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Compte rendu écrit

Séminaire du 30/10/21
Intervenant : Abdel Hakim Honceri,
Imam de la mosquée Les Balladins

Les écoles de pensée musulmane

Axe autour duquel s'articulera la conférence: Le monde actuel et les différentes doctrines

Introduction:
Se poser la question : Que nous évoque les écoles de pensées ?

• Réponses des élèves


Tout ce qui est lié aux dogmes ?

• Réponse du Sheikh
Il s'agit d'étudier certaines questions du dogme liées à une crise sociale. Le sujet est
beaucoup plus large que les écoles de dogmes "les firaks". Il ne s'agit donc pas des écoles de
droits musulmans ni des écoles de doctrines.

Définition:
Une école de pensée est un ensemble de système d'idées reliées entre elles.
C'est aussi un ensemble de principes, constitués en systèmes, qui servent de guide à l'action et à
l'interprétation des textes scripturaires (Coran + Sunna) pour répondre aux crises internes qui ont
secoué le monde musulman tout au long de son histoire (répartition des richesses, les méthodes de
changements [la méthode armée pour combattre le mal], la place de la raison, la question du mal et
des pécheurs [sont-ils musulmans ou sont-ils mécréants?], la crise spirituelle...). Une école de
pensée est fondée sur l'initiateur et elle est nommée selon l'endroit où elle a été fondée.

Voici chronologiquement les écoles musulmanes que nous allons étudier:


1. Kharidjites
2. Chiites
3. Mutazilites
4. Soufisme
5. Sunnites

Bibliographie
Ouvrages publiés du VIIIe au XIIe siècle:
• Abou Hassan as'3li
• Orientalistes qui ont un but plutôt idéologique

Concernant les questions de méthodes, il y a une difficulté de séparer l'approche historique des
considérations dogmatiques et doctrinales.
D'après le hadith consultable sur Google: "les juifs se sont divisés en 71 groupes, les chrétiens en 72
et les musulmans en 73, tous iront en enfer sauf ceux qui sont dans le même chemin que moi et mes
compagnons".
Les hadiths de Bukhari et Muslim ont une portée authentique mais pour ce hadith ils sont absents.
C'est un hadith authentique selon Tirmidhi, Ahmed et Al-hakim. Il s'agit d'un hadith faible selon
certains savants comme Ibn Hazm, Adh Dhahaby ibn al 'ouzir et inventé selon Ibn Hazm.
Dans le hadith, qui est désigné par "ma communauté", s'agit-il de la communauté musulmane ou la
communauté humaine ?
S'il faisait référence à la communauté musulmane, il serait question de musulman en enfer ?
Ce hadith a suscité bon nombre de débats, (tout ceux qui n'adhèrent pas à la pensée de Mohamed
sws seraient destinés à l'enfer?).
Comment cette communauté devint la pire par sa grande division ?
Toux ceux qui ont entendu et accepté le message clair font partie de la communauté de la Oumma.
Et ceux qui n'ont jamais entendu parler du message ? Quel serait leur sort ? On ne peut châtier une
communauté jusqu'au moment où on envoie un messager (par exemple, les gens qui vivent en
forêt).
Il est possible que les personnes concernées par ce hadith sont celles qui ont entendu le message.
L'esprit et la finalité de ce texte est de prolonger l'unité.
Si le hadith est authentique, il n'a pas vocation à diviser la communauté. Lorsqu'on cherche à
propager ce hadith dans l'intention de diviser, il n'est pas efficace. La méthodologie scientifique
mise en place par les savants musulmans vise à soustraire du doute.

Le prophète sws relativisait dans le but de ne pas prétendre à faire partie d'une communauté scellée.
Le sort des gens de "la forêt" : ils ne seront pas châtiés car ils n'ont pas reçu le message.

Les Kharidjites

Ce sont "Les sortants", l'une des 3 principales branches de l'Islam.


La France a été influencée par ces 3 courants.

