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Réf.

: C261 V1

La liquéfaction des sols


Date de publication :
10 octobre 2018 sous l’effet de séismes
Date de dernière validation :
20 juillet 2020

Cet article est issu de : Construction et travaux publics | Mécanique des sols et
géotechnique

par Emmanuel JAVELAUD,


Jean-François SERRATRICE

Mots-clés Résumé La liquéfaction d'un sol, sous l'effet d'un séisme, s'explique par la perte brutale
géotechnique | écoulement | de sa résistance au cisaillement consécutive d'une accumulation de pressions
sols | séisme | reconnaissance
des terrains | liquéfaction | interstitielles, constituant un véritable danger pour les constructions impactées. Plusieurs
pressions interstitielles | facteurs, dont la nature des sols (sables, limons, argiles) déterminent son déclenchement
risque sismique
et son évolution. Dans le cadre des reconnaissances géotechniques des sites consacrés
aux projets de construction, diverses méthodes permettent d’évaluer la susceptibilité des
sols à la liquéfaction. L'article présente les facteurs influents, les méthodes d'identification
de la susceptibilité des sols et la mesure de leur résistance, les méthodes d'évaluation du
risque et les dispositifs de prévention visant à réduire la vulnérabilité

Keywords Abstract The liquefaction of soils under seismic loading results from their sudden loss of
geotechnical engineering | flow shear strength due to pore pressure generation. This is dangerous for impacted buildings.
| grounds | earthquake |
ground investigations | Several factors including soil type (sand, silt, clay) determine whether liquefaction occurs
liquefaction | pressures and how it evolves. As part of soil surveys for building locations, various methods can be
generations | earthquake risk
used to assess vulnerability to liquefaction. This article presents the factors responsible
for this vulnerability, methods to identify and measure it, risk assessment methods and
relevant preventive provisions.

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La liquéfaction des sols sous l’effet


de séismes
par Emmanuel JAVELAUD
EDF-DI-TEGG, Aix-en-Provence (France)
et Jean-François SERRATRICE
CEREMA, Aix-en-Provence (France)
Parution : octobre 2018 - Dernière validation : juillet 2020 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200031101 - universite de clermont auvergne // 195.221.120.100

1. Observation de la liquéfaction des sols.................................................... C 261 - 3


1.1 Observation in situ du phénomène ........................................................... — 3
1.2 Notions de base pour expliquer la liquéfaction des sols......................... — 4
1.3 Nature et propriétés physiques des sols................................................... — 6
1.4 Facteurs influant sur la sensibilité à la liquéfaction des sols .................. — 7
2. Résistance des sols à la liquéfaction......................................................... — 9
2.1 Comportement cyclique des sols .............................................................. — 9
2.2 Essais de laboratoire................................................................................... — 10
2.3 Essais in situ ................................................................................................ — 16
2.4 Attendus des méthodes de laboratoire et in situ ..................................... — 18
3. Études de la liquéfaction des sols dans les projets de construction ..... — 19
3.1 Schéma d’organisation des études ........................................................... — 19
3.2 Opportunité de liquéfaction des sols ........................................................ — 19
3.3 Susceptibilité des sols à la liquéfaction .................................................... — 19
3.4 Quantification du risque de liquéfaction des sols .................................... — 20
3.5 Prévision des effets de la liquéfaction....................................................... — 21
3.6 Traitement des sols..................................................................................... — 21
3.7 Aspects réglementaires .............................................................................. — 21
4. Susceptibilité des sols à la liquéfaction.................................................... — 21
4.1 Sols susceptibles de se liquéfier................................................................ — 21
4.2 Critères......................................................................................................... — 22
5. Quantification de la liquéfaction et de ses effets .................................... — 23
5.1 Quantification du coefficient de sécurité à la liquéfaction par
l’approche simplifiée .................................................................................. — 23
5.2 Évaluation des effets de la liquéfaction .................................................... — 26
5.3 Méthodes en contraintes effectives........................................................... — 27
5.4 Application aux projets de constructions ................................................. — 27
6. Dispositifs de prévention contre la liquéfaction des sols ....................... — 28
6.1 Augmentation de la résistance au cisaillement cyclique des sols .......... — 29
6.2 Réduction de l’action sismique.................................................................. — 29
6.3 Amélioration du drainage du sol ............................................................... — 30
7. Conclusion ................................................................................................... — 30
8. Glossaire ...................................................................................................... — 31
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 261

L a liquéfaction des sols concerne le plus souvent des couches de sol mou à
dominante sableuse et saturé en eau. Elle se manifeste par une perte de
résistance brutale qui, dans des circonstances défavorables, peut dégénérer en
une rupture catastrophique.
Les séismes sont à l’origine de la plupart des désordres liés à la liquéfaction
des sols lesquels apparaissent comme des phénomènes induits en matière de
risque sismique.

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LA LIQUÉFACTION DES SOLS SOUS L’EFFET DE SÉISMES ___________________________________________________________________________________

Les sols les moins résistants sont les plus vulnérables. Le risque est accentué
en présence de mouvements forts.
La liquéfaction des sols sous séisme est connue pour être à l’origine de tas-
sements ou de ruptures de fondations superficielles et de fondations
profondes ayant mis en péril les structures portées, bâtiments et ouvrages
d’art. La liquéfaction des sols se trouve aussi à l’origine de l’endommagement
ou de la destruction d’ouvrages en terre (remblais, murs, digues, barrages) et
d’ouvrages portuaires (quais, terre-pleins).
Enfin, les faibles pentes situées aux abords de plans d’eau (mer, lacs) et de
rivières se sont souvent révélées vulnérables à ce phénomène et le théâtre de
ruptures catastrophiques.
Cette présentation de la liquéfaction des sols se fonde sur les observations
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post-sismiques de terrain. Elle est trop vague pour être utilisable devant la
diversité des situations rencontrées, mais elle recèle les principaux aspects du
problème.
La perte de résistance au cisaillement du sol, vu ici comme le passage du sol
d’un état solide à un état liquide, se rapporte au comportement mécanique du
sol et elle relève des principes de base de la mécanique des sols. À ce titre, le
phénomène de liquéfaction des sols a pu être reproduit en laboratoire, ce qui a
permis une interprétation des mécanismes en jeu et du rôle des facteurs qui
les contrôlent. Ces facteurs sont nombreux, à commencer par :
– la nature du sol (sable, limon, argile) ;
– sa compacité ;
– ses propriétés physiques ;
– les conditions de site, etc.
Ces différents aspects feront l’objet d’un premier paragraphe où il va être
indiqué que diverses définitions ont été données de la liquéfaction des sols et
de ses effets, suivant que l’on s’intéresse aux observations de terrain, au com-
portement des ouvrages ou aux essais de laboratoire.
En matière de risque sismique, la liquéfaction des sols constitue un véritable
danger pour les constructions concernées. La volonté de réduire la vulnérabi-
lité des constructions passe, pour commencer, par l’amélioration des
connaissances du phénomène et le développement de méthodes d’évaluation
du risque.
À ce titre, le second paragraphe vise à situer le phénomène de liquéfaction
des sols dans le cadre plus général du comportement dynamique des sols. Les
principes qui s’en dégagent sont inscrits dans les méthodes de reconnais-
sances géotechniques des sites, qui sont conduites au moyen d’essais in situ
ou d’essais de laboratoire, en vue de mesurer les paramètres pertinents du
problème dans les projets de construction. La résistance cyclique du sol
constitue le premier de ces paramètres. Des détails sont fournis sur ces
diverses méthodes.
Les démarches en usage pour prendre en compte la liquéfaction des sols
dans les projets de construction sont exposées au paragraphe trois. Cela
concerne les ouvrages neufs ou les ouvrages existants. Ces démarches se
déroulent par étapes successives d’évaluation du risque, de quantification des
données géotechniques et sismiques, puis de conception des ouvrages en lien
avec les mécanismes de rupture à prévenir, en prévoyant ou pas un traitement
des sols.
Ces démarches sont encadrées par les réglementations en vigueur, dont
l’élaboration répond aussi à la volonté de réduction de la vulnérabilité des
constructions.
La susceptibilité du sol à la liquéfaction concerne le comportement méca-
nique du sol, sa résistance notamment, et elle implique diverses propriétés
physiques et mécaniques du sol, pour constituer un sous-ensemble de para-
mètres dont la connaissance est nécessaire à l’évaluation du risque de
liquéfaction de la couche de sol. Ces notions sont reprises et détaillées au

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paragraphe quatre, en évoquant les critères en usage pour départager les sols
sensibles ou non sensibles.
Pour un site donné, les problèmes de liquéfaction des sols sous séisme
mettent en balance les caractéristiques du mouvement sismique à l’échelle du
site (amplitude, durée) avec la résistance cyclique du sol. Le chapitre cinq pré-
sente une méthode simplifiée qui consiste à comparer la contrainte de
cisaillement induite par le mouvement sismique dans la couche de sol avec la
résistance au cisaillement cyclique du sol.
Le sol est liquéfiable si la contrainte induite est plus grande que la résistance.
Des détails sont indiqués sur la mise en œuvre de cette méthode historique qui
a vu le jour dans les années 1970.
Depuis, les méthodes dédiées à l’analyse des problèmes de liquéfaction des
sols se sont enrichies avec l’amélioration des connaissances du comportement
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cyclique des sols et l’évolution des moyens techniques pour l’identification des
sols liquéfiables et la conception des projets. Des indications sont données
dans la suite du chapitre cinq quant à ces nouvelles méthodes d’évaluation des
effets de la liquéfaction des sols.
Enfin, devant les enjeux de préservation des constructions, la réduction du
risque de liquéfaction ne peut se concevoir sans envisager de traiter les sols
pour les rendre moins vulnérables. Le paragraphe six fournit quelques indica-
tions sur les techniques employées pour constituer les dispositifs de
prévention contre la liquéfaction.

1. Observation Aujourd’hui, des analyses détaillées ont été menées à bien dans
des sites liquéfiés ou des sites instrumentés. Elles dépassent les
de la liquéfaction des sols simples observations de surface.
Ces données apportent un éclairage précieux sur les sollicita-
tions et les réponses des couches superficielles pendant les mou-
vements forts, à l’échelle des sites et des ouvrages concernés par
1.1 Observation in situ du phénomène les problèmes de liquéfaction des sols.

1.1.1 Importance des observations 1.1.2 Modes de rupture des massifs de sols
Par ses conséquences, le mécanisme de liquéfaction des sols a Les déformations et les ruptures induites par la liquéfaction des
été observé depuis longtemps dans les régions de forte sismicité sols peuvent prendre l’apparence de celles provoquées par les
([24], [25]). Mais son interprétation n’a été perçue qu’après le pre- chargements statiques présents dans le massif ou apportés par
mier quart du XXe siècle. les constructions (pente naturelle, fondations, ouvrages en terre,
Il a été reproduit au laboratoire sur des sables de faible densité etc.) ou par les forces d’inertie sismiques (qui prévalent pendant
au début des années 1950, pour la première fois, ce qui a permis le temps d’un séisme).
de trouver une explication en terme de mécanique des sols [32]. Toutefois, en termes de mécanismes, les charges statiques et
Devant la variété des ruptures des sols par liquéfaction et leurs les forces inertielles provoquent des désordres lorsqu’elles
facteurs déclenchant, diverses définitions ont été données de la dépassent la résistance du sol, tandis que les désordres induits
liquéfaction des sols et de ses effets. Elles répondent à différentes par la liquéfaction proviennent d’une perte apparente de raideur
préoccupations, selon que l’on s’intéresse aux observations de et de résistance du sol.
terrain, aux essais de laboratoire, ou bien au comportement des
ouvrages. Généralement, dans le cas de la liquéfaction, la dégradation des
propriétés mécaniques s’étend à toute l’épaisseur d’une couche
Les observations post-sismiques effectuées depuis la surface de sol, ce qui donne une autre échelle aux problèmes. Les méca-
dans les sites dévastés par les effets de la liquéfaction des sols nismes de rupture de la couche de sol liquéfié dépendent alors
sont confuses, car la plupart des facteurs qui ont présidé à la rup- des conditions aux limites cinématiques du problème et des
ture ne sont pas – ou ne sont plus – perceptibles. conditions initiales de chargement statique.
Ces facteurs sont nombreux et seront examinés plus loin
■ Champs libres
(nature du sol, état, propriétés, conditions de site, etc.). Mais, en
constatant des désordres à des degrés gradués de sévérité, les La manifestation post-sismique de la liquéfaction des sols
observations sur site sont néanmoins précieuses, car elles ouvrent s’observe très souvent en champ libre dans des terrains plats,
sur une description des mécanismes de rupture contre lesquels il aquifères et dénués de construction.
faut se prémunir dans les nouvelles constructions.
■ Pentes naturelles
De nombreuses sources décrivent des observations de liquéfac- Les déformations ou la rupture par liquéfaction de terrains en
tion. On peut citer par exemple les rapports de missions post-sis- pente intéressent généralement une couche de sol située en bor-
miques de l’AFPS (Association française de génie parasismique) ou dure d’un plan d’eau ou d’une rivière, dans une configuration de
du GEER (Geotechnical Extreme Events Reconnaissance). terrains peu consolidés, saturés et soumis à des cisaillements sta-

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tiques. L’amplitude des déplacements finaux dépend de la pente


initiale [31].
• Dans les terrains subhorizontaux
Le mouvement induit se traduit par des oscillations sans dépla-
cements horizontaux résiduels importants.
• Dans les faibles pentes
Le mouvement est qualifié de déplacement latéral (en anglais :
lateral spreading) et se traduit par des déplacements de quelques
mètres ou moins.
• Dans les pentes plus fortes (mais néanmoins inférieures à
10 % pour la plupart)
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Le glissement est qualifié d’écoulement (en anglais : flow fai-


lure) avec des déplacements se comptant en mètres, voire en
dizaines de mètres.
Initiés par la liquéfaction du sol, ces déplacements se pour-
suivent sous l’action des charges statiques permanentes aux-
quelles ne s’oppose plus qu’une résistance résiduelle du sol.
Figure 1 – Photo d’un volcan de sable, témoignage de la liquéfac-
De leur côté, les instabilités de pente d’origine inertielle peuvent tion du sol dans la couche sous-jacente (Photographie : Emmanuel
dégénérer en coulées de boue (en anglais : mudflow) après de Javelaud)
très grands déplacements, donnant l’impression d’une liquéfac-
tion. Mais celle-ci n’est pas le seul facteur déclenchant dans ce
cas. face, sont un témoignage révélateur du retour à l’équilibre d’une
couche peu profonde après liquéfaction (figure 1).
■ Fondations des bâtiments et des ouvrages d’art Ces déformations différées peuvent aggraver les désordres et
La liquéfaction d’une couche de sol sous les fondations superfi- s’avérer préjudiciables aux ouvrages par :
cielles se traduit par des tassements, des tassements différentiels, – tassements de fondation ;
voire des pertes de portance, avec poinçonnement ou bascule- – frottements sur les pieux ;
ment des structures portées. – tassements de remblais routiers ou ferroviaires ;
– perte de revanche des digues, etc.
Les fondations profondes sont soumises à des efforts de cisail-
lement, de flexion et de frottement, pouvant entraîner des tasse- Les répliques sismiques exposent le site à un danger supplé-
ments ou leur ruine, avec des conséquences graves pour les mentaire. La remise en exploitation des ouvrages, quand ils se
constructions ainsi fondées. révèlent peu affectés par des désordres, dépend du délai de retour
du sol à l’équilibre après le séisme.
Les quais sont affectés par des mécanismes de basculement et
de glissement, sous l’effet des poussées d’un terre-plein liquéfié
ou de la liquéfaction de la couche de sol de fondation. 1.2 Notions de base pour expliquer
la liquéfaction des sols
■ Digues et barrages
La liquéfaction d’un sol résulte d’un déséquilibre entre la résis-
Les corps de digues et de barrages ne sont pas liquéfiables, en
tance au cisaillement du sol et la sollicitation sismique. La résis-
principe, par conception. Ils sont démantelés par l’effet de la
tance au cisaillement du sol dépend de sa nature et de son état
liquéfaction de la couche de sol qui les porte, suivant des méca-
(compacité, saturation, confinement).
nismes de dislocation en blocs séparés qui ont été constatés
maintes fois. Les sables propres saturés lâches sont particulièrement vulné-
rables. La sollicitation sismique se caractérise, entre autres, par sa
■ Ouvrages enterrés durée et son amplitude.

