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Ozone et pollution atmosphérique à grande échelle : Le réseau de surveillance


Paes

Article  in  La Météorologie · September 2008


DOI: 10.4267/2042/18206 · Source: OAI

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10 authors, including:

J.-M. Cousin Y. Meyerfeld


Paul Sabatier University - Toulouse III Laboratoire d'Aérologie
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Karine Sellegri Gerard Ancellet


French National Centre for Scientific Research CNRS/Université Paris Sorbonnes
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Environnement
30 La Météorologie - n° 58 - août 2007

Ozone et pollution
atmosphérique
à grande échelle (1)
Le réseau de surveillance Paes

Ndlr La deuxième partie de cet François Gheusi(1), Amandine Chevalier(1), Robert Delmas(1),
article paraîtra dans le numéro 59 de Gilles Athier(1), Paul Bouchou(1), Jean-Marc Cousin(1), Yves Meyerfeld(1),
La Météorologie. Paolo Laj(2), Karine Sellegri(2) et Gérard Ancellet(3)
(1) Laboratoire d’aérologie, Observatoire Midi-Pyrénées
14, avenue Édouard-Belin - 31400 Toulouse.
Résumé (2) Laboratoire de météorologie physique, Observatoire de physique du globe,
Clermont-Ferrand.
(3) Service d’aéronomie, Institut Pierre-Simon-Laplace, Paris.
Les problèmes environnementaux liés
à l’ozone dépassent les cadres média-
tiques habituels, à savoir trou d’ozone armi les problèmes que connaît – l’ozone troposphérique est un gaz à
(stratosphérique) antarctique et pics
de pollution dans les villes. De fortes
expositions sont courantes loin des
sources directes de pollution, et la
P l’environnement terrestre, deux
impliquent un même gaz atmosphé-
rique : l’ozone (O3). Ils doivent pourtant
effet de serre ;
– cette pollution a une signature très
claire à l’échelle globale ;
être clairement distingués car ils concer- – son augmentation coïncide avec le
concentration troposphérique de fond nent des couches différentes de développement de l’activité industrielle
en ozone a quintuplé en un siècle. En l’atmosphère, et les solutions pour y remé- et humaine ;
réponse à cet enjeu sur un plan natio- dier n’impliquent pas des enjeux socio- – aucune solution pour stopper sa pro-
nal, les actions de surveillance de économiques d’égale importance : le gression, qui soit compatible avec un
l’ozone troposphérique à grande premier est celui de la destruction saison- scénario de développement socio-écono-
échelle se sont structurées depuis nière de la couche d’ozone stratosphérique mique réaliste, n’est encore entrevue.
2004 en réseau : Paes (Pollution par les composés halogénés en
atmosphérique à échelle synoptique), Antarctique (le fameux « trou » d’ozone),
labellisé « Service d’observation » par le second, celui de la pollution par l’ozone
l’Institut national des sciences de troposphérique.
l’univers et soutenu par l’Ademe. Les
données produites sont librement
L’ozone
disponibles en ligne. troposphérique
Ozone troposphérique La troposphère contient environ 10 % de