La genèse du kharidjisme:
Il ne s'agit pas d'une crise d’interprétation des textes religieux mais d'un pur produit d'une crise
politique. Cette crise débuta après une bataille qui a opposé deux groupes (Ali le 4e calife et
Mu'awiya, le gouverneur de la Syrie) : la bataille de Siffin qui a eu lieu en 657 et qui s'est soldée par
des dizaines de milliers de morts. Il s'agit de la plus grande crise que connut le monde musulman.
Au sein des deux camps il y avait des compagnons et leurs enfants. Étant Calife, Ali a demandé à un
compagnon de prendre sa nouvelle fonction de gouverneur. Mu'awiya était le cousin de Otmane et
dans la tradition c'est la famille qui demande réparation et justice lors d'un assassinat. Suite à
l’assassinat de Otmane qui a été tué car il lisait le Coran, la famille a donc demandé justice. Ali
n'avait pas le pouvoir de juger les actes car ils représentaient une grande force dans son armée, Ali
avait la responsabilité de stabiliser le pouvoir dans la province, c'était sa priorité car l'état était en
train de vaciller. Ali demanda aux soldats de prendre le coran et 12000 personnes se sont retirées.
Une sorte d'arbitrage s'est mis en place "l'arbitrage qui n’appartient qu'à Dieu". Il a été reproché à
Ali de s'être plié à cet arbitrage. Pour la communauté, Ali n'avait pas à se soumettre à cet arbitrage
car il était le Calife.
C'est ainsi que la genèse du Kharidjisme se forme.
Le Kharidjisme est apparu à la suite de la crise politique, Ali et Mu'awiya étaient vus comme des
mécréants à cause de cet excès. Des excès de tout genre qu'ils ne tardèrent pas à commettre envers
ceux qui ne partageaient par leur opinion et ils obligèrent Ali à les réduire par les armes après de
veines tentatives de réconciliation.

Ces groupes extrémistes ont déclaré la guerre à Ali et Mu'awiya qui furent battus et exterminés, sauf
un petit nombre qui s'échappèrent à Nahrawân, au sud de Bagdad. Le premier groupe sont parvenus
à assassiner Ali.

On considère qu'il s'agit d'une pratique puritaine de l'islam à la morale rigoriste, condamnant tout
luxe. La simple profession de foi (attestation qu'il n'y a de divinité que Dieu et Mohammed est son
prophète) ne suffisait pas, le comportement était primordial.
Les imams doivent mener une vie exemplaire. La foi serait indivisible, elle ne peut ni augmenter ni
baisser. Dans la norme actuelle, elle augmente par les œuvres et baisse par les péchés.
Pour les Kharidjites la croyance était stable, ils faisaient l’amalgame entre les deux (foi et
comportement), ils n'étaient pas sensibles aux variations (par exemple le fait de ressentir la présence
de Dieu pendant la prière et d'autres jours non). Pour les Kharidjites, ceux qui commettent des
péchés sont mécréants.
Les versets équivoques doivent être ramenés vers les versets univoques.
Pour les Kharidjites, on ne peut pas voir Allah le jour de la résurrection et la majorité nient les
châtiments de la tombe. Selon eux, si le pécheur meurt sans se repentir il sera éternellement en
enfer.

Les grands courants des Kharidjites:

L'intransigeance des Kharidjites: au sein de ce petit groupe, à la moindre critique envers le


"chef", il y a une cassure.
Exemple: c'est comme pour l'extrême gauche aujourd'hui, il y a plusieurs idées. C'est une loi
sociologique. Le système de pensée est basé sur la non acceptation de la diversité (l'idée est la
suivante: soi tu es avec nous, soi tu es opposant et tu sors du groupe).
Les Azâriqas (Azraqites) sont les plus radicaux dont le fondateur est Nâfi ibn Azrak. Les Nâjdâts
dont le fondateur est Najda ibn Amir ibn Abdillah ont fondé un État à l'est de la péninsule Arabe (Al
Bahraîne).
Les groupes radicaux se divisent entre eux, ils se considèrent comme des kufars entre eux. Le seul
groupe qui n'a pas disparu est Ibâd. Les Ibadites nient catégoriquement leur appartenance aux
Kharidjites et ont adapté leur propre doctrine.