Les ouvrages enterrés, les réservoirs, les canalisations, les


regards constituent des singularités dans les terrains. La poussée 1.2.1 Pressions interstitielles dans un sol
d’Archimède du sol liquéfié produit sur l’ouvrage enterré des D’un point de vue de la mécanique des sols, la rupture d’un sol
poussées ascendantes, le refoulement des sols et des soulève- par liquéfaction tient aux pressions d’eau interstitielles qui s’accu-
ments. mulent rapidement dans les pores du sol, sans être dissipées pen-
dant la durée du mouvement sismique.
1.1.3 Effets directs et différés ■ Accumulation de pression d’eau interstitielle
L’accumulation de pressions d’eau interstitielles s’observe à
Les déformations, ainsi que la rupture des terrains et des l’intérieur d’un volume de sol saturé en eau et soumis à des char-
constructions concernées par la liquéfaction des sols, peuvent être gements monotones ou cycliques réalisés en condition non drai-
différées après la fin du séisme. née, c’est-à-dire dans une configuration qui ne permet pas une
De nombreuses observations ont été rapportées dans ce sens. migration de l’eau vers des frontières drainantes.
Le retour à l’équilibre du sol dans la couche liquéfiée dépend des Le principe des contraintes effectives s’applique dans ce massif
conditions du site. Les volcans de sables (en anglais : sand boil), non drainé. Sur tous les plans de l’espace, la contrainte normale
qui consistent en une éjection de particules fines et d’eau en sur- effective (qui détermine le comportement mécanique du sol) se

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déduit de la contrainte totale σ (apportée par les charges exté- mal emin (le plus dense) et un indice des vides maximal emax (le
rieures) après soustraction de la pression interstitielle u : plus lâche).
(1) L’indice de densité ID = (emax – e)/(emax – emin) indique dans
quel état de compacité se trouve le sable considéré. Il varie de 1 à
■ Critère de rupture 0 de l’état le plus dense à l’état le plus lâche du sable.
Un autre principe fondamental de la mécanique des sols entre Cet indice ne s’applique qu’à des sables propres.
en jeu à son tour, qui indique que la résistance au cisaillement τr
croît avec la contrainte normale effective σ ’ : Un parallèle se noue entre cet indice ID et l’indice de consis-
tance Ic d’une argile. Mais une argile saturée simplement déposée
(sans déchargement) ne peut pas posséder différents Ic sous les
mêmes conditions extérieures.
Le critère de Coulomb exprime cet accroissement sous une
■ Saturation
forme linéaire :
À l’indice des vides est associé le degré de saturation Sr, qui
(2) représente la part du volume des vides occupée par de l’eau.
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avec angle de frottement interne, Ainsi, le couple (e, Sr) caractérise l’état du sol. Celui-ci est
la cohésion. saturé si Sr = 1 et il est non saturé si Sr < 1.
Ainsi, sans nécessairement modifier les contraintes totales,
l’accumulation des pressions interstitielles dans une couche de sol 1.2.3 Liquéfaction statique des sables
sous l’effet d’un séisme peut conduire à atteindre le critère de rup-
ture du sol et la liquéfaction du sol. ■ Indice des vides initial e0
Les sols sableux saturés en eau et peu compacts sont les plus La réponse d’un sol sous sollicitation monotone ou cyclique
vulnérables. dépend de son indice des vides initial e0.
L’accumulation des pressions interstitielles peut même conduire • En condition drainée, la rupture au cisaillement d’un sol lâche
à annuler les contraintes effectives (lorsque u = σ, ). En s’obtient généralement après une réduction du volume du sol
pareille situation, un sol sans cohésion répondant au critère de (e < e0), au contraire d’un sol dense dont le volume a aug-
Coulomb voit sa résistance s’annuler (τr = 0). menté (e > e0). L’un est dit contractant, l’autre dilatant.
Le taux de pression interstitielle ru donne un moyen de caracté- Mais, à l’état ultime du cisaillement, ou état critique, le volume
riser le niveau atteint par la pression interstitielle u. En référence à ne varie plus.
un état initial et permanent σ0 de la contrainte normale totale et • Dans un sol saturé cisaillé en condition non drainée, ces
une pression interstitielle nulle , le taux ru s’écrit : variations de volume sont bloquées par la présence de l’eau
(quasi-incompressible), qui, en retour, génère des pressions
interstitielles positives (contractance) ou négatives (dila-
À l’état initial ru = 0. La contrainte normale effective s’annule tance), avant de se stabiliser à l’état critique.
quand ru = 1 (100 %).
■ Indice de densité ID
Enfin, par opposition à un chargement non drainé, un charge-
Le comportement mécanique des sables propres dépend for-
ment monotone lent, qui garantit à tout instant la migration de
tement de l’indice de densité ID. Non seulement, les sables
l’eau interstitielle vers des frontières drainantes, est dit drainé.
lâches sont contractants, mais les sables très lâches sont effon-
drables.
1.2.2 État d’un sol Un choc ou un cisaillement provoque le tassement d’un sable
Dans une large majorité de sols, le critère de résistance au sec (drainé) très lâche sous son propre poids. C’est ainsi que
cisaillement s’identifie facilement au moyen d’essais de labora- peuvent être densifiés les sables.
toire à chargement monotone, par exemple. En condition non drainée, cette situation conduit à un accroisse-
Il dépend de la nature du sol mais également de son état : ment très vif de la pression interstitielle et à la liquéfaction du
sable.
– densité du sol (masse volumique) ;
– quantité d’eau contenue dans ses pores (teneur en eau). ■ Autres critères
En géotechnique, le couple teneur en eau masse volumique est Ce comportement particulier des sables propres, lié à leur état
représenté aussi par le couple indice des vides degré de satura- très lâche, a fait l’objet de très nombreux travaux expérimentaux
tion. au laboratoire ([35], [36], [37]). Il est notamment apparu que, pen-
dant les chargements monotones non drainés des sables très
■ Densité du sol
lâches, un pseudo-pic de cisaillement, ou seuil d’instabilité, est
L’indice des vides e relie le volume total V d’un élément de sol et le franchi avant d’atteindre le critère de résistance résiduelle τr bien
volume Vs des particules solides contenues dans cet élément : inférieur au pseudo-pic.
Il y a liquéfaction statique (un exemple est donné à la
figure 9).
De nombreuses propriétés mécaniques des sols dépendent de À la limite, le critère ru = 1 peut être atteint par un chargement
l’indice des vides (propriétés de perméabilité ; déformabilité ; monotone non drainé dans un sable sans cohésion (τr = 0).
résistance).
Avec l’accumulation des pressions interstitielles qu’ils induisent,
À ce titre, un sol sableux simplement déposé (sans décharge- les chargements cycliques non drainés doivent être interprétés
ment, c’est-à-dire sous le poids du dépôt) offre la particularité de dans ce cadre.
pouvoir régner dans des états différents sous des conditions exté-
rieures identiques. L’exemple des figures 8 et  9, qui sera commenté plus bas, donne
Des limites conventionnelles ont été définies pour encadrer les une illustration du comportement monotone et cyclique non drainé
différents états d’un sable propre, entre un indice des vides mini- d’un sable propre peu compact.

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1.2.4 Chargements cycliques par un recueil de leurs propriétés physiques, pour pointer ensuite
dans une classification des sols.
En résumé, des pressions d’eau interstitielles s’accumulent
dans les pores d’un sol saturé contractant en condition non drai-
née sous l’effet d’un chargement privilégiant des cisaillements. Les sols effondrables sont éminemment liquéfiables en char-
gements monotones ou cycliques.
Le chargement peut être :
Dans les autres sols, tous les chargements monotones
– quasi-statique et continu (monotone) ; peuvent être poussés jusqu’à la rupture. Lors de chargement
– cyclique ou dynamique ; cycliques :
– résultant d’un choc ou d’un séisme. – dans les sables (non effondrables) les cycles aboutissent au
mécanisme de mobilité cyclique, donc à une forme de liquéfac-
Le caractère aléatoire de ces derniers ne peut pas être facilement tion, en passant par le critère ru = 100 % deux fois par cycle et
pris en compte ou même reproduit expérimentalement. En guise de une accumulation des déformations ;
simplification pour les applications courantes, il a été admis une – dans les argiles (non sensibles), les cycles aboutissent à la
équivalence entre le mouvement sismique et un mouvement har- rupture du sol lorsqu’elles sont soumises à un grand nombre
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monique de fréquence, d’amplitude et de durées équivalentes. Au de cycles (bien supérieur au nombre de cycles équivalents d’un
laboratoire, la résistance cyclique du sol peut alors être définie. séisme), sans atteindre le critère ru = 100 %, mais avec une
accumulation des déformations.
L’accumulation des pressions interstitielles se compte en nombre
de cycles, en lien avec la durée du séisme. La fréquence se rapporte
à celle des cycles dominants du signal sismique. L’amplitude du
cisaillement cyclique en tous points de la couche de sol se trouve 1.3.2 Propriétés physiques des sols
en balance avec la résistance au cisaillement du sol.
Avec leur nature et leurs caractéristiques d’état, les propriétés
physiques des sols entrent en jeu dans les questions de liquéfaction.
1.3 Nature et propriétés physiques Les propriétés physiques primaires (nature des grains, forme, gra-
des sols nulométrie, argilosité) sont invariables et complètent les propriétés
secondaires de structure (arrangement et orientation des grains) et
d’état (densité et teneur en eau, indice des vides et degré de satura-
1.3.1 Nature des sols tion) qui sont non permanentes et qui varient avec les déformations.
Les propriétés physiques des sols ne permettent pas de classer
Historiquement, et d’après les observations sur site, les sables
les sols de façon univoque en fonction de leur comportement
propres saturés de faible densité ont été souvent répertoriés pour
dynamique, mais de grandes tendances de comportement
leur vulnérabilité au risque de liquéfaction. Des cas de liquéfaction
existent selon que les sols sont sableux, argileux, mais également
de graves ont aussi été mentionnés.
intermédiaires limoneux.
À l’opposé, des ruptures d’argiles non sensibles initiées par
Cela justifie de faire références aux classifications géotech-
liquéfaction n’ont été révélées que rarement et essentiellement
niques des sols en usage, qui se fondent sur la granulométrie et
dans des pentes naturelles. Cette faible occurrence de désordres
l’argilosité.
dans les argiles a conduit à admettre que les argiles ne sont pas
liquéfiables. Historiquement, les observations des désordres induits par la liqué-
faction des sols ont amené à fixer des critères de sensibilité des sols
Les argiles sensibles constituent une exception. Ces argiles se
au risque de liquéfaction sur la base de leurs propriétés physiques :
rencontrent dans des pays nordiques en lien avec un processus
particulier de dépôt (Alaska, Canada, Suède, Norvège). Très – dans les sols sableux à graveleux, ces critères s’appuient prin-
poreuses et saturées (teneurs en eau de 50 % et plus), leur struc- cipalement sur des fuseaux granulométriques.
ture ouverte et fragile les rend instables, en particulier sous char- – dans les sols fins limoneux et argileux, les critères portent sur
gement statique (liquéfaction statique) et, par conséquent, sous les limites de consistance du sol ;
séisme. Une fois initiées, les instabilités de pente dégénèrent en
coulées boueuses de grande ampleur, terrestres ou sous-marines. – dans les sols limoneux avec les sinistres constatés, des cri-
tiques ont été adressées alors à cette démarche empirique de clas-
Les argiles récentes peu consolidées sont compressibles et pro- sification de la sensibilité des sols basée sur leurs propriétés
pices à générer de fortes pressions interstitielles. Elles présentent physiques (en considérant que des seuils séparant les sols sableux
des résistances faibles, ce qui implique que des dispositions parti- liquéfiables et les sols argileux non liquéfiables ne pouvaient pas
culières soient prises pour construire sur ces terrains, offrant ainsi constituer des critères d’exclusion du risque [8]).
une certaine garantie vis-à-vis des séismes (amélioration de la sta-
bilité, limitation des tassements). Controversée à propos des sols limoneux, cette démarche empi-
rique ignore le rôle de l’état du sol et celui de la pression de confine-
Plus tard, suite à de nouveaux sinistres, des sols limoneux ont ment. Elle est pénalisée par l’absence d’une définition précise de la
été mis en cause dans des ruptures par liquéfaction. Ces constats liquéfaction des sols limoneux et argileux et le fait que les observa-
ont suscité de nombreux travaux de recherche et alimenté un tions historiques sur sites fournissent peu d’informations sur le
débat qui n’est pas clôt à ce jour. comportement du sol liquéfié au-delà du fait que de grandes défor-
mations et de fortes pressions interstitielles ont été générées.
La difficulté tient au fait que les sols limoneux occupent une
place intermédiaire entre les sables et les argiles d’un point de Enfin, les ruptures sont observées moins fréquemment dans les
vue géotechnique. La frontière entre sols liquéfiables et non-liqué- sols fins limoneux ou argileux que dans les sables.
fiables leur appartient, en première analyse. D’où l’enjeu qu’ils
constituent en matière de reconnaissances des sites, au moyen Aujourd’hui, avec l’évolution récente des codes de construction
d’essais in situ notamment, et de prescriptions pour les projets de parasismique des bâtiments à risque normal en France (normes NF
construction. P06-013 remplacées par NF EN 1998-5), l’usage des critères fondés
sur la granulométrie ou sur les limites de consistance y a été aban-
D’un point de vue historique et sur le plan pratique des donné dans les études d’évaluation quantitative du risque de liqué-
méthodes géotechniques, la caractérisation des sols commence faction des sols.

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Néanmoins, ces propriétés des sols figurent toujours parmi les


attendus de base des études géotechniques. Un aperçu de ces cri- Tableau 1 – Facteurs influant sur la liquéfaction
tères est proposé au § 4. d’une couche de sol (suite)
Il reste cependant de cette démarche que, à la vue de leurs
Familles de paramètres Paramètres
réponses monotones et cycliques non drainées, il existe une zone
de transition plutôt étroite parmi leurs propriétés physiques, entre
les sols dont le comportement est de type « sable » et ceux dont Durée
le comportement est de type « argile » [15].
Durée de la portion prédominante
du mouvement sismique
1.4 Facteurs influant sur la sensibilité Répliques
à la liquéfaction des sols
Période de retour du séisme
1.4.1 Facteurs
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2
La liquéfaction d’une couche de sol dépend de nombreux fac- Conditions de site
teurs qui peuvent être regroupés en trois familles principales :
– les paramètres sismiques régionaux ; Nature des sols
– les conditions du site ;
– les propriétés des sols parmi lesquelles figurent les propriétés Mode de dépôt
dynamiques (tableau 1).
Chaque famille comprend un nombre plus ou moins grand de Conditions et âge du dépôt
paramètres, impliqués à des degrés divers dans ce mécanisme,
qui sont interdépendants et portent un haut degré de non-linéa- Nature et profondeur
rité. Pour être efficace et fiable, l’identification du risque de liqué- Géologiques du substratum
faction d’une couche de sol nécessite d’estimer les paramètres les
plus appropriés qui contrôlent le processus. Nature et épaisseur
Le tableau 1 offre une vue synthétique des facteurs influant sur de la couverture
la liquéfaction d’une couche de sol. Ces facteurs entrent plus ou
moins explicitement dans les différentes questions : Hétérogénéité
– susceptibilité ;
– cartographie ; Variabilité spatiale
– zonage ;
– indices de liquéfaction ; Morphologie du site
– coefficient de sécurité ; (plaine, pente, rebord, …)
– méthode simplifiée, etc.
Étendue latérale du site
1.4.2 Principe des classifications des sols Géomorphologiques
sensibles à la liquéfaction Déclivité du terrain

Fondées sur des retours d’expériences post-sismiques, de très Épaisseur


nombreuses classifications des sols sensibles à la liquéfaction ont été
proposées pour accompagner l’interprétation des essais in situ.
Profondeur
La méthode simplifiée, qui sera évoquée plus bas, a été établie
dans une telle démarche. Une évolution progressive s’est opérée, Hydrologiques Site en rivière, en bordure
des simples classifications basées sur des données brutes vers
de lac, sous-marin
des classifications qui mettent en jeu des variables normalisées.
Nappe
Tableau 1 – Facteurs influant sur la liquéfaction
d’une couche de sol Battement de la nappe

Familles de paramètres Paramètres Nappe perchée


Hydrauliques
1 Écoulements
Paramètres sismiques
Gradients hydrauliques
Magnitude
Conditions de drainage
Distance à la source
Conditions cinématiques du site
Profondeur

Accélération en surface Cinématiques Surfaces libres ou butées

Vitesse en surface Ouvrages avoisinants

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Tableau 1 – Facteurs influant sur la liquéfaction Tableau 1 – Facteurs influant sur la liquéfaction
d’une couche de sol (suite) d’une couche de sol (suite)

Familles de paramètres Paramètres Familles de paramètres Paramètres

Histoire mécanique Compressibilité

Séismes antérieurs Vitesses des ondes


Historiques
(compression, cisaillement,
Liquéfaction des sols déjà surface)
observée dans le site
Déformabilité
État initial des contraintes
en place (coefficient K0) Propriétés mécaniques Raideurs statiques
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et non-linéarités et dynamiques
Variation des contraintes
avec la profondeur Résistance non drainée
quasi-statique
Surcharges permanentes
Mécaniques
Résistance non drainée cyclique
Groupes de bâtiments
Résistance à la pénétration
Renforcements des sols (essais in situ, SPT, CPT, …)
déjà réalisés

Groupes de pieux existants Très globalement et pour fixer les idées, ces classifications mettent
en rapport la nature du sol avec un indicateur de l’état du sol au sens
3 large. Les familles de sols couvrent les sables et graviers propres, les
Propriétés des sols sols limoneux, puis les sols argileux, voire organiques.
Succession des couches L’état du sol fédère à la fois sa compacité et la saturation, mais
aussi les effets de structures acquis au cours de son histoire. L’état du
Contraste de la couche sensible sol est déterminé par une mesure directe ou indirecte de la résistance.
avec la couverture Le graphique de la figure 2 montre une vue schématique d’une
telle classification basée sur deux indices I et J qui représentent,
Contraste de la couche sensible respectivement, la nature du sol et son état. Ils varient essentielle-
Coupes de sols avec le substratum ment entre 0 et 1.
La sensibilité des sols à la liquéfaction croît selon la diagonale
Hétérogénéités locales principale du graphique, des couples (I, J) les plus grands (voire
supérieurs à l’unité) vers les plus faibles (voire négatifs).
Alternances de couches fines
Schématiquement, cette classification peut servir de point
Litage d’entrée à la méthode simplifiée fondée sur les essais in situ, en
transformant I et J en variables normalisées.
Granulométrie
1.4.3 Définition de la liquéfaction des sols
Teneur en éléments fins au sens large
Propriétés physiques Graves La diversité des situations observées a abouti à de nombreuses
définitions de la liquéfaction des sols, souvent imprécises et
Forme et angularité des grains conduisant à une grande confusion, voire des controverses.
Kramer et Elgamal [9] ont proposé de formaliser les définitions
Argilosité de divers termes (voir le glossaire au § 8).
Texture Ainsi, toujours à partir des observations de terrain, mais en poin-
tant sur les réponses observées en laboratoire, un premier niveau de
Structure Anisotropie définition de la liquéfaction des sols peut être proposé, qui oppose le
mode de glissement par écoulement (en anglais : flow slide) au mode
Cimentation de déplacement latéral (en anglais : lateral spreading).
Au laboratoire, le premier est associé à un écoulement par
Compacité (densité) liquéfaction (en anglais : flow liquéfaction) ou un écoulement per-
manent (en anglais : steady state), ces écoulements se manifes-
État Densité relative tant après le franchissement d’un seuil d’instabilité.
Le second niveau est associé au terme de mobilité cyclique (en
Saturation anglais : cyclic mobility), sans la manifestation d’une instabilité,
mais avec l’accumulation des déformations.
Perméabilité
Propriétés hydrauliques L’étude du comportement des sols sous chargement cyclique
Érodabilité apparaît donc comme une étape essentielle pour appréhender la
liquéfaction des sols.

