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LE DÉVELOPPEMENT DE LA PENSÉE

L’intelligence est souvent définie comme la capacité d’un individu à s’adapter à son
environnement social et physique. Cette capacité permet à l’individu de connaître et
comprendre son environnement, elle lui permet de se développer et d’apprendre (Huteau,
1999).

L’intelligence recouvre un ensemble de facultés cognitives : la pensée, le raisonnement, le


langage, la mémoire, l’apprentissage, la perception.

Les facteurs innées et acquis du développement de la pensée


 Courant innéiste : l’intelligence et son développement sont transmis par l’hérédité et
influencées par la maturation du corps et du cerveau.

 Courant environnementaliste : l’intelligence et son développement sont liés à des


facteurs externes à l’individu, tels l’environnement, notre éducation et de nos
apprentissages.

Ces deux courants sont étroitement liés : il y a une interaction entre l’inné et l’acquis.

Jean Piaget

Jean Piaget est l’un des grands représentants de l’approche cognitiviste qui s’intéressent au
développement de l’intelligence et des processus cognitifs, comme la pensée, la perception
etc.
Cette approche cherche à comprendre comment se développe la façon de penser et de
comprendre l’environnement à travers les âges de la vie, ainsi comment le développement de
l’intelligence influence les comportements et la personnalité.

Piaget découvre que l’enfant a une intelligence qui lui est propre, très différente de celle
des adultes.

Les observations détaillées de Piaget l’ont conduit à émettre l’hypothèse que par nature,
l’être humain s’adapte à l’environnement :
- Le milieu ne façonne pas l’enfant
- L’enfant cherche à comprendre son environnement de manière active : il explore,
palpe, examine les objets et personnes qui l’entourent.

Position scientifique
La théorie de Piaget est qualifiée de constructiviste : l’intelligence de l’enfant se développe et
se construit par l’action des enfants. Peu de compétences sont présentes à la naissance.

4 facteurs sont déterminants dans le développement de l’intelligence :


- La maturation du système nerveux
- L’expérience acquise à travers les actions effectuées
- La socialisation : l’enfant agit sur le monde extérieur, qui va répondre à cette action
par des interactions et transmissions sociales
- L’adaptation de l’individu à son environnement

L’adaptation : assimilation et accommodation


Ces mécanismes permettent à l’intelligence de l’enfant de progresser.

L’assimilation consiste à appréhender et à aborder le monde à partir des capacités cognitives


que l’enfant possède déjà : appliquer les comportements ou les raisonnements que nous
avons déjà développés.

L’accommodation consiste plutôt à modifier nos comportements ou nos raisonnements pour


tenir compte d’une situation nouvelle.
Face à une nouvelle situation, l’enfant tente de s’y adapter en la résolvant grâce à la boîte à
outils (moyens cognitifs) dont il dispose en assimilant le problème à du connu (assimilation),
si les outils dont l’enfant possède s’avèrent insuffisants, il sera contraint de modifier ses
possibilités intellectuelles en rendant sa boîte à outils plus abondante.

Exemple :

Les 4 stades de l’intelligence selon Piaget - chaque stade correspond à un fonctionnement


cognitif spécifique
1. Stade sensorimoteur (0 à 2 ans)
2. Stade préopératoire (2 ans à 6-7 ans)
3. Stade opératoire concret (6-7 ans à 12 ans)
4. Stade opératoire formel (12 à 16 ans)

Le stade sensorimoteur (0 à 2 ans) - l’action prime sur la pensée


- C’est le premier stade de développement de l’intelligence
- L’enfant découvre le monde à travers ses perceptions et ses mouvements
- Il communique avec le monde principalement par ses sens et ses actions motrices.
- Stade expérimental, pratique tâtonnant et non conceptuel
- L’objet n’existe que par son contact au toucher, son apparence et son goût dans la
bouche
Ex : Mael de 6 mois, manipule un bloc. Lorsque le bloc est hors de sa vue, Mael n’arrive plus
à y penser ni à se le représenter.

La permanence de l’objet (la permanence de l’objet est la conscience qu’un objet continue
d’exister même s’il n’est plus visible)
- 0 à 4 mois : suit un objet ou une personne jusqu’à ce qu’ils quittent son champ de
vision.
- 4 à 8 mois : s’intéresse à l’objet partiellement couvert
- 8 à 12 mois : cherche l’objet au premier endroit caché
- 12 à 18 mois : cherche l’objet au dernier endroit caché
- 18 à 24 mois : a acquis la permanence de l’objet. L’enfant cherche partout, puisqu’il
sait qu’il existe

Le stade préopératoire (2 ans à 6-7 ans) - la pensée précède l’action


- L’enfant accède à la pensée symbolique
- Il est capable de se représenter un objet et de l’évoquer en son absence.
- Utiliser des symboles pour représenter les objets, les lieux et les personnes
- Résoudre des problèmes mentalement (exemple : son jouer a roulé sous l’armoire.
L’enfant imagine qu’il pourra le récupérer avec le manche d’un balai.)
- Les premières fonctions symboliques apparaissent : commence à parler, à dessiner, à
regarder des livres d’images, à jouer à des jeux de rôle
- Imitation différée : imiter un modèle en son absence et après un certain délai.
- La pensée de l’enfant est essentiellement égocentrique (voit le monde selon son
propre point de vue), il a de la difficulté à se mettre à la place de l’autre et est
incapable de prendre conscience du point de vue des autres. Il n’est pas égoïste !
- Cette incapacité de comprendre le point de vue des autres s’étend aussi au domaine
des pensées et sentiments

Exemple : le jeu du cache-cache


L’enfant peut se cacher en se couvrant la tête d’un oreiller, même si son corps est découvert.
L’enfant pense que s’il ne peut pas voir les autres, les autres ne peuvent pas le voir non plus.