Les fondements doctrinaux des Ibadites:


La foi est une parole des œuvres et c'est aussi une croyance. Tout musulman qui prononce la
shahada ne peut être excommunié. Ceux qui commettent les grands péchés sont des mécréants (ce
n'est pas une mécréance qui fait sortir de la religion, c'est une mécréance d'ingratitude).
Exemple: les divergences sur les prieurs et les non prieurs, celui qui ne prie pas est-il un mécréant ?
Oui ou non, il ne reconnaît pas les bienfaits de Dieu.
Ceux qui commettent les grands péchés sans se repentir iront éternellement en enfer.
Si on mobilise tous ces principes on se rend compte qu'ils sont proches des autres écoles (les
sunnites principalement), c'est la raison pour laquelle ces fondements ont survécu.

Les Ibadites du Maghreb:


Ils se trouvaient en Tunisie sur l'île de Djerba et en Algérie à Tiaret (Tihret).
Après la prise de Tiaret et l’assassinat de l'imam, ils créent plusieurs villes et construisent les oasis
du désert, ils sont très conservateurs.

Une résurrection de la pensée Kharidjite:


La condition, le contexte politique, la colonisation, la dictature et les répressions apportent un
climat qui laisse place à la radicalisation. Les leaders charismatiques vont renforcer les pouvoirs par
la violence armée. Par ce mouvement, ils reprennent toutes les thèses du Kharidjisme y compris
dans les prisons et sous la torture en 1965 en Égypte.

Les fondements doctrinaux:


Ces doctrines ont mobilisé certaines pensées et provoquent la rupture totale avec la société. Pendant
un temps, on ne pouvait plus prier dans les mosquées sauf dans celles de Médine, Haram, Aksa et
Quba. Á cette pédiode Mustapha Chokri entre en prison car l'idée était que l'ennemi proche est
prioritaire par rapport à l'ennemi lointain et qu'il fallait absolument ordonner le bien et interdire le
mal dans la société et s'il le faut par la force. C'était l'idée de gouvernance (al'hakimiya).
La souveraineté suprême appartient à Dieu.

Les 3 dernières décennies:


Le GIA (groupe islamique armé) en Algérie et en France sèment la terreur.
Boko Haram, son groupe au Sahel kidnappent, tuent tous ceux qui ne partagent par leurs idées.

L'école Chiite:
Après les Kharidjites, l'armée qui n'a pas quitté Ali devient une école qui prend de l'ampleur après la
mort de Ali et de Houssayne. Cette école est née suite à un différent politique et cultive un
sentiment grande tristesse et de culpabilité. Ce sont des aspects qui font partie de la mentalité des
Chiites.

Définition:
Shi"a: Groupe humain se formant autour d'un individu dans le but de le soutenir et de lui porter
secours.
Dans ce sens, le mot est cité 11 fois dans le Coran. Tout ceux qui sont restés avec Ali après la
bataille de Siffin appartiennent à ce groupe. Le calife Ali est sorti affaiblit de cette bataille qui se
produit en 657 sur les rives de l'Euphrate près de la ville syrienne actuelle de Ar-Raqqa, ce fut le
dernier combat entre Ali et Mu'awiyya.
Certains 3oulamas affirmaient qu'avant de prendre une décision Ali consultait tout le monde. Une
certaine liberté de parole était appréciée grâce à Ali, ce qui n'était pas le cas pour Mu'awiyya.
Á partir de cette bataille, ceux qui sont restés avec Ali se nomment les Shi3a, ce sont ceux qui l'ont
soutenu jusqu'à la fin.
Á la fin de la bataille on compte avec exagération plus de 40 000 morts (peu probable, même s'il y a
eu énormément de morts), il s'agit d'un traumatisme qui a touché toutes les écoles, surtout celle des
Chiites.
Qu'en est-t-il du statut des personnes qui ont tué et ceux qui sont morts?
Les Chiites affirment que le mouvement a débuté alors que le prophète était encore en vie et qui a
dit: "Je vous ai laissé deux dépôts, jamais vous vous égarerez si vous vous tenez à eux : le livre de
Dieu et ma famille" Rapporté par Mouslim.
"La famille" ce sont ceux qui prendront le relais après la mort des précurseurs.

