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INTRODUCTION
La problématique de l’autorité de l’enseignant de la conduite de sa classe revêt, sans conteste,
une actualité et une acuité certaines. En effet, des situations mettant en lumière l’autorité, dans
le processus Enseignement / Apprentissage, sont de plus en plus récurrentes.
Considérée comme le pouvoir de commander, d’imposer, de décider conféré à l’enseignant
dans sa relation avec l’apprenant, cette autorité tend progressivement à être dénuée de sa
teneur initiale revêtant ainsi un caractère, on ne peut plus, libéraliste. Aussi, plusieurs théories
s’affrontent - ils sur le terrain pédagogique dans l’objectif d’offrir à l’enseignant des outils
plus diversifiés et indispensables dans la réussite de la conduite de sa classe. De ce fait
l’enseignant, plus outillé, devra adapter les différentes possibilités qui lui sont offertes aux
réalités de la classe. En d’autres termes, la gestion de l’autorité de l’enseignant est
inéluctablement tributaire des élèves mis sous sa responsabilité.
Dans les lignes qui suivent nous analyserons, de manière détaillée, les différents types
d’autorité (gestion autoritaire, la non directivité, la pédagogie institutionnelle) ; les critiques
analytiques et, in fine, proposerons une Approche conciliante tenant compte de tous les
paramètres susceptibles d’améliorer ou perturber la réussite de la conduite de la classe.
I- LA GESTION AUTORITAIRE
L’autorité de l’enseignant est ici analysée dans du point de vue de la relation dominant -
dominés. En effet, le pouvoir de l’enseignant est total comme celui du maître et de l’esclave.
Aussi, convient-il d’en présenter les Caractéristiques (A), le Courant pédagogique
correspondant (B) ainsi que le Pionnier (C).
A- Les Caractéristiques de la gestion autoritaire
L’enseignant autoritaire impose sa volonté dans la conduite dans la conduite de sa classe sans
tenir compte de l’élève, de son point de vue, de ses sentiments. L’enseignement exerce une
autorité absolue et use des sanctions pour non seulement maintenir l’ordre mais et également,
et surtout, instaurer un rapport de force qui lui par-dessus tout, favorable. Ce rapport de force
est comparable à celui du maître et son esclave. L’esclave est tenu de respecter toutes
décisions prises par son maître, y compris celles qui lui sont compromettantes. De ce fait,
aucune situation de désobéissante n’est, en principe, pas envisageable. Cette pratique est
généralement de mise dans des régimes totalitaires, au sein desquels la visée politique est
d’annihiler toutes velléités démocratiques. C’est donc dire qu’au sein de ces régimes, les
programmes pédagogiques sont conçus pour les besoins des autorités et l’enseignant, n’en est
que la continuité.
B- Le Courant pédagogique correspondant
Le courant pédagogique correspondant à la gestion autoritaire dans la conduite de la classe est
incontestablement le Behaviorisme. De l’anglais " behavior " qui signifie " comportement ",
ce courant est inventé par l’américain John Broadus Watson. Ce terme a été usité pour la
première fois en 1913 dans un article mettant en exergue le comportement comme objet
d’étude. Généralement de mise dans les pays anglo-saxons, cette théorie pédagogique met un
accent particulier sur le résultat obtenu que sur l’élève à proprement parlé. En d’autres termes
l’enseignant, dans la conduite de sa classe, porte exclusivement son attention sur le résultat
escompté que sur l’élève, acteur à part entière du processus Enseignement / Apprentissage.
Cette théorie renforce, à n’en point douté, l’autorité de l’enseignant dans la mesure où l’élève
est amené à reproduire in extenso ce qu’il voit et écoute sans qu’il ne soit capable de donner
son avis à quel que niveau que ce soit. La sanction est l’instrument par excellence de
vérification des savoirs acquis. En effet, cette sanction revêt à la fois un caractère incitateur et
coercitif permet à l’enseignant de récompenser les élèves en situation de réussite d’une part et
d’inciter ceux, en situation d’échec d’autre part.
