fig 9 : Imprimante 3D Printrbot

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Le système Deltabot:

C’est un système où trois tiges de commande mobiles contrôlent la tête


d’impression. L’ imprimante Rostock, l’une des premières imprimantes
qui en furent dotées utilise un système Bowden pour séparer la tête
d'impression de l'extrudeur, autorisant ainsi un positionnement rapide
et précis de la tête grâce à une mécanique relativement simple.

Fig 10 : Imprimante 3D Rostock

Les quelques exemples que nous venons de donner s’inscrivent tous


dans le cadre de la FDM (Fused Deposition Modeling) c’est-à-dire
qu’ils sont basés sur la fonte de matière plastique. Cependant il existe

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bien d’autres imprimantes selon la technique et la matière utilisée. C’est
l’exemple du X LINE 2000R Concept Laser, imprimante 3D basée sur
la fusion laser de métaux sur lit de poudre. La machine est évidemment
plus imposante, plus technique mais aussi plus coûteuse.

Fig 11 : Imprimante 3D X LINE 2000R Concept Laser

2.3 – Logiciels informatiques primordiaux

L’enjeu des logiciels informatiques en fabrication additive va de soi en


ce qui est non seulement de la conception des modèles 3D (fichiers
.STL) mais aussi de la communication adéquate avec l’imprimante. Ces
logiciels interviennent presque à tous les niveaux dans le processus
d’impression.

La modélisation :

Elle peut se faire à partir de logiciels :

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_de CAO (Conception Assistée par Ordinateur) : Autodesk,
SolidWorks, Inventor, 3D Studio Max, MicroStation, Mimics,
AutoCAD, Raindrop GeoMagic, Bentley Triforma, RapidForm,
Blender, RasMol, CATIA, COSMOS, Rhinoceros, SketchUp,
LightWave 3D ou encore VectorWorks etc…
_de CAO paramétriques : OpenSCAD, FreeCAD, SolveSpace,
Autodesk Inventor, CATIA, etc. …
_de CAO spécialisé en mathématiques comme Mathematica,

La découpe ou Slicing :

La découpe (ou Slicing) est une phase critique de l'impression. Il est en


effet nécessaire de trouver un équilibre entre qualité, vitesse et quantité
de matière utilisée [5].
Le fichier .STL est transformé en une série de commandes, notamment
du G-code (langage de programmation inhérent au contrôle d’une
machine à commande numérique en général), qui est transmis à la
machine.

Fig 12 : Exemple de G-code d’une impression 3D

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La réparation :

Bien souvent, au niveau des imprimantes 3D, le Slicing et la réparation


sont réalisés par le même logiciel spécifique à la machine.
La réparation est importante car le maillage requis pour une imprimer
un objet sans encombre peut ne pas être respecté par le modèle 3D au
format .STL. L’on risquerait alors de se retrouver avec un rendu bien
en-dessous du résultat escompté.

Fig 13 : Logiciels de Slicing et de réparation. Source : https://all3dp.com/fr/1/meilleur-logiciel-imprimante-3d-gratuit-en-


ligne/#after-table

Il est également possible de scanner des objets de la vie réelle en 3D


afin de les imprimer.
2.4 – Les techniques d’impression 3D

Le processus de mise en forme de l’objet à imprimer peut être :


_physique : fusion suivie par une solidification, frittage ;

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_chimique (surtout photochimique) : polymérisation (surtout par
photopolymérisation), réticulation (surtout par photoréticulation).
Les procédés industriels d’impression 3D sont nombreux du fait de la
manière dont l’énergie est utilisée pour mettre en forme un type de
matière bien spécifique.
Pour mettre en forme la matière, on peut utiliser : un laser, un faisceau
d’électrons, une lumière visible, des rayons UV ou IR, un arc électrique
ou simplement une source de chaleur [7].
Nous retiendrons ici, les techniques les plus couramment utilisées.

La photopolymérisation ou Vat Photopolymerization :

Elle se base sur la capacité qu’ont certains matériaux à réagir à la


lumière (UV) ou à la chaleur. À l’état liquide dans une cuve, la surface
est frappée par un laser ou une lampe UV dont la trajectoire est
contrôlée par des miroirs mobiles. Le liquide est alors solidifié là où il
a été exposé et ce qui n’a pas été exposé peut être réutilisé[2].

On distingue :

_la SLA (Stéréolithograph Apparatus) : utilisant un rayon ultraviolet.

_la DLP (Digital Light Processing) : utilisant un projecteur pour fixer


les polymères - Technique rapide, car elle imprime les couches les unes
après les autres en une seule image numérique.