Les raisons de la naissance du mouvement chiite:


Les raisons sont d'une part politiques. En effet l'Imam Ali fut affaiblit et une bonne partie de son
armée l'a quitté. L'imam Al Hacen de la Khilafa abdiqua en faveur de Mu'awiya. Al Hussein et 70
membres de sa famille à Karboula quittèrent le monde en martyre.
Les chiites se sont construits dans l'animosité envers Mu'awiyya.

Les raisons passionnelles:


Il s'agit de mémoire et non d'histoire. Dans la mémoire nous pouvons expier certains événements
pour laisser place au mythe du récit.

Les principales tendances de l'école chiite:


1. L'imamiya
2. Azzadiya
3. Les Ismaillya

Les idées fondatrices de la pensée chiite:


Ali est le calife le plus approprié après de prophète Sws. Chaque imam désigne l'imam qui prendra
le relais après lui, généralement la relève est la descendance.

Les principaux points qui ont fondé la divergence:


D'après les commentaires de certains versets du Coran et certains textes qui citent l'haquimmiya, il
s'agit d'une question qui est laissée au dogme et à la nation.
Qui sont les compagnons? Ceux qui sont restés aux côtés du prophète jusqu'à sa mort. Pour les
chiites, le compagnon est celui qui a cru et qui est resté un certain temps avec le messager. Tous ces
éléments entrent en compte; ce compagnon ne doit pas détester Ali mais l'aimer.
Les personnes chassés du bassin du prophète sws le jour de la résurrection sont-ils tous les
compagnons qui n'ont pas suivi Ali? C'est un hadith qui a des références Sunnites. Il s'agit des
compagnons qui ont rompu avec l'Islam après la mort du prophète. Les commentaires Sunnites
affirment qu'il s'agit de ces personnes (concernées par ce hadith).
Il faudrait interroger l'histoire. (Après la mort du prophète, toutes les tribus de Médine, tous les
arabes auraient quitté l'Islam?). C'est un phénomène qui a prit de l'ampleur.
(Les compagnons sont dignes de foi au sujet de tout ce qu'ils ont transmis de la part du prophète)
Les chiites affirment qu'il ne s'agit pas seulement de ces personnes mais également des compagnons
qui n'ont pas soutenu Ali et qui ont failli à leurs engagements/ missions.

L'imamat: "Le jeudi précédent la mort du prophète sws, il demanda qu'on lui apporte de quoi écrire
un testament pour préserver les compagnons de l'égarement après lui. Les compagnons sous l'effet
de l'émotion et de la tristesse levèrent la voix en présence du prophète. Le prophète demanda alors
de le laisser seul", Rapporté par Muslim, Bukhari et d'autres.
On a tenté de dissuader le prophète d'écrire un testament pour Ali et sa famille.
Ce testament n'aurait concerné que sa famille ? Il ne s'agissait que d'hypothèses de la part des
sunnites.
Les chiites affirment que l'imamat est explicité par le texte scripturaire.
La foi de l'imam comme grand fondement respectent 3 conditions selon les chiites :
1. l'imamat
2. le testament (le texte)
3. l’infaillibilité (ne commet pas d'erreur)

La théorie de wilayat al fakhîih:


La théorie de l'imamat est restée sans évolution durant 12 siècles.
L'érudit doit avoir exclusivement une fonction de da'wa et de tuteur pour les orphelins et les faibles.

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