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Sable graveleux Sable propre Sable limoneux Limon argileux argile limoneuse Sol organique
à sable moyen à sable limoneux à limon sableux à argile limoneuse à argile tourbe
Indice de l’état et de la résistance des sols

Très structuré Sols durs compacts


ou cimenté
1,00
Légèrement
structuré
te
0,75 an
o i ss n
Moyennement cr tio
consolidé lité fac
s ibi iqué
0,50 n l
Se à la
Peu
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consolidé
0,25
Lâche
ou mou
0,00
Très lâche
Sols fins sensibles
ou très mou

0,00 0,25 0,50 0,75 1,00


Échelle J Échelle I
Indice de la nature des sols

Figure 2 – Principe d’une classification de la sensibilité des sols à la liquéfaction selon leur nature (échelles I) et leur résistance et état (échelles J)

2. Résistance des sols Pour les amplitudes de déformations de cisaillement plus


grandes (figure 3b) les boucles ne se superposent plus au cours
à la liquéfaction des cycles successifs. La dissipation de l’énergie relève alors du
frottement inter-particulaire avec une accumulation de déforma-
tions irréversibles (plastiques) au cours des cycles.

2.1 Comportement cyclique des sols L’accumulation de ces déformations irréversibles traduit un
affaiblissement de la raideur du sol (dégradation).
Au laboratoire, le comportement cyclique des sols s’étudie au En condition non drainée, les déformations irréversibles
moyen de divers types d’essais mécaniques qui, chacun, per- s’accompagnent d’une accumulation de la pression interstitielle,
mettent de couvrir une partie de la gamme des déformations de qui peut conduire à la liquéfaction du sol.
cisaillement comprises entre 10–6 et 10–2.
Au laboratoire, ces mécanismes hystérétiques non-linéaires de
La figure 3 montre un exemple de courbes contrainte/déforma- dissipation d’énergie et de dégradation de la raideur, qu’expri-
tion de cisaillement obtenues à l’appareil triaxial cyclique en huit ment les courbes contrainte/déformation cycliques du sol, ont été
séquences successives de cinquante cycles et d’amplitudes com- interprétés sous la forme de courbes empiriques donnant le
prises entre 7.10–5 et 2.10–2 (en condition non drainée). module sécant de cisaillement G (la pente moyenne des cycles) et
Les quatre premières séquences (figure 3a) et les suivantes l’amortissement D (une part de l’aire des cycles) en fonction de
(figure 3b) sont représentées dans des échelles différentes. Un l’amplitude de la déformation de cisaillement γ [10].
essai complémentaire a fourni un module de déformation en très Cette interprétation a connu beaucoup de succès. De nom-
petites déformations (10–6) égal à 100 MPa. breuses études expérimentales conduites en laboratoire et in situ
Ce module donne la pente de la droite indiquée sur les graphiques ont conforté cette approche en expliquant le rôle de la nature du
et qui sert de référence. Les huit séquences de cycles montrent une sol, de son histoire (âge, structure), de son état (indice des vides,
diminution progressive du module de déformation (la pente moyenne saturation), du niveau des contraintes effectives, etc.
des cycles) et un accroissement de l’aire des boucles. En 1991, Vucetic et Dobry [11] ont proposé un paramétrage des
Ces évolutions traduisent respectivement la dégradation de la courbes empiriques G(γ) et D(γ) en fonction de l’indice de plasti-
raideur du sol et la dissipation d’énergie par le sol. cité Ip des argiles.
En très petite déformation, le sol possède un comportement élas- Les courbes empiriques G(γ) et D(γ), donnant le module sécant
tique. Au delà, les cycles de chargement/déchargement s’accom- de cisaillement et l’amortissement en fonction de l’amplitude de
pagnent d’une dissipation d’énergie de la part du sol marquée par la déformation de cisaillement, n’ont pas vocation à caractériser la
l’aire des boucles. La dissipation va croissant avec l’amplitude des résistance du sol sous les sollicitations cycliques.
cycles, tout en restant indépendante de la fréquence.
Une expression de la rupture du sol, voire sa liquéfaction, est
Dans la gamme des petites amplitudes de déformations, la néanmoins contenue dans ces courbes pour les grandes déforma-
réponse montre des boucles d’hystérésis qui se superposent à tions. En ce sens, la liquéfaction des sols peut être vue comme la
chaque cycle (figure 3a). Ce comportement hystérétique peut être manifestation ultime du comportement cyclique des sols. Mais,
vu comme de nature visqueuse (viscoélastique par exemple). La des essais du type de celui de la figure 3 ne permettent pas de
dissipation d’énergie est due à l’amortissement du sol. quantifier la résistance du sol à la liquéfaction.

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50
100 MPa 100 MPa

100
Contrainte de cisaillement (en kPa)

Contrainte de cisaillement (en kPa)


25

50

0
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– 25
– 50

– 50 – 100
– 0,001 – 0,0005 0 0,0005 0,001 – 0,01 0 0,01
Déformation de cisaillement ( ) Déformation de cisaillement ( )

Amplitude 0,007 % Amplitude 0,028 % Amplitude 0,138 % Amplitude 0,685 %


Amplitude 0,014% Amplitude 0,069 % Amplitude 0,342 % Amplitude 1,369 %

Les courbes sont représentées à deux échelles

a quatre première séquences b quatre séquences suivantes

Figure 3 – Exemple de courbes contrainte/déformation enregistrées pendant un essai triaxial cyclique de huit séquences d’amplitudes croissantes
(cas de résidus miniers en dépôt)

2.2 Essais de laboratoire Seule la classe 1 ouvre sur la possibilité de réaliser des
essais mécaniques en laboratoire (échantillon non remanié).
2.2.1 Prélèvement des sols Les classes 2 à 4, où le sol est remanié à totalement remanié
mais le prélèvement est complet, sont fonction décroissante du
Au laboratoire, l’identification des sols susceptibles de se liqué- nombre de paramètres mesurables (nature et état du sol).
fier vient en complément des essais in situ. Toutefois, les essais in
situ ne dispensent pas de réaliser des prélèvements des sols en
vue d’un examen visuel direct, de la réalisation d’essais d’identifi- 2.2.2 Essais d’identification des sols
cation des sols, voire de la réalisation d’essais mécaniques.
Les essais d’identification des sols s’imposent dans les études
Les modes de prélèvement, de conditionnement et de conserva- des sols potentiellement liquéfiables, comme dans toutes les
tion des sols dépendent des objectifs fixés aux essais de labora- études géotechniques.
toire, selon qu’il s’agit de procéder à l’examen visuel des sols, des
essais d’identification des sols et des essais mécaniques. ■ Propriétés physiques
La qualité des prélèvements est essentielle dans la résolution Après son examen visuel, les propriétés physiques du sol sont à
des problèmes de liquéfaction des sols. Elle passe par le choix de mesurer au moyen d’analyses granulométriques et d’essais de
la technologie de prélèvement la mieux adaptée, mais aussi par consistance (limites de liquidité et de plasticité) ou d’essai au bleu
les meilleures conditions de conditionnement, de transport, de de méthylène. Il est fait référence aux normes en usage pour obte-
conservation, etc., puis la rapidité d’exécution des essais après le nir les propriétés physiques du sol.
prélèvement. Ces propriétés entrent à leur tour dans un système de classifica-
tion du sol.
La norme NF EN ISO 22475-1 « Méthodes de prélèvement (des
sols) et de mesurages piézométriques » (voir le Pour en Savoir Il peut s’agir de la classification des sols NF EN ISO 14688-1/
plus) traite des principes techniques relatifs aux méthodes de 2 (AFNOR, 2003, 2005), ou de la classification USCS-LCPC adap-
prélèvement du sol, de la roche et de l’eau du terrain. tée de la classification américaine (Unified Soil Classification
La norme NF EN 1997-2 « Eurocode 7 : Calcul géotechnique. System, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées).
Partie 2 : Reconnaissance des terrains et essais » (AFNOR,
2007) compte cinq classes de prélèvement des sols. La qualité ■ Caractéristiques d’état
des prélèvements doit répondre aux exigences des classes 1 à La mesure des caractéristiques d’état du sol s’impose en raison
4 de cette norme. de leur grande importance en matière de liquéfaction. La mesure

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porte sur la teneur en eau et la masse volumique du sol. Cette Deux types d’appareillages sont principalement utilisés pour
mesure doit être traduite en indice des vides et degré de satura- mesurer la résistance cyclique des sols au laboratoire : l’appareil
tion, comme indiqué plus haut. de cisaillement simple et l’appareil triaxial de révolution
Le prélèvement des sables propres, lâches, sous nappe s’avère (Figure 4b et Figure 4c).
très difficile avec les moyens ordinaires, et rend la mesure de leur Le pilotage des essais est effectué en contrainte.
compacité quasi-impossible.
La mesure des densités minimales et maximales au laboratoire 2.2.3.1 Essai de cisaillement simple
s’impose quand un indice de densité ID d’un sol grenu doit être Dans l’essai de cisaillement simple, l’éprouvette de sol est pla-
évalué, connaissant sa densité en place (sable propre ou grave). cée dans une cellule qui produit une déformation de cisaillement
Elle s’impose aussi quand les sols sont reconstitués au labora- en parallélogramme γ sous une contrainte normale σ contrôlée
toire, pour caractériser la densité de référence qui est adoptée. (figure 4b).
Mais cette mesure ne s’applique qu’à des sols granulaires fins à La section de l’éprouvette est circulaire ou carrée.
grossiers. Aussi, beaucoup de sables très fins et de sols limoneux
sortent du domaine d’application des procédures en usage. L’éprouvette est consolidée au préalable sous la contrainte nor-
male σ, c’est-à-dire remise en équilibre sous cette contrainte effec-
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tive avant le début des cycles.


La norme NF P 94-059 « Détermination des masses volumiques Puis, le pilotage de l’essai cyclique s’effectue sur la force de
minimales et maximales des sols non cohérents » (AFNOR, 2000) cisaillement sinusoïdale d’amplitude Δτ qui est exercée à une fré-
s’applique à des sols granulaires fins à grossiers. quence f donnée, en condition non drainée (volume constant).
En particulier, la teneur en particules de diamètres inférieurs Le contrôle de la contrainte normale totale σ aboutit à une
à 80 μm doit être inférieure à 12 % (C80 < 12 %). mesure directe ou indirecte de la pression interstitielle u et de la
contrainte normale effective .
L’exploitation de l’essai consiste à exprimer les variables γ, τ et
2.2.3 Principe des essais mécaniques σ en fonction du temps t et les courbes contrainte déformation (γ,
En matière de liquéfaction, les appareillages ont pour objectif τ). Plusieurs éprouvettes identiques sont consolidées sous des
de mesurer la résistance cyclique des sols dans leur état naturel, contraintes normales effectives différentes, qui sont choisies
en moyennes et grandes déformations. Ils cherchent à reproduire en lien avec les contraintes en place dans la couche de sol.
l’état de contraintes in situ d’un élément de sol soumis à la pro- Chaque éprouvette est caractérisée par le taux de cisaillement
pagation verticale d’une onde de cisaillement. cyclique , auquel est associé le numéro du cycle pour lequel
La Figure 4a montre une vue schématique de l’élément de sol un critère fixé à l’avance est atteint et qui exprime la résistance à
considéré à la profondeur z dans le massif où règne une la liquéfaction.
contrainte verticale effective . Le signal sismique ascendant Divers critères sont en usage et portent sur une amplitude de la
produit la contrainte de cisaillement Δτ dans le plan horizontal. déformation (2,5 %, 5 %, etc.) ou le taux de pression interstitielle ru.

Surface
du terrain

}
Δσa
σa
σr

εa
Profondeur z

εa

σ
État
initial
σ’v0
Δτ

σ’h0 σr
γ γ

Δτ

Signal
sismique

a état initial des contraintes b principe de l'essai de cisaillement simple. c principe de l'essai triaxial
en place à la profondeur z
dans un plan vertical

Figure 4 – Schéma simplifié d’une sollicitation sismique en place et transposition aux essais de laboratoire courants

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Cellule triaxiale
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Éprouvette
de sol

Générateurs
de pression Bâti
de chargement

Figure 5 – Presse triaxiale cyclique. Matériel du laboratoire EDF-DI-TEGG-CEMETE. (Photographie : Julien Dufour)

2.2.3.2 Essai à l’appareil triaxial cyclique ■ Dans les essais courants


■ Contexte et pilotage de l’essai cyclique L’éprouvette est consolidée au préalable sous la contrainte
radiale σr, c’est à dire remise en équilibre sous cette contrainte
Dans l’essai triaxial, l’éprouvette d’élancement deux est placée effective isotrope avant le début des cycles.
dans une membrane souple à l’intérieur d’une chambre de confi-
nement (cellule triaxiale) où elle est soumise à un effort axial F et Puis, à partir de cet état initial isotrope, le pilotage de l’essai
une pression de confinement σr (voir la figure 5). revient à superposer la part cyclique Δσa = Δq d’amplitude donnée
en maintenant la contrainte radiale totale σr constante.
L’état de contrainte appliqué se définit par la pression moyenne
totale pT = (σa + 2σr)/3 et le déviateur : La contrainte axiale totale sinusoïdale est σa = σr + Δσa
(figure 4c).
Au cours de cet essai triaxial alterné, le déviateur cyclique est
alternativement positif (compression) et négatif (extension). La
avec σa contrainte axiale totale, déformation axiale εa et la pression interstitielle u sont enregis-
σr contrainte radiale totale. trées en fonction du temps.
Le pilotage de l’essai cyclique s’effectue sur la force axiale sinu- ■ Dans le cas particulier d’un état de contrainte de consolidation
soïdale qui est exercée à une fréquence f donnée, sous une ampli- anisotrope ( )
tude donnée, et en condition non drainée (condition de volume
constant). Les amplitudes de déviateur cyclique Δq s’ajoutent à un dévia-
teur constant appliqué pendant la phase de consolida-
Ce chargement est exprimé par : tion préalable. Le déviateur cyclique n’est plus symétrique par
– une contrainte axiale totale cyclique σa ; rapport à l’axe des abscisses comme dans le graphique (t, Δq) de
la figure 6b par exemple. Il est ondulé en compression ou en
– la contrainte radiale totale σr ;
extension.
– la pression moyenne totale pT = (σa + 2σr)/3 ;
– le déviateur q = σa – σr (contrainte de cisaillement). ■ Exploitation de l’essai et critères d’usage
La contrainte moyenne effective est notée p : • L’exploitation de l’essai consiste à exprimer les variables εa,
q et u en fonction du temps et les courbes contrainte défor-
mation (εa, q). Plusieurs éprouvettes identiques sont consoli-
dées (c’est-à-dire remises en équilibre avant le début des
L’éprouvette est confinée à l’intérieur de la cellule triaxiale au cycles) sous des contraintes moyennes effectives pc diffé-
moyen des générateurs de pression. L’effort axial sinusoïdal est rentes, qui sont choisies en lien avec les contraintes en place
appliqué au moyen du bâti de chargement. dans la couche de sol.

