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Support de cours : Analyse de l’action de l’enseignant / Semestre 2 (2022/2023) Mohamed Sami Bouzid

ISSEP Ksar Saïd


3ème année LIEM

Les compétences de l’enseignant

L’enseignant est d’abord en relation avec ses élèves. Il prépare pour eux des situations d’apprentissage. Il les
met en œuvre, les anime et évalue ce que les élèves ont appris. Il ajuste ses enseignements si nécessaire.

L’enseignant crée un climat propice à l’apprentissage, calme, détendu mais stimulant dans lequel
chacun se sent en sécurité.

La vie de l’enseignant ne se limite pas à la vie en classe, il continue constamment à se former, s’informer et
échanger avec d’autres professionnels afin de maintenir un niveau important d’expertise tant dans les
contenus à enseigner que dans les méthodes d’enseignement. L’enseignant n’est pas un simple exécutant, il
porte un regard critique sur le savoir scientifique qui lui permet d’ajuster, d’imaginer de nouvelles approches
et d’innover dans la manière d’enseigner.

L’enseignant n’agit pas seul en classe. Il est en perpétuelle collaboration avec ses collègues : il sait travailler
en équipe. Il crée également des relations de partenariat avec les familles des élèves de l’école, ainsi qu’avec
les associations et les institutions avec lesquels il est en lien.

Toute son action s’effectue dans un cadre déontologique (ensemble des règles et des devoirs qui régissent
une profession) et éthique (ensemble des conceptions morales). Enfin, la communication est au cœur de
l’ensemble de ses actes tant avec ses élèves qu’avec ses collègues, les parents et l’extérieur.

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Parmi les compétences que doit maitriser l’enseignant la compétence de gestion de classe figure
comme l’une des plus importantes.

1/La gestion de classe


La plupart des auteurs s’entendent pour dire que la gestion de classe est l’ensemble de stratégies et de
procédures nécessaires dans l’établissement et le maintien d’un environnement favorisant l’enseignement et
l’apprentissage ainsi que dans la gestion et la prévention efficaces des problèmes de comportements
(Martineau et al., 1999).

« L’ensemble des pratiques éducatives auxquelles l’enseignant a recours afin d’établir et de maintenir un
environnement d’apprentissage ordonné et de faire une utilisation efficace du temps favorable au
développement des compétences des élèves ». Wubbels (2011)

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La gestion de classe est considérée comme une des compétences majeures requises chez tout enseignant.
C’est une compétence professionnelle à acquérir et à développer tant en formation initiale qu’en formation
continue. Dans le monde de l’éducation, elle est indispensable à l’établissement de l’ordre en classe et de la
confiance en soi de l’enseignant particulièrement en début de carrière où les préoccupations prioritaires
des enseignants sont le contrôle de la classe et son organisation ainsi que la discipline

En formation initiale, le stage de préparation à la vie professionnelle (pédagogie pratique) constitue la


première mise à l’épreuve des étudiants stagiaires sur le terrain professionnel. Le stage est déterminant dans
la formation des futurs enseignants d’éducation physique censés acquérir, entre autres, la compétence de
gestion de classe. Pour Tardif (2006), le stage est considéré comme le « coeur de la formation » et c’est à ce
moment que les stagiaires connaissent les véritables confrontations aux problèmes d’apprentissage et
d’enseignement.

La gestion de classe présente plusieurs dimensions notamment l’organisation du groupe,


l’établissement de règles et procédures, la réaction aux problèmes de comportement, la supervision,
l’accompagnement de l’élève dans l’accomplissement de sa tâche pour le maintenir motivé et
l’encourager, interagir positivement avec les élèves, etc. D’autre part, un des aspects importants de la
compétence de gestion de classe est le temps. La gestion du temps se révèle parmi les indicateurs
susceptibles de favoriser le bon déroulement de la classe. Donc les habiletés de gestion de classe sont
étroitement liées avec les gains d’apprentissages des élèves : Elles maximisent l’engagement des élèves dans
leurs tâches.

