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géographes français
Résumé
Résumé. - Cet article analyse la tentative de conceptualisation et le modèle de pensée de l'architecte italien Gregotti, qui met en
relation étroite l'architecture et la géographie. Ses réalisations et ses projets n'arrivent pas toujours à établir la communication
entre le site et la construction que préconise sa théorie.
Abstract
Abstract. - This paper analyzes the attempt to conceptualize and the model of thought of the Italian architect Gregotti, who
stresses the close connexion existing between architecture and geography. His realizations and his projects don't come off to
set up the connexion he advocates between site and construction.
Benko Georges. La forme du territoire : une analyse de paysage à travers l'œuvre de Vittorio Gregotti (Architecture and
geography in the V. Gregotti's thought). In: Bulletin de l'Association de géographes français, 66e année, 1989-3 ( juin). pp. 199-
204;
doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1989.1481
https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1989_num_66_3_1481
Georges B. BENKO *
ABSTRACT. - This paper analyzes the attempt to conceptualize and the model
of thought of the Italian architect Gregotti, who stresses the close connexion
existing between architecture and geography. His realizations and his projects don't
come off to set up the connexion he advocates between site and construction.
(1) L'usage que Gregotti fait du terme «anthropo-géographie» est différent de celui de Ratzel. Il
désigne «l'environnement modifié par l'œuvre ou la présence de l'homme».
LA PENSÉE DE V. GREGOTTI 201
Le projet de l'Université de Calabre, le plus significatif de ses travaux sans doute (Cosenza,
1973), se définit par l'interaction de deux systèmes morphologiques et fonctionnels
différents. « Le premier système est constitué par la succession linéaire des bâtiments pour les
départements: ils traversent le système des collines descendant vers la plaine du fleuve Crati
depuis la chaîne de Paola. Les blocs de plan carré qui accueillent les activités des
départements rejoignent les dénivellations altimétriques à partir d'un niveau constant de plancher
et s'établissent sur l'axe d'un pont équipé». «Le second système prend en considération
la morphologie des collines dans leur succession longitudinale de crêtes et de versants, sur
lesquelles se développent les routes du réseau local, alors que le tissu des maisons basses
en gradins est établi sur le versant septentrional. Les versants méridionaux étant réservés
à la culture de l'olivier, ce système permet de déterminer une succession alternée d'unités
résidentielles et d'espaces naturels. » « Les services de l'Université, ouverts vers l'extérieur,
sont placés aux points de croisement entre le système du pont et les routes de crête. La
structure s'élargit en ces points pour constituer des places possédant des caractéristiques
typiquement urbaines de façon à satisfaire l'exigence de connexion entre les unités
résidentielles et les espaces didactiques d'une part, et de façon à garantir d'autre part un facile accès
depuis l'extérieur, permettant ainsi de répondre aux exigences de la population non
universitaire et de garantir une continuité d'usage, et de vitalité dans le temps, de l'ensemble de
l'organisme».
On voit à cet exemple comment Gregotti prétend reterritorialiser
l'architecture, la resingulariser, en désignant le territoire concret comme
l'inspirateur d'où sortiront les nouveaux lieux: «La théorie des matériaux de
l'architecture et de la prééminence de la figure en tant que structure
organisatrice est au centre de ce texte. Elle laisse toutefois ouvert le problème
des hiérarchies et des choix de ces mêmes matériaux offerts à
l'élaboration du projet, ne donnant que quelques indications premières (...). Si la
géographie est donc la manière dont les signes de l'histoire se solidifient
et se superposent en une forme, le projet d'architecture a la tâche de
révéler, à travers la transformation de la forme, l'essence du contexte
environnant» (Gregotti, 1982).
Cette théorisation est fort intéressante, mais que donne-t-elle dans la
pratique ? En regardant les projets de Gregotti, on constate que le seul
paysage qui subsiste après son intervention est celui qu'à modelé son
architecture, et que la communication qu'il se proposait d'établir avec le site
ne semble pas se réaliser : le « milieu » est annulé ! On voit ainsi la difficulté
qu'il y a à appliquer une théorie qui prétend tirer du matériau géographi-
204 G. BENKO
RÉFÉRENCES
ECO U., 1982. - Préface de Le territoire de l'architecte, de V. Gregotti.
GREGOTTI V., 1982. - Le territoire de l'architecte, Paris, L'Equerre (éd. italienne, 1966).