Vous êtes sur la page 1sur 95

Déontologie du métier

et éducation aux
valeurs
LE- FRANÇAIS SECONDAIRE- SEMESTRE 5
COURS DU PR. SOUAD REGRAGUIED
Références
• Enseigner les valeurs : conditions pour une éducation morale dans les EPLE
Jean-Christophe Torres

• Dans Administration & Éducation 2015/4 (N° 148), pages 77 à


84format_quote Citer ou exporter Ajouter à une liste Suivre cette revue

 - Ludwig Wittgenstein., 1922, Tractattus Logico philosophicus., USA

 -Johann Friedrich Herbart., 1806, La pédagogie générale

 Paul Ricœur., 1990, Soi même comme un autre, Paris: Seuil.

 Jean Jacques Rousseau.,1762: Emile ou de l’éducation, Paris, chez Nicolas


Bonaventure Duchesne.
 Emmanuel Levinas, 1961: Totalité et infini ., La Haye France
Plan du cours
 EM1: déontologie et éthique du métier de l’enseignement
 - Notion d’éthique du métier d’enseignement et pratiques
 déontologiques.
 - Responsabilité sociétale de l’éducateur et de l’enseignant.
 - Devoirs de l’enseignant envers les apprenants et envers l’institution.
 - Relations de l’enseignant avec ses collègues et avec l’administration.
 - Relations avec les partenaires de l’école.
Plan du cours
 EM2: Education aux valeurs
 Modalités d’organisation des activités pratiques
 Démarches participatives basée sur:
 - Cours du professeur;
 - Exercices d’application en TD;
 - Travail en groupe;
 - Animation de séminaires
EM1: déontologie et éthique du métier de l’enseignement

 1. Notion d’éthique du métier d’enseignement et pratiques


 déontologiques.

 « Tout ce qui peut être dit peut être dit clairement, et sur ce dont on ne peut pas parler, il
faut garder le silence » notre le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein ( Tractatus
Logico-Philosophicus, 1922 )

 Alors c’est quoi enseigner? Quel est le sens de cette activité particulière ?
 Toute forme d’enseignement même celle qui fait le parie des méthodes actives est un
mode d’intervention qui est marqué par la dissymétrie entre celui qui sait et celui qui ne
sait pas encore; et envisager sous cet angle l’éthique qui apparait comme un mode de
régulation de la relation enseignant / enseigné.
Déontologie et éthique du métier de l’enseignement

 Donc l’éthique est un mode de régulation de relations sociales au même type que le droit et les
usages sociaux.

Il est à montrer en plus qu’une posture éthique du professeur participe de plein droit au
développement psychologique et intellectuel de l’élève.

La professionnalisation du métier de l’enseignant qui a eu ses débuts dans les années 90 en Europe
par exemple s’est pensée sur le seul signe de la technicité. La grande querelle dans les IUFM
( Instituts Universitaires des Formations des Maîtres) à cette époque c’est comment peut-on
différencier le pédagogique du didactique et nous ne parlions point d’éthique.

.
Notion d’éthique enseignante

Et si la notion d’éthique est évoquée c’était juste accidentellement


à titre de supplémentâmes

 On peut partir d’une notion qui a fait ses entrées assez récemment dans les
programmes de l’enseignement moral et civique c’est la notion « d’estime de soi » à
ne pas réduire à une confiance en soi ou à un sentiment d’efficacité comme le font
beaucoup de psychologues.

 Alors comment peut-on définir l’estime de soi?


Notion d’éthique enseignante

 De l’estime de soi à l’éthique enseignante ; de l’élève au professeur;


 Paul Ricoeur le philosophe nous permet de comprendre que l’estime de soi est au
principe de notre subjectivité et en même temps au principe de notre relation à autrui.
Il est simultanément une affirmation de soi et une reconnaissance de l’autre.