La planification est la base d’un système de gestion de classe efficace : « l’activité qui tend à systématiser la
séquence des actions de l’enseignant dans le cadre spatiotemporel d’une salle de classe en vue de construire
l’apprentissage». La planification est donc perçue comme une anticipation de l’action grâce à quoi
l’enseignant a plus de chance de réussir sa séance. Suivi d’une bonne organisation et d’un mode de
supervision efficace, préparé de cette manière, nous parlons donc d’une approche préventive de la gestion
de classe basée sur la planification, l’organisation et la supervision (POS).

Cette conception de la gestion de classe préventive a pour effet de créer un climat d’apprentissage ordonné
où l’enseignant devra planifier un système permettant d’établir et de maintenir l’ordre et la discipline par
l’organisation de son enseignement.
Il devra alors établir des routines des règles et des procédures dès le début de l’année et organiser les
élèves, les espaces et le matériel et assurer la supervision (contrôle) de son enseignement en employant des
stratégies efficaces de guidage et de régulation.
Ce modèle permettra à l’enseignant de maximiser l’apprentissage et de maintenir l’ordre ce qui aura une
conséquence directe sur ses croyances d’efficacité.

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2/Les styles de gestion de classe

Les styles de gestion de classe


Un facteur important va grandement influencer la gestion de classe:
le style de gestion Chaque personne a sa propre personnalité.

Autre fois : L’enseignant dirigeait par commande et l’élève était


passif et soumis. Pour remettre à l’ordre les comportements des
élèves, jugés inappropriés, l’enseignant avait recours aux punitions.

Aujourd’hui: Avec les nouvelles conceptions des systèmes éducatifs


et les nouvelles approches de gestion de classe, l’autonomie et la
responsabilité de l’élève est préconisée et mise en avant:
« L’élève est au centre du processus E/A »

Quel style de gestion adopter


Y a-t-il un style plus efficace qu’un autre 45

*Les 4 styles de gestion de classe

1/ Autocratique : L’enseignant autocratique exerce un contrôle sur ses élèves. Ses classes sont souvent
silencieuses. Cet enseignant préfère une discipline vigoureuse.

Il crée le climat pour l’obtenir. Dans ses groupes, les élèves doivent suivre les consignes. L’ enseignant
autoritaire intervient rapidement auprès d’un élève indiscipliné. Il laisse peu de place aux explications,
justifications et aux histoires de vie. Il ne tolère pas les absences. Ce style permet peu l’émergence de buts
personnels et de motivation intrinsèque.

2/Autoritaire : L’enseignant autoritaire exerce un contrôle sur ses élèves mais encourage leur
indépendance. Il explique souvent la raison d'être des règlements et décisions. Si l’élève est indiscipliné,
l’enseignant démocratique le remet fermement à l’ordre mais poliment. Il permet les interactions verbales
même jusqu'aux débats critiques. Les élèves peuvent interrompre l’enseignant s'ils ont une question
pertinente: l’enseignant est un facilitateur

3/Laisser faire : L’enseignant exerce peu de discipline. Il craint de faire de la peine aux élèves et a, plus
souvent qu’autrement, de la difficulté à appliquer les règlements. Il croit profondément que si l’élève est
indiscipliné, c’est qu’il ne reçoit pas assez d'attention; s’il interrompt le cours, c’est qu’il a sans doute
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quelque chose d'important à dire. Cet enseignant n’exige pas. La discipline est à la merci des situations
«humaines ». Il ne voit pas de distinctions claires entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle…

4/Indifférent : Cet enseignant ne veut pas s'imposer. Les élèves « passent à travers » ses cours sans trop
de « séquelles ». Les élèves ne se plaignent jamais de la lourdeur de la tâche, ni de la rigueur de sa
discipline! Cet enseignant n’est pas celui qui propose d’organiser des sorties ou des projets spéciaux. Une
fois son matériel pédagogique choisi, il utilise le même d'une année à l'autre.