Abstract et pollution à grande l’ozone atmosphérique (90 % formant la


couche d’ozone stratosphérique). Son
échelle origine est presque entièrement anthro-
pique et sa concentration moyenne, en
Ozone and atmospheric pollution La première question a défrayé la chro- augmentation constante, a quintuplé
at synoptic scale: nique et marqué les esprits dans les depuis un siècle (Marenco et al., 1994).
the monitoring network Paes années 1980-1990. Des solutions techno- L’ozone présente une certaine toxicité
logiques alternatives à l’utilisation des pour les plantes et les animaux. De façon
Ozone as an environmental concern composés chlorofluorocarbonés (ou générale, son augmentation modifie les
extends beyond the questions usually propriétés oxydantes de l’atmosphère, ce
CFC, principaux polluants incriminés qui peut avoir des conséquences sur cer-
covered by the media – stratospheric dans la destruction de l’ozone stratosphé-
ozone depletion over the Antartic and tains équilibres chimiques naturels. Ce
rique) ont pu être trouvées, et un règle- polluant est qualifié de secondaire car il
urban pollution peaks. Strong expo- ment du problème semble s’amorcer. n’est pas directement émis mais se
sures to this pollutant are frequent Espérons que ce ne sera plus qu’un mau- forme, à travers des cycles photochi-
even far from pollution sources, and vais souvenir d’ici à quelques décennies. miques complexes, à partir de composés
the background tropospheric content Cette crise aura au moins eu le mérite précurseurs, pour l’essentiel issus de
of ozone has been grown fivefold over d’attirer l’attention sur le fait que l’acti- combustions de combustibles fossiles :
the last century. In response to this vité humaine est susceptible de modifier monoxyde de carbone (CO), composés
concern at the French national scale, notre environnement à grande échelle. organiques volatils, oxydes d’azotes
formerly independent monitoring sta- (NO, NO2, N2O5, etc.). En France, l’émis-
tions have been coordinated since La pollution par l’ozone troposphérique sion de ces précurseurs est surtout le fait
2004 in a structured network: Paes est une question désormais plus préoccu- du trafic automobile, mais dans les pays
(French acronym for atmospheric pante, car elle partage avec l’augmen- utilisant davantage les combustibles fossi-
les, la part des émissions industrielles
pollution at synoptic scale). The data tation du CO2 plusieurs caractéristiques peut être importante.
are put in free access online. communes :
La Météorologie - n° 58 - août 2007 31

L’ozone troposphérique a fait son entrée Des réseaux de sur-


sur le devant de la scène médiatique veillance de la compo-
depuis quelques années seulement, à sition de l’atmosphère
travers la sensibilisation du public aux et de son changement
fameux « pics de pollution » dans les global ont été mis en
grandes villes. Ainsi, à travers le filtre place dans des coopé-
des médias, l’ozone apparaît comme rations internationales,
une préoccupation propre au milieu à l’échelle européenne
urbain. Cette vision est en réalité réduc- (Emep – programme
trice et presque dépassée. concerté de surveil-
lance continue et d’é-
Les concentrations en ozone les plus valuation du transport
élevées sont, certes, mesurées en ville à longue distance des
ou en proche périphérie. Quoique res- polluants atmosphé-
sentis par les populations qui y sont riques en Europe) et
concentrées (gênes, voire affections mondiale (GAW –
respiratoires), ces pics sont cependant Global Atmosphere
des phénomènes sporadiques. Du reste, Watch, programme de
leur intensité a plutôt diminué depuis l’Organisation météo-
les années 1990 dans les pays dévelop- rologique mondiale
pés – en Europe du moins –, du fait de pour la surveillance
Figure 1 - Implantation géographique des stations des réseaux Mera et Paes.
motorisations et de procédés industriels des changements de Les stations de l’Observatoire de Haute-Provence (OHP) et du refuge Vallot ne
de moins en moins émissifs (par exem- l’atmosphère glo- sont encore que partiellement instrumentées et font partie du projet d’exten-