 Si l’on demande, écrit Ricoeur, à quel titre le soi est déclaré digne d’estime, il faut
répondre que c’est à celui de ses capacités. Le discours du je peux et certains
discours en je mais l’accent principale est à mettre sur le verbe, sur le pouvoir faire.
Notion d’éthique enseignante

 Cela signifie que l’estime de soi est lié à nos capacités d’agir ( capacité à lire , à
écrire, à philosopher, à disserter, etc.

 Donc dire que l’estime de soi est lié à nos capacités d’agir c’est dire quelque chose
d’essentiel. C’est déjà dire qu’on ne s’estime pas de manière immédiate mais c’est en
estimant les actes des actions que l’on pose que l’on apprend à s’estimer.

 On ne s’estime que parce qu’on est l’auteur de nos actes.


 Si nous étions de simples instruments, de simples forces agissantes, nous nous
estimerions point.
Notion d’éthique enseignante

 Dire de l’estime de soi qu’il est lié à nos capacités d’agir c’est dire aussi que
l’estime de soi est inséparable de l’estime de l ’autre. Parce que en s’estimant soi
même ( essayer de réfléchir, organiser, disserter…) ce n’est rien d’autre que notre
propre humanité.

L’estime de soi est inséparable de l’estime de l’autre car l’humanité est


précisément ce que l’on a en partage.


Notion d’éthique enseignante

 L’estime de soi n’est donc pas l’estime du moi.


 Dire Soi écrit Ricoeur n’est pas dire moi car le soi implique toujours l’autre que soi
( contrairement au soi égoïste, narcissique, à l’autosatisfaction); car au moment où je
m’estime j’estime l’humanité qui est en moi.

 Selon Paul Ricoeur, l’estime de soi n’a rien avoir avec l’égoïsme qui est un sentiment
naturel immédiat ( déjà là);

 L’estime de soi est l’objet d’une longue conquête.


Notion d’éthique enseignante

 Pour résumer tout ce qui a été dit précédemment, nous citerons les trois éléments
suivants:

 1. Justice
 2. Bienveillance
 3. Tact
Notion d’éthique enseignante

 La première vertu éthique d’un professeur c’es la justice


 La justice qui est à la fois reconnaissance des droits et des mérites .

 Il faut donc montrer comment la justice se décline de double manière; parce qu’un
professeur peut se rapporter à un élève de double manière: il se rapporte à un
élève comme un sujet de droit ( sachant que le droit de l’enfant existe depuis bien
longtemps et le de droit de l’élève depuis 89.)

 Le maître dans ce cas respecte juste les textes, les règles il n’est pas au-dessus des
droits
La justice
 Il ne s’agit pas de formalisme ici; c’est l’assurance donnée que tous les élèves
seront traités de la même manière c’est-à-dire dans le respect de leurs prérogatives
même quand ils seront sanctionnés( car il arrive que les élèves fassent des bêtises).

 Être juste pour un professeur c’est respecter la légalité ( respecter les textes ,
respecter ce qui est légal); et envisager sous cet angle là qu’ils ont les mêmes droits
les uns les autres ( le droit à la parole, le droit d’être accueilli, le droit au respect…)


La justice

 Cependant, l’enseignant ne s’adresse pas uniquement à un élève comme un sujet


de droit, mais aussi comme sujet apprenant et envisager sous l’angle de leurs
capacités:

 Les élèves apparaissent très différents les uns des autres ( des sujets qui n’ont pas
les mêmes motivations, les mêmes désirs, qui n’ont pas les mêmes envies de
réussir, qui n’ont pas les mêmes chances, les mêmes étayages, les mêmes
soutiens, les mêmes aides dans famille…)
La justice

 Cette différence que la sociologie appelle « le rapport social et épistémique au


savoir »; L’école ne doit pas être indifférente à toutes ces différences; qu’elle
s’adresse à des élèves qui sont toujours des sujets singuliers, aux capacités
singulières .