3/Les croyances d’efficacité : Le sentiment d’efficacité personnel "SET" (sentiment


d’auto-efficacité).
Les premiers moments dans lesquels se vivent les premiers pas en enseignement ont une forte influence sur
le niveau d’efficacité de réussite de l’enseignant à travers les années.

Selon Bandura 4 sources sont susceptibles de construire et développer le SET d’un


individu :
1/ L’expérience maitrisée : Il s’agit de vivre des actions/situations réussie

L’expérience réussie ou maitrisée peut construire un sentiment fort d’autoefficacité surtout si elle présente
un certain dépassement des obstacles présents. En travaillant sur cette stratégie, les enseignants (surtout
débutants et stagiaires) arrivent à gérer la classe plus efficacement, entre autres, ils sont plus habiles à
résoudre les problèmes, adoptent des pratiques plus innovantes

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2/ L’expérience vicariante : Il s’agit de se comparer aux autres. Le fait de s’évaluer par rapport aux autres
permet d’augmenter ou de diminuer le sentiment d’autoefficacité. Dans un contexte donné, surpasser ses
pairs favorise l’augmentation du sentiment d’autoefficacité.

3/ La persuasion verbale : Il s’agit de forme d’encouragements positifs, de rétroactions, critiques et


conseils ou d’évaluations. Lorsqu’on persuade verbalement les personnes qu’ils sont compétents et capables
de réaliser telle ou telle tâche, ces personnes-là auront plus de chances de réussir en produisant plus d’efforts
et en persévérant que ceux qui doutent de leurs propres capacités quand surviennent les moindres difficultés.

4/ L’état physiologique et émotif : Il s’agit de l’état physiologique et émotif perçu par l’individu. Les
sensations éprouvées par la personne au cours d’une activité sont significatives sur le sentiment d’autoefficacité.
Tous les indicateurs émotionnels comme le stress, la fatigue ou encore la panique sont jugés comme des signes
de faiblesse et de vulnérabilité chez l’individu. A l’inverse, comme le fait remarquer Gaudreau (2011) le plaisir
et le bien-être éprouvé au cours d’une expérience influe favorablement le développement du sentiment
d’autoefficacité ce qui en conséquence favorise positivement la reproduction d’un même comportement.

Conclusion : Ces quatre sources d’influence sur le sentiment d’autoefficacité agissent par un processus de
persuasion sur le développement et la consolidation du sentiment d’autoefficacité de l’individu. Pour
Bandura (1997), c’est en début de carrière que le sentiment d’autoefficacité est plus susceptible de se
développer. Il souligne que l’expérience vécue est celle qui a le plus d’influence sur le développement du
sentiment d’autoefficacité et que les autres sources auraient plus d’influence en début de carrière.

Références bibliographiques :
Mohamed Sami Bouzid (2018). Conception et évaluation d'un dispositif de formation en gestion de classe
destiné aux futurs enseignants d'éducation physique. Thèse de doctorat, Institut Supérieur de L’Education et
de la Formation Continue, DISEMEF Didactiques, Sciences de l’enseignement, Métiers de l’Education et de
la Formation.

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A retenir impérativement

Apprendre : Instruire : Éduquer


Apprendre « Changement de comportement d'un sujet
(ici: l’élève) face à une situation donnée par le fait que cette
situation à été expérimentée/répétée plusieurs fois ».
Instruire « Communiquer un certain nombre de
connaissances à nos élèves, qui sont fixées par les programmes
scolaires du Ministère de l’Éducation » - «Transmettre des
connaissances et des savoirs »
Éduquer - « Il s’agit de donner, aux élèves, les
savoir-être et les savoir-faire utiles à la vie sociale».

Enseigner « Le fait d’agir et intervenir de


façon à ce que l’élève apprenne et progresse ».
(Dans un cadre institutionnel)
https://www.montpellier3m.fr/sites/default/files/mag/pdf/20131003/p10-11.pdf
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