ple Delmas et al., 2005). bale). sion de Paes. À ce jour, le réseau officiel est formé par les trois stations du pic
du Midi, du puy de Dôme et du col du Donon.
Le caractère local de cette pollution est, La France est restée
de plus, discutable. La chimie de l’ozone curieusement en retrait de ces actions pollution à l’ozone et le rôle fondamental
étant complexe et non instantanée, il concertées, bien que des séquences plus de l’ozone de la troposphère libre (partie
n’est pas évident que l’ozone se forme là ou moins longues de mesures de l’o- de la troposphère au-dessus de la couche
où ses précurseurs sont émis. Par exem- zone sur sites d’altitude aient été limite planétaire) dans ces épisodes.
ple, Gregg et al. (2003) ont montré que menées de façon indépendante (pic du
des plans de coton souffraient d’une Midi de Bigorre, puy de Dôme, obser- En revanche, Mera n’opère pas de
exposition cumulée supérieure en milieu vatoire de Haute-Provence). L’essentiel mesure du monoxyde de carbone
rural, à plusieurs dizaines de kilomètres des moyens au sol de surveillance de (CO). Or ce paramètre est important,
de New York, qu’en plein Manhattan ! l’ozone s’est concentré sur les grandes car ce gaz atmosphérique à durée de
Cela illustre que des masses d’air pol- métropoles régionales en réseaux vie moyenne – de l’ordre de deux mois
luées peuvent être transportées et détec- urbains de surveillance de la qualité de – est émis en grande partie depuis la
tées loin des sources d’émission, même l’air, sous l’impulsion des collectivités surface par combustion naturelle ou
sur des distances intercontinentales (par locales (plus enclines à s’attaquer à la anthropique, ce qui en fait un traceur
exemple Chatfield et al., 2004). Cette partie émergée des icebergs média- typique de la basse troposphère. Ainsi,
pollution a donc une composante à tiques). la mesure du CO est complémentaire
grande échelle qu’il est tout à fait essen- de celle de l’ozone car il permet, par
tiel de connaître. À l’échelle du territoire national néan- exemple, de discriminer l’origine –
moins, l’Agence de l’environnement et stratosphère ou basses couches pol-
Enfin, une dernière idée à retenir est de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sou- luées – d’une masse d’air riche en
que l’exposition cumulée à ce gaz pol- tient le réseau Mera (Mesure des retom- ozone. En outre, le CO intervient dans
luant dépend bien plus de son niveau de bées atmosphériques), mis en place dans des cycles chimiques incluant l’ozone
fond que de l’occurrence de pics spora- les années 1990 pour répondre à la ques- troposphérique et les radicaux hydro-
diques. Ainsi, l’étude de Gregg et al. tion des pluies acides, alors sur le devant xyles OH (principaux oxydants
(2003) établit que, paradoxalement, la de l’actualité environnementale. L’ozone atmosphériques).
concentration plus élevée des précur- fait partie des paramètres mesurés par ce
seurs en ville permettait une destruction réseau d’une dizaine de stations au sol,
plus efficace de l’ozone la nuit, et en réparties sur tout le territoire français, sur
conséquence un niveau de fond moindre
qu’en campagne périurbaine.
des sites ruraux de plaine ou de moyenne
montagne (figure 1).
Le réseau
de surveillance Paes
Des études récentes (Sarrat et al., 2003 ;
Chevalier et al., 2006), faites à partir
La surveillance des données Mera et de mesures effec-
tuées ces dernières années au pic du Insertion et objectifs
de l’ozone en France Midi, ont montré qu’une corrélation Ce contexte national et international
significative du signal d’ozone existe montre la nécessité d’un réseau de sta-
Bien que peu médiatisée, la question de entre les stations, mêmes éloignées de tions de mesures sur le territoire fran-
la pollution de fond par l’ozone tro- plusieurs centaines de kilomètres ou çais, qui puisse :
posphérique et de son transport à grande étagées à différents niveaux d’altitude – fournir des mesures continues de
échelle préoccupe depuis longtemps la (de 115 à 2 875 mètres). Cela démontre monoxyde de carbone hors des zones
communauté scientifique internationale. le caractère synoptique des épisodes de urbaines ;
32 La Météorologie - n° 58 - août 2007

