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Jalon ; Le modèle de Clausewitz à l'épreuve des « guerres irrégulières » :

d'Al-Qaïda à Daech

Repère ; Les guerres contemporaines, la fin des guerres interétatiques ?

Comment l’émergence d’Al-Qaïda transforme-t-elle la facon de faire la guerre, et


comment Daesh cherche-t-il à imposer une nouvelle forme de terrorisme ?

L'apparition de réseaux et de groupes terroristes constitue une nouveauté du fait de ses


dimensions mondialisées et de son fonctionnement en réseau. Al-Qaïda et l'Organisation de
l'État islamique procèdent de stratégies différentes même si la seconde est un dérivé de la
première.
Ces organisations ont eu recours à la guerre irrégulière (guerre opposant des États qui
utilisent des troupes et des moyens réguliers (armées nationales et armes
conventionnelles), ou asymétrique (par exemple, opposer une force régulière (militaires
officiels d’un État), à une force terroriste.

A) D'AI-Qaïda à Daech : ressemblances et différences

Les réseaux terroristes Al-Qaïda et Daech livrent une guerre irrégulière et asymétrique à
dimension idéologique (islamisme), plus une lutte entre des visions du monde qu'entre des
groupes humains. Ils présentent des similitudes mais également des différences dans leur
stratégie.

Al-Qaïda est née dans le combat contre les Soviétiques en Afghanistan, sa création officielle
au Pakistan date de 1988. II s'agit d'un réseau transnational de l'islam internationalisé,
réseau qui ne rentre pas dans les frontières territoriales, administratives, économiques et
culturelles des États-nations. Donc implanté dans des territoires peu accessibles
géographiquement :

États nations : individus qui se considèrent comme liés et appartenant à un même groupe.

• au Soudan en 1991;
• en Afghanistan en 1996;
• au « Af-Pak » (région frontalière au Pakistan, à proximité de l'Afghanistan) en 2001.
Le but d'Al-Qaïda est décrit dans Le Front islamique mondial contre les juifs et les croisés,
un texte d'Oussama ben Laden et d'Ayman al-Zawahiri datant de 1988. Dans ce texte, deux
cibles majeures sont citées :

• « ennemi proche » : régimes politiques du monde arabo-musulman compromis avec


l'Occident;
• « ennemi lointain » : les États-Unis et l'Europe, le monde occidental de manière générale.
Daech ou OEI (Organisation de l'État islamique) est né en Irak dans le combat contre les
États-Unis en 2006. Il s'agit de la transformation d'une « filiale » régionale d'Al-Qaïda en
centre leader du djihad mondial. Abou Bakr al-Baghdadi, tué en 2019, joue un rôle majeur
dans la création de l'organisation, au printemps 2013. À partir de janvier 2014, on observe
une extension territoriale importante à partir de Falloujah (lieu de naissance d'Al-Baghdadi)
et avec la prise de Mossoul en juin 2014 (2° ville d'Irak avec des ressources considérables).
L'organisation change de nom et devient l'Organisation de l'État islamique (OEI). Le 29 juin
2014, Daech proclame le califat : Al-Baghdadi se proclame ainsi « successeur » de
Mahomet.

Daech se différencie d'Al-Qaïda sur plusieurs points :

• Le territoire : pour les dirigeants d'Al-Qaïda, avoir un territoire signifie être vulnérable, il
faut rester dans le nomadisme djihadiste (genre de vie des nomades) tant que l'Occident n'est
pas assez affaibli. Daech, au contraire, construit un État avec des terres et a vocation à
l'étendre.
• Une des priorités de Daech est également la lutte contre les hérétiques (personnes,
notamment musulmanes, n’ayant pas forcément les mêmes idées qu’eux), en l'occurrence
les chiites (“branche” de l’islam), alors que ce n'est pas le cas d'Al-Qaïda.
• La proclamation du califat marque une rupture idéologique définitive entre les deux
organisations terroristes.
Avec les premières défaites, Daech opère un changement : la guerre contre l'Occident
devient le seul espoir de se maintenir, d'autant qu'elle permet de mobiliser en Europe des
jeunes qui ne peuvent plus se rendre en Syrie.

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