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Chaque éprouvette est caractérisée par le taux de cisaillement


cyclique Δq/2pc.
• Pour chaque séquence de cycles, l’essai consiste à pointer le

Déformation axiale ( )
0,05
numéro du cycle pour lequel un critère fixé à l’avance est
atteint. Divers critères sont en usage.
0
Le premier consiste à comparer la pression interstitielle mesu-
rée u (si la mesure est licite) à la pression effective de consolida-
– 0,05
tion initiale ou pc. Le rapport de pression interstitielle ru sert de
variable d’entrée dans le critère de liquéfaction initiale qui est Cycle 4 Cycle 5
atteinte quand ru = 100 %. Le nombre de cycles Ny, à ce stade, est – 0,1
associé au taux de cisaillement, pour constituer un couple (Ny, 0 25 50 75 100
) ou (Ny, Δq/2pc). Temps (en s)
a déformation axiale en fonction du temps (t, εa)
Les autres critères d’usage courant sont définis en amplitude de
la déformation axiale. Ils consistent à associer le nombre de 50

Déviateur (en kPa)


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cycles écoulés Ny pour atteindre une amplitude donnée de la


déformation axiale εay SA (SA simple amplitude) ou εay DA (DA 25
double amplitude).
Les seuils admis les plus courants, SA ou DA, sont 2,5 ou 5 ou 0
10 %.
– 25
■ Normes
Il peut être fait référence aux normes NF P 94-070 et NF P 94- 0 25 50 75 100
074 (AFNOR, 1994) pour les aspects standards de l’essai triaxial de Temps (en s)
révolution CU + u. b déviateur en fonction du temps (t, q)
Mais la pratique des triaxiaux cycliques pilotés en force se
Pression interstitielle (en kPa)

réfère à la norme américaine ASTM D 5311-13 « Standard Test


Method for Load Controlled Cyclic Strength of Soil ». 100 95 kPa

2.2.4 Exemples dans le cas des sables 50

2.2.4.1 Cas d’un sable moyennement dense cycle 5

Les courbes de la figure 6 montrent la réponse d’une éprou- 0


vette de sable grossier pendant une séquence de onze cycles 0 25 50 75 100
(sable grossier prélevé par carottage, puis reconstitué dans un Temps (en s)
état moyennement dense). c pression interstitielle en fonction du temps (t, u)
La séquence de cycles non drainés est contrôlée en force. La
déformation axiale εa, le déviateur q (la consigne) et la pression
Figure 6 – Essai triaxial cyclique. Sable grossier – Déformation
interstitielle u sont représentés en fonction du temps. axiale – Déviateur – Pression interstitielle
La pression de consolidation est pc = 95 kPa. Le taux de cisaille-
ment est Δq/2pc = 0,17. La fréquence est f = 0,1 Hz. Les critères
εay SA = –2,5 % et –5,0 % sont indiqués sur les graphiques (t, εa). – le déviateur q (la consigne) ;
Le critère ru = 100 % est indiqué sur le graphique (t, u). Ces cri- – la pression interstitielle u.
tères sont successivement atteints aux cycles numéros 4, 5, et 5. La pression de consolidation est pc = 103 kPa.
Les graphiques de la figure 7 montrent la courbe contrainte/ Le taux de cisaillement est Δq/2pc = 0,15.
déformation (εa, q) et le chemin des contraintes effectives (p, q).
Ces courbes montrent clairement que la rupture advient effective- La fréquence est f = 0,5 Hz.
ment en extension au quatrième cycle, suivie d’une dégradation Le critère εay SA = –2,5 est indiqué sur les graphiques (t, εa).
rapide des cycles.
Le critère ru = 100 % est indiqué sur le graphique (t, u).
Le chemin des contraintes effectives s’enroule alors autour des
Ces critères sont atteints aux cycles numéros 5 et 6.
deux droites de Coulomb de pentes Mc = 1,44 et Me = –0,97, obte-
nues au moyen d’essais triaxiaux CU monotones réalisés sur le Les graphiques de la figure 9 montrent la courbe contrainte/
sable dans les mêmes conditions. déformation (εa, q) et le chemin des contraintes effectives (p, q).
Deux essais triaxiaux CU monotones en compression et en exten-
Ces deux droites ont en commun un angle de frottement interne
sion ont été réalisés pour encadrer l’essai cyclique.
.
D’autres essais monotones non présentés ici ont établi les deux
La forme en « S » des courbes (εa, q) et la forme « en ailes de
droites de Coulomb de compression et d’extension du plan (p, q),
papillon » du chemin des contraintes effectives (p, q) témoignent
de pentes Mc = 1,39 et Me = –0,95, qui portent en commun l’angle
d’un mécanisme typique de mobilité cyclique.
de frottement interne (la cohésion est nulle).
2.2.4.2 Cas d’un sable lâche L’essai de compression (en ronds) de la figure 9a montre un
pseudo-pic suivi par un minimum d’ordonnée q = 29 kPa, avant le
Le second exemple concerne le sable de Fontainebleau recons- regain de dilatance. L’essai en extension (en carrés) montre un
titué à une densité faible. pseudo-pic suivi par un minimum en valeur absolue q = –18 kPa,
Les courbes de la figure 8 montrent les calculs des critères avant le regain de dilatance.
représentés en fonction du temps : Ces deux niveaux de cisaillement peuvent être vus comme des
– la déformation axiale εa ; résistances résiduelles pour ces deux chargements monotones. Le

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50 50 1,44
Déviateur (en kPa)

Déviateur (en kPa)


0 0
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Début
des cycles
– 50 – 50
– 0,97

– 0,1 – 0,05 0 0,05 0 50 100

Pression moyenne
Déformation axiale ( ) effective (en kPa)
– FEJ14 95kPa 11 cycles EF
a courbes contrainte/déformation (ε , q) b chemin des contraintes effectives (p´, q)
a

Figure 7 – Essai triaxial cyclique – Sable grossier – Courbes contrainte/déformation – Chemins des contraintes effectives

regain de résistance qui fait suite peut se prolonger largement


avant d’atteindre l’état critique du sable.
Déformation axiale ( )

0,025
0 2.2.5 Exemple pour les sols fins
– 0,025
Un autre exemple d’essai triaxial cyclique est présenté sur la
– 0,050 figure 10. Il concerne une argile limoneuse testée dans son état
Cycle 5 naturel.
0 5 10 15 20 25 La pression de consolidation est pc = 175 kPa.
Temps (en s)
Le taux de cisaillement est Δq/2pc = 0,20.
a déformation axiale en fonction du temps (t, εa)
La fréquence est f = 0,1 Hz.
40
Déviateur (en kPa)

Il apparaît une lente progression de la déformation axiale et de


20 la pression interstitielle. Cette réponse est typique du comporte-
ment des argiles et des sols limoneux.
0
Le chemin des contraintes effectives (p, q) atteint lentement les
– 20
enveloppes de rupture de compression et d’extension (droites de
– 40 caractéristiques , ), sans converger vers l’origine
0 5 10 15 20 25 du plan.
Temps (en s)
Les critères εay SA = –2,5 et –5,0 % sont indiqués sur le gra-
b déviateur en fonction du temps (t, q)
phique (t, εa) de la figure 10a où ils sont atteints aux cycles 14 et
20.
Pression interstitelle (en kPa)

100 Contrairement au cas de mobilité cyclique des sols sableux, le


103 kPa
71 critère ru = 100 % n’est pas atteint dans le graphique (t, u). Des
50 Cycle 6
réponses de ce type sont indiquées par Boulanger et Idriss [15].
25
0 2.2.6 Courbe de résistance cyclique
0 5 10 15 20 25
Temps (en s)
Chaque éprouvette qui est testée sous une amplitude particu-
lière du taux de cisaillement après consolidation isotrope sous la
c pression interstitielle en fonction du temps (t, u) pression effective pc, fournit un couple (Ny, Δq/2pc).
En associant toutes les éprouvettes testées, l’ensemble des
Figure 8 – Essai triaxial cyclique. Sable reconstitué couples décrit une courbe décroissante du taux de cisaillement en

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1,39

50 50
Déviateur (en kPa)

Déviateur (en kPa)


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0 0

Début
des
cycles

– 0,95
– 50 – 50
– 0,05 – 0,025 0 0,025 0 50 100
Déformation axiale ( ) Pression moyenne effective (en kPa)
CU 103 kPa monotone CU 103 kPa monotone CUy 103 kPa
compression extension 11 cycles 0,5 Hz
a courbes contrainte-déformation (εa, q). b chemins des contraintes effectives (p’, q).

Figure 9 – Essai triaxial cyclique et essais triaxiaux monotones de compression et d’extension (un cycle). Sable reconstitué

fonction du nombre de cycle. Cette courbe est représentée en


échelles semi-logarithmiques.
Déformation axiale ( )

0,05 Si le séisme attendu sur le site se caractérise par un nombre de


cycles équivalent Nye, cette courbe permet d’obtenir la résistance
0
cyclique du sol (Δq/2pc) associée à Nye et notée CRR (Cyclic Résis-
tance Ratio) : CRR = Δq/2pc(Nye).
– 0,05
Cette résistance est à comparer à la contrainte de cisaillement
Cycle 14 Cycle 20
– 0,1 normalisée induite dans le massif par le séisme à la profondeur
0 100 200 300 400 500 considérée et juger ainsi du caractère liquéfiable ou non du sol.
Temps (s)
La courbe (Ny, Δq/2pc) de décroissance du taux de cisaillement
a déformation axiale en fonction du temps (t, εa)
avec le nombre de cycles peut être décrite sous la forme d’une loi
100 puissance de deux paramètres a et b (b < 0) : Δq/2pc = a (Ny)b (à
Déviateur (en kPa)

titre d’illustration, sur la figure 12 : a = 0,16 à 0,60, b = –0,15).


50

0 Par exemple, la résistance du sable grossier à 5 cycles est égale à


0,20.
– 50

– 100 Ces courbes expérimentales (Ny, Δq/2pc) s’interprètent de deux


0 100 200 300 400 500 façons :
Temps (s) – en considérant la résistance cyclique du sol Δq/2pc associée à
b déviateur en fonction du temps (t, q) un nombre de cycles Ny donné, en lien avec la durée du séisme ;
Pression interstitielle (en kPa)

200 – ou, le nombre minimal de cycles Ny, que peut supporter le sol
175 kPa sous un taux de cisaillement Δq/2pc donné, en lien avec la magni-
tude du séisme.
100

2.2.7 Résistance au cisaillement résiduelle


0
Comme indiqué au § 2.2.4.2, les sables lâches sont instables
0 100 200 300 400 500 sous l’effet de chargements quasi-statiques et cycliques. Leur
Temps (s) indice des vides initial est plus grand que leur indice des vides à
c pression interstitielle en fonction du temps (t, u) l’état critique, sous une pression moyenne effective donnée.
En chargement semi-statique non drainé et après le franchisse-
Figure 10 – Essai triaxial cyclique. Argile limoneuse grise ment du seuil (ou ligne) d’instabilité, ils opposent une résistance

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100 100
1,27

50 50
Déviateur (en kPa)

Déviateur (en kPa)


0 0
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Début
– 50 – 50 des cycles

– 100 – 100 – 0,89

– 0,01 – 0,05 0 0,05 0 50 100 150 200


Déformation axiale ( ) Pression moyenne effective (en kPa)
– ARC42 175 kPa 50 cycles EF
a courbes contrainte/déformation (εa, q). b chemins des contraintes effectives (p’, q).

Figure 11 – Essai triaxial cyclique lent. Argile limoneuse grise

cycle de chargement/déchargement quasi-statique, plutôt que pro-


duire un chargement cyclique préliminaire pour évaluer le com-
portement des sables post liquéfaction en contraintes effectives.
La référence [45] et le RCC-CW donnent des indications pratiques.
0,75
D’autres facteurs importants interviennent. L’état des contraintes
anisotropes en est un, dont le rôle n’est pas simple, puisque son effet
dépend de la densité du sable et de la contrainte moyenne effective,
entre autres. Au triaxial, la réponse dépend aussi du sens de charge-
ment, suivant qu’il est dirigé vers la compression ou l’extension à par-
Taux de cisaillement ( )

tir d’un état de contraintes de compression ou d’extension.


0,5

2.3 Essais in situ


2.3.1 Profils au carottier poinçonneur (SPT)
L’essai de pénétration au carottier a pour objectif de mesurer la
0,25 0,60 résistance des sols par la pénétration dynamique d’un carottier le
long d’un forage vertical (norme NF EN ISO 22476-3). Le carottier est
0,39 enfoncé par battage au bout d’un train de tige et procure ainsi une
mesure de la résistance du sol.
0,25
L’essai permet le prélèvement d’échantillons remaniés dans un
but d’identification.
a = 0,16
0 Au-delà de son utilisation courante dans le monde, c’est avec cet
1 10 100 1 000 essai, en anglais SPT (Standard Penetration Test), que les premières
corrélations ont été établies concernant les sols liquéfiables.
Nombre de cycles ( )
Le carottier est constitué de deux demi-coquilles de 650 mm de lon-
sable grossier limon loi puissance gueur environ, pour un diamètre extérieur de 50,8 mm et de diamètre
intérieur de 35 mm. Il est battu dans le sol avec un mouton dont la
Figure 12 – Résistances cycliques en fonction du nombre de cycles. masse est égale à 63,5 kg pour une hauteur de chute de 760 mm.
Deux exemples de sols (sable et limon)
L’essai se déroule par passes successives. À chaque passe, le
carottier est placé au fond du forage. Puis, après une pénétration
résiduelle, avant de regagner en dilatance. Des procédures ont été d’amorçage de 150 mm par battage, le cycle se poursuit sur une
développées pour mesurer cette résistance à partir d’essais de profondeur de 300 mm en deux fois.
laboratoire ou d’essais in situ.
Les nombres de coups de mouton N0, N1 et N2 par phase de
Néanmoins, il n’existe pas de procédure établie dans la pra- 150 mm sont enregistrés. La résistance à la pénétration N ou
tique. Vaid et Thomas [44] concluent à l’intérêt de procéder à un « valeur-N », associée à la passe, est égale à N = N1 + N2.

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De nombreux facteurs interviennent dans le résultat de l’essai, à – u1 (sur la face du cône) ;


commencer par les pertes d’énergies au cours du battage. Les – u2 (ou ub, immédiatement en arrière du cône) ;
mesures N sont corrigées en N60 pour tenir compte de l’énergie – u3 (immédiatement en arrière du manchon de frottement) ou
de battage effectivement transmise, puis en une valeur normali- autres.
sée (N1)60 déduite pour tenir compte de l’effet du poids des terres La position la plus courante est u2.
qui augmente avec la profondeur [28].
Ces filtres sont en acier, en bronze, en céramique ou en plas-
L’essai de pénétration au carottier a connu un essor important. tique.
De nombreuses corrélations ont été proposées pour relier la
valeur-N aux propriétés physiques et mécaniques des sols, à com- Les graphiques de la figure 13 donnent un exemple de sondage au
mencer par la densité dans les sables et la résistance à la pénétra- piézocône et présentent les enregistrements des variables qt, fs et u2 en
tion dans les sols fins. fonction de la profondeur dans des terrains sableux, limoneux et argileux.
Par la suite, des corrélations ont été établies entre la valeur-N et Les sols sableux possèdent des résistances de pointe qt et des
l’occurrence de la liquéfaction dans des sites ayant fait l’objet frottements unitaires fs plus forts que les sols argileux, où, au
d’analyses post-sismiques. contraire, les pressions d’eau u2 sont plus marquées et plus grandes
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Des bases de données ont été enrichies au fil du temps. La que la pression hydrostatique (droite inclinée).
méthode simplifiée d’analyse de la liquéfaction se fonde sur cette
démarche (voir le § 5). Par la suite, des corrélations ont été établies entre la résistance
Comme beaucoup d’essais, l’utilisation de l’essai SPT est réser- pénétrométrique et l’occurrence de la liquéfaction dans des sites
vée à des sols fins peu consolidés. Il présente l’avantage de don- ayant fait l’objet d’analyses post-sismiques. Des bases de données
ner une vision directe de la nature des sols le long du forage. ont été enrichies au fil du temps, en lien avec la base des données
SPT.
La méthode simplifiée d’analyse de la liquéfaction se fonde sur
2.3.2 Profils pénétrométrique (CPT) cette démarche (voir § 5).
Les essais pénétrométriques servent à mesurer les résistances
des sols le long d’un profil vertical [C 220]. Il existe deux familles 2.3.3 Profils des vitesses de cisaillement
de pénétromètres :
– les pénétromètres dynamiques qui sont enfoncés dans le ter- Les vitesses (célérités) des ondes sismiques sont fonction de la
rain par battage ; masse volumique et des caractéristiques élastiques du milieu dans
– les pénétromètres statiques, qui sont vérinés dans le terrain à lequel elles se propagent. Divers procédés sont utilisés pour les
vitesse constante. Dans les problèmes de liquéfaction des sols, mesurer, ou les estimer, dans les sols au moyen d’essais in situ.
l’usage a consacré le pénétromètre statique (en anglais, Cone Ces méthodes sont :
Penetration Test, ou CPT). – non invasives quand les instruments de mesures sont disposés
Lunne, Robertson et Powell [12] ont publié un ouvrage complet en surface du terrain ;
consacré aux spécifications, aux performances, à l’utilisation et – invasives quand des forages doivent être mis en œuvre [13].
l’interprétation des essais au pénétromètre à pointe électrique et,
en particulier, au piézocône (CPTu). ■ Parmi les méthodes invasives
La pointe pénétrométrique est en foncée verticalement dans le L’essai cross-hole est le plus courant. Il consiste à mesurer les
sol à vitesse constante à l’aide d’un bâti de chargement et au bout temps de propagation des ondes de compression (ondes P) et des
d’un train de tiges dont les éléments de 1 m de longueur sont ondes de cisaillement (ondes S) entre un forage émetteur et un ou
ajoutés un par un. Le train de tige assure le guidage de la pointe plusieurs forages récepteurs proches.
pendant le fonçage et assure aussi la transmission des mesures Une sonde émettrice P et S est placée en station à différentes
recueillies par la pointe vers la surface. profondeurs dans le sondage émetteur (au pas de 1 m par
Pour les sondages à terre, le bâti de chargement est porté par exemple). Des capteurs sont placés à la même profondeur dans
un véhicule lourd, capable d’opposer la réaction nécessaire au les sondages récepteurs.
fonçage (jusqu’à 20 tonnes). Mais le bâti peut être installé aussi Les vitesses Vp et Vs sont déduites des temps de propagation
sur une plateforme, pour des sondages en mer par exemple. connaissant les distances entre les instruments. Les propriétés
élastiques du sol sont tirées des mesures des vitesses connaissant
■ Dans tous les pénétromètres courants la masse volumique du sol.
L’extrémité de la pointe est constituée par un cône dont l’angle au D’autres procédés voisins existent (down-hole, up-hole).
sommet est égal à 60° et son diamètre égal à 35,7 mm, soit une sec-
tion droite Ac = 10 cm2. Un capteur d’effort mesure l’effort de pénétra- ■ Parmi les méthodes non-invasives
tion Qc dans l’axe du dispositif (effort de pointe). Un manchon de La méthode des ondes de surface consiste à produire des ondes
frottement, situé à l’arrière du cône, d’aire Am, mesure le frottement à partir d’une source, puis à mesurer les déplacements verticaux
d’interface le long de la paroi en contact avec le sol. induits par des récepteurs disposés le long d’une ligne de mesure.
La mesure de cet effort de cisaillement vertical Qm est effectuée Les relations qui lient le déphasage et la fréquence des signaux
par un second capteur de force. Les pointes pénétrométriques enregistrés aboutissent à une courbe de dispersion qui représente
sont équipées aussi de capteurs inclinométriques qui permettent la signature du site. Un procédé de calcul par inversion permet de
d’évaluer la déviation du forage. proposer une estimation du profil vertical des vitesses Vs.
■ Dans le cas du piézocône (CPTu) ■ Mesures pour terrains difficiles
Un ou des capteurs de pression d’eau complètent le dispositif. Bien que plusieurs ordres de grandeur séparent les niveaux de
Ces capteurs mesurent la pression d’eau u par l’intermédiaire déformations élastiques des grandes déformations des sols, les
d’une bague poreuse affleurante (filtre) qui doit être parfaitement méthodes de mesure in situ des vitesses Vs ont trouvé progressi-
saturée d’eau avant le début du fonçage dans le sol. vement un écho dans les méthodes d’étude du risque de liquéfac-
Ce capteur peut occuper différentes positions dans la pointe tion des sols.
pénétrométriques, dénommées : Ces méthodes présentent l’avantage de rendre possibles les
– u0 (à la pointe du cône) ; mesures dans des terrains difficiles (sables lâches, sols grossiers).