– compléter les stations de couche Station


limite Mera par des mesures en altitude, du réseau Paes :
l’observatoire
sur des sites se trouvant (au moins une du puy de Dôme.
partie du temps) dans la troposphère (Photo Gilles Athier)
libre ;
– coordonner et harmoniser des mesu-
res en altitude existant jusque là indé- fiquement installés
pendamment sur certains sites ; depuis 2003 pour
– s’insérer dans les réseaux internatio- compléter le dispo-
naux de surveillance de la pollution de sitif et obtenir un
fond. réseau de mesures
homogènes, tant
La mise en place en 2004 du réseau par leur nature que
Paes (Pollution atmosphérique à échelle par les technolo-
synoptique) répond à cette attente. Paes gies utilisées.
est le fruit d’une collaboration entre
l’Ademe, l’Aspa (Agence régionale de C’est dans une
la qualité de l’air en Alsace), l’Obser- configuration ini-
vatoire de physique du globe de tiale de trois sta-
Clermont-Ferrand (OPGC) et l’Obser- tions d’analyse de
vatoire Midi-Pyrénées (OMP). C’est un gaz (O3, CO, oxy-
réseau de stations automatiques d’alti- des d’azote) et de
tude, mesurant l’ozone et ses principaux mesure des para-
précurseurs gazeux, ainsi que les para- mètres météorolo-
mètres météorologiques de base (tempé- giques, que le réseau Paes a reçu en Nature des mesures
rature, pression, humidité, vent, 2004 une première reconnaissance offi- Certaines mesures des propriétés phy-
radiation solaire), essentiels pour l’ana- cielle par l’Institut national des sciences sico-chimiques des aérosols existent déjà
lyse et la compréhension des données de l’univers (Insu), avec le label sur différents sites Paes. Elles sont jus-
chimiques. Avec un tel dispositif, Paes « Service d’observation » et le soutien qu’à présent gérées et exploitées indépen-
permet de couvrir un éventail d’objectifs qui l’accompagne. Les perspectives d’é- damment par les laboratoires concernés.
scientifiques, parmi lesquels : largissement du réseau sont cependant À l’instar du réseau d’observation des
– le suivi du caractère synoptique déjà nombreuses, concernant tant la gaz déjà en place, l’OPGC a entrepris de
(échelle du territoire national) des épi- nature des mesures que les sites d’obser- coordonner d’ici à la fin de 2007 un
sodes de pollution à l’ozone ; vation. réseau homogène de surveillance des
– la surveillance et la caractérisation aérosols qui soit intégré sous l’étiquette
des transports de pollution transfronta- Paes (demande de labellisation Insu en
liers, en environnement de montagne cours) et qui constitue la contribution
(comme c’est le cas de la plupart des française au projet européen intégré
frontières françaises), ainsi qu’entre Eusaar (European Supersites for
couche limite et troposphère libre ; Atmospheric Aerosol Research,
– le suivi à long terme du changement www.eusaar.net). Cette extension
global de l’atmosphère et ses prolonge- répond à un besoin, clairement exprimé
ments vers la prévision climatique ; par la communauté scientifique interna-
– la mise à disposition de données pour tionale, d’un suivi pérenne de la pollu-
la validation des observations spatiales tion particulaire loin des sources
et des modèles numériques de chimie- urbaines, dans la mesure où l’influence
transport. majeure des aérosols sur le changement
global de l’atmosphère et l’évolution du
climat est reconnue, mais très mal
Le dispositif présent appréhendée sur le plan quantitatif (voir
par exemple le rapport du Giec, 2001,
et futur www.ipcc.ch/pub/un/giecgt1.pdf).
Le réseau à ce jour opérationnel est
constitué de trois stations couvrant en
diagonale le territoire français : la tour De nouveaux sites
instrumentée du col du Donon (DON) Le réseau de surveillance des polluants
dans les Vosges (également une station gazeux va s’étendre géographiquement
Mera), l’observatoire du puy de Dôme avec l’implantation et l’équipement de
(PDD) dans le Massif central et la nouvelles stations. La mesure de l’ozone
plate-forme scientifique du pic du Midi est depuis longtemps ancrée dans la
(PDM) dans les Pyrénées (figure 1 et culture de l’Observatoire de Haute-
photos ci-après). Le réseau s’appuie, Provence (OHP), déjà équipé d’un analy-
d’une part, sur des équipements pré- seur d’ozone (les données depuis 2003
existants (des mesures d’ozone, par
exemple, étaient déjà faites sur les Station du réseau Paes :
trois sites depuis quelques années) et, la tour instrumentée du col du Donon,
d’autre part, sur des instruments spéci- dans le Bas-Rhin. (Photo Gilles Athier)
La Météorologie - n° 58 - août 2007 33

Station du réseau Paes :


la plate-forme scientifique du pic du Midi
de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées.
(Photo Gilles Athier)

figurent d’ailleurs déjà dans la base de


données Paes), et qui réalise également
des mesures par ballon-sonde et lidar
(système de télédétection reposant sur le
même principe que le radar, mais utilisant
un faisceau laser plutôt que micro-ondes).
La station OHP a en outre été équipée
d’un analyseur de CO à l’automne 2005.