 Le maître juste c’est aussi faire vivre la dialectique de l’égalité et de l’inégalité:


 -Egalité dans les attentes , dans les visées, dans les objectifs;
 - Inégalité dans les moyens, dans les soutiens, dans les appuis
 = Inégalité dans l’accompagnement ( au nom des difficultés d’apprentissage,
certes contingentes mais bien réelles)
 En gros, la justice ne se manifeste pas seulement dans le moment de l’évaluation ;
qu’on dit qu’elle doit être positive mais qu’elle s’inscrit plus fondamentalement
dans l’organisation même de l’acte d’enseigner.

 Pour conclure, La justice magistrale se décline selon deux versants: le respect de


la légalité et le souci de l’équité

 La justice est une vertu fondamentale pour un enseignant; elle a besoin de deux
autres vertus ( la vertu de la bienveillance et le tact) pour qu’on puisse parler de
présence éthique.
 Qu’est-ce que nous entendons par présence éthique?

 Nul ne le contestera que l’éthique d’un professeur c’est une éthique de la


présence.

 Citons quelques points sur la présence:

 La présence est d’abord un art d’être présent à soi, aux autres, être en résonnance
avec la classe, avec le groupe avec lequel on travaille;
 La présence c’est aussi un art d’être au présent, d’être
 là, ( et que nous ici, maintenant, d’être dans l’immédiat d’actualité de ce qu’il se
dépolit) être « disponible »;

 La présence c’est art du présent au sens du cadeau, de ce qu’on donne ( ses


connaissances, ses expériences, son savoir faire);

 La présence c’est une manière d’être, mieux dire c’est une manière
 D’habiter la classe.
 C’est ainsi qu’il faut comprendre le grand philosophe Emmanuel
Levinas, qui dans un ouvrage emblématique » Totalité et infini »
écrit:
 « Le premier enseignement d’un enseignant c’est sa présence
même d’enseignant. »

 Donc l’enseignant se signale à ses élèves on leur disant « me voici »


qui ne s’explique pas par une prise de pouvoir mais par une prise de
risque.
 C’est pourquoi la vertu de justice a besoin d’être accompagnée de
 Deux autres vertus: la vertu de l bienveillance et la vertu du tact.

 - La vertu de la bienveillance:
 A ne pas confondre avec la complaisance, car il ne s’agit pas de plaire, il s’agit
de prendre soin, de comprendre que celui qui me fait face est fragile et
vulnérable. ( un regard, un sourire, un geste, um mot peuvent suffire); Le
bienveillant veille au bien être.
 La bienveillance fait partie de l’équipement étique d’un professeur parce qu'elle
nous invite à apporter à l’élève en difficulté, dans la dissolution et parfois même
dans la souffrance une forme de réconfort.
Le tact

- Le tact:
- Il est à noter que la notion du tact se trouve indiscutablement dans beaucoup de
métier du soin, de la médecine et que le monde de l’enseignement ignore le tact.

- Johan Friedrich herbart, Professeur de pédagogie et de philosophie au début de


19eme siècle, initiateur du courant de la pédagogie humaniste.
 Il a écrit un livre en 1806 intitulé: La pédagogie générale. La première œuvre
sur la philosophie de l’éducation et qui traite de la notion du tact.

 Pour comprendre le tact, il serait recommandé de le thématiser et de le mettre en


opposition, en tension avec la civilité.
 La civilité qui n’est rien d’autre que le respect de préconisation, le respect
d’usage, de recommandation. C’est une importante qualité relationnelle.
Rien de tels avec le tact, il s’invente dans son effectuation même.

 On peut recopier les principes et les préceptes de la civilité pour en faire des
recueils, des traités. On a fait d’ailleurs beaucoup de recueils au 17 -ème siècle sur
la civilité.