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Résistance de pointe (en MPa) Frottement unitaire (en MPa) Pression d’eau (en MPa)

0 2,5 5 7,5 10 0 0,05 0,1 0,15 0 0,25 0,5 0,75


0 0 0

Toit
de la nappe

5 5 5
Profondeur (en m)

Profondeur (en m)

Profondeur (en m)
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10 10 10

10 kPa/m
15 15 15

20 20 20

Résistance de pointe Frottement unitaire Pression d’eau

a mesure de résistance de pointe qt b mesure de frottement unitaire fs c mesure pression d’eau u2

Figure 13 – Sondage au piézocône. Mesures directes en fonction de la profondeur

De manière analogue avec les méthodes pénétrométriques (SPT, 2.4 Attendus des méthodes
CPT), et en appui avec ces méthodes, des corrélations ont été éta-
blies entre les profils de vitesses Vs et la résistance des sols à la
de laboratoire et in situ
liquéfaction, d’après les retours d’expérience.
Pour finir, le tableau 2 résume les principaux attendus des
Toutefois, la pratique de ces méthodes doit être consolidée essais in situ et des essais de laboratoire, dans leur mise en
encore avec l’élargissement des bases de données. œuvre pour les problèmes de liquéfaction des sols.

Tableau 2 – Principaux attendus et limitations des essais in situ et des essais de laboratoire

Contexte Essais In situ Essais de laboratoire

• Nature des sols


• Résistance CPT (qc, fs)
• Propriétés physiques des sols
Paramètres fournis • Résistance SPT
• Résistance cyclique
(valeur-N et vision du sol)
• Propriétés dynamiques
• Vision des sols
• Sous conditions de validité (1), mesure des
caractéristiques d’état du sol (e, Sr)
• Facilité de mise en œuvre • Multiplication des essais (essais d’identification,
Attendus
• Information sur la variabilité spatiale des sols essais mécaniques)
• Variété et représentativité des conditions d’essais
• Sous condition de validité(2), réponses expri-
mées en contraintes effectives
• Prélèvement d’échantillons très difficile dans les
sols sableux sous nappe
• Fondées sur des classifications empiriques
• Prélèvement d’échantillons difficile dans les sols
Limitations • Pas de vision systématique des sols
grossiers
• Difficulté en présence de sols grossiers
• Prélèvements discrets dans la couche de sol
• Remaniement des sols prélevés
(1) en fonction des classes de qualité des prélèvements (norme NF EN ISO 22475-1)
(2) garantie sur la qualité de la mesure de la pression interstitielle

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La compréhension du phénomène de la liquéfaction, ainsi que 3.3 Susceptibilité des sols


du comportement dynamique des sols, permettent de mettre en
place les démarches nécessaires pour réduire la vulnérabilité des
à la liquéfaction
constructions. Dans cette optique, le § 3 présente l’organisation
À l’étape 2 de la figure 14, la qualification de la susceptibilité du
classique des études de liquéfaction.
sol à la liquéfaction se fonde sur un ensemble d’informations
générales concernant le site et sur des données quantitatives de
ses propriétés et de son comportement mécanique.
3. Études de la liquéfaction
des sols dans les projets 3.3.1 Conditions de site
de construction Les informations générales sont d’ordre :
– géologique (mode de dépôt, conditions et âge du dépôt, nature
et profondeur du substratum, nature et épaisseur de la couverture,
3.1 Schéma d’organisation des études etc.) ;
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– géomorphologique (étendue latérale du site, déclivité du ter-


L’identification des sols potentiellement liquéfiables pendant les rain, etc.) ;
reconnaissances géotechniques des sites dans les projets de
– hydrologique (sites en rivière, en bordure de lac, sous-marin) ;
construction, puis la conception des ouvrages, s’effectuent par
étapes. – hydrogéologique (nappe, battement de la nappe, écoulements,
gradients hydrauliques, conditions de drainage) ;
La figure 14 propose un schéma de l’organisation des études. – cinématique (surfaces libres ou butées, ouvrages avoisinants) ;
Ces différentes étapes sont décrites ensuite.
– historique (séismes antérieurs, liquéfaction des sols déjà
observée dans le site) ;
– mécanique (état initial des contraintes en place, variation des
3.2 Opportunité de liquéfaction des sols contraintes avec la profondeur, surcharges permanentes, groupes
de bâtiments, renforcements des sols déjà réalisés, groupes de
Pour qu’il y ait liquéfaction, il faut une combinaison de phéno-
pieux existants), etc.
mènes, et tout d’abord que l’énergie des ondes générées par le
séisme soit suffisante pour que le phénomène puisse se produire.
L’action sismique est, soit précisée par le législateur, soit déter- Remarque
minée lors d’études particulières. Si le sol est situé hors nappe, il ne peut pas se liquéfier mais
peut néanmoins être sensible à des tassements sous l’effet
D’après l’Eurocode 8 (voir le Pour en Savoir plus), « il y a lieu des secousses sismiques.
que le site de construction et la nature du terrain de fondation
soient normalement exempts de risques de rupture du terrain,
d’instabilité des pentes et de tassements permanents causés Des classifications ont été proposées par différents auteurs pour
par liquéfaction ou densification du sol en cas de séisme. La ébaucher l’identification des sites liquéfiables au premier niveau
possibilité d’apparition de tels phénomènes doit être examinée ([20], [21], [23]). Déduites de compilations des observations réali-
conformément aux exigences de l’EN 1998-5:2004 Article 4 ». sées à la suite de séismes dans le monde, elles mettent en avant
Néanmoins, le risque peut être négligé dans différentes des indices géomorphologiques et géotechniques globaux pour
situations particulières et définies, en présence de roches ou de classifier différents types de dépôts.
sols raides, dans les couches profondes et dans les zones de
Des méthodes de zonage du risque de liquéfaction des sols ont
sismicité très faible à faible. Il y a opportunité de liquéfaction
évolué ensuite sur une base quantitative déterministe, puis
des sols dans les cas contraires (Étape 1, figure 14).
aujourd’hui, probabiliste.

NON
1) Opportunité d’une liquéfaction du sol (couche) ?
OUI
NON
2) Susceptibilité du sol à la liquéfaction ?
OUI

Quantification des effets de la liquéfaction de la couche de sol OUI


3)
Niveau de sécurité atteint ?

NON
Prévision des effets de la liquéfaction de la couche de sol OUI
4)
Effets acceptables ?

NON
5) Renforcement de la couche de sol possible ? OUI

NON
Abandon du projet Confirmation du projet

Figure 14 – Schéma de l’organisation des études de liquéfaction des sols dans les reconnaissances géotechniques des sites et les projets de
construction

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3.3.2 Quantification des propriétés du sol Le tableau 3 propose un classement des méthodes de quantifi-
cation du risque de liquéfaction des sols.
Sur le plan quantitatif, la qualification de la susceptibilité du sol Pour les méthodes en contraintes totales, dont les méthodes
implique diverses propriétés physiques du sol (propriétés des par- simplifiées ([a] et [b] du tableau 3), l’évaluation du risque de liqué-
ticules, structure, granulométrie, consistance), ses caractéristiques faction d’un sol se fonde sur la comparaison entre la résistance du
d’état (densité, saturation) et ses propriétés mécaniques (résis- sol et la sollicitation sismique.
tance monotone ou cyclique non drainée), pour constituer un
sous-ensemble de paramètres dont la connaissance est nécessaire
à l’évaluation du risque de liquéfaction de la couche de sol à Dans une approche simplifiée, le coefficient de sécurité FSL
l’étape suivante. est défini comme le rapport entre la résistance cyclique norma-
lisé du sol (CRR, Cyclic Resistance Ratio) et la sollicitation cycli-
La susceptibilité à la liquéfaction est décrite quantitativement à
que normalisée induite par le séisme (CSR, Cyclic Stress Ratio).
partir des résultats d’essais in situ et de prélèvements suivis par
des essais de laboratoire. Le coefficient de sécurité vaut FSL = CRR / CSR.
Il est calculé à toutes les profondeurs de la couche de sol.
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3.4 Quantification du risque Un coefficient de sécurité supérieur à 1,25 est nécessaire pour
de liquéfaction des sols s’affranchir du risque de liquéfaction selon l’Eurocode 8.
À l’inverse, un coefficient de sécurité inférieur à l’unité traduit
La susceptibilité du sol à la liquéfaction étant avérée, la quanti-
un risque de liquéfaction.
fication du risque de liquéfaction est analysée à l’étape suivante
(étape 3, figure 14). La méthode simplifiée est présentée au § 5.

Tableau 3 – Classement des méthodes de quantification du risque de liquéfaction des sols

Méthodes simplifiées Méthodes avancées

Essais Méthodes Méthodes


Essais in situ Méthodes détaillées
de laboratoire intermédiaires spéciales

[a] [b] [c] [d] [e]

Paramètres Comportement cycli-


Résistance SPT Comportement cycli-
attendus pour Résistance cyclique que en contraintes Loi de similitude
ou CPT que simplifié (G, γ)
les sols effectives

• Simulation
• Magnitude
• Magnitude Accélération tempo- Accélération tempo- des conditions
Données d’entrée • Accélération en
• Accélération relle au niveau relle au niveau de site
pour le séisme surface
en surface du substratum du substratum • Accélération
• Nombre de cycles
temporelle

• Encadrement par
les connaissances
• Facilité de mise
des comporte-
en œuvre dans la
ments mécaniques Géométries 2D Appropriés au calcul Réponse globale
Avantages majorité des sites
des sols quelconques des ouvrages et tendances
• Pertinence enrichie
• Variété et repré-
par apprentissage
sentativité des
conditions d’essais

• Fondée sur
des classifications
empiriques
• Domaine d’appli-
cation pas totale-
• Fondée sur une
ment spécifique au • Coût / complexité
approximation de
site, notamment par des calculs • Calage des nombreux
l’action sismique
réduction du signal • Domaine d’applica- paramètres et condi-
• Représentativité
Inconvénients sismique en profon- tion réduit en termes tions Spécificité
du matériau testé
deur via le coeffi- de matériaux : non • Choix des critères
(remaniement,
cient rd (cf. § 5.1.2) applicable aux argiles • Complexité / Coût
nombre d’essais,
• Domaine d’appli- plastiques
etc.)
cation réduit en
termes de maté-
riaux : non appli-
cable aux argiles
plastiques

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Les méthodes détaillées, en contraintes effectives ([d] du tion des constructions existantes, mais concerne aussi la qualité
tableau 3), permettent d’identifier l’occurrence de la liquéfaction, de mise en œuvre des travaux.
mais aussi le comportement des sols pendant et après la sollicita-
tion sismique. En France, les premiers textes de réglementation sismique
datent du milieu des années 1950, mais la prise en compte du
Dans une approche détaillée, les critères à remplir pour qu’un risque de liquéfaction des sols est plus récente.
matériau soit liquéfiable s’expriment suivant les approches en
termes de montée de pression interstitielle ru ou de limitation des Aujourd’hui, l’Eurocode 8 rassemble les règles de construction
déformations. parasismique, harmonisées à l’échelle européenne et déclinées
dans la réglementation française, depuis son entrée en vigueur en
Les méthodes détaillées en contraintes effectives sont présen-
2010. Il est accompagné par une carte d’aléa sismique, parue
tées au § 5.3.
concomitamment, et qui porte sur la délimitation des zones de
Différentes méthodes intermédiaires existent ([c] du tableau 3). sismicité du territoire français.
Elles sont positionnées entre la méthode simplifiée et les
méthodes détaillées. L’une d’entre elles est présentée au § 5.2.2.2. Ces règles concernent les bâtiments à risque normal.
Enfin, il existe des méthodes spéciales faisant appel à des Plus généralement, les études de projet doivent s’inscrire dans
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essais en semi-grandeur. le contexte législatif et réglementaire applicable à chaque type


d’ouvrage, que ce soit pour les ouvrages à risque normal ou à
risque spécial.
3.5 Prévision des effets
de la liquéfaction Remarque
L’évaluation des effets de la liquéfaction des sols sur les L’Eurocode 8 précise les conditions de sol dans lesquelles
constructions constitue une tâche difficile (Étape 4, figure 14, et une évaluation de la susceptibilité à la liquéfaction doit être
§ 5.2). Elle fait appel : effectuée, sans fixer des critères explicites, mais sur la base
– à la connaissance des caractéristiques sismiques applicables d’une analyse raisonnée.
au site ; Le code indique aussi les cas où il est permis de négliger le
– à la mesure des propriétés mécaniques au seuil de liquéfaction risque de liquéfaction. Cela concerne les sites de faible sismi-
ou à la résistance résiduelle du sol ; cité et les sols résistants. Pour entrer dans ce cadre, les sols
– à la connaissance du niveau de la nappe attendu pour le projet. sableux doivent répondre à des critères stricts.
Les méthodes employées pour évaluer la stabilité des remblais D’autres codes existent et sont applicables en fonction des
et des digues sous l’effet des séismes font appel aux méthodes de ouvrages (voir le Pour en Savoir plus).
calcul de stabilité des pentes et à leurs évolutions.
Par sa primauté historique et la simplicité de sa mise en œuvre,
la méthode pseudo-statique couvre une large part du domaine
d’applications courantes. Néanmoins, le recours à des coefficients
de proportionnalité, pour définir les accélérations horizontale et
4. Susceptibilité des sols
verticales pseudo-statiques, constitue une hypothèse forte et dis-
cutable.
à la liquéfaction
La méthode a pour inconvénient de ne pas se prononcer sur ce
qu’il advient quand l’équilibre est dépassé. Des variantes
s’appliquent aux murs de soutènements ou aux quais.
4.1 Sols susceptibles de se liquéfier
Des méthodes empiriques ont été proposées, fondées sur des Rappelons que, selon Youd et Perkins [20], la susceptibilité d’un
classifications établies à partir de retours d’expériences post-sis- sol à la liquéfaction représente l’éventuelle incapacité du sol à
miques, pour évaluer des tassements de fondations superficielles, résister à des contraintes de cisaillement cycliques. Elle dépend
des efforts parasites sur des pieux ou des déplacements subhori- de la nature du sol, de sa formation et de ses propriétés :
zontaux dans les pentes ou à l’arrière de murs.
– propriétés des particules ;
Pour les pentes ou les digues, des méthodes de calcul en dépla-
cement ont été proposées et enrichies du fil du temps. – structure (texture) ;
Les fondations superficielles et profondes ont fait l’objet de – compacité ;
développements à des degrés divers de complexité dans la prise – saturation ;
en compte des interactions sol/structure. – résistance.
La connaissance géologique et géotechnique régionale permet
3.6 Traitement des sols d’écarter les terrains qui ne sont pas susceptibles de se liquéfier
(roches, roches tendres, sols raides) pour pointer au contraire les
Lorsque les effets de la liquéfaction s’avèrent inacceptables dépôts récents peu profonds et vulnérables, en particulier les
pour la construction étudiée, un traitement des sols peut être dépôts quaternaires. Ces terrains ont pu faire l’objet de cartogra-
envisagé : par substitution, amélioration, renforcement ou drai- phie du risque de liquéfaction dans les régions de forte sismicité.
nage des sols (Étape 5, figure 14). Le § 6 est consacré à ces pra-
Fondées sur des classifications des sols, des observations histo-
tiques.
riques et des données géotechniques parcellaires, ces cartogra-
phies sont plutôt conservatives. Mais elles présentent l’avantage
de placer le site étudié dans une perspective plus large. L’une
3.7 Aspects réglementaires d’entre elles est donnée dans le guide AFPS pour la réalisation
d’études de micro-zonage sismique [23].
La nécessité de réduire la vulnérabilité des constructions passe
par l’élaboration d’une réglementation, qui encadre la conception Par ailleurs, les informations générales concernant les condi-
et le dimensionnement des constructions neuves ou l’améliora- tions de site ont été évoquées plus haut.