Par ailleurs, étant donné la grande


importance du bassin méditerranéen sur
la production photochimique d’ozone en
Europe du Sud, et la quasi-absence de
mesures dans cette zone, l’installation
d’une station complète en Corse dans un
délai de deux à trois ans sera d’un intérêt
majeur. Par sa situation, l’île de Beauté
est en effet un observatoire de choix pour
surveiller la pollution exportée depuis les
régions d’émission et de production
intenses que sont la région Berre-
Marseille, la plaine du Pô ainsi que les
agglomérations des côtes françaises
(Nice, etc.) et italiennes (Gênes, Pise,
etc.). Une première expérience test de
mesures en altitude d’ozone et mono-
xyde de carbone a été menée de juin à
octobre 2006 sur l’île, en collaboration
avec le Service d’aéronomie et la nou-
velle agence agréée de surveillance de la
qualité de l’air, Qualitair Corse. développement instrumental spécifique, donné la relative difficulté d’accès aux
L’implantation d’une station définitive se mené à l’OMP et à l’OPGC depuis plu- sites d’altitude, des procédures automa-
fera progressivement à partir de 2007. sieurs années. En effet, les analyseurs de tiques, notamment d’étalonnage et de
gaz et de particules que l’on trouve dans transfert des données, ont également dû
Enfin, un site de très haute altitude, le commerce sont généralement adaptés être imaginées.
l’observatoire Vallot-Cosmiques dans le à la mesure de la pollution urbaine, où
massif du mont Blanc (géré par le les concentrations rencontrées sont éle- À terme, Paes a l’ambition d’atteindre
Laboratoire de glaciologie et géophysique vées. Mais la dilution des panaches un standard qualité (couverture tempo-
de l’environnement de Grenoble), est urbains dans l’atmosphère implique, loin relle des mesures, procédures et fré-
prévu au dispositif Paes, mais les difficul- des sources, des niveaux de pollution quence d’étalonnage, etc.) permettant
tés techniques liées à l’environnement de beaucoup plus faibles, parfois en limite de contribuer aux bases de données
haute montagne ne permettent pas encore de sensibilité des appareils commer- Mera, au niveau national, et Emep, au
de prévoir le développement de cette sta- ciaux. C’est le cas pour le monoxyde de niveau européen.
tion dans un futur proche. carbone, par exemple ; une modification
d’analyseurs de CO commerciaux a
donc dû être réalisée pour permettre une
Des développements permanents mesure fiable à bas niveau de pollution. La base de données
L’état actuel et les perspectives d’équi- Certains appareils n’étaient pas non plus Les données récoltées par le réseau Paes
pement et d’extension du réseau, en ce conçus pour une utilisation permanente sont destinées à la recherche scientifique
qui concerne la mesure des gaz, sont et à long terme ; là aussi des améliora- – en dehors de toute utilisation commer-
résumés dans le tableau 1. tions ont dû être apportées. Enfin, étant ciale – et par conséquent laissées en libre

Il est à noter que l’équipement des sta-


tions n’a pu se faire, et ne peut être pour- Station Ozone CO NOx NOy Météo ➜ B.D.
suivi, sans un effort préalable de Col du Donon Oui Oui Oui - Oui Automatique
officiels

Pic du Midi Oui Oui - Fin 2006 Oui Automatique


Sites

Tableau 1 - État de fonctionnement du réseau Paes Puy de Dôme Oui Oui Oui Fin 2006 Oui Automatique
et des futures stations. Les millésimes indiquent
Obs.Hte-Prov. Oui Oui ? Oui Manuel
Futurs

les dates prévues de mise en service.


sites

La colonne de droite (« ➝ B.D. ») indique


Corse 2007 2007 ? 2007 ?
les procédures de transfert vers la base de données.
34 La Météorologie - n° 58 - août 2007

accès en ligne, sur le site http:


// Paes.aero.obs-mip.fr, ou également à Catégorie Stations Instrument Unité Sensibilité
travers le portail Ether : http://ether.ipsl.
Rapport
jussieu.fr/public/expeth F.html. La base Gaz 3 Absorption des UV ppb 1 ppb
de mélange en O3
de données et le site Internet Paes sont
hébergés et gérés par l’Observatoire Rapport
Gaz 3 Chromatographe ppb 5 ppb
Midi-Pyrénées. Ce site permet l’extrac- de mélange en CO
tion de tableaux de valeurs à l’aide d’une Rapport
interface web simple d’utilisation. Un PDD
de mélange Gaz Chimiluminescence ppb 0,1 ppb
outil graphique de prévisualisation DON
en NO + NO2
rapide est également proposé pour gui-
Rapport
der l’utilisateur dans le choix des don- de mélange Gaz
PDM
Chimiluminescence ppb 0,1 ppb
nées qu’il souhaite extraire pour son PDD
de tous oxydes de N
traitement personnel.
Température Météo 3 Capteur PT100 °C 0,1 °C
À ce jour, un peu plus de deux ans de
Pression Météo 3 Capteur de pression hPa 0,1 hPa
mesures d’ozone et de monoxyde de car-
bone sont disponibles sur la base de don- Météo 3 Capteur à ultrasons degré 4°
Direction
nées pour les trois sites, avec un taux de d’angle
du vent
couverture temporelle d’environ 90 % (°)
pour l’ozone et 70 % pour le CO. Les Vitesse du vent
différents paramètres disponibles sont Météo 3 Capteur à ultrasons m/s 0,1 m/s
instantanée
détaillés dans le tableau 2.
Vitesse moyenne
Météo 3 Capteur à ultrasons m/s -
Le pas d’échantillonnage temporel du vent
nominal des données de la base est de Humidité relative Météo 3 Capteur d’humidité % 1%
cinq minutes – chaque quantité fournie
dans la base représentant la mesure Rayonnement
Météo PDD Pyranomètre W/m2
moyenne sur cette durée. Cependant, ce solaire diffus
pas diffère pour la station du Donon, du Rayonnement UV
fait de contraintes inhérentes au fonc- Météo PDD Radiomètre W/m2
global
tionnement de cette tour instrumentée.
Les durées d’échantillonnage sont Rayonnement PDM
Météo Pyranomètre W/m2 1 W/m2
consignées dans le tableau 3. solaire global PDD

Précipitations Météo PDD Pluviomètre mm/h


À côté de cette base de données offi-
cielle, correspondant au Service d’obser- Tableau 2 - Paramètres disponibles dans la base de données Paes.
vation labellisé, est proposée une base de
données étendue intégrant d’autres sites l’ozone. Cette varia- Ozone : moyennes mensuelles et écarts types, année 2005
de mesure – notamment les sites pressen- bilité apparaît de plus a 60

tis pour intégrer le réseau Paes dans les grande amplitude en


prochaines années – et d’autres paramèt- été, du fait d’une 50

res mesurés – par exemple, le nombre de activité photochi-


40
particules solides par unité de volume, mique plus intense.
Ozone (ppb)

PDM (moyenne)
préfigurant le réseau Paes-Aérosols. La L’amplitude de cette PDD (moyenne)
30 DON (moyenne)
disponibilité, la continuité temporelle et variabilité est cepen- PDM (écart-type)
PDD (écart-type)
la validation de ces données supplémen- dant moindre au pic 20 DON (écart-type)
taires ne sont cependant pas garanties. La du Midi, situé à une
base de données étendue est consultable altitude plus élevée et 10
sur http://paes. aero.obs-mip. fr/paes+.html. moins influencé par
la photochimie, 0
Mois
active surtout dans b 250 J F M A M J J A S O N D
les basses couches.
Quelques premiers résultats En ce sens, la sta-
PDM (moyenne)
PDD (moyenne)
200 DON (moyenne)
Sur l’année 2005, les stations rendent tion du pic du Midi PDM (écart-type)
PDD (écart-type)
bien compte de résultats attendus apparaît comme la DON (écart-type)
150
plus représentative
CO (ppb)

concernant l’ozone (figure 2a). Elles


montrent toutes nettement son cycle sai- de la troposphère
sonnier, avec une concentration de fond libre pour la mesure 100

minimale en hiver, puis remontant au de l’ozone (pour


printemps pour atteindre une valeur de plus de précision, 50

15 à 30 ppb (partie par milliard) plus éle- voir la conclusion


vée à partir du mois d’avril ou de mai. À de cet article, ainsi 0
CO : moyennes mensuelles et écarts types, année 2005
cette variation saisonnière s’ajoute une que Gheusi et al.,
variabilité (représentée ici par l’écart 2006b, à paraître). Figure 2 - Moyennes mensuelles et écarts types des niveaux d’ozone et de CO
type) due aux conditions météorolo- Enfin, la concentra- aux stations Paes pour l’année 2005 ; statistiques calculées sur la base de
giques changeantes et à la photochimie de tion de fond au pic moyennes journalières.
La Météorologie - n° 58 - août 2007 35