 Le tact est de l’ordre de l’improvisation parce qu’il est à la fois un sens de


l’adresse et un sens de la propos:

 - Le tact est un sens de l’adresse c’est-à-dire quand je parle à Mohamed ce


n’set pas du même quand je parle à Fatima
 Quand je parle à Jacques ce n’est pas quand je parle à Ali, etc.
 - Il est un sens de la propos: par rapport à ce que je vais dire de la manière
dont je vais le dire; peut être de ce que je vais taire, de ce que je me refuse à dire.

 Le tact, contrairement à la civilité, n’est pas une habilité relationnelle; c’est une
vertu éthique et morale car il se manifeste au tact la sensibilité à autrui où
s’esquissent les premiers mots peut être les premiers silences d’une éthique de la
parole.
 Le tact c’est la vertu du comment: comment on fait les choses, comment on les
dit et en éducation c’est la manière dont on dit et dont on fait les choses.

 Justice, bienveillance et tact, l’éthique enseignante doit nouer ces trois vertus.
 - La Justice parce qu’elle est reconnaissance des droits et des mérites ( faire
attention au collectif aux équilibres);
 - La bienveillance parce qu’elle prête attention à la fragilité et la vulnérabilité ( à
la personne singulière);
 - Le tact parce que c’est le souci du lien ( le souci den la relation elle-même).
 Donc l’ » exemplarité professorale » n’est rien d’autre que la fidélité à ces trois
grands principes éthiques.

A la différence de ses grands illustres contemporains ( Erder,Kant condensse,…)


Rousseau ne pense pas l’école, il écrit en 1762 , son traité sur l ’apprentissage, sur
l’éduction , son traité sur la politique, et ne pense pas à l’institution qui articule
éducation et politique.
 Rousseau n’a rien à nous proposer que la relation préceptoriale qui était déjà à
l’honneur dans la tradition nobiliaire de son temps.
 Mais Sur l’exemplarité , Rousseau excelle, Emile livre IV, dit:

 « Une autre erreur que j’ai combattue mais qui ne sortira jamais
des petits esprits c’est d’affecter toujours la dignité magistrale et
de vouloir passer pour un homme parfait dans l’esprit de votre
disciple.
 Montrer vos faiblesses à votre élève si vous voulez le guérir des
siennes qu’il voit en vous les mêmes combats qu’il éprouve et qu’il
apprenne à se vaincre à votre exemple. »
 Ce qu’on peut comprendre de Rousseau c’est que l’exemplarité n’est pas à
penser du côté de la perfection, du côté d'une impossible perfection.

Il a été prouvé que la perfection n’est pas éducative et que la perfection est à chercher
dans une fidélité silencieuse en quelques grands principes éthiques:

Et c’est cette même fidélité sans emphase, fidélité obstinée à quelques principes
éthiques qui rend un professeur respectable aux des ses élèves qui rend un père ou
une mère respectable aux yeux des ses enfants.
 L’exemplarité professoral est une exemplarité ordinaire , elle n’appelle personne
à être un surhomme, ou une surfemme.

 Tout professeur peut raisonnablement souscrire à cette conception non Héroïque


de l’exemplarité.

 L’éthique du professeur, du maître n’est pas l’éthique du héros, n’est pas celle du
saint non plus; mais il n’est pas moins pour autant souvent fragile ou tjrs
vacillante car il y a dans le métier du professeur quelque chose de sésif ( faire,
refaire, encore refaire, tjrs refaire) l’usure du même.
 L’usure du même est le défit du temps ( rester fidèle); et pour
relever ce défit pour se maintenir dans une forme de constance
éthique, il faut pouvoir prendre appui sur le comportement
respectable, honorable d’une grande majorité de collègues mais il
faut aussi appui sur un cadre déontologique claire.

 Toute profession a des pratiques déontologies

 Alors c’est quoi la définition de la déontologie?