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4.2 Critères (clay-like) concerne une classe de sols limoneux dont les indices
de plasticité appartiennent à un intervalle relativement étroit
La quantification de la susceptibilité du sol à la liquéfaction 3 < Ip < 7. Les auteurs préconisent des recommandations appli-
passe par la mesure de ses propriétés physiques et mécaniques, cables pour la conduite des études pendant les reconnaissances
puis par la confrontation de ces mesures à des critères. géotechniques des sites, afin d’effectuer le meilleur choix quant
aux moyens à mettre en œuvre.
Les propriétés des sols proviennent d’essais in situ et ou de pré-
lèvements suivis par des essais de laboratoire. Il existe autant de Si l’indice de plasticité Ip > 7, le sol est de type argile (Ip > 5
critères que de types de mesures. pour les argiles et limons peu plastiques).
La résistance cyclique peut être évaluée à partir d’essais in situ,
d’essais de laboratoire et de corrélations, qui se fondent sur la
4.2.1 Critères granulométriques connaissance de la résistance non drainée (quasi-statique) des for-
Les critères fondés sur les propriétés physiques des sols ont été mations argileuses. Au contraire, la résistance cyclique des sols
forgés au fil du temps et ont évolué. Des critères en forme de de type sable, où Ip < 3, est à évaluer au moyen d’essais in situ et
fuseau sont attribués aux sols sableux et graveleux. Des critères leur corrélation (SPT, CPT).
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portant sur les limites de consistance sont associés aux sols fins Dans les cas intermédiaires, le sol doit être considéré comme
limoneux et argileux. étant de type sable et potentiellement liquéfiable. Des reconnais-
Aujourd’hui, l’usage de ces critères est contesté, en particulier sances détaillées doivent être envisagées sur la base d’essais in
les critères d’exclusion du risque. Néanmoins, comme les classifi- situ et d’essais de laboratoire pour déterminer leur résistance
cations des sols liquéfiables, ces critères offrent un point d’entrée cyclique.
pratique, au moins qualitatif, de la susceptibilité du sol à la liqué-
faction. 4.2.3 Critères de classification des sols
La figure 15 montre les critères attribués aux sols sableux liquéfiables d’après les essais in situ
d’après une compilation d’observations de terrain dans les zones
portuaires (au Japon [18] code JSCE). La séparation entre les Les critères de classification des sols liquéfiables d’après les
sables à granulométries serrées et étalées est établie pour un essais in situ ont fait l’objet d’une littérature abondante qui est
coefficient d’uniformité CU = 3,5 (CU = d60/d10). toujours en développement. Les propositions ont porté sur les
données brutes mesurées en sondage SPT ou CPT.
Les sols sensibles sont situés au centre des fuseaux. Lorsque la
Puis, le besoin s’est fait sentir de normaliser ces mesures pour
courbe granulométrique se trouve en dehors du fuseau, le sol est
tenir compte de l’influence du poids des terres qui croît avec la
considéré comme non liquéfiable (code JSCE). Sinon, l’analyse de
profondeur et obtenir ainsi des variables indépendantes de la
la susceptibilité à la liquéfaction doit être poursuivie avec d’autres
contrainte effective verticale et reliées directement à l’état du
moyens (voir § 5).
sol (compacité) et à sa résistance ([26], [28], [31]).
Une autre évolution se dessine à présent, qui consiste à spécia-
4.2.2 Critères de consistance liser les classifications à des familles particulières de sols ou des
données provenant de sites comparables ou régionaux. Cette évo-
Comme indiqué au § 4.2.1, les critères de susceptibilité à la
lution renoue avec la recommandation de Schmertmann [14] ou
liquéfaction des sols fins limoneux et argileux portent sur les
celle de Parez et Fauriel [16] qui conseillaient de considérer leurs
limites de consistance du sol.
propositions comme un cadre d’interprétation des données péné-
Beaucoup de proposition ont été énoncées, en accompagne- trométriques, et non pas des abaques universels permettant de
ment des critères granulométriques ([8], [19], [15]). Mais, globale- traiter tous les cas.
ment, ces propositions restent controversées à propos des sols Enfin, une autre évolution récente à souligner concerne l’orien-
limoneux. Elles offrent néanmoins un point d’entrée pratique sur tation donnée aux classifications qui s’intéressent plus spécifique-
un plan qualitatif. ment aux sols « intermédiaires » entre les sables et les argiles, ou
Sur la base de données expérimentales de la littérature, Boulan- aux questions de recouvrement des classes des sols du fait des
ger et Idriss [15] montrent que la transition entre un comporte- conditions particulières de fonçage ([28], [15]). Ces nouvelles clas-
ment de type sable (sand-like) et un comportement de type argile sifications s’appuient systématiquement sur d’autres types de

Sols potentiellement liquéfiables :

100 100

75 1 75 1
% Passant

2 2
(1) Très (1) Très
50 suspect 50 suspect
de liquéfaction de liquéfaction
25 25
(2) suspect (2) suspect
de liquéfaction de liquéfaction
0 0
0,01 0,1 1,0 10 0,01 0,1 1,0 10
Diamètre des particules (en mm) Diamètre des particules (en mm)
a sols à granulométrie sérrée (Cu = D60/D10 < 3,5) b sols à granulométrie étalée (Cu = D60/D10 > 3,5)

Figure 15 – Critères granulométriques de susceptibilité des sols à la liquéfaction

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données obtenues in situ ou au laboratoire et qui se réfèrent aux dard dans la pratique. Fondée sur des bases empiriques, elle a
classifications usuelles des sols. évolué au fil du temps.
La figure 2 évoque le principe d’une classification de la sensibi- Deux états de l’art ont marqué successivement l’évolution de la
lité des sols à la liquéfaction selon leur nature (échelles I) et leur méthode aux USA, par le National Research Council (NRC) en
état (échelles J). Ces indices peuvent servir de base pour l’intro- 1985 [31], puis le National Center for Earthquake Engineering
duction des variables normalisées tirées des essais in situ, comme Research (NCEER) en 1996 [27], puis en 1998 [28]. Ce dernier visait
l’envisage la méthode simplifiée d’analyse du risque de liquéfac- un consensus entre les experts internationaux sur les dernières
tion des sols. avancées de la méthode simplifiée, en vue d’une application dans
les études particulières de projets. Les thèmes suivant ont été exa-
minés et des recommandations ont été proposées :
4.2.4 Critères se rapportant aux essais
de laboratoire – 1) critères fondés sur l’utilisation du SPT (Standard Penetration
Test) ;
Les essais de laboratoire ont conduit à décrire le mécanisme de – 2) critères fondés sur l’utilisation du CPT (Cone Penetration
liquéfaction des sols sableux en référence aux concepts fonda- Test) ;
mentaux de la mécanique des sols. Réalisés en champs homo- – 3) critères fondés sur l’utilisation des vitesses de cisaillement ;
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gènes contrôlés et non drainés, pour les plus courants, ces essais – 4) utilisation de l’essai de pénétration de Becker pour les sols
pourraient fournir les références à des critères absolus. graveleux ;
Il n’en est rien, car en pratique, le terme de liquéfaction – 5) facteurs correctifs pour tenir compte des surcharges et des
s’applique à des situations plus variées et compliquées qu’en pentes ;
laboratoire sur un plan mécanique. Par ailleurs et comme indiqué – 6) données d’entrée sismiques en matière de magnitude et
déjà, le comportement des sables se démarque de celui des d’accélération de pic.
argiles. Les méthodes probabilistes ou énergétiques ont été examinées,
Aussi divers types de critères sont en usage au laboratoire pour mais n’ont pas fait l’objet de recommandations.
définir la résistance cyclique du sol dans des essais pilotés en
contraintes de cisaillement. Les premiers s’expriment en niveaux
de déformation cyclique par des seuils d’amplitudes égaux à 2,5, Remarque
5 ou 10 % pour les plus courants (c’est-à-dire des doubles ampli- L’état de l’art actuel de la « méthode simplifiée » est détaillé
tudes de 5, 10 ou 20 %). Ces seuils ont pour intérêt de s’appliquer dans l’article de Youd et al (2001) [28].
à tous les types de sols et leurs différents d’états, dans toutes les
conditions de chargement.
Les autres critères en usage portent sur la pression interstitielle. Le graphique de la figure 16 donne l’allure d’un diagramme
Le premier d’entre eux s’exprime en taux de pression interstitielle empirique utilisé pour réaliser l’analyse simplifiée de la liquéfac-
ru, pour des seuils de différents niveaux allant jusqu’à 100 %. tion des sols. Il s’applique aux divers procédés de mesures in situ
Les autres critères sont relatifs à la vitesse d’accumulation de la (N-valeur SPT, résistance pénétrométrique ou vitesse VS de pro-
pression interstitielle pendant les cycles, qui est d’autant plus pagation des ondes de cisaillement).
rapide que le sol est sensible. Ces critères ont été évoqués plus À la profondeur considérée dans le terrain, la résistance équiva-
haut dans les exemples commentés. lente X, mesurée in situ, est portée en abscisse et la contrainte de
Au stade de franchissement d’un seuil au cours d’un essai cycli- cisaillement cyclique normalisée est portée en ordonnée.
que, le nombre de cycles Ny est associé au taux de cisaillement, La ou les courbes indiquées ont été obtenues après analyse des
pour constituer un couple (Ny, ) ou (Ny, Δq/2pc). sites impactés par des séismes, en rassemblant des indications
sur la nature des sols et leur état, des mesures des résistances in
Concernant les essais à chargement monotone, un critère
situ, les indices d’une liquéfaction éventuelle des sols et les carac-
s’exprime par les caractéristiques d’une ligne d’instabilité quand
téristiques du séisme.
elle existe (enveloppe des pseudo-pics de cisaillement dans les
sols sableux lâches). Pour aboutir à ces corrélations, ces données doivent être nor-
malisées au préalable pour tenir compte du poids de la colonne
Éventuellement un indice de fragilité pourrait lui être associé,
de sols (avec la contrainte verticale effective ) ou la magnitude
pour qualifier l’effondrement qui fait suite au pseudo-pic et définir
du séisme (pour un évènement équivalent de magnitude
ainsi une résistance résiduelle. Mais il n’existe pas de critère expli-
Mw = 7,5). Ces courbes délimitent le domaine où la liquéfaction
cite permettant de qualifier la résistance résiduelle du sable.
des sols a été systématiquement ou souvent constatée (domaine
bordé par l’axe des ordonnées) du domaine où ces événements
sont rares ou inexistants (domaine éloigné de l’axe des ordon-
nées).
5. Quantification La frontière entre ces domaines est souvent matérialisée par
de la liquéfaction plusieurs courbes pour désigner des natures de sols différentes,
ou des magnitudes différentes, ou des niveaux de probabilité
et de ses effets d’occurrence différents. Beaucoup de travaux ont été consacrés à
l’élargissement des bases de données à partir des retours d’expé-
rience et l’amélioration des corrélations.
5.1 Quantification du coefficient Déterministe à l’origine, la démarche a été progressivement
de sécurité à la liquéfaction développée dans un cadre probabiliste.
par l’approche simplifiée Ainsi, la méthode simplifiée consiste à comparer la contrainte
de cisaillement cyclique induite par le séisme à la résistance au
5.1.1 Présentation cisaillement cyclique du sol à différentes profondeurs de la
couche de sol étudiée. Pour être comparées, ces deux grandeurs
Seed et Idriss [26] ont proposé une méthode pour quantifier le sont normalisées et s’expriment respectivement par le rapport de
risque de liquéfaction des sols non cohérents. Cette « méthode cisaillement CSR (Cyclic Stress Ratio) et le rapport de résistance
simplifiée » s’est affirmée progressivement pour devenir un stan- cyclique CRR (Cyclic Resistance ratio) qui sont définis ci-après.

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LA LIQUÉFACTION DES SOLS SOUS L’EFFET DE SÉISMES ___________________________________________________________________________________

Contrainte de cisaillement cyclique normalisée

Contrainte de cisaillement cyclique normalisée


Paramètre
1

}
Liquéfaction 2
Liquéfaction 3
possible possible

Non
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Non liquéfaction
liquéfaction

0 0
Résistance normalisée Résistance normalisée
a frontière unique b frontière paramétrique

Figure 16 – Diagrammes empiriques pour l’analyse simplifiée de la liquéfaction (contrainte de cisaillement cyclique normalisée en relation
avec la mesure de la résistance équivalente in situ). Domaine de non liquéfaction et domaine de liquéfaction possible

Un coefficient de sécurité vis à vis du risque de liquéfaction est Le calcul des contraintes initiales σv0 et appelle à connaître
calculé à la profondeur z : la densité des sols et le niveau statique de la nappe.
À défaut de disposer de mesures piézométriques, les règle-
(3) ments précisent les niveaux d’eau à considérer dans le calcul.
Le coefficient réducteur rd exprime la souplesse de la colonne
Les abaques, ainsi que les valeurs des paramètres cités dans les de sols et il se substitue au calcul de la réponse du site. Il est égal
paragraphes ci-après sont présentés dans la référence [28]. à l’unité en surface, puis il diminue avec la profondeur dans une
bande d’incertitude qui s’élargit rapidement.
Le sol est considéré liquéfiable à la profondeur z si ce coeffi-
cient de sécurité est inférieur à une borne donnée, qui est égale à Son expression a fait l’objet de nombreuses propositions sur la
1,25 dans l’Eurocode 8. base de corrélations entre les réponses calculées dans différentes
conditions de site et pour différentes sources sismiques, et les
résistances mesurées in situ et rassemblées dans des bases de
5.1.2 Cisaillement cyclique induit par le séisme données de sites où les sols ont été liquéfiés.
Le rapport de cisaillement CSR est évalué en mode pseudo-sta-
tique grâce à l’expression suivante : 5.1.3 Résistance cyclique du sol

(4) Deux types d’approches sont en usage pour quantifier la sus-


ceptibilité du sol à la liquéfaction d’une couche de sol : les essais
de laboratoire réalisés à partir de prélèvements représentatifs et
avec τmoy contrainte de cisaillement moyenne pendant un les essais in situ associés à des lois empiriques fondées sur des
demi-cycle du mouvement sismique, corrélations.
amax accélération horizontale maximale à la surface du L’approche au moyen des essais in situ est la plus courante.
sol,
g accélération de la pesanteur, ■ Évaluation du rapport de résistance CRR d’après les essais in situ
σv0 contrainte verticale totale à la profondeur z À l’origine, la méthode simplifiée a été développée à partir de
considérée, mesures SPT (Standard Penetration Test). Elle a été étendue
ensuite aux mesures CPT (Cone Penetration Test), puis aux
contrainte verticale effective, mesures des vitesses de cisaillement Vs.
rd facteur de réduction avec la profondeur. Dans chacun des cas, le rapport de résistance cyclique CRR
Le coefficient 0,65 représente une approximation du rapport (Cyclic Resistance Ratio) s’obtient à partir de la mesure recueillie à
entre la contrainte de cisaillement uniforme équivalente et la la profondeur z, en pointant sur des abaques appropriés. Ces aba-
contrainte de cisaillement maximale du signal sismique [26]. ques ont été construits progressivement en référence à des bases
de données sans cesse enrichies où, aux cas de liquéfaction ou de
Cette expression simplifiée de la sollicitation sismique repose
non liquéfaction observés, sont associées les caractéristiques des
sur l’hypothèse d’une propagation verticale de l’onde de cisaille-
séismes et les propriétés des sols.
ment, ce qui se vérifie généralement en surface pour une source
sismique profonde. L’équilibre des rapports CSR et CRR se calcule Un facteur de correction MSF (Magnitude Scaling Factor) doit
donc sur toutes les facettes horizontales situées aux profondeurs z être introduit pour amener le rapport CRR à une mesure normali-
de la colonne de sol. sées CRR7,5 associée à un séisme de magnitude Mw = 7,5.

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Le coefficient de sécurité s’écrit alors : lement aux sédiments alluvionnaires ou fluviatiles holocènes (c’est-
à-dire des dix derniers milliers d’années), à une profondeur limitée à
15 m et à l’absence de contraintes initiales de cisaillement émanant
(5) d’une topographie irrégulière ou de la présence d’ouvrages.
Des coefficients correcteurs particuliers ont été introduits dans
avec CSR rapport de cisaillement produit par le mouvement
la procédure pour tenir compte de telles particularités [33].
sismique,
La résistance à la liquéfaction dépend de la pression de confine-
CRR7,5 rapport de résistance du sol pour une magnitude
ment et augmente avec la profondeur, à ce titre. Un coefficient Kσ
égale à 7,5.
a été introduit pour tenir compte de cette non-linéarité dans le
Le rapport CRR7,5 est tiré des abaques dédiés aux mesures nor- calcul du coefficient de sécurité FSL. De même, un coefficient cor-
malisées SPT, CPT ou Vs. recteur Kα a été introduit pour tenir compte de la présence de
Le coefficient MSF est une fonction décroissante de la magni- contraintes de cisaillement statiques dans la couche de sol.
tude Mw, car la résistance au cisaillement cyclique diminue quand La figure 17 donne une illustration des configurations qui
le nombre de cycles du mouvement fort augmente, c’est-à-dire appellent à prendre en compte un coefficient Kα. Ainsi, le calcul
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quand la magnitude du séisme augmente, pour une amplitude du coefficient de sécurité FSL devient :
donnée des cycles de cisaillement.
■ Évaluation du rapport de résistance CRR d’après les essais de (6)
laboratoire
À la profondeur z où le sol a été prélevé, les courbes (Ny, )
ou (Ny, Δq/2pc) donnant le nombre de cycles pour atteindre un 5.1.4 Mise en œuvre spécifique de la méthode
seuil de liquéfaction donné, s’obtiennent en testant plusieurs simplifiée
éprouvettes identiques sous des rapports de cisaillement diffé- Cette approche consiste à appliquer la méthode simplifiée en
rents. utilisant une sollicitation cyclique normalisée CSR calculée spécifi-
En plus de l’accélération maximale en surface amax, la sollicita- quement pour le site, et plus celle donnée au § 5.1.2. Il s’agit ainsi
tion sismique doit être caractérisée par un nombre de cycles équi- d’évaluer la contrainte de cisaillement τ(t) développée par le
valent Ne [28] qui symbolise le nombre des cycles les plus séisme dans la colonne de sol, puis la sollicitation cyclique nor-
significatifs du mouvement, en lien avec la durée du séisme. malisée CSR, et à la comparer à la résistance au cisaillement cycli-
La résistance cyclique CRR du sol est pointée sur la courbe que normalisée du sol CRR d’après les essais de laboratoire.
expérimentale (Ny, ) ou (Ny, Δq/2pc) à l’abscisse Ne. Comme dans la méthode simplifiée, la comparaison des deux
Le coefficient de sécurité à la liquéfaction FSL se calcule alors grandeurs permet d’estimer les coefficients de sécurité à la liqué-
comme précédemment (équation (3)). faction FSL le long de la colonne de sol.
Ici, le facteur MSF n’intervient pas car la prise en compte de la La sollicitation cyclique est évaluée par la méthode linéaire-équi-
magnitude du séisme est introduite dans le nombre de cycles valente (analyse locale du site). Le comportement mécanique du sol
équivalents Ne du séisme ([28], [53]). est incorporé sous une forme viscoélastique en introduisant les
modules de cisaillement G et les amortissements intrinsèques hys-
■ Limites de la méthode simplifiée térétiques D représentatifs des sols le long du profil de calcul.
Diverses critiques ont été adressées à la méthode simplifiée Ces paramètres sont tirés des courbes empiriques G(γ) pour les
d’évaluation du risque de liquéfaction d’une couche de sol. Elles niveaux de déformation attendus. Les modèles peuvent être éten-
portent notamment sur sa base de référence qui se limite essentiel- dus aux géométries 2D.