Tableau 3 - Périodes donc probable que les plus faibles


O3 CO NOx/y Météo d’échantillonnage concentrations d’ozone en journée
des données Paes.
Donon 60 min 15 min 60 min 15 min résultent d’un transport d’air « propre »
Pic du Midi 5 min 5 min 5 min 5 min des basses couches vers le sommet. En
mais l’augmentation effet, même au maximum diurne de pro-
Puy de Dôme 5 min 5 min 5 min 5 min duction photochimique, la concentration
de l’ozone au prin-
temps s’accompagne d’ozone dans les basses couches reste en
du Midi est, la majeure partie du temps, d’une destruction progressive du CO général inférieure à la concentration
supérieure à celle des autres stations, tra- jusqu’aux mois d’été. moyenne à l’altitude du pic du Midi, du
duisant l’augmentation de la concentra- fait du profil d’ozone moyen fortement
tion moyenne en ozone dans les premiers L’examen des cycles diurnes, d’ozone croissant dans les premiers kilomètres
kilomètres de la troposphère. et de monoxyde de carbone, en de la troposphère.
moyenne sur l’été 2005, au pic du Midi
Quant au monoxyde de carbone (CO), sa (f igure 3) révèle un résultat moins
concentration à toutes les stations est classique : l’ozone est minimal le jour
minimale en été, et augmente en fin d’au- et maximal la nuit, ce qui est l’inverse
tomne pour atteindre un maximum en fin de ce qui est en général observé à
d’hiver et en début de printemps (figure basse altitude (par exemple au Donon
Conclusion
2b). Le CO est un gaz essentiellement ou par les stations Mera) où la concen- S’il est encore en phase de développe-
produit par combustion de matière orga- tration est pilotée par la production ment et d’extension, le dispositif Paes a
nique, et faiblement réactif. Il n’est donc photochimique diurne et la destruction déjà fourni un jeu de données faisant la
pas étonnant que sa concentration soit nocturne. Ce cycle inversé est particuliè- preuve de son adéquation à ses objec-
globalement plus élevée aux deux sta- rement bien marqué les jours ensoleillés tifs scientifiques et de son potentiel
tions les plus basses (PDD et DON), plus (une dizaine de ppb d’amplitude), mais d’intégration aux bases de données
directement sous l’influence des émis- reste nettement détectable en moyenne nationales et internationales par la qua-
sions en surface. En outre, la concentra- sur une saison (figure 3) et même sur plu- lité des données et de la couverture
tion en CO (forme plus réduite que le sieurs années complètes (Chevalier et al., temporelle. Les premiers résultats
CO2) est contrôlée par les espèces les 2006) ; en outre, il a été observé sur d’au- montrent cependant que l’observation
plus oxydantes dans l’atmosphère : l’o- tres sites d’altitude (par exemple Naja de la troposphère libre à partir de sta-
zone et les radicaux OH, présents surtout et al., 2004). Quant au CO, il évolue en tions de surface, même très élevées en
quand la photolyse est intense (printemps opposition de phase, ce qui laisse pen- altitude, ne va pas immédiatement de
et été). Ainsi, le CO s’accumule durant ser que le pic du Midi est soumis à soi et que ces stations subissent parfois
les mois d’automne et d’hiver tant que l’influence de la couche limite en jour- l’influence de la surface et de leur pro-
l’atmosphère reste faiblement oxydante, née (cette hypothèse est renforcée par che environnement. Cette influence est
l’évolution de l’hu- à priori propre à chaque site, et il
Ozone et CO au pic du Midi : Évolution diurne moyenne (JJA 2005)
midité relative et de convient de l’étudier au cas par cas.
58
O3
114 la concentration en C’est en partie dans cet objectif que
57
CO
112 particules solides, s’est déroulée, durant l’été 2005, la
toutes deux en phase campagne de mesures Pic 2005 dans la
56 110
avec le CO). Il est région du pic du Midi, qui sera présen-
55 108
tée dans un article associé à celui-ci
Ozone (ppb)

CO (ppb)

54 106 (Gheusi et al., 2006b, à paraître).


53 104
Figure 3 - Evolutions diurnes
moyennes de l’ozone
52 102
et du CO au pic du Midi Remerciements
51 100 sur la période 1er juin -
31 août 2005 (moyennes Le Service d’observation Paes reçoit
50 98
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 sur environ 90 journées le soutien récurrent de l’Insu et de
Heure TU
pour l’ozone, 60 pour le CO). l’Ademe.

Bibliographie
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