Exemple : les 3 montagnes (scène avec 3 montagnes en trois dimensions de différentes


formes et couleurs)
On demande à l’enfant de choisir la photographie qui représente le point de vue de la
poupée qui est placée à son opposé.
La plupart des enfants d’âge préscolaire choisissent deux fois la même photographie qui
illustre son propre point de vue/perspective.

Modes de raisonnement du stade préopératoire


- L’animisme : fait de croire que toutes les choses sont des êtres vivants doués
d’intention
Ex : quand les nuages sont tristes, il pleut.
- Le finalisme : tendance à expliquer n’importe quel phénomène en évoquant l’idée
d’un projet, d’un plan conçu par un être extérieur. Représente le monde par des
explications du type « pour que ».
Ex : le soleil se lève tous les matins pour nous éclairer.
- L’artificialisme : fait de croire que tout a été fait par les hommes.
Ex : les lacs ont été creusés par quelqu’un.
- Le réalisme : fait de croire que tout ce que l’on connaît existe dans la réalité. L’enfant
ne distingue pas encore ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.
Ex : l’enfant dessine 2 yeux sur un bonhomme de profil, car il sait qu’un être humain a 2
yeux ; l’enfant est convaincu que le monstre de son cauchemar existe.
- La centration : pensée intuitive – l’enfant est centré sur l’apparence des choses et n’a
pas de raisonnement logique. Il ne se concentre que sur un seul aspect d’une situation
en négligeant les autres. Il ne comprend que de façon très importante les notions
mathématiques et spatiales
Il acquiert la Notion de conservation : fait référence au fait que deux choses égales restent
égales même si leur apparence est changée et ceci tant qu’on ne leur rajoute ou ne leur
enlève rien.
- Irréversibilité : l’enfant n’arrive pas à faire mentalement l’opération inverse, par
exemple, il ne comprend pas qu’un liquide peut aller dans les deux sens.
Expérience sur la conservation
Si l’on transvide deux verres d’eau identiques et contenant la même quantité de liquide, l’un
dans un verre étroit et l'autre dans un verre évasé, l'enfant affirmera que le verre étroit
contient plus de liquide parce que le niveau d'eau monte plus haut. Il est centré sur un aspect
du problème et néglige les autres données.
Le stade opératoire concret (6-7 à 12 ans)
- l’enfant découvre qu’une logique gouverne les choses et les relations entre elles
(opérations concrètes : portent directement sur le réel).
- Le principe de décentration : l’enfant peut tenir compte de plusieurs aspects d’une
situation.
- comprendre la réversibilité : capacité de faire mentalement l’opération en sens
inverse, ceci lui permet de dépasser ses intuitions et d’être de plus en plus logique.
Il est aussi capable de :

- Classer : répartir les objets selon certaines caractéristiques. Ex : les jaunes d’un côté et
les rouges de l’autre.
- Sérier : ordonner une série d’objets selon une ou plusieurs dimensions. Ex : ordonner
les crayons du plus petit au plus grand.
- L’inclusion des classes : comprendre qu’un objet puisse appartenir à plusieurs
catégories. Ex : les chats sont des félins-les félins sont des mammifères-les
mammifères sont des animaux-les animaux sont des êtres vivants.
- Notion d’espace et de temps : il a une idée plus claire de la distance qui sépare un
endroit d’un autre et du temps qu’il faut pour parcourir cette distance
- Causalité : comprend de mieux en mieux les relations entre une cause et ses effets.
- Conservation : comprend désormais que deux quantités de matières égales restent
égales, même si leur apparence est modifiée :

Substance en nombre : 6-7 ans

Poids : 9-10 ans

Volume : 11-12 ans

Principe d’identité : l’objet reste le même, alors que sa forme a changé. Ex : l’enfant sait qu’il
y a la même quantité de pâte à modeler même si la forme a changé.

Le stade opératoire formel (12 à 16 ans) - période des opérations formelles

- Le jeune devient capable de manier les idées, les événements et les objets, connus ou
inconnus. Il organise ses idées de façon systématique.
- Caractéristiques :
- Pensée abstraite : le jeune est capable de réfléchir aux stratégies de résolution de
problème et il les étend à d’autres domaines.
- Raisonnement hypothético-déductif : le jeune formule une réflexion en « si…alors ».
- L’expérience du pendule : permet de vérifier l’acquisition de la pensée formelle. Au
lieu d’identifier de manière spontanée toutes les variables qui influence le
mouvement du pendule et de ne pas arriver à identifier les facteurs qui modifient la
vitesse d’oscillation, le jeune va procéder de façon systématique. Il va d’abord
identifier les variables qui peuvent influencer le mouvement du pendule, ensuite il va
émettre une hypothèse sur une variable et modifier seulement celle-ci afin de tester
son hypothèse.
- Acquisitions (les opérations formelles est le dernier stade du développement cognitif
selon Piaget) :
- Organisation systématique de la pensée : analyser, émettre des hypothèses et les
vérifier
- Le jeune est capable de prévoir la conséquence de ses actes sur du moyen/long
terme.
- L’adolescent devient apte à manier les idées, les événements et les objets connus. Il
est capable d’imagination et pense à des choses qu’il n’a jamais vues ou à des
évènements qui ne sont pas encore produits.

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