Pente
Terrain subhorizontal
(A) Pas de contraintes de
cisaillement statiques
σ’v (B)
(A)
A σ’h

Fondation
Remblai, digue
(B) Présence de contraintes de
cisaillement statiques
σ’v
τst
B σ’h
(A) (A)

(B) (B) (B) (B)

Figure 17 – Schéma de principe montrant des états de contraintes initiales sans cisaillement (cas A) ou avec cisaillement (cas B)

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Les principaux avantages de cette méthode reposent sur une 5.2.2 Tassements
évaluation spécifique de la sollicitation sismique dans le site et la
simplicité de sa mise en œuvre. Généralement, les contraintes de Quand le risque d’instabilité est exclu, le tassement des sols
cisaillement maximales calculées sont légèrement plus élevées induit par la liquéfaction doit être évalué.
que celles fournies par les calculs en contraintes effectives, ce qui
apporte un certain conservatisme [54]. 5.2.2.1 Méthode simplifiée
Des méthodes simplifiées ([30], [39], [40], [41]) permettent
5.1.5 Indice de sensibilité LPI d’évaluer le tassement induit de sables propres sous nappe.
L’indice sensibilité à la liquéfaction LPI (Liquefaction Potential De manière générale, ces méthodes ne sont applicables que
Index) a été proposé par Iwasaki et al. ([34], [38]) pour exprimer la lorsque le déplacement latéral est faible, et elles ne permettent
sensibilité à la liquéfaction d’un site en considérant le profil de sol pas d’évaluer un tassement différentiel.
dans ses vingt premiers mètres. Le tassement en surface est calculé par intégration des défor-
Cet indice se calcule avec : mations volumiques εv sur la hauteur de la couche. Il se manifeste
progressivement pendant la consolidation du sol après la fin du
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séisme, lors de la dissipation des pressions interstitielles.

(7) Par exemple, l’abaque d’Ishihara et Yoshimine ([30], [39]) donne un


moyen d’évaluer la déformation volumique εv à partir du coefficient de
avec z profondeur,
sécurité à la liquéfaction FSL et d’un autre paramètre choisi parmi les
F fonction du coefficient de sécurité FSL à la suivants :
liquéfaction, telle que F = 1 – FSL pour FSL < 1 et – indice de densité relative du sol ID ;
F = 0 pour FSL > 1 et w(z) une fonction de – résistance SPT normalisée N1(60) ;
pondération égale à w(z) = 10 – 0,5 z. – résistance pénétrométrique normalisée qc1N ;
Une classification des effets de la liquéfaction des sols selon – distorsion maximale induite par le séisme γmax.
l’indice de sensibilité LPI est établie qui prévoit des effets mineurs La figure 18 présente la déformation volumique post-liquéfaction
pour 0 < LPI < 5, des effets visibles pour 5 < LPI < 15 et des effets en fonction du coefficient de sécurité à la liquéfaction FSL et de
graves si LPI > 15. l’indice de densité du sol. Elle est tracée à partir des équations don-
L’utilisation de cet indice est préconisée dans les méthodes de nées par Yoshimine et al. [43].
cartographie du risque de liquéfaction des sols dans un territoire
donné.

5.2 Évaluation des effets 2


de la liquéfaction
La méthode simplifiée produit des coefficients de sécurité vis à
vis du risque de liquéfaction des sols. Elle ne permet pas de Sable propre reconstitué
Coefficient de sécurité à la liquéfaction ( )

décrire les effets de la liquéfaction sur les sols, ni sur les avoisi-
nants en termes de tassements, de glissements, de poinçonne- 1,5
ments, basculements, etc.
Des approches ont été développées dans ce but, fondées sur
des méthodes empiriques ou numériques.
Le cas de l’évaluation de la résistance post-liquéfaction et de la
stabilité globale, ainsi que celui des tassements induits, sont évo- 1
qués ci-après. 4% N1=3
6
10
5.2.1 Évaluation de la résistance post-liquéfaction 14
des sols et de la stabilité globale 6%
20
La première difficulté revient à l’évaluation de la résistance 0,5
post-liquéfaction, nécessaire pour apprécier la stabilité globale de 8%
25
pentes après liquéfaction. Deux voies se présentent pour cela, à
partir de prélèvements des sols suivis par des essais de labora-
toire, d’une part, ou d’essais in situ, d’autre part.
30
Seed et al. [29] discutent ces deux approches en détail. 0
Après le déclenchement de la liquéfaction, l’analyse porte sur le 0 2,5 5
rapport entre la résistance du sol et les contraintes de cisaillement
Déformation volumique post-liquéfaction (en %)
statiques encore présentes. Le calcul peut être effectué par les
méthodes classiques de calcul de stabilité des pentes. Si l’équi- Résistance du sol (valeur-N)
libre n’est pas assuré, il faut s’attendre à des déplacements, voire
Amplitude maximale de la déformation de cisaillement (en %)
de grands déplacements, jusqu’à retrouver un nouvel équilibre
statique. La question du choix des propriétés du sol liquéfié se Tracé d’après Ishihara et Yoshimine [39] et les
pose alors (cohésion non drainée, résistance résiduelle, caractéris- équations proposées par Yoshimine et al. [43] .
tiques de la ligne d’instabilité).
Des méthodes empiriques ([8], [46]) ont été proposées pour Figure 18 – Déformation volumique εv en fonction du facteur de
évaluer les déplacements latéraux post liquéfaction. sécurité à la liquéfaction FSL

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5.2.2.2 Méthode intermédiaire Le massif de sol, ses renforcements éventuels et la structure


forment un seul modèle.
L’utilisation de méthodes plus avancées que la méthode simpli-
fiée présente l’avantage de s’affranchir des limitations usuelles de Les sols sont dotés d’un comportement non linéaire élastoplas-
cette méthode (cf. § 5.1.3) et permet de quantifier le risque de tique et cyclique défini en contraintes effectives. En tous points du
liquéfaction et ses conséquences avec plus de précision. modèle, les calculs décrivent l’évolution des pressions intersti-
tielles et des déformations. La dissipation de l’énergie est produite
Les critères à remplir pour qu’un matériau soit liquéfiable à la fois par les déformations de cisaillement et l’écoulement de
peuvent s’exprimer suivant les approches en termes de montée l’eau interstitielle à travers le squelette granulaire du sol.
de pression interstitielle ru ou de limitation des déformations pré-
liquéfaction. Des lois de comportement nombreuses et variées ont été intro-
duites pour accomplir ces calculs. Souvent, ces lois mettent en jeu
La mise en œuvre de méthodes en contraintes totales com- de nombreux paramètres difficiles à calibrer dans les approches
mence par un calcul de la contrainte de cisaillement cyclique courantes.
générée par le séisme le long de la colonne de sol dans le site
(analyse découplée). Un modèle unidimensionnel ou bidimension- Des versions simplifiées ont été proposées, fondées en partie
nel des couches de sol est établi sur lequel est effectué le calcul sur des relations empiriques.
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temporel de propagation verticale des ondes sismiques, depuis sa Les calculs aboutissent aux champs des pressions interstitielles
base où le mouvement sismique est donné sous la forme d’accé- et des déformations à l’intérieur du modèle de sols. Des critères
lérogrammes. s’appliquent pour juger du niveau des désordres atteint à tout ins-
tant, dans la limite de validité des calculs.
Le profil de la contrainte de cisaillement τ(t) est obtenu ainsi
sous une forme liée au site, contrairement à la méthode simplifiée Après la fin du séisme, l’analyse se poursuit par le calcul de la
où la réponse du site s’obtient au moyen du coefficient réducteur dissipation des pressions d’eau vers les frontières drainantes du
forfaitaire rd (cf. § 5.1.2). massif. Le calcul s’effectue à l’aide de l’équation de la consolida-
tion unidimensionnelle des sols par exemple.
Il existe différentes méthodes intermédiaires. L’une d’entre-elles
est présentée ci-dessous. Localement, la migration de l’eau peut provoquer la liquéfaction
du sol dans une couche adjacente, non affectée pendant le
séisme.
La méthode proposée par Kteich et al. [47] combine un Ces méthodes d’analyse dynamique de la liquéfaction des sols
modèle simplifié d’accumulation de la pression interstitielle mettent en jeu de nombreux facteurs qui ont une grande influence
dans un calcul linéaire-équivalent conventionnel, en associant sur le résultat. Leur mise en œuvre est difficile, et une attention
la réponse non linéaire due à la déformation de cisaillement à particulière doit être portée à la constitution des modèles géolo-
l’augmentation de la pression interstitielle. gique et géotechnique qui serviront aux modélisations.
L’analyse linéaire-équivalente est ainsi modifiée. Le module Des analyses paramétriques s’imposent le plus souvent.
de cisaillement des sols est dégradé, non seulement en fonc-
tion de la distorsion à laquelle les sols sont soumis au cours Différents logiciels permettent de réaliser des calculs en
de séisme, mais également en fonction du taux d’accumula- contraintes effectives. On peut citer par exemple les logiciels Cyber-
tion de la pression interstitielle lorsqu’elle apparaît ([48], [49], quake (1D), ou le logiciel OpenSource Code_Aster qui intègrent la loi
[50]). de comportement en contraintes effectives de Hujeux ([51], [52]).
La loi de Byrne [49] s’appuie sur des corrélations expérimen-
tales donnant le tassement du sol en fonction des cycles de En complément des méthodes présentées précédemment, des
cisaillement qu’il subit. méthodes spéciales fondées sur l’utilisation de tables vibrantes,
L’approche s’applique au calcul des tassements d’un dépôt centrifugeuses ou d’essais particuliers in situ sont également utili-
de sable stratifié horizontalement. Elle permet d’évaluer la sées.
montée de pression interstitielle, ainsi que les tassements
induits dans la phase pré-liquéfaction.
5.4 Application aux projets
de constructions
Les méthodes intermédiaires opèrent en contraintes totales.
Elles ne peuvent pas rendre compte de la dissipation des pres- Tous les développements auparavant évoqués rapidement
sions interstitielles. témoignent de l’intérêt croissant porté à la tenue des construc-
tions face au risque de liquéfaction des sols. Une grande attention
a été accordée aux facteurs de déclenchement des désordres et à
leurs critères associés.
5.3 Méthodes en contraintes effectives
Aujourd’hui, les méthodes évoluent pour améliorer la connais-
L’approche en contraintes effectives a pour objectif de prédire sance des mécanismes qui font suite à la rupture des sols. Cette
la réponse des sols pendant et après la sollicitation sismique en tendance répond aux attentes formulées dans le domaine de la
tenant compte des conditions d’écoulement dans les couches de gestion des risques naturels, attentif à la réduction de la vulnéra-
sols et de drainage en périphérie. bilité des constructions.
Dans une approche détaillée, les critères à remplir pour qu’un L’évaluation du risque passe par une estimation de l’endomma-
matériau soit liquéfiable s’expriment suivant les approches en gement des ouvrages, en écho aux performances attendues.
termes de montée de pression interstitielle ru ou de limitation des La mise en œuvre de méthodes simplifiées ou de méthodes
déformations. détaillées, suivies de méthodes de calculs post-sismiques,
L’analyse dynamique temporelle s’applique à un modèle numé- s’appuie sur la connaissance des résistances encore disponibles
rique du massif de sol. Ces modèles sont monodimensionnels ou dans les sols à ce stade et qui peuvent être qualifiées de résis-
multidimensionnels, constitués de couches et délimités par une tances résiduelles.
surface libre et un substratum où le déplacement est imposé sous Les techniques d’identification de ces propriétés des sols sont
la forme de signaux sismiques d’entrée, appropriés pour ce type toujours en développement en se fondant notamment sur l’ana-
d’analyse dynamique (analyse couplée). lyse de retours d’expériences.

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Les calculs post-sismiques relèvent de problèmes complexes rabattement permanent de la nappe ou en substituant le sol en
d’interactions sol/structure dynamiques. Les critères de perfor- place par un matériau non liquéfiable.
mance sont définis en déformations, en déplacements ou en
niveaux de pressions interstitielles. Ils dépendent du type de De nombreuses techniques sont en usage. Il faut considérer
l’ouvrage et de sa classe d’importance, mais aussi d’une estima- l’ouvrage et les zones renforcées du massif comme un ensemble
tion de sa capacité résiduelle de service. où coexistent des masses, des efforts statiques et des éléments
résistants.
Les approches déterministes et paramétriques (empiriques,
analytiques et/ou numériques) sont à la source des méthodes en Plusieurs types de renforcements peuvent être envisagés simul-
usage. Mais, aujourd’hui, les techniques probabilistes per- tanément dans un site. Les performances des méthodes adoptées
mettent d’enrichir les modélisations, sur la base de relations pour lutter contre les effets de la liquéfaction dépendent du type
entre l’amplitude d’un déplacement et la probabilité de dépasse- de renforcement et de son adéquation avec le site et le projet, des
ment d’un seuil, par exemple, et la multiplication des calculs dimensions des zones renforcées, de leur implantation.
paramétriques. Le tableau 4 propose une classification des principales
méthodes mises en œuvre.
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Les schémas de la figure 19 donnent une vision de la


6. Dispositifs de prévention démarche. En matière d’essais in situ, l’objectif recherché vise à
obtenir des caractéristiques améliorées de la résistance des sols
contre la liquéfaction (valeur-N, qc, Vs).
En se référant au schéma conventionnel de la méthode simpli-
des sols fiée, le renforcement doit se traduire par une translation du point
vers les résistances croissantes pour le placer hors du domaine de
liquéfiabilité (figure 19a).
Les dispositifs de prévention contre la liquéfaction des sols
consistent à intervenir dans le sol pour augmenter sa résistance Dans le cas des essais de laboratoire, l’apport du traitement des
ou sa capacité de drainage ou bien pour réduire l’action sismique, sols doit se traduire par une augmentation du taux de résistance
afin d’augmenter le coefficient de sécurité FSL à la liquéfaction CRR et/ou du nombre de cycles (figure 19b).
lorsqu’on se place dans le cadre de l’approche simplifiée.
Dans les méthodes intermédiaires ou les méthodes détaillées,
Ils peuvent également consister à supprimer une condition l’amélioration des sols doit être traduite par un nouveau jeu de
favorable à la liquéfaction, en supprimant la présence d’eau par paramètres, à justifier.

Tableau 4 – Principes et techniques de prévention de la liquéfaction des sols

Effets

Méthodes Suppression Drainage : limitation


Augmentation
d’une condition favo- Diminution du CSR de la montée de pres-
du CRR
rable à la liquéfaction sion interstitielle

Substitution par un matériau non •


liquéfiable

Rabattement permanent de la nappe •


(matériau hors nappe)

Densification du sol (vibrocompac- •


tage ; compactage dynamique ; injec-
tion solide ; sand compacted piles ;
etc.)