Il existe également : la CLIP (Continuous Liquid Interface Production),


la DPP (Daylight Polymer Printing),et la FTI (Film Transfer Imaging)

22
Fig 14 : Principe de la Stéréolithograph Apparatus (SLA)

La fusion sur lit de poudre ou Powder Bed Fusion :

Cette méthode est similaire, par le principe à celle qui précède, si ce


n’est qu’un lit de poudre (métallique ou polymère) est utilisée à la place
de la résine liquide. La couche de poudre se solidifie au contact d’un
rayon.
On distingue :
_la SLS (Selective Laser Sintering) : ou frittage sélective par laser. Elle
nécessite un laser haute puissance et une poudre polymère qui n’est pas
portée jusqu’au point de fusion lors de l’opération.
_la SLM (Selective Laser Melting) : ou Fusion sélective par laser. Ici,
par contre le laser haute puissance est utilisé pour porter une poudre
métallique à son point de fusion afin d’ unir les couches imprimées
entre elles.
On a également l’ EBM (Electron Beam Melting) usant d’un faisceau
d’électron et la GLAM (Glass Laser Additive Manufacturing) pour le
23
verre.

Fig 15 : Fusion (ou frittage) sur lit de poudre

Extrusion de matière ou Material Extrusion :

Les imprimantes par extrusion de matière liquéfient du plastique et


déposent strate par strate une fine couche de celui-ci sur une plaque. La
matière se refroidit au contact de l’air et se solidifie rapidement. De plus
en plus d’autres matériaux peuvent être utilisés avec cette technique qui
semble se généraliser. L’avantage de cette technique est son coût
d’utilisation plus faible que les solutions alternatives et des éléments
relativement peu avancés technologiquement[2].
On distingue :
_ La FDM (Fused Deposition Modeling) : déjà mentionné plusieurs fois
auparavant dans ce document, car ce dernier est très répandu. Il s’agit
ici de faire fondre un filament thermoplastique (de type ABS ou PLA
24
que nous verrons plus loin) à travers un extrudeur chauffé entre 160 et
400°C en fonction de la matière. La matière en fusion d’un diamètre
bien déterminé (grain) est déposé pour faire les couches 2D.
_La FFF (Fused Filament Fabrication) : est quasiment identique à la
FDM dont l’entreprise Stratasys de Scott Crump détenait le brevet d’où
la différence d’appellation.

Fig 16 : Procédé par extrusion de matière

Un tableau plus exhaustif que l’on retrouve sur Wikipédia, mentionne


encore plus de techniques et est proposé à la page 27 du document .

2.5 – Matériaux mis en jeu

L’industrie de l’impression tridimensionnelle est surtout connue pour


l’utilisation de matières plastiques, mais il existe un nombre croissant
25
de matériaux pouvant être utilisés, comme les céramiques, les métaux,
le verre ou même les tissus vivants [6]. On distingue cinq grandes
familles [3]:
 Les plastiques (75% des impressions en 2014) :
o ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène): surface rugueuse, fond à
200°C. Il est résistant et disponible en plusieurs couleurs. La célèbre
marque Lego utilise l’ABS pour concevoir ses pièces.
o PLA (Polylactic Acid) : issu de ressources renouvelables,
respectueux de l’environnement et biodégradable, fond à 160°C.
o PVA (Polyvinyl Alcohol) : s’extrude à 190°C et se dissout dans
l’eau [5].
o Résine : disponible en mat, brillant, blanc ou noir. Bonne finition
de surface.

Fig 17 : Rouleaux de filaments plastiques ABS et PLA

 Les métaux : principalement le titane, l’acier inoxydable,


l’aluminium et le cobalt-chrome. L’or, l’argent et le bronze ne sont pas
mises en œuvre directement avec les imprimantes 3D mais celles-ci
permettent la fabrication de moules dans lesquels seront injectés les
métaux précieux.
 Les céramiques : elle est recyclable et résiste à la chaleur
 Les autres matériaux : bois, cire, sable, béton, …
 Les matières alimentaires : chocolat ou caramel par exemple

26
2.6 - Tableau exhaustif

27
Fig 18 : Tableau des sept types de procédés d’impression 3D, source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Impression_3D

3- Analyse technique d’une imprimante 3D

Cette analyse portera uniquement sur les machines utilisant la


technique FDM/FFF.

3.1 - Les parties essentielles de la machine et leurs fonctions

Les éléments les plus importants d’une imprimante 3D (Printrbot,


Ultimaker, Replicator, Rostock, Witbox, etc…) sont [5] :

Le lit d’impression :

C’est sur ce lit que repose la pièce en cours de fabrication. Il peut être
mobile ou non, à température ambiante ou maintenu à une température
28
comprise entre 40°C et 110°C selon l’exigence de l’impression, ou
encore il peut être non-chauffant et dans ce cas recouvert d’un adhésif.

L’extrudeur :

Il dirige le plastique fondu dans la buse chauffante. Comme dit plus


haut il peut être séparé de la tête d’impression via un câble Bowden ou
alors y être intégré. Certaines imprimantes disposent d’un double
extrudeur permettant d’imprimer en plusieurs couleurs.

La tête chauffante :

La tête ou buse chauffante se compose d'un radiateur, d'un capteur de


température et d'une tête d'extrusion où passe le filament plastique pour
déposer la matière fondue. Les têtes d'impression sont souvent
assemblées au sein d'un bloc en aluminium ou configurées dans un
cylindre. Le diamètre du trou (grain) dans la tête d’impression influence
beaucoup l’opération. Plus ce trou est petit, plus l’impression gagne en
précision et perd en rapidité.