Prenons l’exemple pratique d’une situation d’Enseignement / Apprentissage dans laquelle
l’enseignant fait recours au behaviorisme : l’enseignement des verbes du premier groupe au
futur simple de l’indicatif en espagnol dans une classe de quatrième (4 ème). L’enseignant
élabore non seulement les savoirs, le résumé mais s’attend à ce que les productions des élèves
soient conformes au résumé élaboré en amont. Cette démarche présente pour l’enseignant un
double avantage. Elle permet d’une part d’affirmer son autorité en imposant des taches à
exécuter et d’autre à exiger les résultats par lui voulus. C’est donc dire que la théorie
behavioriste fait l’apologie de la mémorisation des savoirs par l’élève dans la mesure oú il est
amené à réciter in extenso la leçon telle que transmise par l’enseignant.
B- Pionner (défenseur du principe)
Le principe de l’autorité de l’enseignant dans la conduite de sa classe a été en grande partie
soutenu par Alain. De son vrai Emile - Auguste Chartier, Alain est un philosophe, journaliste,
essayiste et professeur de philosophie français né le 3 mars 1868 à Mortagne - au - Perche et
mort le 2 juin 1951 au Vésinet. Dans cette célèbre maxime "contraindre pour mieux libérer",
Alain met en exergue l’autorité de l’enseignant comme une technique pédagogique. La
méthode sévère comme la traduction de l’autorité de l’enseignant. La définition et la pratique
qu’Alain accorde à l’autorité découlent directement réflexion approfondie sur les préalables
qui conditionnent à la fois le rôle attribué à l’enseignant et aux outils dont il dispose pour
parvenir à ses objectifs. De ce fait, l’autorité devient un instrument éducatif naturel puisqu’il
découle de la nature même des éduqués. Par ailleurs la classe, selon Alain, est un
rassemblement d’enfants qui ne sont plus tenus par les sentiments familiaux, par des règles du
jeu ou par le respect social. De ce fait, livrée à elle-même, la classe est un être mécanique sans
aucune pensée, très différente des individus qui la composent. L’enseignant doit donc faire
usage de son autorité afin de créer l’ordre et la discipline, indispensables pour la conduite
efficace de la classe. Il ne s’agit en aucun cas d’autoritarisme mais plutôt d’empêcher
l’apprenant non seulement de perturber le climat de sérénité qui prévaut mais également et
surtout l’initier principe de respect des lois sociétales. Former un homme avant tout est, pour
Alain, lui apprendre la liberté et la volonté qui la conditionnent. Et pour cela, il faut être dur
avec l’élève, car la volonté ne s’exerce pleinement que dans la difficulté et dans le labeur.
Ainsi, l’autorité de l’enseignant et la discipline qu’elle vise s’appuient sur une méthode
pédagogique précise qu’Alain nomme " méthode sévère ". Elle détermine les conditions dans
lesquelles les apprenants évoluent et apprennent. Par conséquent un manque d’autorité peut
être générateur de chahut et donc d’inattention.
La théorie d’Alain a le mérite de mettre au gout du jour la résolution des questions liées à
l’insécurité dans les classes. En effet l’enseignant, en exerçant pleinement son pouvoir,
facilite le bon déroulement des activités pédagogiques d’une part et protège les élèves plus
faibles face aux plus forts, d’autre part. Autrement dit, dans cette foule que constitue la classe,
il existe des élèves physiquement faibles et généralement objet à des actes de violence de la
part de leurs camarades, les poussant dans la majorité des cas à l’abandon. Sur cette base,
l’enseignant joue l’indispensable rôle de protecteur de ces plus faibles, car en instaurant
l’ordre et la discipline dans la conduite de sa classe, il crée ipso facto dans chaque élève le
sentiment du respect scrupuleux de l’autre. C’est dire que l’enseignant autoritaire, loin de
terroriser l’apprenant, joue l’indispensable rôle de garant de l’ordre et du respect des règles
par lui définies.