Pratiques déontologiques du métier de
l’enseignant
 Le mot déontologie vient du grec deôn - ontos qui signifie « ce qu’il faut faire »
et logos, « connaissance ou pensée », la déontologie est la science de la
conscience professionnelle, et traite des devoirs à remplir dans l’exercice d’un
métier.

 Selon le dictionnaire Encyclopédique de l’éducation et de la Formation ( Champy


et Etévé, 2005, p. 243) la déontologie est l’ensemble de règles qui régissent la
conduite des membres d’une profession.
 Selon le Nouveau petit Robert, 1967
« n. f DIDACT 1, théorie des devoirs, en morale 2. ensemble des devoirs qu’impose
à des professionnels l’exercice de leur métier (…). »

La déontologie de l’enseignant veut définir ce qui est l’enseignant où il commence ,


et où il s’arrête et repérer l’ambiguïté et l’illégitimité de certaines pratiques.
 Il y a beaucoup d’incompréhensions et de confusions autour de cette
idée de déontologie. Il est vrai que la prolifération de codes de
bonne conduite, de chartes en tous genres

 Rappelons qu’une déontologie inventorie les normes et les


recommandations auxquelles les professionnels entendent se
soumettre dans l’exercice de leur tâche pour la mener du mieux
possible.
Certes nous ne comprenons vraiment ce qu’est une déontologie que si l’on
complète cette définition un peu laconique par une réflexion sur les fonctions.

 Alors à quoi sert une déontologie professionnelle ?

 La déontologie a à la fois une fonction identitaire, une fonction de


moralisation et elle facilite en plus l’engagement collectif.
• Une déontologie a une fonction
identitaire

 Une déontologie est un texte qui essaie toujours in fine de répondre


à la question « Qui ? », « Qu’est-ce que ? ». Qu’est-ce que bâtir pour
un architecte ? Qu’est-ce que défendre pour un avocat ? Qu’est-ce
que prodiguer des soins pour un médecin ? Qu’est-ce qu’informer
pour un journaliste ?
 Et Qu’est-ce qu’enseigner aujourd’hui dans une société de la
connaissance ?
Il n’y a pas de réflexion déontologique qui soit séparée et séparable
d’une réflexion sur se qu’enseigner veut dire. Une déontologie
participe à la définition d’une identité professionnelle. En ce sens,
l’enjeu déontologique excède, et de loin, la seule question éthique.
Une déontologie a une fonction de
moralisation.
 On retrouve ici le lien avec l’éthique. Il y a des pratiques douteuses,
illégitimes, inacceptables et d’autres qui, à l’inverse, sont
recommandables. Dans toute profession, il y a des choses à faire et
d’autres à ne pas faire (des pratiques qui sont contraire à l’honneur
et la dignité de la profession).
 Une déontologie énonce donc non seulement des normes
professionnelles – au sens technique du terme –, mais elle énonce
également quelques normes morales.

 Dans la sociologie des professions anglo-saxonnes, par exemple, le


terme de profession – par opposition à celui de métier – est réservé
aux activités professionnelles qui formalisent leurs normes morales.
La noblesse d’une profession réside précisément dans la
capacité à expliciter la morale de sa pratique. Dès lors, une
déontologie, dans sa dimension éthique, dans les normes
morales qu’elle explicite et revendique, apparait comme un
point d’appui pour soutenir et étayer l’autonomie morale du
professeur.
Une déontologie qui facilite l’engagement collectif

 Elle est tournée vers l’action, elle organise un corps de


professionnels en lui donnant des points de repère pour décider et
agir notamment dans des contextes de travail brouillés, difficiles.
Elle n’a pas vocation à être bavarde… À évoquer tous les aspects du
métier.
 Une déontologie est là pour faciliter la décision, faciliter
l’engagement et, par là même, guider l’action. Établir une
déontologie, c’est codifier certaines pratiques, c’est pour parler
comme Bourdieu, s’engager dans un travail de « mise en ordre
symbolique » d’une pratique professionnelle.
 C’est en ce sens qu’on peut dire qu’une déontologie est une sorte de
sagesse collective issue des débats qui ne cessent de traverser et de
travailler la profession des enseignants.