Le ventilateur de buse chauffante : pour réguler la température de


cette dernière et par la même occasion l’état du plastique fondu[1].

Les moteurs : notamment ceux des axes (X,Y et Z) permettent de


mouvoir le lit d’impression et la tête d’impression tandis que le moteur
extrudeur permet de déplacer le fil de plastique[1].

On note également des capteurs de fin de course et un écran


d’affichage. Tous les composants électroniques précités viennent

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s’enficher dans la carte principale de l’imprimante (contrôleur ou
microcontrôleur) qui reçoit notamment le fameux G-code et sera
alimenté sous une tension recommandée par le constructeur.

Fig 19 : Parties d’une imprimante 3D de FDM/FFF

3.2 - Analyse fonctionnelle (Exemple d’une imprimante Witbox)

La présente analyse fonctionnelle concerne une imprimante 3D Witbox


« bq ». Elle est tirée du Dossier Technique et Ressource (DTR) d’une
épreuve de technologie, Baccalauréat Professionnel Microtechniques
datant de 2016. Le lien vers l’intégralité du document est mis en
référence [1].

Actigramme A-0 du SADT (Structured Analysis and Design


Technique)

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Fig 10 : Approche SADT

Diagramme pieuvre et fonctions dégagées :

Fig 11 : Diagramme pieuvre

31
Diagramme FAST :

Fig 12 : Diagramme FAST

32
4- Usage de l’impression 3D : Volet économique

Dans plusieurs domaines, l’utilisation de l’impression 3D revient plus


chère que les méthodes classiques de production et ceci en dépit de la
plus-value technique que cette technologie représente.
Cependant, les coûts d’équipement et de matière première devraient
connaître naturellement une baisse conséquente avec le développement
de la fabrication additive[3].
Sur Alibaba.com, le site de e-commerce par exemple, on retrouve des
imprimantes 3D allant de 100 à 1000 $US, toutefois ces derniers ne
concernent pas des projets de grande envergure en industrie.
Néanmoins, le prix d’une imprimante 3D peut à long terme être
rapidement rentabilisé suivant les économies d’énergie, de matière et
de main d’œuvre réalisé.
Le marché de l’imprimante 3D qui avait une valeur de 13 milliards de
dollars US en 2020, selon certaines prévisions devrait passer à 63
milliards en 2025, car l’impression 3D gagne de plus en plus de terrain
tout en coûtant de moins en moins cher.
Des solutions aussi ingénieuses que surprenantes sont trouvées grâce
aux imprimantes 3D et qui manifestement devraient réduire leur coût
de production. C’est l’exemple de jeunes ingénieurs français : Matthieu
Régnier et Gauthier Vignon, les fabricants de l’imprimante 3D
«Dagoma», qui produisent les pièces de leurs imprimantes 3D à l’aide
de leurs plus performantes imprimantes 3D déjà fabriquées[9].

33
Conclusion

Selon Idriss Aberkane, Docteur en sciences cognitives, une révolution


passe par trois qualificatifs essentiels dans le temps : « ridicule,
dangereux, puis évident ». Après être passée par ce processus, il va de
soi que l’impression 3D a aujourd’hui tout d’une évidence. Il reste
certes des défis à relever, mais l’intérêt suscité et l’impact provoqué par
cette technologie sur le monde de la production sont sans équivoque.
Par ailleurs, les imprimantes 3D sont, sans nul doute des machines qui
fascinent tout ingénieur par leur efficacité et leur simplicité. Au reste, il
est fort probable que cet outil s’encrera, à l’avenir, dans notre quotidien
et nos habitudes presque autant que toutes nos machines
électroménagères aujourd’hui.

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Références

[1] Dossier Technique et Ressource (DTR) d’une épreuve de


technologie, Baccalauréat Professionnel Microtechniques datant de
2016,
https://eduscol.education.fr/sti/sites/eduscol.education.fr.sti/files/conc
ours-examens/9595/9595-e2-bac-pro-microtechniques-2016-partie-2-
dossier-technique-et-ressource.pdf
[2] Analyse de l'état et de l'avenir du marché de l'impression
3D. Verhulst, Julien, Louvain School of Management, Université
catholique de Louvain, 2015.
[3]Quel est l’impact de l’impression 3D sur la supply
chain ?,Mémoire en Master 2, Stéphane RUFER, Université Paris
Dauphine, 2013-2014
[4]Article sur l’impression 3D, Marie Christine, Comité d’études de
Défense Nationale, https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-
2018-4-page-93.htm
[5]Pratique de l’impression 3D, Anna Kaiunas France, Edition
Eyrolles.
[6]Impression 3D, Les prémisses d’une nouvelle (r)évolution
industrielle ?
[7]Article de Wikipédia sur l’impression 3D,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Impression_3D
[8] https://all3dp.com/fr/1/meilleur-logiciel-imprimante-3d-gratuit-en-
ligne/#after-table
[9]Imprimantes 3D, la nouvelle révolution industrielle - Tout compte
fait, https://www.youtube.com/watch?v=CBQcw9byRis
[10]Complete beginner’s guide to 3D printing ,
https://www.youtube.com/watch?v=T-Z3GmM20JM

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