Stabilisation du squelette granulaire •

• Rabattement permanent de la •
nappe
• Surcharge de confinement

Renforcement du sol par inclusions •


rigides (par vibration ou tarrière (•)
refoulante)

Caissonnage (•) •

Renforcement du sol • •
(•)
par inclusions souples

Substitution • •
par un matériau drainant

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Liquéfaction

Résistance au cisaillement cyclique normalisée


Contrainte de cisaillement cyclique normalisée

possible
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Après
Non amélioration
État naturel liquéfaction
du sol Non
liquéfaction

Après
amélioration
État naturel
du sol
Liquéfaction
possible

0 Résistance normalisée 0 Nombre de cycles

a Cas de la méthode simplifié in Situ b cas de la méthode simplifié au laboratoire

Figure 19 – Effet de l’amélioration des sols pour réduire le risque de liquéfaction

6.1 Augmentation de la résistance ■ Stabilisation du squelette du sol


au cisaillement cyclique des sols Dans les sols sableux, la stabilisation du squelette granulaire du
sol s’obtient par injection de coulis de ciment ou de bento-ciment
Plusieurs techniques permettent d’augmenter la résistance au ou bien par malaxage en place d’additifs avec le sol.
cisaillement cyclique des sols.
Une technique par biocalcification est en cours de développe-
■ Substitution des matériaux ment. Elle consiste à produire des liaisons entre les grains de sol
sous la forme de cristaux de calcium précipités en place par voie
Quand les conditions du projet le permettent (espace dispo- microbiologique.
nible, couche peu profonde, rabattement temporaire possible de
la nappe), le sol est excavé et remplacé par un sol compacté de ■ Inclusions
caractéristiques appropriées.
Les inclusions rigides ou les inclusions souples servent à aug-
■ Augmentation de la compacité du sol menter la résistance au cisaillement cyclique moyenne dans la
couche de sol lorsque leur technique de mise en place contribue à
Les sols sableux lâches sont sensibles à la liquéfaction. Leur densifier le sol.
densification améliore leur résistance au cisaillement cyclique en
réduisant le volume de vide entre les particules et tend à leur
conférer un comportement dilatant.
6.2 Réduction de l’action sismique
Plusieurs techniques d’amélioration des sols sont utilisées dans
ce but, telles que : La réduction de l’action sismique peut être obtenue par un effet
– le vibrocompactage ; de confinement du sol réalisé par ajout d’une surcharge perma-
nente, par le rabattement de la nappe, par caissonnage ou par la
– le compactage dynamique ;
mise en place d’inclusions.
– l’injection solide ;
– la mise en place de SCP (Sand Compaction Piles). ■ Ajout d’une surcharge permanente ou rabattement de nappe
Ces méthodes consistent à densifier le sol par vibration, chute L’application d’une surcharge permanente en surface (remblai),
de poids ou compression/serrage. L’efficacité du traitement est et après stabilisation des tassements, a pour effet d’accroître la
d’autant plus importante que la densité initiale du sol est faible, et contrainte verticale effective dans la couche de sol. Le rabat-
que la densité relative finale obtenue est importante. Cette tement permanent de la nappe produit un effet similaire. Le taux
méthode s’applique aux matériaux suffisamment perméables. de cisaillement induit CSR s’en trouve réduit.

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Sauf destruction complète, ils jouent un rôle important après la


fin du séisme par leur capacité à écourter la phase de consolida-
tion des sols. Seed et Booker [55] proposent un exemple de
méthode simplifiée de dimensionnement d’un réseau d’inclusions
drainantes.
En pratique, la mise en place de colonnes ballastées permet de
bénéficier des trois dispositions :
– augmentation de la résistance au cisaillement cyclique CRR ;
– réduction du CSR ;
– amélioration du drainage.

7. Conclusion
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La liquéfaction d’une couche de sol exprime une perte de rigi-


dité et de résistance, accompagnée par des déformations perma-
nentes significatives, voire catastrophiques, qui mettent en péril le
site et les ouvrages concernés.
Pour la plupart, ces ruptures sont engendrées par les séismes
dans des régions de séismicité moyenne à forte. Les sols les plus
Figure 20 – Exemple de confinement par caissonnage pour prévenir
du risque de liquéfaction. (Photographie Simon Depinois) vulnérables sont sableux, lâches et saturés. Les notions de base
de la mécanique des sols permettent d’expliquer ce comporte-
ment, qui résulte de l’accumulation des pressions interstitielles
dans la couche de sols au cours des cycles, avec la réduction
En matière de digues ou de remblais routiers ou ferroviaires, les consécutive des contraintes effectives.
surcharges sont constituées en élargissant les emprises par :
Les essais de laboratoire conventionnels, monotones ou cycli-
– réduction des pentes ; ques non drainés, pointent la situation particulière des sables
– construction de remblais adjacents ; lâches et saturés, qui sont instables et dotés d’une faible résis-
– mise en place de recharges latérales stabilisatrices. tance résiduelle. Cela n’exempte pas les sables moyennement
■ Caissonnage denses à denses, dans lesquels se produit une accumulation des
déformations au cours des cycles.
Le confinement par caissonnage consiste à réaliser un réseau
de murs dans le sol de façon à former des cellules confinant le Cette dualité ne se présente pas dans les argiles, sauf les argiles
sol. Il limite les déformations et les contraintes de cisaillement sensibles. La question porte alors sur la frontière à fixer dans les
pendant les séismes (figure 20). sols intermédiaires sablo-limoneux, entre les sols de type sable et
les sols de type argile. La tâche est difficile car, avec la nature des
■ Inclusions sols et leur état, de nombreux facteurs contrôlent la liquéfaction
La présence de renforcement rigidifiant le sol, comme les inclu- des sols.
sions rigides, entraine, lorsqu’elles sont en densité suffisante, une En matière de reconnaissance géotechnique des sites, la qualifi-
diminution de la distorsion moyenne dans le volume de sol ren- cation de la susceptibilité à la liquéfaction des sols s’effectue au
forcé, et donc une diminution de la sollicitation sismique vue par moyen d’essais in situ, dont le développement a connu un essor
le sol. important. En pratique, et malgré l’intérêt qu’ils présentent au
Si les inclusions ne sont pas en densité suffisante, l’augmenta- plan mécanique, les essais de laboratoire demeurent en prise avec
tion de raideur dans le sens horizontal est peu significative. le problème des prélèvements représentatifs qui posent beaucoup
de difficultés dans les sols lâches peu consolidés, fins ou gros-
siers.
6.3 Amélioration du drainage du sol Avec l’enrichissement des bases de données fondées sur des
retours d’expériences, l’évolution des méthodes et les nouveaux
L’amélioration de la capacité de drainage du sol joue à types d’essais in situ contribuent à améliorer les pratiques de
l’encontre de l’accumulation des pressions interstitielles dans la caractérisation des sols, qui s’avèrent toujours plus exigeantes
couche de sol. Elle s’obtient par substitution des sols, rabattement pour mieux servir les protocoles d’identification de l’aléa et les
de la nappe, ou la mise en place de drains verticaux. codes de conception des projets de constructions.
Le fonctionnement du dispositif doit être pérenne en prévenant Les nouvelles méthodes d’études des sites apportent une vision
les colmatages, par exemple. très riche du problème de la liquéfaction des sols, quand des ana-
lyses détaillées peuvent être menées à bien, qui dépassent les
■ Substitution des matériaux simples observations de surface.
Dans ce cas, la substitution consiste à remplacer le sol par un L’instrumentation des sites donnent un éclairage précieux sur
matériau compacté plus perméable. les sollicitations et les réponses des couches superficielles pen-
■ Rabattement permanent de la nappe dant les mouvements forts, à l’échelle des sites et des ouvrages.
Le rabattement permanent de la nappe supprime le risque de L’application conjointe des méthodes de caractérisation au
liquéfaction des sols dans la couche désormais hors d’eau. laboratoire, in situ et en vraie grandeur offre de nouvelles pers-
pectives. Cela concerne tout particulièrement la problématique de
■ Réseau de drains la caractérisation de sols limoneux et argileux, qui doit être appro-
Les réseaux de drains servent à réduire le taux d’accumulation fondie et, plus largement, celle des sols dans leur état naturel.
des pressions interstitielles dans la couche de sols pendant la Dans le domaine des risques sismiques, la liquéfaction des sols
durée du mouvement sismique. est connue comme un effet induit redoutable pour ses enjeux

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humains et ses enjeux économiques. Des progrès de la connais- À la fois les sols denses et les sols lâches sont le siège de trans-
sance sont encore attendus pour améliorer sa prise en compte formations de phase en montrant un comportement contractant
dans les projets de construction où la mauvaise connaissance du sous les faibles rapports de contraintes (rapport entre la
terrain pèse lourd dans le contexte socio-économique. contrainte de cisaillement et la contrainte effective normale) et un
comportement dilatant pour les grands rapports de contraintes.
Cette étape est importante lorsque la liquéfaction initiale s’amorce
et après son apparition.
8. Glossaire Cette notion joue un rôle important, car elle détermine le niveau
des déformations permanentes qui se développent dans un mas-
sif liquéfié.
Liquéfaction
Résistance en régime continu (en anglais « Steady state stren-
Terme utilisé pour décrire des phénomènes dans lesquels la gth »)
génération de la pression interstitielle en excès amène au radou-
cissement et/ou à l’affaiblissement significatif de la résistance du La résistance au cisaillement d’un sol en écoulement continu
sol. sous une contrainte de cisaillement constante, une pression effec-
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tive de confinement constante, à volume constant et à vitesse


Ce terme recouvre plusieurs phénomènes physiques différents, constante.
tels que l’écoulement par liquéfaction et la mobilité cyclique, qui
sont définis plus bas. Résistance résiduelle (en anglais « Residual strength »)

Écoulement par liquéfaction (en anglais : « Flow liquefaction ») La résistance au cisaillement qui peut être mobilisée dans un
élément de sol quand celui-ci est cisaillé pendant un chargement
Phénomène qui apparaît quand la liquéfaction est initiée dans monotone jusqu’à de très grandes déformations.
un sol dont la résistance résiduelle est plus petite que la résis-
La résistance résiduelle est souvent calculée par des rétro-ana-
tance nécessaire pour assurer l’équilibre statique du milieu (les
lyses de glissement par écoulement à la suite d’évènements histo-
contraintes motrices sont en excès par rapport à la résistance rési-
riques. Mais l’estimation de cette résistance peut être affectée par
duelle).
les effets de drainage partiel, de redistribution des pressions
Ce type de rupture ne se produit que dans les sols lâches de interstitielles ou de redistribution des vides et autres, et s’écarter
faible résistance résiduelle. Il peut conduire à des déformations ainsi de la résistance en régime continu mesuré en laboratoire.
extrêmement grandes (glissement de type écoulement).
Sensibilité d’une argile (en anglais « Clay sensibility »)
Toutefois, ces déformations sont effectivement entraînées par La sensibilité d’une argile qualifie la réduction de sa résistance
les contraintes de cisaillement statique. Les cas d’écoulements par au cisaillement sous l’effet d’une perturbation quelconque d’ordre
liquéfaction sont relativement rares en pratique, mais ils peuvent mécanique, par déstructuration ou la conséquence d’un charge-
être la cause d’immenses dégâts. ment monotone ou cyclique. Elle est définie par le rapport entre
Mobilité cyclique (en anglais : « Cyclic mobility ») sa résistance au cisaillement non drainée dans son état naturel et
sa résistance au cisaillement non drainée dans un état remanié.
Phénomène pendant lequel les contraintes de cisaillement cycli-
que produisent des pressions interstitielles dans un sol dont la Ces argiles sensibles se rencontrent dans des pays nordiques
résistance résiduelle est plus grande que celle qui est nécessaire en lien avec un processus particulier de dépôts glaciaires (Canada,
pour assurer l’équilibre statique du milieu. Suède, Norvège).
Ce mécanisme se manifeste souvent in-situ sous la forme de Différentes classifications de la sensibilité des argiles sont en
déplacement latéral (lateral spreading), processus d’accumulation usage.
de déplacements permanents sous l’effet des contraintes sta- La granulométrie
tiques pendant la durée d’un séisme. Ces déformations peuvent
advenir aussi bien dans des sols relativement denses que des sols La granulométrie est la mesure de la distribution des dimen-
lâches avec des amplitudes plus ou moins prononcées. sions des grains.
Argilosité
Quand elles produisent une redistribution des vides au voisi-
nage de couches imperméables, les surpressions interstitielles L’argilosité est un indicateur de l’interaction des argiles avec
engendrées par mobilité cyclique peuvent entraîner un écoule- l’eau, d’après les limites de consistance ou la valeur au bleu de
ment du sol après la fin du séisme. méthylène. Les limites de consistance d’un sol sont définies par la
limite de liquidité wL, la limite de plasticité wP et l’indice de plasti-
Rapport de pression interstitielle ru (en anglais « Pore pressure
cité ;
ratio »)
Le rapport entre la surpression interstitielle et la contrainte
effective initiale, en pour-cent. Ce rapport est généralement
proche de zéro au début du chargement cyclique (in-situ ou en
laboratoire).
Sigles, notations et symboles
Les contraintes effectives deviennent nulles quand il atteint
100 %.
Symboles Descriptions Unités
Liquéfaction initiale (en anglais « Initial liquefaction »)
Condition dans laquelle les contraintes effectives s’annulent σ Contrainte totale Pa
dans un sol, au moins momentanément (rapport ru = 100 %).
Contrainte effective Pa
La raideur du sol est très faible dans cette situation, voire nulle,
mais la dilatance peut avoir tendance à maintenir une résistance Contrainte horizontale effective Pa
au cisaillement non nulle au cours d’un chargement monotone.
Transformation de phase (en anglais « Phase transformation ») Contrainte verticale effective Pa
Étape dans laquelle les variations de volume d’un sol liquéfiable
passent du mode contractant au mode dilatant. Contrainte effective radiale Pa

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LA LIQUÉFACTION DES SOLS SOUS L’EFFET DE SÉISMES ___________________________________________________________________________________

Sigles, notations et symboles Sigles, notations et symboles

Symboles Descriptions Unités Symboles Descriptions Unités

q Déviateur Pa FSL Coefficient de sécurité FSL = CRR / Sans unité


CSR
τ Contrainte de cisaillement Pa
rd Coefficient de réduction de la Sans unité
Cohésion effective Pa contrainte de cisaillement
sismique avec la profondeur
Angle de frottement interne (°)
effectif f Fréquence Hz

u Pression interstitielle Pa Mc Pente de la droite de Coulomb en Sans unité


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compression dans le plan (p, q)


ru Coefficient d’accroissement de la Sans unité
pression interstitielle ou taux de Me Pentes des droites de Coulomb Sans unité
pression interstitielle, en extension dans le plan (p, q)

e Indice des vides Sans unité N Nombre de cycles Sans unité


e0 Indice des vides initial Sans unité Ne Nombre de cycles équivalents Sans unité
w Teneur en eau %
Ny Nombre de cycles pour atteindre Sans unité
un critère donné
Sr Degré de saturation %
SA Simple amplitude
ID Indice de densité ID = (emax – e)/ Sans unité
(emax – emin)
DA Double amplitude
IP Indice de plasticité Sans unité
ΔqSA Simple amplitude du déviateur Pa
G Module de cisaillement du Pa
matériau εa Déformation axiale Sans unité

D Amortissement Sans unité Δεa SA Simple amplitude de la Sans unité


déformation axiale
CSR Sollicitation cyclique normalisée Sans unité
induite par le séisme Δεa DA Double amplitude de la Sans unité
déformation axiale
CRR Résistance cyclique normalisée Sans unité
du sol γ Déformation de cisaillement Sans unité

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La liquéfaction des sols sous l’effet R
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À lire également dans nos bases


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travaux publics (2014). tiques et Stabilité Sismique, [C 253] (2018). JAVELAUD (E.) et SEMBLAT (J.F.). – Effets de site
PLUMIER (A.). – Séismes et bâtiments – Conception Sismiques pour les ouvrages de Surface, [C
BRÛLÉ (S.) et CUIRA (F.). – Bases de l’interaction 260] (2017).
et normes parasismiques. [C 3 291], Construc-
Sol – Structure Sous Séisme – Principe géné-
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AMAR (S.) et JEZEQUEL (J.-F.). – Propriétés méca-
niques des sols déterminées en place. [C 220] REIFFSTECK (P.). – Stabilité des pentes – Glisse-
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Code Aster http://www.code-aster.org

Sites Internet
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http://www.afps-seisme.org http://www.geerassociation.org

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____________________________________________________________________________________ LA LIQUÉFACTION DES SOLS SOUS L’EFFET DE SÉISMES


P
O
U
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lidé non drainé. Essai CU+u conso- E
lidé non drainé. Essai CD consolidé

IAEA Safety Standards,


aspects géotechniques drainé
N
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No. NS-G-3.6 2004 Geotechnical Aspects on Site Eva- Partie 2 : Reconnaissance des ter-
luation and Foundations for Nuclear rains et essais
Power Plants
ASN 1985 Règle Fondamentale de Sûreté NF P 94-119 1995 Sols : reconnaissances et essais. S
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n°I.3.c relative aux études géolo- Essai au piézocône


giques et géotechniques du site,
détermination des caractéristiques
des sols et études du comportement
du terrain
NF P 94-059 2000 Sols : reconnaissance et essais.
Détermination des masses volu-
A
ETC-C (Édition 2012) Règles de conception et de construc-
miques minimales et maximales des
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tion des centrales électro-nucléaires,
Code technique pour les travaux de
génie civil EPR (AFCEN)
NF EN ISO 22475-1 2007 Méthodes de prélèvement (des sols)
et de mesurages piézométriques O
RCC-CW (Édition 2015) Rules for Design and Construction of
PWR Nuclear Civil Works
NF EN ISO 22476-3 2005 Sols : reconnaissance et essais géo-
techniques – Essais en place. Par-
tie 3 Essai de pénétration au
I
JSCE 2000 Earthquake resistant design codes in
Japan, Part 4 : Earthquake resistant
carottier
R
NF EN ISO 14688-1 2003 Reconnaissance et essais géotech-
design of port facilities niques. Dénomination, description et
classification des sols. Partie 1 :
Dénomination et description
NF P 11-300 1992 Exécution des terrassements. Classi-
fication des matériaux utilisables
dans la construction des remblais et NF EN ISO 14688-2 2005 Reconnaissance et essais géotech-
P
des couches de forme d’infrastruc- niques. Dénomination, description et
tures routières classification des sols. Partie 2 : Prin-
cipes pour une classification L
U
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S
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construction parasismique applicables aux bâtiments de la classe dite « à la prévention des risques accidentels au sein des installations classées pour
risque normal ». la protection de l’environnement soumises à autorisation.
Arrêté du 19 juillet 2011 modifiant l’arrêté du 22 octobre 2010 relatif à la
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bâtiments de la classe dite « à risque normal ». tions nucléaires de base.

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