 Alors quelle forme donner à une déontologie enseignante ?


 La déontologie pourrait obéir à trois principes:
1.Principe de stabilité

c’est une déontologie qui n’enferme aucune obligation extravagante,


mais seulement des obligations qui peuvent être raisonnablement
imposées et acceptées par tous. Question de stabilité qui est plus une
vertu des institutions (des dispositifs) que des personnes.
 La stabilité occupe une place originale dans la philosophie
rawlsienne. Pour le grand Rawls, des institutions justes sont dites
stables lorsqu’elles font facilement l’objet d’un consensus et
lorsqu’elles permettent d’acquérir « un sens suffisant de la
justice ».

 Acquérir « un sens suffisant de la justice ». C’est Acquérir « un sens


suffisant du métier ».
 Une déontologie ne nous dit pas que les
professionnels vont être parfaits mais qu’ils seront
suffisamment moraux et professionnels dans
l’exercice de leurs missions.
2. Principe de sobriété normative

une déontologie doit enfermer un nombre restreint de


normes et de recommandations. Pas trop de normes,
pas trop de recommandations… Une déontologie doit
obéir à un principe de sobriété normative.
 En philosophie morale, le principe de parcimonie
normative se déduit de l’affirmation kantienne selon
laquelle il est inutile et sot d’obliger quelqu’un à faire
ce qu’il a envie de faire. De même qu’il est inutile et
sot d’interdire à quelqu’un de faire ce qu’il ne
souhaite pas faire.
 Le principe de parcimonie normative dit « non » aux
normes superflues. Le principe de sobriété normative
dit « non » à l’excès, au trop plein de normes. Ce qui
est à son fondement n’est pas une raison logique,
mais une raison pratique.

 Trop
de normes rendraient la déontologie peu
maniable, peu opératoire. La sobriété : c’est une
question d’efficacité.
3. Principe d’abstention

c’est une déontologie qui fait silence sur la figure d’un


prétendu maître idéal. Tel est le paradoxe des
déontologies modernes : être structurées à partir d’un
lieu vide. Silence essentiel.
 Car toute déontologie qui se hasarderait à dresser le
portrait du maître idéal contredirait non seulement
l’évidence selon laquelle l’excellence peut prendre
plusieurs formes. mais aussi et surtout empêcherait
de promouvoir des pratiques fiables et ordinaires,
des bonnes pratiques qui précisément ne
s’encombrent d’aucune figure idéale.
 Car il y a de bonnes pratiques dans l’enseignement,
comme dans toutes activités professionnelles. C’est
d’ailleurs à cela que l’on repère un professionnel.
C’est celui qui sait mettre en œuvre les bonnes
pratiques au bon moment.
Contrôle N°1 DU 01/12 /2021
Module: Déontologie du métier et éducation aux
valeurs

 Questions

En quelques lignes, parler de la notion d’éthique dans le


métier de l’enseignement.
 .

 .
.

Conclusion

En conclusion, l’objectif qui vise à transmettre à chaque élève


les principes et les valeurs de la Société doit pédagogiquement
passer par trois étapes qui sont celles de l’appropriation
personnelle des enjeux par l’exercice du jugement, de
l’intégration des règles de droit par l’enseignement civique et
de l’adhésion volontaire aux valeurs par une éducation aux
grands principes.
 Le caractère progressif de cet « enseignement » constitue
immanquablement la condition première de son efficacité
éducative. Un authentique parcours éducatif doit ainsi se
construire à travers une initiation au débat citoyen et une
instruction civique qui en constituent les indépassables
étayages. Contre toute tentation « idéologique »,
l’enseignement moral doit d’abord être un cheminement
éthique conduit avec les élèves.

Vous aimerez peut-être aussi