Vous êtes sur la page 1sur 6

Dr Lifa Nacer-Eddine

Professeur de l’Enseignement Supérieur


Formation PEPM

Le triangle pédagogique :
Un outil de réflexion

Méthode pédagogique = mode de gestion des relations entre le professeur, les


apprenants et le savoir

1
Pôle du savoir

- démarche spécifique organisant les connaissances


- notions de pré-requis dans les connaissances
- objectifs en fonction de l'âge des enfants
- logique disciplinaire (ex : géographie et cartes)
- programmations
- didactique
- etc.

 si pôle trop fort : dérive programmatique (maître qui fait une conférence)

 si pôle trop faible : manque de contenus

Pôle de l'élève

- prise en compte de l'état psychologique de l'élève, des capacités d'attention, des styles cognitifs, des rythmes
de travail, des différences de niveau…

 si pôle trop fort : dérive psychologique (écoute passive des aspirations de


l'élève, concentration sur ses processus d'apprentissage au détriment de ce
qu'il convient d'apprendre...)

 si pôle trop faible : violence faite à l'enfant dans son intégrité

Pôle du maître

- formation, savoirs, expérience, tempérament...


- enseignant "expert"
- pédagogie du modèle
- etc.

 si pôle trop fort : dérive démiurgique (maître qui croit à la toute puissance de sa parole, à la maléabilité
de l'esprit)

2
 si pôle trop faible : absence d'identification au maître, absence de l'envie de
lui faire plaisir

APPRENDRE: axe Elève - Savoir ou axe cognitif

Comment l'élève s'approprie-t-il le savoir ?


- contrats, projets,
- évaluation, diagnostic du champ cognitif,
- situations problèmes,
- prise en compte de l'erreur,
- explicitation des procédures,
- processus d'apprentissage
-…

FORMER: axe Maître - Elève ou axe formatif

Comment le maître et l'élève sont-ils en relation ?


- Atmosphère de classe ( ambiance)
-…

3
ENSEIGNER: axe Maître - Savoir ou axe sommatif

Comment le maître se situe-t-il par rapport au savoir ?


- théories de Bloom, Skinner ...
- le guidage
- pédagogie du programme

Le Triangle Pédagogique selon l’approche de Houssaye

Schéma interactif des situations d'enseignement


Différentes options de modélisation des situations d'interaction pédagogique
existent, principalement issues des sciences de l'éducation. Le cadre théorique du

4
triangle pédagogique, proposé par Jean Houssaye (2000), est sans doute l'un des
plus répandus mais surtout des plus adéquates à traiter de la question des
interactions en elles-mêmes.

Cette conceptualisation pose trois acteurs : le professeur, le savoir, et les élèves.

Quant aux relations entretenues par ces acteurs, elles permettent de considérer
différemment chacun des liens intentionnels que ces objets entretiennent les uns aux
autres.

De ce fait chacun des doublons d'acteurs est unit par un processus particulier :
enseigner, former, ou apprendre

Selon Houssaye, chacun de ces processus est de nature intentionnelle (affective


selon sa terminologie), et la sélection d'un processus intentionnel, sélectionnerait
deux acteurs au détriment du troisième ainsi qu'au détriment des relations que
l'acteur "mort" pourrait avoir avec les deux autres acteurs.

Ainsi par le processus "enseigner" peut-on désigner une situation magistrale où


l'enseignant privilégiera son rapport au savoir et à l'évocation qu'il en fait : "Le
professeur fait exister le savoir et le savoir justifie le professeur".

Cela s'opérerait au détriment de sa relation avec l'élève mais par ailleurs forcerait
l'élève à se placer dan une relation passive, de "mort", vis-à-vis du savoir lui-même.

Le processus "apprendre" quand à lui, dominant dans les approches de


formation à distance, considère un processus intentionnel autonome que l'élève peut
développer vis-à-vis du savoir, que ce soit spontanément ou sur consigne.

Il développera ainsi une stratégie d'autoformation au dépend de sa relation au


professeur, professeur dont il marginalisera la position.

Le média entre l'activité "apprendre" et l'activité "enseigner" ne passe alors pas le


filtre du savoir.

Il est médié indirectement, par un support non in situ (livre, support e-learning, cd-
rom, etc.), et le procédé intentionnel qui relie le professeur au savoir deviendrait
invisible.

Enfin le processus "former" désignera la relation intentionnelle réversible du


professeur vers son élève.

5
Considérant le développement d'une relation de maître à élève, il privilégiera leur
contact interactif direct, de façon distincte du savoir qui ne devient plus l'objet de la
relation. Les protagonistes ne définiraient alors plus qu'un comportement à direction
de l'autre, la relation au savoir n'entrant alors plus dans le schéma d'activités ni de
l'élève ni du professeur.

C'est cette relation du professeur vers son élève qui nous intéressera, dans ce
qu'elle a pour objectif de développer les connaissances de l'élève.

A noter que si l'on reprend ce modèle dans la perspective d'une


optimisation des interactions au sein d'une offre de formation, on peut
projeter qu'optimiser une formation peut se faire par un travail :

1. sur la qualité des unités en jeu (formateur – formé - savoir) :


1.1. qualité des formés : choix du commanditaire
1.2. qualité du formateur : choix du responsable de la Formation
1.3. qualité du savoir : (définit en objectif) assumé par le responsable de
formation selon la contrainte d'inclusion au savoir du formateur ou (définit
en média) la structuration des médias de savoir.
2. sur la qualité des relations entre ces unités :
2.1. qualité de la relation formateur - formé
2.2. qualité de la relation formateur – savoir
2.3. qualité de la relation formé - savoir

Il est toutefois important de voir que les sciences de l'éducation se dotent, au travers
de ce type de modélisations, d'outils de description et de critiques des pratiques
éducatives, à utilité épistémique, plus que de modèles à validité ontologique. La
citation suivante de Houssaye lui-même, sur les conclusion qu'il tire de son travail de
modélisation, en est d'ailleurs une nette illustration :

"Toute pédagogie est articulée sur la relation privilégiée entre deux des trois
éléments et l'exclusion du troisième […] ; changer de pédagogie revient à changer de
relation de base"

Vous aimerez peut-être aussi