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Débat autour du droit : Wodié et jacqueline Oble s'empoignent

publier le 16/02/2017 à 09 :47 Modifié le 16/02/2017 à 10 :06

politique

c'est sans doute l'exercice qu'affection le mieux Francis Vangah Wodié : jongler avec le droit. il
s'y est adonné de bon coeur, à l'occassion de la tribune que lui a offerte le centre ivoirien pour le
développement du droit, le mercredi 15 fevrier 2017.

invité à dire s'il existe une "pensée juridique ivoirienne en droit public", l'éminent juriste semblait
bien à son aise. " Non", a-t-il estimé. Et l'ancien doyen de l'ex-faculté de droit de l'université de
cocody, de soutenir qu'on ne saurait parler de pensée juridique ivoirienne, vu que le droit, tel que
codifié aujourd'hui est inspiré du droit français. " le droit ne peux être ivoirien que s'il a un
contenu autonome et spécifique", a-t-il relevé. Or, a-t-il poursuivi, le droit tel que codifié en cote
d'ivoire, reste tributaire des textes hérités du colonisateur. Une position que réfute Mme
Jacqueline Lohoues Oble, également ancien doyen de la faculté de droit de l'université de cocody,
aujourd'hui université Felix Houphouët boigny. Professeur titulaire comme Wodié, elle était
invitée à répondre à la même question appliquée au droit privé. Pour le professeur Jacqueline
Oble, il n'est pas exact de soutenir, avec Wodié, qu'il n'existe pas de pensée juridique ivoirienne.
"je dis que les Africains et les ivoiriens en particulier ont une pensée juridique», a-t-elle martelé
d'entrée. Et de justifier sa position en invoquant le droit coutumier et toutes les normes non
écrites qui, régissaient la vie en communauté en Afrique, et singulièrement en Côte d'ivoire. "
Nous avons bien une pensée juridique qui a imbibé toutes nos coutumes", a-t-elle soutenu.

Elle a relevé le fait que d'une manière générale, les textes de loi en vigueur entrent en collision
avec bien des pratiques et mœurs propres aux ivoiriens. Pour    que la pensée juridique ivoirienne
soit davantage consolidée, elle a plaidé pour une meilleure prise en compte des réalités
ivoiriennes lors de l'élaboration de la loi. "Qu'est-ce que la loi, si elle ne tient pas compte de nos
mœurs ? ", a-t-elle interpellé son vis-à-vis et par-delà lui, la communauté des juristes ivoiriens.
Puis l'universitaire d'ajouter : "il faut maintenir nos valeurs et coutumes lorsqu’elles ne sont pas
en contradiction avec l'évolution de nos mœurs." Rebondissant sur l'intervention de Mme OBLE,
le    professeur WODIE a fait savoir qu'avant d'avancer qu'il y a une pensée juridique ivoirienne,
if faut d'abord s'entendre sur qui est ivoirien, et ensuite savoir quelles sont les valeurs
coutumières retenues comme nationales, dont les textes de loi seraient l'émanation. Le débat était
donc entrain de virer en un "pugilat" entre les deux éminents juristes. Comme pour voler au
secours de leur maitre, des disciples de Wodié ont alors pris la parole pour repréciser la pensée de
celui-ci quand il avance qu'il n'y a pas de pensée juridique ivoirienne.

Ce que dit le droit au sujet de la dot.

Ainsi pour Kabran Appia, " la pensée juridique n'a pas à être nationalisée. Elle ne peut être
ivoirienne, pas plus qu'elle ne peut être française..." . Selon lui, c'est la subtilité du langage du
"maître" qui a rendu son propos inaccessible. Au-delà de cette polémique, Wodié a    livré
quelques réflexions, dont la contradiction a quelquefois semé le trouble dans les esprits. Il a
notamment soutenu qu'il ne revient pas au juriste de juger du caractère inique d'une loi. "Le
contenu du droit importe peu au juriste. Que droit soit bon ou mauvais, ce n'est pas l'affaire du
juriste", a-t-il soutenu, avant d'ajouter. "Il lui (au juriste) est interdit de se prononcer sur le bien-
fondé du droit. On lui demande seulement de l'appliquer". D'autant que, a-t-il fait remarquer peu
avant, " le droit n'a pas de contenu" . "N'est-ce pas parce que le droit n'a pas de contenu que les
juristes peuvent le remplir comme de ce qu'ils veulent comme ce fut le cas des présidents du
conseil constitutionnel, YAO N'dré et KONE Mamadou, quand il s'est agi de se prononcer sur des
questions électorales ?

Répondant à cette question Pr Wodié a dû nuancer son propos. " En disant que le droit n'a pas de
contenu, je ne dis pas que le droit n'a pas d'objet", a-t-il rectifié. L'instant d'après, il ajoutait : " le
droit peu avoir plusieurs contenu, donc n'a pas de contenu". Puis : " le    droit à un contenu, mais
ce sont les hommes politique qui donnent au droit ce contenu, ce ne sont pas les juristes". Des
positions qui ont semblé dérouter l'assistance, au point qu'il demandait souvent à la salle si l'on
suivait son raisonnement. Concluant cet enrichissant débat, le président du centre international
pour le développement du droit    François Komoin, est revenu sur l’incohérence entre les
pratiques culturelles ivoiriennes et le droit tel qu'il est codifié. Pour bien montrer cela il a pris
l'exemple de la dot dans le mariage coutumier. " La dot est une infraction à la loi pénale. Les
docteurs, les entremetteurs de dot, tous tombent sous le coup de la loi. Mais combien de
personnes ont été traduites devant les tribunaux ? Mêmes les parlementaires et les magistrats
dotent leurs femmes", a-t-il relevé, avant de se demander si l'on a pu donner à la côte d'ivoire, le
droit qu'il lui faut.

Débat retranscrit par Assane NIADA en ligne sur le site linfodrome.ci : consulter le 22/01/2023 à
14h47.

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